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Un homme d’exception
Analyse

John Nash (Russel Crowe) : 5

Dès la première scène, l’accueil des nouveaux étudiants à l’Université de Princeton, l’accent est mis sur les difficultés de John Nash à s’intégrer socialement. On le voit en retrait, isolé des autres et écoutant le discours d’accueil les yeux baissés en se triturant les doigts, une position qui sera répétée tout au long du film et qui exprime à la fois le mécanisme de défense d’isolation et ses énormes difficultés émotionnelles.

Nash est bien conscient de cette problématique qu’il décrit ainsi à son ami Charles :

  John : Mon enfance privilégiée ne m’empêche pas d’être équilibré. J’en veux seulement au monde entier.
  Charles : Tu préfères sûrement la compagnie des concepts algébriques aux rapports humains.
  John : Ma prof de 6e disait qu’on m’avait servi double portion de cerveau et seulement une demi-portion de cœur.
  Charles : [Il rit.] Ouaouh ! Elle devait être charmante.
  John : Si tu veux la vérité, j’aime pas beaucoup les gens. D’ailleurs ils me le rendent bien.
  Charles : Pourquoi ? Toi qui as tellement d’esprit et de charme. [Il rit.]

Mais qu’il soit conscient du problème ne signifie pas qu’il ait réellement envie de le résoudre. Il est volontiers agressif avec les autres étudiants de l’Université : "Il y a sûrement une formule mathématique pour décrire une cravate aussi laide.", lance-t-il à l’un d’entre eux.

Quant à Martin Hansen qui a été avec lui co-lauréat de la prestigieuse bourse Carnegie et qui est son concurrent direct pour les postes les plus prestigieux, il est sa bête noire : "J’ai l’impression que tu as l’habitude des erreurs de calcul. Je viens de lire tes épreuves. Tes deux épreuves. Celle sur les codes des nazis et celle sur les équations non-linéaires. Et je suis désormais absolument convaincu qu’il n’y a pas une idée prometteuse ou novatrice dans un seul paragraphe."

Devenu professeur, ses étudiants ne l’intéressent pas plus : "Personnellement je crois que ce cours va vous faire perdre votre temps. Ce qui est pire, c’est qu’il va me faire perdre le mien. Néanmoins c’est comme ça. Alors vous pourrez sécher les cours, vous pourrez me rendre ou ne pas me rendre vos devoirs. C’est pareil."

Il faut dire que pour un 5, enseigner son sujet favori le confronte directement à des contacts sociaux et à sa passion d’avarice : "Est-ce qu’un docteur pourrait me faire un arrêt maladie ?", demande-t-il avant d’aller faire son premier cours. L’avarice se manifeste aussi par sa passion du secret : John se gargarise des expressions "Confidentiel", "Top secret", etc.

Encore se trouve-t-il là avec ses coreligionnaires. Si on sort John Nash de l’Université, c’est encore pire. Il serait difficile de trouver un moyen plus mental (et plus mufle) de draguer :

  John : [Il s’assoit à côté de la fille, lui sourit et ne dit rien.]
  Fille : Vous pourriez commencer par m’offrir un verre.
  John : [Il réfléchit quelques instants.] Je ne sais pas exactement ce que je dois vous dire pour que vous ayez un rapport sexuel avec moi, mais est-ce qu’on pourrait faire comme si je vous l’avais déjà dit. Après tout ce n’est qu’un échange de fluides corporels. Si on passait directement au sexe.
  Fille : Oh ! Comme c’est mignon ! [Elle se lève, lui met une claque, et s’en va furieuse.] Et bonne soirée, pauvre type.

