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Faut que ça danse !
analyse

Faut que ça danse ! : SalomonSalomon (Jean-Pierre Marielle) : 7

Si besoin était, Salomon livre à la fin du film, quand il est interviewé lors de ses cours de claquette, sa conception de l’existence : "C’est une philosophie de la vie. Faut que ça danse !"

Y arriver est simple. Il suffit d’être "d’être doué pour la vie". Cela commence par la compulsion d’évitement de la souffrance et donc par un regard positif sur les choses et les gens : "Bonjour très chère, vous êtes superbe !", dit-il à Geneviève qui sort de chez elle en robe de chambre et à peine coiffée ; il affirme à Violette que les gens "sont beaux dans l’eau". Cela continue par une légèreté de tous les instants : Salomon fait semblant d’arrêter avec ses mains le bus lorsqu’il va traverser avec Geneviève ; quand il s’est fait blanchir les dents pour mieux plaire à Violette, il s’admire dans les vitrines des magasins et danse de joie dans la rue ; comme Sarah n’aime pas les prénoms qu’il lui a suggérés pour sa fille, il lui propose de "l’appeler Brin de muguet ou Four à micro-ondes" ; à Sarah enceinte, il affirme sans ciller "que les mouflets, y a pas de problème, ça pousse tout seul" ; il se débarrasse de l’argent gagné au casino ("Comme cet argent lui causait des soucis et que c’est précisément ce qu’il voulait pas, […]").

Il s’agit aussi d’éviter toute contrainte : "À mon âge, j’ai bien le droit de vivre comme j’en ai envie." Salomon refuse de donner de l’argent à Geneviève ; "Je suis juif si je veux et quand je veux", déclare-t-il à Sarah pour justifier son refus d’acheter une concession dans un cimetière juif.

Dans cet échange avec Violette, il est difficile de ne pas voir une volonté d’éviter préventivement toute forme d’engagement, agrémentée d’une pointe de rationalisation :

  Violette : [Elle regarde Salomon amoureusement.] J’ai de la chance de vous avoir rencontré.
  Salomon : C’est le hasard. Vous auriez pu en rencontrer un autre. Ça vous aurait tout aussi bien convenu.
  Violette : Pourquoi ? Pourquoi vous dites ça ?
  Salomon : Ben, vous lisiez des annonces. Vous auriez très bien pu en rencontrer un autre, et vous auriez été très contente. Vous vous seriez très bien passée de moi.
  Violette : Bien sûr, si je vous avais pas rencontré, je me serais passé de vous. [Elle lui caresse doucement la joue.] Je pense que j’aurais été un peu moins heureuse.

Salomon manifeste fréquemment la passion de gloutonnerie. Plusieurs scènes nous le montrent à table, et même quand il est seul le repas semble abondant et est généreusement accompagné de vin. Quand il s’endort dans un tank lors de la visite du Musée de la guerre et qu’il ne se réveille qu’en milieu de nuit, la première chose qu’il demande à Violette, c’est de lui apporter à manger : "Est-ce que vous pourriez m’apporter un petit truc à grignoter. Un sandwich. Je veux bien des cornichons." Un jour que Violette, pour se venger de son attitude de la veille, le reçoit sans avoir préparé à manger, ni même fait de courses, et qu’elle lui annonce que le frigo est vide à part peut-être une boîte de sardines, il la quitte en quelques secondes : "J’ai un tout petit peu plus faim que cela. […] Il vaut mieux que je vous laisse."

Salomon est fier de son centre mental. À Geneviève qui a refusé de marcher et a appelé les pompiers, il dit : "Vos jambes vont parfaitement bien. Aussi bien que mon cerveau." Il aime bien se donner le beau rôle, comme lorsqu’il fait croire à Sarah, enfant, qu’il a assassiné Hitler.

Quand, malgré tout, la vie est source de tracas, Salomon préfère les ignorer (il n’a jamais parlé des années de guerre à sa fille) ou s’en défausser sur les autres :

  Mootoosamy : Il faut que je vous parle d’un problème d’argent. On dépense pas beaucoup, mais les comptes sont presque vides. Je peux me payer mon salaire de ce mois-ci, mais pas le prochain.
  Salomon : Ah, mais moi, j’y peux rien. […] Parlez-en à ma fille.

