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l’ennéagramme

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Céline Sallette


Dreamost

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Actrice dans le film Geronimo de Tony Gatlif, interviewée par Laurent Ruquier, Léa Salamé et Aymeric Caron lors de l'émission télévisuelle sur France 2, On n'est pas couché, du 18 octobre 2014.
Nombre d'indices m'ont interpellé concernant les caractéristiques de l'ennéatype 6 :

  • Loyauté à son milieu, ses origines, sa famille

Céline Sallette : Je suis fidèle à mes origines, j'ai une immense fidélité pour l'endroit, la classe sociale d'où je viens et le milieu familial. [Père agent SNCF, mère travaille dans un Relais H.]

  • Peur, manque de confiance en soi

Laurent Ruquier évoque les films engagés et son engagement dans ses rôles.
Céline Sallette : C'est une chance que j'ai, j'avoue, ça, c'est une chance que j'ai, de porter ces rôles-là et tout ça. En dehors du sens que ça a pour moi, je suis… C'est des rôles très riche, hein ? C'est des rôles merveilleux.
Laurent Ruquier : Ça fait du bien de travailler avec d'autres que son compagnon Laurent Faffargue ?
Céline Sallette : […] Lui en fait – ce qu'est assez beau – comme je ne croyais pas trop en moi, que j'étais, comme ça, une espèce de jeune fille un peu… J'aimais profondément jouer, je pouvais pas faire autre chose ; il m'a quand même amené, heu, à… J'ai eu de l'ambition pour lui en fait, je sais pas comment vous dire, il a onze ans de plus que moi, et heu, et un jour il m'a dit : « Il faut que tu fasses le conservatoire, quand même Céline, non ? » […] Et après il m'a préparé et je l'ai eu, et après il a dit : « Il faudrait quand même que tu fasses du cinéma, merde » Et je me suis dit : « Oh non ! »

  • Doute, aspect phobique (attitude corporelle)

Léa Salamé : C'est marrant, on vous écoute parler et vous dites tous les doutes que vous avez, Céline Sallette, vous dites, je suis arrivée comme ça. Vous tombez amoureuse d'un péruvien et vous vous mettez au chant péruvien, je me disais, à chaque fois, elle copie ses amoureux. [cf. Céline Sallette : Au collège […] les garçons que j'aime ne m'aiment pas. Et donc je suis, un peu, celui que j'aime, qui fait un atelier théâtre – un cours de théâtre – et lui il arrête très vite, et moi je continue parce que j'aime bien en fait, j'aime bien, je suis bien. […] On fait une représentation de fin d'année. […] Je fais rire deux, trois personnes, ça me fait une révélation. C'est un peu bête mais bon. Après j'en ai fait beaucoup au lycée. Je crois que je ne me sentais pas grand-chose et que dans cet espace-là, d'un coup, j'ai senti que je pouvais être tout, quoi.])
Léa Salamé : […] Quand vous nous avez présenté le film [Geronimo], il y a deux jours, vous étiez là – l'équipe du film était là – vous étiez là, Tony Gatlif dans la salle, et je vous ai vue et vous étiez tout en… C'est… C'est… La différence entre la force que vous avez dans vos films –où l'on ne voit que vous – et cette présence, cette espèce d'intensité de jeu, et ce que vous êtes quand je vous ai vue en présentant le film, il y a quelque chose de très bizarre que j'ai remarqué, vous êtes voûtée.
Céline Sallette : Mais je suis très voûtée, je suis d'accord avec vous, c'est insupportable, faut que je travaille, tout le monde me le dit « tiens-toi droite », et tout... J'arrive pas, ça.
Léa Salamé : Et j'ai lu dans une interview que vous dites : « Je suis voûtée parce que je n'assume pas d'être une bombe. »
Céline Sallette : Ah non, mais attendez ! Mais ça, c'est pareil, c'est des raccourcis ; Jean-Luc [Mélenchon], reviens, aide-moi !
Léa Salamé : Tout ça pour vous dire que vous avez tort !
Céline Sallette : De quoi ? Chuis pas une bombe ?
Léa Salamé : Mais si au contraire, mais bien sûr que si, mais tenez-vous droite !
Céline Sallette : Mais on essaye, putain. Mais c'est dur d'être fort, c'est dur d'être la force qu'on est. C'est dur quoi. Je… Moi… Je trouve cet espace là de… Je trouve la force de m'exprimer à travers les les les rôles des autres, les mots des autres, le costume d'une autre, j'ai du mal à être moi, je m'en fous de moi, je… je… je suis mal dans moi, ça me fait chier, je m'intéresse pas beaucoup et par contre, putrain, quand je suis quelqu'un d'autre, je m'éclate, ben non je m'éclate, je… je… m'éclate !
[Cf. "Je crois que je ne me sentais pas grand-chose et que dans cet espace-là, d'un coup, j'ai senti que je pouvais être tout, quoi."]

