Institut Français de

l’ennéagramme

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6, mensonge et intégration en 9


Françoise

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Bonjour à tous,

 

Je reviens d'un week-end où j'ai été confronté au mensonge des autres, en particulier au mensonge d'une personne 4 et d'une personne 2, qui toutes deux se servaient de leur aile 3 de la manière la plus éhontée en me disant chacune à leur manière qu'elles étaient en train de se mentir l'une à l'autre, donc au groupe, donc à moi-même !

 

Ce serait trop compliqué et trop long à raconter, leurs motivations respectives, et les miennes pour les écouter, mais quant à moi, qui, quand je vais mal, mens (par omission, toujours, mais c'est peut-être le pire), voici ce que j'ai ressenti : une peur abominable que tout dans l'émotion humaine ne soit mensonge ! C'était comme si on me poignardait littéralement, je ne sais pas comment dire ça autrement.

 

Si j'essaie de me confronter à la réalité du mensonge, je dirais ceci : j'ai eu l'impression pendant très très longtemps que je ne mentais jamais. C'était parce que je restais la plupart du temps solitaire. Il est très facile de ne pas mentir quand on n'est pas confronté à autrui. Ou plutôt, il est très facile de mentir par omission.

 

Ainsi, pour ma part, étant originaire d'un milieu moins favorisé que d'autres culturellement, j'ai mis des années avant de pouvoir confronter cette vérité, d'abord en interne, et ensuite en externe. Les amateurs de cinéma pourront voir à ce sujet un film avec Hopkins et Kidmann, où le premier joue le rôle d'un Noir qui s'est fait passer pour un Juif afin d'assurer sa carrière… Quoique mon peu d'entrain à parler de moi n'ait pas eu tant d'impact sur ma vie, je peux dire tout de même que je suis bien plus heureuse maintenant que je suis consciente de ma valeur en tant que personne. Cela suppose un certain détachement par rapport aux groupes que sont les parents (et leurs exigeances sociales : il s'agit de réussir là où ils peuvent avoir échoué), le milieu scolaire (et plus on avance dans le temps, plus on peut s'affirmer) ou d'autres.

 

La pratique de la vérité, en tout cas, permet vraiment, je crois, de s'insérer dans les groupes que l'on vise, et même d'y tenir une place de choix, celle du médiateur, car souvent la capacité à reconnaître son expérience de vie entraîne des manifestations de respect et de confiance, c'est ce que je constate. Alors, y a-t-il une équation entre pratique de la vérité et intégration en 9 ?

 

Cordialement,

Françoise (6)

Françoise – E6

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Fabien Chabreuil

Bonjour Françoise,

 

"Toutes deux se servaient de leur aile 3 de la manière la plus éhontée en me disant chacune à leur manière qu'elles étaient en train de se mentir l'une à l'autre, donc au groupe, donc à moi-même !"

Quel rapport avec l'aile 3 ? Je dois l'écrire pour la centième fois sur ce forum, le mensonge du 3 est un mensonge à soi-même, il se trompe lui-même sur ce qu'il est, et bien souvent, n'a donc plus besoin de mentir aux autres au sens ordinaire du terme.

 

"Alors, y a-t-il une équation entre pratique de la vérité et intégration en 9 ?"

Le mensonge, au sens où tu le décris, est un comportement. Il n'a pas en soi une valeur morale positive ou négative (je te laisse le soin de chercher des cas où mentir est approprié), et n'a donc rien à voir avec l'intégration. L'intégration, c'est l'abandon du mensonge de l'ego, c'est déjà pas mal.

 

De plus, même en restant dans ta conception de la vérité et du mensonge, ta question est un peu bizarre du point de vue de l'Ennéagramme, car elle sous-entend que le 6 qui n'est intégré que dans son type continue à mentir…

 

Très cordialement,

Fabien

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Bonjour à tous,

 

Ta remarque est éclairante, Fabien. Peut-être que des 6 (ou des 3) pourraient eux m'éclairer par des exemples concrets. Que le mensonge ne soit pas un comportement dans le cadre de la théorie de l’ennéagramme, je peux le comprendre. Mais alors, comment le définir "ennéagrammiquement" parlant ? Est-ce une attitude mentale ? Un 6 peut-il par exemple se mentir à lui-même en se disant "J'apprécie beaucoup cette personne", alors qu'en fait, il ne l'apprécie pas du tout ? Si c'est cela, comment est-ce mesurable ? Et surtout comment distinguer les cas où on se ment vraiment et ceux où on fait des efforts pour qu'un "mensonge" devienne réalité.

