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l’ennéagramme

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De forts moments d'intégration multiple…


Odile2

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Bonjour à tous,

J'ai vécu il y a peu avec mes parents âgés (92 et 94 ans) des moments tout à fait particuliers d'acceptation de chacun d'entre nous.

Papa, 8 alpha, a principalement vécu sous le contrôle et comme il a joui d'une excellente santé, a rarement eu à affronter des moments de faiblesse physique, voire de douleurs. Alors que maman, 1 alpha, est très peu mobile depuis plus de 10 ans. Elle se consacre plus à ce qui est important pour elle qu'aux détails (de ménage par exemple) et a développé une richesse spirituelle surprenante.

Papa a un cancer de la prostate, comme la plupart des hommes de son âge (mais cela ne sera sans doute pas la cause de sa mort, comme disent les médecins). Il a pris en compte sa maladie tardivement (déni) — il me l'a dit un jour quand même —, ce qui nécessite un traitement pour éviter que les PSA flambent, et cela marche bien, mais a conduit à avoir des conséquences sur les os qui peuvent être douloureuses, d'où un traitement antalgique assez lourd.

Parce qu'il pense qu'il est fort et a du mal à accepter la maladie, comme il a eu des périodes sans « douleur forte », il a « oublié » de suivre correctement son traitement. Cela a engendré de grandes périodes d'endormissement, une période de grande faiblesse qui la conduit à manquer vraiment d'énergie, perdre l'envie de manger, perdre la notion du temps…

Nous venons nous occuper d'eux régulièrement et « c'était mon tour ». Ma sœur qui m'avait précédé avait signalé ses symptômes. Le premier jour où je suis arrivée, il m'a parlé de ses faiblesses physique, mentale (il angoissait de ne pouvoir être en mesure de faire sa déclaration d'impôts par exemple…). Me disant qu'il avait dû être, pendant tout le séjour de ma sœur avec son mari, « pénible » car sans force… Une des rares fois où il parlait de lui, ses ressentis, ses peurs en toute simplicité et humilité…

 

Un soir où il voulait mettre le couvert pour le petit déjeuner et que je lui ai dit que nous allions dîner donc manger de la soupe… il a accepté ce que je lui disais, s'est arrêté et sa réponse « c'est embêtant quand même… » indiquait qu'il en prenait conscience, sans agressivité.

 

Nous avons beaucoup discuté et remerciant de notre présence à tous, il s'inquiétait des implications dans la vie de chacun, prenant en compte calmement les différences de ses enfants (altérité). Il a accepté mon aide pour finaliser sa déclaration d'impôts, chose qu'il a toujours veillé à faire seul : je suis le chef de famille, je sais ce que je fais. Et après, c'est comme s'il lâchait prise. Il est parvenu à me dire : « je n'ai rien dans la tête », je suis « vide ».

 

Pour parvenir à bien m'occuper d'eux sans trop montrer mes émotions qui étaient fortes, je sortais dehors prendre l'air, récupérer. J'étais dans un état d'acceptation de ce qui arrivait sans peur mais avec la tristesse de potentiellement les voir partir. J'ai eu le soutien de mes proches, tous mes frères et sœurs par tel, mail ou sms, cela m'a beaucoup aidé. J'ai pu leur exprimer mes émotions fortes avant de retourner m'occuper de mes parents.

 

Et j'ai observé au fur et à mesure ce qui se passait avec l'ennéagramme. Cela m'a aidé à ne pas me laisser envahir par mes émotions. Mon central mental a été un bon support. Dans la répartition des 3 centres, je crois que pendant cet épisode, mon instinctif a pris sa place et mon centre émotionnel ne s'est pas trop suractivé.

Une question m'est venu alors : si nous prenons conscience que la fin arrive, est-ce que chaque ennéatype vit aussi fortement des moments d'essence de manière inconsciente (comme nous sommes dans l'essence au moment originel…) ?

