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Maturité émotionnelle et personnalité
Edward E. Morler (Traduction par Danielle Dorestant)

Un point essentiel pour évaluer l’intégrité et faciliter son développement est de reconnaître les similarités entre intégrité et maturité émotionnelle. Si une personne est réellement mature émotionnellement, elle est intègre et agit avec intégrité. Si une personne a l’intégrité, ses attitudes et comportements sont émotionnellement matures.

Notre maturité émotionnelle et donc notre réel pouvoir résident dans la capacité, la volonté et le comportement d’être totalement responsable et redevable de notre attitude autant que de ce que nous disons et faisons. Devenir émotionnellement mature, c’est devenir conscient des choix que nous faisons et de l’impact de ces choix. Il s’agit de comprendre comment nous nous limitons inutilement et comment nous pouvons, par choix, affronter et mettre fin à ces limites. Il s’agit de reconnaître, d’accepter et de reprendre possession de ce que nous refusons ou rejetons à propos de nous-même et de notre comportement.

La maturité émotionnelle réside dans la capacité d’un individu à être attentif à toute la gamme possible des émotions, puisque ces émotions permettent la communication en fournissant les bases de la différenciation et le discernement de notre impact. L’incapacité d’un individu à faire cela est une mesure précise de son degré d’immaturité émotionnelle, quelles que soient les apparences sociales. Ainsi cette immaturité se manifestera par différentes formes et niveaux de défense, par des faux-semblants, du sabotage comportemental, des choix restreints et de la tristesse.

La maturité émotionnelle est un choix conscient.

Bien que comprendre la dynamique émotionnelle soit d’une grande aide, cela ne fait pas de nous des personnes émotionnellement matures. Nous ne sommes pas émotionnellement matures parce que nous atteignons un certain âge, parce que nous avons fini l’école, parce que nous avons un travail, parce que nous sommes mariés, parce que nous avons des enfants, parce que nous gagnons beaucoup d’argent ou parce que nous avons atteint une certaine position sociale ou politique. Les gènes et les hormones conditionnent les enfants et les adolescents. Cependant, après l’adolescence, nous devons choisir consciemment la maturité. La maturité émotionnelle est un choix conscient, le choix conscient d’être responsable de notre impact sur les autres et le monde. Si nous ne faisons pas ce choix, nous restons au niveau d’immaturité émotionnelle d’un adolescent, et cela malgré tous les « succès » matériels que nous pouvons rencontrer.

Être tourné vers soi et sa propre importance est une caractéristique typique des enfants et adolescents. Ils attendent d’être pris en charge de manière inconditionnelle, demandent un traitement de faveur et se plaignent que la vie ne corresponde pas à leurs demandes. Cela ne les rend pas, pour autant, « mauvais ». Cela fait partie du processus de maturité. Cependant ces comportements ne sont pas caractéristiques d’une maturité émotionnelle. Quand ces caractéristiques se manifestent de manière récurrente chez un « grand », ils sont des indications que cette personne n’est pas mature, qu’elle n’est pas un adulte responsable, mais plutôt quelqu’un qui réagit toujours selon les schémas comportementaux propres à un enfant égocentrique ou un adolescent pétri de sa propre importance.

Il y a beaucoup de personnes qui donnent l’impression d’être « grandes », qui paraissent avoir du succès selon les standards actuels, mais qui sont émotionnellement toujours des enfants ou des adolescents. Ils n’ont jamais « grandi » émotionnellement parlant, peut-être parce qu’ils ont vu comment leurs parents ont intégré les notions « adulte » et « responsabilité » et les ont perçues comme des fardeaux. Si les seuls modèles d’adultes qu’ils ont pu voir étaient des modèles réactifs, il est probable qu’ils adoptent le même comportement ou son équivalent. Sans tenir compte de la raison, ces personnes sont prises dans un comportement réactif et non réfléchi et considèrent, de manière erronée, maturité et responsabilité comme des fardeaux à éviter.

Les thérapeutes parlent de la nécessité de « lâcher le passé » et d’interrompre les schémas habituels qui ne fonctionnent pas. En interrompant ces schémas du passé et en brisant nos chaînes, nous sommes plus disponibles pour « être présent », pour discerner, évaluer et choisir les actions qui nous grandissent et nous rendent notre pouvoir. Cependant, comme tout changement génère des peurs, nous ne voulons pas abandonner nos « bons vieux » schémas, familiers et donc relativement confortables, même s’ils gâchent de manière évidente notre vie. Alors nous continuons de faire ce qui est habituel (choisir le diable que nous connaissons plutôt qu’un diable que nous ne connaissons pas) espérant que cela donnera, quelque part, un résultat différent. C’est pourquoi changer, individuellement ou dans une organisation, est si difficile et génère sa propre résistance même si le changement est évidemment et dramatiquement nécessaire.

Grandir véritablement, devenir émotionnellement mature, c’est être dans le présent, lâcher le passé, répondre et non pas réagir à ce qui est. S’agripper au passé devient un moyen commode de rendre responsable et de blâmer les parents, les autres et les situations de la vie pour nos problèmes et difficultés relationnelles. Nous les utilisons pour éviter d’affronter et d’être responsable de nos comportements immatures et irresponsables. Au lieu d’être attentif à ce qui est, nous réagissions à ce qui a été et sommes donc moins capables de gérer de manière appropriée ce qui est.

Nos parents n’ont sans doute pas été exemplaires et ils ont eu un impact certain sur nous. Certains de ces impacts sont loin d’être idéaux. D’autres ont pu être très pénibles et destructeurs. Mais c’était avant, et aujourd’hui c’est maintenant ! Nous devons nous demander honnêtement : « Qui est en train de recréer le problème aujourd’hui ? »

Une part fondamentale du chemin de l’adolescence vers la maturité adulte est d’arrêter de blâmer les autres pour nos peines. Blâmer, c’est garder des griefs non résolus du passé. Nous avons besoin d’apprendre à nous pardonner autant qu’à pardonner aux autres, avant de prendre en charge notre vie dans le présent. Une fois l’adolescence passée, nous pouvons choisir d’être mature émotionnellement avec tout le pouvoir et la liberté que la maturité donne.

