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Soko et la mélancolie


Gus

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Bonjour,

J'écoute souvent les émissions radio. J'aime en particulier les entretiens. Je podcaste des émissions que j'écoute la nuit durant mes insomnies. Parmi elles, l'émission "Remède à la mélancolie" au cours de laquelle Eva Bester interviewe des artistes, en particulier sur leur rapport à la mélancolie.

Le 25 septembre, l'interview d'une artiste, Soko (dont je n’avais encore jamais entendu parlé, désolée), démarre comme suit :
 

Eva Bester : Quel rapport entretenez-vous avec la mélancolie ?

Soko : Je me complais dans la mélancolie, j'adore ça en fait.

— Vous la provoquez ?

— Je ne sais pas si je la provoque mais en tout cas quand elle est là je l'accueille avec beaucoup d'acceptation…

— C'est jamais douloureux ?

— C'est douloureux mais en fait je crois que je me complais tellement là-dedans et… que quand je suis mélancolique, c'est le moment où je suis la plus créative et où je suis le plus à fleur de peau et où j'ai le plus de chose à raconter. J'ai l'impression d'avoir tous mes sens en éveil, qu'ils ont envie de créer…

— Alors on peut lire dans les interviews… Ça vous arrive d'évoquer vos épisodes dépressifs, et j'ai lu que vous avez pris des antidépresseurs pendant 3 ans parce que vous étiez un peu suicidaire… Justement ça, c'est un peu à l’opposé de la création… Donc il faut accepter de souffrir sans filtres chimiques pour créer…

— J'ai quand même beaucoup créé quand j'étais sous antidépresseurs mais c'est juste qu'à un moment, j'arrivais plus… Et comme je suis hypersensible et que je ne sais pas si ça arrive à tout le monde mais moi, depuis l'adolescence je suis assez obsédée par la mort, et qu'au bout d'un moment, quand on y arrive plus, il n'y a qu'une solution… On peut mourir quoi. […] Cela a l’air assez noir et morose… mais c'est quand je me dis que j'arrive au plus bas, que je me dis « j'en peux plus, j'ai envie de mourir » que j'arrive toujours à remonter et à retomber sur mes pattes et à faire, à transformer tout ce chagrin et cette mélancolie et toute cette dépression en quelque chose d'artistique et qui me sort de tout ça. Car la création, c'était ça qui me sortait de tout ça.

— Je pense qu'on est nombreux à ressentir ça sans passer par le passage où on est tout en bas mais…


N’est ce pas là un bel exemple de la fixation du 4 (centre préféré : émotionnel) ?

Plus loin dans l’interview, on découvre que l’un de ses remède à la mélancolie est le film Ponette (Jacques Doillon, 1996) au sujet duquel elle affirme que « c’est le plus beau film sur la mort et sur comment guérir de ce sentiment quand on perd quelqu’un de cher », et dont Eva Bester déclare que « c’est un film qui déchire le cœur… Vraiment ». Comme remède à la mélancolie, on a vu mieux.

À propos du film britannique Les Chaussons rouges (The Red Shoes, Michael Powell & Emeric Pressburger, 1948), elle déclare : « C’est le portrait suprême de ce que c’est d’être artiste et de quels sacrifices il faut faire pour arriver à avoir une vie équilibrée entre être passionnée par le fait de créer en permanence et aussi est-ce que c’est possible d’avoir une vie personnelle et est-ce que c’est possible d’être amoureux passionné quand on est passionné par l’art et comment fait-on pour avoir un équilibre entre les deux. Ma phrase préférée dans le film, c’est « why do you dance ? Because I must », « Pourquoi dansez-vous ? Parce que je le dois ». Pour moi, c’est ça le principe même d’être une artiste c’est qu’on n’a pas le choix… » À la fin l’héroïne du film se suicide dévorée par une passion amoureuse : « C’est un très très beau film, c’est un film magnifique. » Et Eva Bester reprend : « Cela pose la question de faut-il sacrifier sa vie à son art… »

N’est-ce pas là une manifestation du mécanisme de sublimation ?

Enfin, pour son rôle dans le film La Danseuse (Stéphanie Di Giusto, 2016), Soko déclare avoir suivi un entrainement de 7 heures par jour : « 2 heures d’entrainement physique, sportif et d’endurance, et puis 5 heures de danse… Je n’ai pas été doublé dans le film, c’était très important pour moi parce que, je ne sais pas faire autre chose que les choses à fond… […] Je suis devenue addict à l’adrénaline […] J’adore courir, j’adore être créative, j’adore jouer de la musique tous les jours, et j’en ai besoin. Et j’ai besoin d’écrire en permanence, de m’entourer de gens qui m’inspirent. J’ai besoin de me jeter dans l’océan quand j’en ai envie et j’adore courir dans la montagne, et ça me fait un bien fou et je trouve ça hyper thérapeutique. Et j’ai l’impression qu’à chaque fois que je fais une heure de course, c’est comme prendre un antidépresseur. […] Les matins où je me réveille plus tôt et où je vais courir, je me sens plus apaisée. Et j’ai commencé la méditation transcendantale… »

Un centre instinctif en second ?

Je vous laisse découvrir l’exhaustivité de l’entretien.

Dernier point, en 2012, Sokosort un album, I Thought I Was An Alien, dont je vous laisse apprécier quelques titres :

  • 01. I Just Want To Make It New With You
  • 02. I Thought I Was An Alien
  • 03. People Always Look Better In The Sun
  • 04. We Might Be Dead By Tomorrow
  • 05. No More Home, No More Love
  • 06. For Marlon (Get Sober…)
  • 07. First Love Never Die
  • 09. How Are You?
  • 10. Don't You Touch Me
  • 11. Destruction Of The Disgusting Ugly Hate
  • 13. I've Been Alone Too Long

Amicalement,
Gus

 

Source : Eva Bester, "Les remèdes à la mélancolie de Soko", France Inter, 25 septembre 2016.

Gus (8 mu, Conservation, aile 9)

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

 

Merci Gus pour ce partage, c'est du lourd ! Il y a parfois des personnes qui annoncent leur ennéatype en quelques phrases. C'est reposant ! :rofl: Même s'il faut bien sûr garder un œil ouvert au cas où de nouvelles informations contrediraient l'impression initiale. Mais à ce niveau, c'est assez peu probable.

 

Je ne connaissais pas non plus Soko. Je suis donc allé voir sa fiche sur Wikipédia. J'y ai découvert qu'elle s'était fait connaître par la chanson I'll kill her et qu'« elle dit depuis détester le tube qui l'a rendue célèbre, jusqu'à afficher sur sa page MySpace “Soko is dead” pour quelque temps. », réaction qui rentre bien aussi dans un portrait de 4.

 

J'avais écouté une partie d'une émission de la série Remède à la mélancolie à propos de Nathalie Kosciusko-Morizet. Entre le choix de ce thème et ses réponses à Soko, il n'est pas impossible qu'Eva Bester soit elle aussi une ennéatype 4. Quand elle reçoit des invités de ce type, cela doit pouvoir donner ce genre de festival. Avec d'autres profils, cela peut peut-être apporter d'intéressants exemples de communication…

 

Très amicalement,

Fabien

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