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Gaspard va au mariage
Analyse

Gaspard va au mariage : GaspardGaspard (Félix Moati) : 7

Gaspard a été un enfant extrêmement créatif. Sa sœur Coline a soigneusement recueilli et indexé toutes ses inventions : le bébé-serpillère, le parachute à bouchon de champagne, les chaussures pour ne pas perdre les enfants dans la rue, le tube pour fumer à deux, la planche à pain-mangeoire à oiseaux, le protège-shampoing, le nettoyeur de nombril, le parapluie sans poignée, le calendrier en papier à bulles. Une bonne centaine en tout ! Éprouvant le besoin de charmer et de séduire caractéristique de l’ennéatype 7, il était l’enfant favori de ses deux parents ("Il y a peu de gens qui ont été aimés, dorlotés, choyés, chouchoutés autant que moi. J’imagine que je l’ai cherché, que je le voulais plus que tout."). Cette position a eu inévitablement un effet destructeur sur son frère et sa sœur qui explique leur niveau de désintégration — on peut penser aux relations entre Vincent et Élisabeth dans Le Prénom.

En présentant le dessin que Gaspard en a fait entre deux de ses créations, le film suggère, mais ne dit pas explicitement, que la création du zoo est son idée et son désir auxquels ses parents ont adhéré. Au problème avec sa fratrie s’ajoute la mort de sa mère, à la suite d’un accident avec un tigre.

En bon 7, Gaspard a fui. Doublement. Physiquement, il a quitté le zoo et sa famille ne le voit plus guère. Psychologiquement, il se limite en pratiquant des métiers qui ne l’intéressent pas et qui sont bien en dessous de ses capacités intellectuelles : bel exercice de contrepassion. Laura le confronte à ce sujet : "Tu crois que ta sœur, elle va plus avoir envie de toi juste parce que t’es un raté ?"

Le remariage de son père l’oblige à retourner dans sa famille au zoo, même si cela "ne l’éclat[e] pas". Aussi quand il rencontre Laura, il imagine que venir accompagné le protégera des remarques de sa famille et peut-être de sa sœur. Un plan est vite monté :

  Gaspard : Vous avez des trucs importants à faire à Biarritz ?
  Laura : Ouais, ben plus ou moins, je vais rejoindre une amie.
  Gaspard : Ça peut pas attendre deux, trois jours ?
  Laura : Pourquoi ?
  Gaspard : Je veux vous proposer quelque chose.
  Laura : Oui mais… Quoi ?
  Gaspard : Voilà. Je veux que vous veniez avec moi chez mon père. Vous m’accompagnez, vous restez un peu, vous repartirez plus tard.
  Laura : Qu’est-ce que je vais faire chez votre père ?
  Gaspard : Il se marie. Enfin, il se remarie. Je voudrais quelqu’un avec moi. Ça se fait ça, non ?, de ne pas vouloir être seul à un mariage.
  Laura : Vous avez personne pour faire ça ?
  Gaspard : Ben non. Pas là tout de suite. J’y avais pas pensé avant en fait. C’est en vous voyant, là, comme ça… J’ai l’impression que vous pouvez faire l’affaire.
  Laura : Vous voulez que je fasse escort, en fait ?
  Gaspard : Mais non. Enfin si vous trouvez ça amusant de le prendre comme ça, ça me choque pas. Ça vous choque ?
  Laura : Non, non. Non, non.
  Gaspard : En tout cas, je ne veux pas coucher avec vous.
  Laura : Ah mais non. Mais heureusement. Mais quelle horreur.
  Gaspard : Je préfère que ce soit clair.
  Laura : Mais c’est clair. Mais pour votre famille… On va se faire griller direct. Je veux dire, ça va pas le faire. Ça va se voir.
  Gaspard : Ça se verra pas, vous verrez. Je m’appelle Gaspard.
  Laura : Laura.
  Gaspard : Alors, c’est OK, Laura ?
  Laura : Ben, je sais pas encore.
  Gaspard : Vous me devez bien ça. Je vous ai sauvé en pleine crise d’hypoglycémie.
  Laura : Ah non, attendez ! Je vous ai rien demandé. Je ne vous dois rien.
  Gaspard : Alors faites-le par jeu. Vous êtes joueuse, non ? Et je vous donne, disons, 50 € par jour. Si vous restez trois-quatre jours, ça vous fait un peu d’argent pour aller retrouver votre copine à Biarritz.
  Laura : Ben pourquoi pas ?
  Gaspard : Super.

Dans cet échange, on peut remarquer qu’il tente d’abord de manipuler Laura ("Vous me devez bien ça"), puis qu’il projette ses propres motivations ("Si vous trouvez amusant de le prendre comme ça", "Faites-le par jeu"), avant de se décider de proposer à Laura de la payer. On trouve une structure proche dans cette scène :

  Gaspard : Toi, tu sens bon. Tu sens le gâteau.
  Laura : […] Arrête, s’il te plaît !
  Gaspard : J’ai envie de te sentir.
  Laura : Eh ben non.
  Gaspard : T’es censée être ma petite amie.
  Laura : Ouais mais je ne suis pas payé pour ça, je crois pas.
  Gaspard : OK. Combien est-ce que tu veux ? J’ai… J’ai 20 euros.
  Laura : Ah non, 20 euros, oublie.

À ce moment du film, il est évident que Laura aurait accepté si Gaspard avait exprimé quelques sentiments pour elle. La payer est un moyen de se protéger de ses émotions ce qu’il fait jusqu’à la fin. Par exemple, une scène nous montre Laura faisant semblant de dormir sur le canapé. Il la regarde tendrement et lui propose une couverture. Laura lui dit : "J’ai vraiment envie de prendre le train demain et d’aller retrouver ma copine Chloé." On notera que le mot « envie » implique que la décision n’est pas prise mais Gaspard ne saisit pas la perche que lui tend Laura et s’en va sans dire un mot. Le lendemain matin, Laura prend donc la situation en main : "Ce qu’il faut, ce qu’il faut, c’est que je sois à toi pour de vrai. Faut que tu me baises vraiment, que tu me baises à fond. [Coline] te veut mais moi aussi je te veux."

Gaspard manifeste aussi le goût des 7 pour l’enjolivement des situations. Son train ayant été bloqué par des manifestants, il arrive au zoo plus tard que prévu et exagère l’incident :

  Virgil : Ah ! Qu’est-ce qui t’est arrivé ?
  Gaspard : Mon train a été attaqué. Je vous raconterai.

De même, ce n’est que vers la fin du film qu’il avoue à Laura que sa mère n’est pas morte dans les circonstances qu’il lui avait racontées : "Laura, ma mère n’a pas été mangée par un tigre. Un tigre a planté ses griffes dans sa jambe et ça lui a sectionné l’artère fémorale."

Souvent les 7, sous prétexte de faire de l’humour, affichent un sentiment de supériorité qui fait souffrir leurs interlocuteurs, ce que bien évidemment ils nient :

  Virgil : C’est quoi le nom de ces trucs déjà ?
  Gaspard : Ça, c’est un gombo.
  Virgil : Ah, voilà, c’est ça, des gombos.
  Gaspard : Des gombi. Un gombo, des gombi.
  Virgil : Oui, ça va, je sais, hein. Des gombi.
  Gaspard : Mais non, je déconne. On dit : des gombos. C’est pas italien, tu sais, c’est africain.
  Virgil : La ramène pas trop avec ta science, quand même.
  Gaspard : Je ramène pas ma science.