 

Cordialement,

Françoise (6)

Françoise – E6

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Fabien Chabreuil

Bonjour Françoise,

 

"Que le mensonge ne soit pas un comportement dans le cadre de la théorie de l’ennéagramme, je peux le comprendre. Mais alors, comment le définir "ennéagrammiquement" parlant ?"

Je n'ai pas dit cela. J'ai dit au contraire que le mensonge, hors la passion du 3, est un comportement, n'est donc lié à aucun type en particulier, et n'a donc pas de définition ennéagrammique. La passion du 3, elle, est un mensonge à lui-même sur son identité qu'il confond avec ses réalisations et ses succès.

Tout ceci est détaillé dans le stage de Bases.

 

"Est-ce une attitude mentale ?"

S'il s'agit de la passion du 3, c'est une passion et donc une caractéristique du centre émotionnel.

 

"Un 6 peut-il par exemple se mentir à lui-même en se disant 'J'apprécie beaucoup cette personne', alors qu'en fait, il ne l'apprécie pas du tout ?"

Comme dit précédemment, ceci est un comportement et peut donc être dit par tous les types.

Exercice habituel : trouve une bonne raison pour que chaque type mente ainsi. Allez je commence. Un 1 pourrait le dire par formation réactionnelle si dire qu'il n'apprécie pas cette personne est contraire à ses valeurs. Un 2 pourrait le dire par mécanisme de défense de répression parce que ce n'est pas conforme à son image de ne pas aimer les gens. Un 3 pourrait le dire s'il pense que cette personne peut l'aider à atteindre ses objectifs. A toi maintenant…

 

Très cordialement,

Fabien

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  • 1 month later...

Bonjour à tous,

 

Fabien, merci pour le petit exercice. J'essaie pour ma part d'éviter de mentir pour plaire à un groupe dans son ensemble. Eh bien, c'est… peu gratifiant. En clamant ses idées :hautetfort:, on ne se fait pas que des amis. Peut-être faut-il se contenter de les exprimer gentiment, pas trop haut et pas trop fort.

 

Néanmoins, je me rends compte que j'avais très mal formulé ma question, et d'ailleurs dans un moment d'agitation. Commençant à peine à m'engager un peu plus émotionnellement dans l'un ou l'autre groupe, j'observe particulièrement les 2, les 3 et les 4. Ma question était plutôt (mais c'était impossible à deviner !) de savoir si je m'intègre en 3 ou en 9.

 

Le profil 3 m'intéresse au plus haut point. Depuis que j'ai découvert l'ennéagramme, j'ai été interpelée par cette question : plusieurs auteurs d'ennéagramme, dans des présentations d'initiation, présentent le type 6 comme "s'intégrant en 9 et se désintégrant en 3". Je dois dire que j'ai du mal à m'y retrouver. Est-il possible que je m'intègre plus en 3 parce que je réprime plus l'instinctif que l'émotionnel ? Cela concorderait bien avec la théorie affinée de Fabien et Patricia.

 

Quelques notes sur mon petit cas… Dans un sens qui converge avec mon impression à mon sujet, je me souviens :

 

- d'une rhéto pendant laquelle je fus complètement apathique. Non seulement je brossais tout le temps, mais en plus, pour ne rien faire. Et je n'avais pas particulièrement de problèmes avec l'autorité à cette époque. Disons que j'étais dans une phase où cette autorité me semblait diffuse, donc inlocalisable, donc me positionner réellement était impossible. Le résultat administratif et académique de cette affaire fut que je fus convoquée chez le préfet des études, qui n'eut qu'à ouvrir la bouche pour me remettre dans le droit chemin, mais le résultat personnel fut que cette année est l'une de celles où je fus le plus isolée dans ma vie. Je brossais pour lire ou pour bavarder avec une copine. En famille, nous nous étions même demandé si je n'avais pas une mononucléose, mais en réalité je souffrais d'un ennui mortel, et comme ma vie émotionnelle était plus ou moins au point mort et que je n'avais guère de projet personnel (je voulais devenir enseignante, croyais-je ; je crois qu'en réalité, je voulais surtout lire et échaffauder des théories philosophiques…).

