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Sex Fans des Sixties
Analyse

Sex Fans des Sixties: SuzetteSuzette (Goldie Hawn) : 2

Suzette est bien représentative du 2 de sous-type sexuel assez désintégré.

Ce qui est important pour elle, c’est la relation. Expression de la passion d’orgueil exprimée au travers du sous-type social, toute sa période groupie avec Lavinia a été consacrée à créer des relations avec des musiciens connus. Mais le sous-type sexuel est là aussi qui fait que le meilleur moyen d’y arriver est la sexualité. Évidemment, on perçoit aisément à quel point Suzette se méprend sur l’importance qu’elle pouvait avoir pour ses amants successifs : "Tu vois ces toilettes ? Jim Morrison s’est évanoui là-dedans une nuit, avec moi en dessous."

Dans la boîte de nuit où elle travaille, elle croit que ses connaissances passées lui donnent le privilège de se comporter comme elle le souhaite (notamment de boire en travaillant). Quand le patron la met dehors, là aussi, elle essaye d’arranger la situation par des avances sexuelles. Comme elles sont inefficaces, elle regagne sa voiture, désespérée. Seule, une relation humaine peut la réconforter : elle aperçoit un jeune homme dans une voiture qu’elle croit seul et va essayer de l’aborder. Puis rentrée chez elle, en larmes, elle se replonge dans ses souvenirs et trouve rapidement qui peut la sauver : Vinnie !

Sur la route qui la mène chez Vinnie, Suzette rencontre Harry dont la détresse évidente ne peut que la toucher et rentre avec lui dans une relation apparemment où à la fois elle l’utilise et le domine, et l’aide. Bien évidemment, cette aide comprend les indispensables services sexuels :

  Suzette : Harry, laisse-moi te faire une branlette.
  Harry : Nooon !
  Suzette : Oh ! Dis pas ça, Harry. Je suis vraiment une branleuse de première. Tu vas voir.

Il est amusant de constater que la proposition faite à Harry pourrait lui donner du plaisir, mais qu’aucun des besoins éventuels de Suzette en ce domaine ne serait satisfait ! Jusqu’où va se nicher la compulsion…

Cela n’est guère étonnant. Le sexe n’est pas forcément intéressant en lui-même. Il est simplement un moyen, le moyen, d’aider. Plus tard quand Harry et Suzette feront vraiment l’amour, cette dernière commentera ainsi à Lavinia ce qui s’est passé : "J’ai bien aimé tout de même. J’avais l’impression de remplir une sorte de mission." C’est suffisant pour assurer son bonheur : "D’ailleurs c’est pas un mauvais coup. Il y a de l’espoir pour Harry. Il y a de l’espoir pour Harry."

Mais l’amour que Suzette a pour les gens ne se limite pas à cela. Elle les appelle par des petits noms tendres ("Bébé !"). Elle aide spontanément Hannah qui fait un mauvais trip sous acide. La mise en scène renforce alors son côté maternel : elle la tient dans ses bras dans une posture de madone. Suzette est scandalisée que Ginger et Hannah ne connaissent pas le nom de la domestique qui s’occupe de leurs affaires. Elle exige d’elles qu’elles soient "un tout petit peu plus gentilles" avec leur mère.

Suzette est bien sûr dans l’image qu’elle soigne avant chaque moment important, que ce soit gonfler ses implants mammaires pour aller demander de l’argent dans la station-service ou se pomponner pour sa première rencontre avec Vinnie.

On pourrait croire qu’elle vit dans le passé, mais ce n’est pas exact. Elle ne s’est seulement pas aperçue que le monde avait changé. Quand Harry se plaint de n’avoir pas été aimé par son père, elle manifeste immédiatement l’importance que le centre émotionnel attache au présent : "Tes quatre ans, on les emmerde."

Intuitive, elle perçoit immédiatement l’anomalie en rentrant dans la chambre d’hôtel que Harry a quittée pour aller rejoindre son père ("Y a un truc qui cloche"), là où Lavinia ne voit rien.

Bien entendu, le pire est de n’être pas aimée et la souffrance que provoque le rejet de Lavinia est énorme et comme incompréhensible : "Est-ce que t’es pas contente de me voir ?"

