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Une conversation avec Helen Palmer (1e partie)
(Traduction par Fabien Chabreuil)

Enneagram Monthly : Nous avons entendu dire que votre nouveau livre est sur le point de sortir.

Helen Palmer : C'est exact. J'ai deux livres dont la parution est prévue en 1998. Le premier est : The Enneagram Advantage : Putting the 9 Personality Types to Work in the Office. Il est destiné au grand public et devrait être disponible en librairie le mois prochain [janvier]. Le second est prévu pour l'hiver 98 ; il est intitulé Knowledge From Within : A Path to Consciousness, Insight and Intuition, et sera publié par Tarcher/Putnam. C'est un ensemble de textes sur le thème de la connaissance intérieure qui n'a rien à voir avec l'Ennéagramme. En ce moment j'aide David Daniels à l'écriture d'un livre qu'il avait en projet depuis un certain temps.

EM : Est-ce que l'un de vos nouveaux ouvrages est coécrit ?

HP : The Enneagram Advantage est signé "Helen Palmer et Paul Brown". L'histoire de The Advantage est un exemple intéressant de la banalisation de l'Ennéagramme. Au départ, j'avais signé un contrat pour coécrire un livre avec Janet et Sandy Levine. Janet est un enseignant dans la Tradition Orale qui a fait un travail remarquable pour introduire l'Ennéagramme dans le domaine de l'éducation. Son mari, Sandy, est un consultant en entreprise ayant beaucoup d'expérience, notamment avec des industries en Afrique du Sud. Nous avions proposé d'écrire un texte sérieux et solide, plein de références à des travaux reconnus et avec des analyses de cas complexes. Nous espérions faire passer les prémisses spirituelles de l'Ennéagramme dans un texte principalement destiné à l'entreprise. C'est cette proposition que les éditeurs avaient acceptée ; mais comme le livre avançait, ils ont découvert qu'ils souhaitaient un ouvrage plus léger, quelque chose d'acceptable par le grand public, plutôt qu'un texte professionnel faisant autorité. Ils ont été très clairs sur leurs objectifs, mais les Levine n'étaient pas d'accord et se sont retirés.

EM : Les éditeurs souhaitaient atteindre un marché plus large ?

HP : Ils ont voulu cela plutôt que de cibler seulement le monde de l'entreprise, ce qui a imposé de revoir tout le texte. Il n'a jamais été question de la part des éditeurs de contrôler le contenu de l'ouvrage. Ils ne souhaitaient pas transformer les descriptions des types, ou revoir la manière dont nous avions découpé le sujet en cinq sections : motivation, communication, formation, négociation et gestion du temps. Ils ont simplement décidé de renoncer aux parties documentation et étude de cas. Ce n'était pas ce pour quoi nous avions conclu un contrat et tout le projet devait être réassemblé. J'étais extrêmement découragée à ce moment-là ; mais j'ai décidé de continuer, d'abord parce que je me sentais responsable d'avoir attiré les Levine dans ce projet, et parce que je ne pouvais pas assumer la charge financière qu'impliquait le rachat du contrat. Aussi, on m'a affecté un collaborateur plein de jugeote, ayant eu des bons résultats et connaissant l'entreprise, Paul Brown.

EM : Il vous a été affecté par les éditeurs ?

HP : C'est exact. Nous ne nous sommes jamais rencontrés, et il ne connaît toujours que très peu de chose sur l'Ennéagramme. Son rôle était de s'assurer que The Advantage soit un "livre d'entreprise facile". Quoique j'aie fini par réécrire le texte corrigé dans mon propre style, nous avons revu le format des chapitres ensemble, et Paul a été un allié aidant pour faire passer la spiritualité de l'Ennéagramme dans un vocabulaire acceptable pour l'entreprise. Il s'est aussi assuré que nous tenions les délais, ce qui est une des grandes difficultés de ma vie. Je ne peux pas me plaindre de ma relation par fax et téléphone interposés avec Paul. C'est apparemment un arrangement habituel dans le monde de l'édition et, d'une certaine manière, son relatif anonymat m'a aidé à vouloir le convaincre de l'importance de l'Ennéagramme dans le monde du travail.

EM : Cela fait sens. Si l'Ennéagramme était pour lui quelque chose de totalement nouveau, il posait les mêmes questions que se poserait un lecteur moyen.

HP : Ce fut exactement leur raisonnement.

EM : Est-ce qu'il cosigne le livre avec vous ?

HP : La couverture porte la signature "Helen Palmer et Paul Brown" avec Palmer en plus grosses lettres que Brown. Techniquement "avec" signifie une égale participation des coauteurs, alors que le mot "et" veut dire quelque chose comme "en collaboration".

EM : Avez-vous dû décrire à nouveau les neuf types, comme vous l'aviez fait dans vos précédents ouvrages ?

HP : Oui. Encore une fois. C'est le gros problème de n'importe quel ouvrage sur l'Ennéagramme. Chaque livre doit se suffire à lui-même.

EM : Cela peut offrir une occasion intéressante de modifier, transformer ou mettre à jour vos précédentes descriptions.

