Le 8 : un "méchant dans sa tête"…

[Aurolaf]

Bonjour à tous,

Je viens vous raconter aujourd'hui comment un 8 se perçoit de l'intérieur. Je suis souvent fascinée en lisant les témoignages de voir à quel point le décalage est grand entre notre perception de nous-même et la perception des autres.

Depuis toujours j'endosse avec une bonne volonté évidente le rôle du méchant de service : il faut un pitbull pour engueuler le serveur trop lent au restaurant, un messager pour annoncer la mauvaise nouvelle, un garde-chiourme pour recadrer les garnements qui pillent le jardin… Je me dévoue, toujours persuadée que le méchant de service, c'est forcément moi. De toutes façons, j'adore jouer les méchantes !

Depuis toute petite, j'ai cette conviction qu'être méchant c'est être fort et qu'être gentil c'est être faible.

J'ai aussi cette conviction d'être Ze Méchante… À force d'entendre : "tu es vraiment méchante", "tu es dure comme la pierre", "tu n'as pas de cœur", "tu es cruelle et sans pitié", etc., j'ai fini par y croire !

Dans ma vie, chaque fois que quelqu'un m'a dit que j'étais gentille, j'ai failli lui retourner une gifle, considérant que c'était une insulte grave. La première fois que mon mari m'a rencontré, il m'a dit une phrase du genre "tu as l'air sensible". Je me souviens parfaitement que j'avais failli lui retourner une gifle magistrale en lui lançant un "connard, t'as vraiment pas le sens de la psychologie", et je m'étais retenue ! (Heureusement, ça aurait été dommage de passer à côté de cette belle histoire ! ).

Longtemps, ma technique a été de dévoiler le mauvais côté de ma personnalité, le pire, me disant "comme ça, ils savent… et ils ne seront pas déçus."

Ainsi, dès que quelqu'un m'adresse un compliment sur ma gentillesse ou mon dévouement, ou dès lors que quelqu'un m'aime, je suis totalement déroutée ! Souvent, on me complimente sur mon énergie, mon professionnalisme, ma capacité à motiver les gens, etc. Je n'ai pas de problèmes avec ces compliments. J'ai conscience (sauf dans mes grands moments de désintégration) de ces capacités et j'accepte les compliments de bonne grâce. Mais me complimenter sur le registre des sentiments, c'est me plonger dans un profond désarroi.Quelques exemples :

• Un jour, alors que je travaillais encore comme contrôleur de gestion, j'auditais un service et j'avais trouvé une petite assistante en larmes qui passait ses week-ends à remplir des tableaux pour un chef incompétent qui abusait de sa bonne volonté (l'assistante s'était révélée être une (b]3[/b]). Je lui avais alors rapidement concocté un super-tableau Excel truffé de contrôles de cohérence qui lui réduisait la charge de travail de 80% et je lui avais appris à l'utiliser. En réalisant le gain de temps qu'elle allait faire, elle avait alors levé vers moi des yeux émerveillés et m'avait dit : "oh, tu es un ange descendu du ciel." J'en étais restée interloquée et j'avais du marmonner, d'un ton bourru, une banalité.
• Le jour de mon mariage, alors que je descendais les marches de l'église avec mon mari, j'avais alors regardé tous mes amis, des membres de ma famille perdus de vue depuis des années, et une immense émotion m'avait envahie car j'avais réalisé que tous ces gens étaient là car ils m'aimaient. Certains avaient fait des milliers de kilomètres pour venir. Ma meilleure amie (une 4) avait voyagé quarante-huit heures et arrivait du fin fond des États-Unis. C'était d'ailleurs un sujet très douloureux pour mon mari car la plupart de ses amis s'étaient désistés car le voyage était trop long, et tous les miens étaient venus alors que je m'attendais à un refus poli. J'avais failli en fondre en larmes (et évitement de la faiblesse oblige, j'avais fait une pitrerie pour évacuer l'émotion.)
  Le temps a passé et, même avec le développement personnel, la répression de l'émotionnel demeure et la même incompréhension se manifeste lorsque je reçois un message émotionnellement positif (sauf émanant de mes fils ou de ma mère).