Il ne comprend pas ce qu’il peut y avoir d’égoïste dans cette attitude, et il projette ce défaut sur sa fille : "Je te rappelle qu’il s’agit de ta mère. Tu lui dois assistance. Ah, tu vis comme une égoïste."

S’il y a une difficulté, Salomon rejette la faute sur autrui : "Vous auriez pu me chercher au lieu de filer comme un lapin.", dit-il à Violette quand il se retrouve enfermé dans le Musée de la guerre. Si le problème est un peu plus grave, il a recours au mécanisme de défense de rationalisation :

  Sarah : Tu trouves ça normal de cacher mon existence à tes fréquentations ?
  Salomon : Je n’ai pas caché ton existence, j’ai différé une information.
  Sarah : Je suis une information ! [Elle s’adresse à un passant.] Monsieur, regardez-moi. J’ai l’air d’être une personne, mais je suis une information.

Parmi ces soucis auxquels Salomon ne peut échapper, il y a la vieillesse qui se fait de plus en plus présente (problèmes cardiaques, moments de désorientation), et la peur de la mort qui en résulte. Il essaye de les nier : "À mon âge, j’ai bien le droit de vivre comme j’en ai envie. Si ça se trouve, je peux vivre… Je peux vivre encore une quarantaine d’années. Et j’ai pas l’intention de les passer à l’hospice. Moïse a vécu jusqu’à 215 ans, Abraham 296 ans et Adam 385 ans. Quant à Élie, il est jamais mort. [François rit.] Quoi ? Il est jamais mort, Élie !" S’il ne peut ignorer les problèmes, il applique sa stratégie habituelle de fuite :

  Salomon : Pourquoi t’es venue, au fait ?
  Sarah : Parce que — je suis désolée — j’ai une nouvelle triste à t’annoncer.
  Salomon : Oui, ben alors, tu peux la garder.
  Sarah : J’ai lu un faire-part dans le journal. Schmoff est mort.
  Salomon : Ah, le con !
  Sarah : Il sera enterré après-demain.
  Salomon : Ah ben, moi, j’y vais pas. Très très peu pour moi. Je veux plus entendre parler de lui.
  Sarah : Oh, tu peux pas dire ça.
  Salomon : C’est un con. Il peut déjà s’estimer heureux d’avoir un enterrement. Moi, j’en connais qui seraient partis en fumée. Vaut mieux pas savoir ce qu’il a fait là-bas.
  Sarah : Ce qu’il a pu, allez…
  Salomon : Oui, oui, il s’est bien démerdé.
  Sarah : Ben, tant mieux pour lui.
  Salomon : Tant mieux pour lui, mais moi je m’en bats l’œil, je vais pas à son enterrement.

S’il est impossible de s’échapper, Salomon a recours au sarcasme, comme avec l’agent d’assurances qui lui a refusé un contrat : "J’en ai pas pour longtemps. Vous allez voir, c’est assez amusant. […] J’ai beaucoup ri. […] Je suis impatient d’avoir mon courrier de demain, parce que je me demande si je serais encore vivant." Il y ajoute une bonne dose d’agressivité : "Le cœur s’arrête" dit-il, en détachant bien les mots à ce jeune homme timide et hypocondriaque.

Le plus souvent, cette agressivité n’est que latente, plus effet du centrage sur lui-même que d’une réelle volonté :

  Sarah : Je suis enceinte !
  Salomon : On dit bonjour !
  Sarah : C’est pas à toi que je parlais.
  Salomon : Je suis dans la même pièce. Tu me dis bonjour !
  Sarah : T’es d’un égoïsme ! T’es là chez moi, je te dis que je suis enceinte, et tu m’écoutes même pas.

Salomon ne comprend pas que Violette puisse donner de son temps pour faire visiter des musées à des enfants : "Du bénévolat ? […] Mais enfin, laissez ça à d’autres. Il y a sûrement tout un tas de crétins qui ne demandent pas mieux que de jouer les bonnes sœurs. Vous ne vous en êtes pas vantée quand nous nous sommes rencontrés." Elle ferait quand même mieux de s’occuper de lui qui avait bâti "un programme" pour l’après-midi.

