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Un exemple d'erreur d'identité
Un 1 sous les traits d'un 4 : une analyse autobiographique
(Traduction par Alexandra Jacquemart)

Au risque de révéler un peu trop de moi-même, je présente ici un compte rendu très personnel de ma longue odyssée Ennéagramme que le lecteur intéressé trouvera, je l'espère, éclairante et utile. De peur que vous pensiez que je suis en train de m'engager dans une orgie d'égocentrisme narcissique et public, je pense vital que le lecteur comprenne le processus par lequel j'ai atteint la terrible et fausse conclusion que j'étais un 4. Ce qui est si triste et en même temps d'une ironie désopilante est que je me suis souvent présenté à mes amis et à ma famille comme un expert de l'Ennéagramme et que j'expliquais pompeusement tel ou tel type de personnalité et de caractère à qui voulait entendre.

Est-ce que tout ceci a de l'importance ? J'imagine qu'un néophyte de l'Ennéagramme ferait facilement les mêmes erreurs d'interprétations qui m'ont tourmenté pendant plusieurs années. Je crois qu'il serait important, au fur et à mesure que notre connaissance de l'Ennéagramme augmente, de réexaminer régulièrement sans préjugés le choix de notre type, pour s'assurer qu'il correspond aux informations et aux idées nouvellement acquises. Les nombreuses récompenses d'une familiarité intime avec l'Ennéagramme s'accroissent quand on a découvert son type correct, comme je l'ai découvert à mon grand chagrin. Peut-être que mon expérience pourra éviter à quelqu'un plusieurs mois ou même plusieurs années de confusion.

Depuis que j'ai découvert l'Ennéagramme il y a dix ans environ, j'ai toujours cru fermement que j'étais un 4. S'il m'arrivait occasionnellement de ressentir du scepticisme ou du doute, ce n'était à propos de mon positionnement dans l'Ennéagramme, mais plutôt à propos de la validité du système lui-même. En fin de compte, lorsque j'ai réfléchi aux affirmations audacieuses de l'Ennéagramme, j'ai eu le souffle coupé d'étonnement que ce monde incroyablement complexe de personnes et de personnalités puisse être si simplement décomposé en neuf ennéatypes différents, en sous-types et en ailes. C'était comme si je pouvais littéralement regarder à travers quelqu'un et découvrir ses secrets. Je me sentais comme un voyeur parfois et parfois comme quelqu'un qui découvrait le mystère de la vie. Je disposais d'une connaissance essentielle sur tout le monde. C'était presque trop beau pour être vrai. Ce pouvoir à ma portée m'a donné l'énergie et la motivation d'apprendre autant que je pouvais. Découvrir le type de quelqu'un était tellement amusant et donnait du piment aux nouvelles et aux anciennes relations. Je pouvais si simplement placer dans l'une neuf vastes catégories de l'Ennéagramme toutes les personnes, qu'elles partagent ma vie ou non, qu'elles soient belles, laides, intéressantes, déprimées, différentes, moyennes, bizarres, merveilleuses, détestables, méchantes ou n'importe quelle combinaison de tout cela. Bien sûr, lorsque j'ai appris les sous-types bien plus tard, le nombre de catégories est monté à 27 et si vous ajoutez les ailes, il monte à 54, bien qu'il soit possible de préciser encore plus.

Et donc, j'apparaissais clairement dans les pages de tous les livres que je lisais sur l'Ennéagramme. Il y avait même un grand dessin humoristique de moi dans un livre de Claudio Naranjo appelé Structures des Ennéatypes. Dans la caricature, le 4 était dépeint comme un dandy vêtu d'un smoking, avec une attitude désespérée et plutôt bouleversée et qui a besoin d'un mur sur lequel s'appuyer pour réussir à tenir à peine debout. Il n'a pas fallu longtemps pour que j'incorpore cette image à l'intérieur de moi et que je la transporte avec moi, jusqu'à très récemment.

La description poignante d'Helen Palmer de la vie romantique du 4 m'a catapulté, au sens propre et au sens figuré, dans ce qui allait devenir un chaudron bouillonnant de nouvelles perspectives sur le comportement humain fondées sur les principes de l'Ennéagramme, perspectives souvent confuses et contradictoires, mais toujours fascinantes. Les humains, principalement les femmes avec qui je ne pouvais pas vivre mais dont je ne pouvais pas me passer, n'étaient pas la cause première de la course tragique de ma vie romantique. Ma douleur et ma souffrance et toute la détresse que j'avais indéniablement provoquée étaient finalement une chose quotidienne normale pour le 4 moyen. Le 4 tourmenté et son style de relation appelé attraction-répulsion rejoignaient les comportements que j'avais eus dans toutes les liaisons romantiques sérieuses ou les mariages. J'étais stupéfait ! Tout ce qu'elle disait me semblait étrangement familier et également étrangement réconfortant. Je devais en apprendre plus. Le premier livre de Palmer a été mon introduction à l'Ennéagramme. J'ai vite poursuivi avec un des premiers livres de Don Riso.

