Le 8, la vulnérabilité et la colère

[Pierrette]

Bonjour à tous,

 

L'autre jour, j'ai laissé un message à Gabriel pour le féliciter de son courage parce qu'il parlait de la honte qu'il ressentait en s'auto-observant.

 

Le message de Gabriel m'a fait comprendre pourquoi j'avais de la difficulté à dormir. Quatre nuits d'insomnie cette semaine. Ouf ! Moi qui dormais tellement bien avant le décès de ma mère l'année dernière. Depuis, dès que quelque chose me travaille, insomnie…

 

Je parlais d'une peine d'amour, récemment. Eh bien, mon prétendant est revenu dans le décor. Il semble vouloir aller de l'avant.

 

Je me rends compte que depuis 20 ans, je n'ai pas rencontré un homme que je puisse aimer, admirer et respecter en même temps. Et j'ai pris conscience, suite au message de Gabriel sur la honte, que tout en aimant cet homme et en voulant plus que tout une relation avec lui, j'ai aussi très peur…

 

Il y a 20 ans, un autre homme que j'aimais, respectais et admirais a choisi une autre femme… sous l'influence de sa mère, une femme avec laquelle il était engagé depuis un certain temps avant notre rencontre.

 

Je ne savais pas, à l'époque, que sa mère avait autant d'influence sur lui. J'ai cru ne pas être à la hauteur. Ayant été uniquement critiquée depuis l'enfance, n'ayant jamais entendu un commentaire positif sur moi, et n'étant pas choisie… Ce fut l'effondrement.

 

Et sans en être consciente, pendant les 20 dernières années, j'étais sur la voie d'évitement. J'ai aimé quelques hommes, mais des hommes plus "ordinaires", qui ne m'impressionnaient pas, des hommes qui ne voulaient pas s'engager ou n'étaient pas libres ou disponibles… Des rebelles… C'était moins menaçant. Et je me sentais davantage à la hauteur.

 

Et je rencontre Jean, il est libre… Soudainement, sa femme revient dans le décor, après un an de séparation. Elle veut réessayer. Il retourne avec elle. Et là, il revient vers moi.

 

La vie me replace dans la même situation 20 ans plus tard. Sauf que cette fois, il semble que je vais être choisie.

 

Et autant je veux cette relation, autant j'aime cet homme, autant je tiens à lui, autant je me sens vulnérable, autant j'ai peur… autant j'ai peur de ne pas être à la hauteur. Sentiment d'infériorité… honte… toutes les critiques entendues me remontent… et le fait de ne pas avoir été choisie il y a 20 ans… même si j'en connais les motifs maintenant et qu'ils n'avaient rien à voir avec moi.

 

Avec mon rationnel, je sais qui je suis, je connais ma valeur. Mais il y a la partie émotionnelle, on dirait que je suis la petite fille vulnérable, sensible… qui a cru tout ce qu'on lui répétait de négatif sur elle, qui a cru que personne ne voudrait d'elle… qu'elle n'était pas assez PARFAITE.

 

Je me sens vulnérable. J'ai si bien enregistré dans ma famille que je n'étais pas parfaite, que je devrais être comme ceci, comme cela, que je ne devrais pas être comme ceci, comme cela… enfin, jamais à la hauteur, idéal à atteindre… j'en suis indigne…

 

Et j'ai peur de laisser cet homme s'approcher. Je le veux, et j'en ai peur. Il fait beaucoup d'argent… voyage beaucoup… J'ai peur de ne pas avoir les vêtements appropriés lors de sorties avec lui, qu'il ne soit pas fier de moi… peur de vivre de la honte… de ne pas être à la hauteur…

 

Et pour ne pas ressentir cette honte, ce sentiment d'infériorité… j'ai évité pendant 20 ans de m'intéresser à un homme comme je les aime… comme lui. J'ai vécu une immense solitude, je me suis isolée.

