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Le type 2 et le métier d'infirmière


Barbara

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Bonjour Fabien et bonjour à vous tous,

 

Durant de longues années j'ai exercé le métier d'infirmière dans un centre anti-cancéreux où je suivais les malades pendant leur traitement et après. Ce qui explique que les malades nous considéraient comme leur deuxième famille. Les services n'étaient pas structurés et compartimentés comme de nos jours. Mon poste de responsabilité flattait beaucoup mon orgueil. J'ai pu exercer une relation d'aide à fond chez des personnes qui souvent n'étaient plus en état d'exprimer leur propre besoin. Avec la fatigue accumulée, je me suis retrouvée régulièrement dans un état d'épuisement total. Là, mon corps a parlé et a tiré la sonnette d'alarme, et à plusieurs reprises j'ai frôlé des problèmes de santé. J'ai changé d'orientation dans la profession, mais le résultat était identique.

 

Pendant les stages, Patricia et Fabien ont déconseillé le métier d'infirmière au type 2. Dans un premier temps j'avais beaucoup de mal à l'accepter. Pour moi c'était presque renier une partie de ma vie. Aujoud'hui, je suis en mesure de le reconnaître, et je constate que mes anciennes collègues de type 2 (car il y en a beaucoup dans le métier) vivent toutes un malaise qu'elles ne reconnaissent pas forcément.

 

Je voudrais revenir sur ces années que j'ai passé à accompagner des mourants. Ces personnes sont extrêmement sensibles et en très peu de temps vous disent qui vous êtes.

 

Je reviens à l'orientation du type 2 qui est l'Amour. Quel amour est ce que je peux donner à celui que j'accompagne dans un chemin vers l'éternité ? J'avais suivi un groupe de cheminement et de réflexion avec des Pères et qui était proposé à tous les soignants. Les participants approfondissaient : "Quel amour est-ce que je donne lorsque je soigne ? L'amour gratuit qui tend vers la liberté ? L'amour possessif où le retour est indispensable car si j'aide j'ai tellement besoin d'être aimé en retour ?" À l'époque, je ne connaissais pas l'ennéagramme. Depuis peu de temps, j'ai appris que l'un des pères enseignait l'ennéagramme.

Ces journées de prise de conscience très enrichissantes n'ont pas suffisamment éveillé ma conscience, et à l'époque je ne comprenais pas mon mécanisme égotique.

 

Cependant, à travers tout ce vécu et tous ces partages qui m'habitent toujours d'une certaine façon, les personnes en fin de vie m'ont permis d'être qui je suis aujourd'hui. Je me sens prête à prendre un nouveau départ.

 

Très cordialement,

Barbara

Barbara (E2 alpha, aile 1, C++ S= X+)

"Dum sol non lucet opus est patientia" ("Pendant que le soleil ne luit pas, la patience est nécessaire")

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Fabien Chabreuil

Bonjour Barbara,

Les métiers d'aide en général tentent les ennéatypes 2, mais ils sont effectivement dangereux pour eux : ils les poussent dans leur mécanismes égotiques, et le mécanisme de fusion fait que bien souvent les 2 vivent les souffrances de leurs patients et clients au risque de mettre leur santé physique et/ou psychologique en danger grave.

Très amicalement,
Fabien

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  • 7 years later...

Bonjour à tous,

Ah oui alors ! Voici un exemple. Cela fait très longtemps que je songe à le citer, mais j'atermoyais, par peur d'émotions imprévues que des réactions à mon témoignage dans cette section du forum offerte aux 2, pourraient déclencher. La conversation “Paradoxe du 2 (sous-type social)”, créée par Jorune, m'a donné un déclic (merci Jorune), et je me sens courageux.

Ma mère était 2 alpha. Elle aurait voulu être infirmière. Elle travaillait dans un centre de gériatrie en tant qu'agent de service. "Je sais très bien que je suis dans un mouroir !", lui répliqua un jour, sèchement, une des personnes hospitalisées, venue y terminer sa vie. Bien qu'elle estimât beaucoup ma mère, cette personne n'avait pas apprécié la façon qu'avait ma mère de lui parler ou de lui donner un espoir inauthentique.

À sa retraite, au lieu de changer d'environnement et surtout de rôle (soutenir des personnes âgées et seules), et en dépit de la défaveur de mon père, ma mère est entrée dans une petite association de visites aux mourants, très peu connue. Les adhérents se montraient très très rares, l'association avait besoin, les mourants avaient besoin… Ma mère, pas question de reconnaître ses propres besoins : elle ne les a jamais reconnus. Pour être bien sûre de ne pas les reconnaître, elle les a refoulés inconsciemment. À force de les refouler compulsivement, elle en a perdu conscience. Elle s'est montrée très assidue dans ses visites. Contrairement à d'autres, elle ne se désistait jamais. De ces refoulements — et d'autres sentiments refoulés défensivement 25 ans plus tôt —, il est résulté une dépression et des accidents (collisions en voiture et à vélo, chutes dans un escalier, brûlures). Des désordres mentaux sont apparus. Pour être bien sûre que ses sentiments et besoins refoulés ne remontent pas à la surface (je pense à son besoin de soin, mais il y en avait beaucoup, beaucoup d'autres), elle a refusé avec violence une seconde visite médicale chez un neurochirurgien. Ses désordres mentaux ont rapidement entraîné sa mort.

