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Bascule du centre instinctif et conflit interne


Kiemantine

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Bonjour,

 

Je souhaite relater ici une "aventure" qui m'est arrivée récement. Je pense avoir trouvé, avoir compris quelque chose quand à mon fonctionnement. Mais déjà mes souvenirs s'effacent alors que je pensais avoir saisi quelque chose qui était d'une importance capitale pour moi.

 

Je suis célibataire. Enfin séparée avec un enfant. Et ce depuis bientot quatre ans.

Je me suis inscrite sur un site de rencontre sur l'Internet afin de… faire des rencontres.

 

Dès ma première rencontre, une chose curieuse s'est produite : à un moment donné, je me suis sentie "basculer". J'avais une relation "normale" avec la personne en face de moi et, tout d'un coup, j'ai ressenti le besoin de devenir importante pour lui.

Je ne connaissais pas cette personne, c'était la première fois que je le rencontrais. Je ne savais pas encore ce que ça allait donner entre nous, et tout d'un coup, il a dit quelque chose d'anodin : "On se revoit ?" Et j'ai basculé. Comme si quelqu'un avait appuyé sur le bouton d'un interrupteur.

Un moment, j'avais toute ma tête, je savais ce que je voulais ou non, j'étais "indépendante". Et l'instant d'après, j'avais basculé dans la confusion. Tout d'un coup, cet homme devenait extrêmement important et je ne savais plus que dire ou que faire.

 

C'était il y a près de trois ans.

Toutes les rencontres qui ont suivies se sont déroulées de la même façon. Et j'ai craint, je crains encore, ce moment, où "quelqu'un" appuyera sur l'interrupteur.

 

Mais je crois avoir compris ce qui se passe en moi à cet instant.

Dimanche dernier, j'ai rencontré quelqu'un.

Le lundi soir, il m'invitait chez lui pour le lendemain.

Et là, je n'ai su que répondre. Quelqu'un avait appuyé sur l'interrupteur, j'étais perdue. J'ai accepté son invitation.

Le mardi soir, il m'appelle au dernier moment pour annuler.

Mercredi, je me suis sentie très mal.

Jeudi, je me sentais encore mal.

Et comme à chaque fois que je ne me sens pas bien, je me répète inlassablement : "Il faut prendre soin de toi, il faut prendre soin de toi, il faut prendre soin de toi."

C'est ce que tout le monde me dit. Et je suis d'accord avec cette affirmation. Sauf que je ne sais pas prendre soin de moi. Je ne sais pas comment faire.

 

Et là, jeudi dernier, alors que je commençais à prononcer la phrase rituelle, "Il faut que…", je l'ai modifiée.

Et la phrase que j'ai prononcée était : "Je vais prendre soin de toi."

Et là, j'ai pleuré. Et je me suis sentie soulagée et comprise.

 

Alors j'ai cherché à comprendre qui était "JE" et qui était "TOI".

J'ai appelé "JE" l'adulte, le grand.

Et j'ai appelé "TOI", l'enfant, le petit.

 

Et j'ai compris. Lorsque "JE" bascule, c'est l'enfant qui appuye sur l'interrupteur, c'est "l'enfant" qui réclame l'attention que je ne sais pas lui donner.

Et tout d'un coup, je vois en moi deux personnes.

L'adulte, celui qui est fort et stable. Celui qui trace sa route, qui avance sans faillir et qui traîne à sa suite un enfant apeuré qui l'embête et qui lui pèse.

J'ai compris tout d'un coup, que c'est à moi de prendre soin de cet enfant, de l'écouter. Et que c'est ce que signifait la phrase "Je vais prendre soin de toi".

 

Ensuite, j'ai enfin compris, ressenti ce qu'était ce fameux conflit interne qui peut faire basculer mon centre instinctif.

Chez moi, il y a conflit lorsque l'un des deux, l'enfant ou l'adulte, cherche à imposer sa volonté à l'autre…

Je sais maintenant de quelle façon je peux avancer : il me "suffit" de faire attention à "qui" parle en moi. Et il me "suffit" de faire dialoguer l'enfant et l'adulte.

 

Mais je me heurte déjà à une autre difficulté. Je suis en train d'oublier la douleur de ces derniers jours. Et du coup, ce que j'ai trouvé n'est plus d'une si grande importance. :pt1cable:

C'est pour cette raison que j'écris ici ce témoignage, pour en conserver la trace. Et en esperant qu'il puisse servir à d'autres.