Plus tard, il accepte curieusement l’invitation à dîner d’Alicia : "Si vous laissez votre adresse à ma secrétaire, je passerai vous prendre vendredi, à 20 heures. On ira dîner." Au bord du lac, face à Alicia qu’il aime réellement et alors qu’il se souvient très bien du succès précédent, ce n’est pas plus brillant :

  John : Le fait de policer mes interactions afin de sembler plus sociable exige un effort surhumain et j’ai tendance à précipiter mes informations. Je me trouve trop direct et ça ne produit pas de très bons résultats.
  Alicia : Montrez-moi.
  John : Très bien. Je vous trouve séduisante. Vos avances répétées prouvent que vous ressentez la même chose à mon égard. Cela dit, la bienséance voudrait que nous poursuivions ces activités platoniques avant de pouvoir faire l’amour. Je poursuivrai donc ces activités, mais pour être tout à fait honnête, je souhaite ardemment que nous ayons des rapports sexuels dès que possible. Est-ce que vous allez me gifler ?

Distant du monde, John Nash l’observe pourtant précisément. Par exemple, Alicia est surprise qu’il se souvienne de ce qu’elle avait dit lors de leur première sortie :

  John : Vous m’avez dit que Dieu devait probablement être peintre. À cause des couleurs. Chez le gouverneur, vous l’avez dit, ce soir-là.
  Alicia : J’ignorais que vous m’écoutiez.
  John : Je vous écoute toujours.

Parcher est bien conscient de cet aspect de la personnalité de John : "Les convictions ne sont que le luxe des observateurs qui ne s’engagent pas Monsieur Nash." Peut-être peut-on associer à ce phénomène typique du 5, le fait que Nash écrive ses démonstrations mathématiques sur des vitres : penser tout en observant…

En fait, John Nash n’est vraiment intéressé que par son travail. À peine arrivé à Princeton, il affirme le principe :

  Charles : N’hésite pas. Tu me le dis, hein ?, si je te dérange.
  John : Je suis là pour travailler.

Sorti de l’hôpital, il en est toujours là :

  Sol : Tu devrais y aller doucement. Il y a des tas d’autres choses à part le boulot.
  John : Quoi par exemple ?

Les mathématiques ne sont pas une activité ; elles sont sa vie : "J’ai pas le droit d’échouer. C’est tout ce que j’ai." C’est encore mieux formulé avec Charles qui met directement le doigt sur la false core du 5 :

  John : Trouver une idée vraiment originale, c’est le seul moyen pour moi d’arriver à me distinguer. C’est le seul moyen pour moi…
  Charles : [Il l’interrompt.] D’exister ?
  John : [Quelques instants de silence.] Ouais.

Dans ce domaine mental, Nash est parfaitement conscient de sa supériorité. Il ne veut pas "s’encombrer l’esprit avec les hypothèses de simples mortels". Il ne supporte pas d’être comparé à des gens qu’il estime intellectuellement inférieurs à lui : "Non seulement je n’ai pas la médaille Fields, mais je me retrouve à la une de ce truc-là [le magazine Fortune] avec ces ringards, ces érudits de l’insignifiance." C’est là l’origine de sa compétition avec Martin Hansen. Celui-ci est brillant, là où Nash est génial. John alors ne peut pas supporter que Martin le supplante : "J’aurais dû gagner. J’ai ouvert la partie. Mes coups étaient parfaits. Ce jeu est déficient.", proteste-t-il après avoir perdu au Go contre lui.

Cette préférence pour le mental le sauvera finalement. Il accepte sa schizophrénie parce que les personnages qui peuplent son délire ne répondent pas à la logique : "J’ai compris. […] Elle n’a pas grandi. Marcee ne peut pas être réelle. Elle n’a pas du tout grandi." Dès lors que sa maladie est devenue quelque chose qu’il comprend mentalement, il sait qu’il peut en guérir et trouver la force de lutter contre elle : "C’est un problème sans solution. Et je ne fais que cela, je résous des problèmes sans solution. […] Il me suffit de faire appel à mon esprit."

Identification avancée : John est un 5 μ à aile 4 de sous-type conservation ("Château fort"). Le sous-type social ("Jargon") s’exprime aussi clairement, ainsi que la compétitivité inhérente à l’instinct sexuel.

Charles Herman (Paul Bettany) : 7

À peine rejoint-il John dans sa chambre d’étudiant à Princeton que Charles montre par une entrée souriante, débraillée et théâtrale la psychologie de son personnage : "Le colocataire prodigue vient d’arriver !"

