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Titanic : un bateau et une histoire de type 4 ?


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Quand "TITANIC" dévoile ses états d'âme intérieurs… :thumb_up:

 

Comme vous le savez, la problématique d'un des ennéatypes de l'ennéagramme est la quête de son identité. Eh bien, je vais vous confier un secret : je crois bien être ce que vous appelez un 4. Laissez moi vous expliquer cela.

 

Comme lui je vis des moments d'une intensité incroyable. Embarquez à mon bord et je vous promets un voyage, pas comme les autres, au coeur de cet ennéatype qui se veut original et particulier. :surprised:

 

Avec moi, vous ne connaîtrez pas la banalité de ces croisières ennuyeuses. Avec moi, vous vivrez de grands moments d'une grande intensité émotionnelle.

 

Revisitez plutôt mon histoire et vous comprendrez peut-être ce qu'est ma vie et ce à quoi peut ressembler la vie, intérieure et extérieure, d'un 4.

 

Mon histoire est partie de l'idée que je devais être "le plus grand objet mobile jamais construit par la main de l'homme de toute l'histoire", "un bateau à vapeur de si grande taille, si luxueux" qu'il ne pourrait être comparé à aucun autre : ça m'arrange car en général je n'aime pas être comparé aux autres de peur de m'apercevoir immédiatement ce que les autres ont et que je n'ai pas. Je n'aime pas être comparé aux autres car je crains de paraître banal quand ma motivation est d'être singulier. Mais, paradoxalement, je ne peux m'empêcher de me comparer aux autres afin de me rassurer sur ma singularité ou pour me convaincre que je suis plus appréciable que les autres. Et lorsque j'entends "vous pouvez être blasé par beaucoup de choses mais pas par lui ; il est 30 mètres plus long que le Titania et beaucoup plus luxueux", je ne vous cache pas en ressentir une certaine fierté intérieure : je pense avoir réussi à être un bâtiment unique, élégant, d'un luxe et d'un prestige jusque là inégalés, visant à impressionner et à faire envie à une clientèle prête à payer cher pour acquérir le droit d'embarquer à mon bord. Mais le prix élevé va avec l'image exceptionnelle qui m'est donnée. Je ne suis pas comme les autres, je suis différent et n'offre pas le rêve à qui veut : "C'était un paquebot de rêve, et il l'était vraiment." Moi qui suis dans une dynamique d'image, je suis servi.

 

A mon bord, je vous l'ai dit, n'embarque pas qui veut. Ma clientèle aussi doit être singulière, tout comme moi :

  • Soit il faut payer chèr sa place pour vivre un moment de luxe inoubliable dans les cabines, salons privés, salles de réception et promenades publiques et privées de première classe ;
  • Soit montrer un engouement à l'image de ce que je suis : être capable de tout laisser derrière soi pour aller vers un futur prometteur que l'on rêve toujours mieux que l'ici et maintenant ("On va en Amérique. On aura une vie de prince là-bas.") N'est jamais mieux que ce qui se trouve être ailleurs que là où l'on se trouve…

Et si parmi cette clientèle, certains sont capables d'exprimer leur état intérieur grâce à l'art ou à l'expression artistique, je n'en serai que plus ravi, car ils sauront mieux que moi vous faire comprendre ce qui m'habite quotidiennement : d'un côté Rose qui aime l'art et que l'on verra pratiquer l'art de la poterie et Jack qui a un très joli coup de crayon.

 

Pourtant mon luxe et ma beauté n'empêche pas certains de se focaliser sur ce qui manque à mon décor pour être encore plus beau ("Cette pièce a besoin de couleur"), et vous comprendrez qu'embarquer à mon bord des Picasso ou des Renoir n'est pas pour me déplaire.

 

J'accepte aussi les amateurs, comme Jack qui peint de façon si "délicate". J'aime voir que l'on peut apporter et partager le beau à mon luxe car si j'aime vous parler d'art, c'est que c'est plus fort que moi : j'aime ce qui est beau, cela donne une orientation à mon existence.

 

Ma première traversée de l'Atlantique commença intensément. Je ne me suis jamais senti aussi vivant. Mes machines poussées à grande vitesse me faisaient avancer à plus de 21 noeuds. Je me sentais tellement vivant que les dauphins accompagnaient ma course comme pour partager ma joie… momentanée (car au fond de moi je sais que cela ne dure jamais et que ces moments d'extase se payent très chers). La suite me donnera malheureusement raison.

 

Il était donc naturel pour moi d'inviter à bord de mon histoire, cette rencontre d'amour romantique et passionné entre Rose et Jack, issus de deux mondes que tout oppose et qui seront cependant unis à tout jamais dans leur coeur, pour vous faire sentir combien la recherche de l'intensité du moment présent habite chacune de mes intentions et combien il est important pour moi de vivre des moments d'une intensité émotionnelle incroyable dans laquelle la compréhension réciproque avec l'autre est aussi importante pour avoir la sensation d'une totale communion, car tellement rares sont les moments où j'ai vraiment l'impression d'être compris.