Il a d’ailleurs beaucoup de mal à reconnaître ses sentiments pour Violette :

  Sarah : Tu l’aimes ?
  Salomon : J’ai des sentiments très tendres pour cette dame.

Après la découverte par Violette de l’existence de sa fille et de sa femme, il réussit à lui avouer ses sentiments, mais "oh la la, c’est pénible".

Identification avancée : Salomon est un 7 α aile 6 de sous-type sexuel ("Imagination"). L’instinct de conservation est très fort et pourrait sembler dominant, mais ce n’est sans doute qu’effet des circonstances.

Faut que ça danse ! : SarahSarah (Valeria Bruni-Tedeschi) : 6

Sarah a une belle capacité à imaginer le pire. Quand elle rend visite à son père, Salomon ne répond pas parce qu’il écoute de la musique très fort. Elle s’inquiète et crie "Papa !" à la porte sur un ton angoissé. Elle rentre chez lui et trouve deux meubles renversés :

  Sarah : T’es tombé, là ?
  Salomon : Ben, non.
  Sarah : Un jour, ça va arriver, hein. Tu tombes, tu te casses le col du fémur, tu peux plus bouger, tu peux même pas atteindre le téléphone, t’appelles et personne t’entend, tu peux ni boire, ni manger, t’as mal, tu te déshydrates, tu t’affaiblis, moi quand j’arrive, c’est trop tard.
  Salomon : Eh ben, c’est gai.

Cette peur du futur, passion de l’ennéatype, est fréquente. Sarah fait des cauchemars mettant en scène la mort de son père, Hitler, etc. Elle s’inquiète à l’idée de donner à sa fille les prénoms d’Anna ou d’Emma proposés par Salomon : "Que des suicidées. Merci papa !"

Le summum de la peur est atteint lorsqu’elle apprend qu’elle attend un enfant, provoquant alors la bascule du centre mental et l’élaboration d’hypothèses improbables :

  Gynécologue : Il n’y a aucun doute. Vous êtes enceinte.
  Sarah : Je pense que le laboratoire se trompe.
  Gynécologue : Que le laboratoire s’est trompé pour une analyse, on peut éventuellement l’envisager. Quoique… Mais que les deux analyses soient fausses, c’est impossible.
  Sarah : Ben, vous ne pouvez pas l’affirmer. Vous ne savez pas. [Rire nerveux.]
  Gynécologue : Ce que je peux vous affirmer, c’est que vous êtes enceinte.
  Sarah : Vous m’avez déjà affirmé plusieurs fois que je n’aurai pas d’enfant. Vous croyez que c’est une manière de traiter les gens. Vous prenez vos patients pour des cons, pour des girouettes qu’on fait tourner comme ça ?
  Gynécologue : Mademoiselle !
  Sarah : Vous ne pouvez pas dire à quelqu’un pendant des années "vous n’aurez pas d’enfant" et ensuite lui annoncer le contraire.
  Gynécologue : Il vaut mieux que l’erreur soit dans ce sens-là.
  Sarah : [Elle l’interrompt.] Mais vous ne savez pas où est l’erreur. Ils ont pu échanger les échantillons.
  Gynécologue : Mais les deux résultats concordent.
  Sarah : [En détachant les mots.] Ce ne sont pas les miens.
  Gynécologue : Ce que vous dites est impossible. Ça ne peut pas arriver.
  Sarah : Il y a beaucoup de choses qu’on croit impossibles et qui arrivent pourtant. [Elle se lève pour quitter le cabinet] Vous êtes hors la loi. [Elle se rend au secrétariat.] Alors, il y a eu un échange de deux étiquettes ou de deux tubes qui… Qui… Vous voyez ? Alors il faut retrouver la dame à qui appartiennent ces résultats parce que cette dame est enceinte et elle le sait pas.

Dans cet échange, on appréciera à sa juste valeur la condamnation sans appel de la gynécologue : "Vous êtes hors la loi."