Pourquoi la vie semble une lutte

Les comportements de survie, tournés vers soi et fondés sur la peur sont familiers à beaucoup de gens et semblent donc « naturels ». L’intégrité et la maturité émotionnelle sont souvent beaucoup moins familières et semblent donc relativement contre-nature. Une attention constamment tournée vers la survie crée une perception d’un monde difficile, hostile où la vie semble plus relever de la lutte que d’un joyeux événement. Cette notion est un point important du paradigme « Pas de récompense sans souffrance » (No pain, no gain) si ancré dans le consensus actuel. Cependant vivre avec un tel paradigme limite notre pouvoir et nos possibilités. C’est une des raisons qui expliquent pourquoi beaucoup de personnes se sentent impuissantes et sont régulièrement en colère, anxieux, tristes ou déprimés. C’est une des raisons principales qui expliquent pourquoi beaucoup ont recours aux drogues (légales ou non) pour engourdir la souffrance physique, mentale et/ou émotionnelle.

La genèse de la limitation

Des croyances limitantes sont à l’origine des comportements limitants. Le cœur de l’illusion, à l’origine de nos comportements limitants, est l’illusion de l’insignifiance, c’est-à-dire le sentiment de n’être pas assez bien. L’illusion de l’insignifiance est souvent induite par une forme de trauma (physique, mental, émotionnel ou spirituel) dans lequel nous nous sentons écrasés, sans aide et donc insignifiant. Le trauma est tout ce qui empêche d’expérimenter, de répondre et d’intégrer ce qui se passe dans le moment. Le trauma est ce qui crée des limites.

Chacun d’entre nous essaie à sa façon de compenser ce sentiment d’insignifiance. Nous développons souvent des stratégies assez complexes et sophistiquées pour gérer notre sentiment de « ne pas être assez bien ». Nous créons des masques (traits de personnalité) pour nous cacher ce sentiment difficile et le cacher aux autres.

Initialement, ces stratégies étaient des mécanismes de survie qui apparaissaient pour gérer la situation et/ou pour diminuer le stress. Quand ce stress réapparaissait, nous utilisions à nouveau ce qui semblait avoir marché par le passé. En fin de compte ces stratégies devenaient inconscientes. Nous utilisons ces schémas de défense automatiques de manière conditionnée quand quelque chose ressemblant au trauma initial réapparaît.

Le problème principal est que ce mécanisme automatique et inconscient empêche tout discernement sur les situations réelles, celles du présent. Plus le stress augmente et plus le conditionnement remplace l’attention et la réaction appropriée à la réalité.

Cependant, parce que nous ne sommes pas entièrement insignifiants, ces comportements de compensation basés sur une perception erronée ne sont jamais suffisants. Ils deviennent insatiables, demandent de l’énergie, de l’attention et nous devenons de plus en plus diminués, physiquement, mentalement et émotionnellement. Ce processus de détérioration diminue notre capacité à communiquer de manière authentique et à être heureux.

La spirale de la détérioration

Plus le stress augmente, plus nos mécanismes de compensation deviennent intenses et irrationnels. La capacité de regarder à long terme et de manifester de l’abondance, de la facilité, de l’élégance, du bonheur et la joie se détériore progressivement, d’abord en une perspective plus conservatrice et étroite. Notre vision et nos intérêts se resserrent de plus en plus. Si le stress continue il en sera de même de la détérioration et nous commençons à manifester ouvertement des formes d’opposition de type antagonisme, colère, reproche. Plus nos craintes augmentent, plus nous adoptons un comportement passif-agressif et cachons notre hostilité. Le fond de la spirale de la détérioration part de la crainte pour aller vers un sentiment de perte, et finalement de désespoir et d’apathie.

Comme nous nous désintégrons, nos perspectives deviennent étroites et fixes. Notre capacité à gérer et surmonter la vie diminue rapidement. Notre désespoir augmente. Le monde est perçu de plus en plus comme hostile et doit être défendu ou évité. De manière croissante, responsabilité, honnêteté, confiance et bonheur sont remplacés par leurs opposés. Le contrôle prend la forme de « tout contrôler » et devient problématique. Les comportements sont de plus en plus irrationnels, non fonctionnels et ne marchent pas. Les résultats de ces comportements sont à l’inverse de ce que l’individu a, en fait, besoin.

Si nous reconnaissons honnêtement où nous en sommes dans notre détérioration ou désintégration, que nous lui faisons face, que nous acceptons la responsabilité de nos comportements immatures, nous sommes, alors et seulement à ce moment-là, dans une position de renverser le processus.

Le processus de maturation

Le processus de maturation est l’inverse du processus de détérioration décrit ci-dessus. Il s’agit de faire progresser notre volonté afin de faire face à nos craintes et de prendre la responsabilité de nos comportements passés et présents. C’est aussi prendre possession des forces, dons et talents inhérents à nous et d’agir sur eux.

Paradoxalement c’est sur ce que nous rejetons que nous fixons notre attention. Quand nous souhaitons regarder et prendre la responsabilité de ce que nous avons toujours dénié, notre attention est relâchée et nous nous sentons plus légers et plus ouverts. Nous pouvons alors voir et prendre la mesure de toutes nos capacités, passer de notre côté obscur vers notre potentiel, et utiliser ces qualités et attitudes pour contrebalancer cette zone aveugle jusqu’à présent.