 

Et je me retrouve au même point 20 ans plus tard. Je vais foncer, c'est sûr… Ne suis-je pas une 8 ? Avancer avec cette peur de ne pas être à la hauteur… On dirait que je dois absolument rencontrer les "attentes" de l'autre, correspondre en tous points à ce qu'il désire… je suis dans l'autre… je me perds.

 

Est-ce que tous les 8 sont ainsi ? Ou est-ce que nous nous ressemblons, mais qu'il y a aussi des différences en fonction du vécu familial ?

 

J'ai mal de voir à quel point je me diminue dans ma relation aux hommes. Avec les amis et le reste du monde (travail…), je peux mieux faire la part des choses. Je sais qui je suis, je connais ma valeur comme être humain. J'ai une meilleure estime de moi.

 

Mais le domaine où je suis le plus vulnérable, c'est celui que j'ai évité si longtemps… le couple. Et c'est tellement ce que je désire en ce moment, une relation saine, créatrice, nourrissante, propulsante.

 

Ouille… je n'aime pas me sentir aussi vulnérable. Je n'aime pas être vue ainsi non plus. J'ai hésité à écrire ce message.

 

Mais je crois au partage, aux échanges. Gabriel m'a aidée avec son message, son ouverture à se montrer. Je crois que cela crée l'ouverture chez l'autre. Alors, voici, c'est mon tour.

 

Et un fardeau partagé est moins lourd à porter… :)

 

Pierrette

 

P.S. : J'ai relu ce message environ 4 fois, ce qui ne m'est jamais arrivé depuis que je suis sur le site. C'est difficile pour moi, une 8, de me montrer ainsi "faible". J'arrête de le relire, et je l'envoie !

[Pierrette]

Bonjour à tous,

 

Je viens vous citer quelques extraits d'une auteur qui m'a aidée à identifier ce que j'ai nommé dans mon précédent message. Il s'agit de Pia Mellody :

 

"Les émotions naturelles sont supportables; les émotions héritées des parents sont écrasantes (…) La honte 'héritée' nous souffle que nous ne valons rien (…)

 

J'appelle cela une 'crise de honte'. Une crise de honte se vit comme une terrifiante impression d'incapacité et de nullité. La réalité affective et émotionnelle de l'adulte est entièrement dominée par des émotions qui, au départ, n'étaient pas les siennes (…)

 

Quand on est submergé par une émotion sans rapport avec la situation présente, il y a souvenir affectif. Dans l'accès de honte, on se sent brutalement, et sans raison, inférieur aux autres, stupide, laid, malfaisant…"

 

La solution est-elle d'avancer avec sa peur, en se confiant soit à son thérapeute, à certains amis… Et de graver de nouvelles expériences sur ce vieil enregistrement ?

 

Fabien, qu'en penses-tu ?

 

Et est-ce que tous les types vivent ce genre d'émotions ? A-t-on des types plus ou moins intégrés selon leur héritage familial et/ou culturel ?

 

Merci.

 

Pierrette

[Fabien Chabreuil]

Bonjour Pierrette,

 

La façon dont nous avons été traité pendant notre enfance a effectivement une importance considérable sur la manière dont nous exprimons notre type. Comme tu le dis, héritage familial et culture expliquent les différences que l'on peut constater entre les représentants d'un même profil.

Quelqu'un qui a subi de nombreuses offenses durant sa jeunesse ne peut pas être intégré sans un travail sur soi.

 

Ceci dit, l'amour est forcément une zone difficile pour un 8, même sans une enfance aussi douloureuse que celle que tu nous décris. En effet, il ne peut pas y avoir d'amour réel sans vulnérabilité, sans s'exposer, sans montrer à l'autre qui on est, forces et faiblesses, qualités et défauts. Et bien évidemment, cette mise à nu psychologique est la plus délicate. Et bien évidemment, le risque du rejet existe à chaque fois. Et bien évidemment, le jeu en vaut la chandelle.