 

- d'une année post-universitaire de ce type, où j'avais entamé une licence avec pas mal de cours d'anthropologie et de sociologie. En théorie, c'est le cas de le dire, c'était pour essayer d'avoir une corde en plus à mon arc pour partir enseigner à l'étranger, mais en fait, ce fut surtout l'occasion de passer une année de plus… à lire. Et, certes, j'ai plein de souvenirs intellectuels très agréables de cette époque, mais côté vie sociale et projet personnel : néant, une fois encore. Et même pire encore car autour de moi, les copines commençaient toutes à se marier, déjà, et à trouver du boulot.

 

Ce qui me "sauva" dans les deux cas, fut l'action : déménagement pour aller étudier en ville d'une part, déménagement pour m'installer en appartement dans l'autre. Et, dans les deux cas, il y eut un changement de milieu social qui fut particulièrement bénéfique parce qu'il me poussa lui aussi à l'action, que ce soit pour faire des démarches administratives ou pour organiser une pendaison de crémaillère. Et même pour essayer de "rencontrer quelqu'un" (ce qui, effectivement, ne peut se faire depuis son bureau  :calin:).

 

Dans une moindre mesure, j'ai revécu le phénomène d'apathie au printemps 2006 : je sentais que toutes sortes de travaux intellectuels personnels ne menaient à rien sur le plan social et relationnel, et que je "m'enlisais" dans l'inertie. Un voyage supplémentaire cet été me remit "sur les rails", du moins en partie…

 

La "conclusion", mais peut-être est-elle rapide, est que l'inaction renforce mes craintes sur tout et engendre encore plus d'inertie, chez moi. A la fin de mes études universitaires, comme en rhéto, je me demandais si "j'allais réussir", mais ne faisais aucune démarche pour cela. Depuis 4 ans que je travaille en entreprise familiale, ma situation a bien changé : non seulement je m'intègre parce que je me sens loyale à ma famille en travaillant, mais le travail lui-même me tire d'une sorte de torpeur qui me guette encore souvent. C'est une lettre à poster, une commande à traiter, un contact à rappeler. Que j'en aie envie ou pas, c'est à faire. Et cela me coûte, souvent, mais j'ai bien l'impression que c'est meilleur pour moi, puisque le résultat de tout cela est que ma vie sociale devient de meilleure qualité au fil des années.

 

Sinon, ce qui m'a permis de prendre conscience de cela, c'est en partie la réflexion d'un 3, un chrétien évangélique qui m'a transmis un de ces messages collectifs "millénaristes" que l'on reçoit parfois si on évolue de près ou de loin dans ces milieux (pour ma part, je suis catholique, mais plutôt intéressée par le dialogue avec l'autre tant qu'il me respecte). Cela a fait frissonner ma moëlle épinière si fort que j'ai passé une heure à lui expliquer que la Bible nous invite à la prise de responsabilité personnelle et à l'optimisme, à la croyance en un Dieu bon. J'étais, me semble-t-il, en grand danger à la fois de peur panique et d'enfoncement dans la torpeur, ce qui est très mauvais pour moi, d'autant plus que j'ai déjà remarqué que c'est à ce moment que mes ailes se mettent elles aussi à me faire :pt1cable:

 

L'ennéagramme est donc bien "chouette", qui me permet à la fois de prendre de temps à autre conscience du pourquoi de mes appréhensions et de leur caractère irraisonné, mais aussi de respecter une personne de caractère tout à fait opposé au mien, un 3 qui, lui, a besoin de "lever le pied" pour se sentir bien dans sa peau. Ca valait bien un petit partage. :tongue:

 

Cordialement,

Françoise (6)

Françoise – E6

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Bonjour Françoise,

 

"Est-il possible que je m'intègre plus en 3 parce que je réprime plus l'instinctif que l'émotionnel ?"

