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Une 6 aux USA


Andie

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Dans la même veine que la discussion d'Aurore sur "L'Inde, un pays de désintégration pour les Occidentaux?", je me suis interrogée sur mon expérience américaine en reprenant les mêmes causes qu'Aurore et Fabien citent, à savoir le choc des vMèmes de la Spirale Dynamique, l'ennéatype du pays, et l'impact de la réactivation de l'instinct de conservation.

 

Au terme de mes vingt ans, je suis partie aux États-Unis où je ne devais rester que deux mois pour perfectionner mon anglais à l'université. Et ça été tellement top :rofl: que j'ai prolongé presque un an, et j'ai bien conscience que ce n'est pas de l'expatriation tel que le vit Aurore.

 

Cette année américaine a été une belle expérience personnelle et professionnelle, peut-être en raison de mon jeune âge de l'époque. À 20 ans, les voyages forment la jeunesse, et surtout je respire (enfin !) loin de mes parents :wink:, de ce vMème BLEU dominant que je rejette ! Mais aidée aussi certainement par :

  1. En 1989-1990, le vMème ORANGE est actif en France et aux USA, vMème que j'amorce. Je me suis adaptée sans difficultés à :
    • une nouvelle vie, accent, langue (que je parlais assez mal comme beaucoup de français après sept années d'études secondaires),
    • une autre culture (à part le fameux choc culturel que l'on ressent au bout de deux mois, et encore pour moi très légèrement car je me plaisais tellement que ce "cultural choc" n'a pas duré.).

Saisissant, voire provoquant, les opportunités de cette année américaine, comme décrit plus bas (a), faisant confiance à ma chance, optimiste, fonceuse, énergique et flexible, j'étais comme un poisson dans l'eau, voire oubliant mon pays d'origine, la France. Un copain mexicain à qui j'avais rendu visite m'avait demandé quand je rentrais chez moi ? Lorsque je lui avais répondu dans quelques semaines à San Francisco, il avait rétorqué qu'il pensait à la France, mon pays d'origine, que j'avais complètement mis de côté. Je n'envisageais pas une date de retour précise, j'étais chez moi à San Francisco, tout me réussissait ici alors pourquoi partir ?

[*]Les USA sont de l'ennéatype 3, mon type d'intégration. Cette expérience a été enrichissante car pour une 6, il a suffi qu'une poignée d'Américains de l'université me fassent confiance, et ça m'a donné la bonne impulsion nécessaire pour me révéler pleines de ressources dont je ne soupçonnais pas encore l'existence. J'ai pu réussir là où ça m'était plus difficile en France, car aux USA, si on veut réussir, la porte est grande ouverte et j'ai foncé.

Avec leur capacité à réaliser et à réussir, je me suis épanouie dans une activité professionnelle où le 6 se "régale", à savoir son domaine de préoccupation : les activités de travail et de divertissement ! Et c'est ce qui a fait qu'en rentrant en France, j'en ai fait mon métier. Ajouté à cela, un père qui me coupe soudainement les vivres en me sommant de ramener plus de dollars qu'il ne m'en avait filé au départ. Ce qui explique aussi ma sur-activité à me débrouiller seule dans ce pays étranger, à opter plus pour le côté batailleur que dégonflé.

(a) J'avais donc commencé par prendre des initiatives en dehors de mes cours, en proposant des activités "clés en main", puis vu le succès, j'ai été "embauché" (en fait, je ne payais plus les cours dont les coûts sont exorbitants) pour m'occuper de l'organisation d'activités culturelles et sportives pour les étudiants étrangers de l'Université de Berkeley. Je n'avais jamais aussi peu dormi et autant bossé (ok, je n'avais que 21 ans donc pas besoin de roupiller beaucoup) ! De plus, je travaillais pour me faire de l'argent, certains soirs en tenant un vestiaire (et les Américains sont généreux en pourboires), ou en faisant du baby-sitting, ou encore en faisant la cuisine dans une famille (ok, pas compliqué aux USA !), en échange d'une chambre. Le tout avec le sourire, une énergie du feu de dieu et une confiance en moi qui n'a pas été souvent aussi au top ! J'ai remarqué bien après, une fois rentrée en France, que cette année a créé un ancrage positif, et que ma voix en Anglais est plus basse et sûre que ça ne l'est en Français.