La volonté de ressentir et d’exprimer ses émotions consolide la base personnelle émotionnelle d’un individu. Plus cette base émotionnelle personnelle est forte, plus grande est la présence de cette personne qui devient donc plus à même par ses réactions positives de gérer de manière constructive n’importe quelle situation.

Du blâme vers la responsabilité : la clé du pouvoir et de l’habilitation

Nous sommes responsables de nos actes. Les autres sont responsables de leurs actes. Plus nous reconnaissons et endossons la responsabilité de nos actes, plus nous nous autorisons des choses. Si nous sommes disposés à utiliser nos peurs comme un outil pour regarder au plus profond de nous, pour prendre la responsabilité de notre impact, nous ouvrons la porte pour accueillir plus de conscience, de croissance et d’autorisation.

Une clé importante est de chercher ce que nous blâmons et comment nous le faisons. Les choses qui nous déplaisent chez les autres sont souvent des indicateurs de ce que nous avons besoin de regarder en nous-mêmes. Si nous y sommes disposés, nous pouvons utiliser ce que nous réprouvons chez les autres comme un miroir pour nous aider à identifier certains aspects de nous-mêmes que nous avons refusé de voir ou que nous n’avions pas reconnus.

Il peut être vrai que nous ayons été injustement traités dans une situation donnée. Cependant, trop souvent nous utilisons le comportement irresponsable d’une tierce personne comme une distraction et une justification pour ne pas regarder notre part de responsabilité dans cette situation précise ou tout autre d’ailleurs. Une sur-réaction face au comportement d’une tierce personne est souvent une tentative de dénier, autant pour nous que pour les autres, notre contribution à ce comportement inacceptable. Blâmer, c’est utiliser l’irresponsabilité des autres pour dénier les aspects de nous-mêmes dont nous n’avons pas encore accepté la responsabilité.

Nous devons reconnaître et accepter notre contribution à la situation : ni plus, ni moins. La refuser, qu’elle soit forte ou faible, négative ou positive, c’est perdre un peu de notre pouvoir. C’est dans notre volonté d’observer, de confronter, d’accepter notre responsabilité que résident les opportunités pour grandir et mûrir.

L’étape du glups

Si nous sommes blessés et que nous disons « Il a fait ceci ou n’a pas fait cela. Quelle méchante personne ! », nous devons nous demander si nous n’avons pas été aussi, un jour, dans cette position, d’une manière ou d’une autre. Par exemple, si nous sommes déçus d’une personne qui n’a pas tenu ses promesses, c’est une opportunité que nous devons prendre pour regarder si nous n’avons pas, nous non plus, un jour failli à notre promesse. C’est souvent « l’étape du glups », c’est là que nous reconnaissons notre propre irresponsabilité.

Il peut être tout à fait vrai que cette autre personne a été irresponsable et n’a pas tenu sa promesse, et cela mérite peut-être de gérer cette situation, mais l’opportunité et l’aspect important est de reconnaître et d’accepter l’impact de notre propre comportement.

Quand nous choisissons de porter notre attention, non pas sur comment cette autre personne nous a attristés (plaçant la responsabilité hors de nous), mais plutôt sur ce que nous avons fait de similaire et que nous avons dénié (plaçant la responsabilité en nous), trois choses se passent immédiatement :

  1. Nous sommes moins bouleversés (notre attention a basculé du blâme vers la responsabilité).
  2. Nous avons un contrôle positif sur la situation ; nous avons dirigé notre attention et nos intentions vers ce que nous pouvons contrôler (nous-mêmes), plutôt que sur ce que nous pouvons difficilement contrôler (l’autre personne).
  3. Nous nous sentons plus légers et détenteurs d’un pouvoir grandissant (l’inévitable résultat quand on accepte la responsabilité de ses actes).

Regarder au fond de soi n’est pas seulement l’occasion de voir une part de notre impact dont nous n’avions pas pris la responsabilité, c’est aussi l’occasion de reconnaître le schéma dans lequel nous avons l’habitude d’évoluer. Une fois le schéma reconnu et accepté, nous sommes alors capables d’abandonner le statut de victime pour celui de personne responsable, et donc d’agrandir le champ de nos options afin de changer de manière constructive.

Les niveaux de la maturité émotionnelle

Dans la hiérarchie empirique des émotions, nous observons six catégories comportementales bien distinctes (hors psychose), auxquelles nous nous référons comme niveaux de maturité émotionnelle. Chaque niveau, composé d’un certain nombre d’émotions, représente une « attitude » ou une façon de percevoir, répondre ou réagir aux situations de la vie. Cet ordre hiérarchique s’applique à tous les êtres humains indépendamment de la culture ou des différences de personnalité. Et bien que l’expression de chaque niveau ait toujours des nuances et des variations liées à la culture et à la personnalité, les émotions et les niveaux émotionnels eux-mêmes conservent à la fois les relations entre eux et leurs messages sous-jacents.

Comment les individus gèrent le changement et l’efficacité de leurs contributions vis-à-vis d’eux-mêmes, des personnes qu’ils chérissent, d’une organisation ou envers la société, dépend de leur niveau émotionnel. Plus le niveau auquel se trouve réellement une personne est élevé, plus grand est son potentiel à contribuer positivement et être heureuse. Le vrai pouvoir et tous ses aspects positifs augmentent de manière exponentielle au fur et à mesure qu’on monte dans l’échelle des niveaux (cf. figure A).

Figure A – Niveaux de maturité émotionnelle et impact sur soi et sur les autres

Plus le niveau est élevé, plus la capacité à gérer facilement le changement de manière positive et constructive est importante. Inversement, aux niveaux les plus bas, les individus, et cela de manière prédictible, sont submergés face aux changements. De plus en plus de situations de la vie sont perçues comme problématiques.