 

Cela dit, il s'agit de ne pas tellement attendre le rejet qu'on finit par le provoquer ou par prendre les devants et rejetter l'autre avant qu'il ne puisse le faire. Ces mauvais souvenirs se traitent et, tu as raison, il vaut mieux en discuter avec son thérapeute qui doit normalement pouvoir en parler certes, mais aussi disposer d'outils te permettant de gérer cette situation. Et puis, oui, il faut avancer. Je crois (mais c'est personnel) qu'il ne faut pas laisser passer la chance d'aimer.

 

Bonne chance avec Jean, Pierrette.

Très amicalement,

Fabien

[Pierrette]

Très cher Fabien,

 

Merci du plus profond de mon coeur.

 

Ton message me touche profondément à plusieurs points de vue. Il est comme un baume.

 

Je me sens moins seule en lisant que l'amour est une zone difficile pour tous les 8, même sans enfance difficile. Oui, je risque le rejet… et je risque également d'être aimée véritablement pour qui je suis, pour ce que je suis.

 

Moi aussi, je crois que le jeu en vaut la chandelle.

 

Je me suis fait une carte des objectifs en décembre '99. Tu connais ? Il s'agit de se laisser aller à découper des images et des mots dans des magazines, sans réfléchir (très important). Ensuite, on fait le tri, on place tout cela sur un carton, on le colle…

 

Et on découvre ce qui va nous arriver pendant les prochains 2 ans environ… À condition, bien sûr, de laisser le subconscient s'occuper de tout cela, plutôt que la volonté déchaînée ou le rationnel. :)

 

Et j'ai une grande section pour l'amour, et j'ai découpé les mots "S'affranchir du passé". J'ai envie de sourire en écrivant ces mots.

 

Je crois que je vais y arriver. Je crois que je vais finalement assumer et montrer ma vulnérabilité.

 

Ton message m'encourage.

 

Merci encore,

 

Pierrette

[Pierrette]

Bonjour à tous,

 

Je reviens pour vous dire qu'en y repensant, chaque fois que je me suis montrée vulnérable avec Jean, alors que le reste avait échoué (exemple : mes tentatives de contrôle par peur de perdre), il a été touché.

 

L'heure est à la vulnérabilité, Madame.

 

Oui, Fabien, je suis d'accord qu'il n'y a pas d'intimité possible si on n'enlève pas les masques. Et j'ai envie de vivre de l'intimité, une relation fondée sur la réalité quoi !

 

Pierrette

[Fabien Chabreuil]

Chère Pierrette,

 

La réaction de Jean n'est guère étonnante et peut avoir plusieurs causes :

• Quand quelqu'un montre volontairement sa vulnérabilité, il dit sa confiance.
  
• Certaines personnes ont besoin de la vulnérabilité de l'autre pour oser exposer leurs propres sentiments et leur propre vulnérabilité, que l'autre ait fait le premier pas en quelque sorte.
  
• Dans notre culture, la vulnérabilité est souvent considérée à tort comme plus féminine que la force.
  
• Chez beaucoup de gens, et peut-être plus chez certains types, la vulnérabilité de l'autre déclenche un réflexe protecteur.
  

Le plus probable est un mélange de ces diverses possibilités. A toi d'établir les proportions.

 

Très cordialement,

Fabien

[Pierrette]

Cher Fabien,

 

Merci de ton message. Je vais le conserver précieusement, et surtout le garder en mémoire.

 

Tu sais ce dont j'ai envie ? J'ai envie de lui montrer volontairement ma vulnérabilité à cet homme que j'aime tant et lui démontrer ainsi ma confiance.

 

Amicalement,

Pierrette

[Pierrette]

Bonjour,

 

Je voulais écrire un message drôle au sujet du 8 et du contrôle… question de passer à autre chose. Ceux qui étaient présents sur le site ces derniers jours comprendront facilement.

