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l’ennéagramme

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Selon vous, suis-je vraiment du type 5 ?


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Bonjour à toutes et à tous,

 

D'abord, je tiens à féliciter Patricia et Fabien pour ce site et surtout ce forum de discussion que je découvre et dont la richesse en informations et la qualité des échanges me font l'effet d'une bouffée d'oxygène.

 

Lorsque j'ai découvert votre site, je venais de me prendre la tête avec le forum de discussion du site de Don R. Riso et je m'apprêtais à remplir le questionnaire RHETI en ligne. Cependant, cela ne me satisfaisait pas vraiment parce que pour moi ce test, aussi performant soit-il, pose essentiellement des questions liées aux comportements alors que les bonnes questions sont de l'ordre des motivations (le pourquoi du pourquoi). Certes, en bon amateur de high tech que je suis, je pense qu'il serait possible de réaliser un tel programme sur la base de questions bien ciblées. Mais rien ne remplace la connaissance de soi et des autres par l'échange, comme il se pratique sur ce forum.

 

J'ai 50 ans, je suis divorcé et je vis seul sur Annecy (74). Je suis père de deux jeunes filles que j'adore et dont je suis très fier. Nous sommes liés par une très grande tendresse. Ma fille aînée a été admise à l'Université de Santa Barbara en Maîtrise de Psychologie Sociale et a décidé de partir et vivre par ses propres moyens. Elle a tout juste 20 ans. Je lui tire mon chapeau. Moi, je suis informaticien (j'aimerais dire ex-informaticien), c'est bien là mon drame et, ce qui n'est pas un gag, c'est que je suis nouveau venu sur le Web (au départ pour essayer de trouver un travail mais sans conviction). Je dois dire que je viens de m'inscrire à l'ANPE. Sachez bien qu'il m'a fallu 8 mois pour me décider. Je me disais : "Pour quoi faire ?" Je n'ai pas changé d'avis. Je n'ai pas été licencié et je n'ai pas eu besoin de démissionner puisque j'étais à mon compte. J'ai tout simplement décidé d'arrêter de faire ce fichu métier et cela se passait en mars 1999.

 

Je pratique l'ennéagramme depuis plusieurs années et je partage cet intérêt avec une amie intime (nous ne pouvons pas aller au cinéma ou côtoyer les gens sans nous interroger sur leur type, etc.). A nous deux, nous possédons tous les livres écrits en français sur le sujet (en particulier, "L'entreprise et ses collaborateurs par l'ennéagramme" que j'ai sous la main depuis plusieurs semaines). Habitant Annecy, nous avons participé aux stages de Nicole Bertaud à l'Ecole de l'Ennéagramme. Il m'est arrivé de mettre de côté cette approche de connaissance de soi, à plusieurs reprises, par lassitude sans doute. Lassitude de ne pas arriver à identifier clairement mon type.

 

La première fois que je me suis penché sur l'ennéagramme, je me suis vu 1, puis en travaillant sur les livres d'Helen Palmer, je me suis reconnu comme un 5. Mon amie me percevait comme un 4 et parfois comme un 7 et lors des stages avec Nicole, on m'a vu comme un 7 (j'étais trop content pour que ce soit vraisemblable, mais j'ai accepté). Nicole n'était pas d'accord, mais ne voulais pas en dire plus. Elle tenait à ce que je trouve par moi-même mon trait de caractère principal. J'ai travaillé sur le livre de Selim Aïssel : La nouvelle Psychologie Spirituelle, au cours d'une longue retraite sur la côte bretonne (1999). Depuis, j'ai pris l'habitude de m'interroger sur la pertinence (mensonges à moi-même, avidité, orgueil, etc.) de mes actes au quotidien. Je le fais avec plus ou moins d'assiduité. En tout cas, ce livre m'a profondément bouleversé et a fortement contribué à m'ancrer dans un processus (à vie) de re-connaissance, de reconstruction : re-contacter ce qui est vivant au plus profond de moi afin de donner sens à ma vie et faire de ce qui me reste à vivre si possible un "chef d'oeuvre". C'est mon désir. Alors je veux continuer à "apprendre à créer la vie que mon coeur réclame", comme dit Sonia Choquette (Les vrais désirs).

 

Tout ce cheminement que j'ai accompli, à ce jour, loin de m'aider à me trouver en un point donné du cercle, a augmenté ma confusion. Sans doute que cela est lié à des questions d'intégration (globalement) et de désintégration (ponctuellement).

 

Il n'y a pas si longtemps, j'avais à la fois un psy (rebirth) et une accompagnatrice PRH (Personnalité et Relations Humaines est une organisation internationale à vocation psychopédagogique dont le siège est à Poitiers et qui s'appuie en particuliers sur les travaux de Carl Rogers). J'ai aussi participé avec bonheur à de multiples stages PRH résidentiels. J'ai aussi fait un séminaire intensif avec Jacques de Panafieu : "Si vous ne savez pas qui vous êtes, qui est en train de vivre votre vie à votre place ?" Je me souviens avoir mis deux jours pour quitter les lieux du stage et, m'étant retrouvé sur le périphérique, m'être senti complètement OUT, comme lorsqu'on revient d'un séjour prolongé dans le désert (une expérience essentielle). J'ai aussi participé à des séminaires et conférences sur le couple (avec des psy québécoises : Claire Reid et Claudia Rainville). Ma quête est aussi une quête d'identité en tant qu'homme et j'ai beaucoup travaillé sur les livres de Paule Salomon à défaut de suivre ses stages trop coûteux pour moi. Je travaille aussi sur le lâcher prise avec le livre de Guy Finley. Pour finir, je suis un fan de S. R. Covey (Les 7 habitudes…) et de H. Hendrix (Le défi du couple). J'ai bien d'autres ouvrages dans ma bibliothèque. Ce qui m'importe ce n'est pas de m'emplir de toutes ces informations. Ce n'est pas de l'avidité pure et dure. Mon plus grand plaisir est que cela m'aide à avancer et à contribuer au bien-être de mes semblables. J'ai une grande intuition de ce qui se trame autour de moi, chez les personnes que je fréquente (la famille surtout). Je ne suis pas un donneur de conseils. Je dis simplement le travail que j'accomplis, ce que j'ai appris et que j'essaie d'appliquer à moi-même. S'ils ont besoin de partager quelque chose ou d'être aidé, ils savent qu'ils peuvent compter sur moi.

 

Je ne suis pas croyant mais, si je l'étais, je crois que serais pasteur marié et père de plusieurs enfants (je ne peux pas me voir prêtre, je suis trop sensuel et j'aime trop les femmes et puis "l'immaculée conception" je ne l'aurais pas acceptée). C'est l'une des deux raisons qui fait que le film "Au milieu coule une rivière" de Robert Redford m'a tant ému et je le revois de temps à autre avec toujours la même émotion (je pleure de bonheur). L'autre raison est que, mis à part le lieu, la fin tragique du frère, le père (à moins que ce père-là soit aussi un 8, ce dont je ne suis pas sûr) et quelques détails romantiques, c'est ma propre histoire d'aîné et mon cadet de frère est ainsi (sa vie est un film d'aventure à la manière de "A la poursuite du diamant vert"). C'est un grand peintre de renommé internationale, sculpteur, aventurier. Je l'admire et je l'aime comme il est. J'ai aussi un autre frère qui est médecin, une soeur (1 sans ambiguïté) qui a 18 ans avec moi, qui a créée une entreprise de transport avec son mari (7) et une autre soeur qui m'a beaucoup appris et qui est handicapée mentale et dont ma mère (qui m'a mise au monde à l'âge de 17 ans) s'occupe seule (mon père étant mort en 97 de trop d'excès, à l'âge de 82 ans).