 

Amicalement,

Kiemantine

Kiemantine (E9 alpha)

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Bonjour Kiemantine,

 

C'est une bonne idée d'avoir écrit ceci ici pour mieux s'en souvenir. L'ennéatype 9 est, avec le 7, le champion de l'amnésie. Aussi lui est-il bon de noter ses ressentis et ses insights avant qu'ils ne disparaissent dans les brumes du passé.

 

L'enfant qui réclame l'attention est bien sûr l'ego qui est dans l'oubli de soi et la répression de l'instinctif face à une question personnelle. J'aime bien que tu lui dises que tu vas prendre soin de lui. C'est une expression de l'orientation de ton type, là particulièrement utile puisque tu réponds à l'ego non par le désir de le faire disparaître, mais par l'amour qui est l'idée supérieure de ton type.

 

En ce sens, ton expérience est utile à tous, et pas seulement aux autres 9. Merci.

 

Très amicalement,

Fabien

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Bonjour Kiemantine,

 

Je sais l'effort que peut représenter la rédaction d'un message par une 9 pour parler de soi : bravo. Ton message est très parlant, et m'a touché.

 

J'ai mieux distingué ces deux aspects de ma personnalité après quelques stages d'Ennéagramme. Sans l'associer directement à "adulte", je visualise cet aspect comme fort, se tenant droit et sachant vers quoi il va, ce qui rejoint la description que tu en donnes.

 

Amicalement,

Sevan

Sevan (9α, aile 8, C-/+ S= X+)

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  • 1 year later...

Bonjour à tous,

 

Je voudrais partager avec vous un nouveau chapitre du manuel d'utilisation du 9 mu que je suis, que j'ai récemment réussi à déchiffrer. Il concerne le blocage du centre instinctif, et cette fameuse recherche d'équilibre entre l'orientation interne et externe. Ce n'est pas exactement le même vécu que celui exposé par Kiemantine à l'origine de ce sujet, mais il y a probablement des points communs, au minimum le blocage de l'instinctif.

 

J'ai récemment vécu une réunion professionnelle avec mes deux responsables, réunion dédiée à l'expression de difficultés dans mon travail et dans le contexte de mon entreprise, dont mes responsable sont les deux dirigeants fondateurs. J'ai essayé d'expliquer le plus constructivement possible un certain nombre de difficultés que je vivais, dont certaines sont liées à leur influence sur l'entreprise, ce qui n'a dans le fond rien d'extraordinaire. J'ai eu un niveau d'écoute très correct, et également un retour miroir assez fort, me laissant comprendre qu'une majorité des problèmes étaient liés à ma compréhension des choses, à mon interprétation.

 

Après la réunion, je suis resté sur une impresison mitigée, oscillant entre l'impression d'avoir été écouté et l'impression de ne pas l'avoir été du tout, et je pense que mon ego y est pour quelque chose. Je n'est pas bien dormi la nuit suivante, et je me suis alors rendu compte en essayant de comprendre ce qui se passait dans ma tête que j'oscillais rapidement entre deux états opposés.

 

Clic - État 1

Le problème vient de mes filtres et de mes peurs. Je fusionne avec les autres, j'adhère totalement à leur point de vue. Il faut que j'agisse sur moi, j'oriente l'instinctif vers l'intérieur.

Oui, mais dans ce cas je m'oublie, je ne prends pas assez en compte mon point de vue.

 

Clic - État 2

Alors je considère que le problème est chez les autres, je fuis la fusion et l'oubli de moi, je m'affirme. J'oriente l'instinctif vers l'extérieur, je souhaite agir sur les autres.

Oui, mais dans ce cas je nie la présence de mes filtres égotiques, et mon ego se remet à briller de mille feux.

 

Clic - État 1

Clic - État 2

Etc.

 

Il me semble que ces deux états ne devraient pas s'opposer : il y a vraisemblablement du travail à mener sur moi et sur l'extérieur. Cependant je passe rapidement d'un extrême à l'autre, en ne restant que quelques secondes parfois sur un état. Résultat : paralysie, inaction, je tourne en rond dans ma tête mais pas pour organiser le futur (le mental est trop réprimé), je reste scotché sur le blocage.