Sur la fin du film, Suzette se rend compte de sa méprise : "Mon seul titre de gloire, c’est d’avoir laissé un milliard de musiciens défoncés m’enlever ma culotte sans en avoir rien à foutre de moi." Elle a couru de rencontre en rencontre sans bâtir une seule vraie relation. Elle y aspire désormais : "Je donnerais tout pour avoir une famille pour m’engueuler et me disputer." Heureusement, Harry est là.

Identification avancée : Suzette est un 2 α de sous-type sexuel ("Séduction agressive"). Le film la montre dans une période de stress suite à son licenciement. En conséquence, moins dominants, les sous-types conservation ("Privilège") et social ("Ambition") sont aussi bien visibles.

Sex Fans des Sixties: LaviniaLavinia / Vinnie (Susan Sarandon) : 6

La première apparition de Lavinia montre instantanément les caractéristiques du type : la passion de peur et la compulsion d’évitement de la déviance. Elle a aperçu Suzette dans le jardin de sa propriété ; nous sommes en plein jour et l’apparition n’est pas spécialement terrifiante ! Mais Lavinia sort en brandissant comme une arme un outil de jardinage et déclare bien poliment : "Excusez-moi. Excusez-moi. Je peux vous aider ?"

Pour que nous soyons bien sûrs de notre fait, elle enchaîne immédiatement avec la fixation de doute et de suspicion. Suzette lui annonce qu’elle vient de ramener sa fille, et Lavinia répond : "Non. Sûrement pas. Elle n’est pas couchée. C’est son bal de fin d’études. Il est prévu qu’elle passe la nuit chez Cara Bishop. […] Pourquoi c’est toi qui la ramènes chez nous ? […] Ça n’a pas de sens. Tu ne me dis pas tout. Comment sont…"

Et le doute, Lavinia en est expert. La pauvre Suzette s’aperçoit vite qu’elle n’est pas bienvenue comme elle l’espérait :

  Suzette : Est-ce t’es pas contente de me voir ?
  Lavinia : Suzette, qu’est-ce que tu me veux exactement ?
  Suzette : Qu’est-ce que je voudrais ?
  Lavinia : Tu débarques comme ça, sans prévenir, après seize ans.
  Suzette : Vingt.
  Lavinia : Après vingt ans. Tu veux m’emprunter du fric ?
  Suzette : Où tu vas chercher ça ?
  Lavinia : Je te pose la question.

Quelques secondes après : "Tu me dis la vérité ?"

Elle a changé de vie et de groupe : "Mes amis, mes enfants, mes fréquentations [en anglais : ma communauté] n’ont jamais entendu parler de la période où toi et moi étions… amies." Elle perçoit ses écarts de jeunesse comme une période honteuse. Suzette commente : "Elle est terrorisée à l’idée que je puisse la démasquer au grand jour."

En bonne 6, Lavinia fait son devoir ("Je suis une mère et je suis une très bonne mère.") et essaye d’être correcte. Elle reprend Suzette quand elle n’emploie pas un mot exact :

  Suzette : Je suis pas venue pour te haranguer.
  Lavinia : Harceler !

Quand elle vient s’excuser auprès de Suzette de la façon dont elle l’a reçue, son formalisme avec celle qui a été sa meilleure amie et complice est ahurissant : "Tu as toutes les raisons du monde d’être offensée, et je te fais mes excuses. C’est pour ça que je suis là." Elle l’invite ainsi à déjeuner : "J’aimerais saisir cette occasion pour me présenter à toi."

Elle respecte les règles et attend des autres qu’ils en fassent autant :

  Hannah : J’ai presque dix-huit ans.
  Lavinia : Je me fiche de savoir quel âge tu as, Hannah. Pour l’instant tu vis dans ma maison. Tu conduis une voiture que nous te payons. C’est nous qui payons tes études. Et tant que ce sera le cas, tu te plieras à nos règles. C’est compris.

On comprend dès lors qu’elle reproche à Suzette d’avoir l’air "permissive".

Lavinia est fière de son intégration sociale : sa maison, son politicien de mari, sa fille Hannah ayant une mention très bien et reçue à Vassar. Ginger pose plus de problème, elle qui a "tendance à être parfois provocatrice".