 

J'aimerais sortir de cette confusion au sujet de mon type. "C'est grave, Docteur ?"

 

Voila, ce que j'avais envie de partager pour cette entrée en matière. Veuillez m'excuser pour la longueur, mais j'ai dû faire un gros effort de concision.

 

Alain

 

PS1 : pour plus de facilité de communication, je prends connaissance de votre article, Vers un Modèle Unifié de l'Ennéagramme. Je dois vous dire aussi, Fabien, que mes finances étant ce qu'elles sont, je regrette vraiment de ne pouvoir participer à l'un de vos stages. Il me tarde de vous rencontrer et de mieux vous connaître.

 

PS2 : je pensais m'arrêter là, mais je viens de tomber sur la rubrique concernant le film "American Beauty" que j'ai vu plusieurs fois. Ce que tu dis Fabien du personnage principal me touche beaucoup (je n'étais pas certain de son type) : "Le personnage principal est un 9. Il se plaint d'avoir été ignoré, quasiment invisible pour sa famille ; il rayonne d'acceptation et d'humanité comme dans la scène où l'ancien militaire (un 8 ou un 6 contrephobique ?) vient l'embrasser dans le garage, etc."

 

PS … : je veux ajouter aussi que je me retrouve beaucoup dans un petit livre de Philippe Delerm "Mister Mouse ou la métaphysique du terrier" et dans le héros du livre culte finlandais "Le lièvre de Vatanen". Héros d'une grande ressemblance avec le personnage principal d'American Beauty.

 

Pour finir, finir, finir… je citerai ce poème de Théophile de Viau qui est devant à moi à ma table de travail depuis fort longtemps et qui me rappelle à moi :

 

Je veux faire des vers qui ne soient pas contraints.

Promener mon esprit par de petits desseins.

Chercher des lieux secrets où rien ne me déplaise.

Méditer à loisir, rêver tout à mon aise.

Ouïr comme en songeant la course d'un ruisseau.

Ecrire dans le bois, m'interrompre, me taire.

Composer un quatrain sans songer à le faire.

 

En écrivant cela, c'est le visage rayonnant d'Amélie (merveilleux film de Jeunet sur lequel je reviendrai dans une autre rubrique) qui se manifeste à moi : cette "Amélie" en moi, en chacun de nous.

Alain Feuillet

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Fabien Chabreuil

Bonjour Alain,

 

Je ne peux qu'être d'accord avec toi quand tu affirmes que pour trouver son type "les bonnes questions sont de l'ordre des motivations".

 

Cependant, ton message est certes très riche, mais parle plus de comportements que de motivations et même si un type me paraît probable, il n'est pas vraiment possible de l'affirmer ou de te guider vers lui.

 

Toutefois, revenons à la question-titre : "Selon vous, suis-je vraiment du type 5 ?". Ton texte manifeste un goût évident pour la pensée et l'information. Cependant, le style est très peu 5 par son vocabulaire (peu ou pas de mots évoquant le mental), sa longueur ("J'ai dû faire un gros effort de concision." :happy: ) et cette difficulté à terminer (trois post-scriptum, cela doit constituer un record sur ce panneau).

 

Très cordialement,

Fabien (7)

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Merci pour ta prompte réponse Fabien.

 

Je vois que le "tu" se pratique volontiers dans les diverses conversations, aussi je fais ce choix si vous le voulez bien… En ce qui me concerne, c'est ma préférence (convivialité).

 

Pourquoi m'être focalisé sur le type 5 ? A cause du mot Mental, parce que depuis bien longtemps je me suis (et j'ai été) catalogué dans la case des intellectuels, des cérébraux et mon métier (même si ce n'est pas ma tasse de thé) n'arrange rien à l'affaire. De plus, dans le livre "L'entreprise et ses collaborateurs", dans le paragraphe "Le 5 en entreprise", je me retrouve énormément. Sans doute aussi, en raison de certains raccourcis et de certaines omissions.

 

Je ne me vois pas 1 (mon ex-femme est une 1, pure et dure et j'ai vécu 20 ans à ses cotés). Mais il y a Gandhi et Meryl Streep et c'est bon pour moi de savoir ça.

Le 8 m'attire et me repousse (le 8, c'était mon père et je l'ai admiré autant que je l'ai détesté). Mais il y a aussi Martin Luther King et Sean Connery et eux, je les admire.

Quoique l'on m'aie reconnu comme un 7 et que j'en apprécie de multiples facettes (dans "L'entreprise et ses collaborateurs", je me retrouvais beaucoup dans ce type dans le paragraphe "Le type 7 en entreprise"). Quand je vois mon frère cadet et mon acteur fétiche Robin Williams, je ne me vois pas comme eux aujourd'hui comme hier et pourtant lors d'un stage résidentiel "Mon agir essentiel", le mot clé était "Joie de vivre". C'est une aspiration profonde.

Ah ! Le 6, j'en connais une qui voulait m'y voir. Mais non (il y a ma mère avec ses peurs, ses frayeurs, son sens du devoir, son manque de confiance en elle, son sens de la famille, ses sacrifices) et quand je pense à Woody Allen, non décidément je n'arrive pas à me voir en 6, d'autant que dans votre livre "L'entreprise et ses collaborateurs", au regard de mon vécu professionnel, je me retrouve très peu (par exemple, cela ne me pose aucun problème de démarrer un projet avec peu d'éléments, selon la méthode du prototypage rapide et de procéder par itérations successives, c'est super-ludique, créatif et on peut voir rapidement des choses fonctionner, c'est motivant et ça rassure le management et le client et surtout, je ne me prends pas la tête, je glane les informations nécessaires en fonction du besoin, tout le monde est content).

Alors le 4 avec son sens du beau, de la créativité, sa sensibilité, les grandes émotions, sa quête de l'âme soeur, son évitement de la banalité, etc. Ca m'interpelle en profondeur, le bémol avec le 4 c'est au sujet de la dépression (si je suis dépressif, je n'en ai pas conscience), de la mélancolie (c'est vrai qu'il m'arrive d'être envahi par une profonde tristesse, mais est-ce vraiment de l'ordre du spleen ?), de l'envie (je n'arrive pas à me sentir envieux de ce que je vois chez les autres et que je n'ai pas ou alors je me mens à moi-même). Ce qui est clair, c'est que j'ai horreur de la banalité et de la vulgarité. Dans "L'entreprise et ses collaborateurs", je me retrouve à 80% dans le type 4 en entreprise. Le fait de ne pouvoir m'identifier à un 4 tient peut-être aussi au fait qu'il me fascine autant qu'il m'irrite.

Beaucoup d'a priori sur le 9 et le 2 (mon enfance n'est pas celle d'un 2). Je ne me suis pas attardé sur eux. Cependant, j'ai récemment vu à plusieurs reprises American Beauty et je m'identifie facilement au personnage principal. Savoir qu'il est 9 ne me dérange pas.

Je ne crois pas être un 3. Du moins j'en suis convaincu par le fait qu'ayant côtoyé les hautes sphères de la vente et du marketing, j'ai pu apprécier "sur pied". J'ai souvent travaillé en tandem avec un 3. Non vraiment, le prestige, le pouvoir, la compétition, le culte de l'apparence, les coups tordus pour grimper les échelons plus vite. Non vraiment, ça m'est totalement étranger.