HP : Les descriptions de base sont les mêmes, mais formulées d'une manière qui m'a demandé plus d'efforts en tant qu'auteur. Dans mon premier livre, L'Ennéagramme : Pour mieux se connaître et comprendre les autres, j'étais passionnée par le fait de documenter ce que les types disaient d'eux-mêmes. Je cherchais sans relâche à dénicher les points clés de chaque type et à reproduire aussi fidèlement que possible les mécanismes d'attention des types. Dans l'esprit de la Tradition Orale, je livrais des expériences personnelles, plutôt que de décrire les types de façon distanciée, à travers le filtre du jargon psychologique.

J'aime mieux les premières descriptions. Elles sont le résultat de plus de vingt ans de mise en forme du matériel pour qu'il soit conforme à ce que les types disent d'eux-mêmes. Elles sont enracinées dans la théorie des types que j'ai reçue de Claudio, après qu'il l'ait reçue lui-même d'Ichazo, et qu'Ichazo l'ait formulée à l'aide de sa propre intuition et de recherches pratiques dans des sources traditionnelles, dont le travail de Gurdjieff.

EM : Comment avez-vous rencontré ce matériel ?

HP : Un point d'histoire : ma compréhension du système a commencé par une simple formation avec Claudio, juste après son retour d'Arica au Chili en 1970. Les mêmes sept diagrammes que Claudio transmettait à cette époque furent bientôt reproduits dans un chapitre intitulé "The Arica Training" ("L'enseignement Arica") du livre Transpersonal Psychologies (Psychologies Transpersonnelles) édité par Charles Tart. J'ai utilisé ce livre comme support pour mes premiers cours. Comme il a été continuellement réimprimé depuis, on peut difficilement dire que les diagrammes étaient secrets. Tart est un ami et un voisin à Berkeley (Californie). C'est un chercheur qui était alors professeur de psychologie au campus de Davis de l'Université de Californie. Il a aussi reçu le système de Claudio.

Pendant cet unique cours, j'ai immédiatement vu l'importance de ce que j'appelle "la conversion de la passion en vertu" et j'ai structuré mes trois livres de manière à confirmer cette théorie. En termes chrétiens, la "conversion" signifie transformer le péché (la passion émotionnelle) en sa vertu correspondante. Pour illustrer cela avec mon propre type, la passion du 6, la peur, s'amoindrirait, permettant ainsi à la vertu de courage de prendre forme. Si vous voyez la conversion du point de vue du type, vous commencez par souffrir de la passion de la peur, ce qui crée une attraction vers la vertu opposée, en l'occurrence le courage.

Pourtant, en changeant de perspective, la même conversion de la passion à la vertu peut être vue de haut en bas, du point de vue des vertus et de ce qu'Ichazo appelle les Idées Sacrées. La peur est alors simplement une perte de courage, créée par un sens erroné de séparation avec ce que Gurdjieff appelle la "réalité objective" ou les qualités de l'Être permanent, l'une d'entre elles étant le courage ou la force.

EM : Cela fait sens…

HP : Ces idées viennent toutes du cours de Claudio et je suis reconnaissante de les avoir reçues. Quoique les racines historiques de l'Ennéagramme soient maintenant librement disponibles dans des livres, c'était quelque chose de neuf à l'époque. Comme tous les autres participants à ce cours fondateur, j'ai absorbé cette nouvelle information dans le contexte de mes propres théories en cours d'élaboration sur la conscience humaine. J'ai trouvé dans l'Ennéagramme ce qui manquait à mes propres préoccupations sur l'intuition. C'était une carte qui désignait précisément les barrières à la pratique spirituelle chez les différents types de personnes.

EM : Que faisiez-vous avant de rencontrer l'Ennéagramme ?

HP : En 1970, je développais un programme d'études sur l'intuition et étais confrontée au fait que même les étudiants les plus doués rencontraient inévitablement une barrière subjective qui était présente dans tous les aspects de leur vie. Par exemple, il était parfaitement prévisible que les 6 que je formais commenceraient à douter de leur monde intérieur et de la validité de leur pratique, exactement comme ils doutaient de leurs relations, de leur progression professionnelle, de leur créativité, de leur sécurité future… Ce que j'ai découvert dans le cours de Claudio sur l'Ennéagramme a changé ma vie. J'avais trouvé un système qui nommait la barrière spirituelle principale des différents types de gens.

Encore une fois et pour simplifier, je n'étais pas attirée par les groupes de Claudio, ni par la méthode Arica. J'avais mes propres objectifs d'enseignement et je me suis retirée dans ma propre école pour intégrer ce que j'avais appris à propos de la conversion de la passion en vertu avec les pratiques de l'intuition.

EM : C'était le début d'une toute nouvelle partie…

HP : S'il vous plaît, j'aimerais faire une parenthèse. Pour ma propre paix intérieure, j'ai besoin de dire que mon plus grand sujet de plaintes à propos de l'état actuel des relations entre enseignants de l'Ennéagramme a son origine à ce moment de l'histoire. Il y a un présupposé historique selon lequel Arica aurait disposé du véritable enseignement, Claudio n'aurait eu qu'un morceau de la vérité, et en conséquence tous ceux qui dépendaient de lui (c'est-à-dire tout le monde y compris moi) n'étaient pas fréquentables. Insensés, plongés dans les ténèbres de l'ignorance, manquant de mérite spirituel et incapables d'enseigner.