Après la venue du médecin, ayant recommencé à prendre son traitement dans les temps, (j'y ai bien veillé, c'est mon domaine quand même :laugh:), il a recommencé à récupérer un peu et de me dire : « Tu sais, c'est la première fois de ma vie que j'ai pensé que cela pouvait être la fin, cela ne m'est jamais arrivé avant ! » À 92 ans !!

 

Maman, au même moment, s'est fait une déchirure musculaire violente. Alitée pendant deux jours, un peu plus affaiblie, ayant les antalgiques qu'il faut, elle sait qu'il lui faudra 3 ou 4 semaines pour récupérer. Elle fait appel à sa patience bien souvent sans connaître l'ennéagramme ! :happy:

Mais, l'ego revient au galop.

 

Le lendemain de cette fin de journée difficile pour tous les deux, l'un de mes frères est venu. Nous devions discuter avec papa pour qu'il accepte pleinement de mettre une téléalarme (l'alerte avait été chaude !). Comme mon frère n'est pas monté voir maman dans sa chambre tout de suite, 1h 30 après, elle a fait une crise de larmes en disant : « Bernard pourquoi tu m'abandonnes ?!!! » Belle expression de jalousie par rapport à mon père alors qu'elle est régulièrement cocoonée depuis plus de 10 ans !

 

Et papa, deux jours après la bonne prise de ses traitements, reprenant du poil de la bête, a pu s'interroger sur l'utilité de la mise en place d'une téléalarme pour eux comme le matériel arrivait (je suis fort quand même !)… mais il a accepté ! Ouf pour nous, les enfants. Je craignais qu'il ne mette pas le bracelet qu'ils doivent avoir en permanence, mais quelques jours après, maman me confirmait au téléphone que papa le mettait tous les jours. Je crois bien qu'il s'est fait peur.

 

Quand papa argumentait négativement, maman a eu une superbe formation réactionnelle (je la sentais bouillir, les lèvres crispées)… Je me suis approchée d'elle en lui disant : « Tu sais bien qu'il faut que tu cultives la patience. » Et de me répondre : « Oh oui, je m'y emploie depuis longtemps ! »

 

Mes frères et sœurs m'ont remerciée de ce que j'ai fait parce que c'est moi qui étais là (fierté activée, l'orgueil a pointé…). Nous sommes revenus à une « normale » de leur vie vieillissante. Un de mes frères a pris la relève auprès d'eux. Comme nous sommes nombreux, cela aide !

 

Il y aura d'autres épisodes de hauts et de bas, je le sais bien.

La connaissance de l'ennéagramme m'a permise de vivre cette étape difficile avec une certaine sérénité. L'ennéagramme impacte très fort ma vie quotidienne en fait.

Amicalement,
Odile

Odile E2 mu, aile 1, C+ S++ X=

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

 

Merci Odile pour ce témoignage.

 

"Si nous prenons conscience que la fin arrive, est-ce que chaque ennéatype vit aussi fortement des moments d'essence de manière inconsciente (comme nous sommes dans l'essence au moment originel…) ?"

Manquant d'expérience dans ce domaine, je ne peux pas avoir de certitude. Cependant, l'exemple de mes propres parents ou de la mère de Patricia me fait penser que ce n'est pas le cas.

 

"Dans la répartition des 3 centres, je crois que pendant cet épisode, mon instinctif a pris sa place et mon centre émotionnel ne s'est pas trop suractivé."

Il n'est pas besoin de tordre de la hiérarchie des centres pour expliquer cela, il suffit d'en connaître et prendre en compte le fonctionnement. L'instinctif ne prend pas la place du mental à ce moment-là, c'est juste que le mental laisse l'instinctif fonctionner : rappelle-toi l'entonnoir de Patricia pendant le stage Centres.

 

Très amicalement,

Fabien

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Bonjour Fabien,

 

Tu as bien sûr raison sur la prise en compte du fonctionnement. Je me suis mal exprimée : je ne voulais pas dire que le mental était "passé" derrière… Je voulais noter que les 3 centres ont fonctionné "à leur juste mesure".

 

Bien amicalement,

Odile

Odile E2 mu, aile 1, C+ S++ X=

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