 

Il est vrai que ce qui précède est assez subjectif, intuitif, voir instinctif et même sans doute émotionnel. Ce qui milite guère en faveur du 5, mais c'est éprouvant de se voir ici et là, pas vraiment ici et pas vraiment là. Alors pourquoi pas 5.

 

Maintenant, je mets de coté mes a priori et mes raccourcis. J'aimerais avancer et je dois dire que tout ce que j'ai lu dans les diverses conversations, m'a un peu laissé sur le tapis. Alors, je reprends à la base.

 

1) Le centre préféré. Tu dis qu'on doit en être plutôt content. Alors ce n'est pas le Mental mon centre préféré car ça ne me fait ni chaud ni froid d'être un mental (si mon père avait décidé que je devienne peintre en bâtiment, cela m'aurait mieux convenu, au moins j'aurais naturellement évolué vers la peinture décorative que je pratique aujourd'hui pour mes besoins personnels. J'ai une grande estime pour les travaux manuels ce qui n'est malheureusement pas courant dans notre culture élitiste). Je vois plus le Mental en support du centre instinctif ou émotionnel. Il m'est difficile de dire si je préfère plus l'un que l'autre. En d'autres termes, si j'ai plus de problème avec la gestion de la colère ou le besoin de reconnaissance, d'amour. Je laisse de côté pour le moment.

2) Centre préféré vers l'intérieur ou vers l'extérieur. De par ce que je sais de moi (ou du moins ce que je crois connaître) je ne peux rien exclure.

3) Le centre réprimé. Là, ça se complique. Je suis hyper-émotif. Cette hyper-émotivité me submerge au moment où je m'y attends le moins. Cela remonte de loin. J'ai l'impression que ce centre me contrôle "silencieusement" comme tu dis. Il y a aussi ma propre histoire, ma petite enfance vécue dans un profond dénuement, à la dure. Il y avait peu de place pour les épanchements affectifs et puis, je n'étais pas un enfant désiré. J'étais un accident de parcours "soi-disant heureux" entre un homme de 34 ans (chaudronnier-serrurier) et une jeune fille de 16 ans (ouvrière). Alors, je décide pour le moment de considérer le centre émotionnel comme mon centre réprimé.

4) Les combinaisons acceptables a priori. En conséquence je retiens les hiérarchies des centres suivantes : IME, EMIE et IMEI (à cause de la position du E et que je ne suis pas clair avec le centre instinctif de par ma relation au père très conflictuelle). Combinaisons retenues : 3 alpha, 1 mu, 3 mu, 8 alpha et 9 alpha.

5) Ressemblance entre types et sources de confusion. La hiérarchie des centres me conduit à relever une confusion possible entre le 3 alpha et le 1 mu ou le 8 alpha et le 3 mu et le 7 alpha et le 5 mu (mon hypothèse de départ étant que E ne peut être un centre de support pour moi). Tu écris dans une conversation que comme le 9 alpha réprime l'instinctif bien que ce soit son centre préféré, le mental est bien souvent le centre le plus visible, le plus consciemment perçu. Surtout si notre 9 narcotise aux livres… Aussi il se confond très fréquemment avec un 5 Alpha (CQFD pour moi).

6) Sous-types instinctifs intéressants. Suivant tes conseils puisés dans une des conversations, je suis retourné dans mes bouquins pour voir quels étaient ces sous-types qui m'interpellaient. J'ai trouvé le 5 conservation, le 9 conservation, le 9 social, le 9 sexuel et éventuellement le 8 social. J'ai hésité sur le 6 conservation et le 7 social.

7) Bilan provisoire. Je mets le tout dans le chaudron magique. Je touille et j'obtiens : 9 alpha, 8 alpha, 5 mu et 7 alpha.

 

Nota : le 3 alpha est passé à la trappe. En spéculant sur l'issue du débat, ce pourrait être une combinaison d'intégration. Le 6 (j'ai un peu de ma mère, que je le veuille ou non, et de mon père bien entendu, surtout que nous vivions "à l'écart"). Aussi, en spéculant, il pourrait se manifester dans une aile ou par désintégration. Idem pour le 1.

 

Est-ce que mon raisonnement tient la route ?

 

Une question : est-ce que mes couleurs préférées dont je vis entouré : blanc, noir, jaune, safran, vert et surtout l'or (j'aime l'or et je porte des bijoux en or sans aucune ostentation) sont un indice fiable pour aider à découvrir mon type ?

 

Peux-tu me donner une piste pour avancer ?

 

Amicalement,

Alain (?)

Alain Feuillet

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Fabien Chabreuil

Bonjour Alain,

 

Voilà une fascinante réponse. Je vais te livrer en vrac mes commentaires et réflexions, comme ils viennent au fil de la relecture.

 

Tout d'abord, voilà une belle capacité intellectuelle d'analyse. Oui, le "raisonnement tient la route". Je procède souvent ainsi quand je dois trouver le type d'une personne que je ne suis pas arrivé à reconnaître tout simplement. Il y a toujours quelque chose d'un peu étrange à voir quelqu'un utiliser ce type de méthode avec lui-même : pas de connaissance directe, de la déduction.

 

Trois fois, pour les types 4, 5 et 7, tu dis t'être reconnu dans les descriptions faites dans notre ouvrage L'entreprise et ses collaborateurs par l'Ennéagramme, aujourd'hui disponible dans une version complétée sous le nom Comprendre et gérer les types de personnalité. Ce qui m'étonne, c'est que tu t'es reconnu dans la description de ces types en entreprise et que tu ne fais jamais allusion aux descriptions générales. Or, il est difficile de se reconnaître seulement dans les descriptions en entreprise, beaucoup de types étant obligés de réfréner certains aspects de leur personnalité dans ce milieu.

 

Peut-être pourrais-tu relire dans cet ouvrage ce qui est dit sur le style de communication de chaque type et le comparer à tes messages sur ce panneau. Notre manière de parler ou d'écrire est souvent un indice sérieux.

 

Tu dis t'identifier à Lester dans American Beauty. Il est effectivement 9. Comme l'est Amélie dans ce merveilleux film qu'est Le fabuleux destin d'Amélie Poulain dont tu nous parlais dans ton premier message. Comme me semble bien l'être dans le même message le doux poème de Théophile de Viau.

Comme pourrait l'être cette phrase aujourd'hui : "Et surtout, je ne me prends pas la tête […] Tout le monde est content." Ou celle-ci dans ta précédente contribution : "Mon plus grand plaisir est que cela m'aide à avancer et à contribuer au bien-être de mes semblables. J'ai une grande intuition de ce qui se trame autour de moi, chez les personnes que je fréquente (la famille surtout). Je ne suis pas un donneur de conseils. Je dis simplement le travail que j'accomplis, ce que j'ai appris et que j'essaie d'appliquer à moi-même. S'ils ont besoin de partager quelque chose ou d'être aidé, ils savent qu'ils peuvent compter sur moi."

 

Pour le centre préféré, tu exclus le mental et cela me semble au premier abord pertinent. Cependant quand on voit la qualité de son fonctionnement, on sait qu'il ne peut être très loin dans la hiérarchie : second ou peut-être second à découvert comme c'est le cas pour les personnalités du triangle.

 

Tu dis ne pouvoir trancher entre l'utilisation intérieure ou extérieure de tes centres. Cela nous donne un léger indice nous orientant vers les types du triangle.