Les USA étant de l'ennéatype 3, mon type d'intégration, allié au vMème ORANGE que j'amorce bien durant cette année-là, ne serait-ce pas ce qui expliquerait mon épanouissement ?

Une jeune 6 de vMème ORANGE qui commence à s'intégrer dans son ennéatype et aussi en 3, qui vit comme un poisson dans l'eau aux USA, pays d'ennéatype 3 aussi et de vMème ORANGE aussi. Beaucoup de points communs favorisant l'épanouissement, donc l'intégration ?

Mais qui n'a pas durée en raison de la réactivation de mon instinct de conservation.

[*]L'impact de la réactivation de l'instinct de conservation : la Californie est connue par une série de tremblements de terre constants et importants sur l'échelle de Richter. À part le gros tremblement de terre du 17 octobre 1989 où j'étais encore dans un état de grâce (arrivée depuis peu) malgré la très forte magnitude (7,1), ce sont plus ceux d'avril 1990 (environ 1800 secousses dont quelques unes d'une magnitude suffisante sur l'échelle de Richter pour les sentir) qui m'ont alertée.

Même si par moment, j'étais confiante dans l'idée que rien ne peut m'arriver, que le "Big One" sera dans longtemps, je ne pouvais pas accepter cette menace. Je refusais :calin: le fatalisme californien (qui est d'accepter qu'un jour ils mourront tous suite à un gigantesque tremblement de terre qui séparera leur état en une île et fera d'énormes dégâts). Donc je désirais continuer à vivre, mais surtout de ne plus revivre ces secousses où l'on se sent totalement impuissant, éviter de mourir là bêtement :miam: par cette menace extérieure qui plane au–dessus des têtes, bref je souhaitais avant tout vivre et me préserver sur le plan physique. Donc prudence, ne vaudrait-il pas mieux que je rentre en France ? :surprised:

C'est à ce moment-là aussi que j'ai commencé sans m'en rendre compte à manger pour deux, avec cette angoisse latente d'une éventuelle grosse secousse, une indécision sur un autre lieu où vivre sans que la terre tremble. J'étais partie avec un petit sac et peu de vêtements. J'ai donc dû en acheter sur place, les mesures étant différentes, je n'ai pas fait attention à ce que je mangeais, sans compter la mal-bouffe…

Autre point aussi où je peux rejoindre Aurore sur les compulsions accentuées par le changement de situation. Ces secousses d'avril ont été d'une magnitude suffisante pour que se déclenchent ma passion de peur et l'évitement de la déviance. Sans avoir vraiment conscience de ma peur, car contrephobique et en pilotage automatique, il m'est arrivé (qu'à partir d'avril 1990 et vraiment pas avant) de me demander si je prenais le métro depuis Berkeley pour aller à San Francisco, comment le tunnel sous la mer allait tenir… mais je comptais sur ma chance, ça ne peut pas m'arriver. Je me revois aussi en train de me demander comment je ferais quand j'allais chez des copains qui habitaient au quatrième et dernier étage d'un immeuble entièrement vitré, car c'est bien le pire si la terre se mettait à trembler, se faire transpercer par des morceaux de verre. :rofl: :blush: Mais j'y allais quand même, ça ne m'arrivera pas ! Néanmoins, à partir de ce mois d'avril 1990, une fois ma trouille activée, je me suis dit qu'au moins à Paris, je n'en ressentirais plus, vivement les pieds sur une terre qui ne bouge plus !

 

Je pense aussi que ça a touché ma peur de base : être incapable de survivre par moi-même. Par conséquent, poussée par mon désir de base, être en sécurité, "Courage, fuyons !" Décision prise après quelques semaines de doutes sur un départ ailleurs (autres états américains, Canada ou Mexique qui m'attirait pourtant bien) ou un retour en France, le temps de trouver un billet retour, et hop me voilà rentrée chez ma mère.

