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OK pour la peur, mais j'en fais quoi ?


Simechau

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Incontestablement, je relève de l’ennéatype 6, c’est un fait, je l’accepte.

 

Aujourd’hui, je sais pourquoi la peur est omniprésente chez moi. Helen Palmer l’explique fort bien, je cite : «  Les jeunes 6 devaient prévoir le comportement des adultes, qui risquaient d’exploser sans préciser ce que l’enfant avait fait pour mériter cela. » C’est tout à fait cela en ce qui me concerne.

 

J’avais un père, qui probablement souffrait d’un trouble du comportement. Régulièrement, mais toujours imprévisiblement et soudainement, comme une éruption volcanique sans les fumées annonciatrices, il entrait dans des rages folles, des fureurs vociférantes et hurlantes, incompréhensibles et interminables, perdant tout contrôle de lui-même, la bave aux lèvres, au propre comme au figuré, sous d’innombrables et anodins prétextes.

 

De mémoire d’enfant, d’adolescent, de jeune homme et d’homme, je l’ai vu régulièrement et inexorablement exprimer sa rage sans discontinuer. Rage contre le facteur, son voisin qu’il allait agresser régulièrement, y compris physiquement, le maire du village, l’adjoint au maire, sa compagnie d’assurance, son père, sa femme, un collègue de travail qu’il encadrait (le pauvre), son beau-frère qui lui avait vendu une voiture qui avait eu le malheur de tomber en panne postérieurement à la vente, etc., etc.

 

Il était tellement en rage, qu’il a fini par se tirer une balle dans la tête.

 

Mon émotion familière est donc la peur, et toutes ses déclinaisons en sensations et en mots : le doute, l’angoisse, la terreur, le questionnement, l’anxiété, le soupçon, la perception du risque (imaginaire).

 

Fort de ce constat, je pourrai me dire : il en est ainsi, je fonctionne comme cela, je n’y peux rien, et en plus c’est mon héritage, aux autres donc de s’adapter.

 

Concernant l’héritage, j’ai pardonné à mon père et je dirai que ce n’est pas si difficile que cela de pardonner, mais probablement qu’il n’est possible de le dire que lorsque cela a été éprouvé.

C’est fait. Ouf !

Qu’en est-il ici et maintenant ? Voilà la vraie question.

 

Je ne veux pas rester dans un schéma compulsif nocif, gros consommateur d’énergie à mauvais escient, et perturbateur de relations saines, riches et profitables, que je peux et veux nouer avec autrui.

 

Si la peur est omniprésente, je sais aussi pour l’avoir éprouvé que je peux faire preuve de courage, qu’il m’incombe par ailleurs de distinguer de la témérité contrephobique. Ce n’est pas toujours aisé.

 

Alors voilà donc où j’en suis, et quelle est la méthode et les outils, que je m’efforce d’utiliser.

 

La peur, le doute sont mes compagnons fidèles et omniprésents. Je les accepte et je les vis. Comme je les connais bien ces compagnons, maintenant je les sens en moi, au niveau du ventre notamment. Je sens dans le corps les tensions qu’ils provoquent. Il me suffit d’y être attentif. Je les reconnais, les accepte et les vis. Bienvenue mes amis.

 

Parfois la peur me réveille la nuit. Eh bien je passe une partie de la nuit avec elle, je la vis, je la sens. Je sais qu’elle va s’estomper lentement, ou peut-être qu’elle partira soudainement, elle fait comme elle veut. Alors, j’écris, je bois un verre d’eau, je m’assieds tranquillement. Parfois en écrivant, je trouve la source de cette peur, et elle finit par s’en aller, ou je sais comment je vais faire dès le lendemain pour qu’elle s’en aille.

 