Voici une petite anecdote. Deux mois avant sa mort, elle voulait encore rendre visite à une jeune personne hospitalisée dans un hôpital lointain. A-t-elle imaginé que cette personne était mourante ? Je ne sais pas. En tout cas, cette personne était juste hospitalisée pour subir un traitement et ce traitement l'a vite guérie. Cette personne appartenait à une branche rapportée de la famille nombreuse de ma mère. Non, ma mère n'avait pas activé VIOLET-réciprocité (cf. la spirale dynamique). Elle avait entendu parler, non pas de cette jeune personne, mais de cette hospitalisation. Cela suffisait. Ma mère ne savait rien d'elle, ne l'avait jamais vue. Et réciproquement, cette jeune personne ne connaissait pas l'existence de ma mère.

Ma mère est morte il y a cinq ans et demi. Sa mort n'a duré que quelques minutes. Pendant ces quelques minutes, elle n'était pas seule et elle a manifesté avec entêtement la compulsion d'évitement, la passion, la fixation et le mécanisme de défense de l'ennéatype 2.

Amicalement,
Yves

Yves (E5 alpha, ailes 4 et 6, C- S= X-/+)
"Attendre d'en savoir assez pour agir en toute lumière, c'est se condamner à l'inaction." (Jean Rostand)

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

 

Merci pour ce témoignage, Yves.

 

Si nous ne sommes pas engagés dans un minimum de démarche introspective, notre ego cherche désespérément à être nourri… Et il est insatiable avec toute la détresse que cela implique.

 

Les proches sont pris, eux, dans une double contrainte : s'ils alimentent cet ego, ils le valident et le renforcent ; s'ils ne le font pas, ils le font souffrir, et il cherche alors à se satisfaire ailleurs et/ou autrement. Naviguer entre ces deux écueils est tellement délicat.

 

Comme c'est triste…

 

Très amicalement,

Fabien

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Bonjour à tous,

J'ai été touché par ton message, merci Fabien.

Les dernières années de sa vie, ma mère vivait la contrepassion et la contrefixation de l'ennéatype 2. Elle semblait désorientée, elle avait perdu l'orientation de l'ennéatype 2. L'anecdote que j'ai citée témoigne des sursauts rares de l'ego pour sortir de cette contrepassion et de cette contrefixation, et retrouver l'orientation de l'ennéatype. Ma mère se sentait désorientée et souffrait. Ses proches aussi.

De même, les dernières minutes de sa vie, l'ego a réveillé ses vieux automatismes endormis. Il a fait ce qu’il savait faire, ce qu'il a pu.

Comprendre m’apaise. Et accepter.

Amicalement,
Yves

Yves (E5 alpha, ailes 4 et 6, C- S= X-/+)
"Attendre d'en savoir assez pour agir en toute lumière, c'est se condamner à l'inaction." (Jean Rostand)

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Bonjour à tous,

 

Yves, ton courageux et généreux témoignage me touche, merci de l'avoir partagé.

 

"Les proches sont pris, eux, dans une double contrainte : s'ils alimentent cet ego, ils le valident et le renforcent ; s'ils ne le font pas, ils le font souffrir, et il cherche alors à se satisfaire ailleurs et/ou autrement. Naviguer entre ces deux écueils est tellement délicat."

Fabien, je constate effectivement souvent cela, et la marge de manœuvre est effectivement réduite entre résignation et persécution de l'ego de l'autre. Oui, c'est triste, c'est une des réalités les plus difficiles à accepter pour mon coté idéaliste.

 

Très amicalement,

Jérôme

Jérôme E9 mu, aile 1, C =/- S -/+ X =/+

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Bonjour à tous,

Les proches sont pris, eux, dans une double contrainte : s'ils alimentent cet ego, ils le valident et le renforcent ; s'ils ne le font pas, ils le font souffrir, et il cherche alors à se satisfaire ailleurs et/ou autrement. Naviguer entre ces deux écueils est tellement délicat.

Fabien, je constate effectivement souvent cela, et la marge de manœuvre est effectivement réduite entre résignation et persécution de l'ego de l'autre. Oui, c'est triste, c'est une des réalités les plus difficiles à accepter pour mon côté idéaliste.

Oui, c'est exactement ça, je ne l'avais pas remarqué.

À l'époque, je n'avais pas travaillé sur ma peur des intrusions, sur l'assouplissement des remparts de mon château fort ambulant, et je suis tombé sur le second écueil. Le stage Communication m'aurait été utile.

Quant à mon père (9 alpha), il est resté longtemps sur le premier écueil (et je le trouvais "résigné"). Puis peu à peu, la colère bouillonnant, la répression de son centre émotionnel s'aggravant, et n'exprimant toujours pas ses propres besoins, sur le second écueil.

Amicalement,
Yves

Yves (E5 alpha, ailes 4 et 6, C- S= X-/+)
"Attendre d'en savoir assez pour agir en toute lumière, c'est se condamner à l'inaction." (Jean Rostand)

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