 

La réflexion ci-dessus pourrait faire penser à un fonctionnement mental, mais ce n'est pas le cas, j'ai conscientisé cela plusieurs heures après l'avoir vécu.

 

Dans ma difficulté j'ai été heureux d'avoir pu mettre en évidence ce fameux phénomène de blocage de l'instinctif qui cherche à équilibrer son action vers l'intérieur et vers l'extérieur. C'était jusque là assez abstrait pour moi.

 

J'essaie de me fixer sur les questions fatidiques : "Qu'est-ce que je veux pour moi ? Pour les autres ?" Trop dur pour le 9 que je suis aujourd'hui assurément. Même quand je suis en pleine forme, c'est déjà difficile.

 

Bien amicalement,

Jérôme

Jérôme E9 mu, aile 1, C =/- S -/+ X =/+

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Fabien Chabreuil

Bonjour Jérôme,

 

Merci pour cette très belle auto-observation.

 

"Ce n'est pas exactement le même vécu que celui exposé par Kiemantine à l'origine de ce sujet, mais il y a probablement des points communs"

Il y a plusieurs moyens de concrétiser sa compulsion. C'est le libre-arbitre qu'il nous reste ! :rofl:

 

"Il me semble que ces deux états ne devraient pas s'opposer."

En théorie. Mais il faut être en phase d'intégration pour y arriver. La solution est donc de choisir une des voies, puis éventuellement après d'ajuster le tir.

 

Très amicalement,

Fabien

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  • 1 month later...

Bonjour à tous,

 

Depuis quelques jours mon centre instinctif est en bascule. Cela ne m'arrive pas très souvent, disons quelques fois dans l'année (3 ou 4). La durée de ces moments difficiles est variable, en moyenne quelques jours, sauf une fois, il y a dix ans, où je suis restée couchées plusieurs semaines…

 

Le premier syndrome est une phase de narcotisation aiguë : j'ai passé le week-end à parcourir les sites Hi-Fi & Son en vue de l'hypothétique (mais impossible) acquisition d'une chaine audiophile. S'en suit un sentiment de culpabilité, et de colère contre moi même : "T'as rien d'autre de plus utile à faire ?", "De toute façon, tu ne peux pas te l'acheter cette chaîne", "Tu ferais mieux d'aller ramasser les feuilles dehors dans le jardin", etc.

 

Dès la phase de narcotisation, mon état d'esprit bascule en mode "à quoi bon ?", état d'esprit peu courant en ce qui me concerne car je suis bien plus fréquemment en mode combat "si on veut, on peut", "bouge-toi", "tu peux y arriver", etc.

 

La narcotisation étant mon mécanisme de défense, j'ai donc tenté d'identifier le conflit que j'étais entrain d'éviter.

Rien de très probant mais je devais aller voir ma grand-mère qui séjourne en maison de retraite, et cette visite hebdomadaire me coûte énormément en énergie. Je ne m'en suis pas sentie capable cette fois-ci, et n'y suis donc pas allée.

Traduction : j'ai fait passer mes besoins avant ceux des autres, donc culpabilité et conflit interne ? Cela peut être une explication… mais je n'ai pas conscientisé ce sentiment de culpabilité, juste ressenti un grand sentiment de fatigue.

Autre hypothèse, mon conjoint est gravement malade, les résultats de sa dernière prise de sang sont catastrophiques, mais il n'a toujours pas pris rendez-vous pour son échographie du pancréas. Je lui ai exprimé à plusieurs reprises que cette attente dans le doute était intolérable pour moi, et que si lui préférait ne pas savoir, moi, j'avais besoin d'être fixée sur le sujet… Je comprends sa position, mais je la trouve irresponsable et égoïste…

 

Petit à petit s'installe sournoisement un sentiment d'impuissance et de vide, mais pas ce merveilleux vide en creux, non, ce vide parce que trop plein d'ego : "Quoi que tu fasses, tu n'y changeras rien", "Les choses sont ainsi", "Arrête de te battre", "TU NE SERS À RIEN". Voilà nous y sommes, cruel sentiment d'inutilité totale à l'espèce humaine, grain de sable dans l'univers, pas de trace de ton passage sur terre…

 

La dernière étape, c'est le désespoir, doux fantasme de la vie qui s'achève : "Comme la mort doit être douce", "Enfin le repos, la paix, la sérénité."