J'ai, depuis six mois, une nouvelle amie (un 9 mu) qui m'apporte énormément (il faut vraiment que je me décide à écrire ce texte sur les 9 !), qui m'a aidé à accepter pleinement mon rôle de mère, qui me renvoie toujours une image d'excellente maman (alors que je me vois toujours comme la pire maman qui soit… même si c'est de moins en moins vrai !). Elle me dit souvent qu'elle a une chance immense de m'avoir rencontré (ça me gêne immensément de l'entendre car je trouve plutôt que c'est moi qui ai de la chance de la connaître !).

Hier, elle évoquait un problème d'organisation et je lui ai fait une proposition très concrète pour solutionner le problème. C'était simple et efficace. En rentrant chez moi, j'ai trouvé ce mail où elle me disait : "Mille mercis encore pour ta proposition si gentille (oui GENTILLE !!!) et généreuse (oui GÉNÉREUSE !!!" (Elle insiste car elle commence à bien me connaître et en plus, elle a lu un bouquin d'ennéagramme. Elle doit savoir que si elle n'insiste pas je vais glisser sur la phrase, presque sans la voir.)

Bref tout cela pour illustrer que je reste une "méchante dans ma tête".

Tout cela n'a rien d'étonnant, je suis 8 alpha, et donc avec un émotionnel réprimé, coupée de l'amour de moi (orientation extérieure oblige). Je me demandais si ce ressenti de "méchant dans la tête-je ne m'aime pas, on ne peut pas m'aimer" avait la même force chez les 8 mu ( témoignage de 8 mu attendu !)
Pourtant, à côté de l'ego, de ses colères et de la peur qu'elles engendrent chez les autres, il y a l'essence, toujours présente, que j'ai tendance à oublier car on n'en parle très peu en stage et sur le panneau (bon Ok, je n'ai pas fait le stage correspondant !).

Je dois avouer que c'est en écrivant ce texte que j'ai pris la peine, pour la première fois, d'aller voir la définition de "altérité".
Auparavant, je voyais vaguement ce qu'altérité voulait dire mais le mot a pris un sens totalement nouveau. J'ai réalisé que je savais exactement quel ressenti procurait l'altérité. Dans mes bons moments, il est évident que je suis connectée à cette idée !
Peut-être au fond que je ne suis pas si méchante que cela ?

Et si mon amie 9 avait raison : si j'avais un don formidable pour aider les gens, pour prendre en compte leurs différences, leurs particularités. Si toutes ces années d'apprentissage de l'ennéagramme m'avaient amené à comprendre simplement mon idée supérieure, idée qui était en moi depuis toujours.

C'est un peu comme si un déclic s'était produit… comme si j'avais cessé d'être une "méchante"… sans doute jusqu'à ma prochaine colère !
Bizarre… je vais réfléchir !

Bon week-end à tous.

PS : j'ai vraiment vraiment vraiment vraiment hésité à poster ce message… mais je me dis que pour certains, il sera utile pour comprendre ce qu'il y a "de l'autre côté du mur".

[Fabien Chabreuil]

Bonjour Aurore,

 

La moitié de l'humanité considère les 8 comme de dangereux salopards et l'autre moitié comme des parangons de générosité. Question d'histoire de vie…

 

"La première fois que mon mari m'a rencontré, il m'a dit une phrase du genre "tu as l'air sensible". Je me souviens parfaitement que j'avais failli lui retourner une gifle magistrale en lui lançant un "connard, t'as vraiment pas le sens de la psychologie", et je m'étais retenue !"

Tu t'es retenue !  C'est bien la preuve que c'était un coup de foudre. 