Il pratique aussi la communication métaphorique de l’ennéatype. Son cadeau de mariage à Virgil est une paire de menottes accompagnée de cette lettre : "Mon frère, il y a peu de gens qui ont été aimés, dorlotés, choyés, chouchoutés autant que moi. J’imagine que je l’ai cherché, que je le voulais plus que tout. Il paraît que dans nos actes se cache toujours le désir d’un enfant qui cherche à être aimé de sa famille. C’est la seule excuse que je peux avancer pour que tu me pardonnes d’avoir été le préféré. Tu as pris une décision : épouser cette tatoueuse qui est végétarienne et qui déteste les zoos parce qu’elle ne supporte pas qu’on emmerde les animaux. C’est Coline qui me l’a dit. C’est une bonne décision. J’en ai pris une, moi aussi : j’ai décidé de ne pas aller à ton mariage et, à la place, je vais suivre cette fille que je viens à peine de rencontrer. Mon frère, je crois que toi et moi sommes en passe d’être sauvés car le plus difficile dans la vie, c’est de trouver quelque part dans le monde quelqu’un qu’on aime plus que sa famille."

Comme son frère, sa sœur et son père, Gaspard s’intègre en acceptant ses émotions et, peut-être, en renonçant à sa conception égotique de la liberté.

Identification avancée : Gaspard est un 7 α de sous-type sexuel ("Imagination").

Gaspard va au mariage : LauraLaura (Lætitia Dosch) : 2

Laura va en stop rejoindre son amie Chloé à Biarritz. Sur la route, elle rencontre des activistes qui se préparent à manifester leur opposition au retraitement de déchets nucléaires. Elle se mêle à eux et leur demande un café (privilège ?). Après, elle les suit sans réfléchir et s’enchaîne avec eux à des rails de chemin de fer. Elle explique la situation à Gaspard qui l’a détaché et lui offre une bière dans la voiture-bar du train :

  Laura : En fait, en fait, j’suis pas avec eux.
  Gaspard : Avec qui ?
  Laura : Les gars qui s’enchaînent là. Sur la route, ils distribuaient des croissants. Alors moi, j’en ai pris un et puis je les ai suivis. Et puis après, ils se sont menottés et j’ai fait comme eux. Voilà.
  Gaspard : […] Vous l’avez fait par curiosité ?
  Laura : Oui, c’est ça. Si on veut.
  Gaspard : Vous êtes un peu barge quand même, non ?
  Laura : Ben ils étaient là, j’avais un peu la dalle, je vois pas ce qu’il y a de barge.
  Gaspard : Vous les connaissez pas, vous leur faites confiance.
  Laura : Vous ne voulez pas qu’on se tutoie ?

Puis, comme le train démarre, elle envisage de sauter par la portière alors qu’il roule à pleine vitesse et Gaspard la retient in extremis. C’est évident dès cette première séquence, le centre mental est réprimé. Cela se confirme tout au long du film. Par exemple :

  Laura : Elle est où est ta mère ?
  Gaspard : Elle est morte quand j’étais enfant. Elle a été tuée par un tigre.
  Laura : Je ne te crois pas.
  Gaspard : Je te le jure.
  Laura : Merde. Je suis désolée. Gaspard ! Ça va se voir là que j’ai rien à faire avec toi. Moi il s’est jamais rien passé dans ma vie et toi ta mère, elle s’est fait manger par un tigre.
  Gaspard : Ça n’a rien d’original pour moi. Je veux dire, c’est comme si elle était morte dans un accident de voiture.
  Laura : J’aurais bien aimé qu’il m’arrive un truc comme ça, que ma mère elle est morte dans un accident de voiture.

Le deuxième trait de personnalité qui est très rapidement évident est le sous-type sexuel. Quand elle arrive au zoo et qu’elle voit Peggy en train de faire un prélèvement de selles sur un animal, elle demande : "Pourquoi étiez-vous en train de le fister ?" Elle redéfinit ainsi la mission que lui propose Gaspard : "Vous voulez que je fasse escort, en fait ?" Assez typique du 2 sexuel, Laura ne semble pas vraiment comprendre quand Gaspard explique que sa demande ne positionne pas dans ce cadre :

  Laura : Vous voulez que je fasse escort, en fait ?
  Gaspard : Mais non. Enfin si vous trouvez ça amusant de le prendre comme ça, ça me choque pas. Ça vous choque ?
  Laura : Non, non. Non, non.
  Gaspard : En tout cas, je ne veux pas coucher avec vous.
  Laura : Ah mais non. Mais heureusement. Mais quelle horreur.
  Gaspard : Je préfère que ce soit clair.
  Laura : Mais c’est clair.

On retrouve ce côté "allumeur" quand elle s’enquiert de la manière de bien jouer son rôle de fiancée putative de Gaspard :

  Laura : Tu me trouves crédible ?
  Gaspard : Bien sûr.
  Laura : T’as pas peur que je me fasse piéger ?
  Gaspard : Pourquoi tu te ferais piéger ?
  Laura : Ben, je ne sais rien sur toi déjà. Tu sais, les vrais couples, ils connaissent tout un tas de détails l’un sur l’autre.
  Gaspard : Comme quoi ?
  Laura : Ben, comme par exemple la musique que t’écoute… Le morceau que tu préfères dans le poulet…
  Gaspard : Pas besoin de savoir ce genre de trucs. Et ça va aller ? Il y a d’autres choses essentielles comme ça que tu veux savoir, à part le poulet ?
  Laura : Non. […] Tu sais en fait, les vrais couples, ils sont jamais d’accord sur rien si tu réfléchis. « — Les vacances à Royan il y a deux ans. – Ben non, c’était pas il y a deux ans, c’était il y a trois ans. » C’est ça qui fait vrai en fait. On va devoir s’embrasser devant les autres ?
  Gaspard : Non, c’est pas utile.
  Laura : Oui mais si on est obligés, tu vois ? Moi, j’ai pas envie d’être surprise. Je préférerais qu’on l’ait fait une fois avant.
  Gaspard : Là, maintenant ?
  Laura : [Elle l’embrasse et s’interrompt alors que Gaspard commence à se prendre au jeu.] Ben, tu vois, ça y est, c’est fait. Je préfère comme ça.
  Gaspard : [Troublé et frustré.] Oui.

