Confusion entre 7 mu et 4

[Manou7]

Je suis 7 mu et, récemment, j'ai été interpellée par la possibilité d'être 4.

 

En cause : je ne suis pas assez "légère" et j'ai un émotionnel fort.

 

Je ne doute pas vraiment. Je me sens trop mentale pour ça, mais j'aimerais avoir des pistes claires de différenciation…

[Fabien Chabreuil]

Bonjour à tous,

 

Bienvenue sur ce forum. Cela fait plaisir de t'y lire.

 

"J'ai été interpellée par la possibilité d'être 4. En cause : je ne suis pas assez 'légère' et j'ai un émotionnel fort."

Nous avons parlé de cela en fin de stage, la semaine dernière. Si je me souviens bien, la personne qui t'a "interpellé" t'a même dit que tu ne pouvais absolument pas être 7 pour ces deux raisons. La première chose à faire est de lui dire d'apprendre l'Ennéagramme, même si elle pense le connaître et qu'elle se pique de le transmettre :

1. Ce genre d'affirmation est contraire au code d'éthique de l'Ennéagramme ;
2. La légèreté n'est pas une caractéristique de quelque type que ce soit de l'Ennéagramme : c'est un comportement et non une motivation ;
3. La qualité d'un centre n'est pas forcément corrélée à sa position dans la hiérarchie.

Le 7 voudrait généralement que la vie soit légère, mais avec tout ce qui l'entoure, il n'y arrive pas forcément. On notera que je n'ai pas dit "avec tous les cons qui l'entourent" : je m'intègre.

 

*-*-*-*-*

 

"J'aimerais avoir des pistes claires de différenciation…"

C'est un peu une demande de mental ! Comme LE 4 et LE 7 mu n'existent pas, il ne peut y avoir de certitude que dans un processus d'auto-observation. Ce qui suit est donc non des catégories bien limitées, mais une série de tendances. Étant 7 mu, j'y ajoute mon témoignage.

 

Le 4 et le 7 mu sont utilisent tous les deux leurs centres vers l'intérieur ; cela implique que l'émotionnel du 7 mu ressemble à celui du 4, mais il est soumis au centre mental. Ce sont tous les deux des idéalistes, imaginatifs et créatifs, qui préfèrent leur "production" intérieure (imagination, projets, etc.) au monde réel. Tous les deux aiment l'intensité et détestent la routine et la banalité. Tous les deux sont sensibles aux critiques. La confusion est accrue par le domaine du 4.

 

J'aime à dire que le 7 mu est la version mentale du 4. Et réciproquement, parce que quand même, hein, bon.

 

Après on peut revenir aux mécanismes de base dont il faut voir lesquels prédominent.

 

Centre préféré : mental vs émotionnel. Moi aussi, j'ai un émotionnel fort. L'émotionnel est principalement une source de plaisir, même si je peux vivre aussi de grandes tristesses. Cependant, le mental fonctionne de manière plus intense et plus permanente, et je sais bien que c'est lui que je préfère (il me donne plus de joies).

 

Orientation : joie et optimisme vs sens du beau. Le sens du beau est important pour moi. Que quelqu'un n'aime pas la poésie par exemple me plonge dans une stupeur désolée. Cependant là aussi, je sais que ce n'est pas ma vie et que la quête de la joie — la quête pas forcément la réalisation — est plus importante.

 

Compulsion : éviter la souffrance vs éviter la banalité. C'est évident. D'une part, j'évite la souffrance et d'autre part, je ne suis pas banal par nature et non suite à un effort quelconque.

 

Passion : gloutonnerie vs envie. Là il n'y a pas photo. Je suis glouton de tout ce qui me plaît, alors que l'envie m'est étrangère : le fait que quelqu'un ait quelque chose de matériel ou d'immatériel que je n'ai pas n'a aucun impact sur mon désir de cette chose ou mon non-désir (pas de contrepassion non plus).

 

Fixation : planification vs mélancolie. Je réprime le centre instinctif ce qui crée une certaine désespérance, et la mélancolie ne m'est pas inconnue. Elle est malgré tout beaucoup moins présente que la planification.

 

Style de communication : histoires vs drame. Là non plus, il n'y a pas photo. Si je vis un drame, soit je n'en parle pas, soit j'essaye d'en faire une histoire intéressante et si possible drôle.

 

Sous-types : clan-sacrifice-imagination vs intrépidité-honte-compétition. Là encore, il n'y a pas photo. Le seul sous-type du 4 qui fasse un peu sens est la honte, mais c'est dû à une préférence pour l'instinct social et un vMème ROUGE fort. À l'inverse, à un moment ou à un autre de ma vie, les trois sous-types du 7 ont été vécus.