Le 6 alpha qui coréprime l'instinctif se désintègre en 3 et s'intègre en 9.

Le 6 mu qui coréprime l'émotionnel se désintègre en 9 et s'intègre en 3.

Cf. cette page du site, ou mieux notre stage Centres.

 

Reste à savoir si tu réprimes effectivement l'instinctif plus que l'émotionnel. C'est l'hypothèse contraire qui avait été émise dans la discussion de définition de ton profil, discussion que tu avais malheureusement interrompue avant terme.

 

Que l'action te soit positive n'est pas forcément un argument déterminant à ce sujet. Elle ne peut que l'être comme tout ce qui détourne du mental.

 

La question est de savoir quel centre, de l'émotionnel ou de l'instinctif, fonctionne le meiux en situation normale, et lequel cesse de fonctionner en prmier en cas de fatigue ou de stress.

 

Très cordialement,

Fabien

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  • 4 weeks later...

Bonne année à tous !

 

J'ai profité de la fermeture du panneau pour relire, à la suggestion de Fabien, une conversation que j'avais en effet interrompue (c'était trop de données pour moi à ce moment-là, je m'en souviens). J'ai aussi pris quelques heures pour lire les conversations de la rubrique "Hiérarchie des centres". (Ce qui est à la fois curieux et "désespérant" est que, comme lors de cette première conversation, je me suis sentie "rappelée à l'ordre", mais cette fois, j'ai plus conscience du mécanisme de projection, c'est déjà ça !) Donc, je vais essayer de dire ce que j'en comprends d'une manière claire et organisée, même si certains points me semblent soit obscurs, soit paradoxaux. Et aussi ce que je ressens.

 

D'emblée, je pense reprendre la suggestion qu'avait fait Fabien à l'époque, qui était que je dois réprimer l'émotionnel et que je suis donc 6 mu, mais je vais essayer de creuser.

 

A. Commençons par la théorie ; j'épingle quelques citations de Fabien, qui est le praticien :

 

"Ce sont les bases de la théorie de la hiérarchie des centres :

- Le centre préféré est mal utilisé, parce que trop et hors de propos.

- Le centre de support est mal utilisé, parce que toujours pour servir l'activité du centre préféré.

- Le centre réprimé est mal utilisé, parce que peu ou pas.

Des trois, le plus sain est généralement le centre de support : si on réussit à le faire fonctionner de manière autonome et non pas au service du centre préféré, il ne pose pas de problème."

 

"S'intégrer en 9, c'est manifester la vertu et l'idée supérieure du 9."

 

"L'intégration, c'est l'utilisation des trois centres non plus en hiérarchie, mais quand c'est approprié."

 

"L'ordre pour apprendre les vertus est le message de l'ennéagramme."

 

"La répression d'un centre est liée à une décision de l'enfant considérant l'utilisation de ce centre comme danger ou source de souffrance."

 

Je comprends bien intellectuellement les quatre premières citations. Evidemment, je me rends compte qu'il s'agit d'essayer de les appliquer. En lisant la dernière, par contre, j'ai été ramenée presque directement à un souvenir très pénible. Pour exprimer de l'affection pour ma mère, j'avais écrit au marqueur sur une porte, ce qui m'a valu une sévère réprimande… et aucune question (ma mère étant 5). Je devais avoir 7-8 ans à l'époque. A l'instant, cela me rappelle une conversation ultérieure avec elle, quand j'avais 15-16 ans, où elle m'avait reproché de "ne pas avoir beaucoup d'affection", de ne pas en montrer en fait. Cette remarque m'avait scandalisée, car je trouvais que ma mère avait la mémoire bien courte sur son comportement avec moi pendant mon enfance. C'était plutôt moi qui ne recevais guère d'affection (mais il se fait que je commence à comprendre qu'un 5 peu intégré peut réclamer de l'affection après vous avoir brimé dans l'expression de vos sentiments, je le comprends en fréquentant une personne de type 5).

 

Il reste aussi que l'utilisation des trois centres quand c'est approprié ne marche… que lorsque le vis-à-vis fait de même. Ou alors, il faut vraiment avoir beaucoup de pratique et être doué, mais il est vrai que le but est de s'améliorer.

