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Agoraphobie


Miranda

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Bonjour,

 

J'aimerais savoir quelle est la meilleure façon d'aider mon fils de 18 ans qui souffre d'agoraphobie avec trouble panique depuis deux ans. Il est un 6 dans l'ennéagramme.

 

Voici brièvement son histoire. Enfant unique, il a toujours été nerveux à l'école. Il a fait ses premières attaques de panique à l'école à l'âge de 16 ans et la situation a dégénéré au point qu'il n'arrivait plus à sortir de la maison. Jusqu'à présent, nous avons consulté 4 personnes. D'abord, une infirmière qui se spécialise dans la relation d'aide auprès de personnes phobiques. Le résultat fut catastrophique, car elle imposait à notre enfant d'affronter ce qui lui faisait le plus peur (l'école) sans progression aucune. Nous avons ensuite rencontré une psychologue (formée en psychologie transpersonnelle). La relation fut bonne mais notre fils a abandonné car il lui était trop difficile de se rendre chez elle. La troisième personne avait une formation en psycho-kinésiologie et affirmait pouvoir guérir la panique en une seule séance. Elle vint à la maison à sept reprises. Sa technique ne fonctionnant pas, elle affirma que je ne désirais pas que mon fils guérisse, ce qui expliquait son échec (Elle ignore toute la souffrance et le désarroi, non seulement des personnes phobiques mais aussi de leurs parents ; bref, par ignorance, elle a ajouté à un fardeau déjà lourd à porter). Actuellement, notre fils rencontre un psy. Après 6 rencontres (ce psy vient à domicile), il nous a dit que la relation entre notre enfant et nous n'était pas conflictuelle et que nous savions bien le soutenir. Cependant, même si la relation de confiance s'est bien établie entre ce psy et notre fils, il n'y a pas d'amélioration de son état. Il a toujours peur de s'éloigner du domicile (il fait une formation collégiale à distance).

 

Actuellement, pour l'aider (son psy est en vacances pour deux mois), nous appliquons les méthodes inhérentes à l'approche cognitive-comportementale expliquées dans le livre "La peur d'avoir peur" écrit par deux psychologues. Nous avons aussi d'autres lectures que nous suggérons à notre fils. Mais nous aimerions savoir s'il y a une approche qui convient mieux aux 6.

 

Par ailleurs, j'aimerais préciser que je (sa mère) suis une personne anxieuse. Aussi, comme nous n'avons qu'un seul enfant et que nous l'aimons au-delà de ce qui est dicible, nous l'avons peut-être surprotégé. Enfin, il y a, dans ma famille (soeur, nièce) d'autres cas de troubles anxieux allant jusqu'à la panique.

 

Quant à notre fils, il est déterminé à s'en sortir et est inquiet quant à son avenir. C'est une personne très brillante, qui s'intéresse à beaucoup de choses. Il a beaucoup d'humour, aime faire plaisir (quand nous sortons avec lui, il a toujours peur de décevoir en ne se rendant pas loin, même si nous lui disons que ce qui importe, c'est d'essayer).

 

Espérant que toutes ses informations vous éclaireront suffisamment pour m'apporter des éléments de réponse, je vous remercie d'avance. J'aimerai savoir comment l'aider avec l'ennéagramme.

 

Miranda

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Fabien Chabreuil

Bonjour Miranda,

Chaque type de l'Ennéagramme possède ce qu'on appelle un contrepoids égotique (que nous étudions dans le stage Connexions). Le contrepoids égotique du 6 prend des formes variables plus ou mois sévères. L'agoraphobie est effectivement une de ces formes.

On peut donc supposer que l'agoraphobie de votre fils est liée à son type. Ceci dit, êtes-vous certaine qu'il soit 6 ? L'auriez-vous considéré de ce type avant l'apparition de crises de panique ?

Les techniques cognitives et comportementales sont effectivement utiles pour ce genre de cas. Faute d'expériences, je ne sais pas si elles sont suffisantes.

Une personne qui vous dit qu'elle peut traiter un tel problème en une séance, soit vous ment, soit se ment à elle-même. Dans ce dernier cas, il lui faut se justifier à elle-même son échec ; ne tenez pas compte de ce qu'elle vous a dit : la culpabilité n'est pas une solution.

