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l’ennéagramme

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Relation au groupe et à l'autorité


Ruth

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Bonjour,

Je suis une nouvelle venue à l'ennéagramme. Après bien des difficultés je me suis reconnue comme 6 (alpha ou mu ?) avec des ailes 5 et 7. En effet, surmonter la peur et le doute provoque un fort stress que je "soigne" par le retrait, la réflexion, la mentalisation du 5. Les épanchements émotionnels publics me mettent mal à l'aise, alors j'ai besoin de solitude pour rejoindre mes émotions. Réfléchir et comprendre (ou imaginer comprendre !) soulage. J'ai aussi intégré plusieurs traits du 7 : consommer immodérément certaines activités que je peux abandonner très vite lorsqu'elles me déçoivent dans des réactions de type contre-phobiques, pour ensuite m'embarquer dans autre chose. Difficulté d'aller au bout des choses.

Ce qui empoisonne ma vie c'est une question de relation au groupe et surtout à l'autorité que je ressens très fort comme une tâche de vie à accomplir. Il me semble qu'il y a toujours là quelque chose à régler, un problème à résoudre que je ne discerne pas vraiment et je n'y parviens jamais. Le groupe pour moi n'a jamais été la famille et ne peut pas l'être. Dans ma jeunesse, je me trouvais plutôt des groupes avec identité et autorité fortes et j'y ai vécu des périodes de loyauté un peu bébête et aveugle, mais très gratifiante et même structurante. Puis j'en suis sortie (par des réactions contre-phobiques parce que je ne supportais plus ce qui ne jouait pas et qu'on occultait) pour évoluer vers une vision beaucoup plus nuancée et fine de la vie. Pareil groupe est devenu pour moi aujourd'hui tout à fait impossible.

Pourtant pendant toute ma vie je me suis trouvée des "figures d'autorité" (les personnes concernées seraient peut-être étonnées, c'est moi qui leur attribuais ce "pouvoir"), des "groupes" (un intérêt quelconque donne déjà l'impression de faire partie d'une "famille") dans lesquels j'ai navigué entre loyauté et réactions contre-phobiques. Ma première tendance est d'idolâtrer le groupe et l'autorité, ma nouvelle activité devient alorsla "chose de ma vie". (L'ennéagramme dans lequel je débute pourrait bien aussi jouer ce rôle. :wink: ) Mais l'enjeu est d'abord pour moi psychologique, comme un problème impossible que j'aurais à régler que je ne discerne pas bien. Une souffrance s'installe, due à un sentiment d'intense frustration, une attente jamais satisfaite. Cette souffrance devient intolérable et je cherche alors (et je trouve toujours !) ce qui va mal. Je deviens critique, agressive, je sabote moi-même les choses si nécessaire, et c'est la rupture parfois violente, ressentie comme seul moyen d'échapper à la souffrance.

Mais ces épisodes, très importants en intensité, n'occupent pas toute ma vie. Au travail je suis perçue comme une personne régulière, stable, ponctuelle, sur qui on peut compter, de nature active et plutôt optimiste. Le paradoxe est que, malgré ma peur et mon doute, il me semble toujours que les choses vont et iront bien. Je déteste me singulariser, mais en même temps je suis perçue comme "chiante" parce que dans une conversation, j'ai toujours envie de prendre le contre-pied, de montrer une autre facette de la réalité, alors que les gens recherchent surtout l'approbation et la connivence. Lorsque je ne suis pas prise dans ces tempêtes émotionnelles récurrentes, je trouve la joie de vivre surtout avec moi-même, et même la sérénité. Mais le besoin de loyauté et le doute sont pesants. Que d'obligations familiales et sociales auxquelles il me semble ne pas savoir faire face. Alors le changement est perçu comme un soulagement. Un fantasme : partir, rompre avec tout pour me plus ressentir la peur des autres et le doute sur soi-même.

C'est l'ennéagramme nouvellement découvert qui me permet de décoder ainsi ma vie. Un doute pourtant m'habite. Est-ce que je projette un système (que je ne maîtrise même pas !) sur une réalité beaucoup plus complexe (la vie) parce que l'explication, la mentalisation rassurent ?

Parfois je ressens un soulagement, une sérénité, dans les choses simples de la vie, dans une sorte de "non-être", ou plutôt en me mettant entièrement et uniquement dans ce que je fais, dans une sorte de "non-penser", ou penser seulement pour résoudre les problèmes concrets de l'existence. Absolument magique ! Mais très difficile car cela demande un renoncement terrible, comme une petite mort. Et mes tempêtes finissent toujours par me rejoindre. D'autres font-ils des expériences similaires ?

Merci pour ce lieu d'accueil. Bien cordialement à chacun.
Ruth

Ruth – E6

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Fabien Chabreuil

Bonjour Ruth,

Bienvenue sur ce panneau et merci pour ton témoignage.

"Un doute pourtant m'habite. Est-ce que je projette un système (que je ne maîtrise même pas !) sur une réalité beaucoup plus complexe (la vie) parce que l'explication, la mentalisation rassurent ?"
Qu'un doute t'habite, chère 6, c'est bien normal. Sinon, tu ne serais pas de ce type. :happy:

L'Ennéagramme n'est bien évidemment qu'un modèle, une carte de la psyché humaine et il est bien normal que le territoire soit plus complexe que la carte. Ceci dit, c'est la carte la plus précise que je connaisse actuellement et des tas de gens la trouvent éclairante et opérante, même s'ils appartiennent à des types qui n'utilisent pas la mentalisation pour se rassurer. Il n'y a donc pas, à mon avis, d'inquiétude à avoir sur ce sujet.

"Parfois je ressens un soulagement, une sérénité, dans les choses simples de la vie, dans une sorte de "non-être", ou plutôt en me mettant entièrement et uniquement dans ce que je fais, dans une sorte de "non-penser", ou penser seulement pour résoudre les problèmes concrets de l'existence. Absolument magique ! Mais très difficile car cela demande un renoncement terrible, comme une petite mort."
J'espère que des 6 vont te répondre. En attendant, je voudrais te dire que cette réaction me semble parfaitement cohérente avec le modèle de l'Ennéagramme.