Simultanément, elle s’inquiète de la relation et va tout faire pour la rendre plus intense, manifestation du sous-type sexuel du 2. Elle est à peine arrivée au zoo que Coline lui montre le manchot qui sait prédire l’avenir. Elle pose une question sur les sentiments de Gaspard sans une once d’humour ou de second degré :

  Gaspard : Alors le manchot va répondre à une question que tu te poses. Il y a quelque chose que t’aimerais savoir ?
  Laura : Ouais.
  Gaspard : Quoi ?
  Laura : J’aimerais savoir si tu m’aimes pour de vrai.
  Gaspard : [Interloqué.] Bon… Alors… Si le manchot, là, choisit ton éperlan à gauche, ça veut dire "oui, je t’aime pour de vrai". S’il choisit celui à droite, ça veut dire non. D’accord ? Comment il s’appelle celui-là ?
  Coline : Ça, c’est Findus.
  Gaspard : OK. Tu vas les jeter dans l’eau, OK ? Trois, deux, un. [Laura jette les poissons.]
  Laura : Il a pris lequel ?
  Coline : [Ravie.] Celui de droite, celui du non.
  Laura : [Dépitée.] Ben, sympa.

D’ailleurs quand Coline veut faire du manchot une des attractions vedettes du zoo ("Findus le prophète"), Laura s’insurge :

  Laura : Findus, c’est un charlatan.
  Coline : Non, mais t’en sais rien. Tu dis ça parce que sa réponse t’a pas plu. C’est peut-être pas l’homme de ta vie, en fait. Enfin, excuse-moi de te dire ça comme ça.
  Laura : [Moue désappointée.]

Elle n’arrive pas à comprendre que Gaspard garde ses distances avec elle :

  Laura : En fait, en fait, je voulais te poser une question. T’es pédé ?
  Gaspard : Hein ? Pourquoi tu me demandes ça ?
  Laura : Je sais pas. Je me dis que si t’as besoin de moi pour jouer ta copine, c’est pour faire croire à ta famille que t’es hétéro, quoi !
  Gaspard : [Rire.] Je suis pas pédé, non. J’aime les filles. Mais t’inquiète pas, je vais dormir à côté du lit.
  Laura : Ah mais moi, ça me dérange pas du tout. Tu peux dormir avec moi.
  Gaspard : T’es sûre ?
  Laura : Oui, oui, bien sûr. Sauf que toi, t’as peut-être peur que ça te fasse un truc.
  Gaspard : Ça me fera rien.
  Laura : T’es sûr ?
  Gaspard : T’inquiète pas.
    […]
  Laura : [Gaspard se déshabille et se couche. Laura se déshabille à son tour.] Alors, ça te fait quelque chose ?
  Gaspard : Ça va.
  Laura : [Elle se couche à son tour.] T’as besoin de moi combien de temps ?
  Gaspard : Le plus possible.
  Laura : Je peux rester jusqu’à vendredi. Samedi, il faut que je sois à Biarritz. Tu me trouves bien gaulée ?
  Gaspard : Ça va.
  Laura : [Mécontente.] Tu vas tout le temps dire "ça va" ?
  Gaspard : Je te trouve assez bien gaulée, oui.
  Laura : Tu trouves pas que j’ai un peu trop d’épaules.
  Gaspard : J’aime bien.

Finalement, c’est elle qui prend l’initiative de la première relation sexuelle avec Gaspard : "Tu crois que ta sœur, elle va plus avoir envie de toi juste parce que t’es un raté ? Ça sert à rien de faire semblant d’avoir une fiancée. C’est un animal, ta sœur. Elle sent tout, elle sait que c’est bidon. Ce qu’il faut, ce qu’il faut, c’est que je sois à toi pour de vrai. Faut que tu me baises vraiment, que tu me baises à fond. Elle te veut mais moi aussi je te veux." Le début de la tirade ferait presque croire que Laura va coucher avec Gaspard simplement pour mieux jouer son rôle de pseudo-fiancée car évidemment une 2 n’a pas de besoin personnel :

  Gaspard : Vous me devez bien ça. Je vous ai sauvé en pleine crise d’hypoglycémie.
  Laura : Ah non, attendez ! Je vous ai rien demandé.

Laura ne comprend pas que Coline n’ait pas de petit ami, et Peggy relève bien la problématique de l’instinct sexuel et la dimension émotionnelle :

  Peggy : Mais, pour nous, Coline a une vie normale.
  Laura : Elle vit sous une peau de bête, elle a pas de mec.
  Peggy : Ça te gêne, ça, hein, qu’elle ait pas de mec.
  Laura : Mais Coline, elle est très jolie. Elle devrait avoir tous les mecs à ses pieds.
  Peggy : T’as pas à t’inquiéter pour elle.

C’est donc que Coline a besoin d’aide. Comme Gaspard lui dit que Coline n’a pas de petit ami parce que le port de la peau d’ours fait qu’elle "sent fort" et que "c’est pas très féminin", elle rétorque : "Je suis sûre qu’il y a des hommes excités par ce genre d’odeur. Un éboueur ? […] C’est une bonne idée, un éboueur." On la sent prête à lui en dénicher un !

La passion d’orgueil de l’ennéatype va lui faire vivre sa plus mauvaise expérience de son séjour :

  Laura : Coline ! Coline ! Il y a un fauve ! Il y a un fauve dans le jardin.
  Coline : Un fauve ?
  Laura : Oui, un tigre, je crois. [Elle montre la taille avec les mains.] Grand comme ça.
  Coline : Ah mais c’est rien. C’est Alaska. C’est un bébé. Mon père le laisse se promener de temps en temps.
  Laura : Ah bon.
  Coline : [Moqueuse] T’as flippé ? Pour un bébé ?
  Laura : Mais non, mais pas du tout. C’est juste que c’est un tigre, quoi. Ta mère, elle a été tuée par un tigre, non ?
  Coline : Oui, t’as flippé, quoi.
  Laura : Mais non, pas du tout. Arrête de me parler comme ça, s’il te plaît, maintenant.
  Coline : Comment je te parle ?
  Laura : Mais tu me parles comme si j’étais pas une dure.
  Coline : Ben je sais pas, moi. C’est Gaspard. Il dit que t’es une pâquerette.
  Laura : Une pâquerette. [Songeuse.] Il a dit ça ? Que j’étais une pâquerette ?
  Coline : Ben, une trouillarde, quoi. Mais te prend pas la tête. C’est peut-être juste que t’as peur des animaux.
  Laura : [Elle s’éloigne, puis revient. Fermement.] Moi, j’ai peur des animaux ? [Et c’est ainsi qu’elle se retrouve dans la cage des vautours où elle finit par paniquer.]
  Coline : [Méprisante] Je croyais que t’étais une dure.

L’émotionnel extérieur fait que Laura a une compréhension fine des gens. Par exemple, elle devine les raisons des choix professionnels de Gaspard là où sa famille ne comprend pas : "Tu crois que ta sœur, elle va plus avoir envie de toi juste parce que t’es un raté ?"

Quand Max se plaint de la distance que Gaspard a prise avec lui, elle trouve les mots qui le consolent :

  Max : Pourquoi je le vois plus, Gaspard ? Vous le savez, vous ?
  Laura : Oui, c’est parce que… C’est de ma faute. On est tout le temps collés.
  Max : [Grand sourire.] Alors ça va.

Identification avancée : Laura est une 2 α de sous-type sexuel ("Séduction agressive") à aile 1.