 

Un petit changement d'air serait ma foi le bienvenu.

 

Mais si je veux être bien honnête - et je m'y applique du mieux que je peux depuis quelques années - force m'est venu d'admettre que ce que je ressentais le plus fort en ce moment se devait d'être écrit dans cette discussion que j'ai moi-même entamée il y a quelque temps.

 

En ce moment, il y a un combat à l'intérieur de moi entre montrer ma vulnérabilité - ma peur d'être jugée parce que, sous le coup de la colère, j'ai eu une conduite que je ne trouve pas très reluisante - et la peur d'avoir l'air faible en me montrant sous ce jour.

 

Ouille ! Que c'est dur.

 

Je vais me pratiquer à montrer ma vulnérabilité ici avec vous, parce que je ne pourrai pas pratiquer avec Jean, nous nous sommes quittés. Que de remous en ce moment !

 

Je voudrais me défendre de mon écart de conduite en disant que je me sentais coincée, que c'est la faute de Charles… >[Note de l'administrateur: conversation "8 aile 9 ou 9 aile 8"] mais comme on me l'a enseigné, il y aura toujours des déclencheurs… Et on m'a enseigné aussi la responsabilité.

 

Cette blessure profonde face à ce que je "perçois" comme des tentatives de contrôle m'appartient.

 

Je me rends compte en terminant que le plus dur pour moi n'est pas d'admettre avoir commis une erreur… non, c'est de me montrer vulnérable : peur d'être jugée, condamnée…

 

Amicalement,

 

Pierrette

[Gabriel]

Bonjour Pierrette,

 

Afin qu'il n'y ait pas de dossier ouvert entre nous, je tiens à préciser ceci: mon dégoût (ou autre terme) >[Note de l'administrateur: conversation "8 aile 9 ou 9 aile 8"] n'était pas lié à ta vulnérabilité, ni à ta colère que j'ai jugée compréhensible puisque Charles (et cela m'a aussi énervé) s'est permis de t'étiqueter ennéagrammiquement en dehors du code éthique qui régit ce merveilleux outil.

 

Ce qui m'a mis personnellement en colère, c'est de lire des choses de la sphère privée hors ennéagramme sur Charles. Nous n'avions pas à savoir ce que tu as dit sur sa vie privée surtout que c'était apparemment plutôt un ressenti négatif. Ensuite, évidemment Charles a continué, et là j'ai dû me retenir pour ne pas exploser personnellement sur le panneau (le 4 a aussi ses colères) car il a aussi dépassé les bornes.

 

Cette façon d'agir, et là je reviens au sujet de la discussion, est une façon de contrôler l'autre. En disant des choses intimes d'une personne à des tiers, nous tous (car ce n'est certainement pas le "privilège" du 8 ou du 7) essayons de contrôler ladite personne en la clouant au pilori, en l'humiliant. Et en faisant cela, nous la mettons en position de vulnérabilité.

 

Je pense que chaque type devrait réfléchir au comment il contrôle l'autre et au comment il est vulnérable. J'avais proposé ce genre de discussion multi-types, mais ce message a apparemment disparu et je n'ai jamais eu de réponse. Comme c'était pendant le changement de version, je me suis simplement dit qu'il était passé à la trappe par inadvertance. Mais je réitère ma demande: au lieu de parler de la vulnérabilité du 8, ne serait-ce pas mieux de parler du comment nous vivons tous notre vulnérabilité en disant notre type ? Cela pourrait permettre de mieux nous comprendre entre types, de mieux saisir les visions différentes que nous avons d'une situation potentiellement universelle.

 

Amicalement.

 

Gabriel

[Pierrette]

Bonjour Gabriel,

 

J'avais très bien compris ce qui avait causé ton dégoût.

 

Je n'ai aucune idée de ce que disait le dernier message de Charles. Heureusement, grâce à Fabien, je n'ai pas eu le temps d'en prendre connaissance. Je sais que Charles a mentionné qu'il était irrespectueux et surtout "méprisant".