Dans la vie professionnelle, j’ai trouvé quelques astuces pour vivre en bonne entente avec ma compagne fidèle, la peur. Dès que je ressens une inquiétude, que maintenant je sais reconnaître, car j’ai pris conscience de mon fonctionnement compulsif, je fais une action immédiate pour annihiler cette inquiétude, très souvent infondée, pour ne pas dire toujours. Je ne laisse pas ma pensée, mon fonctionnement mental aux combinaisons aussi absurdes que fantasmatiques, se diriger vers d’interminables et invraisemblables théories du complot. Je prends le temps de me rassurer, pour ne pas être dans l’émotion, et je recherche de préférence le contact direct  avec la personne, dont le comportement a généré chez moi la peur. (Je cherche le contact direct, de visu, et le plus immédiat possible,ou le contact téléphonique ou le mail mais le contact direct est pour moi préférable). J’ai un besoin assez constant d’être rassuré, je le sais, je le sens et je le reconnais. Prenant conscience de ce besoin, je me rassure moi-même, en faisant une action, une démarche concrète. J’exprime ce besoin en le formulant et je pose une ou des questions précises, à mon interlocuteur. Comme les questions sont précises et que j’ai bien dit à mon interlocuteur que j’étais inquiet ainsi que les sources de mon inquiétude, en règle générale, il entend, il comprend, et me donne les réponses. Et voilà, c’est réglé, me voilà rassuré.

 

Je pratique également la réassurance en me disant :  « Cette situation-là, tu l’as déjà vécu et tout c’était bien passé. Tu vas donc revivre cette situation, qui est, dans les faits, assez similaire à celle que tu as déjà vécu, et tout va bien se passer, tu l’as déjà vécu. »

 

J’utilise également très souvent, aussi souvent que nécessaire, la destruction de toute suggestion hypnotique, que je parviens à détecter, sur la base de la méthode du stage Éveil.

 

Tout cela demande quand même, une vigilance certaine et constante. Il convient de traquer et cerner la bête, en l’occurrence la peur, de manière constante, car elle est toujours dans les parages et apparait dès que les conditions sont propices à son apparition. Mais maintenant, je suis capable de la sentir.

 

Voilà donc où j’en suis actuellement. À suivre.

Simechau – E6 alpha, C= S -/+ X-/=

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

 

"Aujourd’hui, je sais pourquoi la peur est omniprésente chez moi."

Toute personne vivant ce que tu nous racontes, Simechau, et qui est terrible serait marqué par la peur de voir ce type de scène se reproduire. Ce ne sont pourtant pas elles qui ont fait de toi un 6, mais j'imagine que pour un 6, elles ont été encore plus dures qu'elles ne l'auraient été pour un autre ennéatype, d'autant que l'auteur de ces violences était ton père. :heart:

 

"La peur, le doute sont mes compagnons fidèles et omniprésents. Je les accepte et je les vis."

C'est la meilleure attitude à avoir parce que :

  1. Ton ego sera toujours là et vivra donc des peurs et des doutes ;
  2. Refuser ton ego ne ferait que le renforcer.

Cette acceptation n'est évidemment pas le renoncement à changer dans sa vie le poids relatif de l'ego et de l'essence. Merci de partager tes méthodes personnelles pour gérer tes mécanismes égotiques.

 

"J’utilise également très souvent, aussi souvent que nécessaire, la destruction de toute suggestion hypnotique, que je parviens à détecter, sur la base de la méthode du stage Éveil."

C'est une bonne idée bien sûr. Cependant, comme nous le disons lors du stage, il faut traiter toutes les transes. Si nous n'en traitons qu'une, l'ego s'adapte et utilise les autres. Il s'agit dont de ne pas lui laisser de terrain de repli.

 

"Tout cela demande quand même, une vigilance certaine et constante."

Oui, l'ego étant toujours là, il n'existe pas d'atteinte d'un état définitif où il ne manifeste plus jamais ses aspects négatifs. Le croire serait une illusion spirituelle contreproductive.

 

Très amicalement,

Fabien

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Alice et le lapin

Bonjour à tous,
 

Merci Simechau pour ce courageux témoignage qui m'a ému à plus d'un titre…

 

En tant que 6, je trouve encourageant de savoir que je ne suis pas la seule à vivre ce que je vis, et que surtout il existe des outils me permettant de sortir du cercle vicieux de mes fonctionnements égotiques.

 

Nous savons, tu l'as dit toi même, que cette peur omniprésente est infondée dans la plupart des cas, que c'est donc bien une production de l'ego. L'ego lui se maintient à l'aide des différentes transes hypnotiques et dans le cas d'un 6, elles vont servir bien souvent à créer cette fameuse peur. En stage Éveil, Fabien et Patricia nous donnent des outils pour déconstruire ces transes, comme tu le dis toi-même plus haut :

Il y a 15 heures, Simechau a dit :

J’utilise également très souvent, aussi souvent que nécessaire, la destruction de toute suggestion hypnotique, que je parviens à détecter, sur la base de la méthode du stage Éveil.