  • Aspect contre-phobique encouragé par ses hommes

Figuration dans Marie Antoinette de Sofia Copola, et dans un film de Clint Eastwood.

Céline Sallette : Je vous jure que c'est vrai ; Laurent, donc mon compagnon, y a une de ses comédiennes qui fait le casting Sofia Copola, il dit – il appelle une agent – il dit, écoute : « Il faut absolument que tu vois Céline, c'est ma copine, il faut qu'elle fasse le casting pour Sofia Copola parce qu'elle va l'avoir. » Et moi il m'a dit pareil : « Il faut que tu le passes parce que tu vas l'avoir. » Et je fais rien, c'est pas un rôle, hein, c'est trente jours de présence derrière Kirstenden, mais c'est une première expérience magnifique. […] C'était super, c'était génial, j'ai serré la main de Francis, et tout, j'étais trop contente.
Céline Sallette : Je l'ai fait [de la figuration] avec Clint Eastwood, et j'ai même traversé la France avec mon père et mon tonton. Je jouais la veille au théâtre dans le sud de la France. Mon père et mon tonton m'ont conduit, on a traversé la France, faut que je sois à six heures du matin, pour aller servir une tasse de thé sur le plateau de Clint Eastwood, mais c'était merveilleux, c'était génial !

Aymeric Caron : Le rapport aux hommes de Céline.
Céline Sallette : Oh merde, oh putain ! Ah ouais d'accord, une psychanalyse carrément !

 

Évocation par Laurent Ruquier de son rôle dans L'Apollonide [de Bertrand Bonello], rôle marquant : Belle-Cuisse.
Céline Sallette : C'est le nom de mon personnage, je précise pour ceux qui n'ont pas vu le film, ils sont nombreux. […] À propos du film : C'était magnifique.
Aymeric Caron : […] Toute votre vie professionnelle est marquée par des rencontres avec des hommes…
Céline Sallette : C'est vrai.
Aymeric Caron : Et parce qu'ils vous ont demandé de faire, ou qu'ils vous ont encouragé à faire, je ne sais pas ?
Céline Sallette : Mais c'est merveilleux, vous vous rendez compte de la chance que j'ai ? […] Je crois que je subi un atavisme…
Aymeric Caron : […] C'est votre homme, Laurent, qui vous a poussé à monter à Paris, c'est lui qui vous a poussé à faire du cinéma, vous jouez souvent dans ses pièces, votre première fois au théâtre, c'était parce que vous vouliez suivre un garçon, on a l'impression que vous ne pouvez vivre que dans le regard d'un homme, est-ce que… ?
Céline Sallette : C'est très difficile, mais peut-être dans le regard des autres en général, c'est pour ça que je suis comédienne, j'ai une maladie. On fait tous – non mais je veux dire – on fait tous avec nos maladies, ou on les transforme plus ou moins bien, j'essaye de bien les transformer, la mienne, et en même temps, je travaille…
Léa Salamé : C'est quoi ? C'est quoi cette maladie ?
Céline Sallette : Avoir du mal à être heureux pour soi. Être heureux parce que les autres sont heureux. Vivre dans le regard des autres, par les autres, par les autres, hein ? Je suis comédienne, quoi….
Aymeric Caron : C'est quoi la différence entre la dépendance – parce que là on note une petite dépendance que vous reconnaissez – entre la dépendance et la soumission ?
Céline Sallette : Alors y en a une très grande, par exemple, j'ai été, par exemple, euh… euh… Ça, c'est un chemin libérateur dans ma vie, c'est libérateur. Je suis pas opprimée, je suis comédienne libre. J'affirme, j'affirme ma liberté très profondément.
Aymeric Caron : Mais vous évoquez chacun de vos choix avec votre compagnon, vous lui demandez son avis, est-ce que je dois le faire ?
Céline Sallette : C'est géniale ces questions ! Non ! Pas tout à fait ! Bien sûr que j'en parle, bien sûr que, bah bien sûr, ouais ! Mais en même temps euh… c'est c'est… mes choix hein…, vraiment c'est mes choix.
Aymeric Caron : Non parce que je vous pose cette question, je vous pose cette question parce que je crois que vous avez un côté rebelle dans votre jeu, dans votre personnalité qu'on voit là, qui colle pas…
Céline Sallette : C'est dur, ouais, moi aussi, je trouve que c'est bizarre !
Aymeric Caron : Ouais.
Céline Sallette : Mais parce que je porte les deux profondément je crois ! Je porte à la fois une – je pense – j'hérite de ce que sont – je veux dire – les femmes doivent, les femmes font un chemin libératoire, je crois. Elles partent de plus ou moins loin. Je trouve que les femmes…
Léa Salamé : Tout le monde, non ? Les hommes aussi non ?
Céline Sallette : Ouais. Ouais peut-être. Peut-être. Mais alors ça se voit moins, ou alors ils doivent se libérer des chemins de domination, ou de… C'est d'autres… C'est d'autres croix qu'ils ont à porter.