Mental, il enchaîne avec une théorie très 7 sur l’ivresse : "Est-ce que tu savais qu’avoir la gueule de bois, ça équivaut à ne pas avoir assez d’eau dans le corps. Pour les cycles de Krebs dans le corps. Ce qui est très exactement ce qui se passe quand on meurt de soif. DONC, mourir de soif, ça doit plus ou moins ressembler à une gueule de bois qui finirait par te liquider. [Il rit.]" On sent que la logique sous-jacente est que le meilleur moyen de guérir d’une gueule de bois est d’en prendre une autre.

Cette théorie énoncée, Charles se rafraîchit et ne devient pas plus sérieux pour autant : "Voilà c’est officiel, je suis redevenu presque humain. J’ai vu le chauffard qui m’a renversé Monsieur l’agent. Il s’appelait Mc Daniels [une marque de whisky]."

Attention, il n’y a pas que l’alcool dans la vie. Il y a aussi la nourriture :

  Charles : Tu n’as pas mangé depuis quand ? Tu n’as pas mangé depuis quand ? Tu sais ? Manger.
  John : Tu ne respectes pas les rêveries cognitives. T’es au courant ?
  Charles : Oui. Mais les pizzas. Ça, les pizzas, c’est un truc que je respecte énormément. Sans oublier la bière.

Charles est optimiste et pousse John à la détente. Alors que Nash, "prostré depuis deux jours", déprime parce qu’il n’a pas encore publié, ni trouvé de sujet de thèse, Charles positive : "Vois les choses du bon côté. Tu viens de réinventer le vitrail."

Enthousiaste, il saute de joie quand John réussit à obtenir le poste de ses rêves. Gai, il rit souvent et fait beaucoup d’humour :

  Charles : N’hésite pas. Tu me le dis, hein ?, si je te dérange.
  John : Je suis là pour travailler.
  Charles : C’est ça. [Il chantonne.] Ouaiaiais. Ben je vois que c’est mal partiiii. [Il s’approche du bureau de John et essaye de lui prendre un gâteau, mais John referme la boîte (avarice ? isolement ?). Il saute alors sur la table.] Mon copain de chambre serait-il naze ? Hein ?
  John : [Silence.]
  Charles : D’accord. À défaut de rompre la glace, on pourrait peut-être la noyer. [Il sort une flasque de whisky.]

Cet humour est le plus souvent plein de dérision : "Elle est toute petite. Ah oui, elle est jeune. C’est ça, les enfants.", dit-il comme John s’étonne de la jeunesse de Marcee. Quand John rencontre Alicia, c’est l’apothéose :

  John : J’ai rencontré une fille.
  Charles : Non ? Une fille humaine ?
  John : Homo Sapiens.
  Charles : Une bipède ?
  John : Oui et contrairement à toute probabilité, elle me trouve séduisant. Et à beaucoup plus d’un titre.
  Charles : Sans blague ! C’est magnifique. Comme quoi tous les goûts sont dans la nature !

Identification avancée : Charles est un 7 μ de sous-type conservation ("Clan").

William Parcher (Ed Harris) : 8

Parcher est le chef de Nash. Réprimant le centre émotionnel, il apprécie les difficultés relationnelles de John :

  William : Pas de famille. Pas d’ami proche. Comment ça se fait ?
  John : J’essaye de me convaincre que c’est parce que je suis un loup solitaire. En fait c’est parce que la plupart des gens ne m’aiment pas.
  William : Il y a des fonctions où votre manque de relation personnelle serait certainement considéré comme un avantage.

Dès leur première rencontre, Parcher menace : "Ce que je vais vous révéler va faire passer votre niveau de sécurité à ’Top Secret’. Toute divulgation de ces informations est passible d’emprisonnement. C’est clair ?"