 

"Tout cela n'a rien d'étonnant, je suis 8 alpha, et donc avec un émotionnel réprimé, coupée de l'amour de moi (orientation extérieure oblige). Je me demandais si ce ressenti de "méchant dans la tête-je ne m'aime pas, on ne peut pas m'aimer" avait la même force chez les 8 mu ( témoignage de 8 mu attendu !)"

En les attendant…

 

Comme tu le rappelles fort justement, le 8 alpha est coupé de l'amour de soi, pas de celui des autres. Coupé de l'amour des autres, c'est de la caricature et de l'incompréhension de l'ennéatype qui nécessite en cure un bon stage Centres ! 

 

Pour le 8 mu, c'est la confiance en soi qui manque. Comme l'émotionnel est en extérieur et en support de l'instinctif, l'amour des autres est clairement manifesté (plus que chez la variante alpha). Mais comme cette manifestation est, comment dire, instinctive et excessive, elle est souvent rejetée. A mon avis, il y a donc, sur le point que tu soulèves, plus de souffrance chez le mu que chez l'alpha.

 

"Il y a l'essence, toujours présente."

Oui, il n'y a pas à la développer, il y a simplement à la laisser se manifester. Simplement. 

 

"Peut-être au fond que je ne suis pas si méchante que cela ?"

Mais si, mais si… 

 

Doucement ! Il ne faut pas faire peur à ton ego, il risquerait d'entrer en résistance. Peut-être a-t-il besoin de croire encore un peu que tu es méchante : cela le rassure tellement et il a besoin de temps pour se faire à une autre idée. Lui aussi, après tout, a besoin d'être traité avec douceur en un retour vers l'amour de soi. Ton essence peut observer son désir en rigolant doucement et gentiment. Tu l'entends ?

 

"Si j'avais un don formidable pour aider les gens, pour prendre en compte leurs différences, leurs particularités. Si toutes ces années d'apprentissage de l'ennéagramme m'avaient amené à comprendre simplement mon idée supérieure, idée qui était en moi depuis toujours."

Oui, l'essence est la vraie personnalité. Bas les masques (de croque-mitaine en l'occurence) !

 

Très amicalemnt,

Fabien

[Jean-Nicolas]

Bonjour Aurore (et autres 8),

Oui, les relations avec les 8 c'est pas toujours évident. J'ai très souvent du mal.

Par contre on oublie un peu vite leur sens de la justice et leur capacité à défendre les faibles (pourvu que lesdits "faibles" soient du bon côté de la barrière).
A mon avis celui ou celle qui cherche des noises à tes enfants risque gros. Quelque part ça fait aussi du bien de se savoir sous la protection d'un 8. 

Question centre émotionnel réprimé (c'est aussi mon cas), je crois que c'est pareil pour tous les types concernés : on se construit une carapace pour se protéger. Le jour où une flèche (ou un bisou) passe à travers, on est mal. Toi, tu penses que ta faiblesse est révélée, moi j'ai peur qu'on va me retirer quelque chose ou me manipuler, etc., etc.

Par contre, mon énergie (mentale chez moi) est aussi tournée vers l'extérieur, mais j'ai l'impression de m'aimer assez bien.  Même si je trouve que je n'ai pas beaucoup de valeur ou de qualités (je ne me trouve pas intelligent, pas beau, pas capable…), je peux quand même m'aimer. Comment veux-tu aimer les autres si tu ne t'aimes pas d'abord toi ?

Allez, bisou à tous et bonne journée,
Jean-Nicolas

[Aurolaf]

Bonjour Jean-Nicolas et les autres,

"Comment veux-tu aimer les autres si tu ne t'aimes pas d'abord toi ?"
Oui oui, je suis bien au courant… Cela fait 15 ans que je tourne autour du problème !
Ceci dit, je te rassure, il y a des jours où je m'aime carrément et où je me trouve même géniale  … et puis d'autres où c'est moins le cas !

"Bisou à tous."
Euh… c'est normal qu'il n'y ait pas de "s" ? Était-ce un acte manqué ou une blague pour afficher ta passion de 5 ? 
 Bon allez, je sais que ce n'est pas naturel d'écrire "bisou" !!