Pourtant, mon souvenir de cette époque est bien différent. Je considérais que la grande capacité d'intuition d'Ichazo avait produit un lien entre des enseignements apparemment différents et qu'il avait créé son école pour développer à sa façon ses découvertes. À l'époque, il y avait peu d'ouvrages ésotériques érudits et Ichazo lui-même déclarait que son message avait ses sources dans la Kabbale, les péchés capitaux chrétiens et dans diverses autres traditions ésotériques, et qu'il était symbolisé par l'étoile à neuf points de Gurdjieff. Je trouvais impératif que ces sources soient exprimées clairement et puissent faire l'objet de commentaires. L'humanité a désespérément besoin d'un renouveau de l'orientation mystique, ce qui est après tout la base de toute religion.

Je considérais aussi que Claudio avait produit une sorte de pierre de Rosette en faisant correspondre les types de l'Ennéagramme avec les catégories du DSM, et j'explorais cette dimension de l'enseignement. Pourtant, de mon côté, je n'étais attirée ni par Arica, ni par les groupes SAT [Seekers After Truth : Chercheurs de Vérité] de Claudio. J'avais participé au cours public de Claudio avec comme objectif d'enrichir mes formations sur l'intuition, qui étaient mon principal centre d'intérêt. En étudiant la conversion de la passion en vertu, Claudio a continué sur son propre chemin ; j'ai fait de même et d'autres l'on fait aussi, dont Kathy Speeth et Hameed Ali qui étaient à l'époque membres des groupes SAT de Claudio. Sans vouloir ennuyer vos lecteurs avec les raisons pour lesquelles je trouvais important de prendre mes distances, j'ai commencé à enseigner l'Ennéagramme du point de vue du placement de l'attention, ce qui était le point principal de mon programme d'enseignement sur l'intuition. Très rapidement, mon travail sur l'Ennéagramme a été très différent de l'approche de Naranjo et de Speeth ; quoique j'utilisais les sept diagrammes de base d'Ichazo comme modèle pour mes interviews de panels, dès que les participants commençaient à parler d'eux, le système prenait vie par les questions et les interactions entre eux.

EM : Pourquoi avez-vous ressenti le besoin d'aller dans votre propre direction et quelle a été l'importance de l'influence de Claudio sur vous ?

HP : Je n'ai jamais travaillé avec Claudio après cet unique cours public — non pas parce que je n'appréciais pas ce qu'il faisait, mais parce que j'avais besoin de travailler sur le matériel à ma façon. Je ne voulais pas être influencée par les idées des autres sur les types, ou être entraînée dans la méthode de quelqu'un d'autre. Je voulais construire à partir de mon expérience intérieure et j'avais les moyens de le faire. Claudio nous avait donné les sept diagrammes d'Arica : trois décrivaient les sous-types instinctifs et quatre cartographiaient la "conversion" des énergies mentales et émotionnelles. Il avait correctement fait correspondre les types avec les catégories du DSM. Et je l'avais vu interviewer des gens comme le fait un bon psychothérapeute, ce qui a inspiré la méthode des panels.

Mais les groupes SAT n'ont duré que peu de temps à Berkeley, puis Claudio s'est retiré en Amérique du Sud. En plus de vingt ans, je ne l'ai rencontré qu'occasionnellement lors de manifestations publiques, juste le temps de se saluer. Nous n'avons jamais discuté du travail. Je ne sais maintenant du travail de Claudio sur l'Ennéagramme que ce qui est dit dans ses ouvrages récents, et c'est remarquablement similaire aux idées qu'il exprimait au début des années 1970. Ses livres me donnent le sentiment que son travail sur le DSM est très crédible. Quant à la compréhension des types et à la transformation spirituelle, il est normal qu'en vingt ans nous soyons arrivés à quelques conclusions différentes.

EM : Et le matériel Arica ?

HP : Ichazo nous a montré que les types étaient un point d'agrément entre les traditions spirituelles et que chaque tradition avait quelque chose d'important à dire à propos du Moine à l'esprit qui doute, ou qui juge, ou qui dort… J'ai structuré mes trois ouvrages autour de la conversion de la passion en vertu, en utilisant les diagrammes de base d'Arica tels qu'ils sont apparus dans le livre de Charles Tart. Nous avons maintenant avancé dans deux directions — dans le monde avec une base théorique appropriée et, séparément, au plus profond de nous-mêmes pour cartographier le chemin qui va de la perception subjective des types à ce que Gurdjieff appelle la réalité objective.

EM : À propos du monde, n'enseigniez-vous pas l'Ennéagramme dans une université de Californie ?

HP : À la fin des années 1970, j'ai été contactée par l'Université John F. Kennedy pour enseigner l'Ennéagramme. À cette époque, JFK était la seule université du pays à proposer une formation sur la conscience humaine. Ils m'ont demandé de développer un cours de trois trimestres utilisant la méthode des panels et intitulé "L'Ennéagramme : diagnostic, détermination et traitement". C'était un cours obligatoire qui comptait pour neuf unités de valeur. Nous préparions des étudiants à l'examen d'État pour obtenir une licence de conseiller familial, marital et en éducation des enfants. J'ai animé ce cours pendant neuf années consécutives, ce qui me semble rétrospectivement un acte d'endurance. Récemment, j'ai passé le flambeau au psychothérapeute Sharon Berbower, mais je suis toujours affiliée à l'Université en tant que professeur adjoint, et des centaines de thérapeutes sont actuellement formés à l'Ennéagramme, à JFK et ailleurs.

