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Charles Aznavour


Fabien Chabreuil

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

Je me suis parfois demandé quel pouvait être l'ennéatype de Charles Aznavour et ai considéré que les profils 3 et 7 étaient les plus probables. Hier soir, il était l'un des invités du magazine 28 Minutes sur Arte. Voici quelques extraits :

Citation

— Nouvel album. […] Une tonalité intimiste et surtout, surtout — étonnante de votre part — nostalgique. […] Vous êtes nostalgique ?
— Oui, oui. Enfin pas énormément mais juste ce qu'il faut.
[…]
— Récemment Juliette Gréco disait : “J'ai encore peur quand je rentre en scène.” Peur, voilà, le trac habituel et peur que le lien ne soit plus établi avec le public. Est-ce que vous avez cette crainte-là ?
— Non. Non parce que je viens avec mon matériel. C'est pas prétententieux de dire que je suis un bon auteur, hein ? Je suis un bon auteur. Je sais écrire pour quelqu'un et je sais écrire pour moi-même.
— Mais c'est à chaque fois la même émotion quand vous allez sur scène ? À chaque fois ?
— Non, le même plaisir, parce que le côté émotion, ça fait un peu métier. [Il se prend la tête dans les mains mimant un artiste tourmenté.] “Vous savez, moi, j'ai l'émotion quand j'arrive.” [Il rit.] C'est pas mon truc, moi. Moi je suis un homme optimiste, et ça se voit sur scène.

 

Très amicalement,
Fabien

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Bonjour à tous,

 

J'ai eu le privilège de voir le grand Charles sur scène à Varsovie à quelques mètres de moi : j'étais au premier rang et j'ai donc pu percevoir toute son énergie qui est phénoménale. Il en faut beaucoup pour m'impressionner d'un point de vue énergétique. Et pourtant, ce jour-là, ce monsieur est devenu pour moi une source d'inspiration et un modèle, du haut de ses 90 ans. J'avais d'ailleurs écrit sur mon blog à son sujet : "Quand je serai vieille, je veux avoir la même pêche et le même enthousiasme que le grand Charles !"

 

Je n'ai pas construit d'avis ou d'hypothèse sur son type mais il m'a semblé évident qu'il n'avait pas un centre instinctif réprimé : l'énergie est trop forte et perceptible, les mouvements et déplacements sur scène trop nombreux (surtout pour un monsieur de cet âge qui pourrait légitimement être plus statique).
Bon je sais… Ça ne fait pas avancer le schmilblick pour 3 ou 7 !

 

Bien cordialement.

Aurore (87 alpha, C++, S-/+, X+)

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  • 3 months later...

Bonjour à tous,

Merci Fabien pour cette citation, et Aurore pour ton témoignage personnel. Ma curiosité est éveillée par ces réponses circonspectes d'Aznavour, contrastant avec sa flamboyance coutumière. Attention… pas trop d'émotions négatives, hein ? :wink:

Tout de même… chanter toujours les mêmes chansons depuis cinquante ans, est-ce compatible avec le 7, qui craint l'ennui né de la répétition ? :yawn:

Je vais répondre à cette question, ainsi qu'aux questions suivantes que mon centre préféré m'a posées avec intempérance et même insatiabilité. Comment Charles Aznavour a-t-il vécu la souffrance et ses très nombreux échecs (au début de sa carrière) ? Manifeste-t-il des traits du 7 ou du 3 ? Comment fonctionnent ses centres ? Quelle est sa quête ? Et enfin, comment l'activité d'auteur-compositeur-interprète, ou simplement d'interprète, peut faire évoluer un 7 ?

Commençons par la question de l'ennui né de la répétition.

Charles Aznavour nous a donné une réponse pendant son récital de 2004 au Palais des Congrès, à Paris (audible ici) : "La question qu'on me pose souvent est la suivante : « N'êtes-vous pas fatigué de chanter aussi souvent les mêmes chansons ? » Eh bien, non. Non, car chaque fois qu'on la chante, on a l'impression de la chanter pour la première fois. Et puis ça dépend de notre journée, de ce qui s'est passé avant, de ce qu'il y a dans les coulisses, de comment est le public, euh… [il se tourne vers l'orchestre] de la bonne humeur de l'orchestre, etc., etc. Moi, en tout cas, j'ai chanté très longtemps des chansons avec la même orchestration, mais lorsque je suis vraiment, vraiment, fatigué de chanter une chanson, et que je sais que cette chanson est attendue par le public, eh bien, euh… je change l'orchestration [il mime une vague honte] ; ça, ça n'est pas du tout attendu par le public : le public ne veut pas qu'on change l'orchestration. Le public veut retrouver la chanson exactement comme il l'a connu, la première fois qu'il l'a entendue [les yeux fermés, les traits crispés, le ton excédé]."