Beaucoup des autres caractéristiques du 4 listées par Don Riso s'appliquaient clairement à mon cas. Je me sentais souvent malheureux, lunatique et dépressif, et les autres me percevaient ainsi. « Pourquoi ne souris-tu pas plus souvent ? » était le refrain habituel que je me rappelle avoir entendu depuis mes jeunes années. Toutefois, je pouvais parfois être facilement terriblement drôle, irrévérencieux et divertissant. La vie pouvait paraître merveilleuse pendant de courtes périodes, mais cela ne durait jamais et bien vite, je me lamentais sur une catastrophe ou une mauvaise chance apparentes. Des vagues de colère, de haine et de vengeance me submergeaient, même après une infime provocation. Souvent, je rêvais éveillé de tuer au fusil des gens que je n'aimais pas et de bombarder des innocents simplement parce qu'ils avaient fait trop de bruit et m'avaient dérangé dans ma vie privée. Comme un gosse, je fantasmais sur des batailles imaginaires avec des gens qui partageaient ma vie.

Pendant un stage Lifespring, il y a plusieurs années, j'ai découvert à mon grand dépit au cours d'un exercice conçu pour encourager les feedbacks honnêtes, que les gens me trouvaient distant et froid. À ma grande surprise, j'ai été capable d'intégrer cette caractérisation sans ma réactivité habituelle. Cette probable distance explique une tendance à ne pas joindre des organisations ou des groupes, des jeux de poker, etc. ou à ne pas prendre part à une foule et préférer des contacts plus intimes et signifiants. Lorsque j'ai lu ce qui concernait les 4, j'ai cru que ces traits étaient compatibles avec l'élitisme et l'impression d'être spécial manifestés par beaucoup de 4.

Lifespring, la formation en développement personnel très populaire et en pleine expansion pendant les années 1970 et 80, était ma première entreprise importante à l'extérieur de la familiarité de la famille, de la maison et du travail. Elle a eu évidemment un effet profond sur moi, parce que j'ai vite ressenti le besoin d'avoir plus d'expériences d'une nature similaire. Un nouveau monde entier s'ouvrait devant mes yeux et avant longtemps, assister à des ateliers et des retraites de toutes sortes commençait à occuper une place importante dans ma vie. J'ai découvert la méditation, le travail sur le corps et le yoga et plein d'autres méthodes spirituelles et New Age. J'étais également habité par une passion de lire tout ce sur quoi ma main pouvait se poser dans les domaines de la psychologie New Age et du développement personnel et spirituel. À un certain point, j'ai même commencé à me voir comme un chercheur vraisemblablement sur le chemin de l'illumination. Peut-être que le terme « drogué de stages » aurait pu s'appliquer à moi, même si je continuais ma pratique de la médecine à temps plein. C'est dans cet état d'esprit que j'ai découvert l'Ennéagramme. À la différence de la plupart des autres disciplines et systèmes de croyance que j'ai rencontrés sur mon chemin, l'Ennéagramme m'a réellement saisi et a continué de me tenir étroitement jusqu'à ce jour. J'avais eu des sentiments mitigés à propos de mon intérêt presque obsessionnel de la spiritualité et de la recherche. Je me percevais unique, spécial et loin devant la masse, mais aussi excessivement égoïste et égocentrique, et toutes ces descriptions étaient rassemblées dans le 4.

Pendant toutes ces années, je n'avais quasiment jamais eu de pair avec qui partager mes expériences et mes pensées et valider mon chemin. Je faisais tout cela seul et sans un vrai système d'assistance. Je me sentais souvent séparé en deux parties que je n'arrivais pas à rassembler. Il y avait le Moi qui subvenait tous les jours aux besoins des malades et de leurs parents et qui était hautement responsable. Puis, il y avait cet autre Moi secret, le chercheur qui gardait généralement ses activités cachées, parce qu'il n'aurait pas été compris. Comme la validité et la valeur de mes diverses recherches devenaient de plus en plus évidentes, il s'est débarrassé progressivement du vague sentiment de honte que je ressentais souvent à propos de mes activités non-orthodoxes et a acquis peu à peu la certitude d'être quelqu'un de spécial chargé d'une mission.

C'était dans le chapitre vraiment bouleversant de Naranjo sur le type 4 dans son livre mémorable Caractère et Névrose que j'ai trouvé l'explication de l'origine de ces nombreux traits de caractère difficiles. Alors que le livre de Riso était en partie une liste qui n'en finissait pas de caractéristiques et de traits de personnalité positifs et négatifs de chaque ennéatype, Naranjo cherchait à fouiller profondément à l'intérieur de ces traits et à éclaircir les caractéristiques psychologiques, les psychodynamiques et les mécanismes sous-jacents en accord avec les concepts freudiens et néofreudiens. Il a présenté la preuve convaincante qu'un masochisme permanent et sous-jacent menait le 4 vers la caractéristique « vie douloureuse ». À cette époque, je souffrais toujours de certains effets secondaires de mon premier divorce qui avait eu lieu quelques années auparavant et de la dissolution de la famille qui en avait résulté. Alors que j'étais en plein milieu d'une nouvelle relation excitante et romantique (avec un 2), mon partenaire professionnel de toujours s'est effondré dans notre cabinet et est mort dans mes bras. Il avait 52 ans et moi 50. À ce moment-là, j'étais aussi en train de vendre une maison et venais d'en acheter une autre à Half Moon Bay en lointaine banlieue, tout en assumant les fonctions de chef du Département de médecine à mon hôpital. Je suis devenu un médecin banlieusard avec une nouvelle clientèle et un travail très stressant à l'hôpital avec un nouveau partenaire. Quelques mois plus tard bien sûr, mon dos a lâché et j'ai dû subir une opération chirurgicale en urgence. C'est après un autre retour vers Palo Alto quelques mois plus tard que j'ai fait la connaissance de l'Ennéagramme pour la première fois. À cette période, j'étais désillusionné et déprimé, comme on peut le comprendre. Il n'est pas étonnant que je me sois clairement identifié au type 4, spécialement la partie sur le masochisme, la dépression et la mélancolie.