L’accouchement est l’occasion d’une nouvelle crise d’angoisse, plus justifiée celle-là, par les circonstances de son déroulement : "Je veux pas accoucher. J’ai changé d’idée." Le vocabulaire est mental, comme dans les extraits ci-dessus ou lors de sa première apparition à l’écran : "La fille qui rit bêtement sur le vélo, c’est moi."

Sarah fait son devoir en toutes circonstances. Elle fait sérieusement son entraînement physique : "Depuis que j’ai ce vélo, j’ai déjà parcouru 8 776 kilomètres." Elle va à l’enterrement de Schmoff et déclare "Mon père m’a demandé de le représenter" alors que Salomon est en fait en plein évitement de la souffrance et participe à un cours de claquettes. Elle va régulièrement voir sa mère qui ne la traite pas très bien : par exemple, elle la chasse de chez elle parce qu’elle attend Monsieur Mootoosamy. Surtout, elle materne Salomon.

Il faut dire qu’elle manifeste à son égard la connexion à la figure protectrice caractéristique du 6… à un point œdipal comme le monte ironiquement la scène fantasmée du mariage : "J’avais huit ans, neuf peut-être, quand la télévision, les livres, mon instituteur ont voulu me faire comprendre que mon père n’avait pas assassiné Hitler. Je ne les ai pas totalement crus ; je ne le leur ai pas dit. Je savais que dans le cas où la version de mon père serait la bonne, il valait mieux que ça reste un secret entre lui et moi. […] Aujourd’hui, je sais que mon père n’a pas assassiné Hitler, mais je n’ai cessé de voir en lui un héros." D’ailleurs, faute de pouvoir épouser Salomon, Sarah veut être enterrée avec lui.

Ce sentiment pour Salomon est d’ailleurs, au début du film, l’occasion d’une magnifique démonstration du mécanisme de défense de projection : "Les jours que ma mère préfère, c’est ceux où mon père vient la chercher et l’emmène en promenade. Car la personne que ma mère aime plus que tout au monde, c’est mon père." Pour mémoire, c’est Geneviève qui a quitté Salomon, et la seule personne à laquelle elle est réellement attachée est Monsieur Mootoosamy.

Identification avancée : Sarah est un 6 μ de sous-type social ("Devoir").

Faut que ça danse ! : FrançoisFrançois (Arié Elmaleh) : 9

Sarah décrit ainsi son compagnon dès sa première apparition à l’écran : "François, il est calme, précis, solitaire. Il pense sereinement que la vie est une vallée de larmes, et qu’une petite victoire est toujours bonne à prendre." Cette compulsion d’évitement des conflits est perceptible à chacune de ses apparitions. Il réussit même à éviter toute manifestation d’énervement avec Geneviève quand elle jette par la fenêtre le transistor qu’il lui a amené, ou qu’elle essaye de le faire tourner en bourrique :

  François : J’ai récupéré une télé. Vous voudriez pas que je vous l’apporte ?
  Geneviève : [Silence]
  François : Ben, je peux toujours l’apporter.
  Geneviève : [Silence]
  François : On a revu Le Parrain hier soir. Vous l’avez vu ?
  Geneviève : Vous l’avez vu ?
  François : Le Parrain, de Coppola.
  Geneviève : J’ai pas la télévision.
  François : Je sais. C’est… C’est vraiment un très bon film.
  Geneviève : Pourquoi ?
  François : Ben euh, déjà, c’est un très bon réalisateur, Coppola. Et puis… Et puis, ça, la mafia, c’est impressionnant.
  Geneviève : Pourquoi ?
  François : Ah, c’est la famille. C’est un film sur les liens du sang. Sur, euh, sur la tyrannie de la famille. Et puis sur l’amour aussi. De la famille. [Ne sachant plus comment s’en sortir :] Et un jour, vous voudriez pas un frigo ?

On peut penser que l’emploi de l’expression "tyrannie de la famille" est une toute petite extériorisation de sa colère habituellement masquée par des activités de narcotisation comme les expériences avec les souris.