 

*-*-*-*-*

 

"Je ne doute pas vraiment."

Cela veut-il dire que tu doutes quand même un peu ?

 

Une autre question : qu'est-ce qui fait que tu es venu poser la question ici plutôt que de faire le travail de comparaison que j'ai fait ci-dessus et qui est élémentaire ?

 

Très amicalement,

Fabien

[Yves]

Bonjour à tous,

 

Je suis 7 mu et, récemment, j'ai été interpelée par la possibilité d'être 4. En cause : je ne suis pas assez "légère" et j'ai un émotionnel fort.

Je pense à une amie 7 mu. Elle a un émotionnel fort aussi (je pense, entre autres, à son empathie, sa compassion et sa tolérance). Comme l’a rappelé Fabien, la qualité du centre de support n’est pas corrélée à sa position dans la hiérarchie. Cette amie est INFP dans le modèle MBTI, avec un F très fort et un T défaillant. Je me demande d’ailleurs, si ce n’est pas ce déséquilibre F-T qui fait qu’elle s’appuie énormément sur son centre émotionnel.

 

Elle n’est pas légère non plus. Elle m’a dit qu’elle avait beaucoup souffert dans sa vie. Je la sens bloquée sur le pôle Inférieur de la dichotomie du 7. Je crois surtout que le message parental manquant du 7 (cf. le stage Connexions) lui a beaucoup manqué (« Ma mère a été une machine à baffes »). Dans sa vie, elle a souvent affronté délibérément la souffrance pour des causes qui lui sont chères (le 7-INFP est très idéaliste). La liberté d’autrui, par exemple. Il y aussi le mécanisme de projection du message parental manquant. Par ailleurs, le 7 de sous-type social s’appelle Sacrifice, ce qui n’implique pas forcément une légèreté permanente.

 

Amicalement,

Yves

[Manou7]

Bonjour à tous,

 

Merci de vos réponses.

 

Quelques précisions.

 

Quand je dis que je ne doute pas vraiment… je crois que mon aile 6 ne me permettra jamais d'être jamais sûre à 100 % de quoi que ce soit !

 

Pour le travail de différenciation, je l'ai fait déjà. Ça m'intéressait aussi d'avoir des témoignages personnels de 7 mu. Le tien, Fabien, m'a bien aidé à clarifier différents points.

 

Par contre, je ne suis pas toujours très au clair avec le désir et l'envie. Si j'ai envie de quelque chose de matériel ou non, et que je vois quelque un qui a ce dont j'ai envie, je me dis qu'ils ont de la chance de l'avoir. Il me semble que c'est de l'envie.

Par contre, c'est aussi beaucoup moins fort chez moi que ma passion d'intempérance. Y a pas photo.

 

Je n'avais non plus réalisé tous les points de convergence entre le 7 mu et le 4. Là aussi, ça me donne des billes pour pouvoir répondre…

 

Bien amicalement,

Manou7

[Fabien Chabreuil]

Bonjour à tous,

 

"Si j'ai envie de quelque chose de matériel ou non, et que je vois quelque un qui a ce dont j'ai envie, je me dis qu'ils ont de la chance de l'avoir. Il me semble que c'est de l'envie."

Se dire que les autres ont de la chance est peut-être de l'envie, mais sous une forme très bénigne ! L'envie à la mode égotique 4 va beaucoup plus loin. Elle accroît l'impression de manque et se retourne soit contre lui (puisque les autres l'ont et pas moi, cela dit quelque chose de négatif sur moi), soit contre les autres ("affliction devant la réussite ou le bonheur d'autrui, pouvant aller jusqu'à lui désirer du mal et chercher à lui nuire", dit le Trésor de la langue française). Tu peux aussi aller lire cet article du blog.

 

Très amicalement,

Fabien

[Yves]

Bonjour à tous,

Suite à la fable Le renard et les raisins citée par Nathalie dans ce message-ci de la conversation “De la contrepassion à la passion” (de l’ennéatype 4), voici une anecdote.

« Un bol d’eau chaude, c’est très bon pour la santé ! », me dit un jour une amie 7 mu, en découvrant qu’elle n’avait plus d’herbes à infuser.

Quand l’instinct de conservation est très blessé, les manifestations des contrepassions des ennéatypes 4 et 7 mu peuvent parfois présenter des points communs. La contrepassion peut alors s’avérer un bon critère d’indétermination.

Amicalement,
Yves

P.S. : à vrai dire, bien que cette amie eût déjà souvent manifesté sa contrepassion auparavant, et bien que je me fusse habitué à ses recadrages positifs, je me suis senti amusé et très intrigué par cette parole dite avec détermination et un soupçon de colère. Plus tard, cherchant une explication, je me suis dit qu’elle s’était peut-être servie du mécanisme de défense du 7 pour nier la peur de base du 7.