Bisousssssssssss à tous ! (ça sent l'excès !  )

[Manjushrihalavie]

Aurore, Jean-Nicolas, Fabien et les autres…

Je ne ferai qu'ajouter ici un témoignage de 8 alpha, très moyennement intégré en ce moment, qui a beaucoup de mal avec l'émotionnel, centre évidemment réprimé.

Éloge sur la Suppression des Émotions

C'est une blague, une critique (ou du sarcasme), ou une distance clairement visible qui s'affiche face à quelqu'un qui me fait part d'émotions négatives.

Les émotions positives me touchent et je les comprends. Même si la personne pleure, oui ! 

Ce n'est pas évident, même en faisant des efforts…

L'amour de soi… oui. En être coupée, ça doit être ça… 

Quand un homme me dit qu'il m'aime (ça m'est arrivé et je fais en sorte que ça n'arrive plus), je le prends toujours en dérision, cela suivi d'une petite vengeance agrémentée à ma sauce… Par exemple, tout faire, la plupart du temps d'une manière assez subtile, pour lui prouver que ce n'est pas le cas. Et le pire, c'est que je suis très convaincante. 

Tout cela était inconscient avant de me plonger dans l'ennéagramme.

Parfois je pense aller voir un thérapeute, et puis je me dis que je suis la meilleure psy pour moi, que je risque de souffrir si mon cœur venait à devenir "plus naïf".

J'ai aussi remarqué que mes meilleurs copains (l'amitié au masculin me réussit très bien) sont tous 5, 6, 7… et 8. Avec un bel émotionnel réprimé pour eux aussi.

J'ai tendance à hausser le ton avec les types plus "émotionnels" et à les accuser rapidement d'hypocrisie ou de manipulation s'ils essaient de me convaincre, par exemple, ou de me donner un conseil même.

Sur le coup j'en suis persuadée. Et tant qu'on ne m'avoue pas qu'on cachait en effet quelque chose, je continue à vouloir obtenir LA VÉRITÉ. 

Quand on se confie à moi par contre, c'est tout le contraire. J'ai un ami 4, nous avons des passions communes, et j'aime la franchise qu'il a à dévoiler ses émotions.

Je comprends les autres, oui. J'ai même un don pour ca. Mais ce n'est pas parce que je vais vous comprendre que je vais être d'accord avec vous. On est bien d'accord ? 

Quant aux enfants je les aborde toujours avec un côté jovial et réellement confiant. Sauf quand ils pleurent, là, c'est différent (il faut les comprendre et fixer des limites. Et souvent je trouve que les parents ne sont pas assez fermes).

Tous les 8 seraient-ils inconsciemment peureux de ne pas être compris ? Dans leurs émotions notamment.

Je me suis aperçu, et pas depuis très longtemps, que lorsqu'une émotion monte en moi, elle est rapidement évacuée, évitée, jetée au panier, puis rationalisée. Ou ignorée.

Oui, c'est possible !

Je ne sais comment faire pour toutes les accepter et les vivre, sans trop souffrir.  Du coup, je dois certainement préférer ne pas les vivre.

Moi je suis persuadée que si je ne vais pas bien personne ne pourrait avoir la force de me réconforter. Et ça, c'est renforcé par l'aile 7. Non ?

Jean-Nicolas, tu t'apercevras que si tu es CLAIR et DIRECT avec un 8, ça marche. Moi dès que quelqu'un hésite ou me parle trop lentement, cherche ses mots, je dois me dire "c'est des conneries" inconsciemment. Car j'ai déjà décroché depuis belle lurette…

Au plaisir de la Franchise et des émotions, 

[Fabien Chabreuil]

Bonjour Manjushrihalavie,

"Quand un homme me dit qu'il m'aime (ça m'est arrivé et je fais sorte que ça n'arrive plus), je le prends toujours en dérision, cela suivi d'une petite vengeance agrémentée à ma sauce… Par exemple, tout faire, la plupart du temps d'une manière assez subtile, pour lui prouver que ce n'est pas le cas. Et le pire, c'est que je suis très convaincante. "
   

"Parfois je pense aller voir un thérapeute, et puis je me dis que je suis la meilleure psy pour moi, que je risque de souffrir si mon cœur venait à devenir 'plus naïf'."
C'est maintenant que tu souffres, même si le déni est à l'œuvre.

