Me conseillez-vous l'ennéagramme ?

[Pyoupyou]

Ca va paraître stupide, mais est-ce que vous croyez qu'à mon âge (15 ans), il est judicieux de s'intéresser à l'ennéagramme ? Car je m'aperçois que j'y consacre beaucoup de temps en pensant à pas mal d'utilisations que je pourrais en faire surtout dans ma situation :

- Elève dans une classe de 35 (ce qui me laisse 34 "cobayes" à décortiquer à loisir durant 6 à 9 heures de cours par jour).

- Changer certains de mes défauts en société (il y a du boulot ) avant qu'ils ne prennent une trop grande ampleur en étant plus âgée…

- Essayer de mieux me socialiser en comprenant peut-être mieux qu'eux mêmes les besoins des autres.

- Savoir enfin ce que je veux pour mieux décider de mon avenir professionnel…

 

Me conseilleriez-vous plutôt d'aller m'intéresser à d'autres choses plus concrète (l’art, la culture…) ?

 

J'espère que je n'aurai pas heurté par ma manière un peu légère d'aborder la question, alors que je vois beaucoup de personne sur ce site qui s'impliquent émotionnellement dans ce système, ce qui me fait je l'avoue, plutôt peur.

 

Heu… Voilà un message bref qui résume sans doute très mal mes questions. Je crois que ça a rapport avec l'utilisation de l'ennéagramme ce qui justifie qu'il se trouve dans cette partie du forum.

 

Merci d'avoir lu ce tas d'idées confuses et si vous avez le moindre conseil, n'hésitez pas !

 

Marie (0 sous-type nulle )

[Fabien Chabreuil]

Bonjour Marie,

 

Bienvenue sur ce panneau. Oh, non, tu n'es pas de type 0 sous-type nulle ! Tu t'intéresses à un sujet comme l'Ennéagramme qui n'est pas la préoccupation habituelle des adolescentes de ton âge, tu perçois l'intérêt de comprendre les autres dans ce qu'ils ont de différent de nous, tu imagines comment tu pourrais te servir de ces connaissances, tu es lucide sur ton fonctionnement et a la volonté de l'améliorer. Et quoi que tu en aies l'impression, tout ceci est dit de façon très structurée et claire.

 

Deux enfants de mes amies se sont intéressés à l'Ennéagramme au point de suivre des stages. L'une était un peu plus jeune que toi et s'en est servi pour améliorer ses relations avec ses parents. L'autre avait un peu près ton âge, en a beaucoup discuté dans son collège et s'y intéresse toujours alors qu'il a aujourd'hui plus de vingt ans.

 

L'Ennéagramme est un hobby tout à fait honorable. L'art et la culure sont passionnants, mais l'un n'exclut pas l'autre. L'important est d'avoir la curiosité de découvrir des choses et d'apprendre. Ton intérêt pour l'Ennéagramme montre que tu as ces qualités, alors ensuite qu'on les applique à une chose ou à une autre, ou à une chose avant une autre n'a pas une importance majeure. Bien évidemment, en classe, en plus d'observer les 34 copains, il n'est pas inutile de garder un oeil et une oreille pour le prof ! En plus, il y tient et s'il ne les a pas, il risque de devenir teigneux.

 

Toutes les implications de l'Ennéagramme que tu as imaginées dans ton message sont possibles, mais bien sûr la première chose à faire est de déterminer ton type. Pour cela, il te faut commencer par acquérir quelques connaissances théoriques sur l'Ennéagramme. As-tu lu la description sur le site ? As-tu téléchargé le livre gratuit ? Si non, il est préférable de commencer par là. Si oui, dans quels types t'es-tu reconnue ? Lesquels as-tu exclus ?

 

Très amicalement,

Fabien

[Pyoupyou]

Bonjour,

J'espère répondre aussi bien à vos questions…

Je m'y suis bien sûr penchée, mais j'ai du mal à croire que dans une démarche consciente on puisse trouver ce que veut son propre inconscient. La technique du "se reconnaître en un ennéatype grâce sa seule description" me semble trop aléatoire. Elle peut changer selon nos états d'âmes ou être perturbée par notre propre passion (exemple le 3 peut se mentir à lui-même) au même titre que les tests ! En bref, il n'y a pas de technique objective et fiable pour s'autodéterminer. Cela demande sinon une rude et longue remise en question de soi que tout le monde ne peut pas réussir seul, car cela peut être très déstabilisant (j'essaye et ce n'est vraiment pas facile). J'avais trouvé une autre idée que je n'ai pas testée : relire son propre journal intime. Je ne sais pas si cela peut être plus utile. Il faut d'abord que je retrouve le mien !

Un petit exemple, si vous me le permettez : quand on m'a décrit pour la première fois l'ennéagramme, je me suis tout de suite proclamée 4 ; or le premier adolescent à qui vous décrirez l'ennéagramme vous dira "Bien sûr, c'est évident, je suis un 4 ! Je savais bien que j'étais un incompris !" Sans même réfléchir (je caricature volontairement).

Par contre je pense qu'un œil aiguisé peut déterminer celui d'un autre, mais à condition d'avoir un certain retrait et de le faire… à son insu ! Ainsi la personne n'interférera pas dans ses comportements "naturels" et laissera agir son ego.