EM : Toujours sur le même sujet, n'est-il pas difficile de maintenir l'intérêt du public alors que l'on répète comme un disque rayé les mêmes informations de base dans chaque livre ?

HP : L'Ennéagramme concerne la description des types. Et il est nécessaire de préserver la pierre de Rosette de Claudio, dans laquelle il fait correspondre correctement les types et les catégories du DSM. Dans L'Ennéagramme au travail et en amour, j'étais contrariée d'avoir à réécrire la description des types ; quel ennui — pour le lecteur informé ! — mais les impératifs de l'édition exigent que chaque livre fasse un tout à lui seul. Aussi, j'ai exposé la conversion de la passion en vertu dans la section "Les penchants de la personnalité" et décris les types dans les domaines des relations intimes et de travail, un exemple spécifique étant la construction d'équipe qui est une forme de relation. Le résultat était conforme à la description des types faite dans L'Ennéagramme, mais présenté d'une façon qui permettait d'ajouter un grand nombre d'informations. Cela a été un livre incroyablement difficile à écrire à cause de la nécessité de dépeindre de façon complète les interactions les plus communes entre tous les types. Mais de façon surprenante, L'Ennéagramme au travail et en amour est aussi devenu aux États-Unis un best-seller.

EM : Et il vous a fallu recommencer !

HP : Le troisième livre décrit les types dans le contexte de l'entreprise. Nous avons trouvé une approche originale en les présentant sous l'angle de la motivation, de la communication… Ces catégories nous ont permis d'apporter des informations supplémentaires. The Enneagram Advantage est vraiment un joli livre. L'introduction est particulièrement engageante. J'ai réussi à exprimer l'Ennéagramme dans un langage qui ne rebute pas les nouveaux lecteurs, tout en plaçant en arrière-plan les principes spirituels. The Advantage discute de la conversion de la passion en vertu d'un point de vue éthique, plutôt que comme un article de foi appartenant à un groupe religieux. Le processus qui a conduit à ce livre m'a fait progresser en tant qu'auteur. J'ai appris à passer de paragraphes courts à propos des types à la description d'un caractère sur plusieurs paragraphes. Rien de tout cela ne sera très apparent pour le lecteur, mais pour moi cela a été amusant.

EM : Est-ce que les interactions décrites dans vos livres sont semblables aux jeux de rôle de vos séminaires ?

HP : Enseignement oral oblige, la plupart de ce que nous faisons durant les séminaires est expérientiel et nécessite que les participants acceptent de se découvrir. Le rôle de l'enseignant est d'être un médiateur et d'agir avec les gens de façon à ce qu'ils fassent un jeu de rôle orienté vers la description du type. C'est une sorte de psychodrame — je suis un acteur-participant dans un petit drame entre un type qui sert d'exemple (disons un 3) et un participant qui veut jouer un problème qu'il a réellement dans la vie avec un 3.

Mais revenons au livre… J'ai pu aussi intégrer dans le texte une information ésotérique cruciale. Encore une fois, ce ne sera pas évident pour le lecteur ordinaire, mais il y a dans le livre une section intitulée "Comment les types trient l'information" qui est une contribution originale à propos de la façon dont les types organisent leur attention au monde. La description des états de conscience est une longue tradition dans l'étude spirituelle et cela est particulièrement important pour moi. J'ai pris les états de conscience communément admis — comme le "Moine à l'esprit qui juge" (1), ou le "Moine à l'esprit qui doute" (6) — et je les ai positionnés comme des types modernes dans une entreprise actuelle. À ma connaissance, il n'y a jamais eu de description de l'organisation de l'attention qui présente par exemple "le Moine à l'esprit luxurieux" ou "à l'esprit glouton" ; mais j'ai décrit les neuf états de conscience en termes d'organisation interne de l'attention. C'est un facteur très important de l'entraînement de l'intuition parce que la manière dont chaque type trie habituellement l'information est le point principal pour appliquer des pratiques de discrimination. Cette contribution particulière m'a donné beaucoup de joie, beaucoup de sentiments agréables, et pourtant le lecteur ordinaire dira simplement : "Oh, cela fait partie de l'Ennéagramme ; la manière dont les types trient l'information a toujours été présente. Comment pourrait-il en être autrement ?"

Cela m'a donné beaucoup de plaisir d'imaginer des moyens d'introduire l'enseignement spirituel dans un langage que tout le monde puisse comprendre et de le rendre suffisamment évident pour que l'on puisse penser qu'il avait toujours été là.

EM : Pour le reconnaître dans sa propre expérience !

HP : Oui, et pour dire "Oh, je connais quelqu'un dont l'esprit fonctionne comme cela, quelqu'un qui pense comme cela". L'Esprit qui juge et l'Esprit qui doute sont documentés dans la pensée bouddhiste. Mais il n'y a pas de description semblable pour quelqu'un comme le Moine à l'esprit avare, le type 5 de l'Ennéagramme. Ichazo a correctement nommé le composant cognitif de chaque type — il a appelé le 5 Ego-Radin. Mais, il voulait parler de processus de pensée centrés sur des choses comme l'accumulation, la préservation de soi, la protection contre l'intrusion. Un état de conscience spirituel est bien plus que cela. Il parle de comment chaque type organise son attention, plutôt que du contenu de sa pensée.