J'ai travaillé plusieurs fois en PNL sur des cas d'agoraphobies. A chaque fois, j'ai trouvé à l'origine un traumatisme, un moment de frayeur qui est parfois resté dormant pendant de nombreuses années avant que quelque chose le réactive et déclenche les crises de panique. Effacer les traces émotionnelles de ce traumatisme a toujours été un tournant dans le traitement, même si bien d'autres choses devaient être faites.

Si vous lisez sur ce site les discussions correspondant au type 6, vous trouverez quelques pistes sur la manière dont ils gèrent la peur au quotidien. Sans que cela puisse constituer une solution complète pour votre fils, cela peut être une aide.

Les techniques que nous enseignons en Ennéagramme, notamment dans les stages Eveil et Essence sont évidemment appropriées. Elles traitent le problème de fond de la compulsion, et nécessitent donc une pratique longue et suivie. Elles ne sont pas des techniques d'urgence et seraient plutôt utiles à votre fils après qu'un travail psychologique lui ait permis de commencer à reprendre une vie normale.

Un 6 perçoit aisément l'angoisse autour de lui et peut avoir tendance à l'intégrer et à l'amplifier. Même si vous n'êtes pas le déclencheur des problèmes de votre fils, il serait aidant pour lui que vous réussissiez à diminuer votre propre anxiété. De plus, ce ne serait pas désagréable pour vous?
Dans le même esprit, quel est votre type ? Et celui des gens avec qui votre fils vit ? Il serait intéressant de savoir ce qui dans le type de chacun peut être anxiogène chez votre fils.

Très cordialement,
Fabien

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Bonjour Fabien

 

Merci d'avoir pris le temps de me répondre. Concernant le type de mon fils agoraphobique, oui nous sommes certains qu'il est un 6 et l'avions déterminé avant ses paniques. Quant à son père, il est un 9 et moi, sa mère, suis un 4.

 

Puisque nous n'habitons pas en France, est-ce que les techniques enseignées dans les stages Eveil et Essences sont décrites dans l'un de vos livres ?

 

Quant à l'éventuel traumatisme dont vous parlez, mon fils a été hospitalisé, durant 10 jours, à l'âge de 22 mois à cause d'une laryngite. Il a été placé sous une tente à oxygène et, à cause des perfusions, a été attaché aux poignets. De calme qu'il était, il est devenu nerveux. Est-ce possible que l'agoraphobie origine de cette hospitalisation ?

 

Je connais quelqu'un qui est formé en PNL, avez-vous autre chose à ajouter à ce sujet ?

 

Merci encore,

Miranda

 

P.S. : Je "travaille" sur mon anxiété depuis quelques années déjà et, oui, ce n'est pas désagréable… :happy:

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Fabien Chabreuil

Bonjour Miranda,

 

Dans la mesure où vous êtes de type 4, vous avez sans doute une grande variabilité émotionnelle qui doit être une source d'anxiété pour votre fils 6. Bien évidemment, ce ne peut pas être le déclencheur du problème, juste un élément de plus dans ce qui l'angoisse dans la vie.

 

Nous n'avons pas (encore ?) publié les techniques des stages Essence et Eveil.

 

L'hospitalisation de votre fils est effectivement le type de traumatisme initial que j'ai pu retrouver dans les cas d'agoraphobie que j'ai traité.

Un praticien PNL compétent sait enlever l'impact émotionnel d'un tel événement, soit en PNL pure si votre fils en a un souvenir conscient, soit en hypnose éricksonienne s'il n'a pas de souvenir conscient (ce qui est possible vu son âge à l'époque).

Un tel travail est très rapide (deux ou trois séances au maximum). Dans mon expérience, il provoque des signes d'amélioration visibles. Si les techniques ont été convenablement faites et qu'il n'y a pas de progrès, c'est que l'événement traité n'était pas le déclencheur.

Comme je l'ai dit dans mon message précédent, cette intervention n'est pas suffisante pour un traitement complet et durable. La deuxième phase est nettement plus longue que la première.

 

Très cordialement,

Fabien (7)

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Bonjour Miranda,

 

Notre fille K. (14 ans) fonctionne en 6, mon épouse en 9 et moi-même en 4 (donc un contexte semblable au vôtre, avec en plus une fille de 17 ans qui fonctionne en 2).