C'est le moment des pleurs, du pardon, de la tristesse sur soi, de l'auto-compassion.

 

J'ai appris à ne plus redouter ces moments, même s'ils sont très douloureux, car j'ai compris que j'avais besoin d'ainsi flirter avec l'obscurité pour mieux retrouver ensuite le plaisir de la lumière.

 

Bonne journée à tous,

Isabelle

Isabelle, E9 mu (ailes 1 et 8, C=/- S=/- X++)

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Bonjour Isabelle,

 

"La narcotisation étant mon mécanisme de défense, j'ai donc tenté d'identifier le conflit que j'étais entrain d'éviter."

Oui, c'est la bonne démarche, celle qui peut interrompre le processus puisqu'il y a de bonnes chances que le conflit puisse être réglé autrement que par cette forme d'évitement.

 

"Je lui ai exprimé à plusieurs reprises que cette attente dans le doute était intolérable pour moi, et que si lui préférait ne pas savoir, moi, j'avais besoin d'être fixée sur le sujet… Je comprends sa position, mais je la trouve irresponsable et égoïste…"

Dans un récent message, tu décrivais ton conjoint comme un 9 alpha C--. Autant dire que tu risques d'avoir du mal à le convaincre. Est-ce chez lui une incapacité à se projeter dans le futur ? Ou est-ce que le stress de vivre avec ce qu'il peut apprendre lui semble insupportable ? Peux-tu parler de cela avec lui ? Et toi, si cet examen était mauvais, comment le vivrais-tu et comment l'accompagnerais-tu ? Est-ce qu'il est conscient de la réponse à ces deux questions ?

 

"La dernière étape, c'est le désespoir, doux fantasme de la vie qui s'achève. […] J'ai appris à ne plus redouter ces moments, même s'ils sont très douloureux, car j'ai compris que j'avais besoin d'ainsi flirter avec l'obscurité pour mieux retrouver ensuite le plaisir de la lumière."

Flirter avec l'obscurité est toujours dangereux. Il faut absolument traiter cela professionnellement et ne pas rester seule dans ces moments-là.

 

Très amicalement,

Fabien

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Bonjour Fabien et merci pour ta réponse,

 

"Est-ce chez lui une incapacité à se projeter dans le futur ? Ou est-ce que le stress de vivre avec ce qu'il peut apprendre lui semble insupportable ? Peux-tu parler de cela avec lui ? Et toi, si cet examen était mauvais, comment le vivrais-tu et comment l'accompagnerais-tu ? Est-ce qu'il est conscient de la réponse à ces deux questions ?"

Nous avons abordé le sujet de nombreuses fois, tantôt dans le calme, tantôt dans la tourmente… Le stress de vivre avec ce qu'il peut apprendre lui est insupportable et ce d'autant plus qu'il est médecin. C'est pour cela qu'il lui est particulièrement difficile de passer des examens ou d'aller chercher ses résultats.

Il avoue que la narcotisation est un moyen pour lui de détourner son attention et de ne pas affronter le problème, il est donc conscient de la situation mais ne cherche pas à y remédier pour autant.

Il continue par ailleurs à avoir une conduite à risque puisqu'il n'a pas arrêté le tabac, alors que celui-ci lui a été strictement interdit par le chirurgien il y a plus de deux ans, et que par ailleurs il ne suit pas le régime alimentaire indiqué.

L'issue et l'évolution prochaine de la maladie est le passage au bloc opératoire pour une opération très lourde dont les chances de s'en sortir sont de l'ordre de 40 %. Voilà pour les faits concrets et rationnels.

 

Sur le plan émotionnel , je me sens totalement démunie et tiraillée. Il y a un lourd passé d'alcoolisme, durant lequel j'ai subi de sa part des violences physiques et psychiques ce qui vient compliquer la situation.

Mon conflit interne vient de ce tiraillement. J'alterne entre compassion et rancœur, tantôt la seule attitude digne me semblant être de rester à ses côtés et de l'épauler dans la maladie, voire vers la mort, tantôt je ressens cela comme un sacrifice trop grand que je ne peux assumer.