Nous gagnons tous à freiner notre centre préféré que nous sur-utilisons, mais comme nous nous identifions à lui, cet arrêt est effectivement vécu comme une "petite mort".
Dans le cas du 6 qui préfère le mental et le réprime aussi, cet arrêt est pourtant en même temps un soulagement, l'utilisation de notre centre réprimé étant toujours associé à un risque et/ou à une souffrance.
Il y a donc une sorte de paradoxe qu'on peut généraliser à tous les types du triangle et que tu as très joliment exprimé.

Ceci dit, nous devons tous accepter cette double "petite mort" : lâcher notre centre préféré et accepter notre centre réprimé.

Tu dis que tes "tempêtes finissent toujours par [te] rejoindre". Avec une telle pratique, elles devraient mettre de plus en plus de temps à le faire.

Très cordialement,
Fabien

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Bonjour Fabien,

 

Merci de ta réponse qui suscite en moi une nouvelle interrogation. En fait, mon précédent message contenait une question très précise exprimée dans mon titre : que signifie cette impression d'un problème vital à résoudre dans mes relations au groupe et à l'autorité. Et je me remets toujours en situation de tenter d'y parvenir, et je n'y parviens jamais.

 

Mon dernier paragraphe m'a un peu échappé. J'ai même pensé le supprimer parce qu'il me semblait hors sujet, étranger à l'ennéagramme et peu clair. Toujours le doute. :wink: Mais je te lis et je prends conscience maintenant comme d'un déplacement possible, possible et parfois très réel déjà.

 

Ce "problème" de 6, la compréhension que j'aurais voulu en avoir, la signification que j'aurais voulu lui donner, tout cela disparaît totalement dans ces moments magiques de non-mentalisation. Non que ce problème ait trouvé résolution, il ne se pose tout simplement plus… Avant de revenir en force. :sad: Les traits de caractère du 6 ne disparaissent pas. Des peurs, des doutes, des besoins de loyauté ou de révolte existent, mais ils surgissent et disparaissent un peu comme s'ils vivaient de leur propre vie. Aucune impression de problème à résoudre ne leur est attachée, aucune réelle souffrance non plus. La peur surgit et disparaît, l'inconfort qui lui est lié suit le même mouvement.

 

Ces moments sont magiques, donnent un sentiment de bonheur et de légèreté. Mais ils donnent aussi l'impression de planer dans le vide, de perdre contrôle et repères. On ne sait plus tout à fait qui l'on est, je dirais presque on n'est plus personne. Il y a là à la fois bonheur, soulagement et frustration. Et parfois je retrouve mes problèmes de 6 et ma souffrance presque comme on est rassuré de rentrer chez soi et retrouver son environnement familier. Et je me vautre de nouveau dans mes problèmes presque avec soulagement. C'est idiot d'être ainsi !

 

Je crois bien que cette impression de problème à résoudre pour combler un manque a été le moteur de ma vie, ma raison de vivre même. Et je me demande aujourd'hui si cette impression n'a pas de réalité que dans ma tête. Mais voir les choses ainsi peut aussi être une fuite ? Y a-t-il problème à résoudre ou problème à lâcher, Fabien ? J'ai envie de dire, je sens qu'il y a problème à lâcher.

 

Bien difficile de savoir si on est alpha ou mu, mais je vais m'arranger pour suivre un stage. J'ai très envie maintenant de mieux comprendre le système.

 

Bien amicalement,

Ruth

Ruth – E6

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Suite…

 

C'est drôle ça ! Je posais ce matin la question de savoir si j'étais 6 alpha ou mu et je crois que j'ai déjà trouvé en lisant les autres messages concernant ce sujet. Je suis presque sûre d'être une 6 mu. Je suis mal à l'aise dans l'expression des émotions et dans le stress, l'action s'impose comme une nécessité, un élément qui soulage. Dans ces moments, la précipitation (il FAUT faire quelque chose) l'emporte souvent sur la réflexion.

 

Pourtant je ne suis pas coupée de mes émotions, je suis même capable de très bien en parler, mais après mentalisation. Je les exprime très peu, je les vis plutôt en privé ou dans l'imaginaire.

 

Si on connaît déjà un peu l'ennéagramme pour l'avoir étudié par soi-même, quel stage faut-il donc choisir ?

 

Bien amicalement,

Ruth

Ruth – E6

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Enchantée Ruth, bonjour tout le monde, salutations particulières à Fabien et Patricia,

Je suis aussi de type 6 (alpha). J'ai 24 ans. En 6, j'ai souvent tendance à tourner autour du pot lorsqu'il s'agit de mettre le doigt sur ce qui ne va pas. La plupart du temps, c'est parce que la réponse est trop simple et que j'ai de la difficulté à l'accepter comme telle. Alors je lui trouve un tas de justifications rationnelles qui me permettent de la contourner. Parfois je suis simplement perdue dans mon esprit, incapable de retrouver la sortie. Je suis bonne pour analyser, mais je dois apprendre à synthétiser.

Le problème de mon type face à l'autorité se définit de la façon suivante. Peut-être te reconnaîtras-tu un peu quelque part ?

J'ai un besoin infiniment profond de sécurité. (Les causes ne sont pas si importantes, même si on peut les trouver en partie et qu'elles existent inévitablement. L'important est que cela est vrai pour moi et que la reconnaissance de ce besoin me mène à une autre étape de mon cheminement. Il ne faut pas me perdre dans la mentalisation.) Un besoin est un vide à combler. A cause de ce vide, j'ai le sentiment de ne pas avoir en moi la sécurité.

Comme la sécurité n'est pas en moi, je la recherche à l'extérieur (l'autorité, le groupe, l'idée, le matériel, tout ça est une certitude qui existe en-dehors de moi).

Comme la sécurité n'est pas en moi, j'ai peur de la menace extérieure. (L'autorité, le groupe, l'idée, le matériel, tout ça est aussi une menace réelle à l'extérieur de moi.)

Or, c'est ce paradoxe impossible à résoudre qui crée ma souffrance et ma frustration. Car l'extérieur qui devrait me protéger aussi, peut me blesser. Je le fuis, ou l'attaque, pour me protéger, mais en même temps j'ai besoin de lui. Je suis déchirée intérieurement.