 

B. J'ai relevé deux citations "plus intuitives" de Ruth, qui est 6 comme moi.

 

D'abord, elle fait une distinction entre l'émotion et le sentiment : "L'émotion est plus forte… peut perturber la raison… Le sentiment est plus subtil, moins prenant. Il me laisse libre… de mieux écouter l'autre car je projette moins et j'attends moins." Ruth écrit par ailleurs : "Peut-on imaginer un centre préféré et les deux autres centres utilisés en deuxième ou troisième possibilité suivant les domaines de la vie ; par exemple un mental utilisant en second (et pourquoi pas par moments en premier) le centre émotionnel dans l'intimité ?"

 

Je ne sais pas si Ruth est 6 alpha ou mu, mais pour ma part, sa première citation me rappelle effectivement des moments de bien-être que je peux avoir quand j'écoute l'autre : écouter peut être chez moi une marque d'intérêt émotionnel pour autrui, et je sens que ce sont des moments où je m'intègre, car l'inquiétude inhérente à toute relation disparaît.

 

C'est surtout la deuxième citation qui m'interpelle car, pour le moment, parce que je l'ai décidé (un peu paradoxal, mais on ne se refait pas), je ne vis que dans l'émotionnel. Je m'exprime tout le temps sur ce plan. Imaginez la désagréable surprise de proches qui n'ont pour ainsi dire rien entendu pendant des années et qui, tout à coup, se voient invités à prendre en compte mes émotions sortantes. Mon mari, m'a dit… hier (le 22 décembre, depuis le coeur et le moral sont à nouveau au beau fixe ! :calin:) après une dispute : "Je me suis senti terrorisé." Il faisait allusion à mes paroles et attitudes après qu'il soit revenu à la maison avec un cadeau de Noël pour mon fils qui me déplaisait au plus haut point parce qu'il m'avait rappelé une scène entre mes parents. Mon mari a vite compris que je "débobinais" une série d'arguments "rationnels" (c'est bruyant et ça prend de la place), alors qu'en fait simplement, je n'en voulais pas. J'étais en rage, c'était affreux à voir. :hautetfort: J'étais transie de peur à l'idée que cet objet reste chez moi. :wink:

 

Dans le même ordre d'idées, j'ai reçu récemment ce message d'une personne de type 2 : "Je n'arrive pas à supporter la pression affective que tu mets dans tes messages dès qu'il s'agit de moi." Il y a un peu de narcissisme dans ce message (dans le "dès que", car je réagis ainsi avec tout ce qui a le malheur d'être dans mes parages ces temps-ci), mais surtout un grand fond de vérité, et aussi un grand mérite pour une personne de type 2. C'est un peu comme si, pour le moment, toutes mes émotions brimées depuis toujours me disaient que si elles ne sortent pas, ça va faire de gros dégâts. Cela n'a rien à voir directement avec l'ennéagramme, mais je lisais hier une page Internet sur Rogers et la pression affective : l'intégration y était définie comme "le fait de résoudre un problème de manière moins confuse, mieux organisée, de mieux en mieux", et la sagesse comme étant "un régime stable entre les personnes". Pour le moment, je me sens tout sauf stable. J'envie le mystique soufi Rûmi, qui avait "trouvé son Shams de Tabrîz", et ferais le tour de la terre entière pour vivre comme lui neuf mois d'affilée en tête à tête avec "une quelconque" âme soeur, "une quelconque" montrant bien le paradoxe de tous ces élans émotionnels et que je me sens comme un avion en flammes prêt à s'écraser sur n'importe qui. Enfin, j'exagère un peu, mais ce n'est pas loin. :pt1cable:

 

Enfin, je fais quand même de gros efforts pour me servir de mes ailes, qui m'aident beaucoup "dans l'histoire". Il y a six mois que j'ai repris la natation, qui est pour moi un plaisir aussi bien qu'un effort, il faudrait que je puisse y aller tous les jours au lieu d'une fois par semaine, mais bon. Et je continue à m'instruire dans des matières qui peuvent m'aider. Je me rends plus compte qu'avant qu'il y a des moments où j'ai effectivement peur d'ouvrir un livre, et alors je me dis "de toute façon, ça ne servira à rien", mais chaque fois que je l'ouvre pour de bon, je vois quand même qu'il y a quelque chose qui se débloque et cela m'encourage à continuer. Choisir les livres et les matières à étudier reste difficile, mais m'aide à construire mes discours. Hadadelaluna m'avait posé cette question de savoir si je construisais mes messages écrits par rapport à un modèle externe (dissertation) ou interne (logique interne) ; je crois que je passe petit à petit du modèle externe au modèle interne et que j'élabore petit à petit ma propre norme.