Et au début de son récital de 1997 au Palais des Congrès, à Paris : « Je vais essayer de contenter tout le monde. »

Je lis dans ces paroles : un besoin de complicité (avec son orchestre, avec son public), un besoin d'innovation, de rompre la routine, un côté rebelle, un conflit entre l'intérieur et l'extérieur : il faut contenter le public (aïe, une contrainte extérieure), mais pas question de m'ennuyer, hein (ou plutôt de souffrir : « fatigué » = souffrance plutôt qu'ennui). Ces traits s'accordent avec le 7, et en particulier le sous-type Social : pour obtenir l'acceptation et une position sociale, je fais plaisir au public, je sacrifie ma liberté de chanter comme je le désire (cf. le stage Sous-types)... jusqu'à une certaine limite. Je lis aussi une légère prise de risque d'échec, qui ne va pas dans le sens de l'ennéatype 3.

Comment ne pas me sentir contraint par le train-train ?

Comme son ami Charles Trénet, Charles Aznavour s'est essayé sur divers rythmes : le swing, la salsa (Il y a des trains ), le fado (Lisboa), la samba lente (Mé qué mé qué), le jazz. La liberté, il me semble qu'il l'a trouvée aussi en affranchissant son texte de la rigueur métronomique, tout en restant en rythme (liberté dans un cadre).

Poursuivons avec les prises de risques d'échec. D'après Wikipédia : "Au début des années 1950, la notoriété arrivant, viennent aussi les premières critiques : après une soirée qui se termine en « bide », Aznavour écrit, lucide : « Quels sont mes handicaps ? Ma voix, ma taille, mes gestes, mon manque de culture et d'instruction, ma franchise, mon manque de personnalité. Ma voix ? Impossible de la changer. Les professeurs que j'ai consultés sont catégoriques : ils m'ont déconseillé de chanter. Je chanterai pourtant, quitte à m'en déchirer la glotte. D'une petite dixième, je peux obtenir une étendue de près de trois octaves. Je peux avoir les possibilités d'un chanteur classique, malgré le brouillard qui voile mon timbre. »" [Charles Aznavour, Aznavour par Aznavour, Fayard, 1970.]

Bien qu'écrites dans un contexte d'échec douloureux, ces paroles d'Aznavour montrent une étonnante capacité d'auto-analyse. Elles sont orientées vers le futur, des possibilités, un plan et une décision. Je sens une très forte confiance en soi. Le centre mental intérieur a pris les rênes. Contrairement à la confidence lors du récital de 2008, les désirs du public ne sont pas évoqués : primauté de l'intérieur sur l'extérieur. "Quitte à m'en déchirer la glotte" : manque d'amour de soi ou plaisir de l'excès (aile 8) pour pallier un manque ? La peur de base du 7 se fait sentir (ici, il s'agit de la peur d'être privé de la possibilité de chanter), ainsi que sa false core. Ce « bide » et la défaveur des professeurs — échecs douloureux — ont engendré un stress conséquent. Dans ce cas, du point de vue de l'Ennéagramme, en dehors du triangle, le centre préféré prend la place du centre réprimé (sinon c'est le centre de support) : cf. le stage Centres. Voilà un point pour le 7 ou le 3 mu. Je retrouve également le côté rebelle du 7 (non aux contraintes extérieures, oui aux contraintes intérieures). Quant à l'opiniâtreté d'Aznavour — confirmée par la suite —, elle ne me dit rien du point de vue de l'Ennéagramme ; il me semble que tous les ennéatypes peuvent faire preuve d'opiniâtreté, non ? Enfin, ces déclarations décisives d'Aznavour indiquent une acceptation de l'échec — présent et futur — et une recherche de vérité sur soi : si Aznavour était 3, il était très intégré quand il a écrit ces phrases. Est-ce possible, étant donné le contexte d'échec (le « bide » + la défaveur des professeurs) ?