Où est la porte de sortie ?

Apprendre à identifier le processus lorsqu'il se manifeste.

Pour cela il faut apprendre à le reconnaître et c'est long. Parce que les mécanismes de projection du 6 l'empêchent de voir que c'est bien de l'incompétence à se relier à lui-même qu'il s'agit. Il voit toutes les failles et les problèmes (comme tu le décris très bien, il les trouve) ailleurs, ce qui le console. Projeter ses faiblesses sur autrui minimise les siennes, projeter ses forces sur autrui l'empêchent de s'en servir pour résoudre ses problèmes.

Dès que la peur surgit (insécurité, donc besoin de base non comblé), elle est transformée en "sur-réaction" (contre-phobie) ou en "sous-réaction" (soumission). Le 6 ne sait pas comment faire face à ses peurs, il croit qu'il n'a pas les ressources en lui.

Le processus est : besoin - peur - réaction - souffrance. C'est ce processus qu'il faut apprendre d'abord à reconnaître. La souffrance est la conséquence de la "mauvaise réaction" (dans le sens de non-équilibrée) face à la peur. La mauvaise réaction est une conséquence de l'incapacité à accueillir sa peur adéquatement. La peur est le sentiment qui résulte du besoin que l'on se croit incapable de satisfaire.

Voilà pour moi une façon de verbaliser un processus qui semble bien anodin lorsqu'il est décortiqué en quelques paragraphes réducteurs, mais qui est tellement plus complexe lorsque tous les autres mécanismes de la personnalité se mettent de la partie.

Pour moi, développer la vertu de simplicité est devenu une priorité quotidienne. Me réaliser dans le présent et dans l'action simple et concrète. Un peu comme toi.

Maintenant, je suis vraiment plus habile à identifier mon besoin de sécurité. Je le reconnais dans ma recherche de relations de confiance, dans ma nécessité d'obtenir des certitudes, dans ma recherche d'approbation. Quand le besoin est intense, je sais qu'il faut que je prenne les moyens pour le combler moi-même. Car je sais que le chemin de mon intégration passe par ma propre capacité à me sécuriser.

Étrangement, ce faisant, je suis beaucoup plus fonctionnelle et apte à aider les autres. J'ai beaucoup moins peur. Beaucoup moins peur. Quand j'ai peur, j'accepte qu'il est impossible d'être parfaitement en sécurité. Alors cette réponse me calme. Je suis normale. C'est très important pour un 6 d'être normal. Je n'ai pas besoin de l'extérieur pour me dire que je le suis. Ma conscience le sait. Je l'apprends tous les jours dans mes relations avec les autres. L'autorité est en moi. J'intériorise jour après jour ce que j'ai besoin d'entendre et de sentir de la part des autres. Je réponds à mes propres questions et quand c'est impossible, je lâche prise. Je me parle doucement. Comme j'aimerais que l'on me parle et me réconforte. Je ne me gronde plus mentalement. Je ne me fais plus violence. Ce que j'attends des autres, je me le donne, j'essaie de le transmettre aussi. Et je donne le droit à mes instincts (réprimés) de se faire entendre, même s'ils n'ont aucun sens aux yeux de ma raison.

J'écoute encore les autres. J'aurai toujours besoin d'un "deuxième avis", mais quand cela se fait dans l'équilibre, c'est toute la différence du monde. Ce n'est plus un manque viscéral comme avant. Le 6 a la capacité d'entrer en relation profonde avec les autres et de partager des moments sincères. C'est alors un respect mutuel et un échange riche et constructif qui caractérise les relations du 6 plutôt qu'une soumission ou une domination "bébête" comme en période de désintégration. Je doute encore et je suis encore insécure. Rien n'a changé du tout au tout. La seule chose qui se soit vraiment transformée, c'est ma façon de vivre avec ces sentiments.

Je me donne le droit d'être à ma façon. Ce que j'ai à dire vaut la peine d'être dit et m'affirmer de manière authentique au risque de me tromper me réjouit beaucoup plus que cela m'effraie, maintenant. Je me donne le droit de ne pas être aimée de tout le monde. Je me donne le droit de ne pas plaire à tous. Vraiment, je ne sais pas ce qui s'est passé, mais je me sens beaucoup plus libre, plus positive face à mon existence.

Être un 6 est particulièrement compliqué, mais quand ça devient simple, c'est tellement fort en-dedans. Toute une énergie de peur transformée en amour… C'est merveilleux. Alors très chère Ruth, je te souhaite tout le courage nécessaire à la poursuite de tes objectifs, tout le courage qui es en toi, déjà.

Marie-Hélène

Marie-Hélène, E6 alpha, aile 7, conservation

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Salut Marie-Hélène,

J'ai trouvé grand intérêt à te lire et ce que tu dis bien-sûr résonne en moi. L'ennéagramme a ceci d'étonnant que l'on se reconnaît comme un air de famille, et pourtant chacun reste unique.

J'admire la fine compréhension que tu as de toi-même à 24 ans. Je pourrais être ta mère et j'ai mis le double de temps pour commencer à voir ce qui se passe en moi. À ton âge j'étais complètement prisonnière de mes problèmes de 6, de mes peurs, de mes réactions et de ma souffrance. Alors bravo ! Ton avenir est devant toi. Profite de la liberté que ta lucidité t'apporte ! :happy:

Tu as tout dit. Qu'ajouter ? Juste ceci par rapport à tes dernières lignes.

Oui, être un 6 est particulièrement compliqué, surtout pour ceux qui naviguent entre réactions phobiques et contre-phobiques et qui pour masquer leur souffrance vont emprunter des parades à leurs voisins 5 et 7 ! Mais lorsqu'on a discerné les motivations profondes de comportements changeants, contradictoires et compliqués, tout devient limpide.