 

Il y a 4 ans, K. a dû consulter un psychologue car elle paniquait dès qu'elle devait nous quitter et donc lorsqu'elle devait partir à l'école. Elle était souvent prise de violents maux de ventre et a dû souvent manquer.

 

Lors de son traitement, il est apparu que K. avait été traumatisée 2-3 ans plus tôt par un accident qui m'était arrivé : j'avais été renversé par une voiture (j'étais à vélo) et lorsque ma famille a été avertie, elle pouvait entendre en arrière-plan la sirène de l'ambulance. Bien que mes blessures furent bénignes (commotion, articulation du genou touchée et gros orteil cassé), K. a vécu très fortement cet événement sans que nous puissions nous en rendre compte car elle n'en a pas parlé.

 

Elle a rencontré sa psychologue (approche comportementale) durant une année. Par chance, cette thérapeute était formée pour travailler avec les enfants et le contact s'est bien établi. K a fait des progrès évidents et ses maux de ventre ont disparu. Ou si cela arrive parfois, elle parle clairement de peur qui lui fait mal au ventre.

 

Il est évident que le traumatisme vécu par K. a été augmenté par son type, puisque notre fille a rapidement montré des signes de crainte au-delà d'une certaine normalité (mais qu'est-ce que la norme ?).

 

Mais il est tout aussi probable que mon propre type avec une amplitude émotionnelle importante n'a pas apporté toute la sérénité à notre fille. Heureusement, cela était compensé par l'égalité d'humeur de mon épouse.

 

Depuis une année, grâce à la connaissance de l'ennéagramme, j'ai corrigé certaines de mes attitudes face à K, surtout lors de moments de peur. Avant, j'avais en effet le tort de vouloir banaliser la source de la peur, ce qui exaspérait encore plus notre fille. Maintenant, j'essaye (et je crois y arriver plus ou moins) d'agir par un dialogue durant lequel K. prend conscience de sa peur et la verbalise. Cela a eu des effets spectaculaires (pour moi en tout cas).

 

Je voulais par ce petit passage simplement vous témoigner de notre vécu quelque peu semblable au vôtre.

 

Cela n'est bien sûr qu'un complément minime à ce que vous a dit Fabien. Toutefois, je tenais à souligner que tout problème peut trouver une solution et qu'il en sera de même pour vous. Pour cela, il faut du temps (comme l'a dit Fabien), de l'amour et du soutien (et en cela vous êtes bien armés !) et une connaissance supplémentaire dans des domaines plus spécifiques, ce qu'apparemment vous acquérez.

 

Je crois donc que vous êtes sur le bon chemin. Deux choses encore toutefois. En tant que 4, je me suis souvent culpabilisé, et particulièrement ces dernières années, de ne pas avoir été le père "idéal" que j'espérais être à la naissance de mes filles, fort d'une formation sociale et d'une expérience que je croyais suffisantes ! Aujourd'hui je constate simplement que ma relation avec K. progresse. Je perçois bien qu'elle a plus de crainte envers moi qu'envers mon épouse, qu'elle a été troublée (pour ne pas dire plus) par ma variabilité d'humeur. Pourtant, nous créons quelque chose ensemble. En tant que 4, nous avons aussi la qualité de nouer une relation et cela est aussi vrai pour nos enfants. K. nous a dit plusieurs fois combien il était important pour elle de pouvoir parler de tout avec nous et qu'on lui dise que nous l'aimions. J'imagine donc que votre fils doit aussi vous être reconnaissant de cette richesse que vous lui avez apportée et qui n'est pas forcément évidente ! Deuxièmement, je viens d'apprendre au stage Connexions qu'un enfant 6 est souvent connecté à la figure parentale protectrice (souvent le père) si celle-ci a joué pour lui un rôle de modèle. Ce n'est qu'une piste de réflexion, mais peut-être que votre mari, qui possède en plus une orientation de soutien et d'acceptation, pourrait développer une activité spécifique en commun avec son fils (si cela ne se fait pas déjà bien sûr). En plus des thérapies, qui sait, peut-être que cela pourrait apporter un sentiment de sécurité supplémentaire. Et un père 9 peut apporter beaucoup en stabilité.

 

Bon courage.