Seulement voilà, encore faut-il être capable de s'en souvenir et être suffisamment présent à soi-même pour avoir la possibilité de les utiliser. J'ai, quant à moi, des difficultés à retenir les protocoles de déconstruction des différentes transes hypnotiques, transe d'amnésie à l'appui. :sarcastic:

 

J'ai trouvé un moyen de m'en "souvenir". Depuis que je travaille sur moi, j'ai pris l'habitude de trimballer un petit carnet dans lequel je note mes auto-observations et mes réflexions. J'y ai désormais adjoint une section dans laquelle j'ai reporté tous les protocoles de déconstruction. :happy:

 

Je trouve aussi très réconfortant de lire des descriptions de ce qu'est un 6 dans son essence. Ça me "rappelle" ce qu'est ma vraie personnalité. Ça donne par exemple : courageux, résilient, sûr de lui, indépendant, positif, enraciné, confiant, décisif, etc.

 

Enfin je mettrais juste un bémol sur l'emploi du mot "vigilance". Pour moi, la vigilance est du domaine égotique du 6. Personnellement, je parlerais plus volontiers d'auto-observation, de présence à soi et de lâcher prise.

 

Un salut fraternel à vous, :calin:

Alice et le lapin

 

Alice et le lapin - E6 α7, C=/- S++/- X=/-
“Lo peor es que el empeoramiento empieza a empeorar.” (Le pire, c’est quand le pire commence à empirer)
Quino/Mafalda

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

 

"J'ai trouvé un moyen de m'en “souvenir”. Depuis que je travaille sur moi, j'ai pris l'habitude de trimballer un petit carnet dans lequel je note mes auto-observations et mes réflexions. J'y ai désormais adjoint une section dans laquelle j'ai reporté tous les protocoles de déconstruction."

Le problème est que, le temps d'ouvrir ton carnet, il est déjà trop tard. Une autre série de transes est intervenue.

 

Tu peux apprendre les techniques une par une, en commençant bien entendu par la technique sur la transe d'amnésie puisque c'est le mécanisme actuel de protection de ton ego.

 

"Je mettrais juste un bémol sur l'emploi du mot “vigilance”. Pour moi, la vigilance est du domaine égotique du 6."

Tu m'as mis le doute, Alice et le lapin. :rofl: Comme d'habitude, je me suis précipité sur le Trésor de la langue française qui propose comme définition du mot :

  • Littér. Attention soutenue à veiller sur quelqu'un ou quelque chose ; surveillance attentive, sans défaillance.
  • PSYCHOPHYSIOL. État du système nerveux permettant à l'organisme de s'adapter et d'échanger avec le milieu.
  • PSYCHOL. État de la conscience éveillée et attentive. Synon. attention.

Il me semble donc que l'observateur intérieur peut être en état de vigilance et que ce qui caractérise l'ego du 6, c'est non sa vigilance mais l'objet de sa vigilance. Qu'en penses-tu ?

 

Très amicalement,

Fabien

 

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Alice et le lapin

Bonjour à tous,

 

"Le problème est que, le temps d'ouvrir ton carnet, il est déjà trop tard. Une autre série de transes est intervenue."

En effet Fabien ! Toutefois rien que le fait de recopier les protocoles dans un carnet me permet de les mémoriser un peu, et puis le carnet étant toujours sur moi, je peux les relire facilement, donc encore une occasion de les mémoriser. Me balader avec mon carnet est d'ailleurs sécurisant, car je sais que j'y ai accès quand je veux. :pt1cable:

 

J'ai quand même retenu :rofl: qu'à défaut d'appliquer le protocole en entier, dire au moins la phrase de fin de protocole, c'est déjà pas mal !

 

Pour ce qui est du mot "vigilance", je dirais un peu des deux mon capitaine. Le mot reste connoté pour moi de cette attention "excessive" du 6 envers les dangers potentiels fantasmés de la vie (c'est dû à mon vécu de 6). Je sais bien que la vigilance n'est pas toujours égotique, mais dans le cas d'un 6, elle le devient à cause de son objet qui est fantasmé.

 

Très amicalement,

Alice et le lapin

Alice et le lapin - E6 α7, C=/- S++/- X=/-
“Lo peor es que el empeoramiento empieza a empeorar.” (Le pire, c’est quand le pire commence à empirer)
Quino/Mafalda

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