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La girouette et les aliens


Andie

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Je pensais bien me connaître et voilà qu'en découvrant l'Ennéagramme, je me suis retrouvée confuse devant l'éventail des personnalités décrites… Je reprends depuis le début pour expliquer mon cheminement devant la difficulté à se trouver, les erreurs à éviter…

 

Pourquoi mon 1er choix s'est-il porté sur l'ennéatype 2 ?

 

Tout d'abord, le choix du centre émotionnel en centre préféré : je croyais que je vivais intensément mes émotions et que ça se voyait beaucoup. Erreur aussi venant de ce fait : combien de fois ai-je entendu ma mère dans ma jeunesse dire que je vivais trop avec mes émotions, que je devais faire un stage pour apprendre à les gérer… Il y a quelques années, voilà ma mère qui trouve un stage comment vivre avec ses émotions ; sans que je le lui demande, elle propose de me l'offrir, je dis "oui, pourquoi pas" mais la peur au ventre quand même (d'avoir à aller m'exprimer, me livrer émotionnellement parlant). MAIS comme par hasard, ouf !, je trouve un travail, ce qui fait que j'annule, et vu qu'elle avait payé, elle y alla à ma place… et je n'ai pas réussi à savoir comment ça s'était passé étant donné que ma mère réprime ses émotions et qu'apparemment elle n'a pas beaucoup participé… mais je vous parlerai d'elle une autre fois.

 

Au stage de Bases, je témoigne en disant : "Je me reconnais en 2, mais surtout à partir de vingt ans." En effet, depuis ce séjour en Californie, je me suis ouverte (loin de la famille, ô bonheur, je vis enfin et peut être moi-même !), et me découvre pleins de ressources, en confiance… mais quand même il y a un peu trop de tremblements de terre (surtout le fameux du 17 octobre 1989), ce qui fait que je ne me sens plus en sécurité au bout de quelques mois et décide de rentrer en France. Là, je continue à être comme une 2 apparemment, à savoir à passer mon temps et mon énergie, comme à Berkeley d'ailleurs, destiné aux autres. Je m'oublie que ce soit dans le boulot ou dans la vie sociale, j'organise tout le temps pour les copains des week-ends de fêtes et des rallyes en montagne, et la semaine, je bosse dans l'événementiel, en dormant très peu, et je me retrouve souvent avec une tension à 8,5, voire une fois à 7 et des brouettes. Voilà pourquoi je me croyais une 2. Mais en y repensant, comment j'étais enfant ? Mystère, guère de souvenirs… quand même plutôt solitaire, rêveuse, lisant beaucoup, à part, tous des aliens, surtout ma famille où je me sentais une alien au milieu d'une autre espèce très bizarre, bizarre. Bref, ça ne ressemble pas au 2. Il faut dire aussi que la première erreur est venue de la confiance que j'ai accordée en la personne qui m'a fait découvrir l'Ennéagramme et qui avait lu plusieurs livres, qui est psy et qui me connaissait depuis huit ans et qui m'avait estampillé 2. Et vu ses connaissances, j'ai adhéré en toute confiance. Erreur ! Elle ne me connaissait pas si bien que ça en fait, et moi non plus d'ailleurs !

 

Donc à la fin du stage de Bases, je rentre chez moi, et je n'arrête pas de penser à ce qu'ont dit Patricia et Fabien, à savoir qu'on naît avec son type. Donc le lendemain, je me dis que si je n'étais pas une 2 avant mes vingt ans, qui suis-je ?

 

Pourquoi mon deuxième choix s'est-il porté sur l'ennéatype 4 ? Dans le centre émotionnel, il reste le 3 et le 4. J'y tiens à ce centre émotionnel pour les raisons citées plus haut.

 

Non, je ne me reconnais pas du tout, mais alors pas du tout, en 3 qui est un alien pour moi (en fait, pas tant que ça maintenant que je m'observe). Donc il reste le 4 et là, ça me parle pas mal puisque je m'interroge sur mon identité, que je me trouve très sensible comme le 4, cherchant l'originalité et le beau dans tout ce que je fais, tant au niveau professionnel que personnel. Puis au deuxième stage, je n'arrive pas bien à témoigner et je doute aussi, surtout après des échanges avec les autres stagiaires du type 4. Je ne reconnais pas dans ce qui est dit. Bref, rebelote. Qui suis-je ? Je rentre chez moi, je m'interroge et ne me sens pas bien du tout, ça devient vite insupportable de ne pas savoir qui je suis en Ennéagramme, de changer d'avis à ce point, de faire la girouette ! J'ai besoin de comprendre, d'y voir clair. La confusion est telle que je stresse, je ne peux plus penser (avec le recul c'est intéressant d'analyser comment ce s'est passé) et se confirme donc bien le centre mental réprimé. Je ne peux même pas lire mes notes et les fiches de stages, je n'y comprends plus rien, je souffre de douter à ce point, ça me rappelle ces périodes brèves mais intenses de suspicion…

 

Reste le 6 et le 9 ? Le 6 qui se désintègre en 9 ou le 9 qui se désintègre en 6 ? Lequel me correspond le plus ?

