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La contrepassion comme alibi


Fredd

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Bonjour à chacune et chacun,

Je me suis surpris, récemment, à me demander pourquoi je voulais toujours terminer le travail qui m'avait été confié avant la date limite convenue ? Pourquoi cet excès d'énergie déployé pour terminer un travail avant terme ? Pourquoi me mettre systématiquement sous pression inutilement, sans aucune obligation autre que la mienne ? Pourquoi cette frénésie incontrôlable du "faire" sans nécessité ?

J'ai pensé d'abord que cette habitude me protégeait, paradoxalement, du stress ! Que je devais me stresser moi-même pour ne pas faire face à un éventuel stress imposé par autrui. De fait, en tant que 9, je n'aime pas travailler sous pression, aussi curieux que cela puisse paraître après ce que je viens d'écrire. Mais c'est surtout celle imposée par d'autres qui m'est pénible.

J'aime voir venir. Cette habitude me permettait de me prouver à moi-même que je tenais la situation sous contrôle. De quoi être fier. Et c'est cette fierté qui m'a mis sur une autre piste, à la lumière du stage Néti Néti.

La contrepassion d'hyperactivité du 9, qui se nourrit au passage du mécanisme de défense de la narcotisation, me donne un alibi parfait pour me faire accepter que je ne peux pas consacrer de temps à la connaissance de moi-même et des autres, que je dois en tout cas réduire ses prétentions ! C'est la justification parfaite. Avec cette contrepassion, je reste immergé en permanence dans le faire plutôt que dans l'être, parce que l'hyperactivité en situation de manque se charge bien de trouver une autre urgence à laquelle faire face, tourjours au niveau du faire.

Comment désamorcer cette contrepassion pour donner davantage de temps aux qualités de l'essence ? Pour le moment, la stratégie que j'ai trouvée, qui n'a rien d'original mais qui m'aide, c'est le "listing" en début de journée. Il me rappelle, en cours de route, ce qui est important pour moi. Un peu comme le footballeur qui avance avec le ballon et qui, au lieu de s'hypnotiser sur celui-ci, lève le nez pour découvrir les équipiers qui lui permettront d'atteindre le but !

Si d'autres collègues 9 ont trouvé d'autres pistes pour gérer cette hyperactivité, merci d'avance si vous les faites connaître.

Fredd (E9 alpha C)

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Bonjour Fredd, bonjour à tous,

La situation que l'ego du 9 essaie de garder sous contrôle est une situation perçue globalement sans distinction de priorités. Faire une liste de ce qu'il y a à faire est aussi l'occasion de mettre des priorités.

L'exemple du footballeur, comme obnubilé par la balle, est parlant. Notamment, il compte trop sur son action personnelle sans envisager que les actions des autres pourraient favoriser et conforter ses propres efforts. Ces aspects collaboratifs peuvent être notés sur la liste des actions et de leurs priorités. Cela peut être aussi l'occasion d'envisager des aspects collaboratifs plus sereinement, sans trop penser au contexte autour avec ses tensions.

Le "désamorçage" est une action ponctuelle à l'effet pas forcément durable. Plus l'ego est actif, moins c'est durable. Des stages Éveil et Néti Néti, j'ai, entre autres, retenu la nécessité, comme pour un entraînement physique ou autre, de réitérer.

Amicalement,
Thierry

9 alpha, grande aile 1, petite aile 8, sous-type conservation. Je me reconnais dans l'INTJ du MBTI.

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Bonjour Fredd, bonjour à tous,

Je n'ai pu encore suivi le stage Néti Néti et je n'ai pas non plus eu beaucoup l'occasion d'observer chez moi la contrepassion d'hyperactivité du 9. Je ne pourrai donc pas t'aider à trouver des pistes pour dépasser ta contrepassion ; néanmoins, j'ai envie de mettre en perspective ton expérience avec mes propres observations.