J'ai vécu évidemment beaucoup d'émotions fortes pendant ces années, tournant autour ou accentuées par la solitude la sur-occupation et la sur-stimulation, une sensation de perte et de manque de ressources. Je bouillonnais de colère, d'envie et même de haine et c'est pour cela que la description de l'émotionnel exagéré du 4 semblait très appropriée.

J'ai lu avec soin les descriptions des huit autres types écrits par de nombreux auteurs différents sans même me trouver de manière convaincante, ni vouloir réellement me trouver. J'avais une certaine affinité et un attachement au caractère du 4 et même ses aspects négatifs me paraissaient familiers et quelque part acceptables.

J'ai eu beaucoup de difficultés à typer mes parents aujourd'hui décédés, mais les types des enfants, des frères et sœurs, des ex-femmes et de quelques connaissances et amis étaient généralement faciles à trouver. Trois anciens collègues médecins étaient clairement identifiables, deux d'entre eux étaient 1 et le troisième était 7. Je me souviens avoir développé une très forte aversion pour les 1, longtemps avant que je connaisse l'Ennéagramme. Lorsque je lisais tout sur l'Ennéagramme, ces deux personnes ont quelque part sauté dans mon esprit comme de parfaits exemples du type 1. Quant au comportement cinglé du 7 jovial, je n'ai jamais pu le comprendre avant de connaître l'Ennéagramme. Maintenant je crois que j'ai compris pourquoi j'avais une telle aversion pour mes deux collègues. Ils étaient 1 et dans mes lectures, le 1 était le caractère qui me perturbait le plus. Le collègue 7 était par contre quelqu'un que je ne pouvais pas prendre au sérieux, mais une partie de moi était secrètement envieuse de sa spontanéité et de sa joie de vivre. Lorsque j'ai appris ce qu'il y avait en dessous de son comportement, les jugements ont disparu.

L'envie, la passion du 4, ne m'était certainement pas étrangère et comme le masochisme, elle pouvait être en dessous de beaucoup d'autres comportements trouvés dans le 4. À l'époque où je commençais à apprendre cette passion, je ressentais énormément d'envies et de mécontentements, pour la plupart associés à la perception que tous mes contemporains avaient des familles intactes, disposaient de plus d'argent et s'amusaient plus que moi. Évidemment, le divorce a épuisé mes ressources financières et aussi bouleversé ma vie. L'envie était généralement associée à la dépression ou à l'humeur dépressive. L'envie était si envahissante à ce moment-là, que ce n'était pas difficile de penser à elle comme à la passion dominante dans ma vie.

La dépression et l'humeur changeante étaient de vieilles connaissances. Un thérapeute m'a même pensé moitié maniaque, moitié dépressif (hypomaniaque). Les épisodes d'une dépression claire et relativement légère ont démarré pendant mon premier divorce et allaient et venaient selon la manière dont se déroulait ma vie. Cette nemesis (mélancolie) récurrente semblait être très compatible avec l'image du 4 et renforçait ma croyance d'être 4.

Malgré tout cela, je ressentais occasionnellement des petits pincements de doute à propos de mon ennéatype. À la conférence sur l'Ennéagramme à Denver il y a quatre ans, j'ai commencé à écouter plus ce qui était dit sur les sous-types. Si j'étais vraiment un 4, j'aurais dû nettement me retrouver dans un des sous-types du 4. Les descriptions des sous-types social et sexuel ont tiré très peu de sonnettes et en ont réduit au silence beaucoup d'autres, et il n'y avait certainement pas de « Ah ! Ah ! ». Toutefois, j'ai plutôt assez correctement réagi à la description du sous-type conservation du 4. Cela pouvait être moi, vivre dans le style et souvent au-dessus de mes moyens, irresponsable de temps en temps, voire imprudent. Quelques-uns de mes passe-temps favoris passés ou présents étaient le jeu au casino, spécialement le craps (avec de préférence, une compagnie féminine à mes côtés), l'investissement dans les actions à haut risque, la conduite beaucoup trop rapide de ma Porsche, le ski hors-piste et sur un coup de tête des vacances hors de prix. Dans une certaine mesure, j'aimais plutôt bien cette description de moi, bien que mes comptes soient souvent et sans surprise dans le rouge.

Riso et Hudson ont étiqueté l'aile 3 du 4 comme « L'Aristocrate » ce qui, avec « L'Individualiste », étaient des termes descriptifs que je pouvais accepter et qui semblaient être une confirmation supplémentaire de mes références de 4. Je ne me suis jamais senti totalement à l'aise avec la désignation « L'Artiste », puisque je n'avais aucun talent artistique, mais « Le Romantique Tragique » correspondait. Je me suis dit cependant qu'au moins j'appréciais et je cultivais les arts, et que j'étais devenu de plus en plus non-orthodoxe (peut-être artistique) dans la manière dont je pratiquais la médecine.