Quant au fait de te faire aider, la phrase citée en début de ce message en montre la nécessite. Tu avais déjà abordé ce problème dans la conversation "4 alpha et manipulation affective". Je n'ai pas changé d'avis par rapport à ce que je t'avais dit à l'époque (et je soupçonne qu'Aurore non plus).

"Tous les 8 seraient-ils inconsciemment peureux de ne pas être compris ?"
Tous les 8 sont inconsciemment peureux. Et pas que de ne pas être compris. Et parfois, ils le sont consciemment.

Très amicalement, 
Fabien

[Aurolaf]

Bonjour à tous,

J'avais préparé ma réponse hier et n'ai pas eu le temps de la poster… Fabien m'a donc devancé dans un style plus soft.

"Quand un homme me dit qu'il m'aime (ça m'est arrivé et je fais sorte que ça n'arrive plus), je le prends toujours en dérision, cela suivi d'une petite vengeance agrémentée à ma sauce… Par exemple, tout faire, la plupart du temps d'une manière assez subtile, pour lui prouver que ce n'est pas le cas. Et le pire, c'est que je suis très convaincante."
Mais bon sang, arrête de faire la méchante ! Quand tu écris ça, j'ai vraiment envie de te mettre un grand coup de pied au c*** (et c'est parce que je t'aime bien, sinon je ne prendrai même pas la peine de te répondre !). Sais-tu que les guerriers sont parfois fatigués ? Il peut être agréable, même pour un 8 de trouver son "repos du guerrier" (perso pour moi, c'est un 6 mu X+, mais je suis certaine qu'il y a plein d'autres combinaisons possibles !  )… Poser les armes quelques minutes… ou pour la vie ?

"Parfois je pense aller voir un thérapeute, et puis je me dis que je suis la meilleure psy pour moi, que je risque de souffrir si mon cœur venait à devenir 'plus naïf'."
Ben quoi, tu n'y es pas déjà allé ? Tu en avais déjà parlé il y a quelques temps. Vas-y fonce !
Il me semble que ça pourrait être un premier pas vers l'amour de soi. (Si je n'avais pas fait un gros travail en thérapie et développement personnel, je pense que je n'aurai jamais déposé les armes devant mon 6 mu).
Ajout : je suis d'accord avec Fabien, tu es ici et maintenant dans la souffrance !

"Tous les 8 seraient-ils inconsciemment peureux de ne pas être compris ? Dans leurs émotions notamment."
Ajout : en fait, Fabien a raison. Nous sommes inconsciemment peureux (argh, j'ai mal de l'écrire !  ).

"Je ne sais comment faire pour toutes les accepter et les vivre, sans trop souffrir. Du coup, je dois certainement préférer ne pas les vivre."
Je vois bien de quoi tu parles. 
Ajout : j'ai vécu aujourd'hui une expérience étrange. J'étais dans une relation d'aide avec quelqu'un qui me décrivait sa souffrance et ses problèmes professionnels. Mon mental fonctionnait à toute vitesse pour analyser la situation et dresser un diagnostic et brusquement, j'ai senti que j'avais été émotionnellement touchée. Comme si une immense compassion m'envahissait, c'était presque douloureux et submergeant… Pour une fois, je n'ai pas nié ou éliminé l'émotion. J'ai accepté cette émotion que j'ai tenté de mettre au service de ma volonté à aider cette personne. (Je crois que c'est ce qu'il s'est passé car c'est la première fois que dans un contexte "professionnel", j'ouvre la porte à l'émotion et que je sais la reconnaitre… C'est donc très nouveau et je ne suis pas certaine que mon analyse (de cette émotion) soit totalement correcte.  )