 

Quant aux sous-types, même si un d'entre eux prédomine, ils doivent tous faire sens à un degré plus ou moins grand. Le fait que tu te sois retrouvé dans les trois sous-types du 9 et que cela ne soit le cas pour aucun autre type me semble un indice fort.

 

J'en suis désolé, mais les couleurs ne me sont d'aucune aide.

 

Bref, le tableau me semble assez clair, même s'il reste à passer de la théorie à la pratique, je veux dire parler observer dans ta vie la compulsion, la passion et la fixation. Là aussi, tes deux textes contiennent quelques indices.

 

Très cordialement,

Fabien (7)

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Bonjour Fabien,

Que signifie, à propos des centres : "être second à découvert" ?

D'autre part, une inversion des centres au cours de la vie est-elle possible ?

Roger (Papyzen) – E7 alpha, aile 6, sous-type sexuel

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Fabien Chabreuil

Bonjour Roger et Alain,

 

"Second à découvert". Excusez-moi de ce raccourci effectivement pas très compréhensible. Les types du triangle préfèrent et répriment le même centre. Souvent, et notamment en période de stress, le second centre est plus évident que le premier. Ainsi, des 3 alpha peuvent être perçus comme privilégiant le centre instinctif, des 9 mu comme privilégiant l'émotionnel, etc.

Comprendre la hiérarchie des centres est un préalable à la détermination correcte des types.

 

Je n'ai jamais rencontré de cas d'inversion des centres et je ne crois pas que ce soit possible. Il y a déjà eu une discussion sur ce sujet. Si tu veux la reprendre, elle est encore ouverte.

 

Très cordialement,

Fabien (7)

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Bonjour Fabien et un grand merci,
Bonjour Roger et merci pour ton intervention,

"Peut-être pourrais-tu relire dans cet ouvrage ce qui est dit sur le style de communication de chaque type et le comparer à tes messages sur ce panneau. Notre manière de parler ou d'écrire est souvent un indice sérieux."
D'abord, un simple coup d'oeil à la liste des styles de communication : 1 - Enseignement, sermon (PARFOIS à l'écrit) ; 2 - Aide, avis (OUI) ; 3 - Propagande (NON) ; 4 - Drame (NON) ; 5 - Traité (OUI à l'écrit) ; 6 - Limites (OUI et NON) ; 7 - Histoires (OUI) ; 8 - Impératifs (NON) ; 9 - Saga (OUI-NON).

À l'écrit, la concision ce n'est pas mon fort. Peut-être, l'incapacité à discerner l'accessoire de l'essentiel, alors autant ne rien omettre. Il s'agit là d'écrits en rapport avec mon introspection, mes aspirations, mes valeurs (famille, couple, etc.). Peut-être aussi, le plaisir de communiquer sans que l'émotionnel vienne fiche son grain de sel. Et se faisant, à consommer sans modération.

Dans mes messages et dans mes courriers (non officiels), j'ai plutôt tendance à écrire un peu comme je parle. Mon style n'est pas très châtié. Il peut être soutenu mais cela me demande un effort. L'important, c'est d'être compris et de rester moi-même. Je ne crains pas de me montrer comme je suis. Et puis, même si j'ai des choses importantes à écrire, il m'importe que ça reste un exercice plaisant et que cela soit communicatif. Les exercices de style, ce n'est pas mon fort. Tout ce que je viens d'écrire n'était pas du goût de mon ex-femme (une 1) et j'en ai souffert.

  • Grande difficulté émotionnelle à faire un exposé devant une assemblée (pour mon mémoire de Mastère ce fut galère).
  • Je me sens plus à l'aise avec les femmes, avec lesquelles je peux parler de tout et de rien, de décoration, de cuisine, de choses qui relèvent des sensations, sur un ton très amical et avec chaleur.
  • En petit comité, si l'ambience est assez conviviale, je vais au devant des personnes et me comporte plutôt comme un 2 ou un 7.
  • Très important : le contact physique. Je me tiens près de la personne, je peux me sentir frustré de ne pas toucher la personne avec laquelle je discute (j'aime le contact méditerranéen, même si la volubilité des italiens me donne le tourni).
  • Sans le vouloir, j'accompagne mes pensées par des gestes.
  • J'ai un débit plutôt rapide et ma voix est plus ou moins modulée, feutrée suivant l'ambiance, le sujet, la personne (je ne parle pas de la même manière à une 2, un 8, un 3, une 4 ou une 1). Il y peut-être un phénomène de mimétisme.
  • Je fais très facilement le clown. Je suis incapable de tenir une conversation sérieuse. Elles m'ennuie à mourir (je ne me prends carrément pas au sérieux).
  • Si les gens se prennent trop au sérieux, je cherche à m'éclipser, sinon je me distrais comme je peux, quitte à distraire l'attention de mes voisins (quand je dis cela je ne peux faire autrement que penser à mon acteur fétiche dans Dr. Patch).
  • Je souris spontanément (j'aime que les gens se sentent à l'aise avec moi, qu'ils s'ouvrent).
  • Je suis capable d'écouter avec attention une personne qui en a sincèrement envie (je le sens) et je peux alors pratiquer l'écoute active.
  • Étant très 7 dans mon style de communication : est-ce que je cherche à charmer l'autre ? J'en ai pas vraiment conscience. Par ailleurs, j'aime raconter des histoires personnelles, quitte même, pour capter l'attention, à fabuler.
  • À propos du style du 9, je me reconnais uniquement dans ce qui le rapproche du 7 et dans le fait que j'évite les thèmes porteurs de risque de conflit (du moins si je suis à l'origine de la discussion).
  • À propos du style du 6, sans doute que ce qui est dit à propos de l'attitude dans et hors du groupe est vrai. Mais ça s'arrête là.

Les sources du stress (page 155)

  • Ce qui est écrit à propos du 2 me touche beaucoup à la gestion de la colère près (j'ai un problème avec la colère).
  • Ce qui est écrit à propos du 4 me touche assez (je suis sensible aux critiques, elles sont pour moi comme une ingérence : qu'est-ce qu'ils ont de plus que moi pour se permettre de me critiquer ? Je me sens floué dans l'estime que je me porte. Pour moi, la critique n'est pas constructive).
  • Ce qui est écrit à propos du 7 me touche totalement à la gestion de la colère près.
  • Ce qui est écrit à propos du 9 pour ce qui est des critiques, la pression, l'autoritarisme, l'évitement des conflits et des situations trop accès compétition.

Les motivations fondamentales (page 157)

  • Je ne sais que penser au sujet de ce qui est écrit du 2 (c'est comme si je ressentais en profondeur comme essentiel : "apporter quelque chose de positif aux autres" mais que je ne vivais pas cela ici et maintenant).
  • Ce qui est écrit à propos du 4 me touche totalement.
  • Ce qui est écrit à propos du 5 me touche à un niveau plutôt généraliste soucieux de son autonomie.
  • Ce qui est écrit à propos du 7 me touche beaucoup sans aller jusqu'au niveau consultant. Aspects importants : la joie de vivre, l'enthousiasme, la capacité à planifier, à innover, à éveiller, à animer, à guider.
  • Ce que je retiens de ce qui est écrit au sujet du 8, c'est un certain goût du risque (mesuré).
  • Ce qui est écrit à propos du 9 est sans doute vrai en cela que : "Il est dopé par l'enthousiasme, l'implication, la motivation et la cohésion des autres."