 

Cela n'est pas toujours bien vécu ! Car en fait, il arrive que certains apprécient que j'aie les défauts du 3, me confondant sur le coup avec un 3 par exemple, et ne voyant pas que quand je commence à raisonner en termes de classes sociales, par exemple, c'est que chez moi, ça commence à "délirer sec". Le vis-à-vis ne voit sur le coup que le comportement : je produis, je suis fiable, alors qu'en moi, à l'intérieur, c'est un capharnaüm. L'interlocuteur, à qui je ne parle d'ailleurs pas toujours explicitement de classes sociales, ne voit pas que j'ai peur par exemple de ne pas gagner assez d'argent pour assurer une éducation correcte à mon fils ou d'être méprisée parce que mon statut n'est pas assez élevé. Prendre conscience de cela m'aide à la fois à modérer l'usage que je fais des défauts du 3, à exprimer mon ressenti, et même, parfois, à inviter l'interlocuteur à faire de même ; c'est particulièrement précieux si j'ai un mental en face de moi. Je crois donc que, s'il y a des types qui se complètent bien l'un l'autre, il y a aussi possibilité pour tous les types de progresser ensemble.

 

C. L'instinctif au service du mental… et l'émotionnel ?

 

Si je suis bien 6 mu, ce que je pense, je mets souvent l'instinctif au service du mental. Je crois que mon voyage en Turquie de cet été illustre bien ce phénomène. Je suis partie dans le cadre d'un camp biblique avec précisément cette idée de voir les lieux pour mieux comprendre les textes ! Toutefois, il y avait aussi la perspective du plaisir d'entendre le chant du muezzin (non, je n'ai pas eu droit qu'à des enregistreurs) et, moins avouable encore, l'idée d'arriver en premier lieu au sommet de tous les cols… :tongue:

 

Toutefois, le contact avec des personnes de type coeur dans le groupe m'a fait comprendre l'intérêt des relations, ne fût-ce que pour partir en voyage.

 

Mais justement, il s'agit d'intérêt… Comme je voudrais partir en Israël d'ici quelques années, je suis en train… de mettre mon centre émotionnel au service du mental. Je suppose que c'est la catastrophe ! Quoique pour le moment cette idée me rende satisfaite de moi. Je me dis : "Pour préparer minutieusement mon voyage, je dois rencontrer des gens qui y sont déjà allés, on les trouve plus facilement dans les groupes de témoignages et les groupes interconvictionnels, alors allons-y."

 

Paradoxe encore, mais malgré tout, le contact avec des gens qui ont beaucoup de vécu, comme c'est par exemple le cas des chrétiens du Moyen-Orient, m'aide quand même à travailler l'émotionnel. Je ne peux rester de marbre devant leurs expériences souvent riches et parfois douloureuses. Je ressens quelque chose, je ne suis pas un coeur de pierre. Il faut "seulement" que je lutte contre la tendance "arriviste" qui est bel et bien en moi dans le cadre d'un tel projet, car c'est sans aucun conteste l'occasion de "me faire reluire" et d'obtenir prestige et succès dans les groupes sociaux. Du moins c'est ce que je crois erronément, car les seules notions de prestige et succès ont le don d'agacer profondément certains types quand ils sont bien intégrés, les 2 par exemple.

 

Je note encore cette citation de Fabien : "Pour développer le côté émotionnel, il faut trouver des activités par et pour les autres". Le "par" me semble assez aisé et peut renforcer mon arrivisme ; le "pour" est problématique. Soit je m'accroche à la personne, puisque l'arrivisme peut aussi s'appliquer au domaine émotionnel ; soit la personne ne m'intéresse pas et alors, je m'en sers froidement pour atteindre mes objectifs. Pas très "reluisant", tout cela.