"Moi je suis persuadée que si je ne vais pas bien personne ne pourrait avoir la force de me réconforter. Et ça, c'est renforcé par l'aile 7. Non ?"
J'ai cette même croyance et je ne pense pas que mon aile 7 y joue un rôle particulier. Le mécanisme me parait être le suivant : j'ai cette croyance qui me donne un prétexte pour ne parler à personne du fait que je vais mal (donc personne ne me voit en situation de faiblesse) et je fonce en 5 (isolation, je me cache). Je me laisse alors couler
En parallèle, j'ai également cette croyance absolue que lorsque je suis au fond du gouffre, c'est comme à la piscine, il suffit de donner un grand coup de pied et je remonte à la surface… Et ça marche à tous les coups  (sauf une fois que j'ai déjà racontée sur ce panneau)… Parfois, un bon maitre-nageur nous donne un sérieux coup de main !

Voili voilou… J'ai joué à la méchante… Tout ça pour te secouer Manjushrihalavie, parce que je t'aime bien, que tu me renvoies à ce que j'étais au même âge et que j'aimerais t'enlever des embûches sur le chemin. (Je te rassure ma belle, je sais que tu es de taille à vaincre les embûches toute seule et  que tu n'as besoin de PERSONNE !  )

Je t'envoie de grosses bises  (sans oublier les autres !).

[Shana]

Bonsoir à tous,

Autrefois j'avais moi aussi souvent l'impression que j'étais la méchante. En fait, à y regarder de plus près, je n'étais pas la méchante tout le temps. Essentiellement je pouvais l'être dans deux cas principaux.

• D'un côté, je pouvais être "méchante" si j'avais décidé de l'être (des fois oui, c'était bien utile : un bon coup de gueule ou un coup de starter pour booster tous ces gens gnangnan par exemple, ou une situation bloquée… ou un truc énervant et agaçant). C'est ce que je pourrais appeler "le style Kalachnikov" : efficace, rapide, radical, ciblé.
• D'un autre côté, je pouvais devenir "méchante" involontairement, presque contre mon gré, par le jeu d'un processus allant s'amplifiant, s’emballant. Comme si j'étais à un moment donné complètement dépassée par une énergie, une violence "meurtrière" que je n'arrivais plus à contrôler du tout. Cette folie ne se manifestait généralement pas physiquement, mais en paroles : des mots et un ton qui auraient pu terrasser un taureau. Qui ont terrassé un taureau. Souvent. Et qui, l'épisode terminé, me laissait avec une sensation proche de la gueule de bois.

Ce comportement m'a valu de perdre des amis. Des amours aussi, j'imagine. Pire : plein de gens n'ont pas probablement pas osé à l'époque s'aventurer sur ce terrain miné. Le croisement d’un tsunami et d’une bombe atomique.

À d'autres moments : pas la même ! Et je crois bien que j'étais capable de déployer des trésors de patience, d'empathie, de générosité… Et ça me plaît bien de croire que j'ai toujours eu un formidable don pour aider les gens. A y regarder de plus près aujourd'hui, ce formidable don était surtout une extraordinaire énergie pour "secouer" les gens, trouver des solutions concrètes et pratiques, ou leur expliquer par A plus B comment ils en sont arrivés là et combien ça va être terrible si il ne font rien… Des fois ça aide. Des fois ça aide pas ! A y regarder de plus près aujourd'hui, combien de fois l'attitude juste aurait été dans plus de retenue, de respect de l'espace, du silence de l'autre, dans le non-agir et dans la "fermeture de gueule". Combien de fois ai-je été tout simplement incapable de voir, d'entendre, de ressentir le besoin de l'autre à ce moment-là…

Coupée de l'amour de soi : oui.