Gaspard va au mariage : ColineColine (Christa Théret) : 4

C’est le propre de l’ennéatype 4 de se sentir mal aimé et rejeté, notamment par ses figures parentales. Ce rejet peut être une simple création de l’ego ou correspondre à la réalité. Coline est dans ce dernier cas, la préférence de ses parents pour Gaspard pendant son enfance étant bien réelle. On pourra remarquer que ce n’est plus forcément vrai : "Coline est techniquement forte. Elle repère bien les animaux qui sont malades. De mes trois enfants, c’est elle qui me ressemble le plus", dit Max qui n’a pas forcément une grande finesse psychologique (cf. infra). Mais l’ego ne remet pas facilement à jour ses convictions.

Pour survivre à ce désamour, Coline a deux stratégies : affirmer sa différence et être aimé de Gaspard.

La différence est bien évidemment le port de la peau d’ours dont Gaspard est bien conscient qu’il s’agit d’une identification :

  Laura : Eh, c’est quoi le manteau de Pauline ?
  Gaspard : C’est une peau d’ours, une vraie ourse qui est morte quand elle était petite.
  Laura : Et alors ?
  Gaspard : Ben voilà, c’est tout. T’avais pas d’ours en peluche quand t’étais petite ?
  Laura : Non, j’avais un kiki.
  Gaspard : Ben nous, on avait des vrais ours.
  Laura : [Amusée.] Et donc, euh…, elle en a fait un manteau, quoi.
  Gaspard : Oui.
  Laura : Mais elle le porte toute la journée ?
  Gaspard : Oui. Les visiteurs, ils aiment bien. Les enfants viennent la voir, ils la connaissent. Mais en fait, c’est pas que le manteau. Coline considère qu’elle est une ourse, plutôt qu’une part d’elle-même est une ourse.
  Laura : Non, tu plaisantes !
  Gaspard : Non, c’est très sérieux. Évidemment elle sait très bien qu’elle n’est pas une ourse, mais bon.

Aussi quand il veut défendre Laura, il l’attaque directement sur cet aspect identitaire provoquant, pour la seule fois dans le film, la fureur de Coline :

  Gaspard : Elle sort la tête, elle découvre le monde. Elle se bouge, elle. Tu vois ?
  Coline : Parce que c’est sûr, dessiner des têtes de morts sur des gros mollets de touristes, c’est ça en fait, ça s’appelle découvrir le monde.
  Gaspard : Tu travailles pas pour les touristes, toi ?
  Coline : Ah mais c’est émouvant. Regardez comme il la défend. Mais il est accro, ma parole.
  Gaspard : Réponds-moi. T’as jamais vendu de peluches aux touristes, toi ? Je me souviens mal ?
  Coline : Je fais plus ça.
  Gaspard : Mais tu l’as fait.
  Coline : À quinze ans. J’avais 15 ans. Tu me confonds avec une gamine de 15 ans. Je fais plus ça maintenant.
  Gaspard : Ah bon ? Et tu fais quoi ?
  Coline : Je travaille. Tous les matins à la cuisine. On prépare 600 kilos de nourriture par jour, figure-toi.
  Gaspard : Formidable. Me dis pas que tu n’as jamais vendu de peluches aux touristes. Déguisée en grizzly en plus.
  Coline : [Blessée, elle lui jette ce qui est sur la table.] J’ai jamais été déguisée.
  Max : Coline, tu ne jettes pas de la nourriture.

Le deuxième moyen d’être aimée est l’intimité avec Gaspard : en dehors de ce qu’il lui apporte, on peut imaginer que s’il est le préféré et qu’elle est aimée de lui, alors elle sera aimée elle aussi.

Cette promiscuité avec son frère est visible en permanence dans le film. Elle rejoint Gaspard dans son bain et parle de sexualité avec lui : "Tu étais en train de te branler ?" Après la scène de Findus le prophète, elle fait à Laura une démonstration de la manière dont les manchots font manger leur petit, histoire de bien montrer sa proximité avec Gaspard. Comme il refuse, elle insiste : "Mais pourquoi ? Elle sait pas, c’est pour l’instruire."

Pour l’ego d’un ennéatype 4, il s’agit de jouer un rôle unique dans la vie de l’autre et toute autre relation de la personne aimée est une intrusion et une menace qui déclenche la haine. Laura est donc d’abord informée par la scène des manchots qui permet de lui asséner : "C’est peut-être pas l’homme de ta vie, en fait. Enfin, excuse-moi de te dire ça comme ça." Puisque Laura ne semble ne pas comprendre, elle doit être éliminée.

Cela commence par du dénigrement. Connaissant bien Gaspard, elle soupçonne que la relation entre lui et Laura n’est pas réelle : "C’est un animal, ta sœur. Elle sent tout, elle sait que c’est bidon." Elle se renseigne sur leur rencontre et, à ce stade, se contente de critiques acerbes tournant autour de l’évitement de la banalité : "T’as rien trouvé de plus original ?", "C’est quand même une drôle d’idée pour un premier rendez-vous." Le ton monte peu à peu ("Je suis pas un ours polaire au fait, au cas où tu l’aurais pas remarqué.") au point que Max finit par réagir : "Coline, c’est quoi cette agressivité, là ? Hein ?"

La violence devient ensuite physique. Elle se moque de la peur des animaux de Laura et celle-ci n’a alors plus d’autre choix que de reconnaître sa crainte ou de relever le défi. Laura se trouve ainsi dans la cage des vautours où elle panique. Coline la laisse longtemps dans la cage alors que Laura demande de sortir. À ce moment-là, Laura envisage de quitter le zoo.

Plus tard, quand elle a appris que le zoo allait être fermé, elle prend un fusil, tue un des chiens et menace Laura. Même si elle affirme après qu’elle n’aurait rien fait ("T’es complètement con. Putain, mais il a cru quoi ? Que j’allais buter sa meuf ?"), elle est suffisamment crédible pour que Gaspard lui tire une flèche anesthésiante. Plus tard, elle montre à Gaspard, l’hématome sur sa jambe et commente : "C’est beau" !

Cette fermeture du zoo, bien évidemment, elle ne peut que la ressentir plus fortement et dramatiquement que les autres : "Moi, je suis pas comme vous. S’il n’y a plus de zoo, j’ai rien, j’ai personne." Le reproche fait à ce moment-là à Virgil est comme il se doit émotionnel : "Vous êtes pathétiques. Vous êtes tristes. Vous êtes d’une tristesse !"

Souvent chez le 4, le stress égotique et la désintégration se traduisent par des désordres alimentaires. Pour Coline qui est un ours, la nécessité de l’hibernation y a conduit : "T’avais pris dix kilos cet été à force bouffer des myrtilles et des fruits secs. Ensuite, t’avais passé l’hiver à somnoler."

Comme les autres membres de la famille, Coline s’intègre : elle renonce à son identité d’ours et accepte l’amour d’un des membres du personnel du zoo.

Identification avancée : Coline est un 4 α de sous-type sexuel ("Compétition"), la problématique de la conservation ("Intrépidité") étant aussi assez visible.