 

Si je n'ai pas l'émotionnel en centre préféré, je dois l'avoir en second ? Peut-être… Mais d'abord entre le 6 et le 9, je ne peux envisager le 6 ! Je regarde le 6 comme un alien depuis le début. "Non, je ne peux pas être une 6, me dis-je car j'y avais "casé" mon frère qui est d'ailleurs un alien de la pire espèce qui existe (moins maintenant avec l'ennéatype, je me pencherais sur son cas plus tard). Encore une erreur, m'enfin c‘est comme ça qu'on apprend, c'est ma devise ! Je me reconnais en 9 dans l'évitement du conflit, l'impulsivité, la colère qui explose rarement, mais soudainement… On dit de moi dans la famille que je recherche l'harmonie. Voici un témoignage, ce que j'ai écris à mon mari il y a quelques mois après une dispute : "Comme d'habitude, j'ai réagi avec ma force de caractère, ma grande impulsivité, mon impatience, ma colère sourde qui arrivent après des semaines d'attente." Autres témoignages, demandés lors d'un bilan de compétences en 2002. De mon père : "Sensible à l'harmonie de l'entourage. Intelligence intuitive…" Et mon frère, l'alien pour qui j'en suis une aussi : "La première chose qui te caractérise c'est le dynamisme. Egalement très généreuse. Sait donner sans compter. » Et pour finir de ma mère : "Ta force, impétueuse quand elle se met en branle, a aussi son revers : tu sais composer avec tes interlocuteurs jusqu'à un certain point, (…) franche, dynamique puis apathique." On dirait du 9, n'est-ce pas, avec l'instinctif qui bascule par moment ? J'ai fait aussi un peu de sport : un tout petit peu de compétition de natation à quinze ans, et le monitorat fédéral de ski alpin à dix-huit ans ! Mais sans plus en sport, j'en ai fais surtout entre quinze et vingt ans, pas trop avant, pas trop après.

 

J'aime aussi l'improvisation par moment : je suis partie à l'aventure seule au Canada, en louant une voiture sur place pour faire le tour du Québec en improvisant mes hébergements et mon périple au gré de mes envies et des rencontres. J'ai par moment une grande confiance en moi. Et même pas peur ! Faut dire que j'ai l'habitude de voyager et que j'en ai fait mon métier pendant un temps pour être "tour leader" aux USA (voyages non organisés, à l'aventure avec un groupe du premier au dernier jour). Insouciance ou inconscience de mes vingt-deux ans, disait le pater familias. Je faisais peur à mes parents, à mon frère et aux copines en le leur racontant.

 

Et la question qui a départagé le choix du 6 du 9 : Suis-je une calme ? On dit de moi aussi que je suis calme. Oui en apparence. Et ben NON ! Ca bouillonne à l'intérieur, je suis dans mes pensées en permanence, je pense à des milliers de trucs, ce que je dois faire, ce que je ne dois pas oublier, je fais des listes, je m'organise de peur de… Je fais pour moi parce que ça me sécurise et pour les autres au cas où… Je rêve à des histoires incroyables, bonnes comme mauvaises, qui pourraient m'arriver… Bon tendance 6 alors ?

 

La piste sûre, c'est le centre mental réprimé. Sous stress, comme vécu dans la difficulté de me trouver en Ennéagramme, le mental bascule et je ne peux plus penser, réfléchir c'est l'horreur, je perds mes moyens préférés d'analyse et de réflexion si agréables et confortables quand ça marche. Donc bien du 6. Maintenant je comprends mes moments de doute, je les revois bien. Et…

 

Je reviens à mon centre émotionnel : choisir entre centre de support ou réprimé ?

 

J'entends en stage Patricia et Fabien expliquer la différence entre être émotive et vivre ses émotions. Je suis plus émotive qu'émotionnelle, je découvre que je suis gênée par mes émotions, que je ne les exprime pas, en fait. J'ai du sang froid en toute circonstance. Ça me fait bizarre de penser que je pourrais aussi avoir en centre réprimé l'émotionnel.