Je ne suis pas sûre d'avoir de grands objectifs. En fait c'est la recherche d'"autre chose", d'"autrement" qui a empoisonné ma vie et ce besoin se calme en moi. Je me contente d'explorer ce que c'est qu'être un 6. Et si c'était précisément la recherche de solution à ses peurs et ses manques qui bloquait la dynamique propre au 6 (chaque type a la sienne propre je pense) ? Et s'il suffisait d'être ce que l'on est, de lâcher ses attentes ? Ce que tu dis aussi avec d'autres mots.

Bonne route Marie-Hélène ! Après t'avoir lue, j'ai envie de dire : elle ne peut qu'être bonne ! :happy:

Bien amicalement,
Ruth

Ruth – E6

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Bonjour Ruth et lecteurs de cette discussion,

Ma mère, qui est aux cieux depuis 6 ans, était je pense, une 4 (difficile de "post-typer" ses parents…). Je l'entends à travers vos paroles : "Marie, j'aurais tellement aimé comprendre tout ce que tu comprends maintenant, à ton âge." Mais en réalité, c'est grâce à elle que, depuis mon enfance, j'ai développé une conscience plus "aiguisée", disons, que la moyenne des gens de mon âge. C'est mon héritage maternel.

Un 6 qui ne demande rien et qui reçoit des gens toute cette énergie positive ne peut qu'être doublement heureux.

Il me semble que c'est particulièrement difficile pour lui de lâcher prise et de ne se contenter que "d'être" sans rechercher toujours, comme tu le dis, "quelque chose, quelque part". Mais en même temps c'est une force du 6 que tu as bien exprimée dans un de tes messages précédents : "Je crois bien que cette impression de problème à résoudre pour combler un manque a été le moteur de ma vie, ma raison de vivre même." C'est vrai, cela peut devenir obsessionnel, mais lorsque le moteur ne surchauffe pas, le 6 peut être très motivé à l'idée de "rendre les choses meilleures", justement parce qu'il voit clairement ce qui ne va pas. C'est facile pour lui d'anticiper le danger. Mais vient un temps où le 6 doit transformer ce danger en défi.

Lorsque le 6 s'intègre dans ses relations et qu'il cesse un peu de se projeter dans l'avenir, dans les autres, de fuir le présent et de rechercher à tout prix la "solution", il devient vraiment plus "relax". Il ne cherche plus autant à avoir l'approbation des ses "figures paternelles" (dans mon cas, c'est bien du manque d'approbation du père que vient je pense l'identification au groupe et à l'autorité), il apprend à se faire confiance.

L'ennéagramme a été pour moi un outil des plus éclairants pour comprendre la dynamique de ma personnalité. Je pensais que j'étais une leader, fonceuse et forte, et je ne voyais pas que mes attitudes rebelles étaient une autre façon de me conformer ou d'exprimer mon insécurité. Certains éléments de l'Ennéagramme m'ont énormément choquée, au début. Quand je voyais des expressions comme "le 6 est un soldat", "le 6 est un bon exécutant", je réagissais très fortement. Moi ? Un simple subalterne ? Jamais ! Je voyais cela comme un signe de faiblesse et un manque flagrant de potentiel que d'être celle qui "se fait dire quoi faire".

Plus tard, j'ai compris à quel point je recherchais cela, même lorsque j'étais en position d'autorité. J'ai une grande difficulté à assumer mes décisions. Je réagis souvent comme une enfant qui a peur de faire une gaffe et de se faire prendre. Si j'ai tort, je dois trouver des excuses à mes comportements. Je dois trouver une échappatoire, remettre la responsabilité sur le dos d'un autre, d'une situation, de ceci ou de cela. Du type "oui, mais…", incapable d'accepter la critique avec maturité, même en blague, toujours sur la défensive et prête à me défendre des accusations portées contre moi (enfant j'étais particulièrement susceptible, mais on m'a exercée !). Au fond, c'est cette attitude irresponsable et immature qui devient agaçante pour les autres. J'ai observé d'autres 6. Je sais que ça peut taper sur les nerfs lorsque l'on est incapable de discuter avec une personne parce que celle-ci "prend tout personnel".

Pour moi, c'est une peu une autre facette des problèmes relationnels que le 6 peut rencontrer avec le groupe ou l'autorité.

Ça fait presque 5 ans que j'étudie l'Ennéagramme et au début tout cela était flou et en même temps un peu trop simple. Maintenant, je vois un peu plus la complexité du processus et, en même temps, c'est plus clair. Je comprends mieux les mécanismes de base de mon type et si je devais recommencer à apprendre à partir du début, j'essaierais davantage de me concentrer sur ces éléments essentiels plutôt que de me perdre dans tous les détails relatifs à la description du type, aux ailes, etc.

Ma notion "d'autorité" a énormément changé depuis quelques années, grâce à mes lectures, à mes études, et à la contribution des gens de ce panneau, particulièrement de Fabien qui m'a renvoyée à moi-même bien souvent et qui m'a aidée à objectiver un peu. Pour moi, avoir besoin de sécurité, être loyale, c'était vraiment moche et je ne voulais pas être une personne moche. Je voyais vraiment le 6 comme un petit mouton dans un troupeau et ça me révoltait. Avec le temps, notre compréhension des choses évoluent. Par chance ! Et on se rend compte que les qualités de notre type sont aussi nobles que celles de tous les autres.

C'est vraiment un changement de perception de nous-même qui se met en place lorsque l'on se met à s'observer à travers un cadre aussi précis et large que l'Ennéagramme. C'est vrai qu'il y a aussi plein de dangers et de désavantages à utiliser ce genre d'outil. Il m'arrive quelque fois de me sentir "inférieure" parce que j'ai eu besoin de ce modèle pour mieux comprendre les autres et me comprendre… Mais, même malgré les inconvénients reliés à l'étude de certaines théories (on devient déformé par la vision que celles-ci véhiculent et la réalité est automatiquement interprétée à travers elles), l'Ennéagramme a été et est encore un outil de libération unique à mes yeux.