Sens de la justice, prendre parti des délaissés, des minorités exploitées.

  • On notera aussi le mode de communication ambivalent avec les oui mais.

Le chemin de la comédienne Céline Salette est indéniablement celui d'une affirmation de soi, de courage, de persévérance et de foi en la liberté.

 

Sa foi semble s'exprimer à travers ses expressions de joie, témoignage de sa reconnaissance vis-à-vis de ses rencontres, de sa vie, de ses propres émotions : "C'est des rôles merveilleux., Putain, je m'éclate, C'était super, c'était génial, c'était merveilleux, c'était génial !, Oh merde, oh putain !, Mais c'est merveilleux, vous vous rendez compte de la chance que j'ai ?"

 

Et en dehors de toute analyse, la première chose qu'on perçoit directement c'est sa franchise ; il semble impossible d'imaginer de la dissimulation chez cette femme, au-delà même de l'actrice.

  • Ultime loyauté / engagement vis-à-vis des journalistes de circonstance :

Laurent Ruquier : Vous fumez toujours ?
Céline Sallette : Ouais. Je vais arrêter. J'essaye.
Laurent Ruquier : Vous êtes dépendante aussi de la cigarette.
Céline Sallette : Oh non mais ça va ! Vous faites le portrait d'une toxicomane, ça va ! […] J'ai tout à fait réduit ma consommation [le temps qu'elle était enceinte pour son bébé]. […] Je vais arrêter, je vous jure c'est vrai !

Indice supplémentaire : son prochain rôle serait celui d'interpréter Simone Signoret. Carrément !

PS : on se souvient de sa colère excédée dans De Rouille et d'os de Jacques Audiard malgré sa courte apparition.

675 alpha, C -/+, S =/-, X +/-

"Le merveilleux normal, l'immense inexpliqué" (Michaux)

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Bonjour à tous,

Merci Dreamost pour cette analyse de Céline Sallette que je ne connaissais pas. Je suis allé voir qui c'était car tu mentionnes son apparition dans De rouille et d'os que j'ai justement vu à la télévision la veille de ton post.

À la lecture des interviews que tu as pris la peine de nous retranscrire, j'ai d'abord eu du mal à retrouver le 6, j'ai vu un discours très émotionnel, plutôt haché, la dépendance du regard des autres, voire de l'oubli de soi et de la fusion. La lecture de quelques articles sur elle trouvés sur le net [2] m'a conforté dans cette vision très émotionnelle :

  • "Je crois que je suis comédienne parce que je ne me sens pas finie. J’adore l’idée de n'être rien et de pouvoir potentiellement être tout. D'englober le monde entier à travers une histoire et des émotions."
  • "Mon quotidien est une improvisation permanente. Un coup de téléphone, et hop !, ma vie peut changer."
  • "Il fallait que je devienne quelqu’un, sinon mon homme n’allait plus m’aimer, affirme-t-elle."
  • "De ce jour, jouer sera sa vie, car pour elle, jouer et tomber amoureux, c’est la même chose."

Certes un 6 alpha peut sembler très émotionnel quand son centre mental bascule, mais j'ai quand même du mal à faire coller le 6 avec une vie d'improvisation permanente.