Omniprésente cette volonté d’intimidation devient chantage et vengeance dès que Nash veut démissionner :

  John : Je n’ai pas été engagé pour ça. À chaque pot d’échappement, à chaque porte qui claque…
  William : Je comprends ça. Je comprends beaucoup mieux que vous ne pouvez imaginer. [Ils rentrent dans le bureau de John.] John, il faut essayer de vous détendre. On n’est pas loin de trouver la bombe en grande partie grâce à votre travail. Alors qu’importe si votre peur est le prix à payer.
  John : William, mes priorités ont changé. Alicia est enceinte.
  William : Je vous avais dit que les sentiments étaient dangereux. C’est vous qui avez décidé d’épouser cette fille. Je n’ai rien fait pour vous en empêcher. [Il montre ostensiblement son flingue.] Je pense que le meilleur moyen de protéger tout le monde, c’est de continuer à travailler pour nous.
  John : Je vais laisser tomber.
  William : Non. Ça, ça m’étonnerait.
  John : Ah oui, pourquoi ça ?
  William : Parce que j’empêche les Russes de découvrir ce que vous faites. Si vous travaillez plus pour moi, je travaillerai plus pour vous. [Il quitte la pièce sans ajouter un mot.]
  John : [Affolé.] Parcher ! Parcher !

Parcher s’exprime de manière très directe, y compris à propos des politiques qui sont théoriquement ses supérieurs : "Mc Carthy est un crétin. Malheureusement cela ne signifie pas qu’il ait tort."

Quand il s’adresse à John, c’est le plus souvent sous forme d’ordres, de préférence hurlés :

  William : Allez, prenez ça.
  John : Pas question. je tire sur personne.
  William : Je vous dis de prendre ce flingue, bordel !

Ou : "J’ai besoin de votre aide, soldat." Ou encore : "Il faut l’en empêcher, John. […] Elle nous compromettra encore. […] Tuez-la John. Elle en sait beaucoup trop. Occupez-vous d’elle, pauvre petit connard de merde, ou je m’occuperai de vous. [Il lui braque un pistolet sur la tempe.] En avant, soldat. Exécution. C’est un ordre."

Identification avancée : Parcher est un 8 α de sous-type conservation ("Survie").

John, Charles & William

En termes d’ennéagramme, il est fascinant de constater que les deux personnages imaginaires qui peuplent les fantasmes de John Nash incarnent son type d’intégration (7) et son type de désintégration (8). Dans le film, les deux personnages ne sont quasiment jamais présents en même temps, ce qui est compatible avec le système d’intégration-désintégration. Il n’y a que deux exceptions à cette règle. John voit Charles et Parcher lors de la grande crise où il devient violent avec Alicia, le moment où tous ses repères s’effondrent. Les deux personnages l’accompagnent aussi à la fin du film, quand John a maîtrisé ses démons. Apaisé, il est capable de considérer sereinement ces deux aspects de lui-même.

William Parcher intervient dans les moments où John va le plus mal, quand il est déchiré par l’angoisse. Le plus souvent, il est appelé par son nom de famille.

Charles au contraire est là le plus souvent dans les moments d’ouverture et de gaieté. Il est appelé par son prénom. Décidé à guérir, John lui fait ainsi ses adieux : "T’as vraiment été un ami pour moi. Le meilleur. Mais je ne veux plus jamais te parler."

À la fin du film, John commence à s’intégrer. Il accepte et vit ses émotions. Il découvre le plaisir d’enseigner et de partager ses connaissances. Il est significatif qu’il s’adresse alors à Toby Kelly, l’étudiant qui lui montre ses travaux, en employant presque mot pour mot les phrases que Charles a utilisées avec lui : "Depuis quand t’as pas mangé ? Tu sais ? Manger."

Alicia Nash (Jennifer Connelly) : 8

Pour mieux comprendre le personnage d’Alicia, il faut le replacer dans le contexte de l’époque où la situation sociale des femmes n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui. Des comportements qui seraient mesurés aujourd’hui étaient alors audacieux. De plus, le personnage est sans doute un des moins clairs du film, sans doute à cause d’une divergence entre son type et celui de l’actrice, mais aussi à cause d’imprécisions du scénario (Par exemple, elle est peintre apparemment, mais alors que fait-elle dans ses cours avancés de mathématiques à l’université ?).