L'objection la plus fréquente des gens concernant celui-ci est évidemment que ça met des étiquettes sur les gens. Quelque part, moi aussi, je considère parfois qu'il simplifie la réalité et réduit l'être humain. Mais cette idée est aussi une théorie réductrice qui catégorise. Car dans la pratique, et c'est bien là ma préoccupation première, l'Ennéagramme nous donne des clefs précieuses qui nous permettent d'ouvrir les portes de notre âme et de sortir en même temps de notre perspective biaisée du monde et des autres. Je pense que ça prend beaucoup de jugement pour utiliser de tels outils de manière constructive. Il faut se rappeler souvent de ne pas tomber dans les pièges faciles et s'armer de patience pour le travail incroyable qui nous attend.

Je peux affirmer, toutefois, que le travail aboutit à des résultats. Il faut des fois prendre du recul, revenir, et combiner notre travail avec l'Ennéagramme à d'autres outils de développement (méditation, exercice physique, thérapie, il y a tellement de moyens de s'actualiser). Mais ce qui compte est que l'Ennéagramme nous aide à définir ce que l'on sent, ce qui nous cause des frustrations et des problèmes au quotidien. Il nous aide à mettre des mots sur certaines réalités qui concernent l'être humain.

Le langage est tellement important pour l'évolution de l'homme, car en lui réside la nature même de ses idées et de ses aspirations.À travers le langage de l'Ennéagramme, j'ai assimilé de nouveaux concepts et intégré une nouvelle façon de comprendre l'être humain. Au-delà de la typologie, l'outil est d'un richesse inestimable sur le plan de la compréhension de la réalité humaine. Et ce qui est merveilleux avec l'Ennéagramme, c'est qu'il combine, justement, les différents aspects de l'être et redonne de la valeur à toutes ces dimensions.

Avez-vous l'impression de lire une info-pub ? Non, non, on ne m'a pas payée pour dire cela ! J'y crois ! C'est vrai, il y a des valeurs véhiculées par le modèle comme par tout autre modèle. Pour ma part, j'adhère au système de valeurs de l'Ennéagramme qui harmonise merveilleusement l'aspect spirituel (recherche d'un sens à l'existence), émotionnel (les relations que l'on entretient avec les autres et nos sentiments intérieurs), intellectuel (l'analyse et la rigueur scientifique) et instinctif (incite à se relier à son corps).

Grâce à l'équilibre du système, je pense que ce dernier peut être un excellent guide en nous aidant à réorienter notre vie vers ce que nous avons délaissé pour retrouver une forme d'harmonie dans notre existence.

Mon témoignage peut sembler un peu hors-sujet. Mais il symbolise un peu l'anti-problématique du 6 dans le sujet qui nous intéresse. Au fond, ce que je raconte reflète en quelque sorte le chemin parcouru par rapport à la question posée dans cette discussion. Cela relate la façon dont l'Ennéagramme m'a aidée à travailler un peu sur la question.

Et étrangement, même si la problématique me concerne de très près, je me rends compte qu'elle ne suscite pas autant de questions et de réactions émotives, de confusion qu'elle l'aurait fait auparavant. Pour moi, le processus de transformation du 6 dépendant de l'extérieur est vraiment une démarche d'intériorisation de ses forces et d'acceptation de ses faiblesses. Et j'ai envie de dire aux sceptiques que parfois, même en 6, on a vraiment la certitude du mieux.

En espérant, toujours, que les lecteurs trouveront une pertinence dans ces propos. J'ai un besoin d'explicite tellement aigu que je vois tout ce qui n'a pas été dit, tout ce qui a été superflu et redondant, mais j'ai écrit ce message, comme les autres, avec mon cœur et j'ai confiance que vous y trouverez sûrement un petit quelque chose à vous approprier.

À bientôt,
Marie-Hélène

Marie-Hélène, E6 alpha, aile 7, conservation

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Fabien Chabreuil

Bonjour Ruth et Marie-Hélène,

Marie-Hélène, c'est une vraie joie de te voir intervenir à nouveau sur ce panneau de messages. :heart:

Qu'ajouter à tes très pertinentes analyses ? Rien, sauf la réponse à quelques questions techniques de Ruth posées dimanche et auxquelles je n'ai pas eu le temps de répondre avant aujourd'hui.

Ruth, ton message de ce dimanche rend effectivement l'hypothèse d'une variante mu possible.

Ceci dit, il est délicat de trouver la variante uniquement en analysant les périodes de stress. Prenons un 6 mu. La hiérarchie des centres est : mental-instinctif-émotionnel-[mental]. Sous stress, la répression du mental l'emporte et la hiérarchie visible des centres devient : instinctif-émotionnel-mental. Il y a effectivement impulsion à agir. Mais si le stress augmente, il y a désintégration en 9 avec tout ce que cela sous-entend de risque d'inertie.

Il faut donc confirmer ton hypothèse mu dans ton fonctionnement quotidien. À ces moments-là, derrière le mental, qu'est-ce qui est le plus présent, l'émotionnel ou l'instinctif ?

Quant aux stages, une fois le niveau de Bases atteint, il n'y a pas de règle. Cela dépend de tes désirs et objectifs. S'agit-il plutôt approfondir la connaissance de soi (stages Communication, Centres, Sous-types, Ailes, Entreprise, Connexions), de se libérer des automatismes de son type (stages Essence, Éveil, Pardon, Intuition, Néti néti, Connexions) ou de se servir de l'Ennéagramme dans la vie courante avec d'autres personnes (stages Communication, Négociation, Détermination, Entreprise, Connexions) ?

Très cordialement,
Fabien

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Merci Fabien pour ces précisions.

Je vois qu'il est demandé de suivre le stage de Bases avant de s'inscrire aux autres. En bonne 6 qui cherche à éviter la déviance (et qui en ce moment ne ressent aucun besoin de se situer "contre"), c'est ce que je vais faire. C'est d'ailleurs peut-être mieux. L'ennégramme en solitaire comporte un risque accru de projection, d'y trouver ce qu'on a envie. Merci pour tout ce qu'il y a déjà sur ce site.

Bien amicalement,
Ruth

Ruth – E6

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  • 3 weeks later...