 

Venez seulement vous poser à mon bastingage de proue, et vous pourrez peut être appréhender ce à quoi je fais référence. En effet, c'est juché sur les hauteurs de ma proue que vous pourrez soit imaginer voir la Statue de la Liberté à l'horizon, soit vous prendre pour le "maître du monde", ou soit avoir la sensation de voler ("mais, je vole, Jack"). Ca, c'est quand je me sens gai, euphorique, quand tout va bien en sorte, mais cela ne dure jamais réellement longtemps : quelques heures après, ce peut être la catastrophe. Venez encore à mon bastingage et vous aurez une idée de la mélancolie pour ne pas dire la dépression qui m'habite parfois. Ma vie est faite de haut et de bas. Embarquez dans mon histoire et je vous conduirai à m'accompagner dans ces montagnes russes émotionnelles intérieures ("J'avais l'impression d'être au bord d'un grand précipice sans personne pour me retenir…") lesquelles peuvent me conduire à penser au suicide. Et puis l'instant d'après, c'est à nouveau l'euphorie, l'impression de vivre quelque chose hors du commun. Passez de la première classe des ponts supérieurs aux étages inférieurs, et vous saurez ce qu'est l'impression d'être habité par deux mondes qui se côtoient mais qui sont complètement différents. D'un côté, une vie morne, ennuyeuse, banale ("Je voyais ma vie entière comme si je l'avais déjà vécue : un défilé interminable de fêtes et de cotillons, de yachts et de parties de polo."), et dans les étages inférieurs des moments de rire, de danses enivrantes donnant vraiment la sensation d'exister pleinement.

 

Le 4 cherche donc à vivre intensément : des hauts très hauts et des bas très bas. Il peut passer sans crier gare de l'euphorie à la déprime, de la joie à l'abattement le plus total, du sommet au fond de l'abîme, et les moments de bonheur sont comme des bouffées d'air inspirées avant le grand plongeon dans les bas fonds de la déprime ou de la mélancolie : "Je ne prétends pas savoir ce qui vous rend mélancolique, Rose…"

 

Même les rêves les plus fous, comme celui d'apprendre avec celui que l'on aime à "monter à cheval comme les hommes", alors que l'on est une jeune fille de la haute société qui se doit d'avoir des manières, ne pourra se concrétiser, car le drame est sur le point d'intervenir comme il intervient d'ailleurs toujours dans la vie d'un 4, sans crier gare. Promenez-vous sur le pont, des rêves pleins la tête, remplis du sentiment d'avoir trouvé la sérénité, le calme intérieur, la plénitude, vous ne tarderez pas à voir s'approcher un immense iceberg qui percera la coque de mon bâtiment de part en part, ce qui entraînera mon naufrage qui sera, une fois de plus à l'image de ce que je suis et de ce qu'est ma vie : "une chute depuis la surface du monde" vers les plus profondes abîmes de l'océan. Et même ma chute pourrait être qualifiée de chute 4 tant elle rappelle ces plongeons intérieurs vertigineux. Le 4 vit en permanence une déchirure intérieure lorsqu'il prend conscience de l'écart entre son désir de plénitude qui semble inaccessible et la réalité.

 

Ma coque, sous le poids de l'eau, s'est fendue en deux comme pour matérialiser cet état intérieur en permanence écartelé. Puis l'arrière est retombé brutalement à la surface de l'eau avant de se retrouver à la verticale pour entamer sa plongée, mais à pic cette fois, dans les eaux glacées. Dernier plongeon vertigineux avant ma fin vers cette mort, si familière à mon âme et mon coeur pour entretenir mes états émotionnels intérieurs et qu'il pouvait m'arriver de narguer, dans mes accès d'intrépidité (clin d'oeil au sous type conservation), et qui cette fois, aura eu raison de moi laissant à mes passagers le soin de vivre leur propre drame. Oui, ma vie a été un drame et mon histoire telle qu'elle vous a été dévoilée tout autant.

 

Puis comme pour vous dire que vous n'avez pas encore suffisamment voyagé dans les états intérieurs du 4, même absent de vos yeux, je ne pouvais pas ne pas vous parler de mon sentiment d'abandon. Comme je ne suis plus là pour vous en parler, ce sont les passagers que j'ai embarqué à mon bord qui vont vous en entretenir. En effet, Rose et Jack vont se trouver séparé par la mort. Rose va se retrouver seule alors qu'elle venait juste de trouver l'amour de sa vie. Mais l'amour n'a-t-il pas plus de saveur dans le souvenir que l'on entretient de lui ? Toute sa vie, Rose, ne cessera de penser à cet amour qu'elle pourra idéaliser à souhait, puisque le bien-aimé ne sera à ses côtés que dans ses rêves ce qui viendra colorer les paysages de sa vie quotidienne pour la rendre lumineuse grâce à la pensée du paradis et du bonheur originel vécu par cette rencontre. Comme le 4 est orienté vers le manque, Rose ne cessera de vivre le manque de Jack, ce qui la rendra rayonnante ou mélancolique à chaque instant de sa vie.