Dès sa première apparition, ce qui frappe chez Alicia, c’est sa force et son culot. Alors que le professeur a fermé la fenêtre de la salle de cours pour ne pas être gêné par le bruit ("Votre confort ne doit pas m’empêcher d’entendre ma propre voix."), elle se lève et va la rouvrir, ne s’occupant pas de son ferme rappel à l’ordre ("Mademoiselle !"). Elle s’adresse aux ouvriers qui travaillent, poliment mais directement : "S’il vous plaît. S’il vous plaît. Bonjour. On a un petit problème ici. On a vraiment trop chaud avec les fenêtres fermées et il y a beaucoup trop de bruit dès qu’on les ouvre. Alors je me demandais si vous pourriez nous rendre un service en… en allant travailler autre part. On doit en avoir pour 45 minutes." À la stupeur de Nash et des autres étudiants, elle obtient satisfaction : "Pas de problème."

Cette expression directe, on la retrouve dès sa seconde scène quand Nash a oublié d’assurer son cours :

  Alicia : On vous a attendu une demi-heure.
  John : Pour ?
  Alicia : Le cours. Vous avez manqué le cours aujourd’hui.
  John : Oh ! Et bien, j’imagine que moi je ne… Je ne vous ai pas manqué.
  Alicia : Le problème que vous aviez laissé au tableau, je l’ai résolu.
  John : Je suis sûr que non.
  Alicia : Jetez-y un coup d’œil.

De même à la troisième scène, la soirée chez le gouverneur, elle rectifie la tenue de John et ne mâche pas ses mots : "Il faut que vous soyez élégant, ce qui n’est pas toujours dans vos habitudes… à l’état naturel." Quand elle le surprend à regarder ailleurs, elle lui tourne la tête avec sa main et ordonne : "Ici. Moi. Votre invitée." Le même langage de pouvoir, exprimé en mots courts, est utilisé quand il veut lui rendre la pochette prêtée pour la photo : "Non. Souvenir. J’aime à décider que certaines choses portent chance."

Alicia est encore directe quand à la clinique, elle essaye de faire comprendre à John la réalité de son état : "Ça suffit ! […] Il n’y a pas de conspiration. Il n’y a pas de William Parcher. C’est dans ta tête. Tu comprends ça ? Tu comprends ça mon amour ? Tu es malade. Tu es malade, John."

La passion du 8, l’excès était autrefois appelée la luxure. Alicia prend l’initiative d’inviter John à dîner :

  John : Vous êtes encore là ?
  Alicia : Je suis encore là.
  John : Pourquoi ?
  Alicia : Que répondriez-vous, Professeur Nash, si je vous invitais à dîner.
  John : [Il se tortille sur sa chaise sans rien dire.]
  Alicia : Vous devez dîner… de temps en temps ?
  John : Oh ! De temps en temps, oui. Table privée… Prométhée enchaîné à son rocher… Les vautours qui tournoient… Vous savez ce que c’est.
  Alicia : [Elle rit.]
  John : Non… Je suppose que non… Comment pourriez-vous savoir… Si vous laissez votre adresse à ma secrétaire, je passerai vous prendre vendredi, à 20 heures. On ira dîner.

Quand ils sont au bord du lac, c’est à nouveau elle qui dirige les opérations :

  John : Le fait de policer mes interactions afin de sembler plus sociable exige un effort surhumain, et j’ai tendance à précipiter mes informations. Je me trouve trop direct et ça ne produit pas de très bons résultats.
  Alicia : Montrez-moi.
  John : Très bien. Je vous trouve séduisante. Vos avances répétées prouvent que vous ressentez la même chose à mon égard. Cela dit, la bienséance voudrait que nous poursuivions ces activités platoniques avant de pouvoir faire l’amour. Je poursuivrai donc ces activités, mais pour être tout à fait honnête, je souhaite ardemment que nous ayons des rapports sexuels dès que possible. Est-ce que vous allez me gifler ?
  Alicia : [Elle l’embrasse.] Satisfait du résultat ?

Quand sous l’effet du traitement, John souffre d’inappétence sexuelle, Alicia explose de rage. Dans la salle de bains, elle hurle, jette son verre contre la glace et achève de briser cette dernière avec la main.