[Fabien Chabreuil]

Bonjour à tous,
 
"« Un bol d’eau chaude, c’est très bon pour la santé ! », me dit un jour une amie 7 mu, en découvrant qu’elle n’avait plus d’herbes à infuser."
J'ai un petit doute, Yves, sur le fait qu'il s'agisse de contrepassion. Revenons à la définition donnée dans l'article dans lequel Patricia et moi avons identifié et décrit le phénomène :
 

On dira qu'une personne est en train de manifester sa contrepassion si :

• elle est en train de vivre la passion de son type,
• elle n'en est pas consciente et la nie ouvertement,
• elle manifeste des comportements qu'elle veut opposés à ceux que générerait sa passion,
• elle attache une valeur positive à ces comportements (si elle connaît l'Ennéagramme, elle peut se croire dans un moment d'intégration).

Nous voudrions insister sur le fait que cette notion ne change pas la structure du type : centre préféré, passion, fixation, etc.

 
Formulé autrement, la contrepassion est un choix égotique de vie qui est l'objet d'un contentement de soi. Ici, ton amie ne prononce cette phrase que, quand elle "découvr[e] qu’elle n’avait plus d’herbes à infuser" et elle manifeste "un soupçon de colère". Il me semble qu'on est plus là dans une réaction à une situation déplaisante que dans une action volontaire.

 

Personnellement, j'imagine trois circonstances et manières égotiques dont j'aurais pu dire cette phrase :

• Humour : je découvre le manque d'herbes et je dis cette phrase en (sou)riant, invitant ainsi mon hôte à, comme moi, faire contre mauvaise fortune bon cœur et prendre la vie avec légèreté.
• Rationalisation : je découvre le manque d'herbes et je dis cette phrase d'un ton posé et sans sourire (sauf sans doute dans les yeux) ; si possible, je la complète par une information sur les bienfaits de l'eau chaude pure décrits par la médecine ayurvédique — parce que, bien sûr, j'ai déjà lu des trucs sur le sujet, si si — ou sur les dangers des herbes qui ne sont pas toujours exemptes de pesticides.
• Contrepassion : je sais que la boîte d'herbes est vide et l'ai ouverte pas inadvertance ; je dirais quelque chose comme "Ah, il est difficile d'arrêter les vieux réflexes", puis je prononcerais la phrase et je t'expliquerais, d'un ton solennel et doctoral, que j'ai décidé de boire de l'eau chaude pure en le justifiant par des arguments semblables à ceux de la rationalisation mais en plus détaillés.

Dans les deux premiers cas, tu peux voir "un soupçon de colère" dû à la frustration. Dans le troisième, tu verras un sérieux compassé.

 

Très amicalement,
Fabien

[Yves]

Bonjour à tous,

Merci Fabien pour ces précisions. Le bol d’eau chaude est maintenant plus limpide.

Je me suis trompé : dans mon anecdote, il ne s’agissait pas de contrepassion, car cette amie n’attachait pas de valeur positive au comportement de boire de l’eau chaude. Son affirmation était une réaction à sa découverte déplaisante, elle ne découlait pas d’une action volontaire. Que s’est-il donc passé ?

Lorsque j’ai entendu son affirmation, j’ai d’abord souri, j’ai cru que c’était de l’humour. Je m’émerveillais de sa capacité à recadrer positivement. Puis avec une forte conviction, elle se mit à vanter les bienfaits de l’eau chaude : elle avait lu je ne sais plus quoi à ce propos. Ce n’était donc pas de l’humour, je me suis senti déçu. Déçu peut-être aussi parce qu’il m’arrive également de rationaliser, hélas. Je me suis aussi senti un tantinet agacé par sa conviction, parce qu’elle se fondait sur une croyance non prouvée scientifiquement. Ensuite je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mon centre préféré a repris la main, il a cherché à interpréter, il a pensé au sous-type Conservation, puis à la contrepassion. Content de sortir de ma confusion et excité par ma trouvaille, je n’ai pas remis en cause mon interprétation.

Amicalement,
Yves

[Fabien Chabreuil]

Bonjour à tous,

 

Exactement, Yves, mon deuxième scénario ! Quand nous sommes bien sous l'emprise de notre ego, nous devenons ainsi de petits automates prévisibles, c'est parfois un peu désolant… Le côté positif, c'est que ce constat peut donner l'énergie et la volonté nécessaires à la métanoïa.

 

Très amicalement,

Fabien