 

Mais enfin, pour en revenir à l'instinctif, j'ai l'impression qu'il fonctionne quand même assez souvent de manière autonome, ce qui est un soulagement. Je me souviendrai toujours de ma première journée de ski de fond ; j'avais 12 ans. Quel plaisir ce jour-là ! Et je me réjouis de faire cet hiver mon initiation au ski alpin. En même temps que mon fils, mais après tout pourquoi pas, il n'y a pas de honte à avancer.

 

D. Je me pose une question…

 

La notion de "sur-effort" vaut-elle pour les types du triangle, puisque nous réprimons notre centre préféré ? Ne dois-je pas déjà, la plupart du temps, bien m'appliquer à faire fonctionner mon centre mental correctement ?

 

Par ailleurs, pour conclure, ce qui m'avait fait hésiter à dire que je m'intègre en 9 est que j'avais fréquenté une personne de type 9 (sans beaucoup d'ailes, il était jeune à l'époque) pendant 2-3 ans vers 22 ans. C'était un ami de coeur je peux le dire, mais cela a fini par très mal se passer quelques 6-7 ans plus tard, car je n'ai pas compris qu'il était en train de s'intégrer au moment où il a commencé à voyager pour son travail et donc à bouger, c'était dans une période où j'étais tellement pressée "d'arriver" dans mon travail que je m'éloignais systématiquement de toute personne qui me donnait l'air d'être en perpétuelles vacances ! J'avais "craqué" le jour où il m'avait dit qu'il avait gardé neuf mois au-dessus de son bureau l'annonce de ma grossesse. Je m'étais sentie si abandonnée. Si je devais compter le nombre de relations que j'ai perdues de vue parce que je ne comprenais pas les gens, je crois que mes doigts n'y suffiraient hélas pas. Enfin… il n'est pas encore trop tard pour s'améliorer. Je viens de recommencer la même bêtise avec un 9 dont je ne sais s'il est mieux intégré, mais qui me semblait on ne peut plus autoritaire, et comme je connais les dégâts d'une aile 8 lorsque quelqu'un n'est pas au mieux de sa forme… Et je dois dire que je n'ai pas le sentiment d'avoir "gaffé". Faut-il systématiquement rechercher à fréquenter les types dans lesquels on s'intègre ?

 

J'avais aussi hésité à dire que je m'intègre en 9 à cause du fait que j'éprouve depuis toujours des sentiments de lassitude physique que j'appelle de la fatigue, mais qui sont plutôt en lien avec une inertie que je ne trouve pas bonne pour moi. Enfin, il est probable que ce soit "seulement" lié au mauvais fonctionnement du centre instinctif.

 

Merci aux courageux qui ont lu ce message interminable, c'est que j'ai eu du temps devant moi.

 

Françoise (6)

 

P.S. : si je devais me choisir une devise, ce serait "Quand j'ai compris, j'ai compris", qui a l'air d'une lapalissade des plus niaises, mais qui fut le premier éclair de compréhension que j'ai eu, vers 17-18 ans, sur mon "fonctionnement" de base. Je me rendais plus ou moins compte que je me bloquais moi-même dans mes apprentissages par moments.

Françoise – E6

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Fabien Chabreuil

Bonjour Françoise,

 

Bonne année 2007 avec tout plein de petits et de grands bonheurs !

 

"Ce qui est à la fois curieux et 'désespérant' est que, comme lors de cette première conversation, je me suis sentie 'rappelée à l'ordre', mais cette fois, j'ai plus conscience du mécanisme de projection, c'est déjà ça !"

C'était un rappel, mais pas à l'ordre ! :hautetfort:

 

"Il reste aussi que l'utilisation des trois centres quand c'est approprié ne marche… que lorsque le vis-à-vis fait de même."