 

Alors, je ne parle pas de vulnérabilité qui serait fonction de ce que Charles aurait pu dire à mon sujet qui pourrait m'humilier. J'ai probablement bien fait de faire la grasse matinée ce matin ! :)

 

Et je tiens à répéter, Gabriel, que mon but à moi n'était pas d'humilier Charles. Si tu lis mon dernier message dans l'autre section, tu comprendras que mon but était simplement de lui faire voir pourquoi certains 8 dans sa vie le traitaient comme ils le font, que cela pouvait être provoqué par ses comportements à lui.

 

Et pour illustrer le tout, je me suis permis de parler de certains comportements de Charles.

 

C'est ici que je me sens vulnérable. Je reconnais que mon comportement, ce faisant, n'était pas très honorable. Et c'est là où je me sens vulnérable, d'avoir été vue ainsi fautive. Côté ombre. Vulnérable : peur d'être jugée, condamnée (pire encore !) et de ne plus être aimée, et peur d'être vue comme faisant parfois des erreurs (donc faible, pas parfaite).

 

Je parle de ma vulnérabilité parce que c'est une difficulté propre au 8 de se montrer dans sa vulnérabilité. Et je crois que c'est un moyen d'évolution pour le 8 d'assumer sa vulnérabilité.

 

Je voudrais préciser, Gabriel, que tes paroles à l'effet "Nous vivons tous notre vulnérabilité en disant notre type." ne me rejoignent pas. J'assume très bien d'être de type 8… c'est plutôt qu'on me contredise à ce sujet publiquement qui me fait me sentir vulnérable et réagir FORT.

 

Voilà.

 

Amicalement,

 

Pierrette

[Pierrette]

Je veux juste ajouter, Gabriel, que ton idée pourrait être intéressante. Peut-être pourrais-tu commencer une nouvelle discussion à ce sujet ? La vulnérabilité des types en général ou la vulnérabilité de s'avouer être de tel ou tel type.

 

Ici, je trouvais intéressant, et surtout OPPORTUN, de parler de ma vulnérabilité en tant que 8.

 

Amicalement,

 

Pierrette

[Fabien Chabreuil]

Bonjour Pierrette et Gabriel,

 

Et oui, la vulnérabilité est un thème central. Est-ce que notre type tout entier n'est pas une protection et donc l'expression d'une vulnérabilité ?

Certains la cachent en espérant qu'on ne la découvrira pas, d'autres l'exposent en espérant qu'on ne les attaquera pas puisqu'ils sont faibles et donc non dangereux.

 

L'idée de faire un panel sur ce sujet au sein de ce panneau est fort intéressante, Gabriel. Et aussi fort difficile à mettre en oeuvre (avoir ici des gens de tous les types et sûrs de leur type). Ce genre de choses est plus aisé en stage. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas essayer.

 

Tu as dit dans une autre discussion, Pierrette, que tu avais appris que derrière la colère, il y avait la peur. Je ne sais plus quel auteur a dit qu'à l'intérieur de tout 8, il y avait un petit enfant terrifié. Toute la problématique de la vulnérabilité et du contrôle chez le 8 est là.

 

Amicalement,

Fabien

[Pierrette]

Bonjour à tous,

 

J'ai passé du temps en famille ce week-end (tante, cousin, cousine) et nous avons parlé de l'enfance de ma tante et ma mère. Quel éclairage !

 

Ma mère était souvent très raide, très brusque, elle se faisait facilement des ennemis, elle gueulait fort… Il fallait que les gens pensent comme elle, sinon elle les écrasait avec ses paroles…

 

Type 8 qu'elle était… Je ne m'étais pas arrêtée à y penser. Et j'ai compris dans les dernières années de sa vie que derrière cette façade, elle avait peur de tout.