 

Je me demande aussi, comme Fabien l'a formulé, si dans ce cas-là d'autres vMèmes sont activés ? Car on peut aussi parler dans les termes des vMèmes BEIGE et VIOLET : j'étais en pensée automatique, je voulais assurer ma survie, mon objectif était de rester en vie. J'aurais pu aussi déménager dans un autre coin des US, ou au Canada où la terre ne tremble pas constamment. Est-ce que ma recherche de sécurité n'était pas tout simplement la recherche du lien familial (avec la mère qui fusionne) que j'ai inconsciemment cherché en rentrant (et que j'avais fui en partant loin) ? Retrouver la sécurité du giron maternel aurait été plus fort que le rejet que j'avais eu du vMème BLEU qui régnait dans ma famille. Je pense aussi que je me sentais plus forte et plus confiante suite à cette expérience américaine.

 

Par conséquent, les trois causes qu'Aurore et Fabien citent à savoir le choc des vMèmes, l'ennéatype du pays, et l'impact de la réactivation de l'instinct de conservation semblerait faire sens aussi dans mon expérience américaine et me permettent de comprendre, vingt ans après, comment j'ai fonctionné sur place. Donc Merci à Aurore et Fabien, ça tient la route !

 

Très cordialement,

Andie

67 mu Conservation

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Bonjour Andie,

 

Je n'ai hélas pas le temps de réagir en détail à ton message avant la fermeture du forum pour trois semaines.

 

J'ai toutefois une première question rapide : ton instinct de conservation est-il revenu à un niveau normal après ton expérience américaine. Si oui, en combien de temps (enfin si tu te souviens de ce détail) ? J'ai remarqué sur la plupart de mes amis expatriés, qui avaient un instinct de conservation blessé, une agravation suite à la vie en expat, sans jamais revenir à un niveau normal (ou un changement du champ d'angoisse relatif à la conservation).

 

Merci pour ton témoignage qui m'a beaucoup intéressée. Je suis toujours en pleine réflexion sur ce sujet (expat, impact sur les sous-types, réaction en fontion de l'enneatype, etc.).

 

A bientôt.

Aurore (87 alpha, C++, S-/+, X+)

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Bonjour Aurore,

 

Merci de ton intérêt. Tes réflexions sur ton expatriation en Inde m'ont beaucoup interpellée. J'y reviendrai plus tard, il me semble que j'ai besoin de concrétiser (mental réprimé) et d'éprouver par mon expérience avant de revenir vers toi pour développer certaines parties.

 

Mon instinct de conservation n'est pas revenu à la normale, malheureusement, puisque vingt ans après, je commence tout juste à le réparer grâce à Patricia et Fabien.

 

Même si j'ai retrouvé une certaine "forme" de sécurité en rentrant en France chez ma mère, j'ai réalisé tardivement à quel point j'avais été touchée par les tremblements de terre, en faisant des cauchemards impressionnants. C'était ancré si profondément que je revivais des scènes terrifiantes en m'y croyant réellement. Le fait aussi que mon père m'ait coupé les vivres, tant aux USA qu'en rentrant en France, a fait que j'ai dû commencer à bosser et ça a généré une angoisse importante. Alors qu'il soutenait son fils… Même si je me suis bien débrouillée professionnellement et que je suis arrivée à être autonome, les comptes étaient très justes (quand tu démarres, les salaires ne sont jamais top) et l'important était d'avoir un toit (ma mère fusionnait trop, c'était devenue insupportable, je préférais vivre ailleurs) et de pouvoir avoir de quoi manger, et là la quantité a remplacé la qualité. En fin de compte, cette expérience en Californie a déclenché et bien réactivé mon instinct de conservation. Jamais personne ne m'avait vu aussi cordiale, ouverte, épanouie… J'avais l'impression d'être une autre alors que ce n'était que de l'angoisse latente. Je me rassurais en ayant un carnet d'adresses aussi important qu'un 2 (c'est pourquoi je me suis crue 2 au début) et en organisant sans arrêt pour mes copains des soirées, des rallyes. Idem au boulot puisque j'étais dans une boite de communication événementielle. Je ne sais pas ce qu'il en aurait été si je n'avais pas dû me débrouiller seule et si j'avais été cocoonée comme avant ? Je continuerai à réflechir à cet impact de vivre loin de chez soi.

 

Au plaisir d'échanger avec toi,

Très cordialement,

Andie

67 mu Conservation

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