J'avais aussi glissé le matériel sur l'attention dans mon premier livre sur l'Ennéagramme, dans les sections intitulées "Comment chaque type oriente son attention" et "Style d'intuition". Cela a paru si évident que la plupart des lecteurs ont pensé que c'était juste une partie de l'Ennéagramme, mais en fait c'était une contribution supplémentaire à l'étude. Cela m'a donné beaucoup de plaisir de voir que cette notion de styles d'attention avait pris son autonomie et dans le bon sens. Par exemple, cette manière de décrire les types de personnalité en termes de styles d'attention a été mentionnée favorablement en 1989 par The Journal of Contemporary Psychology. Ils ont reconnu que c'était une approche psychologique indépendante.

EM : Et cela s'est développé à partir de là…

HP : Oui, Charles Tart discute le point de vue de l'attention dans sa préface à mon premier livre. Il amenait ses groupes gurdjieviens à mes séminaires à Berkeley pour qu'ils apprennent les états d'attention. Et ce mois-ci, un livre sur l'Ennéagramme, écrit par James Empereur, a été publié par Continuum Press. Empereur est un jésuite et il fut un de mes premiers étudiants. Il a fait un bon travail en appliquant les états d'attention au domaine de la direction spirituelle. Et bien sûr, David Daniels a été attiré par l'Ennéagramme parce qu'il considérait la focalisation de l'attention comme une caractéristique définissant la personnalité. Ce sujet s'est construit au fur et mesure des livres que j'écrivais et mes prochains ouvrages seront de la même veine.

EM : Ce travail avec les états d'attention pourrait être un des moyens de faire accepter l'Ennéagramme.

HP : C'est ce que j'espère. Il me semble que, notamment grâce à des efforts comme les vôtres à EM, la communauté de l'Ennéagramme commence à réaliser à quel point nous sommes isolés. Nous avons besoin de ponts avec la psychologie courante et avec les communautés spirituelles qui partagent notre désir de liberté intérieure. La notion de placement de l'attention est un de ces ponts et c'est celui sur lequel je suis. La motivation est un sujet important d'intérêt général, et il en est de même de l'attention. Je pense que c'est ma contribution.

EM : Les gens sont peut-être mieux préparés à comprendre des idées comme les styles d'attention et de motivation.

HP : Certainement. Les types peuvent être définis par leur stratégie de motivation, ce qui peut relier les types à la psychologie actuelle. Ils peuvent aussi être définis en utilisant diverses descriptions de l'attention, approche que je favorise particulièrement parce que le vocabulaire de l'attention permet de relier les types à la pratique spirituelle. Pendant des années, j'ai cherché des points d'agrément entre les traditions spirituelles, particulièrement dans le domaine du développement de l'intuition. Cette recherche m'a mené aux types et à la notion de point de vue spirituel. Je pense que malgré les différences entre les traditions spirituelles, elles peuvent toutes être d'accord sur le fait que le type de personnalité, ou le faux Soi, est une barrière à la méditation.

EM : Un autre moyen de créer des liens peut être de fixer plus spécifiquement les paramètres de l'Ennéagramme, comme Pat Wyman l'a fait dans les deux derniers numéros d'EM. Elle a trouvé très utile d'utiliser l'Ennéagramme pour décrire notre "Système de Défense" et le MBTI pour décrire notre "Moi Essentiel" [voir les numéros de novembre et décembre 1997].

HP : Avant toute chose, je dois dire que je ne connais pratiquement rien au MBTI, aussi mon opinion est celle de quelqu'un qui n'est pas bien informé. J'ai lu l'article de Wyman et je l'ai beaucoup aimé. Les raisons en sont qu'elle pense systématiquement et souvent brillamment. Elle a montré élégamment où il y avait des recoupements entre les deux systèmes et où il n'y en n'avait pas. Je pense que c'était une manière très efficace de montrer les différences entre le MBTI et l'Ennéagramme. La seconde raison pour laquelle j'ai apprécié son article est purement personnelle — j'ai noté qu'elle utilisait mes descripteurs pour les types. Et il est normal qu'un auteur apprécie d'être remarqué pour le soin qu'il a mis à mettre en forme ses idées.

EM : En résumé, le point de vue de Pat était qu'elle ne pouvait pas trouver de points communs entre le MBTI et l'Ennéagramme et qu'en conséquence ils devaient mesurer des choses différentes.

HP : Je pense que c'est vrai. J'ai aimé ses méthodes. J'ai aussi aimé qu'elle utilise mon travail, parce que je pense qu'elle l'a utilisé merveilleusement. Lorsque vous mettez ainsi à plat les différents éléments d'une discussion, vous voyez quand ils concordent et quand ils ne le font pas ; alors le niveau de la discussion augmente immédiatement. Elle peut vraiment être félicitée pour cela.

EM : Oui, nous avons été réellement excités quand nous avons lu cela pour la première fois. Nous aurions aimé voir la même comparaison pour les neuf types. Nous considérons l'article de Wyman comme un prototype de la manière dont pourraient être réexaminées des idées que les gens avaient abandonnées parce qu'ils étaient à bout d'arguments. Ce peut être un moyen très sain de rouvrir d'anciennes discussions. Nous aimerions voir plus de ce genre de choses.