 

Un jour, je me suis aperçue que ce n'était qu'une façade, qu'elle était effectivement une petite fille terrifiée. Et elle tentait de tout contrôler dans sa vie… La peur la rendait contrôlante. Malheureusement, bien peu de gens ont vu derrière la façade.

 

Remarquez, elle avait quand même des amis, parce que c'était aussi une personne engagée, généreuse à sa façon.

 

Anecdote. Un jour, j'ai vu à quel point je lui ressemblais… et j'ai décidé d'arrêter de vouloir tout contrôler et dire quoi faire à tout le monde. Je ne voulais tellement pas lui ressembler !

 

Et suite à cette grande décision "majeure" :), je vais au restaurant avec un homme très très grand et nous entrons par le côté. Il y a un auvent qui va vers le trottoir.

 

Et comme nous arrivons par le côté et que cet homme est très grand, je me dis qu'il va foncer dedans. Mais comme je viens de prendre la décision de ne pas tout contrôler, je me dis : "Mêle-toi de tes affaires. Il a 40 ans, il a survécu sans toi pendant toutes ces années…"

 

Et bang ! Il fonce dans l'auvent. Et moi, je suis pliée en deux, écroulée de rire… :) Je m'en souviens comme si c'était hier.

 

Il est important de regarder derrière la façade, de voir la motivation derrière les comportements… C'est ce que tu avais dit, Fabien, dans une autre conversation.

 

Un jour, je me suis dit que j'aboyais pour faire peur aux gens, afin qu'ils n'approchent pas trop. Dieu qu'ils m'ont fait peur, ces humains… Mais jamais je ne le leur aurais montré !

 

Et je vais toujours foncer… C'est l'aspect positif, mais peut-être que je peux le faire en étant en contact avec cette vulnérabilité qui m'habite.

 

Pierrette

 

Psst : cet homme a survécu à l'incident de l'auvent… et il est probablement encore en vie, sans avoir bénéficié de mes bons conseils… :)

[Pierrette]

Bonsoir à tous,

 

Hé ho, il y a quelqu'un ? :)

 

Je vous ai fait peur avec mes éclats ? Mes "geysers", comme le disait Sophie.

 

Je viens d'écouter une émission sur l'anorexie… Manque d'estime de soi. Le seul endroit dans sa vie où on a du contrôle, son corps… et mourir ou vivre. Vouloir disparaître. C'est drôle, pas vu d'homme… j'y pense, tout à coup.

 

Pendant la première moitié de ma vie, ma colère, je la tournais contre moi : alcool, drogues, médicaments. A 24 ans… convulsions… Le corps parle. Colère tournée contre moi, désir de me détruire.

 

Un jour, je raconte au médecin que lorsque je prends tel médicament - Fiorinal - avec les Valium, je crache du sang. Et il me dit : "Mais tu es folle, arrête de les prendre !" Et j'ai répondu : "J'ai un avantage, moi, je 'sais' que je suis folle. Je vais finir la bouteille." Et j'ai fini la bouteille.

 

J'ai appris à exprimer ma colère, une colère saine. Parfois, elle devient défensive.

 

Et je crois qu'à ces moments-là, elle fait peur, elle éclabousse.

 

J'ai eu une thérapeute merveilleuse, Clara, qui m'avait dit : "Une colère saine, responsable, 'collée' entre les parents, les enfants jouent tout près, ils ne vont même pas lever la tête."

 

Ici, je me sens acceptée. Et en même temps, je me rends compte… enfin, je "crois" me rendre compte de l'impact tout autour de la colère… qui éclabousse, qui fait peur…

 

Pas facile. Questionnement. Je souhaite en arriver à ne plus vivre de colères défensives, uniquement des colères saines, responsables, protéger mon territoire.

 

Difficile de faire la différence.

 

J'avais envie de vous partager tout cela. J'ai été très touchée par ce reportage, touchée en plein coeur.

 

Pierrette