D'après tout ce que j'ai décrit ci-dessus, il me paraissait presque inconcevable que je puisse être autre chose qu'un 4. J'ai même participé à plusieurs panels de 4 et je passais pour « l'individualiste » de façon éclatante à chaque fois. De plus, je convainquais facilement un panel de types conservation que je représentais le 4. J'ai travaillé, vécu, débattu et dîné avec des gens expérimentés de chez Arica pendant huit jours, sans qu'il y ait jamais un doute sur mon type 4. À un atelier il y a environ trois ans à Esalen, j'ai développé une antipathie très nette vis-à-vis de l'animateur de l'atelier, que j'ai perçu d'une injustice flagrante et qui manquait même de maîtrise dans la manière dont il conduisait la formation. Esalen avait toujours pour moi été un endroit sexy, de plaisir, d'excitation, de découverte et de paix. À chaque fois que je quittais ce merveilleux endroit dans le passé, la conduite du retour, le long de la spectaculaire côte de Big Sur, était toujours extraordinaire. Cette fois n'était pas différente, mais à la place des habituels sérénité et émerveillement, je vivais une forme intense de colère que je pouvais seulement décrire comme très lucide et presque délicieuse. Par la suite, j'ai écrit une lettre soigneusement travaillée, très désagréable et narcissique que j'ai envoyée à Michael Murphy, un des fondateurs d'Esalen, pour exprimer mon extrême déplaisir sur la manière dont l'atelier avait été conduit. Rien n'a changé, ce qui ne m'a pas surpris.

Alors, qu'est-ce qui avait perturbé cette situation confortable ?

Je ne suis pas réellement sûr de quand ça a commencé, mais les graines ont pu être semées lorsque j'ai réalisé un jour que je m'étais trompé de type pour mon amie (ma femme aujourd'hui) : une 5, alors qu'en réalité elle était clairement 9. La révélation m'a frappé alors que je lisais des nouvelles informations. Je croyais qu'elle était 5 (sous-type inconnu) à cause de son apparente avarice pour l'argent, sa présence calme et tamisée, ses manières quelque part sérieuses et réfléchies et son apparent manque d'émotions fortes. Les nouvelles informations à propos du 9 de sous-type sexuel ont tout changé. Il lui convenait bien mieux et semblait expliquer beaucoup d'autres choses. Elle n'était pas avare, mais malheureusement seulement pauvre et donc économe. Beaucoup de dynamiques de notre relation et de sa personnalité étaient désormais bien plus faciles à comprendre, et je n'ai plus jamais eu de doutes sur sa place dans l'Ennéagramme. J'ai aussi continué à croire que cela a immensément aidé notre relation et a contribué à nous conduire vers l'autel. Si j'avais pu avoir tellement tort à propos d'une relation si intime, aurais-je pu avoir tort pour moi ?

Peu de temps après cela, il y eut un article dans Enneagram Monthly qui m'a réellement troublé. Les détails malheureusement m'ont échappé aujourd'hui, mais je me souviens que l'auteur étudiait un aspect des psychodynamiques des différents types dont je n'avais jamais entendu parler jusqu'à présent. Selon le système, qui prêtait à discussion, je correspondais malheureusement bien plus au caractère du 1 qu'à celui du 4, si j'étais totalement objectif à propos des traits psychologiques évalués. Bien sûr, c'est extraordinaire d'être totalement objectif sur les aspects les plus profonds de son âme, et puisque je dénigrais littéralement le 1, j'essayais de rationaliser pour me débarrasser de ce doute.

Bien que je ne me sois pas attardé sur cet article perturbant, d'autres graines de doute ont peut-être été semées. L'invulnérable « forteresse 4 » avait été défiée.

Ont suivi plusieurs prises de conscience et révélations sur ce qui était réellement vrai et qui ne correspondait pas à ce que je voulais qui soit vrai. Elles ne venaient pas les unes à la suite des autres ; beaucoup arrivaient simultanément et parfois se renforçaient mutuellement.

Une de ces prises de conscience a émané du développement et de l'approfondissement de la relation avec ma femme. Son comportement calme, facile à vivre, son acceptation, son aversion pour la colère ou l'inquiétude contrastaient avec mes emportements volatiles, émotionnels et emplis de colère et mes bouillonnements quotidiens. Peu avant, j'ai réalisé quel véritable cadeau je recevais d'elle. Il était de plus en plus évident que j'étais celui qui remuait la plupart du négatif et la cause de la discorde qui pouvait soudainement surgir de nulle part. En conséquence, je me suis retrouvé à faire beaucoup d'excuses sincères et à mendier son pardon. Bien sûr, à de rares occasions, lorsque je croyais qu'on m'avait porté tort, je ne cédais pas. À la différence d'avec mes anciennes relations sérieuses où ma partenaire semblait provoquer ma colère, cette fois-ci il était clair qu'il n'y avait pas de telles provocations. Quand je réfléchis à ce qui déclenchait ma colère vis-à-vis de ma partenaire, il s'agissait habituellement du non-respect de sa part de certains standards ou du non-suivi de certaines règles ou lignes de conduite. Il y avait des standards, des règles et des lignes de conduite avec lesquels j'essayais de vivre, mais que je pouvais rarement suivre ou atteindre. Elle était facile à critiquer et à juger (en tant que 9), parce qu'elle ne réagissait pas, tant que je n'avais pas dépassé un certain point. Les quelques fois où elle m'a traité de brute, je restais toujours interloqué un moment, jusqu'à ce que j'y repense et que je réalise que je m'inquiétais terriblement à propos de choses sans conséquences. J'avais été traité de brute dans une relation précédente, mais ma réaction immédiate était toujours que j'avais raison et qu'elle avait tort et c'était ce qui comptait. Ça menait souvent à des jours de séparation douloureuse.