Tendance à donner trop à l'autre : peut-être. Encore que ce ne soit même pas sûr.

Tendance à donner mal (dans le double sens de "ne pas donner ce qui aurait été approprié" et de "faire mal") : souvent.

Ce sera tout pour ce soir.

[Manjushrihalavie]

Et bien Aurore, si tout le monde pouvait faire la méchante comme tu l'as fait là… 

Shana, merci aussi pour ton témoignage. Quant à Fabien, j'ai bien lu et pris en compte ton conseil de formateur.

Oui, je fais en ce moment le tri chez les psy et m'apprête à en choisir un. Je pense qu'une psychothérapie serait plus adaptée, quoiqu'une psychanalyse puisse être aidante.
Après, il y a le prix, remboursé ou non. Etc. D'ici la fin de la journée, j'aurai choisi. J'ai une connaissance dans le milieu médical qui doit pouvoir me renseigner.

Oui, en effet Aurore, pour que je ne retombe pas dans le déni et dans le "je vais bien", j'ai besoin qu'on me bouscule.

Tout comme toi je suis tombée dans mon propre piège il y a de cela dix ans maintenant, et cela pour y rester deux ans. Et…

… en sortir avec une énergie décuplée.
Un homme m'a même arrêtée un jour dans un magasin pour me dire : "Mais vous m'avez bien l'air déterminée… Je ne sais pas où vous allez comme ça, mais alors (il écarquille grand les yeux)… vous y allez !"

D'ailleurs mes connaissances n'en revenaient pas : "Ça t'est arrivé à toi, je n'aurais jamais cru !" Forcément, avec toute mon énergie positive… Qui aurait pu croire ? Car "l'esprit positif" est une drogue contre tout malheur.

Aujourd'hui, je sais généralement distinguer la VÉRITABLE énergie positive de l'abominable milk-shake au goût de déni et de rationalisation.

Mais la frontière est si fine entre les deux… Tout bon voyageur doit prendre soin de lui.

Prendre soin de soi…
Oui…

En ce moment je suis malade (je suis revenue de Strasbourg le week-end dernier avec une sacrée crève) et figurez-vous que c'est grâce à mon ami 8 (un mu, je pense) que j'ai accepté d'aller voir un médecin.  La pharmacienne me l'avait dit mais "cause toujours, tu m'intéresses"…

Oui, mon ami en question est resté deux heures pleines avec moi dans la salle d'attente. Au bout d'un moment je lui ai dit : "Je comprends, si c'est pénible pour toi, tu peux y aller si tu veux." Là, il a dit : "On verra… Je reste encore un peu avec toi." Et puis il est resté jusqu'au bout. Pour finalement partir au moment où le médecin m'a accueillie. Ça m'a beaucoup touchée.  Même mes parents ne seraient jamais restés deux heures sans se plaindre, rien que pour être à mes côtés.

Et d'ailleurs on ne s'est pas bataillé une seule fois.  Même "pour rigoler", étrange… 

Et le fait d'être malade, donc en état de faiblesse physique, je vais vous dire : ça m'a rassurée. Car on ne peut le cacher qu'on est faible et sans trop d'énergie dans ce cas. Et j'ai vu que malgré tout les gens ne profitent pas de moi (non je ne parle pas des mémés de la salle d'attente) !!! 

Alors je me suis dit que lorsque je ressentirai quelque sentiment négatif envers quelqu'un, je me dirai : "Pourquoi voudrait-on me faire souffrir ?"  Je m'apercevrai sans doute qu'il n'en est rien. 

Difficile de lâcher prise pour A Return to Innocence (un morceau d'Enigma que tous les 8 devraient écouter au moins une fois par jour !) Magnifique morceau mélodieux, mystique, et magnétique…

Aurore, j'en ai envie de ce "repos du guerrier". C'est mon ego qui a peur de se reposer.  Je vais lui foutre une raclée et le traîner chez un psy. Il va comprendre !