Gaspard va au mariage : MaxMax (Johen Heldenberg) : 7

Max est sous stress fort. Son zoo va fermer et pour un 7, un ennéatype idéaliste, une activité se fait au nom d’une vision à laquelle il est difficile de renoncer. Comme si ce n’était pas suffisant, Peggy ne veut plus l’épouser. Alors Max somatise en développant un eczéma qu’il soigne de manière originale en faisant manger les peaux mortes par des poissons-chirurgiens d’eau douce utilisé en Turquie pour leur action exfoliante. Lors de sa première apparition dans le film, il reçoit ses enfants, nu, dans le grand aquarium où vivent les poissons :

  Gaspard : Papa, qu’est-ce qui s’est passé avec Peggy ?
  Max : Quand ça ?
  Gaspard : Je croyais qu’elle était d’accord pour se marier.
  Max : Ah ça… C’est rien… Des broutilles…
  Gaspard : Des broutilles ? Quel genre de broutilles exactement ?
  Max : Un petit malentendu… Avec Francine…
  Gaspard : Avec Francine ? [Il regarde Virgil et Laura qui manifestent qu’ils ne sont pas au courant.] T’as remis le couvert avec Francine ?
  Max : Oui, enfin non, non. C’est plus compliqué que ça. [Pour détourner la conversation, il montre les poissons et annonce, ravi :] Ce sont des garra rufas. [Il pénètre dans leur bac en affichant les signes du plus grand contentement.]
  Virgil : Papa ! Papa ! Qu’est-ce qui s’est passé exactement avec Peggy ?
  Max : La vérité, c’est que j’étais allé voir Francine, pour rompre définitivement avec elle. Je voulais mettre les choses au clair pour Peggy, pour pouvoir l’épouser proprement. Puis elle m’a demandé un dernier baiser. Je n’allais pas lui refuser ça, quand même ? Ça se fait pas.
  Gaspard : C’est sûrement pas à cause d’un bisou que Peggy ne veut plus se marier.
  Max : Un baiser entraîne une caresse… Qui en entraîne une autre… Et…
  Gaspard : [En aparté à Virgil.] Il l’a niquée.
  Max : Bref, Francine a voulu faire l’amour une toute dernière fois et… Pendant qu’on était en train de baiser, je me suis senti très très, très très faible d’un seul coup. Et c’est là que j’ai fait mon malaise.
  Virgil : Attends ! Attends ! Tu veux dire que quand tu as fait ton malaise, t’étais pas en train de réparer la toiture du bâtiment des girafes, t’étais en train de coucher avec Francine ?
  Coline : Papa, tu sais, tu ne t’en sors pas si mal. Peggy, elle aurait pu te décapiter pour ça.
  Max : Oui, je sais, je sais. Mais je ne vais pas me laisser faire. Justement, je voulais vous en parler. Voilà ce qui va se passer. On va faire comme s’il ne s’était rien passé.
  Coline : Et ? [Max plonge dans l’eau. Laura va taper sur la paroi pour qu’il ressorte.] Et ?
  Max : Et, et… J’ai rien annulé du tout. On maintient la Mairie, la fête, les invités, tout. Tout le mariage. Mais sans le dire à Peggy. J’ai besoin de vous.
  Virgil : Peggy ne veut plus t’épouser parce que tu t’es foutu d’elle, et la seule idée que tu as trouvée, c’est rien. C’est de faire comme si rien ne s’était passé ?
  Max : [Furieux.] Je viens de dire que j’avais besoin de vous. Est-ce qu’on peut compter les uns sur les autres dans cette famille ? Évidemment, il y a comme un choc, là. Elle me fait la gueule. C’est pas marrant. Mais… Je crois que je ne dois pas laisser passer l’occasion. Je suis sûr qu’au fond d’elle, elle a envie de se marier avec moi. Je l’ai bien vu dans ses yeux. Je le sais. C’est maintenant ou jamais. Alors… Qu’est-ce que vous en pensez ? [Personne ne réagit.] Coline ?
  Coline : C’est n’importe quoi. Et en même temps, c’est gonflé. Mais t’as pas le choix. T’es obligé de mettre le paquet.
  Max : Évidemment.
  Virgil : [Inquiet.] Attends, attends. Qu’est-ce que t’entends par "mettre le paquet" ?
  Max : Un beau mariage, quoi. Un orchestre, un feu d’artifice… Des montgolfières, des clowns.
  Virgil : [Dépassé.] Des clowns ? Mais pourquoi faire des clowns ?
  Max : Pour faire rire, des clowns. C’est un mariage, putain. Faut que ce soit gai. Évidemment, toi, tu n’as aucun humour !
  Virgil : Non, j’ai pas d’humour. Je suis sérieux. Et heureusement.
  Max : Tu parles ! C’est Coline qui est sérieuse. Non, elle est compétente. Le sérieux et la compétence, ce n’est pas la même chose.
  Virgil : [Furieux] Mais demande-lui comment tu vas faire pour payer tes feux d’artifice et tes clowns si elle est compétente. Mais t’as plus un rond, papa !
  Coline : Papa, quand je te disais qu’il fallait mettre le paquet… Je ne parlais pas d’épater la galerie. Ce que je voulais dire, c’est que tu avais quelque chose pour te racheter… Toi, personnellement, tu comprends ?
  Max : Bien sûr que je vais me racheter. Je vais faire que ça, même !
  Virgil : Papa, c’est vraiment fini avec Francine ? Et avec les autres ? Celles d’avant ? Toutes tes ex ? C’est vraiment clair dans leurs têtes, ça ?
  Max : Oui… J’en sais rien. Ne me harcèle pas. Je viens de te dire que j’allais me racheter.
  Coline : Papa, il faut que tu finisses ce que t’as commencé avec tes ex, comme avec Francine. Faut les quitter.
  Max : Oui, oui.
  Virgil : Mais sans les tringler, papa !
  Coline : Ouais, genre par téléphone, par texto. Ciao ! Bye !
  Max : Pas par téléphone, quand même.
  Virgil : Bien sûr que si.
  Max : [Il hoche la tête, navré.] Bon… Gaspard, c’est OK pour toi ?
  Gaspard : Papa, les femmes, c’est pas des fauves, ça se dresse pas.
  Max : Je ne te demande pas ton avis sur les femmes. Je veux juste savoir si je peux compter sur toi pour le mariage. Alors ?
  Gaspard : Oui, OK. C’est bon.
  Max : [Content de lui.] Je suis sûr que vous pensiez que j’allais me laisser abattre. Hein ? Bande de petits cons !

On admirera la stratégie qui, pour un 7 mu réprimant l’instinctif, consiste à ne rien faire ! L’optimisme du 7 se manifeste aussi par une perception totalement irréaliste de ce que veut Peggy : "Je suis sûr qu’au fond d’elle, elle a envie de se marier avec moi. Je l’ai bien vu dans ses yeux. Je le sais." La même confiance dans l’avenir est exprimée à la fin du film quand il officialise auprès de ses enfants la fermeture du zoo : "Je sais que ça ira, je sais que ça ira."

Au cours du film, Max se met seulement trois fois en colère. La première est quand ces enfants sont sceptiques à propos de son plan d’inaction concernant le mariage. Les deux autres fois sont en relation avec la passion de gloutonnerie : "Merde ! Ça fait dix ans que j’ai pas raté une mayonnaise", "On ne jette pas la nourriture !".