Sa douceur n’empêche pas François de dire ce qu’il a à dire. Alors qu’il est en train d’éponger l’eau répandue par le lave-linge dont l’évacuation n’avait pas été branchée, Salomon l’interrompt :

  Salomon : Cette histoire d’annonce, je ne sais pas si je vais le faire, mais au cas où, je voudrais votre avis.
  François : [Il s’arrête sans mot dire et s’assoit à côté de Salomon.]
  Salomon : Voilà, euh : "Homme jeune, aimant jazz, sport, cinéma, peinture, aimerait rencontrer femme seule pour sortir et discuter."
  François : Homme jeune, vous êtes sûr ?
  Salomon : Ben, c’est… C’est pour pas dire jeune homme. Je suis pas un jeune homme, mais je suis un homme jeune.
  François : Retraité peut-être ?
  Salomon : Oui, retraité depuis peu. Retraité depuis peu, c’est pas mal. Et pour le reste ?
  François : Pour la femme seule, vous dites pas l’âge ?
  Salomon : Oh… Blonde.

François est profondément disponible pour les autres. Quand il est avec Sarah chez Geneviève, cette dernière les met presque dehors : "J’attends une visite." Sarah furieuse prend son sac et part ; François, avant de la suivre, prend le temps d’aller embrasser Geneviève. Lorsque Geneviève et Monsieur Mootoosamy ont des problèmes financiers, il propose d’intervenir :

  François : Je peux aider, moi.
  Sarah : C’est pas à toi d’assumer, c’est à lui, c’est sa femme.

Devant ce risque de conflit, François fuit immédiatement en demandant à Monsieur Mootoosamy : "Vous auriez pas un peu de café ?" Il sait pourtant pertinemment que ce dernier n’en a pas, mais il a ainsi réussi à interrompre la discussion.

Identification avancée : François est un 9 μ de sous-type social ("Participation périphérique").

Faut que ça danse ! : VioletteViolette (Sabine Azéma) : 9

À la fin du film, quand elle apprend que Salomon lui a caché qu’il avait une fille, Violette, bouleversée, se décrit ainsi : "Je suis quelqu’un à qui on peut parler quand même. C’est humiliant, c’est très humiliant pour moi. Non, mais qu’est qu’il croit ? Que je suis un meuble ? Que j’ai un ego infroissable ? Je suis vraiment furieuse. Je peux pas laisser passer ça. Je me connais, je m’énerve, et puis après je suis prête à tout comprendre, à tout accepter, mais il faut que je change. Je ne peux pas accepter n’importe quoi." On notera qu’alors qu’elle est seule chez elle, la compulsion d’évitement du conflit lui fait baisser la voix pour prononcer les mots "je suis vraiment furieuse" !

Quelques instants plus tard, au téléphone, Salomon lui apprend qu’en plus il est marié. Sa réponse peut paraître étonnante parce qu’elle n’évoque ni souffrance émotionnelle, ni problématique mentale de la confiance, mais simplement une manifestation de la répression de l’instinctif : "Vous êtes un menteur patenté. Je suis fatigué. Vous m’avez fatigué."

D’ailleurs malgré un évident sous-type sexuel — qui d’ailleurs permet d’exclure sans plus d’analyse certains types comme les 1, 2, 4, 5 et 8 —, elle est toujours seule, sans doute à cause de problèmes d’inertie. Plutôt que de chercher activement un compagnon, elle y songe : "J’aime bien lire les annonces et imaginer les gens. Je m’étais toujours dit qu’un jour, j’en choisirais une et j’y répondrais." Ces moments de loisirs sont consacrés à des activités de narcotisation :

  Salomon : Dites-moi, qu’est-ce que vous faites de votre temps libre ? Qu’est-ce que vous aimez faire ?
  Violette : [Silence.]
  Salomon : Ça vous prend pas tout votre temps de lire les annonces des messieurs célibataires !
  Violette : Non. [Elle réfléchit.] J’aime beaucoup les reportages animaliers. Souvent, c’est très bien fait, c’est très intéressant.
  Salomon : Oui, mais, sur quels animaux ? N’importe lesquels ?
  Violette : Oh, par exemple sur les fauves, j’aime beaucoup. Sur les singes aussi. Oh, les singes… Les éléphants ! Ah ah !