Autre prise de risque d'échec, cette fois en faveur de la liberté d'autrui (un cheval de bataille de nombreux 7), extrait de sa biographie sur son site Web : « En 1972, j'écris la chanson Comme ils disent, qui, première du genre, traite de l'homosexualité de façon sérieuse et sans dérision. Mon entourage de l'époque me déconseilla de l'interpréter au risque de dégrader mon image. Je décidai néanmoins d'en courir le risque car ce sujet me tenait à cœur et méritait que je prenne position. » Même engagement pour la liberté dans sa chanson Je suis un mort vivant. Je retrouve l'idéalisme d'un 7 de sous-type Social, stimulé par des causes. Entre parenthèses, ces chansons non autobiographiques illustrent le « j'écris pour quelqu'un, j'écris pour moi » — et non « j'écris pour mon public » — de l'entretien d'Arte cité par Fabien : encore la préférence pour l'intérieur.

En dépit de ses acceptations de l'échec, Aznavour possède la capacité à réussir du 3. Les faits le prouvent. Mais cette capacité est-elle sa quête ? :perplexe:

Aznavour a affirmé à Jacques Chancel, dans l'émission Radioscopie du 22 mai 1980 (Entre parenthèses, dans cet entretien, sa colère et sa fougue sont bien audibles, son centre instinctif est bien présent) : « Je crois que le succès détruit beaucoup de choses. À un moment, il faut oublier le succès. Il faut être l'artisan de son travail, et non pas la vedette de son travail. […] Aujourd'hui, il faut absolument être une vedette, car si on n'est pas une vedette, il n'y a pas de porte de sortie. » Pas d'échappatoire, aïe. D'autant plus que : « Ma soeur et moi avons très vite quitté l'école mais j'ai toujours été très fier de mon seul et unique diplôme de certificat d'études. Il m'aura fallu attendre encore soixante-dix ans pour en obtenir un second et me retrouver doctor honoris causa de plusieurs universités à travers le monde ; une de mes grandes fiertés moi qui ma vie durant me suis toujours senti complexé par mon manque d'enseignement. » (extrait de sa biographie sur son site Web). Je pense à la dichotomie du 7]. D'ailleurs, à ce sujet, Aznavour a raconté l'anecdote suivante à une journaliste : « Je lui ai posé la question [à Cocteau] — c'était pas facile, j'étais timide en plus — : je lui ai demandé quels livres je pourrais lire — j'ai remarqué que ça lui a fait énormément plaisir — et il m'a donné vingt-cinq titres, que j'ai lus immédiatement. » (source : la vidéo du bas de cette page). Et également, lors de ce récital de 2004 : « La retraite, c'est pas mon truc, comprenez bien. J'ai essayé, non pas de jouer, mais de penser à jouer au golf. Je crois que je suis pas doué. La main verte, je ne l'ai pas non plus. La seule chose que je sais faire, c'est ça. »

Enfin, n'oublions pas que son succès est venu tardivement (à 36 ans). « On m'a hué, envoyé des sous, des canettes de bière mais j'ai tenu et je suis là. » (source : cette biographie). Les médias trouvaient son profil de chanteur-acteur peu commercial. Pendant des années, les maisons de disque l'ont refusé. Et donner des récitals à 91 ans, au lieu de se contenter d'enregistrer en studio (comme Glenn Gould), constitue une sacrée prise de risque d'échec.

Mais alors, si la quête d'Aznavour n'est pas la capacité à réussir, quelle est-elle ?

Et la souffrance, au fait ? Charles Aznavour a beaucoup souffert des critiques publiques : « Comme j'ai été pas mal critiqué dans ma vie, et quand je dis “critiqué”, je devrais dire “assommé” [il mime un coup de poing sur la tête], j'ai pensé que c'était à moi d'écrire une chanson, que j'ai intitulée La Critique », confia-t-il à son public au début de son récital de 2004. Cette souffrance est compatible avec le 7. Je me demande s'il n'y a pas de la vengeance là-dedans : aile 8 ? À moins qu'une désintégration momentanée en 1 suffise à l'expliquer ? Ou simplement une expression du sous-type Social (mes sacrifices ne sont pas reconnus) ?

Avant de répondre à la question de la quête, je vais poursuivre l'examen des centres.

Aznavour a écrit lui-même les textes de ses chansons. « La musique, c'est le support pour mes mots […] Moi, je mets les textes en premier. La chanson française est basée d'abord sur le texte. » (source : vidéo du bas de cette page). Et d'après Wikipédia : « Pour Charles Aznavour une chanson à la française se définit par son texte bien plus que par un rythme, car dit-il “nous n'avons pas créé de rythme”. » Aznavour a aussi écrit plusieurs livres. J'en déduis une préférence du mental sur l'émotionnel. Et l'orientation vers l'intérieur ne s'infléchit pas.