Ce désir de mariage avec Peggy est une remise en cause de la valeur culte de liberté du 7, petit début d’intégration quand il s’aperçoit que ses souffrances viennent de son ego plus que des autres :

  Max : On va pas se séparer, on va se marier. Comme ça, ce sera vraiment pour la vie. [Il s’agenouille devant elle] On se marie, allez, allez. Dis oui, Peggy, on essaie. T’as vu, j’ai changé.
  Peggy : Mais j’ai pas envie que tu changes, je veux que tu sois toi-même. Puis tu la sors d’où cette idée de mariage ?
  Max : J’ai envie d’être un peu comme tout le monde pour changer.
  Peggy : Comme tout le monde ?
  Max : Oui.
  Peggy : Mais pour quoi faire ?
  Max : Je sais pas. Pour qu’on soit bien.

Donc, Max va, comme promis, "mettre le paquet" pour se "racheter" :

  • Il rompt effectivement avec toutes ses maîtresses. On apprend à cette occasion que toute promesse sur le futur était un bon moyen de séduction : "Jamais de la vie, Isabelle ! Tu sais très bien qu’il n’a jamais été question qu’on fasse un enfant. Enfin ! […] Florence ? C’est qui ça, Florence ? Quelle Florence ? […] Ah ah, Florence, la ville. [Sourire épanoui.] Firenze, si. […] Moi, j’ai dit que je te ferai découvrir Florence ? Mais j’ai jamais mis les pieds à Florence ! […] Comment ? Oui, oui, oui, je vais me faire foutre, oui."
  • Quand Peggy se plaint de n’avoir pu le joindre par téléphone de la journée, il commence par essayer de mentir en prétextant un dysfonctionnement de l’appareil, puis pour montrer qu’elle est le seul lien qu’il veut avoir avec le monde, il met son téléphone dans le four à micro-ondes qu’il enclenche, provoquant la destruction de l’appareil.
  • Il se fait tatouer sur la poitrine, au niveau du cœur, l’animal préféré de Peggy et son prénom.

Peggy campe sur ses positions mais, touchée par son attitude, lui exprime son attachement : "On n’est pas comme tout le monde mais ça va. Je t’aime."

Le centre mental préféré fait que tous les ennéatypes 7 ont une problématique à la peur qu’ils essayent le plus souvent de nier. Aile 6 et centre émotionnel en support, Max en est bien conscient :

  • On le voit effrayé pendant l’explosion du téléphone.
  • Pendant le repas où Laura dit qu’elle va vendre des tatouages éphémères à des touristes, il s’y intéresse et avoue : "J’ai toujours eu envie de me faire tatouer mais j’ai jamais osé."
  • Quand il arrive chez la tatoueuse et attend son tour, il commente le vécu du client qui le précède : "Ça doit faire mal, là, quand même. La peau est toute fine."
  • Dans la forêt quand Peggy lui dit à la fois qu’elle l’aime et qu’elle ne veut pas l’épouser, il se met dans ses bras et lui déclare : "J’ai peur. J’ai pas envie que ça s’arrête. Tout. Le zoo. Tout."

Identification avancée : Max est un 7 μ à aile 6 de sous-type conservation ("Clan").

Gaspard va au mariage : VirgilVirgil (Guillaume Gouix) : 6

Virgil est en profonde souffrance. Enfant, ses parents lui préféraient son frère. Son travail avec les animaux ne lui plaît pas vraiment. Il doit gérer une situation financière catastrophique. Pourtant il fait ce qu’il estime être son devoir, le plus souvent avec le sourire. Un comble, Max ne lui en est même pas reconnaissant et n’a guère d’estime pour un travail de "gestionnaire" :

  Virgil : [Inquiet.] Attends, attends. Qu’est-ce que t’entends par "mettre le paquet" ?
  Max : Un beau mariage, quoi. Un orchestre, un feu d’artifice… Des montgolfières, des clowns.
  Virgil : [Dépassé.] Des clowns ? Mais pourquoi faire des clowns ?
  Max : Pour faire rire, des clowns. C’est un mariage, putain. Faut que ce soit gai. Évidemment, toi, tu n’as aucun humour !
  Virgil : Non, j’ai pas d’humour. Je suis sérieux. Et heureusement.
  Max : Tu parles ! C’est Coline qui est sérieuse. Non, elle est compétente. Le sérieux et la compétence, ce n’est pas la même chose.
  Virgil : [Furieux] Mais demande-lui comment tu vas faire pour payer tes feux d’artifice et tes clowns si elle est compétente. Mais t’as plus un rond, papa !

C’est Virgil qui a insisté pour que Gaspard vienne au mariage de Max. Son véritable but est de lui annoncer la vente et la fermeture du zoo mais il n’ose pas le lui dire franchement. Le mariage de Max étant annulé, il met en avant un désir émotionnel dont Gaspard n’est pas dupe :

  Virgil : Bon, faut qu’on parle du mariage. T’es prêt ?
  Gaspard : Quoi ?
  Virgil : C’est Peggy, elle veut plus se marier.
  Gaspard : Putain, j’en étais sûr. Qu’est-ce qui se passe ? Elle panique ?
  Virgil : [Rire.] Peggy, paniquer ? Non…
  Gaspard : Quoi ? Elle a changé d’avis comme ça ?
  Virgil : Oui.
  Coline : Il s’est passé un truc, c’est obligé.
  Virgil : Je sais pas. Peut-être…
  Gaspard : Quelle merde ! Elle va se barrer ?
  Virgil : Je crois pas, non. J’espère pas. Putain, t’imagines ? Déjà, comment il me prend la tête, Papa, tous les jours, si en plus il se fait larguer.
  Gaspard : Il y a plus de fête ? Rien ?
  Virgil : Ben non, obligé. Non. À une semaine de la noce, ça va nous coûter un max de fric, ça. Tu veux pas te marier, toi ?
  Gaspard : Moi ? [Il s’éloigne.]
  Virgil : Je te dis ça, si tu veux, au cas où. Il y a le gâteau, les invités. T’as plus qu’à sauter dans le costume.
  Gaspard : Qu’est-ce qu’il va faire, Papa ?
  Virgil : Je sais pas. Il fait un eczéma. Tu crois que ça a un rapport ?
  Gaspard : Un eczéma ?
  Virgil : Oui, il a des petits bouts de peau morte qui se barrent. C’est une réaction, ça, non ? Tu crois pas ?
  Gaspard : Quelle merde ! Déjà un mariage, ça m’éclatait pas, alors un mariage annulé… [Virgil rit.] Tu pouvais pas me prévenir avant, toi, aussi ?
  Virgil : Ben non, elle l’a annoncé ce matin à Papa.
  Gaspard : C’est ça, prends-moi pour un con. T’as su quand exactement ?
  Virgil : OK, d’accord, je l’ai su mercredi. Qu’est-ce que ça change ?
  Gaspard : Je sais pas. Je serai pas venu déjà.
  Virgil : Voilà, c’est pour ça que je te l’ai pas dit. J’avais envie de te voir.