En forme de synthèse, je dirai : je peux donner le meilleur de moi-même si… :happy:

  • je suis détendu et en harmonie avec les autres,
  • je me sens apprécié et aimé,
  • je suis respecté dans ma spécificité,
  • la joie de vivre et l'enthousiasme sont au rendez-vous,
  • j'apporte ma contribution au monde qui m'entoure,
  • il y a un peu de piment.

J'ai un dessin (je n'ai pas réussi à le réduire à moins de 147 k, en JPEG progressif) qui est la synthèse d'un stage "Mon agir essentiel" effectué en 2000 et très représentatif de ce qui précède.

Arrivé à ce stade, je suis convaincu de ne pas être un 5. Je crois qu'il aurait été plus difficile de me convaincre que j'en étais vraiment un. Le titre de la rubrique, "Selon vous, suis-je vraiment du type 5 ?" n'était finalement pas le bon et ne reflète pas mon interrogation.

Le 9 est très tentant, mais rien à voir avec le 7. Et la synthèse que je fais ci-dessus va en ce sens. En fait, ayant été reconnu à plusieurs reprises comme un 7 (selon l'ennéagramme classique), j'aurais dû poursuivre dans cette voie.

Si je ne l'ai pas fait, c'est que je ne vois pas en quoi me découvrir être un 7 peut être souffrant pour moi. À moins que, ma difficulté à me mettre en action, ici et maintenant, dans une direction donnée et m'y tenir, en faisant l'impasse sur plein de possibles, ce dont je souffre et dont je n'arrive pas à m'extirper, soit typiquement 7.

En supposant que je sois 7, pourquoi je ne me reconnais pas plus ou moins dans les divers sous-types instinctifs ? Ou alors, je suis aveugle. C'est fort possible. Peux-tu m'aider à creuser le sous-type sexuel ?

J'ai lu ton témoignage de 7 et il m'a impressionné. Ce que je ne comprends pas, c'est que, si je suis un 7, pourquoi je ne me suis pas entendu avec mon ex-femme ? Sentant venir le vent mauvais, j'ai souvent demandé à mon ex-femme que nous participions ensemble à une thérapie de couple. Mais elle a toujours refusé, arguant qu'elle n'avait pas besoin de thérapie, et que j'étais celui qui fichait la pagaille dans le couple : référence au fait qu'elle était enseignante et que j'avais laissé tomber le salariat pour devenir indépendant (un libéral en informatique, c'est n'importe quoi, disait-elle : ingénieur en entreprise oui, libéral non). A mon grand dam, on fréquentait peu de gens, pour la simple raison qu'elle était gênée par mon comportement pas sérieux, mon goût pour la plaisanterie, ma façon de parler avec des gestes, en touchant, avec mon rire franc. Elle avait la sensation que je la tournais au ridicule. Et puis, elle était pingre et moi le contraire. J'en étais arrivé à acheter mes livres, mes CDs, mes fringues (celles qui venaient du Printemps, par exemple) en cachette. Bien sûr, elle finissait par les découvrir. Alors, je prenais un air dégagé en disant : "Oh ! Ca ! Je l'ai depuis longtemps." Elle faisait son petit caca nerveux, et puis c'était fini, du moins en apparence (car au niveau du ressentiment, ça engrangeait). Après une descente aux enfers, c'est moi qui est décidé de partir pour ma survie et celle des enfants.

Très amicalement,
Alain

Alain Feuillet

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Bonjour à tous,

 

En parcourant les divers tableaux, je suis tombé sur celui intitulé : 8 aile 9 ou 9 aile 8… dans lequel Fabien dit ceci :

 

Crois-moi, Charles. J'ai aussi rencontré des 8 très désintégrés, des personnalités sadiques et asociales au sens psychiatrique du terme. Mais, j'en ai aussi rencontré d'autres dont la force généreuse et franche m'a rempli d'admiration. En France, il y a tous les ans un sondage qui détermine la personnalité préférée des Français. Depuis des années et des années, la personne qui est en tête, ou dans le peloton de tête, est l'Abbé Pierre qui a créé une fondation pour les sans-abris dans les années 50 et qui a voué toute sa vie à cette oeuvre : c'est un 8 sans doute possible.

 

Ma question :

 

Supposons que le type soit inné (il semble qu'il existe un consensus à ce sujet) et supposons que ce type soit 8.

Supposons que l'enfant en question, soit durement confronté à un père 8 (genre Jean Gabin dans ses rôles) et à une mère 6 plutôt phobique.

 

Est-il possible que cet enfant puisse ne pas vouloir ressembler à son père au point de devenir l'ombre de lui-même en posant un couvercle ? Une fois adulte, couvercle qu'il ne veut pas soulever de peur de découvrir qui il est vraiment, et ainsi de ne pas arriver à s'identifier au 8 qu'il est en réalité (à cause de l'image habituelle que l'on prête au 8) ?

 

Très amicalement

Alain

Alain Feuillet

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Bonjour à tous,

 

Si le plus court chemin d'un point à un autre est la droite, le moindre qu'on puisse dire c'est que je suis loin de l'avoir intégré vu ma facilité déconcertante à emprunter les chemins de traverse et à ne pas en sortir.

 

D'une façon générale, je crois que mon manque d'assurance et ma confusion dans mes propos (voire mon comportement), proviennent d'un manque de conviction. Je suis fasciné par ceux qui vont jusqu'au bout de leurs convictions. Malheureusement, autant cela peut donner des choses magnifiques autant cela peut engendrer des horreurs. Pourquoi agir ? J'ai des difficulté à me mettre en mouvement, tout me semble si dérisoire. Voici un texte que j'ai écrit il y a bien longtemps et que j'appelle "ma crise existentielle" :

 

"Sur cette chose venue de nulle part et destinée à y retourner. Sur cette chose sans but, ni raison d'être, il y a tout plein de choses plus ou moins minuscules dont l'existence est toute aussi futile et qui n'en ont pas conscience. Et puis, il y a moi, l'homoncule, doué d'une propriété unique et désespérante : la conscience de soi. Cette propriété me confronte au vide existentiel qui m'entoure et à la vacuité de ma propre existence. Alors, à quoi sert-il de me poser la question du sens (direction ou signification) de la vie, de ma propre vie ? Seule une vision anthropocentrique de l'univers ou la foi (ce qui revient au même), peut me permettre de donner un sens à tout ce qui m'entoure. Quand on ne s'inscrit pas dans une telle vision du monde, comment avoir seulement envie de vivre ? Ah! c'est beau de croire que l'univers a engendré l'homme pour que ce dernier le sorte de la vacuité et lui donner un sens. Dans sa peur du vide, l'homme se crée une vision anthropocentrique du monde, en laquelle il trouve une raison d'exister. Sinon, il court au suicide, à l'évasion par la drogue, l'alcool, la violence, un hédonisme effréné, le nihilisme ou l'anarchie et c'est irréversible."

 

Il y a aussi un livre qui m'a beaucoup marqué à l'époque où je m'intéressais à la biogénétique : Le hasard et la nécessité (J. Monod) et je me demandais comment ce savant pouvait écrire cela tout en se disant croyant. Cela me paraît totalement antinomique. J'appellerais cela, le poids de l'éducation. Le poids de cette éducation "religieuse" aidant inconsciemment ou consciemment à dépasser le dilemme existentiel.

 

Moi, j'ai passé mon enfance plutôt en autarcie, semblant nous suffire à nous-même et ayant comme seul besoin celui d'être avec la nature, un peu comme des pionniers du Far-west. Nous vivions en dehors de toute éducation religieuse (au grand damne du curée de la paroisse) et mon père avait édicté ses propres règles. Notre vie social était régie par le principe : "Je veux qu'on nous fiche la paix". On se tenait à distance. Rares étaient ceux qui étaient bienvenus au "ranch". Les valeurs véhiculées étaient : le monde est hostile, soit fort, ne te laisse pas faire, sache te débrouiller seul, etc. Enfin, toutes les valeurs de notre 8 de père.

