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Le 6 et l'effet "communauté"


Chirla

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Cher Fabien,

 

Tout d'abord, ne regarde pas les très possibles erreurs que tu vas trouver dans mon message, car j'ai un mal fou à m'exprimer en Français et en plus j'écris sur un clavier QWERTY.

J'ai très récemment participé dans un stage de base et il semble que je suis un 6 (je suppose avec une aile principale en 7 et une désintégration en 3). Suite à ce stage, j'ai donc dévoré votre livre fortement intéressant et même si j'ai déjà trouvé quelques explications tout à fait compréhensibles à ce sujet, j'ai quand même du mal à comprendre l'effet "communauté" et son importance évidente sur le type 6. Je suis excessivement anticonformiste sans être un 6 anti-phobique à la base. Je voudrais mieux comprendre le "mécanisme" d'un 6 lorsqu'il se trouve sans groupe et lorsqu'il a - malgré toute recherche - du mal à trouver "un groupe à lui". Je cherche à comprendre si ce sentiment de solitude est évitable, sentiment qui provoque encore plus les doutes et qui ne me permet pas d'avancer de la manière que je voudrais.

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Fabien Chabreuil

Bonjour Chirla,

 

Bienvenue sur ce panneau. Ton français est très compréhensible et c'est une joie d'accueillir ici des gens de tout pays et de toute langue, rapprochés les uns des autres par l'Ennéagramme. Si moi-même, j'écris quelque chose que tu as du mal à comprendre, n'hésite pas à me demander de le reformuler.

 

Stephen Wolinsky dit qu'à la base du fonctionnement psychologique du 6, il y a cette croyance : "Je suis seul." Selon lui, tout l'ego du 6 est une tentative de se masquer cette croyance. (Nous étudions ce concept, qu'il appelle "False Core", dans notre stage Néti néti.)

 

La passion du 6 est la peur et s'intégrer dans un "groupe à lui" est pour son ego le moyen idéal de créer un sentiment de sécurité. Ce groupe peut prendre des formes très diverses depuis la famille jusqu'à des concepts, en passant par des associations, des partis, etc. Le groupe en entier peut être conformiste ou non-conformiste, phobique ou contre-phobique.

 

Il n'est donc pas étonnant qu'un 6 n'appartenant pas à un groupe puisse ressentir ce sentiment de solitude. Alors, l'ego essaye de gérer la situation et ses mécanismes (peur et doutes) se renforcent.

 

Bien entendu, ceci peut être évité, mais y arriver, c'est toute la démarche d'intégration. Autant dire que je ne connais pas de raccourci.

 

Très cordialement,

Fabien (7)

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Fabien,

 

Merci pour tes explications. Ce sentiment de solitude commence à me fatiguer très sérieusement et je suis donc à la recherche d'un autre moyen pour enfin arriver à une "sérénité" (j'arrive à atteindre cet objectif parfois, mais pas assez souvent), qui m'est seulement possible lorsque j'ai l'impression d'être totalement indépendante et donc en paix avec moi même. Si j'ai bien interprété ton message, il ne me faut pas à tout prix trouver mon "groupe" (oh thanks god !) et je peux donc garder l'espoir de trouver une démarche différente pour arriver à un niveau "supérieur", celui de ne plus m'attacher aux opinions que les personnes qui représentent une certaine importance dans ma vie (Je fais quoi avec ces personnes-là ? Je les élimine de ma "liste" ou je vis avec sans donner importance ? Et cela, je le fais comment ?), pourraient avoir de moi et qui, par moment, me blessent profondément et provoquent, par pure logique d'un 6, des doutes et en suite une incapacité totale de réagir (et comme je suis extrêmement active avec une vie pleine de changements et responsabilités, cela me pose un grand problème). Je pratique pour cela parfois des relaxations qui m'aident considérablement, mais pas assez.

 

Pour cela, que faire ? Est-ce que je m'adapte en déguisant ce qui dérange apparemment (chose que j'ai essayé pendant des années sans succès) ? Ou est-ce que je continue malgré tout sur mon chemin, en espérant que tout s'arrangera un beau matin et sans donner des explications et être constamment à la recherche de confirmations que de toute façon je n'obtiens jamais ? Sur quoi je mets une croix ? Quelle est la priorité ?