Aznavour a écrit et composé plus de huit cent chansons : intempérance ? Son ami Charles Trénet, probablement 7 mu, en a écrit et composé plus de mille. (Pour ma part, je n'en ai composé aucune… donc je ne suis pas intempérant ! :laugh:)

« J'achète énormément de livres, je les achète au mètre presque. […] Je lis souvent trois ou quatre livres en même temps. » (source : vidéo du bas de cette page).

Certaines de ses chansons racontent des histoires : je pense au style de communication du 7.

Et le centre instinctif ? La plupart de ses chansons, Aznavour les a écrites pour les interpréter d'abord lui-même, et ses interprétations sur scène mettent pleinement en jeu son centre instinctif, son « énergie phénoménale » (je cite Aurore), son intensité, sa flamboyance, d'ailleurs peut-être davantage compatible avec le 7 alpha qu'avec le 7 mu ? (cf. les différences sur scène avec Charles Trénet). Et accessoirement, encore à 90 ans, il voyageait beaucoup à l'étranger pour y chanter sur scène (J'ai compris dans une interview qu'il aimait voyager.).

Le centre émotionnel ? Tant d'émotions exprimées dans les chansons d'Aznavour… Se peut-il que son centre émotionnel soit réprimé ? D'autant plus que la préférence pour le centre mental ne facilite pas la connexion au centre émotionnel : cf. le stage Centres.

Que le centre émotionnel soit réprimé ou pas n'est pas déterminant : il suffit que les deux autres centres lui donnent le feu vert. Rappelons que la répression d'un centre ne donne aucune indication sur sa qualité.

Et puis une interprétation musicale ne peut être habitée que si les trois centres fonctionnent correctement et en harmonie :

  • L'instinctif intérieur assure l'ancrage, coordonne la respiration, les gestes (destinés à l'instrument ou à l'auditoire), le rythme ;
  • L'instinctif extérieur agit sur le public (pour un 7, il s'agit d'abord de le détendre) ;
  • Le mental — intérieur ou extérieur ? — restitue le texte et la mélodie appris (sauf dans le cas d'une improvisation) ;
  • L'émotionnel intérieur s'exprime dans le phrasé, les nuances, le timbre, les expressions de la voix (ou de l'instrument) et du corps ;
  • L'émotionnel extérieur s'adapte à l'orchestre et aux chœurs (qui pourraient constituer le groupe social de l'interprète) et aux émotions et désirs de l'auditoire, par exemple en chantant dans la langue de l'auditoire, comme l'a souvent fait Aznavour sur scène à l'étranger.

Et maintenant, quelle est la quête de Charles Aznavour ?

Les collègues musiciens d'Aznavour citent sa discipline et sa précision. Aznavour confirme ce trait :
Y a-t-il de la place pour la fantaisie dans votre vie ?
Dans la vie, oui ; mais dans le travail, non. On n'a pas le droit. Les gens viennent, ils se déplacent à plusieurs, en famille, ils se déplacent pour passer une bonne soirée, on n'a pas le droit de les désillusionner, faut qu'on leur donne le maximum. Pour qu'on leur donne le maximum, il faut être discipliné. Sans discipline, il n'y a pas de bon travail, quel que soit le métier, artistique, manuel ou autre chose. (source : vidéo du bas de cette page).

Je repense au sous-type Social du 7 : Sacrifice. J'ai aussi été frappé par son raisonnement logique et surtout par son emploi du verbe « désillusionner ». Le plaisir de jouer ensemble. Êtes-vous mon complice ?

Ces paroles d'Aznavour s'accordent avec celles de l'entretien d'Arte citées par Fabien : « Moi je suis un homme optimiste, et ça se voit sur scène. » Joie et optimisme, la quête d'Aznavour ?

Et les émotions dites négatives, au fait ? Je répondrai à cette question dans un autre message, ainsi qu'à ma dernière question.