 

Amicalement,

Gabriel 4

Gabriel - Une vision multicolore de la vie - Type 4 alpha, aile 3, C=/- S-/+ X+

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Bonjour Miranda,

 

Comme je le disais dans la discussion "Type 6 - Lâcher prise", je ne sais plus guère comment apporter d'eau au moulin de ce panneau… Mes connaissances thérapeutiques sont minimes. Mais cette discussion m'interpelle particulièrement.

 

Aussi, si je n'entrevois pas directement de solutions possibles au problème de votre fils, l'expérience que j'ai vécue à l'aube de l'âge adulte, dont une partie se retrouve dans les discussions auxquelles j'ai participé pendant cette même période (à partir de 1997), peut peut-être apporter un éclairage sur la manière dont peut se manifester de tels troubles (panique, angoisse, anxiété, agoraphobie) chez le 6 lorsqu'il est sous l'emprise totale de sa passion.

 

J'ai vécu des troubles paniques (quoiqu'assez minimes) pendant environ une année, soit en 1997-1998. J'avais alors 20 ans (J'aurai 24 ans en septembre). Deux ans auparavant, en octobre 95, alors que je venais d'avoir 18 ans, ma mère décédait des suites d'un cancer décelé neuf mois plus tôt. J'étudiais en communication à l'époque (deuxième année d'un programme collégial de trois ans) et avais une vie sociale active. Ces deux aspects de ma vie, combinés à divers moyens de compensation (luxure, drogues douces, alcool, sorties, hypersomnie) ont alors été ma porte de sortie.

 

Mes parents - père 6 et mère 4 (?) - se sont séparés alors que j'avais 4 ans. J'ai toujours vécu auprès de ma mère, et de mon frère (9) de deux ans mon cadet. Mon père est un homme doux, mais il était alcoolique et absent, et je me suis toujours sentie abandonnée par lui. Ma mère était chez nous la figure protectrice, patriarcale, à laquelle je m'identifiais. Je n'ai jamais ressentie de crise d'insécurité (du moins consciente) extrêmement aiguë durant mon enfance et mon adolescence. Ma mère était ma sécurité. J'ai été une élève plutôt modèle au primaire, plutôt rebelle au secondaire (rébellion que j'attribue à mon ambivalence face à l'autorité (symbolisée alors dans ma vie familiale par un père en qui je n'avais pas confiance). Lorsque la maladie de ma mère s'est déclarée en janvier 95, tout s'est passé extrêmement rapidement. Les médecins ont découvert une tumeur au cerveau et l'ont opérée la journée suivante. Nous avons appris par la suite que cette métastase provenait d'un cancer des poumons d'un stade déjà trop avancé. Les émotions vécues alors étaient trop fortes pour moi. Je me rappelle du moment précis où voulant éclater en sanglots, j'ai vu ma vie se briser en mille morceaux. Le noir. J'ai refoulé la douleur, alors trop immense, et l'ai fuie. Moi qui aurais naturellement pleuré jusqu'à épuisement, j'ai violemment repoussé la douleur. Elle m'a poursuivie. J'ai alors commencé à faire des rêves extrêmement traumatisants (paralysée dans mon lit, suante, tremblante, morte de peur). J'ai encore de ces rêves parfois. L'état de ma mère a empiré et elle nous a quitté dans une condition physique misérable dont l'image m'a marquée à jamais. Je suis retournée habiter avec mon père dans la maison de mon enfance. J'y suis encore depuis afin de terminer en 2001-2002 mes études universitaires en éducation (programme de quatre années) dans ma ville natale.

 

Les deux années qui ont suivi le décès de ma mère se sont déroulées dans un état de conscience plus ou moins altérée. En juillet 1997, après avoir obtenu mon diplôme d'études collégiales, j'ai entrepris un voyage de trois mois en auto-stop avec ma meilleure copine. La fuite en avant. J'ai cru rencontrer l'amour de ma vie là-bas, à l'autre bout du pays. J'ai placé mon entière confiance en ce jeune homme, j'étais alors très vulnérable et promettait d'être fortement dépendante de cet homme. Comme ma vie n'avait plus de sens, j'ai mis tout mon espoir en cette relation que je croyais "salvatrice" de mon âme. Encore la fuite. L'homme m'a trahie (Evidemment… C'était logique !). Mon dernier bonheur venait de mourir, ma dernière sécurité affective avait été non seulement menacée, mais gravement atteinte dans les faits.