Lorsque j'ai commencé à penser à la colère, la passion du 1, je ne pouvais pas nier qu'elle avait évidemment joué un grand rôle dans ma vie. Ce n'est que lors de ces dernières années que je suis devenu de plus en plus conscient de cette émotion et de son emprise sur moi. Au début de ma pratique médicale, je ne pouvais m'empêcher d'être ouvertement juge, critique et souvent arrogant envers mes patients, tout en montrant du mépris vis-à-vis d'un certain nombre d'autres médecins. Lorsque je regarde en arrière ma carrière de médecin, c'était le trait de caractère que j'avais le plus besoin de changer. Heureusement, le monde m'a souvent donné un feedback subtil et désagréable que je ne pouvais reconnaître que très doucement et très douloureusement.

Un autre catalyseur inestimable à mon changement a été ma propre exposition aux obstacles de la vie, qui m'ont servi à être de plus en plus réellement compatissant et compréhensif envers mes patients et les autres en général. Même si encore maintenant beaucoup de situations continuent de me perturber, je fais de mon mieux pour ne pas exprimer une quelconque émotion négative, parce que j'ai heureusement appris que cela aide rarement dans le processus de guérison. Une des méthodes les plus efficaces pour moi pour apprendre la compassion et la compréhension a été malheureusement de vivre avec mes propres infirmités et d'essayer de les soigner. J'ai souvent dit que beaucoup d'entre nous, médecins, aurions besoin de vivre et de se sortir d'une maladie sérieuse tous les cinq ou dix ans, pour aiguiser et recentrer nos compétences de guérison.

Et comment pourrais-je expliquer mon enfance ? J'étais le second de quatre enfants nés de parents juifs et immigrants de l'Europe de l'Est. Très tôt, je suis devenu le favori de mes parents et spécialement de mon père visiblement parce que j'étais « beau », intelligent et bien élevé. Ce vendeur itinérant voulait que son fils favori devienne un violoniste du style de Jasha Heifitz, le grand artiste russe qu'il adorait. Cela ne devait pas être et alors il décida de « faire de moi » un docteur. En plus d'être bien plus intelligent et accompli que mes frères et sœurs, lorsque j'ai grandi, contrairement à eux, j'ai commencé à aider mes parents autant que possible. Mes parents, qui pouvaient à peine lire l'anglais, me cherchaient souvent pour les aider à naviguer à travers les difficultés quotidiennes, pratiques et mondaines de la vie en Amérique. J'étais proactif à porter assistance, ne doutant jamais un moment que c'était de ma responsabilité. Il ne m'est jamais venu à l'idée de ne pas donner de coup de main. Mes parents et moi nous entendions assez bien, même si plus tard, j'ai commencé à souffrir de l'inertie légendaire de ma mère et de l'excès d'inquiétude de mon père à mon propos et à propos de mon avenir. J'étais rarement critiqué. Tout ce que j'ai lu suggère que c'est là une enfance assez typique pour un 1, mais qui aurait été plutôt inhabituelle pour un 4.

Puis, il y a eu la carrière professionnelle précoce comme interne généraliste et depuis de nombreuses années maintenant comme rhumatologue. La rhumatologie (l'étude des maladies articulaires et auto-immunes) est une sous-spécialité de médecine interne attirant généralement des perfectionnistes habituellement studieux, cérébraux, scientifiques et introvertis. Lorsque je me suis formé en rhumatologie à la fin des années 1960, cette discipline était considérée, surtout à l'université, comme une sous-spécialité ésotérique de la médecine qui traitait de problèmes médicaux mystérieux à propos desquels on pouvait ruminer de petits riens incessamment et inutilement. Bien sûr, ce n'était pas de cette manière-là que je la considérais en ce temps. J'étais complètement fasciné par les maladies stimulantes, complexes et étranges que je rencontrais et je ressentais un respect mêlé de craintes devant mes professeurs médecins qui étaient des génies cliniques et scientifiques. Il n'y avait pas de considérations financières importantes au moment de mon choix de spécialité et de plus, je ne savais même pas à l'époque que j'avais choisi une des spécialités les plus mal payées de la médecine. Pour résumer, c'était comme si j'étais désespérément idéaliste et altruiste, et ceci suggère plus le 1 que le 4.

Je me souviens de mes débuts de jeune médecin, revenant à la maison complètement épuisé et pourtant excité par l'intensité avec laquelle j'essayais de faire mon travail. J'avais souvent besoin de plusieurs verres pour me calmer. Avec du recul, ceci était dû à la sensation récurrente que je devais en savoir plus que les autres sur les problèmes que je rencontrais et à la frustration de savoir qu'à ce moment-là je ne pouvais pas y arriver.

C'était le dernier livre de Sandra Maitri qui m'a sérieusement fait considérer la possibilité que j'avais pu faire une grosse boulette. Cela m'a amené à porter un regard critique et réticent sur le 1. Avant le livre de Maitri, je me disais que mon côté d'intégration (le 1) était la meilleure chose chez moi, manifestée par le bon docteur idéaliste et scientifique. Je ne pouvais pas expliquer dans ma vie le mouvement vers le 2, donc j'avais décidé de l'accepter simplement, sans vraiment le comprendre. Si cette thèse était correcte, alors je devais avoir vécu un énorme morceau de ma vie à mon point d'intégration et la nuit, les week-ends, et les vacances, je retournais sur ma base (le 4). Lorsque les choses allaient vraiment mal, je régressais en 2 en manifestant la dépendance vis-à-vis de l'amour et la manipulation, juste pour me permettre de continuer à avancer. Puisque j'étais un 4, c'était ce qui devait être. J'ai rationalisé et rationalisé, mais le scénario n'était pas assez juste.