Je précise que j'avais pris la décision de le quitter il y a plus de deux ans (j'avais alors déposé plainte contre lui pour violence conjugale), sa maladie a été diagnostiquée à ce moment-là. Il m'a menacé de suicide altruiste si je partais, je suis donc restée…

 

"Flirter avec l'obscurité est toujours dangereux. Il faut absolument traiter cela professionnellement et ne pas rester seule dans ces moments-là."

Je suis fort heureusement accompagnée en thérapie depuis plus d'un an. Ces moments de profond désespoir viennent du fait que je n'ai guère le loisir de me ressourcer et de lâcher prise. Je subis cette situation 24H sur 24 depuis trop longtemps et mon énergie s'amenuise.

J'ai de nombreuses fois évoqué avec lui la nécessité que lui aussi se fasse accompagner, voire de suivre ensemble une thérapie familiale mais il est totalement opposé à toute démarche de ce type.

J'ai tenté également de l'amener vers l'Ennéagramme, mais sans plus de succès.

 

J'essaie de mon mieux d'activer mon centre mental afin de ne pas me laisser submerger par les émotions, mais mes réflexions tournent en rond et j'ai de grandes difficultés à appréhender le futur avec sérénité.

J'ai un grand travail de re-centrage à faire car je ressens un mouvement de balancier entre mes deux ailes (8 et 1), sur-alimentant mon conflit interne.

 

Je ne suis malheureusement pas en mesure d'assister aux stages d'évolution cette année car je suis en formation continue, mais cela est prévu au programme à compter du printemps 2012. Je suis persuadée que les techniques et exercices enseignés pourront m'être extrêmement utiles.

 

Bien amicalement,

Isabelle

Isabelle, E9 mu (ailes 1 et 8, C=/- S=/- X++)

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Bonjour Isabelle,

 

"Il est donc conscient de la situation mais ne cherche pas à y remédier pour autant. […] Voilà pour les faits concrets et rationnels."

Comme dit le proverbe, on ne peut pas faire boire un âne qui n'a pas soif. Cela implique que tu es la seule à pouvoir agir, soit de manière à provoquer un changement chez lui, soit en admettant l'idée qu'il ne changera pas de point de vue.

 

Je ne peux malheureusement pas te dire beaucoup plus sur le plan "concret et rationnel", d'abord parce que je n'ai qu'une vue trop lontaine et trop incomplète de la situation, ensuite parce qu'il ne serait pas bon que j'interfère avec le travail que tu fais avec ton thérapeute.

 

"Sur le plan émotionnel , je me sens totalement démunie et tiraillée."

Je peux cependant réagir sur le plan humain en te disant toute mon affectueuse compassion pour ce que tu vis.

 

"Il m'a menacé de suicide altruiste si je partais, je suis donc restée…"

Voilà un bel oxymore qui met dans la même phrase les mots menacer et altruiste. Le suicide altruiste, au sens de Durkheim, ne peut pas faire l'objet d'une menace. On est là dans du simple chantage et dans une communication perverse. Je comprends parfaitement qu'une personne puisse faire cela sous l'effet du désespoir, mais cela ne peut pas être admis tel quel. Le fait que tu acceptes et reprennes cette expression de "suicide altruiste" est peut-être une piste de réflexion pour toi et sur toi.

 

Je t'embrasse,

Fabien

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Bonjour Fabien,

 

Tout d'abord, si tu me permets, voici ma première pensée. :calin:

 

Ensuite, j'ai beaucoup réfléchi à cette phrase : "Le suicide altruiste, au sens de Durkheim, ne peut pas faire l'objet d'une menace. On est là dans du simple chantage et dans une communication perverse"

Je prends conscience aujourd'hui de l'ampleur de cette perversité.

En effet, l'expression "suicide altruiste" est celle que mon compagnon avait utilisé, alors qu'en réalité il faisait référence au "suicide collectif" ("menace" de tuer nos enfants, puis de se donner la mort), d'où l'oxymore involontaire et révélateur de mon précédent billet.

 

Étrangement, il a voulu faire passer pour un acte potentiellement altruiste ce qui, à mes yeux, ne peut être qu'un acte abominable et injustifiable.

 

Pour accroître ma confusion, à chaque fait divers relaté par les médias, impliquant l'assassinat d'une mère et de ses enfants par le père, mon compagnon faisait là aussi mention de "suicide altruiste". J'avoue ne pas m'être penchée sur Durkheim et son œuvre pour vérifier la véracité sémantique de ces mots.