 

C'est là que les choses ont commencé à devenir insupportables. Je ne pouvais plus fuir. A mon retour, divers troubles physiques sont apparus (colon irritable, acouphènes, étourdissements, etc.), les cauchemars s'intensifiaient. Dépression et troubles de panique possibles, m'avait dit mon médecin, alors que je commençais, à l'hiver, mes études en éducation. Il m'a donné une boîte de pilules pour contrer l'anxiété. Je ne les ai jamais prises (j'avais peur de devenir dépendante). Je n'avais pas les moyens de voir un psy. La travailleuse sociale que j'avais vue ne me paraissait d'aucune aide (je suis difficile à satisfaire dans ce genre de choses… mon mental étant très exigeant quant aux compétences des professionnels), un "guide spirituel" rencontré à l'université me paraissait bien gentil et généreux, mais sans plus, j'abandonnai les rencontres après deux sessions.

 

J'étais devant rien. Ma vie n'était plus rien. Je n'avais plus aucune motivation. Aucun goût de vivre. Moi qui avais toujours été une personne sociable, je refusais de voir les gens. Et dès que je franchissais la porte de l'Université, les palpitations commençaient. Moi qui avais toujours obtenu d'excellents résultats scolaires (tout ce qui me restait à l'époque) et qui avais hâte aux examens, j'avais failli m'effondrer pendant une épreuve de linguistique. Sueur, étourdissements, mal d'estomac.

 

Je sentais la panique présente, chronique, comme tous les maux qui l'accompagnaient. A 20 ans, les problèmes de santé que j'avais me paraissaient énormes. Deux troubles chroniques en une seule année. J'avais peur de mon ombre, peur de sortir, peur des gens.

 

Et un rêve me hantait. Un agresseur, la fuite, des lieux complexes. Un agresseur que je ne voyais pas le plus souvent. Mais moi qui courais. Un jour, dans un rêve, derrière moi, un trou ; devant moi, la peur. J'étais coincée. (Je bénis les rêves pour la compréhension si métaphoriquement juste qu'ils nous procurent). Ce rêve était la manifestation la plus dramatique et la plus juste de mon état intérieur. Coincée, paralysée. Je ne pouvais ni reculer, ni avancer. J'étais dominée par la peur, l'insécurité primaire. Ma vie était menacée.

 

Je voudrais ici citer Fabien dans un message qu'il a envoyé le 21 mai dernier dans la discussion "5 introverti avec parfois des comportements extravertis" : "L'ego est convaincu qu'il est la seule solution, le seul moyen de vivre. Le retour vers l'essence est perçu par lui comme un risque mortel et il se protège de ce risque en lui associant et en associant à l'essence une sensation de vide. Quand nous nous connectons à ce vide, il y a généralement une grande souffrance, mais si nous réussissons à aller derrière le vide (et aussi avant le vide), alors il y a l'essence."

 

Ce message a été vraiment significatif pour moi. Expliquant, d'une certaine façon, ce cauchemar répétitif qui poursuit mes nuits à intervalles plus ou moins réguliers. Un jour toutefois, j'ai affronté ma peur en rêve (je n'avais plus d'autre choix, sinon c'était la mort !). J'ai vécu pendant une fraction de seconde la souffrance la plus intense de ma vie, puis la paix.

 

Il est impossible pour moi de conceptualiser précisément cette période noire de ma vie. Mais elle me semble une manifestation des plus véritables de la passion du 6. Ayant perdu la sécurité, mon ego, par ma peur, me contrôlait totalement. Je ne pouvais plus sortir dehors, car pour atteindre la sécurité, je me devais plus que jamais d'éviter de dévier. Tout s'est enchaîné. Perte de confiance en moi, peur extrême d'être jugée par autrui. Impossibilité de parler en public (même dans un groupe restreint de connaissances) sans démontrer des symptômes de stress évidents (difficulté à respirer, tremblement, bouche sèche, rougeurs, sueurs).

 

Comme j'étais inconsciente que je cherchais par tous ses moyens la sécurité, mon ego continuait à dominer mon existence et ma compulsion d'éviter la déviance me poussait à me conformer à tous les gens et à toutes les situations que je rencontrais. J'ai vécu la honte, expérimenté intensément ma fixation (le doute), j'ai aussi manifesté les comportements de désintégration du 3 (mon type de désintégration) en me surmenant au travail, en me mentant à moi-même. Je jouais "style over substance" alors qu'au fond je savais que tout cela renforçait mon insécurité.