 

Souvent je me dis : "Ah ! Si seulement je pouvais croire en quelque chose comme ce serait plus facile." La "nécessité" de vivre jouant à fond, je n'ai aucun goût pour le suicide. Non-violent, désireux qu'on me fiche la paix, n'ayant aucun goût pour l'alcool ou la drogue, mon aspiration est de me perdre dans les arcanes des songes ou dans le plaisir de sens. D'où ce texte écrit eu juin 2000, à Annecy :

 

"L'air est encore chaud. Je me suis installé sur la terrasse de mon bungalow devant une tasse de thé. Le réverbère qui jouxte la haie de séparation éclaire d'une douce clarté diffuse les alentours, projetant des ombres qui vont se fondre dans la nuit. Une brise chaude et molle m'apporte l'odeur douçâtre du lac à laquelle se mêlent celles des pins , des plantes et des fleurs environnantes. Sur ma droite dans le ciel d'un bleu nuit lumineux, se détache la masse sombre du mont Véyrier. Dans ce décor de nulle part, fait de silhouettes et d'ombres, à peine troublé par la rumeur lointaine de la ville, il manque une invitation au voyage. J'ai mis la musique de Buena Vista Social Club et, soudain, me voilà rendu dans les Caraïbes. La nuit s'anime au rythme chaleureux et entraînant de cette musique exotique. Je suis Compay Segundo qui se prélasse par une nuit chaude de Santiago de Cuba. Comme c'est bon de se laisser couler ainsi, dans la douce torpeur du soir. Laisser mon esprit flâner par de vagues désirs. Ouïr, comme en songeant, les notes suaves et colorées de Veinte Años, qui s'égrainent dans mon dos. Et puis, c'est le silence. Le réverbère c'est éteint. Tout n'est plus qu'ombres confuses et sombres où je me dissous. J'appartient désormais à la profondeur de la nuit, tout emplie du seul bruissement des insectes nocturnes."

 

Je n'ai toujours pas retrouvé de travail. Il le faudrait bien pourtant. Rien de mystérieux à cela. Seulement, ma paresse, ma nonchalance, mon oisiveté indisposent mes proches et mon amie la première. Alors, je leur donne l'illusion de m'activer à trouver un emploi. Je leur montre un C.V. que j'ai réalisé, le top du C.V., même mon banquier est impressionné. J'ai fait ça pour leur faire plaisir, pour qu'ils me laissent en paix encore un moment. Je partage tout à fait cette citation de Tom Hopkins : "Le travail, c'est quelque chose que l'on fait alors qu'on préfèrerait faire quelque chose d'autre." Je suis très actif dans mon inactivité. Mais, je ne fais rien de ce qu'on attend de moi. Alors, je suis seul. Non, que je veuille me marginaliser mais je fais tâche, je ne suis pas dans la mouvance. Je me permets tout haut ce que beaucoup rêvent tout bas. Eh ça, c'est insupportable pour l'entourage. Mon rêve c'est de trouver une femme et des personnes qui m'accepteraient comme je suis. Il y a au plus profond de moi le besoin d'être aimé, apprécié, de recevoir de l'affection, des signes de reconnaissance de l'entourage. Et réciproquement d'offrir tout cela.

 

Quand le manque devient trop grand, trop souffrant, alors je trouve dans les stages de développement personnel un environnement tout disposé à m'accueillir sans jugement, chaleureux, bienveillant. Cependant, ce n'est pas si simple. Il ne suffit pas d'être affable, gentil, souriant et sociable. Tous ces gens ne sont pas réunis là pour moi, pour satisfaire mon besoin d'amour et partager mon penchant hédoniste. Il sont là pour travailler à leur propre chemin d'évolution. Il y a là un travail collectif qui demande une participation active de chacun et moi je ne suis pas là pour ça. L'objet du stage en lui-même m'importe peu. Si je pouvais trouver la même dynamique relationnelle dans un stage de cuisine, de peinture ou d'informatique, cela me conviendrait tout autant. C'est pour cela que j'affectionne tout particulièrement les moments de détente et ceux où le travail intellectuel se relâche et cède la place à l'expression corporelle libérée de tout entrave. Tout le problème pour moi est de nourrir mon besoin d'amour sans être obligé de m'impliquer dans des choses collectives dont je ne vois pas l'intérêt ou qui me barbent profondément.

 

Il y a là, sans aucun doute le portrait d'un 9. Il s'agit là d'une facette bien présente de ma personnalité. Je ne suis pas que cela. Loin s'en faut. Alors, est-ce là une forme désintégrée de moi-même ? Ce qui m'amène à une autre question, peut-être un peu farfelue, peut-on se désintégrer dans une aile ?

 

Une autre question encore, cette "crise existentielle" dont je parle au début, affecte-t-elle un type plus qu'un autre ? Si oui, lequel ?

 

Très amicalement,

Alain

Alain Feuillet

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Fabien Chabreuil

Bonjour Alain,

 

Je reviens de trois jours d'animation de stage, ironie des choses, sur le thème de la direction que nous souhaitons donner à notre vie et je me suis permis de remettre dans la discussion les messages que tu avais laissés dans de nouvelles pages. J'espère qu'il sera ainsi plus facile de garder une certaine cohérence.

 

Ton dernier message est effectivement une belle description de 9. Comme le suggérait fortement ma réponse du 31 mai, ce type était apparent depuis ta première participation aussi bien par ton style et que par tes préoccupations. Le fait que tu n'aies pas répondu à la totalité de ce texte me semble lui aussi assez significatif.

De plus, les personnes qui ne trouvent pas leur profil et qui hésitent entre (quasiment) tous les types de l'Ennéagramme sont le plus souvent des 6 et des 9. Dans ton cas, la passion et la fixation du 9 s'exprimaient avec assez de visibilité.

 

Voyons maintenant tes questions.

 

"Est-il possible que cet enfant puisse ne pas vouloir ressembler à son père au point de devenir l'ombre de lui-même en posant un couvercle ?"

Sous le stress fort d'un père abusif, le plus probable est qu'un enfant se désintègre dans son type ou s'installe dans son type de désintégration. Si cela dure longtemps pendant l'enfance ou l'adolescence, il ne peut en sortir qu'avec des séquelles psychologiques graves. Mais de toute façon le type de base reste visible.

 

Peut-on se désintégrer dans une aile ?

Les ailes se désintègrent en même temps et au même rythme que le type principal. Elles restent, même quand elles sont fortes, toujours secondaires par rapport à lui.

 

"Cette 'crise existentielle' dont je parle au début, affecte-t-elle un type plus qu'un autre ? Si oui, lequel ?"

Passé la quarantaine, elle peut affecter tous les types, même si elle est souvent plus violente chez les membres du centre émotionnel.

 

Par le jeu des ailes et des lignes, on peut toujours avec l'Ennéagramme construire des modèles compliqués pour essayer d'expliquer son fonctionnement. Dans la pratique, l'explication la plus simple est toujours la bonne : le type de base s'exprime plus que les ailes, les incursions dans les types d'intégration et de désintégration sont relativement brèves.