Bon maintenant ma connaissance de cette science n'est pas très poussée. Je ne prétends rien vous enseigner, je n'ai fait que lire et relire les descriptions, regarder des personnages de films que je connaissais, j'ai lu à peu près tout le livre gratuit (très bien d'ailleurs). N'hésitez pas à casser mon jugement si il est faux.

Bien sûr, je vais toujours garder un œil et une oreille sur mes professeurs (pour mieux les analyser, hé hé ! ).

Bonsoir,
Marie sans type

[Fabien Chabreuil]

Bonjour Marie,

J'ai été surpris par le style de ton second message. Je le trouve étonnamment mature et lucide. Écrire cela à 15 ans…

"En bref, il n'y a pas de technique objective et fiable pour s'autodéterminer."

En théorie, tu as raison. En pratique pourtant, on y arrive. Le seule indication fiable que nous ayons est donnée par les gens qui font un stage de Bases et qui continuent à approfondir l'Ennéagramme. Au stage de Bases, ils se reconnaissent à l'aide de la description des types et surtout du plus grand nombre possible d'exemples et de témoignages. À la fin, ils ont trouvé leur type de base. Dans les stages suivants, ils approfondissent cette connaissance d'eux-mêmes et entre les formations, ils pratiquent de l'auto-observation. Et bien, le nombre de ceux qui changent d'avis sur le type déterminé dans le stage de Bases est extrêmement faible (moins de 5%) : comme tu l'as pressenti, quelques 3 à cause de la passion de mensonge, quelques 8 à cause du mécanisme de défense de déni, et quelques mentaux qui aimeraient bien être 5 et qui ne le sont point.

"Cela demande sinon une rude et longue remise en question de soi que tout le monde ne peut pas réussir seul, car cela peut être très déstabilisant."
Là aussi, tu as raison. Quel que soit notre type, il y a parfois des aspects de nous-même que nous n'avons pas envie de voir. Une aide extérieure, en stage ou simplement par quelqu'un connaissant bien l'Ennéagramme facilite la démarche.

 

Effectivement, cela pourrait être déstabilisant. C'est pour cette raison qu'il ne faut jamais dire à une personne quel est son type : le code d'éthique de l'International Enneagram Association est très net là-dessus et si vous connaissez des gens (formateurs ou particuliers) qui le font, protestez ! Le rôle d'un professionnel de l'Ennéagramme est d'aider les gens à se découvrir, pas de leur imposer quoi que ce soit. Dans notre expérience, les gens ont de bons mécanismes de protection interne : ceux pour qui la découverte de leur type pourrait être une souffrance ne se reconnaissent pas dans ce type, mais dans un autre vraisemblable et plus confortable. Ces gens-là, nous leur proposons quelques pistes d'observation et de réflexion et nous les amenons en douceur à l'identification correcte. Le temps que l'on met à trouver son type n'est pas important. Quelle que soit sa longueur, la démarche est enrichissante.

"Le premier adolescent à qui vous décrirez l'ennéagramme vous dira “Bien sûr, c'est évident, je suis un 4 ! Je savais bien que j'étais un incompris !”"

Si j'avais connu l'Ennéagramme pendant mon adolescence, je me serais identifié à beaucoup des aspects du 4. Mais je savais parfaitement que j'étais un mental et non pas un émotionnel. Le risque d'erreur est donc d'autant plus grand que l'on en reste au niveau des comportements (il y a au moins neuf raisons possible de se sentir incompris) et qu'on ne prend en compte qu'un morceau du modèle.

 

Ceci dit, il est vrai que l'adolescence, si elle est difficile, n'est pas le moment le plus simple pour identifier son type. Il peut être aidant de confronter le vécu actuel à ce qu'il était quelques années avant. Retrouver ton journal intime est une excellente idée et certainement une très bonne piste.

"Par contre je pense qu'un œil aiguisé peut déterminer celui d'un autre, mais à condition d'avoir un certain retrait et de le faire… à son insu ! Ainsi la personne n'interférera pas dans ses comportements "naturels" et laissera agir son ego."
Certes, mais cela nécessite, comme pour soi-même, d'aller au-delà des comportements pour percevoir les motivations sous-jacentes. Dans la pratique, ce n'est pas si simple que cela et nécessite une très bonne connaissance de l'Ennégramme. Dans notre cursus, c'est une épreuve finale, la démonstration d'une profonde intégration du modèle. Pour s'entraîner, il y a bien sûr la rubrique Ciné-agramme de notre site.

 

D'autre part, il est important de considérer que le plus grand intérêt de l'Ennéagramme est l'évolution qu'il permet. Le code d'éthique de l'International Enneagram Association (oui, le même que tout à l'heure !) commence par affirmer que "l'Ennéagramme est avant tout un outil destiné à la connaissance de soi et à la transformation personnelle." Déterminer le type des autres avant de connaître le sien risque de faire de l'Ennéagramme un outil de jugement et de pouvoir, ce qui est le contraire de sa vocation.

Très cordialement,
Fabien

[Pyoupyou]

Bonjour,

 

Merci pour vos réponses. Elles ont le mérite d’être claires et me seront utiles. Qu’il y ait une éthique crédibilise l'ennéagramme. Je ferais mieux d’en prendre connaissance…

 

Bien à vous.

Marie, un type parmi tant d'autres…