Pour conclure, je songe avec nostalgie à des paroles des chansons d'Aznavour ; elles m'évoquent le désir de base du 7 (au fond, ce désir n'est-il pas empreint d'un peu de nostalgie ?) :

  • « Quand un bonheur se meurt, il faut qu'un autre naisse »,
  • « On est heureux avec des riens »,
  • « Et chérie nous pourrons être heureux »,
  • « La bohème, ça voulait dire on est heureux »,
  • « Je ne rêvais que d'être artiste, pour être heureux. »

En chantant,
Yves

Yves (E5 alpha, ailes 4 et 6, C- S= X-/+)
"Attendre d'en savoir assez pour agir en toute lumière, c'est se condamner à l'inaction." (Jean Rostand)

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Bonsoir à tous,

 

Passer après l'analyse aussi détaillée et circonstanciée d'Yves, c'est impressionnant ! Quel travail d'investigation et de documentation tu as fait, Yves… :surprised: J'avoue que je me laisse prendre à la qualité et l'exhaustivité de ta démonstration pour le 7… mais peut-être qu'un 7 (s'il y en a un sur le forum de temps en temps :laugh:) pourra confirmer son ressenti sur ton analyse.

 

Pour ma part, je voulais juste réagir au commentaire d'Aurolaf sur l'instinctif réprimé. On est dans une situation très particulière : sur scène pendant quelques heures. Les motivations pour se bouger peuvent être extrêmement diverses, et une observation "il bouge beaucoup donc il ne réprime pas l'instinctif" est peut-être biaisée par la situation. Je l'évoque car je réprime l'instinctif, mais il m'a souvent été dit qu'en salle de cours (contexte particulier, donc), j'envoie beaucoup d'énergie et j'en dépense beaucoup — une personne qui me verrait uniquement en salle de cours me prendrait peut-être pour un Instinctif. Pour moi-même, je vois bien les motivations : éviter ce que je prends pour des risques d'échec ; mettre mon émotionnel dans la relation avec mes étudiants. Donc la piste du 3 mu serait peut-être possible.

 

Cela dit, pour revenir au sujet, je ne trouve pas beaucoup de caractéristiques de 3 dans les citations de Fabien et Yves, beaucoup plus du 7.

 

Amicalement,

Docthib / Chr

E3 mu C+/= S+/- X++

"Se coucher tard nuit" (Raymond Devos)

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Bonjour à tous (tiens un 7 qui passe),

 

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt l'analyse de notre ami Yves, mais j'attendais le deuxième message promis pour réagir et me déclarer convaincu ou non.

 

Tout d'abord, un point de théorie de l'Ennéagramme : "Dans ce cas, du point de vue de l'Ennéagramme, en dehors du triangle, le centre préféré prend la place du centre réprimé (sinon c'est le centre de support)." Yves, je n'ai pas compris cette phrase. Pourrais-tu la reformuler ?

 

Toujours sur le plan théorique, on ne peut pas déduire que le centre mental vient avant l'émotionnel du fait qu'Aznavour accorde la prééminence au texte sur la musique et qu'il a écrit des livres.

 

Je suis d'accord bien sûr avec la remarque de Docthib sur la hiérarchie des centres : nous ne voyons Aznavour que dans un certain contexte qui peut être trompeur. Peut-être, plus que la prestation pendant un concert, faut-il regarder le nombre de concerts faits par an. Je ne sais plus quel matin de cette semaine, j'ai entendu Charles Aznavour sur France Inter à propos des six concerts qu'il donne actuellement au Palais des Sports à Paris. Il y racontait que son épouse lui avait dit qu'il serait peut-être temps qu'il arrête et qu'il lui avait répondu que s'il arrêtait, il mourrait. Ce besoin compulsif de son activité professionnelle irait assez bien à l'ennéatype 3 : nous citons au stage Bases, une phrase presque identique de Philippe Bouvard. Je ne suis pas LE 7, juste UN 7, mais je peux arrêter n'importe quoi : d'une part, je me refuse à être dépendant de quoi que ce soit, et d'autre part, il y a toujours quelque chose d'autre de passionnant à faire.

 

Avec les mêmes réserves sur mon témoignage, puisque je suis comme Aznavour un auteur-interprète :rofl:, je me reconnais totalement dans ce qu'il dit sur le fait de chanter plusieurs fois la même chanson et sur le fait qu'on "n'a pas le droit de les désillusionner" les gens qui vous font la confiance de venir assister à nos prestations. Cependant, je ne vois pas en quoi ça exclut la fantaisie.

Je m'étonne aussi pour un 7 de cette phrase : "Ma voix ? Impossible de la changer. Les professeurs que j'ai consultés sont catégoriques : ils m'ont déconseillé de chanter. Je chanterai pourtant, quitte à m'en déchirer la glotte." Tu y vois, Yves, une prise de risque peu compatible avec le 3, mais on peut tout autant y voir une acceptation de la souffrance peu compatible avec le 7.