Comprendre les différents niveaux de la maturité émotionnelle et leurs inter-relations :

  1. facilite le développement de l’intégrité, de la croissance personnelle et professionnelle et d’un vrai leadership,
  2. détermine, pour chaque individu, l’efficacité potentielle de différentes modalités d’intervention (cf. Figure B).

Figure B – Impact relatif et approximatif de différents systèmes de conduite en fonction du niveau de maturité émotionnelle

Coacher, former et conseiller n’est efficace qu’à partir du niveau 3. Ensuite, les bénéfices de ces approches augmentent de manière exponentielle avec la maturité émotionnelle. Exception faite de la thérapie, les ressources consacrées à ceux qui choisissent de rester immatures dans le temps sont des ressources inefficacement utilisées.

Les niveaux de maturité émotionnelle sont étroitement corrélés avec :

  1. les étapes du développement de l’ego,
  2. la pyramide des besoins de Maslow,
  3. la théorie bi-factorielle de Herzberg (cf. Figure C).

Figure C – Corrélation approximative entre les niveaux de maturité émotionnelle, les étapes de développement de l’ego, la hiérarchie des besoins de Maslow et la théorie bi-factorielle d’Herzberg

Niveaux de
maturité émotionnelle

Étapes de
développement 
de l’ego

Hiérarchie des besoins
d’Abraham Maslow

6 - Leader/Mentor

 

5 - Dynamique

 

 

4 - Surmonteur


3 - Revendicateur

 

2 - Manipulateur

1 - Victime

Adulte mature
« Je suffis. »

 

Adolescent/Jeune adulte
« Est-ce que j’apprends, je fais, je progresse, je suis assez ? »

 


Enfant/Adolescent
« Est-ce que je suis assez bien ? »

 

Bébé/Enfant
« Est-ce que j’obtiens assez ? »

Réalisation de soi

 

Estime

 

 

Appartenance

 

 

Sécurité

 

Survie physiologique

 

Niveaux de
maturité émotionnelle

Théorie bi-factorielle de
Frederick Herzberg

6 - Leader/Mentor

 

5 - Dynamique

 

 

4 - Surmonteur


3 - Revendicateur

 

2 - Manipulateur

1 - Victime

Facteurs motivationnels :
Croissance personnelle
Responsabilité
Résultats
Reconnaissance
Avancement

Facteurs de maintenance :

Relations interpersonnelles
avec les pairs, les superviseurs
et les subordonnés

Politique générale de l’entreprise

Sécurité de l’emploi

Conditions de travail

Salaire

Le niveau 6 représente l’essence de la maturité émotionnelle. À ce niveau, un individu communique et agit avec intégrité. Les niveaux 5 à 1 reflètent des domaines variables de la maturité émotionnelle et du manque d’intégrité, le niveau 5 étant le moins immature. Au fur et à mesure que l’on descend dans la hiérarchie des niveaux, les manifestations de comportement matures et responsables, décroissent de manière exponentielle. Sous le niveau 1, c’est le domaine de la psychose. Soyez conscient que chaque niveau possède sa propre hiérarchie. Plus nous montons ou nous descendons au sein même du niveau, plus nous voyons des caractéristiques communes au niveau supérieur ou inférieur.

Chaque description d’un niveau émotionnel ci-dessous est précédée par des haïkus donnant un aperçu du niveau. (Un haïku est une forme de poèmes japonais, écrit en 3 vers de 5, 7 puis 5 syllabes et utilisant des allusions évocatrices ou des comparaisons.)

Niveau 6 - Leader/Mentor

Aider les autres à grandir
Un grand plaisir quand
D’autres pourraient l’exiger.

Elle est responsable
De son impact et donc elle est
Très puissante.

Appréciation
Pour la volonté - départ
Pour la non-volonté.

Malgré la résistance,
En tant que leader, il défriche de nouvelles terres
Courageux il est.

Elle est une gagnante
Qui respecte la dignité humaine
Et est intègre.

Fin stratège
Grande présence qui voit le meilleur
Que l’humanité peut être.

Il pense et ressent,
Il équilibre les forces de vie.
Honore vous et moi.

Intégrité - oui !
Présence et respect en abondance !
Que peut-on demander de plus ?

Au niveau 6, les individus sont passionnés et compatissants. Ils vivent et manifestent maturité émotionnelle et intégrité, et ont donc un impact positif sur leur environnement. Ce sont des leaders responsables et des mentors compatissants.

Les leaders/mentors sont dignes de confiance et ils communiquent de manière directe et franche. Ils manifestent une grande présence. Ils se respectent et respectent la dignité des autres. Ils peuvent facilement évaluer ce qui est prioritaire et ce qui ne l’est pas. Ce sont des motivateurs dotés d’une éthique. Ils donnent ce qu’ils ont promis et fournissent des résultats constructifs. Leur propre chemin est orienté par l’action. Ils s’efforcent d’obtenir qualité et excellence, mais ne sont pas englués par des demandes insatiables de perfection. Ils souhaitent écouter sincèrement et sont ouverts à plusieurs points de vue, incluant ceux différents des leurs. Ils manifestent, demandent et récompensent autant l’authenticité et la responsabilité que la haute performance. Ils ne tolèrent pas l’irresponsabilité, l’incompétence, l’injustice ou les comportements malhonnêtes et savent comment communiquer avec les personnes affichant un tel comportement.

Des individus émotionnellement matures (niveau 6) utilisent l’entière gamme des émotions à leur disposition. Ils peuvent exprimer leurs émotions. Ils le font sans malice, honnêtement et de manière responsable.

Éprouvent-ils de la colère ? Bien sûr. Ils sont en colère face aux comportements qualifiés d’incompétents, irresponsables, injustes, destructeurs et manipulateurs. Cependant, ils ne sont pas réactifs face à leurs propres colères. Ils ne s’identifient pas à l’émotion. Ils la reconnaissent plutôt et y sont attentifs, c’est-à-dire qu’ils la considèrent comme un message qui leur dit que quelque chose ne va pas dans l’environnement et ils agissent sur celui-ci. L’énergie générée par la colère est rapidement transformée en une action constructive et corrective.