 

Merci d'avance,

Chirla (un 6 sciemment perdu)

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Fabien Chabreuil

Bonjour Chirla,

 

La nécessité abolue du groupe pour se sentir en sécurité est bien une illusion de l'ego du 6. L'intégration est une solution bien plus efficace, mais pas très rapide. Comme je le disais dans mon message précédent, il n'y a pas de baguette magique.

 

Il ne s'agit pas d'éliminer de ta liste ou de nier toute importance aux réactions des autres. Il s'agit de considérer que même si elles divergent des tiennes, les opinions des autres ne constituent pas un danger.

 

Il ne s'agit pas non plus de "déguiser" ce qui en toi "dérange". Comme tu le remarques justement, cela ne peut pas fonctionner à moyen ou long terme. Il s'agit plutôt d'analyser ce qui dérange, pourquoi cela dérange, ce qui peut être changé par respect des autres et ce qui doit être conservé par respect de soi.

 

Il s'agit enfin de passer de la "recherche de confirmations" extérieures à une référence intérieure que tu ne fais que confirmer à l'extérieur.

 

Tout ceci est assez théorique, mais à question abstraite, réponse abstraite. :happy:

 

Très cordialement,

Fabien (7)

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Marie-Hélène

Bonjour tous les deux,

 

En lisant cette discussion, je me suis posé une question par rapport au besoin du 6 d'appartenir et à son degré d'intégration.

 

Il y a peu de temps que j'ai accepté profondément mon besoin de sécurité (je trouvais cela tellement banal et "basique"… moi qui me veut tellement complexe !). Ce faisant, j'ai compris qu'il passait en bonne partie par un sentiment d'appartenance. Je vis ce sentiment différemment aujourd'hui, car j'en suis plus consciente, et donc je peux exercer une certaine maîtrise sur celui-ci et faire des choix éclairés et non mécaniques, mais je sais que pour être vraiment bien avec quelqu'un, j'ai besoin de ressentir que quelque part, on a quelque chose en commun : un but, un idéal, une façon de voir les choses. J'ai besoin de sentiment de "proximité".

 

J'aimerais avoir ton opinion Fabien, à propos du niveau d'intégration que représente cette étape et de la prochaine à franchir si je veux continuer à m'intégrer.

 

Merci d'avance,

Marie-Hélène

6 alpha

Marie-Hélène, E6 alpha, aile 7, conservation

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Fabien Chabreuil

Bonjour Marie-Hélène,

 

"Pour être vraiment bien avec quelqu'un, j'ai besoin de ressentir que quelque part, on a quelque chose en commun."

Ce mécanisme ne me semble pas particulièrement 6 et je crois que la plupart des gens pourraient écrire cette phrase. Ce qui serait 6 peu intégré serait :

- de rejeter et juger négativement la personne si tu ne trouves rien de commun avec elle,

- de ne plus oser "dévier" si tu as trouvé un sujet commun.

 

Les relations humaines sont souvent plaisantes quand il y a à la fois des choses en commun pour se retrouver et des différences pour s'enrichir. Il n'y a rien là que de normal. Cependant, tu peux probablement améliorer ton intégration en passant la part dominante de ton attention du premier au deuxième point et donc en abordant les gens en te posant non pas la question "Qu'avons-nous en commun ?", mais "Comment pouvons-nous nous enrichir mutuellement ?"

 

Très cordialement,

Fabien (7)

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Marie-Hélène

Bonjour Fabien et Chirla,

 

Il m'arrive de penser qu'il faudra un jour apprendre à aimer en laissant tomber toute forme d'identification et qu'ainsi nous serons plus libres. C'est peut-être une fausse croyance. J'en suis venue à voir l'identification comme une chose négative… Ca me fait réfléchir.

 

C'est vrai que ce besoin d'avoir quelque chose en commun avec les autres est vécu chez tous les êtres humains. Toutefois, certains types me paraissent plus enclins à rechercher le "connu" (dont le 6 mais aussi le 9) qui leur apporte confort et sécurité.

 

Ainsi, dans ce cas, je crois important, comme toi, de regarder les choses de l'autre côté du miroir. Je m'efforce sincèrement de le faire depuis quelques années et aujourd'hui, ce n'est plus aussi difficile pour moi de trouver de bonnes raisons de me lier avec des gens très différents de moi, ou de ne pas me sentir menacée par la différence chez des gens qui ont avec moi plusieurs points en commun. J'aime aussi apprendre. Pour cela la différence est fondamentale.