Bonsoir à tous,

Je m'appelle François, j'ai 28 ans, je suis 6 mu et c'est la première fois que j'écris sur ce panneau (d'ailleurs, j'ai déjà perdu par mauvaise manipulation un texte d'une vingtaine de lignes !). Fabien, notre discussion de cette après-midi me pousse à affronter ma peur. Mon problème du moment, je pense, se situe dans la relation au groupe et dans le rapport à l'autorité. Pour expliquer ma situation, je vis un réel malaise dans mon entreprise et je doute horriblement à savoir si mes peurs sont la cause de mon malaise ou bien l'environnement est franchement hostile ! Ce qui est sûr, c'est que je refuse de vivre dans une relation au pouvoir et dans le mensonge. Je croyais être attiré par le pouvoir, mais je me rends compte que je suis attiré par la sécurité des hommes de pouvoir, que j'aimerais aussi avoir. Ils me semblent tellement sûrs d'eux, dans le sens où ils ont accès à un monde de certitudes qui n'est malheureusement pas le mien. Pourtant, je sais que je ne veux pas de ce modèle, mais je n'arrive pas à muter cette "énergie de peur" en amour, comme dit Marie-Hélène.

 

Je sens un tournant, une irrépressible envie de vivre mieux, pour moi et les autres. Je sais avoir une énergie colossale, réellement, mais comment m'ancrer dans le présent et balayer les peurs du futur ?

François – E6 mu, aile 5, C+ S= X+

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Bonjour François,

Je m'en tiendrai à un aspect de ton message.

La transformation d'une énergie de peur en énergie d'amour (c'est là une conception assez personnelle de la chose) ne se réalise pas de manière systématique. Elle demande à chaque fois un effort et il arrive souvent qu'on échoue. On devient un peu plus habile avec la pratique, mais à mon avis, la capacité à se transcender n'est jamais acquise.

Dans une autre conversation (Comment savoir si quelqu'un est dans son essence ?), nous parlons de certains moments où il nous arrive d'atteindre, de façon plus ou moins éphémère, un état interne supérieur que Fabien a défini comme des expériences spirituelles singulières, et Dominique comme des états de grâce (consulter ladite conversation pour les nuances !). Ces moments se distinguent de notre niveau général de développement spirituel et nous donnent un aperçu, en quelque sorte, d'une étape supérieure qu'il nous est possible d'atteindre. Comme si nous avions accédé momentanément à un degré de conscience plus élevé.

Permettez-moi de contextualiser mes propos. En décembre dernier, mon père s'est enlevé la vie. (Pardonnez-moi, ceux qui l'ignoraient et qui ont suivi mon cheminement depuis ses débuts, d'introduire ce sujet maintenant et de cette façon… Mais y a-t-il un bon moment et une bonne façon ?) Sa mort a été un "choc", autant psychologique et moral que spirituel. J'achevais, une semaine avant l'événement, une thérapie qui m'avait fait le plus grand bien. Je me sentais mieux par rapport à mes douleurs passées et prête à avancer avec confiance dans l'avenir. Mais voilà que cet événement tragique survient dans ma vie et qu'il ouvre devant moi une infinité d'avenues entre la désintégration et l'intégration : sombrer, être dominée (encore une fois) par la peur ou canaliser, transformer et utiliser la peur pour me régénérer et semer le "bien" et la sécurité autour de moi… Une façon pour le 6 d'être autonome…

Les circonstances entourant cet événement m'ont insufflé une force que jamais je n'avais ressentie auparavant. Je me sentais comme guidée, j'avais une foi inébranlable, je découvrais une force nouvelle en moi. Il y a comme un grand mystère qui entoure l'événement et ma réaction autant interne qu'externe par rapport à celui-ci. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais pour moi, ce fut comme une grande révélation sur le sens de la vie, une révélation qui m'a amenée à dépasser tout ce que j'avais été jusque là.

L'expérience évoque en moi l'image (en cette période de Jeux Olympiques) d'une performance sportive extraordinaire, pendant laquelle toute ma pression intérieure a été mutée en motivation puissante qui m'a permis d'accéder à un état intérieur jamais égalé auparavant.

Pour moi, ce fut comme un instant de grande lucidité, de paix intérieure, et malgré les désagréments du quotidien, je sais que j'ai été très proche de ce que je peux être de mieux dans mon existence. A ce moment, j'avais conscience de toute ma vie intérieure, de la vie extérieure et je parvenais à harmoniser parfaitement les deux. Lorsque je ne le pouvais pas, je lâchais prise. J'avais l'impression de voir à travers les gens, j'étais capable de les comprendre et de pardonner, c'est moi qui allais vers eux pour les réconforter, je savais quand pleurer, quand rire, quand me reposer, j'acceptais, c'était comme une sagesse infinie qui émanait de je-ne-sais-trop-où en moi.

Je sais que cet événement a transformé à jamais ce que je suis, même si ma conscience n'est pas aussi claire qu'elle le fut pendant les premières semaines qui ont suivi la mort de mon père. Je sais ce que mon type a dans le ventre, ce qu'il est capable de donner et ce qu'il doit faire pour évoluer. Je me suis détachée du groupe et de l'autorité, je suis un être à part entière. En même temps, mon sentiment d'appartenir existe sous une forme différente. Je m'appartiens et donc, je peux être un membre significatif du groupe.

J'ai compris que tout n'est que question d'orientation, de choix, de perception, d'attitude. J'ai décidé de concentrer mon attention sur du positif, difficulté principale du 6. En plus, mon père était de type 6, également, et il me semble que j'ai vu là un exemple extrême de désintégration qui me fait si mal que je n'ai d'autre choix que de voir en lui l'occasion d'orienter ma vie différemment de celle de mon père. Ma conscience à ce sujet dépasse largement mon vocabulaire, c'est une forte intuition de ce que je "dois" faire. Les mots de mon "type" ont une nouvelle connotation. Une belle connotation. Je sais quel est mon vrai devoir, je sens la loyauté, j'oriente mon coeur vers la confiance en moi. Et cela, j'essaie de le faire dans la simplicité.