 

Très cordialement,

Fabien (7)

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Bonjour Alain,

 

En feuilletant un livre (L'Ennéagramme : un itinéraire de vie intérieure de Maria Beesing, Robert Nogosek et Patrick O'Leary, chez Desclée de Brouwer), je viens de tomber sur une correspondance entre couleurs symboliques et les différents types.

L'or et le safran sont associés au 9.

Le blanc et le noir au 8.

Le vert au 7.

Le jaune clair au 3 (ce jaune est décrit comme "peu visible" : il s'agit sans doute d'un jaune très pâle).

 

Dans ton message du 4 juin tu écris : "Il y a là, sans aucun doute le portrait d'un 9. Il s'agit là d'une facette bien présente de ma personnalité. Je ne suis pas que cela. Loin s'en faut."

Oui. Aucune personne ne peut se réduire à la description d'un type. Heureusement !

Je me retrouve fortement dans plusieurs des types de l'Ennéagramme. (Ce qui est, comme l'indiquait Fabien particulièrement fréquent chez les 6 et les 9). Mais si je m'interroge pour savoir ce que je cherche à éviter avant tout, aucun doute : je suis bien de type 6.

Y'a pas photo ! :happy:

 

Dominique (6)

Dominique – E6 mu

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Bonjour Fabien et Dominique,

 

Merci Dominique pour ton intervention.

 

Me voir 9, et plus précisément 9 alpha, cela ne m'est vraiment pas évident. Non pas que cela m'effraie mais, c'est plutôt de l'incompréhension.

 

Le 9 hésite entre l'utilisation I-e et I-i de son centre et se trouve paralysé. Il consacre l'énergie du centre à se maintenir et à maintenir le monde qui l'entoure dans un certain immobilisme. Attitude ou situation figée, vraiment cela ne m'inspire aucunement.

 

Quand au 6, ce qui le rend anxieux c'est de ne pouvoir comprendre le monde. Moi ce qui me rend anxieux, c'est de me sentir limité, c'est d'avoir à batailler, c'est de manquer, c'est de devoir me montrer sous les projecteurs, c'est d'aller à l'encontre de mes valeurs, de mes goûts et le pire c'est de mettre tout ça ensemble. Par exemple : être avocat commis d'office d'un violeur infanticide et plaider sa cause dans un tribunal bondé. L'horreur quoi !

 

Si je me focalise sur l'évitement comme le suggère Dominique, c'est vraiment pas simple.

 

Je crois qu'au coeur de ma problématique, il y a la peur de la colère : la mienne et celle des autres.

 

D'où j'en déduis mon souci d'éviter les conflits. Tout conflit risquant de me confronter à ma colère et à celle des autres. La colère des autres me renvoyant à ma propre colère.

 

Ce que je cherche à éviter à tout prix c'est la manifestation d'une quelconque colère.

 

A force de retenir ma colère, j'ai fini par la faire disparaître au point de croire que la colère, c'était chez les autres. Au point que, quand bien même j'aurais voulu en manifester, je n'aurais pas su comment faire. J'ignorais comment piquer une colère.

 

Pourquoi empêcher à tout prix la colère de se manifester ? Le ressenti que j'ai livré au psy est que j'avais honte de cette colère qui grondais en moi. Je l'identifiais à mon père quand il devenait mauvais. Elle était pour moi l'image même de la noirceur et je la trouvais dégradante, laide, repoussante. Je n'étais pas ça. Je ne serais jamais ça. Je ne pouvais avouer, ni à moi-même ni à autrui, une quelconque agressivité.

 

Très tôt, je me suis juré de ne jamais ressembler à mon père. C'était trop moche, trop horrible. Perdre ainsi son contrôle c'était inacceptable. Je me suis juré que je ne lèverai jamais la main sur quiconque et surtout pas sur mes enfants ou ma compagne. Je me suis ainsi construit un personnage non-violent, calme, gentil, avenant, doux, sans colère, sans agressivité. Je me suis totalement identifié à ce personnage. Malgré tout, mon mécontentement intérieur se manifestait (crispation des mâchoires, rides d'expression du front, durcissement du regard…) et l'autre savait bien qu'à l'intérieur ça bouillait. En thérapie, la colère était au centre de mes préoccupations. J'avais peur (et j'ai toujours peur) de lever le couvercle et de découvrir que je suis comme mon père en ce qu'il a de pire.

 

Je ne me souviens de presque rien de mon enfance, au point d'avoir séjourné assez longtemps avec ma mère en 1999 afin qu'elle me raconte. Tout ce que je conservais comme souvenirs, c'était de bons souvenirs (la pêche, les sorties en forêt, les expéditions nocturnes). Ce qui me semble étrange, c'est que j'ai même perdu le souvenir de ce que je faisais quand j'étais seul, alors que c'était des choses que j'aimais bien faire (dessin d'art, mécano, lecture, poésie, etc.). A me demander si même cela n'a pas été effacé à cause du contexte. Adulte, j'ai continué à être en prise avec l'amnésie, alors que parallèlement j'ai toujours eu une très bonne mémoire tant visuelle qu'auditive.

 

Je suis un enfant non désiré, né d'une mère de 17 ans, très belle, ouvrière, inquiète, immature, ayant vu sa propre mère battue jusqu'au sang, et d'un père de 35 ans, marié et séparé mais non divorcé, héros de la dernière guerre, beau, charmeur, boxeur amateur, qui préparait une expédition pour l'Afrique noire. J'ai été conçu au soir d'un bal populaire lors de leur première rencontre. Mon père avait en parallèle une autre relation. Ma mère le savait. Quand elle s'est vu enceinte, elle a eu terriblement peur d'être abandonnée. Mais mon père a assumé et a renoncé à son expédition. En fait, ni mes frères ni moi-même n'avons cru à cette version. Nous pensons qu'il a trouvé là une bonne occasion de lâcher une expédition assez foireuse. Et puis, je crois qu'il se voyait bien en patriarche.

 

Ma mère est restée deux mois à l'hôpital pour ma naissance. Apparemment, je n'étais pas très pressé d'entrer en contact avec le monde que l'on me proposait. J'ai passé mes premières années dans le plus total dénuement. Pendant ma première année, mes parents et moi partagions une même pièce dans une petite maison sans porte, ni électricité. Pendant mes 9 premières années j'ai partagé avec mes frères, la même chambre que les parents et nous avons déménagé plusieurs fois. Mon père était très dur avec nous et nous battait au martinet ou ce qui lui tombait sous la main. Mes parents ne m'ont pas inscrit en sixième, ils ont oublié. Mes parents ont toujours tiré le diable par la queue et passaient leur temps à se disputer pour des problèmes d'argent. Mon frère (celui qui est peintre et bon 7) est né un an après moi.

 

Ce qui semble communément admis dans la famille et réprouvé, c'est que mon père et moi nous ne cessions de nous quereller. A propos de quoi ? Je n'en ai pas vraiment souvenir. La famille me dit que le père avait un avis sur tout, bien arrêté, que je contestais quasi-systématiquement. J'ai lutté ferme avec lui. Nous étions toujours à deux doigts de nous battre. "Joute verbale" serait le terme approprié pour décrire nos prises de bec. J'étais le plus fort à ce jeu. Il me traitait de "beau parleur". Mais lui avait l'avantage corporel et le statut de père (c'était une force de la nature, homme habitué à travailler le fer et à diriger des ouvriers autrement plus durs que moi). Son regard quand il devenait dur et menaçant, suffisait à arrêter toute velléité d'insubordination. Alors, chaque fois, c'est moi qui pliait. Même quand je devins adulte, mon père resta le plus fort, malgré les occasions d'achoppement et l'envie que j'avais de lui envoyer mon poing dans la figure.