Maitri présente le concept de l'âme-enfant, qu'elle définit comme une partie cachée de notre conscience qui s'est arrêtée de se développer à un certain moment pendant l'enfance. L'âme-enfant pour le 1 moral et vertueux a les caractéristiques de celui qui aime s'amuser, le glouton hédoniste et grivois. Le 7, enfantin et immature, est enterré dans les couches plus profondes de l'âme, mais ses manifestations peuvent surgir à toutes sortes de périodes inconvenantes ou à l'extrême limite ont une profonde influence sur l'adulte. Je me souviens très bien lorsque j'étais jeune médecin que je ressentais cette soudaine et forte urgence à prendre quelques jours de congés et à quitter la ville avec ma famille pour le plaisir. Habituellement, ceci nécessitait d'annuler des rendez-vous pris avec des patients et d'arranger à la toute dernière minute le remplacement par mes collègues (souvent une tâche embarrassante). Malgré ces handicaps, l'urgence de s'échapper était si puissante que rien ne pouvait m'arrêter. Heureusement, j'avais une femme qui aimait les nouvelles aventures et donc encourageait ces escapades. Le seul regret que j'ai est que je n'ai pas planifié des coupures plus longues et plus nombreuses, parce que mes deux enfants y voyaient une autre part de moi. Les années passant et comme mes enfants grandissaient, j'ai eu le luxe de me reconnecter à ce besoin récurrent de me faire plaisir. J'ai finalement appris à laisser le temps de côté par avance pour planifier soigneusement des repas exotiques et délicieux, des états de conscience inhabituels, de la musique profondément entraînante et encourageante et, le meilleur de tout ça, de tout avoir en même temps. À l'occasion, une compagnie féminine pouvait s'ajouter au plaisir. Lorsque je voulais essayer de reproduire une expérience hédoniste mémorable déjà vécue, je pouvais facilement détruire la spontanéité et diminuer l'événement si je ne faisais pas attention.

À d'autres moments, je me contentais souvent d'être sans plans, ni obligations. Il y eut une période, pas si lointaine, où je me suis retrouvé à vivre juste avec mon cocker dans une grande et belle maison dans le désert du Nouveau Mexique. Après un moment, j'ai été satisfait de la solitude et de la beauté calme de l'endroit. Je m'ennuyais rarement. J'appréciais totalement la liberté de faire tout ce que je désirais, y compris rien. C'est ce qui a fait que l'expérience était si hédoniste. Je pouvais complètement m'abandonner à moi-même sans que personne autour de moi ne vienne déclencher ma culpabilité.

C'était pendant cette période que j'ai commencé à écrire. Ce qui a déclenché cet effort ou plus exactement m'a provoqué à écrire a été un livre d'Andrew Weil dans lequel il calomniait sévèrement la médecine occidentale et ses praticiens. J'étais si en colère et remonté à chaque fois que je prenais son livre qu'à de nombreuses occasions, je le jetais dans la cheminée, même si je le retirais avant d'allumer le feu. Écrire est devenu ma méthode pour exprimer mon intense indignation et en même temps mettre les choses au clair. Ma colère, je l'ai découvert un peu plus tard, était probablement déclenchée par mon inaptitude à reconnaître qu'il avait raison sur certains points à propos de la médecine occidentale. Mais dans sa volonté de dépeindre tous les médecins avec le même pinceau noir, il a présenté tristement une image déformée et incomplète. Une autre découverte que j'ai faite était que j'aimais écrire, spécialement lorsque j'étais en colère contre quelque chose. Il y a probablement toutes sortes d'autres raisons pour cette attirance. Une qui me vient à l'esprit est qu'écrire me permet de construire quelque chose et de le contrôler régulièrement pendant une certaine période jusqu'à ce que se soit "parfait". Écrire était un des quelques endroits où le perfectionnisme avait l'air d'être approprié. Je pouvais aussi critiquer de tout cœur sans offenser directement qui que ce soit. C'était une manière sûre d'être en colère.

Un jour alors que j'étais encore une fois en train d'exprimer certains de mes doutes à propos de mon ennéatype à ma femme 9, elle m'a finalement affronté. Je pourrais ajouter tardivement qu'elle a été plutôt positive sur le fait que je sois un 1 et non un 4. Il s'est avéré qu'elle avait des soupçons depuis un certain temps, mais comme un vrai 9, elle ne m'a pas confronté parce que j'aurais pu être fâché. Alors qu'elle n'a presque pas lu une ligne à propos de l'Ennéagramme et qu'elle a fui après seulement une heure le seul atelier Ennéagramme où j'avais réussi à l'emmener, elle m'a vraiment écouté visiblement intensément lorsque je pontifiais à propos de tel ou tel aspect de la personnalité de quelqu'un à partir de ma compréhension de l'Ennéagramme. Son explication était qu'elle ne pouvait pas me voir comme un type dépressif ou mélancolique, mais elle sentait que je me mettais rapidement en colère et que je la menais à la baguette tout en essayant de prendre en charge la plupart des situations. L'idéalisme, la moralité et le perfectionnisme en tant que médecin et mon extrême honnêteté dans mes relations personnelles étaient d'autres traits importants qui lui semblaient évidents. C'était la goutte qui a fait déborder le vase. Était-ce réellement possible ? J'étais assommé par cette révélation et en même temps horrifié. J'étais en fait le 1 haï et méprisé. Elle l'a annoncé au moment parfait. J'étais capable d'intégrer cette révélation sans ma réactivité habituelle.