Chaque jour, je demeure à l'écoute, présente au moment et j'essaie de saisir ce qu'il y a de beau et de grand dans les choses les plus banales de la vie. Si je dois reconduire ma colocataire chaque matin au travail, je me demande comment en tirer profit. Je n'axe plus autant ma pensée sur les "dangers", sur les "failles", mais beaucoup plus sur les potentialités et sur les ouvertures. Rien n'a changé. Même, la situation, objectivement, s'est détériorée avec la perte du seul parent qui me restait encore. Mais subjectivement, c'est beaucoup mieux. Mon interprétation positive et mon attention dirigée vers "la vie" ont transformé l'extérieur. Mon attitude a vraiment une influence sur ce qui se passe dans ma vie, même si je sais que je suis impuissante face à certains phénomènes.

"Comment t'ancrer dans le présent et balayer tes peurs du futur ?" Pour moi, la réponse est dans ta question. La transformation interrogative est pour le 6 une bonne façon de fuir sa responsabilité face à lui-même.

Lorsque tu "dérives" vers le futur, tu t'en rends certainement compte, alors jette l'ancre dans le présent. Lorsque tes peurs du futurs se mettent à t'envahir, balaie-les. La méthode est simple, c'est de la mettre en pratique qui est difficile. Et l'important est de commencer quelque part. Parce que c'est plus fort que nous, de penser au futur, de se mettre à scénariser, à anticiper, mais ce n'est pas un entraînement exigeant, c'est un automatisme de notre ego. Pour le contrer, il faut le reconnaître et y mettre volontairement un terme. C'est là qu'il faut "remplacer", "transformer", "muter". Au début, ce n'est pas naturel, puis graduellement, en plaçant notre attention ailleurs, ça devient plus spontané.

Si je pense que demain, j'ai une journée horrible et que soudainement mon esprit se met à courir vers elle, échappant au présent… je reviens à moi, laisse aller cette journée, elle appartient à demain. Je me dis qu'il y aura au moins une petite chose que j'apprécierai. Si je n'y parviens pas, je me félicite quand même et je recommence encore. La créativité est une qualité non seulement louable mais aussi utile du 6. Trouve un moyen de stopper le mécanisme de peur qui te fait fuir en avant directement là où tu ne veux pas aller… comme papa a fui en avant pour toujours…

Marie-Hélène

Marie-Hélène, E6 alpha, aile 7, conservation

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Bonjour Marie-Hélène,

Je fais partie de "ceux qui l'ignoraient et qui ont suivi [ton] cheminement depuis ses débuts". En découvrant ton message, mon cœur s'est à la fois empli de tristesse et de compassion devant le nouveau deuil qui t'a touché et de joie et d'admiration devant la qualité de ta réaction. J'ai l'impression de te connaître depuis bien longtemps (même si ce n'est pas objectivement vrai) et de toi, cette qualité ne m'étonne pas. Je souhaite te dire toute ma tendre amitié.

François, après la réponse de Marie-Hélène, il me semble que tout ce que je pourrais dire serait bien pâle. J'attends donc ta réaction pour, si nécessaire, intervenir.

Très amicalement,
Fabien

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Bonjour à vous deux,

Ca fait du bien de parler en profondeur et de savoir que tes interlocuteurs ne trichent pas ! Je vais tenter d'être aussi vrai et digne de votre confiance.

Marie-Hélène, s'ancrer dans le présent est effectivement la solution, et c'est une vérité très forte du 6, mais applicable à bon nombre d'autres types. S'ajoute chez le 6 la fuite perpétuelle, mais de quoi ? De tout sans doute, tout ce qui le pousse à regarder ce grand vide qu'inspire sa peur de ne pas s'en sortir seul, de ne pas avoir les moyens de le faire. Personnellement, je ressens la fausseté de cette analyse parce que je sais que je peux le faire. Dans mes nombreux moments contre-phobiques, j'ai bien vu combien, même la peur au ventre, je pouvais relever le défi. Et plus ce défi était important, plus intuitivement je savais que j'allais le réaliser. Aujourd'hui, je me retrouve avec un handicap physique qui m'empêche de me sentir comme les autres : je suis sourd d'une oreille. En soi ce n'est pas insurmontable, mais pour moi c'est un drame parce que je puisais ma force de réaction dans une puissance physique qui me tenait debout même sans repos pendant des mois. Je sais désormais que j'ai des limites, alors que je les ai toujours refusées et repoussées ! Ma paix repose en grande partie sur le traitement de ce malaise, je le sens. C'est comme si je n'arrivai pas à passer à une vitesse supérieure tant que je n'aurais pas "récupéré" l'audition. C'est absurde, mais bien mon cas. Du coup, dans la relation à l'autorité, je baisse parfois les bras parce que ma confiance est entachée, non seulement mon manque de confiance de 6, mais aussi ma remise en question physique.

 

En résumé, l'intégrité physique quand elle est atteinte chez un 6 bouscule ses repères déjà difficiles. Le corps est une part importante selon moi du parcours personnel du 6 vers son essence.

Bien amicalement,
François

François – E6 mu, aile 5, C+ S= X+

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Bonjour François,

Je voudrais revenir sur ton message de lundi. Tu t'y interrogeais : "Je vis un réel malaise dans mon entreprise et je doute horriblement à savoir si mes peurs sont la cause de mon malaise ou bien l'environnement est franchement hostile !"

C'est une question très difficile. De toute évidence, on y trouve une belle problématique de 6 : "relation au groupe", "rapport à l'autorité", "doute", "peur". Ceci dit, il arrive que le refus des excès de pouvoir soit parfaitement légitime…

Le problème d'une compulsion (ou passion, ou fixation) n'est pas dans son objet, mais dans le fait qu'il s'agit d'un automatisme. Je crois que toute personne travaillant avec l'Ennéagramme se pose régulièrement la question : "A cet instant, ce que je vis ressemble aux automatismes de mon type, mais ne serait-ce pas pourtant une attitude appropriée ?" La franchise oblige à dire que, le plus souvent, cette question est une astucieuse défense de l'ego.

Je crois qu'il n'est possible de répondre à cette question qu'en sortant du cadre.
Tu peux comparer ta réaction actuelle à celles que tu as eues dans d'autres entreprises ou dans des contextes similaires. S'il y a répétition, alors il y a presque certainement ego.
Tu peux aussi comparer ton point de vue sur cette entreprise à celui d'autres personnes la connaissant et d'un type différent du tien. Plus il y a divergence, plus il est probable qu'il y ait ego.