Ce n’est pas sa première colère. Quand il arrive en retard le soir de son anniversaire, John prend ses précautions : "Alicia, ne vous mettez pas en colère, je vous prie. Je travaillais. Je n’ai pas vu le temps passer. Encore. Navré." Il lui a apporté en cadeau une boule-prisme qui exposée à la lumière montre une multitude de couleurs. Un instant, il fait semblant de retenir la boule. Elle la lui arrache des mains.

Quand Bender essaye de l’empêcher de rentrer dans le bureau de John sous prétexte que ses travaux sont secrets, elle lui balance une claque qui manque l’envoyer au sol.

Lorsque John veut la convaincre d’aller chez sa mère, la réaction est vive : "Non. Je refuse d’y aller. Hors de question ! J’irai pas !"

Bien évidemment, la maladie de John est aussi une grosse source de colère : "Ce que je ressens le plus souvent, c’est de l’obligation, du remords pour avoir songé à fuir, de la colère contre John, contre Dieu et… Mais ensuite je le regarde et je me force presque à voir l’homme que j’ai épousé. Et il le devient subitement, il est comme transformé en une personne que j’aime comme je suis transformée en une personne qui l’aime. Non pas tout le temps, mais assez souvent."

Contrairement à John, Alicia a confiance et ne connaît pas la peur :

  John : Est-ce que notre relation justifie un véritable engagement ? Alicia, j’ai besoin de preuves. J’ai besoin de données tangibles et empiriques.
  Alicia : Euh… [Elle rit.] Navrée. Accordez-moi un moment pour réviser mon idéal naïf de l’homme romantique. Une preuve ? Tangible et empirique ? Je vais essayer. Eh bien, l’univers est grand, je suppose.
  John : Il est infini.
  Alicia : Qu’en savez-vous ?
  John : Je le sais parce que les données indiquent l’infini.
  Alicia : Mais cela n’a pas été prouvé ?
  John : Non.
  Alicia : Vous ne l’avez pas vu ?
  John : Non.
  Alicia : Comment en êtes-vous sûr ?
  John : J’y crois, et ça me suffit.
  Alicia : Pour l’amour, c’est pareil.
  John : [Il se tortille sans rien dire.]
  Alicia : Maintenant ce que vous vous ignorez encore, c’est si je veux vous épouser.
  John : [Il fait oui de la tête.]

Quand John décide d’essayer de se soigner seul et lui dit "T’es en danger avec moi", il ne lui faut que quelques instants pour décider de rester avec lui. Quelles que soient les circonstances (la fenêtre, inviter John, avertir le médecin, etc.), Alicia choisit vite et juste.

Maintes fois, Alicia exprime la prééminence du centre instinctif :

  John : Qu’est-ce qu’ils font les gens ?
  Alicia : Ce qu’on fait dans la vie. Les activités ne manquent pas. Ça nourrit l’esprit.

Quand elle veut aider John à guérir sans traitement de sa schizophrénie, elle le connecte d’abord au corps : "Tu veux savoir ce qui est réel. Ça. [Elle touche son visage] Ça. [Elle prend la main de John et la pose sur sa joue.] Ça. [Elle met la main de John sur sa poitrine.] Ça, c’est réel."

Après la crise de rage dans la salle de bains, on voit Alicia pour la seule fois craquer, et la cause en est bien évidemment une impuissance instinctive : "Je ne sais plus quoi faire."

Identification avancée : Alicia est un 8 μ à aile 9 de sous-type sexuel ("Possessivité").

Autre

Un autre personnage peut être étudié à l’aide de l’Ennéagramme :

Martin Hansen (joué par Joshua Lucas), qui est en compétition perpétuelle avec John Nash, des parties de jeu de Go aux mathématiques, et qui finit par diriger l’université, est un 3. N’ont de valeur pour lui que la compétition ("Ce qui revient à dire qu’il n’a pas le cran de combattre") et le succès ("Mais qu’a accompli Nash ? Zéro."). La fin du film où il aide John à se réintégrer dans le milieu universitaire nous le montre plutôt intégré sans qu’on sache bien comment il a pu évoluer ainsi.

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