 

J'ai tendance toutefois à rechercher un homme qui me ressemble dans une relation amoureuse. On m'a d'ailleurs déjà reproché cela : "Est-ce que c'est avec toi-même que tu souhaites sortir ?" Je n'ai jamais su comment interpréter la chose.

 

Je pense que cette partie de la discussion dévie un peu de l'intention originale, je m'en excuse donc. Mon questionnement se voulait en lien avec l'intensité de l'identification dans "l'effet communauté". Comment l'intensité du besoin d'appartenance du 6 reflète-t-il son intégration ? Il a été plutôt implicite.

 

Marie-Hélène

6 alpha

Marie-Hélène, E6 alpha, aile 7, conservation

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Fabien Chabreuil

Bonjour Marie-Hélène,

 

"Il m'arrive de penser qu'il faudra un jour apprendre à aimer en laissant tomber toute forme d'identification et qu'ainsi nous serons plus libres."

 

"… et plus respectueux de l'autre", ai-je envie d'ajouter. Il me semble que nous ne nous identifions que rarement à la totalité de l'autre, mais seulement à tel ou tel aspect de lui, réel ou supposé, qui nous plait (ou nous valorise, ou nous rappelle un parent, etc.) Ainsi, en nous identifiant à l'autre, nous nous nions et nous nions aussi l'autre personne. Parfois, nous lui interdisons (inconsciemment et indirectement) d'exprimer certaines facettes de sa personnalité en opposition avec l'image à laquelle nous nous identifions ou nous le lui reprochons quand elle le fait. C'est une source fréquente de frustrations et de conflits dans les couples.

 

Ceci dit, s'identifier à son partenaire et valoriser les ressemblances avec lui sont deux choses différentes.

L'identification est de loin la plus néfaste, parce que c'est un phénomène binaire. On est identifié ou non et si on l'est, la relation est basée sur un mensonge.

Par contre, la recherche de ressemblances est un phénomène naturel et acceptable. C'est son excès qui est gênant parce qu'il empêcherait toute progression. (J'ai lu récemment dans une revue scientifique qu'il semblerait que l'ovule sélectionne le spermatozoïde qui le fécondera parmi ceux ayant le patrimoine génétique le plus différent du sien. Ce n'est au fond guère étonnant. Sur le plan biologique, l'apparition de la reproduction sexuée, c'est le privilège accordé à la différence et aux formidables capacités d'évolution qu'elle a permis. A méditer dans nos relations donc, puisque ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. :happy: )

 

"J'en suis venue à voir l'identification comme une chose négative…"

 

Oui, tout identification est une chose négative. La pire est l'identification à notre ego et celle-là ne concerne pas que le 6… Se débarrasser de toute identification, c'est se libérer de l'ego.

 

Pour revenir à "l'effet communauté", dans le cas du 6, il y a effectivement identification à son groupe et l'intensité de cette identification est sans doute une bonne mesure du degré d'intégration-désintégration.

 

Très cordialement,

Fabien (7)

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Marie-Hélène

Bonjour Fabien,

 

Je te remercie pour tes éclaircissements. Il me semble toutefois que la frontière est mince entre "aimer les ressemblances de l'autre" et "s'identifier à ce que nous avons en commun avec l'autre". Il faudra que je réfléchisse à la question qui peut aussi déboucher sur celle de la projection chez le 6 et qui me préoccupe particulièrement ces jours-ci (parce qu'elle crée problème).

 

Marie-Hélène

6 alpha

Marie-Hélène, E6 alpha, aile 7, conservation

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Fabien Chabreuil

Bonjour Marie-Hélène,

 

En théorie, la frontière n'est pas si mince que cela. En pratique, il n'est pas toujours aisé de savoir à quel moment on la franchit. Dans mon cas, et cela s'applique peut-être aussi à toi puisque nous partageons une préférence pour le centre mental, la manifestation la plus facilement observable est au niveau du langage : l'identification m'amène à prendre des expressions de l'autre personne, voire parfois à changer légèrement le ton de ma voix. C'est assez aisé à repérer et à interrompre.

 

Très cordialement,

Fabien (7)

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