Pour ma part, je ne cherche pas du tout à terminer ce que je dois faire avant l'échéance. C'est même souvent plutôt le contraire. C'est seulement lorsque l'échéance est imminente — voire dépassée ! — que je me décide à agir. Je crois que cette différence est liée à nos variantes (9 alpha dans ton cas, 9 mu dans le mien). J'ai tout à fait conscience, à l'approche d'une échéance, de privilégier mon état émotionnel présent (que je me débrouille pour rendre confortable), à la projection de l'état émotionnel futur, certainement inconfortable, que mon mental est capable de se représenter. En d'autres mots, je suis capable de me dire que "ne pas faire" va me conduire à devoir expliquer pourquoi je n'ai pas fait dans les temps, je sais que cela pourra provoquer des reproches voire des conflits. Et que par conséquent, pour éviter cela, il est nécessaire de se mettre à l'ouvrage dès maintenant. Mais le centre émotionnel filtre cette information qui remonte de mon mental, de telle sorte qu'elle n'atteint jamais le centre instinctif. Et donc, tout en étant conscient du risque, je continue à procrastiner. Dans ces moments, je suis dans un conflit émotionnel interne qui peut être très troublant. Le centre émotionnel vit à la fois l'émotion présente qu'il a envie de prolonger (plaisir de lire un livre, de discuter avec des amis, de regarder un bon film…) et l'émotion qui remonte du centre mental — la peur. Ce mélange plaisir-peur peut durer assez longtemps, tant que le centre instinctif ne décide pas d'en sortir. Je précise quand même que ce processus se met en place uniquement pour des activités qui me demandent des "efforts", au sens où elles font appel à une intense utilisation du centre réprimé, ou lorsqu'elles ne déclenchent pas suffisamment d'émotions agréables.

Comme toi, je n'aime pas du tout travailler sous pression, et j'éprouve aussi la crainte que les autres viennent me mettre la pression à ma place, mais je suis obligé de reconnaître qu'il faut que le niveau de pression que j'anticipe soit véritablement très fort pour qu'il parvienne à faire pencher la balance du côté de la peur, et que je renonce donc au confort du moment présent. Au risque d'apparaître masochiste, j'aime bien les personnes "qui me mettent un coup de pied au cul" même si ça ne m'empêche pas de les trouver désagréables, car elles déclenchent l'action chez moi. Il s'agit pourtant d'une croyance égotique car cela n'aide pas à remettre durablement le centre instinctif en première position, cela ne contribue pas du tout à mieux me connaître, et encore moins à éprouver l'amour de soi et des autres ! Lorsque la pression diminue, je profite de la première occasion pour me remettre à ne pas agir… :sarcastic:

Par ailleurs, quand tu dis que tu préfères encore te mettre toi-même la pression que la subir de la part des autres, j'interprète cela comme une manifestation de l'orientation intérieure/extérieure du centre instinctif du 9. Tu souhaites avoir du contrôle sur ton environnement, ou plus précisément ici, que l'environnement n'ait pas de pouvoir sur toi (orientation extérieure), et pour cela tu exerces un contrôle sur toi-même (orientation intérieure). Bien sûr, ce n'est pas très agréable car tu t'imposes à toi-même une pression non souhaitée, mais au moins tu as la totale maîtrise du conflit généré puisqu'il reste entre toi et toi. Être en conflit avec les autres, c'est ne plus pouvoir exercer son contrôle sur une partie du conflit et ça, l'instinctif extérieur n'aime pas. Est-ce que cela fait sens pour toi ?

Bien amicalement,
Tristan

Tristan (91 mu, C=/-, S++/-, X-/+)

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Bonjour Tristan,

Étant également 9 alpha, je reprends la parole. :happy:

La date pour terminer une tâche n'est pas une donnée neutre. Elle est connue suffisamment à l'avance ou pas. Elle correspond à des critères liés au travail ou à d'autres critères, voire à pas de critère (e.g. date intenable, juste pour avoir un "T zéro" pour le retard). Autant de situations et de réactions possibles de ma part. Lorsque la date butoir est sue suffisamment de temps à l'avance et qu'elle est vraiment liée au travail, je tends à prendre un rythme et à terminer un peu à l'avance.

"Être en conflit avec les autres, c'est ne plus pouvoir exercer son contrôle sur une partie du conflit et ça, l'instinctif extérieur n'aime pas. Est-ce que cela fait sens pour toi ?"
J'aime bien la formulation : tant que le conflit est maîtrisé, il n'y aurait pas vraiment conflit ! :happy: Je reformulerai donc (est-ce moins saga ?) en parlant de niveau de conflit gérable et de niveau de conflit non gérable mais supportable.

Amicalement,
Thierry

9 alpha, grande aile 1, petite aile 8, sous-type conservation. Je me reconnais dans l'INTJ du MBTI.