Est-ce que les personnes émotionnellement matures éprouvent du chagrin ? Bien sûr. Quand ils subissent une perte, ils se permettent de ressentir totalement la tristesse et le vide que cette perte représente. Ils sont honnêtes avec eux-mêmes quant à leurs sentiments. Cette honnêteté leur permet d’aller de l’avant, de dépasser leur chagrin. Il se peut que l’objet de la perte leur manque toute leur vie, mais ils ne sont pas dévorés par cette perte. Ils peuvent aller de l’avant et voir la vie comme pleine d’opportunités pour apprendre et grandir.

Ainsi les leaders/mentors ont la capacité de voir à long terme sans perdre de vue la situation actuelle. Ils ont une sagesse qui va au-delà de la logique et de la raison, mais sans perdre de vue logique et raison. Ce qui est souvent appelée intuition et les leaders sont disposés à s’en servir. Ils ont un grand sens personnel de certitude (non pas de l’arrogance, masquée ou apparente, qui est souvent une manifestation défensive d’un niveau 2 ou 3). Ils sont donc capables de prendre des décisions rapides et sûres. Cette habileté, parfois, étonne leurs associés les plus conservateurs qui sont alors moins désireux de tenir compte de leurs propres intuitions.

Les leaders/mentors confrontent et communiquent les choses que leurs associés plus timorés auraient formulées de manière plaisante ou « politiquement correcte ». Le niveau 6 est le niveau où la relation idéale gagnant-gagnant a plus de chance de se produire.

Des leaders efficaces sont à un niveau 6 ou à un haut niveau 5. Être un bon leader est indissociable du fait d’être émotionnellement mature. Ces individus, avec leurs perspectives plus larges, ont conscience des autres et des différents points de vue, et ils y sont sensibles. Ils ont une conscience accrue que tout ce qu’ils font à un impact et qu’ils sont responsables et redevables de leurs actes. Socialement, ils peuvent naviguer entre être « à côté » et être assujettis, mais ces personnes ont un tel pouvoir qu’ils ne toléreront pas ou n’ignoreront pas l’irresponsabilité au nom de la politesse. Quel que soit leur comportement social, honnêteté et intégrité en sont le cœur. En fait ces qualités d’intégrité sont ce qui définit ce niveau. Les personnes émotionnellement matures ont l’intégrité. Les personnes intègres sont émotionnellement matures.

Niveau 5 - Dynamique

Progressifs nous sommes,
Mais vérifions avant
De commencer quelque chose de nouveau.

Manager capable,
Mais pour être un grand leader,
Plus de hardiesse il faut.

Des gens bien, ils le sont ;
Pourtant, ils ont certaines peurs à affronter
Pour atteindre la grandeur.

Les personnes dynamiques ont des caractéristiques positives. Ils sont généralement responsables et consciencieux. Ils sont ouverts aux idées positives à condition que les actions ou les changements ne viennent pas à l’encontre de ce qui a déjà été prouvé comme fonctionnant. Les personnes dynamiques sont assez intéressées par les idées positives pour les vérifier à fond. Donc, bien qu’ils soient progressistes et vont de l’avant, ils aiment que les choses soient justifiées avant de le faire. Une fois qu’ils ont toutes les données et informations, ils prennent une décision. Si la décision est positive, ils souhaitent la piloter plutôt que consacrer leurs efforts à la mettre en route dans les plus brefs délais. Ils tendent à être plus conservateurs, plus intéressés par maintenir le statu quo que les personnes proactives du niveau 6.

Malgré tout, selon les standards actuels, les attitudes et comportements des personnes du niveau 5 sont au-dessus de la moyenne. Ces personnes font moins que ce dont elles sont capables et donc montrent des signes d’immaturité émotionnelle, même si ces signes sont rationalisés.

Niveau 4 - Surmonteur

Première priorité
Trouver le chemin le plus facile
Faire le moins de travail.

Le moindre effort, mon objectif
Pour garder mon travail, je fais juste
Le nécessaire.

Rends ma vie facile
Mais n’attends pas un retour
Je n’en ai pas envie.

Le contentement c’est bien,
Mais s’il est trop fort, cela peut
Être de l’auto-complaisance.

Il observe et attend,
L’action, c’est trop de dérangements,
Alors il en fait peu.

Les surmonteurs font juste le nécessaire. Ils ne sont pas particulièrement responsables ou irresponsables. Leur intérêt est principalement de se rendre la vie plus facile. Ils tendent à être des observateurs plutôt que des participants. Bien que pas particulièrement dépendants, ils sont généralement sympathiques car ils essaient d’éviter les désagréments et préfèrent le chemin le plus facile. Les surmonteurs sont souvent décrits comme étant « mûrs » et « faciles à vivre ». Ils tendent à être insouciants à propos des engagements et des détails. Rien n’est vraiment important pour un niveau 4. Cependant si la vie n’est pas faite pour être « juste confortable », les individus du niveau 4 peuvent facilement tomber dans l’antagonisme du niveau 3 et être irritable.

Les personnes des niveaux 5 et 6 sont des atouts pour un groupe ou une organisation. Au contraire, les surmonteurs sont des employés marginaux qui sont assez responsables et motivés pour faire ce qui est nécessaire pour garder leur travail, mais pas plus. Ils ne devraient occuper que des positions qui reflètent ce niveau de responsabilité.

Les comportements en dessous du niveau 4

Entre les niveaux 3 et 4 existe une ligne, une division importante. Au-dessus de cette ligne, les individus sont plus en sécurité qu’en position d’insécurité et se sentent de plus en plus en sécurité au fur et à mesure qu’ils avancent dans les niveaux. En dessous de cette ligne, l’opposé est vrai : les individus se sentent accablés. Leurs perspectives se rétrécissent, leurs décisions et actions sont plus égocentriques, défensives, inefficaces, irresponsables et elles ne fonctionnent pas.