En regardant la vidéo [1], j'ai alors beaucoup mieux compris ce que tu as voulu exprimer. La peur et même l'alternance phobie-contrephobie est visible physiquement, et même de manière assez marquée, ce qui est probablement amplifié par la configuration d'"interview-tribunal" avec plusieurs journalistes qui la challengent sur ses points sensibles.

J'ai cherché d'autres vidéos qui pourraient la présenter et j'ai notamment trouvé une interview de Télérama où elle se livre dans un contexte moins stressant [4] et là, l'hypothèse 6 se consolide.

  • L'interview commence par une allusion à un secret qui laisse imaginer une forte loyauté spirituelle, il y a aussi une forte loyauté vis à vis de son compagnon qui l'a lancée dans le métier.
  • Elle renie fortement l'individualisme et recherche l'appartenance à des groupes, des troupes. Dans une autre interview [3], elle dit avoir apprécié de deux metteurs en scène qu'ils aient su générer un vrai esprit de groupe pendant le tournage.
  • Le doute reste présent, dans sa façon de se poser des questions à elle-même, de ne pas savoir choisir entre Joey Star et Mathieu Amalric, puis Isabelle Huppert et Christine Deneuve. Elle cherche l'approbation de la journaliste régulièrement par un regard avec un petit mouvement de tête interrogateur.
  • La projection se retrouve, comme dans l'interview de ton post, Dreamost, notamment à travers les nombreux "On" à la place de "Je" : "On fait tous – non mais je veux dire – on fait tous avec nos maladies, ou on les transforme plus ou moins bien."
  • Elle recherche le contact de personnes fortes et appréciée par elle, surtout des metteurs en scène, ce qui colle bien avec le sous-type sexuel Force/Beauté, que l'on peut facilement confondre avec un 4.
  • Hypothèse : Elle donne sa pleine mesure lorsqu'elle est actrice, car elle ne risque alors plus la déviance, jouant le rôle d'un personnage : "Je trouve la force de m’exprimer à travers les les les rôles des autres, les mots des autres, le costume d’une autre, j’ai du mal à être moi, je m’en fous de moi, je… je… je suis mal dans moi, ça me fait chier, je m’intéresse pas beaucoup et par contre, putain quand je suis quelqu’un d’autre, je m’éclate, ben non je m’éclate, je… je… m’éclate !"

Je n'ai pas trouvé de méfiance, plutôt de la confiance même, confiance en son destin en particulier, peut-être une façon de couper court aux doutes.

Je n'ai pas le temps de plus approfondir pour aujourd'hui, et j'en reste pour ce soir à être d'accord avec ton hypothèse 6, avec variante alpha et sous-type sexuel Force/beauté.

J'aimerais aussi prendre le temps de tester la piste 9 mu Union, car j'y vois aussi pas mal de signes comme l'oubli de soi et la paresse à se connaître, la fusion, le besoin de moteur externe, la quête d'amour, la mésestime de soi, la narcotisation à la cigarette, une meilleure compatibilité avec une vie d'improvisation permanente, les rôles qui pourraient la faire sortir du monde réel conflictuel. La communication non verbale me semble en revanche moins cohérente avec le 9.

À moins que quelqu'un d'autre souhaite le confirmer ou l'infirmer, ou proposer une autre piste ?

Très amicalement,
Jérôme

 

Sources :

Jérôme E9 mu, aile 1, C =/- S -/+ X =/+

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Bonjour à tous,
 
Merci Dreamost et Jérôme pour votre étude de cette actrice. Moi qui me pique d'être amateur de cinéma, je ne connaissais pas non plus Céline Sallette, même si je l'ai forcément vu figurer dans Au-delà de Clint Eastwood — un des rares films du maître que je n'ai guère apprécié — et jouer dans De rouille et d'os — un film auquel Patricia m'a trimballé et qui ne m'a laissé qu'un vague souvenir car je fais une allergie grave à Marion Cotillard au point que sa présence m'a même fait éviter le dernier film des Frères Dardenne.
 
J'avais donc fait moi aussi quelques recherches sur l'Internet et j'ajoute à votre collection cette citation : "Je crois à l’émergence de solutions collectives. J’espère que la coopération va l’emporter sur la division."
 
Très amicalement,
Fabien
 
Source : Géraldine Sarratia, "Céline Sallette : “Je crois à l’émergence de solutions collectives”", Les Inrocks, 1 novembre 2014.

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