Elle cherche évidemment à assurer sa sécurité, mais aussi celle de sa famille :

  Lavinia : C’est mon rôle. Je suis là pour que rien ne puisse t’arriver.
  Hannah : Je ne vois pas ce qui pourrait m’arriver. T’es sur mon dos du matin au soir. Je suis tellement en sécurité que ça m’étouffe.

Il n’est donc pas étonnant que ni son mari ni ses filles ne puissent comprendre son changement, ni concevoir ce qu’a pu être son ancienne vie. Ginger et Hannah l’imaginent "au premier rang des fans, serrant son petit sac, se tenant bien droite avec sa mise en plis parfaite" et demandant : "Dépêchez-vous de chanter. Il se fait tard. Il faut qu’on rentre." Elles interrogent Suzette : "Est-ce qu’elle a déjà fait une seule chose défendue ?"

Au contact de Suzette, Lavinia se rend compte qu’elle a oublié qu’elle était un individu avec des goûts et des besoins particuliers. Elle prend conscience qu’elle passe sa vie en uniforme, le petit tailleur beige dont une dizaine d’exemplaires remplissent son dressing : "Je suis de la même couleur que le service des permis de conduire."

Alors, elle se coupe les cheveux, mais elle demande anxieusement l’avis de Suzette et Harry : "Oui ? Comment c’est ?" Elle va en boîte avec Suzette, mais se plaint de la foule, du bruit, de la saleté, des odeurs de transpiration, etc. À chaque fois qu’elle heurte quelqu’un dans la cohue, elle déclare bien poliment : "Pardon. Excusez-moi. Pardon. Je vous prie de m’excuser. C’est ma faute." Quand un homme l’invite à danser, elle refuse en arguant du fait qu’elle est mariée, a une maison, des enfants et un chien et conclut :"C’est très gentil à vous de m’inviter. Merci."

Lavinia conseille à Suzette : "Reste calme et rationnelle." Elle manifeste l’ironie de ceux qui privilégient le centre mental :

  Harry : On n’écrase pas les gens !
  Lavinia : Je vois pas où est le problème. Vous vouliez vous tuer de toute façon.

Lavinia est un 6 μ à aile 7 de sous-type social ("Devoir").

Sex Fans des Sixties: HarryHarry (Geoffrey Rush) : 6

Harry est de type 6 comme Lavinia. Comme elle, il a connu une période festive en Californie et comme elle, il s’est replié dans une vie plus réglée et conformiste. D’ailleurs, quand Suzette est indignée du changement de Lavinia, lui le trouve normal : "Moi je comprends ce qu’elle veut dire pourtant." Outre le fait qu’il a vraiment besoin d’aide, c’est peut-être ce parallélisme qui attire inconsciemment Suzette vers lui.

Pour Harry, il y a ce qui se fait et ce qui ne se fait pas, et voilà que dans le bus qui l’amène à Phoenix, il lui arrive quelque chose d’horrible : "Répugnant. C’est impardonnable. Elles ont atterri sur le dessus de ma main et elles ont copulé. Deux mouches ! Sur le dessus de ma main ! C’est épouvantable ce car !" Comment réagir à une telle chose ? Par la peur et le raisonnement, bien sûr :

  Harry : J’ai commencé à paniquer. Un rapport sexuel sur ma peau.
  Suzette : Ouh ! J’espère que vous vous en remettrez.
  Harry : Je me suis désinfecté. Dès que j’arrive à Phoenix, je prends un bain.
  Suzette : [Elle le regarde, ironique et médusée.]
  Harry : Mais qu’est-ce que ça nous apprend sur l’espèce humaine ? […] La similarité est déprimante.

Harry conseille à Suzette de respecter les règles de la bienséance :

  Harry : Pourquoi vous allez à Phoenix ?
  Suzette : Je vais voir une amie. Elle est mariée à un mec très riche. Il est avocat, un truc comme ça. Je vais la voir pour lui emprunter un peu de fric.
  Harry : C’est une très mauvaise idée.
  Suzette : Pourquoi ? Comment…
  Harry : [Il l’interrompt.] Arriver comme ça sans prévenir et lui demander de l’argent. Elle risque de se vexer.

Les règles et la bienséance, on ne peut pas dire que ce soit un sujet de préoccupation pour Suzette, et Harry est indigné par une vie aussi peu rangée : "Vous êtes en panne d’essence. Vous mendiez de l’argent. Vous êtes tatouée. […] Vous êtes plus que floue, vous êtes incohérente. Votre voiture est sale, vous fumez et vous passez votre temps à avoir des rapports sexuels avec le premier venu. N’est-ce pas scientifiquement exact ?" On admirera ce "scientifiquement" à sa juste valeur.