Supposons que ta réaction soit égotique et que l'environnement ne soit, en réalité, pas si "franchement hostile" que cela. Tu as alors deux possibilités.
La première consiste à rester dans cet environnement et à l'utiliser comme moyen d'intégration. C'est très difficile à faire et cela risque de générer un stress pénible à vivre pour toi et pour tes proches. Si tu choisissais cette solution, je te conseille de te faire accompagner par un coach.
La seconde consiste à trouver un autre environnement de travail auquel ton ego soit moins sensible. C'est la solution de confort, confort qu'il importe de ne pas confondre avec l'intégration. Il n'y a pas d'environnement humain sans relations de pouvoir et donc sans risque de malaise pour un 6.

Dans ce même message, tu écrivais : "Je suis attiré par la sécurité des hommes de pouvoir, que j'aimerais aussi avoir."

Pendant des années en entreprise, j'ai cherché le pouvoir parce que je croyais que plus on avait de pouvoir, plus on était libre. Et oui, chacun selon sa compulsion…! :sad:
J'ai compris un jour que le pouvoir n'apportait pas la liberté. Je crois qu'il n'apporte pas non plus la sécurité. Ces qualités ne peuvent venir que de l'intérieur, et non pas d'une quelconque source extérieure.

Bien amicalement,
Fabien

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Bonjour Fabien,

Si je compare ma réaction à celles que j'ai pu avoir dans d'autres contextes et dans des conditions à peu près analogues, effectivement ma tendance "naturelle" est de remettre en cause l'organisation et l'autorité comme étant un frein à mon développement professionnel, que je transpose immédiatement au niveau personnel. Ca en devient un point presque incontournable pour que j'aille mieux : déstabiliser le pouvoir en place. Généralement, je me bats de manière à prouver à ce pouvoir qu'il a tort, que je suis dans le vrai et que son comportement est intolérable. Ceci intervient après une longue remise en question où je me pose comme le responsable de la situation, donc le fautif. Puis, je me raisonne et j'estime alors que la seule solution est de renverser le pouvoir et quand je me rends compte que le pouvoir en a pris plein la gueule, alors je quitte l'environnement qui devient franchement irrespirable. Voilà, à brûle-pourpoint ce que je peux te dire.

En ce qui concerne la situation actuelle, il y a, je pense, des deux :

  1. Je suis devant un beau spécimen de 3 qui ment comme il respire et ce qui me tue c'est qu'il croit être le défenseur de tous alors qu'il ne marche que pour lui et uniquement pour sa pomme ;
  2. Il a un boss 7 qui ne prend aucune décision et oublie deux jours plus tard ce qu'il a bien pu décider ;
  3. Je suis également dans mon ego et je suis paralysé par la situation jusqu'au moment où, par période, j'explose et je me rebelle franchement, généralement par mail interposé et ça fait très mal.

J'ai abandonné le point 3 parce que j'essaye de grandir :wink: et que ça ne sert à rien.
D'instinct, je penche pour le coaching et la bataille…

 

À très bientôt, Fabien.
Très amicalement,
François

François – E6 mu, aile 5, C+ S= X+

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Bonjour François,

 

J'ai comme un doute. :laugh: Je ne suis pas certain d'avoir été assez précis dans mon message précédent.

 

Du point de vue de l'Ennéagramme, le choix n'est pas entre combattre ton environnement ou le fuir. Ceci serait le choix entre un ego phobique et un ego contre-phobique.

 

Le choix est entre l'intégration et l'intégration et tu prends l'option que tu veux du moment que c'est l'intégration. :laugh:

 

La première option consiste à rester dans ton environnement professionnel, non pas pour t'engager dans une bataille contre lui, mais pour l'utiliser comme un outil de développement personnel. Il s'agit de profiter du fait que cet environnement active ton ego pour mieux t'observer, mieux comprendre comment tu exprimes les automatismes de ton type, mieux les interrompre. C'est en ce sens que je disais que cette option était très difficile : il s'agit d'activer les mécanismes de ton ego, sans les laisser s'appliquer. C'est, comme je le disais hier, une source considérable de stress qui, je crois, nécessite un accompagnement pour être supporté.

 

La deuxième option consiste à faire le même travail, mais dans un nouvel environnement choisi pour déclencher avec moins de force les automatismes de ton type.

 

Très amicalement,

Fabien

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Bonsoir Fabien,

Le message avait été bien compris, mais l'humour du centre mental peut il échapper à un 7 ? :wink: Je plaisante, bien sûr. Je n'étais pas assez précis. Je crois sincèrement que l'option de rester est une bonne voie, mais à certaines conditions comme la redéfinition de mon poste de travail actuel. Je m'y emploie et je n'ai pas hésité à en toucher quelques mots aux RH.

Je voudrais nuancer mes propos du 15 février, car j'ai été dur et j'ai sans doute manqué de discernement quant à ma hiérarchie : le portrait n'est pas si noir et j'ai décrit là des moments où ces personnes étaient dans une phase proche de la désintégration. Le mensonge de ce 3 ou le manque de prise de décisions de ce 7 ne sont pas si fréquents, heureusement, et puis ma propre propension à me méfier des personnes est aussi là pour accentuer le phénomène. Je tenais à le noter par honnêteté. Et puis, l'environnement ne dépend pas que de deux personnes, d'ailleurs trois avec moi. :wink:

 

Le stress sera présent, mais il est surmontable avec des appuis externes. Je suis confiant ! Si si. :wink:

Bien amicalement,
François

François – E6 mu, aile 5, C+ S= X+

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Bonjour François,

"Le message avait été bien compris, mais l'humour du centre mental peut il échapper à un 7 ?"
Le 7 utilise son centre mental vers l'intérieur. Cela veut peut-être dire que le seul humour qu'il saisit vraiment est le sien ! :laugh: / :sad:
Ceci dit, et je suis certain qu'un 6 me comprendra, il s'agit d'un domaine où il est mieux d'être prudent. L'ego, le mien en tout cas, déforme parfois ce qu'il entend…

Très amicalement,
Fabien

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