 

À côté de ces quelques réticences, plusieurs éléments effectivement pointent vers le 7, mais je pense qu'il reste encore un doute que la suite lèvera, j'espère.

 

Dans l'interview que je citais dans le message qui a ouvert cette conversation, un élément m'a surpris qui me semble doit être intégré dans l'ennéatype : Charles Aznavour parle de ses textes et de ses musiques en disant qu'il vient "avec son matériel". Cette chosification me fait penser à cette conversation.

 

Très amicalement,

Fabien

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Bonjour à tous,

 

Merci Christophe et Fabien pour vos commentaires. Christophe, j'espère que tu continueras à participer à l'Enné-agora : je connais personnellement très peu de 3 mu et j'aimerais les connaître mieux.

 

Je suis d'accord avec vous, notamment à propos du centre instinctif et de la hiérarchie des centres.

 

Mon trouble en lisant certains commentaires me révèle combien l'indétermination de l'ennéatype d'Aznavour m'est dure à accepter (ah c'est difficile, l'idée supérieure du 5  !). Pendant mon investigation, j'ai prêté une grande attention à ce qui pouvait vite m'aiguiller sur un des deux rails, 7 ou 3 mu, puis à privilégier ce rail au détriment de l'autre. Mon besoin de certitude 5 contrarie mon besoin d'objectivité et me handicape pour déterminer l'ennéatype de quelqu'un.

 

"Tout d'abord, un point de théorie de l'Ennéagramme : 'Dans ce cas, du point de vue de l'Ennéagramme, en dehors du triangle, le centre préféré prend la place du centre réprimé (sinon c'est le centre de support).' Yves, je n'ai pas compris cette phrase. Pourrais-tu la reformuler ?"

En cas de gros stress, à la place du centre réprimé, c'est le centre préféré qui est utilisé, ou bien dans le cas du triangle, le centre de support, si le centre préféré devenait co-réprimé.

 

"[Aznavour] y racontait que son épouse lui avait dit qu'il serait peut-être temps qu'il arrête et qu'il lui avait répondu que s'il arrêtait, il mourrait. Ce besoin compulsif de son activité professionnelle irait assez bien à l'ennéatype 3"

Oui. Charles Trénet, probablement 7 mu, a donné ses trois derniers récitals en novembre 1999, à 86 ans et demi (il est mort à 87 ans et demi). Je ne connais pas ses motivations pour avoir fait encore de la scène à cet âge, malgré sa fatigue. « Ceux qui viendront à mon spectacle seront dispensés d'assister à mon enterrement », avait-il annoncé à la presse. Je repense à ces paroles de Florence Foresti, qui m'avaient marqué : « Jouer la comédie m'empêche de penser. Le seul moment où j'oublie que je vais mourir, c'est sur scène. » (Psychologies, sept. 2009). Le centre mental, tourné vers le futur, engendre de la peur. À l'approche de la mort, le futur se restreint et la peur peut s'accroître. Pour échapper à cette peur, que planifier ? Lors de son récital de 2004, Aznavour a confié à son public qu'il ne savait faire que « ça ». Que planifier à part un récital ?

 

Je songe aussi à une chanteuse 7 mu. Un jour, elle m'a confié que sur scène, elle avait le trac, mais elle avait besoin de poussées d'adrénaline. :surprised: Imaginez ma surprise, moi qui crains toute poussée d'adrénaline ! L'adrénaline, un besoin compulsif pour certains 7 ? :perplexe: Lors de son récital de 2004, Aznavour s'est déclaré pas doué pour le golf et le jardinage : voilà des activités qui n'élèvent pas vraiment le taux d'adrénaline ! Peut-être aussi que fasciner un public et se sentir fasciné répond à un besoin compulsif pour certains 7 ?

 

"Dans l'interview que je citais dans le message qui a ouvert cette conversation, un élément m'a surpris qui me semble doit être intégré dans l'ennéatype : Charles Aznavour parle de ses textes et de ses musiques en disant qu'il vient 'avec son matériel'."

Voici une hypothèse. En quelques mots, le journaliste vient de prononcer le mot « trac » et trois fois le mot « peur ». Aïe, une émotion négative… Comment dédramatiser ? Vite, mon centre préféré, une construction mentale… Ou simplement une astuce de langage… Mon centre mental intérieur transforme « textes et musiques » en « matériel » et transforme ainsi la réalité (en l'occurrence l'émotion négative de peur). Le tour est joué. De plus, « matériel », c'est du concret, du tangible, du solide, contrairement à la mémoire (dont je dépends pour restituer mes « textes et musiques »), forcément fragile, évanescente à 91 ans.