 

Le pardon et la compassion empruntent parfois des chemins extrêmement ardus, et je me pose cette question cruciale et si délicate pour un 9 : jusqu'où peut-on accompagner l'autre dans sa souffrance et sa névrose ?

À quel moment a-t-on le droit d'être "égoïste" (lucide ?) et de se protéger (faire passer la protection de mes enfants en premier lieu peut peut-être m'aider) ? Y a-t-il d'autres issues que la fuite ou le combat ? On m'enseigne, en formation de coaching, la théorie de la fluidité. Je trouve cela vraiment très difficile à mettre en œuvre dans ce contexte… et pourtant je sens bien que ni la fuite ni le combat ne sont appropriés et efficaces.

 

Je suis consciente que cette épreuve me met face à moi-même et m'expose à mes peurs les plus intimes. Le hasard n'existant pas, j'ai besoin de donner un sens à tout cela et d'y trouver une finalité.

C'est tout l'objet de mes réflexions, est-ce que ces thèmes pourraient être abordés dans le cadre d'une supervision ou y a-t-il également des risques d'interférence avec ma psychothérapie ? :tongue:

 

Bien à toi,

Isabelle

Isabelle, E9 mu (ailes 1 et 8, C=/- S=/- X++)

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Bonjour Isabelle,

 

"En effet, l'expression "suicide altruiste" est celle que mon compagnon avait utilisé, alors qu'en réalité il faisait référence au "suicide collectif" ("menace" de tuer nos enfants, puis de se donner la mort)."

Tu n'avais pas parlé auparavant de la menace sur vos enfants.

 

Le suicide collectif n'est pas une des quatre catégories de Durkheim. Je n'aime pas ici l'emploi de l'expression "suicide collectif". Quand par exemple, un mari et une femme se suicident ensemble, le terme me semble approprié. Il ne l'est pas de mon point de vue, il me choque même, quand quelqu'un tue ses enfants avant de se suicider puisqu'on ne peut quand même pas dire que les enfants se sont suicidés ou ont accepté l'idée de la mort. Certains psychiatres admettent qu'entraîner ses enfants dans la mort peut parfois être un suicide altruiste, destiné à leur éviter la souffrance d'être ; ils associent systématiquement cette attitude à un trouble psychiatrique, souvent la dépression mélancolique délirante. Il me semble qu'on devrait parler plutôt dans ces cas d'infanticide ou d'homicide altruiste, suivi de suicide altruiste.

 

Dans le cas de ton conjoint, en fonction de ce que tu racontes ici, il me semble qu'il y a deux cas :

  1. Il estime réellement que vos enfants sont confrontés à une existence intolérable ou y seraient confrontés s'il n'était plus là. Il y a alors réel risque de passage à l'acte et d'infanticide et suicide altruistes. Dans ce cas, tu es face à la nécessité de protéger tes enfants, et de te protéger toi-même du risque de violence et/ou de la culpabilité que générerait une issue tragique. Contacter les associations spécialisées n'est guère utile en France où elles se cantonnent au rôle d'écoute plutôt passif. Un début de solution est sans doute d'en parler à ton médecin traitant, ou à celui de ton mari, ou à un psychiatre (pas un psychothérapeute) à même de prendre des mesures conservatoires.
  2. Il s'agit plutôt d'une manipulation destructrice, ce que pourrait laisser penser l'emploi du mot altruiste et le fait que tu as considéré ses propos comme une menace. La manipulation destructrice est souvent aussi le fait de personnes souffrant de troubles psychiatriques. Comme dans le cas précédent, en parler à un médecin ou à un psychiatre pourrait être aidant.

Distinguer ces deux options est extrêmement difficile, parfois impossible. Ici, comme la menace concerne d'autres personnes que lui-même, il me semble que tu ne peux pas prendre le risque de ne pas considérer qu'on est dans le cas 1.

 

"Le pardon et la compassion empruntent parfois des chemins extrêmement ardus."

Le pardon ne devient une priorité que lorsque l'offense a cessé. Tant qu'elle est en cours, la priorité est de l'interrompre.

 

"Jusqu'où peut-on accompagner l'autre dans sa souffrance et sa névrose ? À quel moment a-t-on le droit d'être "égoïste" (lucide ?) et de se protéger (faire passer la protection de mes enfants en premier lieu peut peut-être m'aider) ?"