Tout effraie Harry. Le regard des autres : "C’est inacceptable. Vous violez mon intimité. Je me suis créé mon propre environnement, Suzette. […] C’est effroyable, vous yeux sont en train de tout regarder." Le souvenir de son père : "Il a jeté un mauvais sort sur moi." Le moindre changement à ses habitudes : "Écoutez, Suzette. J’ai un mode de vie tracé à l’avance dans ses moindres détails. […] Si je ne fais pas les choses en respectant une discipline absolue, surtout quand je voyage, ça déclenche chez moi des problèmes de santé." Que le téléphone sonne dans sa chambre d’hôtel et tout de suite il s’inquiète et manifeste la fixation de doute et de suspicion :

  Harry : Qui peut bien savoir que je suis là ?
  Suzette : Ben, j’en sais rien. L’hôtel pour commencer.

À ce moment-là, pris par la peur, Harry est terriblement indécis, au point que Suzette doive lui ordonner : "Réponds au téléphone, Harry." Il sait cependant qu’en dehors de ces périodes de crise, il est capable de réfléchir et d’agir : "Je suis une personne qui, une fois qu’elle a un but précis, devient très efficace."

Quand on souhaite une vie stable, Suzette n’est pas la partenaire idéale :

  Suzette : Harry, laisse-moi te faire une branlette.
  Harry : Nooon !
  Suzette : Oh ! Dis pas ça, Harry. Je suis vraiment une branleuse de première. Tu vas voir.
  Harry : Non, s’il vous plaît. Laissez-moi tranquille. Je ne fais pas de choses inattendues. J’aime y réfléchir avant. Et vous êtes trop… Trop…
  Suzette : Trop quoi ?
  Harry : Inattendue.

Plus tard, il acceptera d’avoir des relations sexuelles avec elle. Pour l’aider, elle lui recommande de lâcher un peu le centre mental : "Tu peux faire tout ce que tu veux, mais t’as pas le droit de réfléchir." Mais peut-on demander cela à Harry :

  Suzette : Tu réfléchis Harry.
  Harry : Je suis mort de peur.

Pourtant, avec elle aussi, Harry doute :

  Harry : Qu’est-ce que tu vas faire ?
  Suzette : Te donner un coup de main, Harry.

Cela ne l’empêche pas d’être doux et prévenant (tout en rappelant les règles d’une bonne hygiène de vie) :

  Suzette : Tu veux un beignet ?
  Harry : Il vous faut quelque chose de plus substantiel, Suzette. Je peux vous commander un petit-déjeuner ?

Il l’attend en lui faisant couler un bain et passe des heures à rajouter de l’eau chaude dès que cela refroidit, beau moment de répression du centre mental.

Cette gentillesse non émotionnelle est une tendance nette chez lui ; par exemple, malgré son stress et sa peur, il est auprès de Suzette quand elle soigne Hannah.

Harry est un 6 α à aile 5 de sous-type conservation ("Cordialité").

Sex Fans des Sixties: Ginger, Raymond, HannahAutres

D’autres personnages peuvent être étudiés à l’aide de l’Ennéagramme :

Ginger (joué par Eva Amurri) est un 4 : selon sa mère, elle "possède un grand sens artistique […], mais elle a tendance à être parfois provocatrice" ; que cela aille mal (l’échec au permis de conduire) ou bien (elle tombe amoureuse d’un musicien), elle vit des émotions excessives ; elle aurait besoin d’avoir "enfin un peu d’estime d’elle-même" ; elle ne "peut pas [faire rentrer le chien parce qu’elle] n’a pas le moral".

Raymond (joué par Robin Thomas) est un 3. En un instant, il s’adapte au style de Suzette ("Le pied !"). Il affirme à Ginger, recadrage favori des 3 : "Réussir, c’est savoir aller d’échec en échec sans jamais perdre l’enthousiasme." Il craint les querelles familiales surtout quand elles se produisent dans un "lieu public".

Hannah (joué par Erika Christensen), sérieuse et "pragmatique", est probablement un 1.

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