 

Concernant le sérieux et la fantaisie, voici comment Aznavour termine sa biographie sur son site Web : « Mais surtout tout ce que j'ai fait je l'ai fait avec amour et sérieux, bien que je me sois toujours amusé, je l'ai fait dans le respect de mon public et de mes valeurs. »

 

Concernant les émotions négatives, ce que j'ai trouvé n'est pas déterminant et je cherche encore un peu. Je n'en sais pas assez ! :laugh:

 

À très bientôt,

Yves

Yves (E5 alpha, ailes 4 et 6, C- S= X-/+)
"Attendre d'en savoir assez pour agir en toute lumière, c'est se condamner à l'inaction." (Jean Rostand)

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Bonjour à tous,

"Pendant mon investigation, j'ai prêté une grande attention à ce qui pouvait vite m'aiguiller sur un des deux rails, 7 ou 3 mu."
Quand j'ai lancé cette conversation, j'ai dit hésiter pour Aznavour entre ces deux ennéatypes, mais tant qu'on est en phase hésitation, il reste possible que le petit Charles appartiennent à un autre profil. Bien involontairement, je t'ai peut-être, Yves, enfermé dans ce choix.

"Charles Trénet, probablement 7 mu."
C'est amusant que tu parles de cet autre chanteur que d'ailleurs je n'apprécie guère — euphémisme ! Je me suis parfois demandé s'il n'était pas 3 ! C'était une idée en passant, car je ne connais pas plus sa vie que celle d'Aznavour.

"« Ceux qui viendront à mon spectacle seront dispensés d'assister à mon enterrement », avait-il annoncé à la presse."
Je me rends. Un vrai 3 aurait dit que ceux qui assitaient à son spectacle recevraient un bon de réduction pour suivre son enterrement ! :rofl:

"À l'approche de la mort, le futur se restreint et la peur peut s'accroître. Pour échapper à cette peur, que planifier ?"
Intéressante hypothèse, Yves. Comme la peur de la mort m'est étrangère — cela changera peut-être mais j'ai 64 ans, la Camarde approche, et les différents messages que j'avais écrits dans cette discussion restent exacts —, cela ne m'était pas venu à l'idée. Mais si je fais une simulation intérieure, cela fait sens.

"Lors de son récital de 2004, Aznavour a confié à son public qu'il ne savait faire que « ça ». Que planifier à part un récital ?"
Effectivement, mais qu'un 7 ne sache faire qu'une chose… C'est peut-être une question de formulation. Personnellement, je dirais : "Comme actuellement rien ne me donne plus de joie que…" Devant un public, le mot "actuellement" serait peut-être sous-entendu.

"L'adrénaline, un besoin compulsif pour certains 7 ?".
Ah oui clairement et à mon avis pour beaucoup d'entre eux, surtout si la variante est alpha et l'aile 8.

"Mais surtout tout ce que j'ai fait je l'ai fait avec amour et sérieux, bien que je me sois toujours amusé, je l'ai fait dans le respect de mon public et de mes valeurs."
Jolie phrase.

Très amicalement,
Fabien

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Bonjour à tous,

Concernant les émotions négatives, je n'ai hélas rien trouvé de déterminant du point de vue de l'Ennéagramme. Au début de leurs carrières, le pathétique de certains textes de Charles Trénet et Charles Aznavour se cache derrière une musique très joyeuse et entraînante : je pense au suicide évoqué dans la chanson Je chante de Charles Trénet, et à la piteuse histoire d'un artiste raté dans la chanson Je m'voyais déjà de Charles Aznavour. Cette discordance me perturbe. Elle me semble compatible avec le 7 et aussi le 3 désintégrés (et incompatible avec le 4). Aznavour a changé plusieurs fois l'orchestration de cette chanson (Je m'voyais déjà), mais a globalement gardé sa tonalité joyeuse. J'ai aussi été frappé par la discordance entre les paroles de sa chanson Il faut savoir et sa musique passe-partout : « Et devant le bonheur perdu / Il faut savoir cacher ses larmes / […] / Il faut savoir cacher sa peine / Sous le masque de tous les jours ». J'ai songé au 7. Mais un texte non explicitement autobiographique ne donne pas d'indications sur l'ennéatype de son auteur.