Du coup, je me suis demandé où j'avais eu faux dans le choix de mon ennéatype et pourquoi ça m'a pris presque dix ans pour le trouver, en présumant que cette fois, c'est le bon. Comment quelqu'un qui était si impliqué dans l'étude de l'Ennéagramme pouvait avoir si tort ? J'étais terriblement déçu de moi-même, d'autant que j'essayais d'aider les autres à trouver leur ennéatype. Étais-je bien moins conscient de moi et sensible que je croyais l'être ? Étais-je totalement dans l'illusion ? Dans mes lectures d'Enneagram Monthly pendant toutes ces années, je n'avais jusqu'à récemment vu que très peu d'articles parlant d'erreur de détermination du type. Il me semble cependant que ce doit être plutôt un phénomène courant, comme un mauvais diagnostic est courant en médecine clinique. Comme dans la médecine clinique où le mauvais diagnostic cause des retards, de l'argent gaspillé et prolonge la souffrance, se tromper de type a un certain nombre de conséquences négatives. Quoi qu'il en soit, l'erreur est arrivée et j'ai eu besoin de l'expliquer, principalement pour apaiser la grosse déception que je ressentais. Y avait-il une leçon à apprendre ? Définitivement oui et cette leçon, une fois encore, est que je peux me tromper comme n'importe qui d'autre.

La face sombre ou l'ombre est la partie de nous que nous ne voulons pas connaître, que nous rejetons ou que nous réprimons. Il en résulte que puisque nous rejetons (inconsciemment) cet aspect de nous-mêmes, alors nous devons le projeter sur d'autres et le juger. Ceci doit expliquer toute l'antipathie ressentie vis-à-vis des 1 dans ma vie et dans le monde et vis-à-vis du caractère du 1 comme il est décrit dans les livres sur l'Ennéagramme. Je me hasarderai à suggérer que cette face sombre ou obscure correspond aux niveaux malsains ou au-dessous de la moyenne de Riso et Hudson et à la description plutôt terrifiante de Naranjo sur le 1 anal et obsessionnel dans Caractère et Névrose. Donc, il n'est pas surprenant que je réprime la conscience de la face sombre du 1 (la colère et l'arrogance vertueuse), alors que j'accepte beaucoup plus facilement la face sombre du 4 (l'envie, le masochisme et la mélancolie). Comme la face sombre du 4 était mon endroit de secours ou de retraite lorsque les choses allaient mal, elle m'était familière et presque confortable. C'était mon approche de la vie et dans une certaine mesure, cela n'a toujours pas disparu aujourd'hui. Pendant longtemps, j'ai cru que j'avais démarré le « processus de maturation avancé ». Maintenant, je réalise avec mes nouvelles connaissances que je suis seulement en train de le commencer. La maturation impose l'apprentissage de notre ombre, la capacité de s'en tenir à l'écart, peut-être celle de ne pas se prendre autant au sérieux et de rire de soi. En choisissant le mauvais ennéatype, je n'étais pas en relation avec mon ombre, mais avec l'endroit dans lequel j'allais en cas de problème.

Comme on peut le voir, typer est un processus difficile et subtil, encombré d'obstacles, de passages aveugles, d'impasses et de leurres. Notre ego ne veut pas qu'on le trouve facilement, parce que ça pourrait signifier qu'il (l'ego) soit moins important. Vous pouvez dire que l'ego est directement intéressé à rester à l'écart. Typer correctement est peut-être la première étape dans la mort de l'ego, d'où la difficulté.

Si je suis supposé être un 1, quel est mon sous-type ? Les descriptions du sous-type sexuel par Riso, Hudson et Maitri lues après mon nouveau point de vue m'ont fortement soulagé. J'étais ravi d'apprendre que les 1 sexuels sont souvent confondus avec les 4. Les 1 sexuels sont souvent passionnés, animés, jaloux, contrôlant et ont des attentes terriblement élevées dans leurs relations. Ces traits existent aussi chez les 4 et pouvaient facilement être confondus avec le style de relation "attraction-répulsion" et d'autres problèmes relationnels du 4. La passion et l'intensité émotionnelle du 4 peuvent être facilement confondues avec la chaleur, la jalousie et la colère du 1 sexuel. Si je suis un 1, alors je ne peux qu'être du sous-type sexuel.

Et finalement, j'ai compris aujourd'hui pourquoi j'intimide si facilement les gens sans vraiment le vouloir. Savoir cela m'a souvent conduit, ces dernières années, à adoucir volontairement mon comportement. J'ai aussi eu une explication sur les raisons pour lesquelles les amis et d'autres se référaient à moi si souvent à diverses occasions. Très peu de gens sont capables de correspondre à mes standards élevés sur l'amitié et sans surprise, je me suis trouvé à former de nouvelles relations relativement stimulantes.