HP : Disséquer des idées est pour moi une bonne chose, tant que la discussion ne rentre pas dans le jeu égotique du manque de respect envers les autres. Par exemple, si quelqu'un n'est simplement pas d'accord avec mes idées, il ne serait pas utile d'en conclure qu'il est une mauvaise personne, ou qu'il est spirituellement inférieur, ou quoi que ce soit. Nous avons besoin de confronter et d'affiner nos idées, et non pas de nous engager dans une guerre sainte.

Mais pour revenir à la question de changer mes idées précédentes, je me sens encore bien avec le diagramme et avec les flux entre les points, qui peuvent après tout être vérifiés au cours d'interviews avec les types. Le modèle de conversion de la passion à la vertu est une excellente pierre de touche du changement spirituel, et je me sens très bien avec les courtes descriptions des types et des sous-types instinctifs d'Ichazo. J'ai aussi été intriguée par la plupart du matériel ésotérique qui est apparu dans ses trois articles pour EM. J'ai déjà dit que les corrélations de Naranjo avec le DSM sont solides. J'aimerais évidemment développer mon travail sur le placement et l'organisation de l'attention et sur les dispositions intuitives des types. Bien sûr, je pourrais bricoler les descripteurs ou améliorer les listes de choses aidantes pour les types. Mais ce que j'aimerais réellement, c'est corriger ces phrases interminables bien embarrassantes !

Si je regarde en arrière, il y a un changement significatif que je voudrais faire. Ce serait dans la première ligne du premier livre qui est "C'est un ancien système soufi." (ou quelque chose comme cela). J'ai mis cela résolument parce que je voulais laisser la porte ouverte aux Soufis. Gurdjieff affirmait qu'il avait appris le système dans le Caucase et qu'il avait reçu mandat de l'emmener en Occident et de l'y enseigner. Cette conviction était confirmée par les nombreux voyages de John Bennett pour localiser les Maîtres de Sagesse, et plus récemment par le livre La Voie Soufi Naqshbandi publié par les éditions Kazi et écrit par Shaykh Kabbani, un représentant contemporain de la lignée de l'ordre Naqshbandi. Ce livre fait état d'une connexion avec Gurdjieff, mentionne Bennett et décrit une rencontre durant laquelle un des prédécesseurs de Shaykh Kabbani aurait transmis à Gurdjieff l'enseignement d'une partie de l'Ennéagramme, en gros à l'endroit et à l'époque mentionnés par Gurdjieff. Tout cela faisait sens pour moi, parce que je suis depuis longtemps une admiratrice du matériel de Bennett, et parce que certaines des pratiques de Gurdjieff ressemblent remarquablement aux exercices soufis Bektashi. À l'époque où j'ai écrit L'Ennéagramme, je voulais tempérer l'affirmation selon laquelle il avait été découvert par Ichazo comme s'il lui était tombé du ciel. Mon raisonnement était basé sur le fait que depuis le début de l'enseignement de l'Ennéagramme en Californie, bien avant que les livres soient publiés, Arica avait envoyé des lettres à plusieurs enseignants de l'Ennéagramme, les menaçant de poursuites s'ils enseignaient le matériel, quelles que soient leurs sources, parce qu'Arica en avait le copyright. L'idée était d'arrêter tous les enseignants qui n'étaient pas autorisés par Arica.

J'ai aussi mené une recherche dans la littérature et inséré une citation de Gurdjieff selon laquelle il enseignait un christianisme ésotérique. En mentionnant à la fois les origines soufis et chrétiennes du système, j'espérais démontrer que l'Ennéagramme était utilisé comme un système psychologique avant l'Ennéagramme des Personnalités d'Ichazo. La conversion chrétienne de la passion en vertu est un exemple de la puissance psychologique de l'Ennéagramme et nous avons maintenant un système soufi de guérison basé sur l'Ennéagramme, étudié par le Docteur Laleh Bakhtiar.

Il y a dix ans, je trouvais crucial de reconnaître la contribution sans égale d'Ichazo au système. Mais en conscience, je reconnaissais aussi d'autres sources. Aujourd'hui, je ne pense pas que la question des origines soit tranchée, mais je suis reconnaissante du fait que l'Ennéagramme puisse devenir un point de rencontre des technologies sacrées des diverses traditions. À ce propos, un autre livre est sur le point de sortir, écrit par Howard Addison, un rabbin qui a fait correspondre l'Ennéagramme avec des descriptions de types issues de l'Arbre de Vie de la Kabbale. J'ai aussi un bon ami dans la communauté bouddhiste qui voit des parallèles entre notre étude de la personnalité et la conception bouddhiste des types. Dans une autre direction, l'enseignant en Ennéagramme Sonia Moore mentionne un texte très accessible, Serpent in the Sky, par John Anthony West, qui devrait être une lecture obligatoire pour quiconque est intéressé par la tradition ésotérique égyptienne telle qu'elle s'applique à l'Ennéagramme. Et vous savez ce que je pense, comme je m'entends dire cela, il semble que d'une façon curieusement contournée, Ichazo soit le contributeur séminal qui a donné une nouvelle impulsion à ce grand œuvre.