Revenons à la chanson Je m'voyais déjà. Elle a été écrite à partir de l'histoire vraie d'un artiste vaniteux, un raté, rationalisant son échec, qu'Aznavour a rencontré : elle n'est pas autobiographique. Elle sous-entend une dérision compatible avec le 7 et le 3 mu. D'après sa biographie sur son site Web : « Lors de cette soirée du 12 décembre 1960, après sept chansons interprétées devant un public froid, je sors mon dernier atout : Je m'voyais déjà, qui raconte l'histoire d'un artiste raté. À la fin de la prestation, les projecteurs sont braqués sur le public. Aucun applaudissement. En coulisses, j'étais prêt à abandonner le métier. Retournant saluer une dernière fois, je vois la salle de l'Alhambra, le public debout sous un tonnerre d'applaudissements. C'est un triomphe. Enfin à trente-six ans. » Grâce à cette chanson, Aznavour a évité un four. C'est peut-être pour éviter l'échec qu'il l'a chantée si souvent par la suite, ainsi que ses chansons à succès. Cette fois, ce serait compatible avec le 3. :mouais:

Pour déterminer l'ennéatype d'Aznavour, il faudrait lire une de ses autobiographies. Mais là, faut pas exagérer, me dit mon centre de support : Aznavour ne fait pas partie de mes chanteurs favoris. Je ne le ferai donc pas. Tant pis pour mon centre préféré. :tongue:

Tenir compte de la position d'Aznavour sur la Spirale Dynamique aiderait aussi à le comprendre (Argh, mon centre préféré insiste). Plus que les autres vMèmes, ORANGE fuit la souffrance et l'échec. Or, VIOLET et ROUGE me semblent bien actifs chez Aznavour. Et peut-être BLEU, je ne sais pas.

Pour Charles Aznavour, le génocide arménien fut une source de souffrance (cf. la chanson Ils sont tombés). Il vécut maints échecs et souffrances : la défaveur des professeurs, les fours, les projectiles reçus, les rejets des maisons de disques, la « course au cacheton », les critiques acérées. Je me pose alors les questions suivantes. Comment pourrait évoluer un 7 confronté à d'incessantes souffrances, s'il finissait par les accepter ? Comment pourrait évoluer un 3 confronté à d'incessants échecs, s'il finissait par les accepter ?

Amicalement,
Yves

Yves (E5 alpha, ailes 4 et 6, C- S= X-/+)
"Attendre d'en savoir assez pour agir en toute lumière, c'est se condamner à l'inaction." (Jean Rostand)

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Bonjour à tous,

 

"Cette discordance me perturbe. Elle me semble compatible […] incompatible avec le 4."

Je suis loin d'en être certain. Je ne connais pas l'ennéatype de Gilles Vigneault mais dans ce style de discordance, j'adore Tout le monde est malheureux :

 

 


"Pour déterminer l'ennéatype d'Aznavour, il faudrait lire une de ses autobiographies. Mais là, faut pas exagérer, me dit mon centre de support : Aznavour ne fait pas partie de mes chanteurs favoris. Je ne le ferai donc pas."

Pas grave, Yves. Tu as déjà fait beaucoup avancer le sujet. Les autres n'ont qu'à bosser aussi, surtout les fans.

 

"Comment pourrait évoluer un 7 confronté à d'incessantes souffrances, s'il finissait par les accepter ?"

Pour un 7, la question est de minimiser la souffrance. On peut imaginer qu'arrêter d'écrire, de composer et de chanter soit une souffrance plus grande que de subir le rejet des journalistes et du public… Dans ce cas, le 7 accepterait ces dernières souffrances pour éviter la première.

 

"Comment pourrait évoluer un 3 confronté à d'incessants échecs, s'il finissait par les accepter ?"

Pour un 3, face à l'échec, il y a un surcroît d'investissement et de travail. S'il s'est totalement identifié au rôle d'auteur-compositeur-interprète, il peut continuer jusqu'au bout.

 

Très amicalement,

Fabien

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Ah oui, cette interprétation par Gilles Vigneault m'a mis de très bonne humeur et m'a donné beaucoup d'entrain. Merci Fabien.

 

Amicalement,

Yves

Yves (E5 alpha, ailes 4 et 6, C- S= X-/+)
"Attendre d'en savoir assez pour agir en toute lumière, c'est se condamner à l'inaction." (Jean Rostand)

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