 

Depuis quelques mois que j'ai découvert l'Ennéagramme, je m'observe et je découvre, ô stupeur, que je réprime mes émotions, qu'elles me gênent. Faut dire que dans ma famille paternelle, c'est mal vu de se "laisser aller", surtout les émotions négatives. Le culte des enfants joyeux fait fureur, je me sens à part jusqu'à mon retour des US. Lorsque je reçois une mauvaise nouvelle et que j'ai envie de pleurer, il n'est pas question que je montre quoi que ce soit, je serre les dents, je me retiens et pars m'isoler si je sens que ça va sortir, ce qui n'a pas été souvent le cas.

 

Pour finir, je suis plus contrephobique puisque je n'avais pas du tout conscience de mes peurs. Maintenant que je relis les notes de ma mère pour mon bilan de compétences de 2002, c'est flagrant : "Bébé effrayé. (…) Ma fille, mélange de forces et de faiblesses, j'admire ton courage pour dépasser tes peurs. (… ) Généreuse, curieuse, forte et faible, ambitieuse puis défaitiste, courageuse et son contraire. (…) Pour me résumer, dominent chez toi le courage, la loyauté, le goût des autres et la détermination quand il y a motivation. (…) Tu es d'un abord facile et tu parais assurée, mais je sais ce que ça dissimule de craintes, d'inquiétudes et d'angoisse (absence de confiance)." Incroyable à la relecture, c'est bien du 6 !

 

Conclusion : je suis bien une 6 ; je pense, j'analyse tout le temps et je peux douter. Je me désintègre en 9, sous stress, j'agis, je bouge et réprime ce que je ressens ! Bref, quel choc quand même de réaliser que je réprime le centre émotionnel aussi. Ça fait beaucoup. Bon, Ok c'est comme ça, j'accepte maintenant.

 

Et ça explique du coup excellemment bien mon fonctionnement. J'ai trouvé les mots, enfin, qui expriment ce que je ressens. Quel soulagement de comprendre ce qui me motive au plus profond moi ! Ça fait sens. C'est fascinant de voir l'évolution possible pour soi et les autres si on s'en donne les moyens. Merci l'Ennéagramme ! Merci Anne-Marie de me l'avoir fait découvrir, et merci à Patricia et Fabien de ce temps passé à transmettre ce formidable outil d'analyse et de compréhension de soi et des autres.

Andie !

67 mu Conservation

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Fabien Chabreuil

Bonjour Andie,

 

Bienvenue sur ce forum et merci pour ce premier témoignage. Je suis sûr qu'il rassurera (sic !) ceux qui hésitent et qui ont l'impression que leurs errements autour du cercle de l'Ennéagramme seront sans fin. Il y a bien un moment où tout se met en place, où son ennéatype fait sens et où on se demande comment il se fait qu'on n'avait pas trouvé avant ! Il faut pour cela avoir le courage de pousser son introspection jusqu'au bout sans se décourager, et là aussi, je suis certain que ton exemple sera aidant.

 

Quant à la démarche que tu as suivie, elle est joliment 6… Difficile de ne pas voir le centre mental méthodiquement à l'oeuvre.

 

Très amicalement,

Fabien

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Bonjour Andie,

 

Bienvenue chez les "ouimais" !

 

En ce qui me concerne, j'ai eu plus de mal à admettre la répression du mental que sa préférence. :sarcastic:

 

Si tu en as le temps et l'envie, je serais intéressée par le raisonnement et les observations que tu as pu faire pour arriver à la conclusion que c'est l'émotionnel que tu réprimes, malgré ton impression initiale.

Qu'est-ce qui t'as fait arriver à la certitude (ou tout au moins à la conscience d'une forte probabilité :sarcastic:) que ce n'est pas seulement l'expression des émotions (non-OK dans ta famille, donc potentiellement déviante) que tu réprimes ?

Ou bien, est-ce parce que l'instinctif fonctionne chez toi d'une manière suffisamment libre pour qu'il soit chez toi en seconde position ?

 

C'est un des aspects du modèle que j'ai encore besoin d'affiner, dans la mesure où c'est encore pour moi un potentiel d'indéterminisme. :pt1cable:

Par exemple, j'ai moi-même la hiérarchie M-E-I. Pourtant, je peux avec une motivation suffisante (loyauté ou besoin d'information) ou parce que c'est approprié à la situation, manifester nettement mon instinctif réprimé. A l'inverse, j'ai tendance à limiter l'expression de mes émotions, à ne pas aimer les émotions trop intenses, et à passer assez systématiquement mes émotions au scanner mental.

De ce fait, il est arrivé que dans certaines circonstances des personnes ont pensé que ma hiérarchie des centres était M-I-E. En général il s'agissait de personnes qui m'avaient vu dans un contexte très limité OU qui réprimaient le mental (et avaient une croyance "mental exprimé = émotion réprimée") OU préféraient l'émotionnel.

