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Confrontation avec ce que je ne peux pas tolérer de mon sous-type social


Kiki

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Bonjour à tous,

 

Durant les vacances, j'ai eu l'occasion de vivre quelque chose d'intense et de curieux, et qui ressemble pour moi aux limites de ce que je peux tolérer de mon sous-type social. Le voici, relaté à la lumière de mes connaissances en ennéagramme.

Je remercie d'avance celles et ceux d'entre vous qui prendront le temps de corriger mes rationalisations erreurs de compréhension et d'interprétation. :heart:

 

Prélude

 

Cet été, j'ai rêvé des Chabreuil. Dans mon rêve, Patricia et Fabien donnaient un stage dans un théâtre. J'ignore quel en était le thème. Ma fille de trois ans et moi y assistions. A la fin du cours, nous quittions la salle et j'étais épuisée. En passant dans le hall, j'entends des violons qui s'accordent. Soulagement instantané, j'en conclus qu'un concert ou une répétition se prépare et je décide de m'y reposer avant de reprendre la route vers ma routine. Je m'assieds avec ma fille dans les fauteuils moyennement confortables du hall et j'attends. Fabien arrive, s'assied et ouvre un journal. Il semble lire tout en agitant son journal vers moi. Je ne comprends pas ce qu'il me signifie ainsi. Son mouvement ressemble à celui que ferait une personne désirant éloigner des oiseaux. Je me dis qu'il veut peut-être me parler de la peur, et je me demande pourquoi il choisit ce mode de communication difficile à comprendre, alors qu'il pourrait parler. Il a l'air calme et malicieux. Je suis fatiguée, je n'ai pas envie de jouer aux devinettes et je détourne mon regard. Je tombe sur Patricia qui avance vers moi avec un grand sourire. Soulagement. Les sourires de Patricia ont sur moi un effet revitalisant. Elle s'approche et me dit à l'oreille : "Il est urgent que tu te mettes au travail !" Eberluée, je réponds : "Pardon ??? Quoi ????" Mais déjà, Patricia a fait demi-tour et s'éloigne. Je me lève et la suit jusqu'à une porte qu'elle verrouille derrière elle, et sur laquelle il est écrit WC. Je prends ma fille par la main et nous nous dirigeons vers la salle d'où provient la musique. Il n'y a pas de violons, pas de musique, juste quelques personnes qui discutent, et me disent qu'aucun concert n'est prévu pour aujourd'hui ; j'ai halluciné ! Nous quittons le bâtiment et au moment où je reçois la lumière du jour dans les yeux, je me réveille.

 

Par chance, je suis en pleine nature. Je peux sortir dans les champs et attendre l'aube tranquillement, sans déranger mon homme et ma fille qui dorment à l'intérieur. Je réfléchis au curieux rêve que je viens de faire et ne lui trouve aucun sens. Néanmoins, j'ai spontanément l'idée d'un travail auquel je décide de m'atteler tout de suite, sans en remettre en question la pertinence avant de l'avoir expérimenté pendant six mois quotidiennement. En février 2008 j'en évaluerai les effets et déciderai alors si je prolonge ou non cette expérience ce travail. Comme je n'en assume pas l'image, je ne dirai pas ici en quoi il consiste. :tongue:

 

Confrontation avec l'intolérable

 

Deux semaines plus tard, je me confronte à ce que je ne peux pas tolérer de mon sous-type social. Je suis exténuée, à bout, vidée. Je me meurs littéralement de jouer au jeu du sacrifice depuis tant d'années. J'ai l'impression d'avoir toujours été de ce sous-type - ou du moins de ce que j'en comprends. Il me semble même que j'ai été programmée :angry: à l'être par ma mère. :surprised:

Là, il faut que je ventile :angry: : :hautetfort: "Je me suis faite rouler dans la farine. Je n'aime pas ça et elle va me le payer !" Je crève de suivre depuis quarante ans ses injonctions débiles du type : "Comprends-moi/elle/lui ! Je suis ta mère/elle est ceci/il est cela.", "Tu es plus forte (émotionnellement), plus grande (plus agressive), plus intelligente (tu prends les autres pour des cons), tu peux bien faire un effort ! :beurk: Si ce n'est pas pour toi, fais-le au moins pour moi/elle/lui !":beurk: Clairement, elle s'adressait directement à ma compulsion qui traduisait "Sacrifie-toi ou on va tous en chier !" Je me sens furax, là. Mais comme d'une part, j'ai toujours senti ma mère transpirer la faiblesse, la tristesse, la gêne, le rejet, le malaise, l'impuissance, le manque de confiance, l'agressivité, l'envie et la nervosité, et que d'autre part elle n'a, évidemment, jamais eu de mal à me persuader de ma grandeur :happy:, plutôt que de lui sauter à la gorge, je rationalise et compatis avec dédain : "La pauvre !" :beurk: - Là un bol d'optimisme s'impose, ou je balance mon ordi par la fenêtre, me love dans le sofa avec des kleenex, du chocolat, Bataille, Ysaÿe et Schiele, et j'hiberne ad nauseum. Grande respiration. Mes lunettes roses plantées maintenant sur le nez, je vois bien comment ces injonctions m'ont permis de prendre des responsabilités, de faire et d'expérimenter des choses que je n'aurais peut-être pas eu le courage de vivre si j'avais refusé de jouer à "être forte pour les autres". Et puis… Hum ! Accéder aux requêtes de ma mère a aussi été une manière de me donner l'illusion que je pouvais la rendre heureuse et que je ne lui ressemblais pas. :tongue: Bref, merci maman... :yawn: - Mouais ! Ca sent la rationalisation à plein nez. Fin de parenthèse et je ne sais plus où j'en suis… Ah oui ! Si ! :happy:

Donc, cet été, j'ai eu la chance de prendre conscience et d'observer les blabla que se racontait en moi ma compulsion pour légitimer mon sacrifice : "Sois morte et on pourra tous vivre !" :crazy: Je n'en reviens toujours pas, qu'à ma barbe, j'ai pu me rabâcher un mantra si débile. :cool: Cette prise de conscience a réveillé mon instinct de survie (conservation ?), et j'ai alors découvert comment la colère était pour moi une précieuse alliée. La peur de souffrir en faisant souffrir l'autre me maintient dans le sacrifice, et la colère se réveille lorsque les limites du tolérable sont dépassées. Souffrir par peur de souffrir, oui !, mais quand ça fait trop mal, je mords ! :angry:

 

Une fois la colère tombée, je vois comment remercier sincèrement ma mère et célébrer le cadeau derrière ce gros caca. A sa manière, elle a nourri en moi les côtés 7 que j'adore : mon optimisme, mon goût pour l'équité, ma croyance que la souffrance, bien que source de découverte et donc de plaisir, n'est pas forcément nécessaire. Toute la persévérance et le soin qu'elle a mis à me gaver de sa vision d'un "l'un OU l'autre" a simultanément renforcé mon désir d'un "l'un ET l'autre".

Merci Maman ! :heart: :calin: :heart:

 

Ce feuilleton estival m'a également donné l'occasion d'observer mes trois centres. Au point de crise, le mental - comme d'habitude - refusait tout dialogue avec l'instinctif, et l'émotionnel faisait la sourde oreille, évitant ainsi de ressentir l'intensité du désespoir dans lequel je trempais. Bien que j'étais au clair sur les jugements que je portais sur moi et/ou sur les autres personnes, je ne savais pas ce que je ressentais émotionnellement. :kiss2: Le sacrifice me poussait jusque dans la confusion sur mes besoins. La confusion intensifiait le désespoir. Le désespoir réveillait la colère. Or, comme le mental - du haut de sa grandeur - refusait toute aide, la colère ne pouvait pas se faire entendre de lui. Elle s'exprimait alors par la danse, le chant, le mouvement. Le centre instinctif se mettait au service de l'émotionnel, mais ce dernier refusait de transmettre toute info plus haut. En face du mental, il faisait le mort. :cool: Et étonnamment, cette stratégie a amené le mental à se mettre à l'écoute de l'instinctif. Pour la première fois - à ma connaissance - mon mental a permis que mon corps bouge sans qu'il ne comprenne ni le sens, ni la beauté, ni la fonction, ni le but de ces mouvements. Mon corps bougeait de lui-même, sans la stimulation ni d'une pensée, ni d'une émotion, ni d'une musique. Il bougeait et mon mental l'observait en essayant de donner du sens à ces mouvements spontanés sur lesquels il n'avait, apparemment, aucune prise. Pendant plusieurs jours, mon corps se mettait soudain à agir de façon apparemment absurde. A certains observateurs, je donnais l'impression d'être une centrale électrique. Un professeur d'art martial, par hasard témoin d'une série de spasmes, me demandait si je pratiquais une forme d'aïkido - dont j'ai oublié le nom – qu'il reconnaissait dans mes mouvements saccadés. Il semble que pendant quelques jours, j'aie pu expérimenter, en étant réveillée, mon centre instinctif au service de lui-même. :rofl:

 

Analyse du rêve

 

Revenons maintenant au rêve. Après cette confrontation avec les limites de ce que je peux tolérer de mon sous-type social, les mots de Patricia font sens pour moi. Il était en effet urgent que j'accède à cette prise de conscience - que je peux voir comme un travail. D'autre part, Patricia étant de type 1, celui qui - avec le 9 - réprime le plus la colère, elle me disait peut-être qu'il était urgent que j'écoute la mienne. En verrouillant la porte, elle me disait de ne pas la suivre. Comme le 1 est mon type d'intégration, j'en déduis qu'elle pointait ainsi du doigt ma contrepassion ; qu'elle soit allée pisser va dans ce sens, elle me disait de l'évacuer. Si j'ai facilement accès à ma colère et que je la laisse généralement s'exprimer spontanément par des gros mots, je me rends compte aussi que mon mental la dénigre. Me mettre en colère, c'est déjà reconnaître que l'autre a du pouvoir sur moi, et cette pensée stimule et entretient ma compulsion. Je vois bien comment la conjugaison entre cette croyance et les stratégies du sous-type social suffit à me faire basculer dans la contrepassion, une austérité qui m'aveugle et qui censure les alertes que la colère essaie de faire parvenir au mental. Est-ce cela qu'on appelle la colère structurante chez le 7 ?