 

Je n'ai plus de crise de panique aujourd'hui. Ça va mieux. Je crois que ce qui m'a aidé a été de m'intégrer dans un groupe stable. C'est à travers mes études que j'ai retrouvé ma valorisation personnelle, par mes succès scolaires et par le réseau d'amis que je me suis formé depuis. Dans ce groupe, j'ai retrouvé un peu de sécurité parce que j'ai été acceptée par les autres et ai pu exercer du leadership auprès d'eux et de manière plus générale dans mon champ d'études.

 

Mais je sais que je me bats encore beaucoup contre ma peur. Je n'ai jamais suivi de thérapie suite au décès de ma mère et je suis consciente que tout n'est pas encore réglé. Je ne me sens pas bien dans ma peau, si je compare à avant (quand je parle d'avant c'est toujours la période maman). J'ai compensé mon insécurité par le travail, depuis le début de mes études universitaires. Je ne peux pas encore affirmer que je suis heureuse. Pourtant je sais une chose. La sécurité que me procurait la présence physique de ma mère était une dépendance affective. Une fois cette sécurité enlevée, il ne me restait plus rien. Maintenant, il y a encore ce vide. Mais je chemine et je vise, même si c'est long et pénible parfois, à atteindre une sécurité intérieure profonde basée sur l'acceptation de ce que je suis et la confiance en mes propres capacités à prendre des décisions qui assureront mon bien-être. De plus en plus, j'accepte de dévier et de m'affirmer. Mon but est de développer la patience, d'accueillir ce que je suis et surtout de lâcher prise. Je veux toujours tout contrôler, planifier, structurer, pour assurer ma sécurité. (9, je vous admire !)

 

Ma meilleure copine (avec qui j'ai fait le voyage) est de type 4 et elle dit toujours qu'il y a deux types de gens, ceux qui sont heureux mais inconscients de leur bonheur et de leur "chance", et ceux qui ont durement gagné le bonheur à travers la souffrance et qui peuvent l'apprécier avec leur pleine conscience. (C'est typiquement 4 non ?). Mais dans cet ordre d'idées, je crois qu'à travers mon cheminement, je peux atteindre une forme de bonheur qui, même s'il sera différent de celui de jadis, sera celui que j'aurai su atteindre grâce à ma propre force et à mon propre courage.

 

Est-il possible d'associer un sentiment de sécurité à la situation insécurisante que vit votre fils ? Pour moi, ce fut de me retrouver bien ancrée dans le système scolaire, avec les amis, les professeurs, les activités parascolaires, les examens, les études, les cours intéressants ou ennuyeux. C'était dans ce système qui me sécurise que j'ai pu vaincre une partie de mon hostilité du monde qui m'entoure. Il semble que ce qui me sécurise soit précisément ce qui déclenche l'insécurité chez votre fils…

 

Je suis persuadée que celui-ci s'en sortira. Je vous souhaite tout le courage et surtout l'amour nécessaires pour l'aider à traverser cette épreuve qui peut faire de lui une personne profondément forte.

 

Avez-vous lu "Ces gens qui ont peur d'avoir peur ?" d'Elaine N. Aron ? J'y fais allusion dans la discussion : "L'hypersensible, un exemple de 6". Ce livre a transformé ma perception de moi-même et de ma "faiblesse".

 

En espérant que ce témoignage aura pu être une source d'inspiration…

 

Sincèrement,

Marie-Hélène (6)

Marie-Hélène, E6 alpha, aile 7, conservation

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Ah, j'oubliais…

Désolée pour ceux qui auraient une impression de déjà-vu en lisant le précédent message, mais je n'allais pas faire des références à chacune des discussions dans lesquelles se trouvent de l'info concernant le présent témoignage… Ouf ! En plus c'est un peu loin dans ma mémoire et je n'ai pas tout relu… Alors je ne sais plus ce qui a été dit et comment… D'ailleurs le recadrage après quelques temps aide toujours !

 

Au revoir,

Marie-Hélène (6 alpha verbomoteur ;-)

Marie-Hélène, E6 alpha, aile 7, conservation

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