C'est un vaste problème de philosophie morale. Je crois qu'il n'y a de réponse qu'au cas par cas.

 

"Y a-t-il d'autres issues que la fuite ou le combat ?"

Franchement, face à certaines formes de manipulation destructrice — je ne dis pas que c'est le cas ici, je n'en sais rien —, il n'y a pas d'autre solution que la fuite.

 

"Le hasard n'existant pas, j'ai besoin de donner un sens à tout cela et d'y trouver une finalité."

Certes, on peut croire que donner un sens aide et console. Par exemple, c'est pourquoi souvent les enfants victimes de violence développent de la culpabilité : c'est forcément parce qu'ils étaient très mauvais que cette violence a pu avoir lieu. Ce constat crée moins de souffrances que l'absurdité de l'abomination qu'ils ont subie.

 

Personnellement, je pense qu'il faut accepter que certaines choses sont absurdes. Chercher à comprendre risque de nous enfermer dans le passé, et donc dans la rumination, le ressentiment et la souffrance, alors qu'aller de l'avant serait libérateur.

 

"Est-ce que ces thèmes pourraient être abordés dans le cadre d'une supervision ou y a-t-il également des risques d'interférence avec ma psychothérapie ?"

Je ne suis pas certain que ce soit de ma compétence ou de celle de Patricia. Je lui en parlerai et te répondrait par message privé.

 

Très affectueusement,

Fabien

 

P.-S. : tu signalais dans un message précédent tes propres tentations suicidaires en parlant du "doux fantasme de la vie qui s'achève", et j'insistais alors sur la nécessité absolue de "traiter cela professionnellement". Des pensées de ce type ne doivent jamais être traité à la légère. Un travail en psychothérapie est nécessaire, mais le plus souvent une aide médicale est un complément indispensable. Un thérapeute qui n'est pas médecin ne devrait pas prendre le risque, déontologique et juridique, de ne pas travailler en collaboration avec un professionnel de la médecine.

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Bonjour Isabelle, bonjour Fabien,

 

Je me sens désemparé. Que te dire ? Tu traverses une période de ta vie très difficile. Je relis ton message du 6 octobre. Il me rassure : "Je ressens alors une véritable force intérieure." Oui, cette force intérieure, je l'ai sentie chez les 9 chers à mon coeur. Fabien, tu as écrit : "Personnellement, je pense qu'il faut accepter que certaines choses sont absurdes." Je le pense aussi. Je pense à mon ami 9 (j'en parle dans le message n° 5 du sujet sur Georges Simenon). Il a pardonné aux Khmers Rouges.

 

Affectueusement, :calin:

Yves

Yves (E5 alpha, ailes 4 et 6, C- S= X-/+)
"Attendre d'en savoir assez pour agir en toute lumière, c'est se condamner à l'inaction." (Jean Rostand)

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Bonjour Isabelle,

 

Je suis très sensible à ton histoire de vie. Probablement, elle me renvoie des similitudes à ce que j'ai vécu… Je peux donc comprendre ce que tu traverses et te témoigner toute mon affection.

 

Tout ce que je peux dire aujourd'hui, c'est que grâce à l'Ennéagramme, et au cheminement qu'il nous offre, grâce à tout ce que Patricia et Fabien nous apportent, leur disponibilité, leur soutien et la qualité de leurs stages, j'ai le sentiment d'avoir compris beaucoup de choses et d'avoir pu prendre un certain recul.

Et j'espère que cela va continuer !

 

Je te souhaite en effet de pouvoir poursuivre les stages en 2012 ! Ils sont vraiment bénéfiques…

 

Le plus beau cadeau de retour que j'ai pu avoir, après cette lente traversée douloureuse, est venu de mes 3 enfants. Quoi de plus merveilleux pour une maman 1 que d'avoir entendu : "Tu as changé, maman. On se sent bien avec toi. On se sent accueillis, respectés, écoutés et aimés. On t'aime, maman !"

Alors, je te souhaite tout le courage et la force nécessaires pour que tu puisses un jour toi aussi entendre de tels mots d'amour… :calin: Et c'est aussi grâce à cela que j'ai pu relever la tête !

 

Très amicalement,

Isabelle

Isabelle (E1 alpha, C++ S-/= X+, aile 2)

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