 

Fabien, avec son journal, parlait certainement de ma compulsion, exprimée dans la peur de souffrir en faisant souffrir l'autre et qui a permis que j'avale si facilement les injonctions maternelles. Son regard malicieux allié au frémissement de quelques feuilles de papier - plutôt qu'aux mots – me signalait peut-être que cette peur était fantasmée, que la souffrance était ailleurs.

 

La présence de ma fille dans ce rêve, peut refléter le moteur qu'elle est concrètement dans ma vie. Avant sa venue au monde, je vivais "l'un et l'autre" comme a longing, une aspiration vers laquelle je miaulais. Depuis qu'elle partage ma vie, planifier ne me satisfait plus complètement et j'agis dès lors à l'implémentation de cette vision du monde qui parle si bien à mon 7 mu. Car "l'un et l'autre" correspond aussi au domaine de la résolution de conflits, dont je ressens que le monde a un urgent besoin et dans lequel, depuis sa naissance, je choisis d'investir mon énergie, de travailler.

 

Quant à l'hallucination positive des violons qui s'accordent, alors là, aucune idée encore. :perplexe:

 

Conclusion

 

Grâce à cette confrontation avec les dangers de mon sous-type, j'ai enfin compris à quel point j'ai intérêt à ce que mon mental lâche son snobisme, change son regard sur le centre instinctif, lui laisse voix au chapitre et l'écoute ! J'espère pouvoir y parvenir pour plus de quelques jours, et pas seulement si je suis en péril. Suivre la pratique de cette forme d'aïkido axée sur les mouvements involontaires – et dont je devrais pouvoir retrouver le nom – semble une bonne idée. Je sens néanmoins de la résistance à le faire. :rofl:

 

Merci. :heart:

E7 mu, aile 6, C- S-/+ X=

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Fabien Chabreuil

Bonjour Kiki,

 

Je suis très honoré de participer à tes rêves. Je ne peux toutefois guère réagir sur ce plan parce que d'une part je ne me suis jamais intéressé à l'analyse des rêves, et d'autre part j'ai la croyance que seul l'ex-rêveur peut le faire.

 

"D'autre part, Patricia étant de type 1, celui qui - avec le 9 - réprime le plus la colère […]"

Ceci est une vision erronée du 1. Le 1 a pour passion la colère ; il est en colère 24 heures sur 24, 365 jours par et même 366 les années bissextiles. Il ne réprime pas la colère, il essaye de la refouler quand il s'aperçoit qu'elle sort.

 

"J'ai enfin compris à quel point j'ai intérêt à ce que mon mental lâche son snobisme, change son regard sur le centre instinctif, lui laisse voix au chapitre et l'écoute !"

Super !

 

"Suivre la pratique de cette forme d'aïkido axée sur les mouvements involontaires semble une bonne idée."

Je n'en suis pas si sûr. Des mouvements involontaires n'ont pas grand chose à voir avec l'intégration. C'est comme si tu me disais que passer de l'indifférence émotionnelle à l'hystérie est un progrès ; pas vraiment, il me semble. Je te renvoie à la description du stage "Essence" du fonctionnement libre des trois (ou quatre) centres. Je crains que tu aies regardé ce qui s'est passé avec les lunettes roses du 7.

 

Très amicalement,

Fabien

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Bonjour Fabien,

 

Merci de ton conseil, que je suivrai. Je prévois de m'inscrire au stage Essence qui aura lieu en janvier.

 

Bonne journée.

E7 mu, aile 6, C- S-/+ X=

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  • 3 weeks later...

Bonjour à tous,

 

Je suis très heureuse de lire ce témoignage. Merci Kiki !

 

J'ai le sentiment que j'aurais pu écrire certains passages relatifs à la relation mère-fille (j'ai vécu une grosse crise cet été qui fut l'occasion pour moi de mettre certains points sur les i, ton "mantra" "si tu souffres, tout le monde vivra, je connais, et j'appelle ça le "syndrome de la croix", je crois comme toi que la souffrance n'est pas bonne en soi, et d'ailleurs, quand on regarde vraiment les livres de spiritualité, même chrétienne, la souffrance n'est jamais une fin en soi, mais un moyen).

 

Quant à ta phrase relative à ton corps qui à un moment a bougé tout seul, sans que tu comprennes le sens de ce qui se passait, je l'ai vécu vendredi, peut-être pour la première fois.

 

Je n'apporte pas grand-chose comme contenu avec ce message, j'avais juste envie de dire merci !

 

Cordialement,

Françoise

Françoise – E6

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