Les individus sous le niveau 4, qu’ils soient temporairement dans cet état ou de manière chronique, sont des handicaps pour eux-mêmes et leur environnement. Comme leur sentiment d’être écrasé grandit, leurs attitudes et comportements deviennent négatifs et le sont de plus en plus avec les niveaux les plus bas. Trop souvent, les organisations tolèrent ces comportements de bas niveaux et rationalisent : « Effectivement, il semble toujours en colère (ou effectivement il ment beaucoup), mais il est si bon dans sa tâche que nous ne pouvons risquer de le perdre. » Ce genre de réflexions est l’une des plus grosses erreurs que font les gens face aux organisations ou aux individus de bas niveaux.

Les règles de justice et de comportements justes, règles de haut niveau, ne sont pas comprises quand on fonctionne avec un bas niveau. Les individus dans les niveaux les plus responsables ne comprennent pas toujours ce fait ; ils tendent à être « raisonnables » et à tolérer les comportements destructeurs qui résultent toujours des bas niveaux. Les individus aux plus hauts niveaux le tolèrent, parce que de leur point de vue ces comportements n’ont pas de sens. Donc ils considèrent que les autres ne peuvent être aussi mauvais que cela, ou que l’on devrait leur accorder le bénéfice du doute. Cette approche ne marche tout simplement pas quand les personnes opèrent constamment à de bas niveaux. Au contraire, ce comportement de leadership raisonnable est jugé comme naïf et sera mis à mal.

Les gens qui opèrent dans les trois plus bas niveaux, qu’ils en soient immédiatement conscients ou non, ont le sentiment d’être écrasés par leur environnement, sont en insécurité et ont peur. Leurs comportements sont une réaction à la peur et un masque pour cacher ce sentiment. Leur estime de soi et leur confiance en eux, malgré leur façade en société, sont en fait extrêmement basses. Ils agissent de la meilleure façon qu’ils connaissent face à ce qu’ils perçoivent comme une menace pour leur survie et, dans leur esprit, pour leur existence. Malheureusement ce comportement réactif est inévitablement négatif et destructeur pour eux et les autres.

Les individus qui fonctionnent sur les bas niveaux ont perdu de vue leurs propres forces et pouvoirs. Leur attention se focalise sur leurs faiblesses et leurs limites. Ils se sentent sans pouvoir et sans contrôle. Ils voient le monde comme hostile. Leurs perspectives quant à ce qui est possible sont très limitées ; ils fustigent et insultent dans le but de regagner un semblant de contrôle. Parce qu’ils se sentent impuissants, ils ont « besoin » que les autres se sentent aussi impuissants. Ils tentent de regagner un contrôle à travers différentes formes d’intimidation, de manipulation ou de réassurance.

Les individus avec de bas niveaux épuisent l’énergie de toute personne autour d’eux. Ils étouffent tout développement de responsabilité, de créativité, d’innovation et de morale. Ceux qui sont de manière chronique niveau 3 et moins dépriment tout l’environnement, et pas seulement ceux qui sont dans leur entourage immédiat. Les superviseurs qui ne corrigent ni ne mettent fin à de tels comportements faillissent à leurs responsabilités. Reconnaître et casser les schémas de ces comportements de bas niveau est essentiel à un leadership efficace et au succès d’une organisation.

Niveau 3 - Revendicateur

Antagonisme
Un signe certain d’accablement
Irritable il l’est.

Piétinement, rage et fureur.
Intimidation leur chemin
Pour s’emparer de votre pouvoir.

Pour regagner un contrôle
Il menace d’utiliser de telles forces
Pour vous faire abandonner.

De la colère ils montrent.
Sous leur hostilité,
Impuissants ils se sentent.

Le niveau 3 est le premier niveau dans lequel l’impact d’un individu est plus destructeur que constructeur, pour lui-même et pour son environnement. Le sentiment de certitude et de sécurité a basculé du positif vers le négatif. Les individus à ce niveau ont commencé, de manière notable, à se sentir accablés par leur environnement. La vie et l’environnement sont perçus comme une menace. Leur défense est de se détacher, d’attaquer ou de s’opposer à « l’ennemi ». Ces personnes vont, soit être irritables à propos de choses bien précises, soit être absolument contre tout.

Le mode opératoire basique d’un revendicateur est de s’opposer ou d’attaquer les points de vue des autres. Ils exagèrent certains aspects de la vérité pour détourner l’attention des gens de leurs forces vers leurs faiblesses. Émotionnellement parlant, les revendicateurs seront antagonistes ou en colère. Ils sont doués pour mettre la pression sur les autres, au point que ces derniers font des concessions dans le but de repousser les revendicateurs. Si les autres tombent dans le piège de l’intimidation du revendicateur, alors le revendicateur a gagné.

Pour un surmonteur (niveau 4), honorer la vérité et les accords est une décision opportune, si cela lui est « commode ». C’est avec plus de force que les revendicateurs (niveau 3) mettent en cause les accords et exagèrent la vérité. Comme le niveau de maturité émotionnelle décline, les individus acceptent moins la responsabilité de leurs actions et blâment souvent les autres pour des situations ou des résultats problématiques. La responsabilité de ses propres actions disparaît pour être remplacée par le blâme. C’est la faute des autres.

Dans le haut de ce niveau, les revendicateurs montrent ouvertement leur hostilité et leur opposition. Ils sentent que leur environnement est hostile pour leur survie, mais ils ont une idée de qui ou quoi les met en mauvaise position. Les types de déclarations antagonistes que peuvent dire les revendicateurs : « La comptabilité a mal fait mes comptes quatre fois », « Betty Sue a raté trois fois ! » Les attaques ciblées des revendicateurs seront basées sur l’exagération des griefs et sur leur part de cécité dans la situation.