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Bonjour à tous,

Fredd, tu as écrit : "Avec cette contrepassion, je reste immergé en permanence dans le faire plutôt que dans l'être, parce que l'hyperactivité en situation de manque se charge bien de trouver une autre urgence à laquelle faire face, toujours au niveau du faire."
Que ressens-tu quand il n'y a plus rien du tout à faire ?

Je me souviens qu'à une époque de mon adolescence, chaque dimanche matin, mon père, 9 alpha à aile 1, avait mal à la tête. Tous les autres jours de la semaine, il n'avait absolument jamais mal. Or, ses semaines étaient remplies du matin au soir, tardivement. Il était toujours en train de travailler, plongé avec minutie et lenteur dans un travail routinier, subissant les fixations 9 et 1. Il était alors peu disponible émotionnellement. Aspirant à la paix, il se protégeait des débordements émotionnels de ma mère (2 alpha). Mon père travaillait tellement, que le dimanche matin, ben il n'avait plus rien à faire. Ce mal de tête dominical, ce rituel, je trouvais ça bizarre et triste, car les dimanches auraient pu être des jours de fête, ou du moins de convivialité. Il se trouve que son mal de tête tombait plutôt bien (pour lui) : compatissante :sick:, ma mère le laissait en paix. La paix, n'était-ce pas le désir le plus cher de mon père ? Comment le satisfaire ? Son ego lui avait donné une réponse : s'oublier, être oublié.

Fredd, tu as demandé : "Comment désamorcer cette contrepassion pour donner davantage de temps aux qualités de l'essence ?"
Cela ne peut pas être un objectif. C'est plutôt de l'ordre de l'exploration. Peut-être que l'exemple suivant te parlera, Fredd. Autrefois, comme la plupart des 9 que je connais, mon père adorait voyager. Il était très curieux. Dans ma petite enfance, en voyage, mon père photographiait des paysages. Il nous mettait, nous, ses proches, au premier plan de ses photographies. Ses trois centres étaient alors en harmonie (je ne sais pas quel centre était activé en premier, je suppose que c'était son centre réprimé) :

  • Émotionnel extérieur : il prenait des photographies pour nous faire plaisir, surtout à ma mère, plus sensibles aux images qu'aux discours.
  • Émotionnel intérieur : mon père vivait l'émotion d'être confortablement avec nous dans ces paysages magnifiques et paisibles. :cool: Il était en paix. Il était heureux. :happy:
  • Mental extérieur : il observait avant de photographier. Il composait les différents plans. Son appareil était perfectionné, complètement manuel et il le connaissait avec précision.
  • Mental intérieur : il se faisait plaisir. Il lui est arrivé de faire des trucages. C'était un plaisir enfantin.
  • Instinctif extérieur : pour la photo, mon père nous disait comment nous placer. Il savait ce qu'il voulait. Il effectuait tous les réglages avec soin, vivant les idées supérieures 9 et 1. :heart: Il n'a jamais renoncé à prendre une photographie. N'a jamais non plus jeté une photo, même si elle était surexposée.
  • Instinctif intérieur : rarissimes étaient ses photographies floues. Et quelle patience il avait ! (Et ma mère également, à ces moments-là — elle avait une aile 1, elle aussi.)

Il était libre. Il était en paix.

Amicalement, :bye:
Yves

Yves (E5 alpha, ailes 4 et 6, C- S= X-/+)
"Attendre d'en savoir assez pour agir en toute lumière, c'est se condamner à l'inaction." (Jean Rostand)

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Bonjour à tous,

 

Dans mon message précédent, j'ai placé les phrases suivantes dans le paragraphe Instinctif extérieur : "Il effectuait tous les réglages avec soin, vivant les idées supérieures 9 et 1. :heart: Il n'a jamais renoncé à prendre une photographie. N'a jamais non plus jeté une photo, même si elle était surexposée." C'est une horrible imprécision : il s'agit d'instinctif intérieur, et non extérieur.

 

Que s'est-il passé ? Comment expliquer cette confusion qui m'a fait perdre mon orientation de précision ? "C'est à cause de cette émoticone ! Elle est dangereuse !" me chuchote mon ego.

 

Mon ego a toujours raison.

 

Amicalement,

Yves

Yves (E5 alpha, ailes 4 et 6, C- S= X-/+)
"Attendre d'en savoir assez pour agir en toute lumière, c'est se condamner à l'inaction." (Jean Rostand)

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