Il va donc bien finir par être obligé de lui dire la vérité et, comme c’est difficile, il ne sait pas le faire autrement que dans une certaine agressivité où il reproche, à juste titre, à Gaspard de les avoir laissés tomber :

  Virgil : Qu’est-ce que tu fous ?
  Gaspard : Je remplace Coline ce matin. Ça te dérange pas ?
  Virgil : Non, ça va. [Ils commencent à préparer la nourriture pour les animaux.] C’est quoi le nom de ces trucs déjà ?
  Gaspard : Ça, c’est un gombo.
  Virgil : Ah, voilà, c’est ça, des gombos.
  Gaspard : Des gombi. Un gombo, des gombi.
  Virgil : Oui, ça va, je sais, hein. Des gombi.
  Gaspard : Mais non, je déconne. On dit : des gombos. C’est pas italien, tu sais, c’est africain.
  Virgil : La ramène pas trop avec ta science, quand même.
  Gaspard : Je ramène pas ma science.
  Virgil : Savoir tout ça et être serveur dans un moules-frites à Bruxelles… [Rires.] Excuse-moi mais…
  Gaspard : Mais quoi ?
  Virgil : Ben, ça s’appelle rater sa vie. Enlève le chapeau de maman. Pitié, là. T’as trouvé ça où ?
  Gaspard : Dans la chambre. Au fait, je bosse plus au resto.
  Virgil : Ah bon. Tu fais quoi maintenant ?
  Gaspard : Je répare des ascenseurs.
  Virgil : Arrête tes conneries.
  Gaspard : C’est pas des conneries.
  Virgil : Qu’est-ce tu connais aux ascenseurs, toi ?
  Gaspard : Ben j’ai appris, c’est pas compliqué. Câbles, treuil, tambour, un peu d’électronique.
  Virgil : Et ça t’intéresse ?
  Gaspard : Pas vraiment.
  Virgil : Tu te fous de nous, en fait. T’es fait pour le zoo et au lieu de ça, tu te gâches la vie avec des ascenseurs, c’est ça ? Tu devrais être ici à ma place, toi.
  Gaspard : Mais tu t’en sors très bien, arrête.
  Virgil : Mais c’est pas naturel pour moi, ça. Pour toi, c’est naturel, les gombos, les… Putain. Comment tu veux que je me rappelle de ça ? Tu sais à qui tu me fais penser ?
  Gaspard : Non.
  Virgil : À Babou.
  Gaspard : Allons bon.
  Virgil : Ce con d’orang-outan. Toujours de mauvaise humeur. Il se planquait des visiteurs. Les autres orangs-outans, il faisait des pirouettes toute la journée pour les gens, mais les gens, eux, ce qu’ils voulaient, c’était voir Babou. J’ai jamais compris pourquoi, moi. Babou…
  Gaspard : Babou était très sympa.
  Virgil : Non, non. C’était un enculé de macaque, mec. C’est tout. Les gens l’aimaient et c’était pas mérité. C’est exactement comme toi. Moi, j’aimais pas ce singe. Et toi non plus, je t’aime pas. [Il prépare un récipient de nourriture pour les animaux.] Tiens, tu m’aides, s’il te plaît.
  Gaspard : T’es de mauvaise humeur ou je me trompe ?
  Virgil : J’ai autre chose à te dire de désagréable.
  Gaspard : Vas-y, balance !
  Virgil : On va vendre le zoo.
  Gaspard : Comment ça ?
  Virgil : On a plus les moyens. T’avais pas compris ?
  Gaspard : Compris quoi ?
  Virgil : Que je t’ai fait venir ici pour ça. J’ai une autorisation de cession à te faire signer et j’ai déjà commencé la négo avec les banques cet été. Mais vas-y, demande-moi qu’on en finisse, OK.
  Gaspard : OK, qui va racheter le zoo ?
  Virgil : Y a pas d’acquéreur. Ne t’inquiète pas. J’ai dispatché les animaux dans des zoos à l’étranger.
  Gaspard : Et Coline ?
  Virgil : Elle le sait pas encore. On essaie de lui faire comprendre. On y va petit à petit. On fait attention à elle.
  Gaspard : T’es vraiment un salaud, toi. Je pensais que tu t’inquiétais réellement pour Coline.
  Virgil : Moi je suis pas inquiet ? Mais t’es où toi, putain ? Moi, je suis là tous les jours.
  Gaspard : Alors dis-lui. Sinon elle va le sentir, c’est obligé. [Virgil s’éloigne.]

Même s’il n’aime pas son boulot et en veut à Gaspard, Virgil ne comprend pas que l’on puisse ne pas être relié à sa famille :

  Virgil : C’est vrai que tu serais pas venu si je t’avais dit que le mariage était annulé ?
  Gaspard : Ouais, c’est vrai.
  Virgil : C’est fou, ça… Pourquoi tu viens plus ? C’est à cause de papa ?
  Gaspard : Non.
  Virgil : Et ça te manque pas ?
  Gaspard : De quoi ?
  Virgil : Je sais pas… L’espace. Le vent. Le parc.
  Gaspard : J’aime bien la ville, tu sais.
  Virgil : Et nous ? Nous, on te manque pas ?
  Gaspard : J’ai pas besoin de vous voir tout le temps.

Face à l’inattendu, Virgil est facilement anxieux. Quand Gaspard arrive en retard parce que son train a été bloqué, il l’accueille en montrant son inquiétude : "Ah ! Qu’est-ce qui t’est arrivé ?" Lorsqu’il arrive chez la tatoueuse et y voit son père assis en train d’attendre son tour, il est tout de suite angoissé : "Qu’est-ce que tu fais là ? Il y a un problème ? Ou…"

Le doute est aussi présent par exemple à propos de l’évidente somatisation de Max : "Il fait un eczéma. Tu crois que ça a un rapport ? […] C’est une réaction, ça, non ? Tu crois pas ?"

Comme Gaspard, Coline et Max, Virgil s’intègre. En épousant une "tatoueuse qui est végétarienne et qui déteste les zoos parce qu’elle ne supporte pas qu’on emmerde les animaux", il prend son indépendance vis-à-vis du groupe familial. Il l’exprime de manière amusante à son père lors de la scène du déballage des cadeaux de mariage :

  Virgil : [Il sort d’un paquet un grille-pain et le montre aux invités qui s’extasient.]
  Max : [Sourire enfantin.] C’est le grille-pain que je voulais.
  Virgil : Ouais, je sais, je sais.
  Max : [Toujours ravi.] Il était pour moi ce cadeau, normalement.
  Virgil : Oui je sais.
  Max : J’en avais besoin.
  Virgil : [Il prouve que, si, il a de l’humour.] Je te ferai des tartines chez moi, Papa.
  Max : [Dépité, il s’éloigne et donne un coup de poing dans le punching-ball, un autre cadeau.] C’est mon punching-ball. [Ce nouveau marquage de territoire ne produisant aucun effet, il s’en va.]

Identification avancée : Virgil est un 6 μ de sous-type social ("Devoir"). L’expression des deux autres instincts est aussi perceptible.

Gaspard va au mariage : PeggyPeggy (Marina Foïs) : 8

La force de Peggy, ce sont les autres qui en parlent le mieux !