De plus, dans le bas du niveau revendicateur, l’hostilité d’un individu sera dispersée et généralisée. Au niveau de la colère généralisée, la déclaration antagoniste « La comptabilité a mal fait mes comptes quatre fois. » devient « L’organisation ne sait rien faire. » ou « Ils ne font jamais le travail correctement. » Les mots « toujours », « jamais » et « ils » sont souvent employés dans les déclarations des revendicateurs, tels que « Tu me fais toujours ce coup-là ! » ou « Ils ne me donnent jamais le bénéfice du doute ! »

L’hostilité manifeste des revendicateurs étant socialement inacceptable, soit ils sont licenciés, soit ils répriment leur hostilité et se désintègrent dans le niveau 2, le manipulateur. La déformation de la vérité et la capacité à communiquer honnêtement se détériorent au fur et à mesure que nous descendons dans les niveaux.

Niveau 2 - Manipulateur

Les manipulateurs.
Traiter avec eux avec grande précaution,
Ou risquer tout.

Accablés ils sont,
Peur de montrer leur colère,
Secrets ils deviennent.

Nieurs de faute,
Maîtres de la mauvaise direction,
Voleurs de crédit.

Les hauteurs ils veulent,
Jamais une pensée pour ceux
Qu’ils blessent souvent.

Par de subtiles tromperies,
En marchant sur le dos des autres
Les hauteurs ils peuvent atteindre.

Maîtres des tromperies,
Leur hostilité cachée
Jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

Tromperies ils font,
Avec mensonges et manipulation
pour couvrir leurs craintes.

De grands artistes ils sont.
Il est difficile de résister
Aux tableaux qu’ils peignent.

Vides de compassion,
Ni loyaux ni dignes de confiance
Des amis ils ne sont pas.

Vicieux ils le sont !
Ceux qui ignorent cet avertissement
Paieront le prix fort.

Les manipulateurs sont hostiles, en insécurité et ont peur. En conséquence, ils ont trop peur d’exprimer directement leurs craintes et hostilité. Ils préfèrent utiliser les menaces, ils comptent sur des remarques humiliantes, des mauvaises directions, des dénis, des disqualifications et une certaine compétence pour le mensonge. Ils cachent leur hostilité et leurs intentions destructrices par des mensonges habiles et de la manipulation. Les individus de ce niveau sont les plus dangereux, car non seulement leur vicieuse hostilité est sous-jacente, mais comme ils ont une certaine expertise pour cacher leurs vraies intentions, il est difficile de traiter avec eux. Une fois que vous comprenez leurs caractéristiques, comparativement les individus des autres niveaux sont relativement ouverts dans leurs comportements et plutôt facile à observer.

Les manipulateurs ne connaissent pas le concept d’échange et ont peu ou pas de concept du bien et du mal. Leur attitude consiste à seulement faire ce qu’ils doivent faire pour survivre dans ce « monde évidemment hostile ». Les autres sont des ennemis et dans leur esprit tous les moyens pour « enfoncer les autres » sont justifiés. Bien qu’ils puissent avoir un discours gagnant-gagnant, ce discours est seulement une ruse et il n’est nullement dans leur réalité ou leurs intentions.

Le manipulateur n’a pas le sens des responsabilités, seulement des prétentions. Les manipulateurs peuvent, apparaître comme amicaux et peuvent être, socialement parlant, charmants. Comme c’est un mécanisme de survie, beaucoup sont des maîtres de la tromperie. Ils peuvent atteindre de hautes positions dans une organisation, généralement en manipulant de telle sorte que leurs irresponsabilités soient endossées par d’autres.

À ce niveau, l’utilisation de la manipulation est souvent assez sophistiquée. Les manipulateurs sont souvent capables d’assumer n’importe quel niveau social qui leur permettra d’accomplir leurs buts destructeurs, hostiles et peu scrupuleux. C’est tout à fait le niveau d’un escroc dont l’intention est « d’enfoncer les autres » sans leur mettre la puce à l’oreille jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Bien que les manipulateurs puissent apparaître charmants, sincères et sophistiqués, leur réelle perception et compréhension est plutôt limitée, basée sur la peur et entièrement égocentrique. Leur façade en société donnera rarement une idée de ce qu’ils sont en fait, c’est-à-dire des individus apeurés et en insécurité.

Les manipulateurs regardent les personnes qui agissent avec compassion, honnêteté et intégrité comme des gens simples qui méritent d’être utilisés. Ce sont des individus qui, peut-être avec grâce, élégance et bonnes manières, convaincront la grand-mère d’investir ses économies de toute une vie dans une entreprise inexistante. Ils justifient souvent leurs actes en expliquant que par leur comportement, ils donnent une leçon nécessaire sur le fonctionnement du « monde réel » aux personnes naïves et confiantes. Ils réalisent rarement combien leur comportement est destructeur pour eux, sans parler des autres.

Les manipulateurs ont l’hostilité en commun avec les revendicateurs mais ont peur de l’exprimer. Ils admirent en silence le « courage » d’un comportement de niveau 3 (c’est-à-dire la volonté et la capacité d’exprimer ouvertement l’hostilité). C’est pourquoi des démonstrations de force et de volonté ont une influence, un effet persuasif sur ce niveau.

Les manipulateurs ont « besoin de gagner » à tout prix. Leur but est de faire douter les autres de leurs capacités à atteindre leurs buts, de façon à être les seuls à réussir. Leur intention est de manipuler les autres pour mettre en exergue leurs faiblesses. Leur méthode est de tromper. Ils y arrivent par l’utilisation de demi-vérités, de subtils mensonges et de disqualifications. Finalement, ils souhaitent que les autres aient peur, croyant ainsi que s’ils ne concèdent pas aux volontés du manipulateur, les « conséquences » seront pires.