 

Le 4 se fait facilement des films qu'il vit seul intérieurement. Un cinéaste a su très bien entrer dans ce monde intérieur du 4 pour le faire partager à un plus grand nombre. Vous avez été nombreux, très nombreux, à vibrer sur les cordes intérieures de ma quatritude. Eh oui, mon nom est "TITANIC", vous m'aviez certainement reconnu.

 

Pour une fois ce n'est pas un personnage de film qui a été tenté d'être ennéatypé, mais l'histoire d'un bateau mythique (le Titanic) au travers d'un film à son image. Un film aux 11 Oscars (ce n'est pas banal, vous ne trouvez pas ?) qui a bouleversé bon nombre de spectateurs au point que certains d'entre eux ont vu le film des dizaines de fois d'affilée perdant ainsi la notion de la réalité pour entrer dans ces univers émotionnels intenses dont on vient de parler.

 

Je suis une 4 moi-même alor,s mais je précise que lorsque j'ai vu pour la première fois ce film, je ne connaissais pas l'ennéagramme et pourtant il a résonné en moi à des niveaux que je ne m'expliquais pas. Ce n'étaient pas les personnages, l'histoire d'amour et le romantisme qui s'en dégageait qui me parlait, mais bien le film dans son ensemble.

 

Lorsque j'ai découvert l'ennéagramme, je me suis souvenue de lui et j'ai voulu le revoir. Eh c'est là que je me suis rendue compte que ce qui m'avait marqué dans ce film, c'était vraiment lui, le film, et l'histoire de ce bateau, qui décrivaient mes états intérieurs mieux que je n'aurais pu le faire moi-même. Il me semblait que j'aurai pu écrire des pages et des pages pour expliquer ce que je ressentais, alors que le déroulé même de cette histoire me dévoilait de façon simple mes sensations intérieures.

 

Donc vu de mes lunettes de 4, je me suis retrouvée :

  • dans l'ambiance de ce film et le déroulé de son histoire et de l'histoire de ses protagonistes (personnages et bâteau compris) qui pour moi est une histoire de vie de 4, donc ce film est, si l'on peut le typer, un film de type 4 ;
  • dans la symbolique de ce bâteau qui est, pour moi, un bâteau de type 4 ;
  • dans le personnage de Rose qui est, pour moi, de type 4.

Avec la grille de lecture de l'ennéagramme, j'ai revu certaines scènes avec un autre regard de compréhension. Par exemple lorsque Fabien et Patricia, lors du stage sur les Ailes, nous ont parlé du 4 coincé entre le 3 qui lui délivre comme message "ne compte que sur toi" et le 5 qui lui dit aussi "ne compte que sur toi", je n'ai pu m'empêcher de repenser à cette scène à la fin du film (et ce de façon brutale tant ce qu'ils disaient me renvoyait à mes peurs profondes) où Rose est accrochée avec d'autres survivants au bastingage, avant que le Titanic ne sombre définitivement dans les eaux de l'océan, et où elle regarde sa voisine qui, comme elle, est accrochée à plusieurs centaines de mètres au dessus des eaux. Ce regard qu'elles ont toutes les deux en dit long sur cette sensation bien connu d'un 4 qui est que c'est chacun pour soi (alors que lui voudrait tellement que ces états intérieurs et donc extérieurs puissent être partagés ou mieux fusionner avec l'autre pour ne pas se sentir prêt à être abandonné et laissé seul au monde). Au-delà de l'enfer du drame qui est en train de se vivre, c'est bien à ce qu'un 4 est en train de vivre à l'intérieur de lui et donc isolé des autres sans la moindre communion, ni communication, à part celle d'être emporté dans l'irréversible que ces regards font référence.

 

Ce sont donc mes sensations de 4 que j'ai essayé de vous faire partager par mon analyse ci-dessus au travers de ce film et de son bateau. :sorry:

Bridget (4 mu, aile 3, C +/- S --/+ X +/-)

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Fabien Chabreuil

Bonjour Bridget,

 

Et bien en voilà une idée pas banale que de typer un bateau et l'atmosphère générale d'un film. Chic, voici une nouvelle mine d'explorations !

 

J'ai vu ce film à sa sortie et l'ai beaucoup apprécié. A l'époque, j'avais typé les divers personnages, mais je ne me souviens pas de tous. En tout cas, Rose est bien 4 et Jack est 7. Il me semble qu'on pouvait trouver les neuf ennéatypes dans les personnages principaux du film et que j'avais songé que c'était une des raisons du succès du film : une petite humanité en réduction.

 

Très amicalement,

Fabien

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