 

Très cordialement,

Bénédicte

Bénédicte (6 alpha, aile 5, C++ S+/- X--)
Dubito, ergo sum (Je doute, donc je suis)

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  • 2 weeks later...

Bonjour Bénédicte,

 

C'est avec grand plaisir que j'échange volontiers avec toi sur la façon dont je suis arrivée à mon centre réprimé en émotionnel.

 

J'ai dû pour cela essayer de trouver un exemple concret et récent que j'ai par la suite analysé parce que sur le moment tout était trop flou et insupportable à gérer émotionnellement parlant.

 

Mon médecin m'apprend une mauvaise nouvelle, pas très grave sur le plan de la santé mais sur le plan biologique. Bref, sur le moment petit sourire de politesse, pour faire bonne figure devant son visage décomposé (on aurait dit que c'était elle qui était concernée), mais intérieurement je ressens quelque chose d'indicible qui me plombe. Je me retrouve quelques minutes après seule dans ma voiture. Bon allez, je dois rentrer chez moi, action, démarrage, je me mets sur pilotage automatique. J'ai envie de pleurer, de lâcher tout ce ressenti négatif mais je ne peux pas, ça reste bloqué au fond de moi. Je n'arrive plus aussi à penser à quoi que ce soit. C'est le flou, comme si mon pare-brise était plein de buée. Je ne sais pas bien ce que je ressens, sauf que ce n'est pas top. Et ça, c'est à chaque fois pareil, je me pose (inconsciemment avant et un peu plus consciemment maintenant) la question : "Qu'est-ce que je ressens au plus profond de moi ?" Difficile d'y répondre. Comme s'il n'y avait pas de mots qui existent pour les nommer. Ça dérange tellement, donc pas question de les faire remonter à la surface. Et pour moi la meilleure solution pour y faire face est d'agir parce que ce stress que me procure l'expression de mes émotions est trop important et ça m'est plus facile de me bouger. Donc je vais là trouver le moyen de faire quelque chose que j'ai justement à faire (pas important du tout mais qui va m'éviter de ressentir mes émotions), comme faire les courses ou aller à un salon professionnel parcourir les allées des exposants, poser des questions… Je mets de côté mon ressenti, je nie mes émotions, c'est trop bouleversifiant (!) donc je zappe. Voilà mon mécanisme qui finalement est bien identique au fonctionnement de ma famille que je dénonçais dans mon premier message. Et puis je me vois bien réprimer mes émotions. Qu'elles soient positives ou négatives, je reste apparemment froide, même si ma susceptibilité en prend un sacré coup ou même si ça me bouleverse et que je peux être effondrée intérieurement. J'ai bien compris aussi que je suis plus émotive, que ça gêne mes émotions. Un exemple d'émotion positive la plus facile à décrire est la joie. Je le suis intérieurement, mais extérieurement je ne le montre pas trop ; en tout cas, je ne le pouvais pas avant. Je n'aime pas aussi les gens qui en font trop, qui sont expansifs, démonstratifs, je trouve ça déplacé voire un peu exubérant. Je me dis que ces gens pourraient doser un peu leurs émotions, qu'il faudrait équilibrer un peu tout ça. Des deux côtés en fait !

 

Et comme tu dis, si le mental essaye d'analyser et de comprendre, cette gestion des émotions est bien sabrée ! Et le plus parlant, c'est que dans les jours qui ont suivi, je suis tombée malade, que ça a duré des semaines moi qui ne l'ai jamais été de ma vie. Le conflit psychologique était tel que le "mal a dit" ! Du coup, maintenant, je m'arrête, je me pose, j'essaye de comprendre puis de ressentir ce que je vis émotionnellement, je me laisse aller et accepte.

 

J'ai longtemps hésité, voire douté (bien du 6 !) à mettre l'émotionnel dans le centre réprimé parce que j'aime l'échange, les gens, je vais vers les autres, je recherche le contact la majorité du temps, mais ça ne suffit pas pour dire que j'ai l'émotionnel en centre de support. J'ai analysé comment je procédais concernant mes émotions. Je ne sais pas si mon témoignage va t'apporter un éclairage et un certain déterminisme ? Parce que tout ça est quand même tellement personnel, intime et dans le ressenti qu'il est difficile de voir chez les autres tant qu'on ne l'a pas vécu intérieurement.

 

Je serais intéressée de te lire sur ton procédé d'analyse de centre émotionnel en second afin de comprendre ta phrase "j'ai tendance à limiter l'expression de mes émotions, à ne pas aimer les émotions trop intenses" ?

 

Merci de tes questions, de tes réponses et de ton intérêt,

Très cordialement,

Andie

 

PS : désolée de la réponse tardive, mais je n'ai plus Internet depuis quelques semaines…

67 mu Conservation

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