Confusion entre 4 et 6

[Mpcm]

Chers amis,

L'été dernier, j'ai présenté l'ennéagramme à une amie. Immédiatement, elle s'est reconnue dans deux types le 4 et le 6. Je lui ai fait lire toutes mes fiches de stage, mes livres, je l'ai questionnée. Rien à faire, impossible de trancher. Nous avons tranché pour le 6 dans la mesure où elle me dit ne pas rechercher l'originalité : "Je ne cherche pas à être originale, je le suis malgré moi." Les doutes, les incertitudes, les passages d'un état phobique à contrephobique (elle a un terrible vertige et je l'ai pourtant vu escalader un balcon pour passer chez sa voisine au 6ème étage) vont plutôt dans ce sens. De plus, quand elle entre dans une salle, j'ai repéré qu'elle était aux aguets, qu'elle observait tout (attention dirigée vers le danger).

Je ne suis pourtant que moyennement satisfait de mon analyse.

À nouveau, je me heurte depuis quelques jours à un homme pour lequel j'hésite vraiment entre le 4 et le 6. Sa référence semble avant tout mentale : il conduit des raisonnements très logiques, fondés sur des lois, des règles… Il cherche à comprendre et ne manifeste que peu d'émotions.
Par ailleurs, les mots "fidélité", "constance", "loyauté" reviennent sans cesse dans son langage. Il s'érige en gardien fidèle des règles, des rites, des lois. Il ne cesse de faire des références juridiques.
Tout cela me fait pencher pour le 6.

Pourtant, d'autres éléments me semblent aller plutôt vers le 4 : il se sent différent, il prend toujours des positions différentes des autres, parfois extravagantes. On dirait qu'il fait exprès de tenir des positions bizarres pour se démarquer des autres. Il ne cesse de dire qu'il est incompris, qu'il est différent. Il s'habille différemment, il parle différemment des autres, il insiste systématiquement pour se démarquer et tenir des positions originales. Il a un sens esthétique très marqué. Tout dans sa bouche prend un sens tragique, et il semble se complaire dans sa mélancolie.

Je penche plutôt vers le 6, mais je reste surpris de cette hésitation entre deux types qui semblent si différents.

Enfin, hier, j'ai expliqué l'ennéagramme à ma cousine qui se retrouve à 100 % (me dit-elle) dans les types 6 et 4. Pour le moment, je n'ai pas encore eu le temps de creuser.

La confusion 4-6 est-elle commune ? D'où peut-elle venir ?
Certains d'entre vous ont-ils été confrontés au même problème ?
Avez-vous des pistes pour discerner entre les deux ?

Mathieu

[Fabien Chabreuil]

Bonjour Mathieu,

En théorie, que peut-il y avoir de plus opposé que la compulsion 4 d'éviter la banalité et la compulsion 6 d'éviter la déviance ?

Pourtant, la confusion existe, sans être commune. Statistiquement, quand une personne hésite entre ces deux types, elle est plus souvent 6.

Cette confusion est provoquée par plusieurs éléments :

• La contrephobie du 6 peut lui faire croire qu'il évite, lui aussi, la banalité ;
• Le sous-type sexuel du 6, “Force-Beauté”, peut l'amener a des préoccupations esthétiques proches de celles du 4 ;
• Le sous-type social du 4, “Honte”, peut parfois évoquer la passion de peur du 6 ;
• Le 4 ne se reconnaît que peu de qualités et cela peut faire penser à un doute de soi, proche de la fixation du 6 ;
• Etc.

Pour discerner les deux types, il me semble qu'il faut revenir à la base : le 4 est un émotionnel et le 6 est un mental. Cela se voit dans le vocabulaire, dans la prise de décision (volonté de donner la priorité aux émotions ou à la raison), dans l'attitude face aux émotions (normales ou gênantes, crédibles ou non), dans l'attention (ce qui manque maintenant ou ce qui peut mal tourner).

Déterminer le sous-type aide aussi à trancher. Si tu as déterminé que le sous-type est conservation, il n'y a une énorme différence entre “Cordialité” et “Intrépidité”. Dans le cas du sous-type est social, le 6 “Devoir” sait ou manifeste clairement qu'il évite la déviance et il n'y a guère de doute. Quant au sous-type sexuel, il faut revenir au paragraphe précédent.

Je te recommande dans notre rubrique Ciné-agramme : Raison et sentiments. Le titre même du film est centré sur la différence 6-4. C'est moins net, mais quand même intéressant, dans cet autre film : La proposition.

Si nécessaire, nous pouvons étudier en détails chacun des trois cas que tu sites.

Très cordialement,
Fabien

[Gabriel]

Bonjour à tous, bonjour Mpcm,

J'ai moi-même hésité au début de la découverte de l'ennéagramme entre le 4 et le 6. J'ai également rencontré trois personnes qui hésitaient entre ces deux types.

Trois choses me faisaient penser au 6 en ce qui me concerne :

• La loyauté. Or en réfléchissant à la question, je me suis rendu compte que je mélangeais mon désir d'authenticité avec la loyauté. En fait, je ne suis naturellement loyal qu'envers moi-même (et encore).
• La peur. Il est vrai que la honte pourrait avoir une relation avec la peur et la piste de Fabien m'éclaire. Car lorsque je suis pris par la honte, je deviens comme paralysé et j'ai peur d'oser, de m'ouvrir. Comme le 4 intensifie ses émotions, cette honte-peur devient vite submergeante. C'est cette peur parfois trop présente qui me faisait aussi penser au 6 ! D'autant plus que j'ai découvert l'ennéagramme dans une période durant laquelle cette émotion émergeait plus que d'autres.
• Une mauvaise estime de moi-même.

En ce qui concerne le filtre d'attention, j'observe que je peux être obnubilé avec ce qui va mal tourner… lorsque je vois d'abord ce qui manque.

Mais après deux ou trois semaines d'auto-observation, de lectures et de réponses obtenues de Fabien, je n'ai eu plus aucun… doute.

Très cordialement (je me sens toujours emprunté lorsque je "copie" des formules de politesse, même si elles me conviennent bien : jusqu'où va ma compulsion ),
Gabriel

[Mpcm]

Bonjour à tous,

Merci pour vos réponses. Je comprends mieux la racine de cette confusion.

J'ai analysé “Raison et sentiments”. C'est un très beau film qui m'a éclairé sur le 4 et le 6.

Mathieu