EM : Donc, alors que les éléments historiques continuent à s'accumuler, comment voudriez-vous changer la première ligne de votre livre ?

HP : Je l'ai fait. Après la fin du procès et de l'appel, je l'ai changée dans les dernières traductions (Le livre est maintenant disponible en 13 langues.). Pour ces dernières traductions, l'éditeur m'a demandé s'il y avait des changements à faire et j'ai dit que je voulais changer la première ligne. La version révisée est : "L'Ennéagramme est un ancien système de développement de l'être humain." La question de l'origine est très intéressante, et c'est un thème qui doit être éclairci pour obtenir l'acceptation de l'Ennéagramme.

EM : Qu'est-ce qui pourrait donner aux gens de l'espoir et de l'enthousiasme pour étudier l'Ennéagramme ?

HP : Je pense que la chose la plus importante est la manière dont il apporte un but spirituel au travail psychologique. C'est la meilleure carte que j'ai jamais vue pour les gens qui veulent réellement changer. Pour moi, c'est une grande source d'espoir. Pourtant je pense que ce qui va moins bien est le fait que nous ayons maintenant tant de théories différentes et contradictoires à propos du système. Il semble que nous aimions prendre un manuel de psychologie d'une main, nos notes sur l'Ennéagramme de l'autre et essayer de les assembler en une théorie fantasque. Ce n'est pas vraiment une bonne chose pour obtenir l'acceptation de l'Ennéagramme.

EM : Quels sont les applications les plus prometteuses et les nouveaux développements que vous aimeriez voir explorés ou approfondis ?

HP : Pour moi, l'application la plus importante est liée à l'objectif initial de Claudio qui était l'auto-analyse du chercheur. Repérer les champs de mines sur le chemin spirituel. Du côté des applications, nous avons attiré des hordes de psychothérapeutes et de psychiatres, de cadres d'entreprise et de consultants. Ils ont besoin d'être mieux formés de façon à ce que l'Ennéagramme ne soit pas réduit à une rustine ou à une explication triviale de psychologie populaire. Cela contourne le travail spirituel. Mais les professionnels dans un marché compétitif doivent se battre pour leur propre survie, et je crois que beaucoup de ceux qui travaillent avec les gens sont prêts à intégrer la psychologie et la spiritualité.

EM : Quelque chose d'important s'est produit récemment. La Californie a voté une nouvelle loi obligeant les psychologues et les thérapeutes à actualiser régulièrement leur formation s'ils veulent conserver leur licence et les stages et séminaires d'Ennéagramme font partie des formations reconnues.

HP : Notre formation professionnelle fera partie de ce programme. Nous sommes sur le point d'être certifiés pour offrir un CEU pour différentes catégories, mais c'est assez compliqué. Si vous faites une formation pour délivrer un CEU dans une catégorie, l'État exige que l'un des formateurs soit licencié dans la même catégorie. Ainsi [David] Daniels devra être présent si nous offrons un CEU pour des médecins. Un psychologue licencié devra diriger la formation pour offrir un CEU à des psychologues, et ainsi de suite. Cela exclut beaucoup de gens de la possibilité d'offrir des CEU, mais nous y allons parce que je suis d'accord avec le fait que c'est un pas vers plus de crédibilité.

Dans ce sens, j'ai été impressionnée par notre dernière réunion d'enseignants à Baltimore [en août dernier juste avant la conférence de l'IEA]. Nous avions des sections par centre d'intérêt, y compris une section Entreprise, et vraiment ils m'ont impressionnée ! Les progrès réalisés en un an sont incroyables. Les consultants ont appris à présenter l'Ennéagramme de manière cohérente et adaptée au monde de l'entreprise, et ils sont engagés pour de la dynamisation d'équipe, de la résolution de conflit, du coaching, du conseil de carrière et plein d'autres services. C'est vraiment bien de voir comment le système prend racine dans le monde réel.

EM : À vos réunions d'enseignants, vos étudiants présentent des idées qu'ils ont travaillées et enseignées ?

HP : Oh oui, c'est très important pour nous. Nous avons une Association d'Enseignants pour nos diplômés avec essentiellement les mêmes sections qu'à la conférence de Stanford : Psychothérapie et médecine, Entreprise, Éducation et Spiritualité, les applications professionnelles principales de la plupart des gens. La dernière fois, j'ai suivi la section Entreprise. Les enseignants interviennent dans des sociétés très intéressantes, comme Disney, Shell, Oracle, Procter and Gamble, Motorola et bien d'autres entreprises très connues, et ils y font un bon travail. Je pense que c'est bon pour l'acceptation de l'Ennéagramme. L'entreprise et la psychothérapie ont toutes deux besoin d'outils efficaces pour des gens normaux ou fonctionnant très bien ; je pense que l'Ennéagramme, en plus de ses mérites spirituels, permet cela.

Mais, tout cela s'égare pour moi et ne me passionne plus aujourd'hui. Vous pourriez penser que les applications de l'Ennéagramme sont au premier plan pour moi, parce que je suis surtout connu de la communauté de l'Ennéagramme pour avoir essayé de le faire accepter et pour obtenir une théorie cohérente. Pourtant, rien de tout cela n'est crucial pour moi.