Ma plus récente découverte est liée à la motivation et aux raisons de mon départ, il y a huit ans, du confort de la famille, de la familiarité de la vie et de la pratique de la médecine en Californie du Nord pour un endroit lointain et étrange, le Nouveau Mexique. Lorsque les amis et les patients voulaient savoir pourquoi un médecin bien établi et reconnu quittait tout pour l'inconnu, je répondais assez vertueusement que j'étais submergé par toute l'agitation autour de moi, que j'étais attiré de plus en plus par les larges espaces ouverts du Nouveau Mexique et qu'en plus, j'étais en train de « suivre mon bonheur suprême », comprenez-vous ? Très peu des personnes que je connaissais à l'époque savaient ce que ce bonheur était réellement. Je croyais que ce serait les larges espaces ouverts, le grand ciel, l'air pur, la belle lumière et la solitude. Il s'est avéré que ces merveilles, réellement appréciées, sont devenues un arrière-plan du principal événement. Alors qu'était ce principal événement ? Sept ans auparavant, j'ai ouvert mon propre cabinet à Santa Fe, en ne connaissant personne dans la région. Après un démarrage instable, j'ai développé une relation holistique avec ma nouvelle clientèle et ma nouvelle vie au Nouveau Mexique. J'avais pour la seule et unique fois de toute ma vie la possibilité de construire et de mouler mon cabinet de la manière dont j'avais toujours rêvé. J'ai apporté mes nombreuses années d'expérience, de connaissances accumulées et de dévouement continu à une région qui ne connaissait tout au mieux que la médiocrité médicale. J'étais capable de laisser derrière moi des comportements qui ne me servaient pas. Il s'est avéré que ça a collé parfaitement. J'avais trouvé mon foyer. J'étais stimulé. On avait besoin de moi et surtout j'étais apprécié. Je pouvais faire une réelle différence non seulement vis-à-vis de mes patients, mais vis-à-vis de toute la communauté. C'était le vrai bonheur pour ce Réformateur et Idéaliste auparavant frustré. Au niveau de conscience ordinaire, ça ne fait pas sens de quitter la Californie comme je l'ai fait, mais quelque chose d'insondable à l'époque m'a conduit à faire ce grand saut vers l'inconnu. J'avais trouvé mon bonheur suprême.

Ma vision du monde n'a pas changé, mais désormais j'ai un sens plus précis et plus utile de la manière dont je regarde certaines choses et dont j'en traverse d'autres. Les effets de ma conversion à ma vérité sont, comme prévu, toujours en train d'évoluer. Je me rappelle souvent d'événements ou de relations, récents ou éloignés, qui prennent un sens à la lumière de ma nouvelle connaissance. Il y a eu beaucoup de « Ah ! Ah ! » et peu de « OH NON ! » lorsque j'ai pris conscience de mon nouveau type. Aujourd'hui, je sais pourquoi mon premier mariage a été un désastre aussi fracassant. Combinez un 6 méfiant, rusé et loin d'être parfait avec ce 1 d'une honnêteté brutale, hautement vertueux et toujours en train de juger, et la catastrophe semble inévitable. Peut-être, uniquement peut-être, on devrait demander des feedbacks à ses amis et sa famille pour le choix de son ennéatype, afin d'éviter des erreurs comme les miennes. Le problème pour beaucoup de 1 comme moi, est que tout le monde semble avoir peur de donner de tels feedbacks.

J'aurais tant souhaité avoir pu me typer correctement bien plus tôt, pour pouvoir peut-être éviter autant que possible ces relatives douleurs et souffrances. Je pensais toujours que j'étais plus conscient que la plupart des autres. Ce n'était qu'une autre forme d'arrogance, pour ce qui semble aujourd'hui le bénéfice d'une sagesse rétrospective dont j'étais peut-être en réalité « inconscient d'être inconscient » comme Naranjo l'a écrit à propos des 1. Ce qui fait le plus sens est que j'ai passé clairement mes premières années comme un 1 arrogant, colérique, idéaliste et trop responsable avec très peu d'occasions de décompresser par des incursions dans le 7 ou de tomber dans le territoire du 4. La vision du monde du 1 m'a énormément aidé à naviguer sur le chemin long et difficile pour devenir un bon médecin et arriver à la reconnaissance de la communauté. Lorsque mon monde s'est écroulé à l'aube de mes 40 ans, j'étais en train de passer plutôt beaucoup plus de temps dans le 4 à me lamenter, pleurer, regretter, sonder les profondeurs de mon âme et être déprimé. Ma pratique médicale a été mise de côté par rapport à ma vie tumultueuse. Heureusement du temps et de l'énergie étaient utilisés sur le 7, à rechercher intensément des états de plaisir et à expérimenter toutes sortes de folies New Age.

Plus récemment, je suis carrément retourné dans le 1, mais cette fois un 1 plus conscient, plus compatissant (et généralement plus heureux). Je déménage facilement et fréquemment vers les joies du 7 comme si j'y étais né.

Si mon expérience est représentative, alors deux suggestions semblent logiquement découler de ce que j'ai présenté ci-dessus. Votre première impression au premier choix d'un ennéatype sera probablement de considérer votre point de désintégration ou d'intégration. Vous devez considérer votre premier choix avec méfiance, comme s'il représentait sûrement le caractère que vous aimeriez avoir et pas celui que vous avez réellement. Par exemple si votre choix initial d'ennéatype est 5, alors considérez sérieusement le 7 ou le 8 comme des choix plus précis. Bien sûr il n'y a pas de formule unique pour faire cette décision critique, hormis d'éviter de tomber amoureux de votre premier choix comme je l'ai fait.