Quand Gaspard apprend qu’elle a décidé de ne plus épouser Max, il projette sa propre peur de l’engagement au grand amusement de Virgil :

  Virgil : C’est Peggy, elle veut plus se marier.
  Gaspard : Putain, j’en étais sûr. Qu’est-ce qui se passe ? Elle panique ?
  Virgil : [Rire.] Peggy, paniquer ? Non.

Lorsque Max avoue à ses enfants qu’il a eu des relations sexuelles avec Francine alors qu’il était engagé vis-à-vis de Peggy, Laura commente : "Papa, tu sais, tu ne t’en sors pas si mal. Peggy, elle aurait pu te décapiter pour ça."

Personne n’ayant aucun doute sur sa puissance, elle peut se permettre de s’affirmer en gardant une grande maîtrise d’elle-même. Peggy avait testé Laura dès leur première rencontre : "Y’a un caribou qui vient de naître, il a deux têtes. Tu veux le voir ?" Même si elle murmure en aparté à Gaspard que "c’était horrible", elle a fait bonne figure. Dès lors, quand Laura veut quitter le zoo après la scène des vautours et aller chez son amie à Biarritz, Peggy la récupère sur la route et, dans la station-service, elle lui donne fermement et calmement une leçon de vie :

  Laura : Vous trouvez pas que Coline, elle a un rapport un peu spécial avec Gaspard ?
  Peggy : Non.
  Laura : Elle est raide dingue amoureuse de lui, quoi. Ça crève les yeux.
  Peggy : Ben… C’est sa petite sœur.
  Laura : Et alors ?
  Peggy : Et alors, toutes les petites sœurs sont amoureuses de leur grand frère.
  Laura : [Stupéfaite.] On voit bien que c’est pas vos enfants, hein. Je vous pensais pas si égoïste.
  Peggy : Moi, je te pensais pas si puritaine.
  Laura : Mais c’est pas puritain. C’est la nature. Les animaux, est-ce qu’ils s’accouplent avec un membre de leur famille ? Ça m’étonnerait, ça.
  Peggy : Tu sais, les animaux, je les connais un peu plus que toi et franchement, c’est pas toujours joli joli. Moi j’ai vu des papas lions mettre à mort leurs petits. J’ai vu des bébés koalas manger la merde du trou du cul de leur maman parce que c’est ça les bébés koalas, ils sont mignons mais ils mettent quand même leur bouche dans le trou du cul de leur mère. Alors tu vois si Coline est amoureuse de son grand frère, au fond, je pense pas que ça menace l’espèce.
  Laura : [Stupéfaite, elle s’éloigne, puis se retourne.] Mais c’est pas vrai que les petites sœurs, elles sont tout le temps amoureuses de leur grand frère. Moi, j’en ai eu deux grands frères, alors je sais ce que c’est.
  Peggy : Et tu les admirais pas quand t’étais petite ? C’était pas un peu tes idoles ?
  Laura : Et alors ?
  Peggy : Ben, c’est exactement pareil, tu les aimais.
  Laura : Oui, mais moi, ça m’a pas empêché d’avoir une vie normale.
  Peggy : Mais, pour nous, Coline a une vie normale.
  Laura : Elle vit sous une peau de bête, elle a pas de mec.
  Peggy : Ça te gêne, ça, hein, qu’elle ait pas de mec.
  Laura : Mais Coline, elle est très jolie. Elle devrait avoir tous les mecs à ses pieds.
  Peggy : T’as pas à t’inquiéter pour elle. [Laura s’éloigne.]

Dans cet échange, plusieurs autres éléments sont intéressants : Peggy ne s’embarrasse pas des conventions sociales ; elle réagit immédiatement à l’accusation d’égoïsme de Laura ; elle exprime son point de vue de manière directe et sans fard par sa comparaison avec le monde animal ; elle confronte Laura à sa problématique avec l’instinct sexuel. Cela n’empêche pas Laura de se sentir suffisamment en sécurité avec elle pour retourner au zoo.

Peggy est tout aussi franche, ferme et protectrice avec Max quand, dans la forêt, il lui montre le tatouage et lui redemande de l’épouser :

  Peggy : Mais rassure-moi, c’est un faux ?
  Max : Non, c’est un vrai. Ton animal préféré et ton prénom.
  Peggy : Mais c’est adorable mais si jamais on se sépare, t’es foutu.
  Max : On va pas se séparer, on va se marier. Comme ça, ce sera vraiment pour la vie. [Il s’agenouille devant elle] On se marie, allez, allez. Dis oui, Peggy, on essaie. T’as vu, j’ai changé.
  Peggy : Mais j’ai pas envie que tu changes, je veux que tu sois toi-même. Puis tu la sors d’où cette idée de mariage ?
  Max : J’ai envie d’être un peu comme tout le monde pour changer.
  Peggy : Comme tout le monde ?
  Max : Oui.
  Peggy : Mais pour quoi faire ?
  Max : Je sais pas. Pour qu’on soit bien.
  Peggy : Mais j’ai pas spécialement envie d’être bien, moi. On n’est pas comme tout le monde mais ça va. Je t’aime.
  Max : J’ai peur.
  Peggy : De quoi t’as peur ?
  Max : J’ai pas envie que ça s’arrête.
  Peggy : Que quoi s’arrête ? Nous ?
  Max : Tout. Le zoo. Tout.

De sous-type sexuel, Peggy apprécie la marque d’appartenance que représente le tatouage. D’ailleurs, au mariage de Virgil, elle insiste pour que Max le montre à un couple d’invités : "S’il te plaît, tu peux venir avec moi deux secondes ? C’est juste pour frimer un peu. Ça me ferait plaisir, s’il te plaît." Comme ceux-ci s’extasient ("Tu dois être trop contente"), elle réaffirme : "C’est pour moi."

La même attitude avait été visible auparavant lors de la destruction du téléphone portable dans le four à micro-ondes qui symbolisait qu’elle était la seule relation importante pour Max :

  Peggy : Et ton portable, il marche plus ? J’ai essayé de te joindre toute la journée.
  Max : Non, il déconne en ce moment. Je sais pas ce qu’il a. Il ne sonne plus. [Peggy a une moue sceptique et le portable de Max se met à sonner.]
  Peggy : En tout cas, il déconne pas pour tout le monde. [Max prend le téléphone pour rejeter l’appel.] Non, mais vas-y décroche. Ça doit être elle. Ou une autre.
  Max : [Max se tourne vers Peggy.] Peggy…
  Peggy : Non ! Ça va. Stop ! Arrête !
  Max : [Il se dandine, puis prend le téléphone, le met dans le micro-ondes et enclenche ce dernier. L’appareil explose. Aux premières étincelles, il sursaute, prend Peggy dans ses bras et s’accroupit avec elle pour se protéger.]
  Peggy : [Sourire ravi.]

Identification avancée : Peggy est une 8 μ à aile 9 de sous-type sexuel ("Possessivité").

Autre

Un autre personnage peut être identifié sur l’Ennéagramme :

Même si son rôle est muet, le non-verbal de l’amoureux de Coline (jouée Vincent Deniard) pointe vers un ennéatype 9. Et puis on se demande qui aurait pu s’opposer à la création de l’emblématique couple 4-9.

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