EM : Alors, qu'est-ce qui vous attire maintenant ?

HP : Les aptitudes spirituelles des types sont fascinantes. Le grand défi est de ne pas sacrifier cette perspective spirituelle pour affadir le système et en faire un outil d'entreprise très efficace. Je pense que la communauté a vu le piège qu'étaient les stupidités consistant à définir les types comme des comportements plutôt que comme des stratégies émotionnelles de survie, ou à utiliser le système pour des embauches. Ce qui est attractif maintenant est de définir le chemin le plus humain de développement pour les différents types de gens en s'appuyant sur la sagesse des nombreuses traditions.

EM : Vous considérez que votre propre évolution dans le domaine de l'Ennéagramme est d'aller plus dans la direction spirituelle ?

HP : Il ne s'agit pas d'aller, mais plutôt de retourner. J'étais pleinement engagée dans une école d'études de l'intuition avant de rencontrer l'Ennéagramme. Puis, pendant de nombreuses années, le système n'a été qu'un élément d'un programme plus vaste. J'ai eu récemment quelques bonnes conversations avec de vieux amis, certains ayant eu le courage de rester avec moi quand l'Ennéagramme est devenu public, et je sens que je dois y retourner.

EM : Quand les livres sont sortis, vous êtes entrée plus dans l'arène publique ?

HP : Je sentais que je devais continuer à démontrer la méthode des panels pour éviter qu'elle ne soit remplacée par des approches didactiques. Peut-être était-ce une réaction exagérée, mais je sentais que la méthode d'interrogation face-à-face allait disparaître, et je ne le voulais pas. Aussi je me suis lancée dans cette série de formations que David Daniels et moi avions conçue ; j'ai rencontré beaucoup de formateurs prometteurs dans le monde entier. Je m'étais juré de ne le faire que cinq ans, et c'est déjà la sixième année. Pour résumer, mon circuit de cet automne à Boston, Washington DC et Phœnix a été extrêmement positif, mais j'ai décidé de changer. Je vais en Europe en février, puis je vais réduire mes engagements.

EM : Voulez-vous dire que vous allez arrêter les ateliers et les formations ?

HP : Je vais continuer à faire des formations, mais je vais cesser de faire tant d'ateliers. Nos formations, comment j'enseigne et ce que j'enseigne, vont changer considérablement dans les prochaines années. Beaucoup de nos diplômés, des étudiants dont tout enseignant serait fier, sont parfaitement capables de démontrer la méthode des panels. Notre programme offre deux nouvelles excellentes vidéos en plus du nouveau livre sur les entreprises, nos formations professionnelles sont complètes et l'IEA commence à bien fonctionner. Ce sont de bonnes nouvelles, mais il est temps de changer.

EM : Pouvez-nous parler un petit peu du travail sur l'intuition que vous reprenez ?

HP : Je ne le souhaite vraiment pas. Je ne veux pas parler du travail sur l'intuition. Je ne veux pas parler du travail de conversion. Je ne veux pas parler de tout cela. Je trouve vraiment gênant de faire la promotion publique d'un matériel aussi précieux. Cela me met mal à l'aise. J'ai rencontré deux de mes anciens étudiants et ils m'ont dit : "Mon Dieu, quand est-ce que tu vas t'y remettre, Helen ? Cela fait des années." Je faisais des formations avec 30 ou 40 personnes dans mon living-room, et voilà que ces anciens étudiants me disent : "Tu dois y revenir." Et c'est vrai.

EM : Des sentiments de nostalgie ?

HP : Le vrai travail spirituel dépend de beaucoup de facteurs. Les étudiants en face de vous. Leur capacité à stabiliser leur attention et à maintenir le vide intérieur, les événements de la vie auxquels ils sont confrontés. L'enseignement oral dépend des interrogations et des interactions, et chaque interaction véhicule un message légèrement différent. C'est un peu comme une danse. Peut-être la voyez-vous en vidéo, mais cette danse ne se reproduira jamais. Le travail en panels est un bon point de départ, parce qu'il démontre la capacité de l'esprit à s'observer lui-même, mais la méthode de questions et réponses est une technologie beaucoup plus complexe que simplement obtenir que les gens regardent à l'intérieur d'eux-mêmes et rapportent leurs pensées et leurs émotions.

Un travail plus profond nécessite de fixer des tâches et de créer des conditions pour que les étudiants passent d'une compréhension cognitive à des états de conscience entièrement différents. Il est difficile pour les débutants de saisir que les états supérieurs nommés dans Ennéagramme, comme les vertus et les idées sacrées, ne sont pas sur ce plan de conscience. Ce n'est qu'au moyen de l'intuition que nous trouvons à l'intérieur de nous-mêmes la voie qui mène d'un état à un autre.

Être et Savoir sont les racines jumelles de la conscience. Et je comprends complètement pourquoi des gens comme Ichazo et Naranjo et bien d'autres affirment qu'il est difficile de décrire des expériences qui ne se produisent pas dans l'état de conscience habituel. Pour développer des qualités d'Être et accéder à la connaissance intérieure, il faut énormément d'implication. Vous avez besoin d'un enseignant, vous avez besoin d'un contexte, et vous avez besoin de vous appuyer sur votre intuition quel que soit ce que votre type vous porte à croire.

À suivre… le mois prochain