Violette réagit étonnamment peu à ce qui lui arrive. Quand Salomon, dès leur première rencontre, lui déclare qu’enseigner l’histoire n’a pas de sens, elle reste muette :

  Violette : Je suis professeur d’histoire. D’histoire-géographie, mais ma spécialité, c’est l’histoire.
  Salomon : Et vous trouvez qu’on peut enseigner l’histoire, vous ?
  Violette : Ben oui, quand même. Il y a des dates, des faits.
  Salomon : Et ben moi qui suis né y a un bon bout de temps, trop longtemps peut-être à votre goût, je pense qu’on peut pas enseigner grand-chose.
  Violette : [Silence.]

À la piscine, elle se fait engueuler par une dame qui monopolise un couloir. Elle est visiblement très perturbée par l’incident, mais ne réagit qu’auprès de Salomon et préfère s’en aller alors qu’elle est là depuis très peu de temps. Avec ce dernier, qui n’est pas très facile à vivre, elle n’ira jamais plus loin que : "Je crois que ce soir vous avez un tout petit peu envie d’être désagréable." Comme c’est malgré tout suffisant pour que Salomon s’en aille, elle réagit le lendemain de manière passive-agressive en se déclarant barbouillée et en n’ayant rien à lui offrir à manger ; quand Salomon s’en va à nouveau, elle est toute déconfite, fait marche arrière et essaye de le retenir.

Elle se résigne assez facilement au fait que Salomon n’a pas l’intention de divorcer. Elle voudrait une relation plus intime avec lui, mais la passion de paresse ne lui permet pas d’exprimer clairement son ressenti : "Moi, j’ai besoin de… De me sentir un peu plus…" Elle se contente finalement de l’idée d’être enterrée avec lui, côte à côte de préférence.

Bien sûr, le « suicide » final pourrait, un instant, faire penser à l’ennéatype 4 et à son sens du drame, mais, en plus de l’incompatibilité avec le sous-type sexuel, une observation plus précise de la scène ne montre pas l’intensité émotionnelle de cet ennéatype (on pense plus aux suicides simulés de Harold — un autre 9 — dans Harold et Maude). Ici, le suicide peut aussi être interprété comme une fuite passive-agressive devant le conflit.

Identification avancée : Violette est un 9 μ de sous-type sexuel ("Union").

Faut que ça danse ! : Monsieur MootoosamyMonsieur Mootoosamy (Bakary Sangaré) : 2

Tout dévoué, Monsieur Mootoosamy est bien plus que l’aide-ménager de Geneviève. Il est son confident, son seul ami, son ange gardien. Il lui est totalement indispensable et dirige tous les aspects de sa vie ; il est la seule personne dont la présence lui est importante : si elle l’imagine en retard, Geneviève panique ("Il m’a oublié. Il m’a oublié. Il m’a oublié."). La relation qu’il a avec elle est uniquement émotionnelle : il touche un maigre salaire, mais refuse obstinément tout argent qu’on lui donne, que ce soit celui trouvé dans le coffre en Suisse ou celui que Salomon a gagné au casino ; quand l’argent, qui représentait la solution aux problèmes de Geneviève, est confisqué par les douaniers, il pleure. Monsieur Mootoosamy est affectueux : en Suisse, il embrasse Geneviève sur la joue ; quand elle est à l’hôpital psychiatrique, il est au pied de son lit et il lui caresse les jambes.

Monsieur Mootoosamy est, par extension, dévoué à la famille de Geneviève. Il amène des fleurs à Sarah, ou il se précipite pour chercher l’ambulance ou le taxi qui pourrait l’emmener à la maternité.

Monsieur Mootoosamy a un mental fort — la découverte du coffre en Suisse et l’expédition qui s’ensuit —, mais ce mental est au service du lien émotionnel qu’il a avec Geneviève.

Identification avancée : Monsieur Mootoosamy est un 2, probablement μ. La relation exclusive qu’il a avec Geneviève laisse penser qu’il est de sous-type sexuel, même si la séduction agressive n’est pas très visible puisque le film ne montre pas comment s’est créée la relation entre eux.

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