Si vous cherchez des manipulateurs, il est possible de les reconnaître : ce sont des menteurs compulsifs et invariablement, ils ne délivrent pas ce qu’ils ont promis (aucun des bas niveaux d’ailleurs). Ils ont de bonnes excuses pour expliquer pourquoi ce rapport important est en retard, pourquoi ils ne peuvent maintenir telle réunion, pourquoi c’est la faute de quelqu’un d’autre si les choses se sont mal passées, etc. Les manipulateurs ne prennent pas leurs responsabilités, mais au contraire pointent celles des autres. Les superviseurs peuvent être en colère face à un manipulateur, tout en étant incapables de comprendre pourquoi. Tout a une raison, y compris les mensonges habiles du manipulateur.

Niveau 1 - Victime

Je suis juste une victime
De circonstances injustes
Innocent de toute faute.

C’est sans espoir.
Je ne peux pas faire de différence
Pourquoi se prendre la tête ?

Accablé je suis.
Qu’est-ce que je peux raisonnablement faire 
Si ce n’est se plaindre ou apaiser ?

Que puis-je faire d’autre
Si ce n’est faire en sorte que les autres
Aient de la sympathie pour moi ?

Un moyen de contrôler.
Être une victime pathétique
Pour obtenir ce que je veux.

Rendre les autres coupables
Des conditions misérables de ma vie
Naïfs ils le sont.

Les victimes ont un fort sentiment d’impuissance. L’individu victime pense qu’il va perdre ou a déjà perdu. Les victimes ont l’impression que l’environnement les a enfoncés. Ils ont peu, si ce n’est aucun, sentiment de responsabilité pour quoi que ce soit, et la vérité a peu de sens pour eux. Les victimes ont un point de vue borné, égocentrique et égoïste. Ils pleurent, se plaignent ou tentent de calmer le jeu.

Les victimes tentent souvent d’obtenir un semblant de contrôle en agissant de sorte que les autres ressentent de la sympathie pour eux. Ils souhaitent que les autres se sentent coupables et mal s’ils ne font pas ce qu’ils demandent. Une autre forme de comportement d’un individu victime est de constamment donner, non pas pour échanger ou prendre soin, mais comme une tentative d’acheter ou de calmer son oppresseur imaginaire. Une forme de victime est le « Monsieur Oui ».

Au niveau 1, un individu a peu, si ce n’est pas du tout, l’impression d’avoir un impact, mais plutôt l’impression d’être la cause de tout. Les victimes ne voient pas les solutions mais les problèmes. Si une solution se présente, les victimes auront une myriade d’excuses pour expliquer que la solution ne peut pas marcher. En fait, les victimes sont souvent accablées par les gens qui ont une solution à leurs problèmes. Donc les victimes auront toujours un ou plusieurs problèmes insolubles. Résoudre les problèmes des victimes ne les fera jamais sortir du statut de victime. Ce qui peut fonctionner est un problème différent, plus important (c’est-à-dire. le genre de problème dont le prix à payer pour agir comme ils ont l’habitude de faire est trop élevé).

Les victimes ont généralement un problème sur une période relativement courte, car leur inefficacité générale et leur comportement geignard ne sont pas tolérés, sauf dans des situations de codépendance. Cette codépendance est généralement plus évidente dans des situations familiales et professionnelles.

Résumé des niveaux de comportements

Les individus ou organisations opérant de manière chronique aux niveaux 1, 2 et 3 ont des problèmes émotionnels et manifestent des attitudes, comportements et capacités limités. Au niveau 4, c’est aussi vrai, mais dans une moindre mesure. Les niveaux 4 et au-dessus manifestent de plus en plus de responsabilité, d’intégrité, de confiance et de position gagnant-gagnant. C’est uniquement aux niveaux 5 et 6 que nous trouvons des individus et organisations qui sont capables de capitaliser sur leur vrai potentiel.

Le niveau 6 offre la plus large perspective et le comportement le plus mature, le plus responsable. Il manifeste certitude personnelle, créativité et positivisme. Il représente l’idéal d’une attitude gagnant-gagnant. C’est là que réside et se manifeste intégrité et maturité émotionnelle.

Le niveau 5 est en grande partie positif, orienté vers l’action et les résultats, mais avec un bémol : la volonté de bouger, d’aller de l’avant et d’essayer de nouvelles choses ne se produit qu’après examen, test et validation.

Le niveau 4 est à peine plus positif que négatif. Il se caractérise par faire uniquement ce qui doit être fait.

Les niveaux 3 et inférieurs sont caractérisés par des situations perdant-perdant dans lesquelles les individus se perçoivent comme accablés par leur environnement et se battent de la seule manière qu’ils connaissent.

Au niveau 3, les individus sont encore suffisamment forts pour se détacher de leur environnement sous des formes diverses d’opposition, d’attaque et d’intimidation, caractérisées par de l’antagonisme et de la colère. À ce niveau, les gens sont non seulement hostiles, mais en plus ils ont peur, et cela malgré leur fureur.

Quand les individus ont trop peur même pour exprimer ouvertement leur hostilité, ils portent un masque. C’est le niveau le plus dangereux. L’hostilité sous-jacente est cachée par des gentillesses sociales, de subtils mensonges et une disqualification des autres qui sont toujours destructrices et difficiles à voir.

Au niveau 1, les individus ont l’impression d’avoir déjà « perdu ». Leur comportement prend des formes pathétiques d’aide pour gagner de la sympathie ou l’apaisement.

Connaître les niveaux de maturité et leurs manifestations nous permet de promouvoir les formes positives de changement, permettant de créer une plus grande satisfaction personnelle et un succès organisationnel.