Absolument pas. Je pense que tu confonds vécu intérieur et expression de ce vécu. Seule cette dernière nécessite que l'autre soit "consentant". Le mécanisme est le suivant en prenant, à titre d'exemple, un départ dans l'émotionnel : je ressens une émotion et je l'observe et l'accepte quelle qu'elle soit (émotionnel intérieur) ; ensuite, en fonction de ma compréhension de la situation (mental extérieur), de l'impact éventuel sur les autres (émotionnel extérieur), de mes valeurs personnelles (instinctif intérieur) et des conséquences éventuelles (mental intérieur), je décide (mental intéreur) d'exprimer ou non (instinctif extérieur) ce ressenti émotionnel. En termes d'Ennéagramme, réprimer ses émotions est toujours négatif ; refuser de les exprimer ne l'est pas forcément.

 

Je me méfie aussi de ton emploi du terme "marcher". Il y a si souvent derrière ce mot des objectifs et des attentes égotiques.

 

"Pour le moment, parce que je l'ai décidé (un peu paradoxal, mais on ne se refait pas), je ne vis que dans l'émotionnel."

Ce n'est pas paradoxal. On peut choisir de mettre en oeuvre son centre réprimé volontairement, comme on peut choisir de vivre sa vertu ou son idée supérieure par un acte de volonté. C'est un exercice, et quand cela cessera d'être un effort, ce sera de l'intégration.

 

"Je me sens comme un avion en flammes prêt à s'écraser sur n'importe qui."

Et oui, quand on se connecte à son émotionnel réprimé, toutes les émotions arrivent en vrac, d'autant plus fortes qu'on vit en même temps les arriérés non-soldés ! Et puis, on ne sait pas bien faire la distinction, explicité ci-dessus, entre vécu et expression.

 

"Cela n'est pas toujours bien vécu !"

C'est un phénomène fréquent. Il arrive que nos petits défauts soient bien pratiques pour notre entourage, et même quand ce n'est pas le cas, ils y sont tellement habitués…

 

"Il y a aussi possibilité pour tous les types de progresser ensemble."

Ah oui !

 

"La notion de 'sur-effort' vaut-elle pour les types du triangle, puisque nous réprimons notre centre préféré ?"

J'ai beaucoup de compassion pour la problématique du triangle. Voir son centre préféré brusquement manquer à l'appel doit être profondément déstablisant. En stage, j'utilise une métaphore. C'est comme si pour marcher, on s'appuyait fortement sur une canne et que brusquement, celle-ci disparaisse. Patatras ! Mais à la prochaine sortie, comment se sentir en sécurité avec cette fichue canne ? Restera-t-elle disponible ? Et comme ne pas alors être précautionneux ?

 

"Faut-il systématiquement rechercher à fréquenter les types dans lesquels on s'intègre ?"

Oui, si on est capable de voir leur vertu et leur idée supérieure…

 

Très amicalement,

Fabien

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  • 1 year later...
Exercice habituel : trouve une bonne raison pour que chaque type mente ainsi. Allez je commence. Un 1 pourrait le dire par formation réactionnelle si dire qu'il n'apprécie pas cette personne est contraire à ses valeurs. Un 2 pourrait le dire par mécanisme de défense de répression parce que ce n'est pas conforme à son image de ne pas aimer les gens. Un 3 pourrait le dire s'il pense que cette personne peut l'aider à atteindre ses objectifs.
Un 4 pourrait le dire lorsqu'il est dans une phase d'attraction/séduction alors qu'il perçoit les côtés négatifs de la personne.

 

Un 5 pourrait le dire car il réprime ses émotions (même négatives envers cette personne) ou que dire qu'il n'apprécie pas la personne va lui réclamer du temps en justification-argumentation (avarice de temps et d'information).

 

Un 6 pourrait le dire pour ne pas se mettre à dos le reste du groupe qui apprécie la personne (loyauté).

 

Un 7 pourrait le dire pour ne pas créer de soucis inutiles si dire du bien permet de conserver une ambiance agréable.

 

Un 8 pourrait le dire car la personne est un proche de quelqu'un qui est dans le "camp" du 8 (qui protège et défend ceux qui sont avec lui).

 

Un 9 pourrait le dire car dire qu'on n'apprécie pas la personne serait source de conflit et qu'apprécier la personne est dans son orientation d'acceptation (dans ce cas égotique).

Sevan (9α, aile 8, C-/+ S= X+)

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