 

Lors d'un séjour chez ma mère l'an dernier, je lui ai demandé ce dont elle se souvenait de moi. Elle n'a pas su me répondre précisément. Elle m'a parlé de NOUS. Rien de ce qui m'était propre ne l'avait marqué. Et pour cause, nous n'existions qu'en temps que fratrie et je me dissolvais dans ce tout. Qui étais-je ? On ne m'a pas rejeté. On a négligé ce qui était vivant en moi et que j'exprimais par ma sensibilité, par mes actes (dessins étonnants, châteaux de sable grandioses et magnifiques, amour de la nature, goût pour la lecture, la poésie, etc.). Je n'existais pas en tant qu'Alain. Je ne pouvais être que ce que mes parents voulaient que je sois. Entre les parents et nous, il n'y avait guère de place pour les épanchements affectifs. J'ai fait le métier que mon père avait décidé pour moi et qui ne me convenait pas. J'ai passé ma vie entre résignation et refus, seul et hors la vie. Ce qui m'étonne le plus, c'est que je sois encore là.

 

L'expression qui résume le mieux ma vie c'est "non-existence! J'en suis arrivé à vivre à travers mes enfants.

 

"Direction de vie", "Agir essentiel" que de belles expressions. Depuis mars 1999 où j'ai décidé de rompre avec ma vie d'avant, je suis dans un no-man's land d'où je n'arrive pas à m'extirper et pourtant il le faut. Rien que ce "il le faut" me révulse. Je m'estime, j'aime qui je suis, j'ai confiance en moi. J'ai une vision assez précise de ce qui est important pour moi. Je n'arrive pas à me décider, à me motiver comme si le challenge était cette fois hors de portée. A moins que cela soit beaucoup plus simple. Ce que j'appellerais une soif d'expansion. Comme si je m'étais trop contenu, trop longtemps et que j'avais besoin de me laisser aller, de laisser mon ego s'exprimer tout son saoul avant de l'envoyer promener.

 

Si vous avez quelque chose à ajouter à mes derniers propos, ne vous en privez pas.

 

Très amicalement,

Alain (9 alpha !)

Alain Feuillet

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Fabien Chabreuil

Bonjour Alain et Dominique,

 

Dominique, je connaissais les liens entre types et couleurs cités dans le livre de Maria Beesing et al. D'où sort ce rapprochement ? Comment a-t-il été créé ? Validé ? A quoi et comment peut-il servir ? Il n'y a pas, à ma connaissance, de réponses à ces questions et je reste perplexe et dubitatif devant ces correspondances. (En tant que 7, ma couleur serait le vert. Ah bon ! Oui ? Pourquoi pas ? Bof ! Ce n'est pas en tout cas ma couleur préférée.)

 

Alain, bienvenue dans ton type. La phrase "L'expression qui résume le mieux ma vie c'est 'non-existence'." est effectivement l'expression la plus claire de la souffrance des 9. Il est très difficile de répondre à ton message, sinon en te disant la sympathie qu'il inspire. En te disant aussi que la souffrance du 9 comme celle de tous les types peut être soulagée par un travail psychologique et/ou spirituel et qu'avoir identifié ton type est la première et indispensable étape de cette libération.

Ce n'est bien évidement pas par des discussions sur ce panneau que ce travail peut être fait, mais ces discussions peuvent être des compléments utiles et tu es le bienvenu ici.

 

Très amicalement,

Fabien (7)

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Bonjour Fabien,

Je me permets d'insister parce que, comme tu le notes toi-même : "avoir identifié ton type est la première et indispensable étape de cette libération".

J'aimerais savoir si ce qui suit me confirme ou non comme 9 alpha ?

  • Comme salarié, la notion de "culture d'entreprise" n'avait aucune prise sur moi. Comme Chef de projet, je n'acceptais pas que l'on puisse faire l'impasse sur les facteurs humains (e.g. chez DEC, une ressource c'était tout aussi bien une imprimante qu'un technicien et était traitée de la même façon). Ce qui me révoltait. Mon attitude était inacceptable. Il est arrivé un moment où mon manager m'a menacé de ne plus me donner de projet. C'est-à-dire ne pas pouvoir atteindre les résultats attendus et donc d'être viré (management à l'américaine). Il était inacceptable pour moi d'être viré (situation d'échec, ou injustice, ou souffrance, ou mélange des 3 ?). J'ai donc anticipé en demandant un congé pour création d'entreprise en 1989. Ce que j'ai obtenu sans difficulté et j'ai alors commencé ma tournée européenne en gagnant beaucoup d'argent (que je dépensais tout aussi facilement). J'adore découvrir de nouveaux horizons et des cultures différentes. Je ne suis jamais redevenu salarié. J'ai été créateur d'entreprise une seconde fois en 1994. J'aime travailler en solo.
  • Le 9 veut à tout prix éviter les conflits. Alors que pour moi, ce n'est qu'une conséquence de ce que je veux éviter, c'est-à-dire la colère, ma propre colère d'abord et la colère des autres aussi. J'ai longtemps tremblé mais tenu bon (j'ai tenu jusqu'à 40 ans). Il y a eu un déclencheur : le rejet par ma femme. Son inflexibilité, le fait qu'elle me niait comme père, ses colères de 1, et ses piques terriblement blessantes, je trouvais cela injuste et insupportable. J'ai fini par craquer et j'ai fini par rentrer dans des rages violentes, et souvent en présence de mes enfants. Cela me faisait souffrir et c'était intolérable. J'avais aussi honte de moi. C'est pour en finir, pour le bien de mes enfants et afin de regagner leur amour que j'ai fini par quitter la maison. Avec mon amie actuelle qui assume totalement sa colère. Chaque fois qu'elle manifeste sa colère, il y a escalade. En général, elle vient exposer ses griefs (souvent liés au fait qu'elle ne se sent pas entendue) sur un ton sans agressivité et en employant "je" (ce que j'apprécie). L'escalade intervient au moment où elle se met en colère parce que je lui coupe la parole (c'est plus fort que moi, je ne peux pas la laisser dire "tu", ou bien je sens qu'elle est partie à ressasser pour la n-ième fois alors je coupe court, je n'ai pas la patience d'attendre la fin). Elle se sent rejetée, incomprise. Alors, elle exprime son ressenti par une colère authentique. Le ton monte, les invectives, les accusations pleuvent, aucun des deux ne veut céder, ça donne du poing sur la table (comme pour éviter de porter de vrais coups). J'ai mon doigt qui pointe vers elle. Cela ne l'effraie pas, elle me singe en rage. Et j'enrage encore plus. Je tremble de tout mon corps. Je suis hors de moi et je souffre. Je me sens comme pris dans une souricière. Je voudrais pouvoir fuir, ne plus être soumis à cela. Je suis conscient de l'absurdité de la situation et je m'en veux comme je lui en veux. Je ne veux pas cela, c'est pas moi cela. Mais disparaître, c'est impossible, et elle qui n'arrête pas de vociférer. Je me prends la tête. J'ai l'impression qu'elle va exploser. Je voudrais qu'elle se taise. Il me faut du temps pour m'apaiser.
  • Finalement, je me demande si ce que je cherche à éviter à tout prix ce n'est pas la souffrance engendrée par la colère. Ce qui me conduit à éviter les conflits.
  • Je suis quelqu'un d'impatient, est-ce un trait du 9 ?
  • L'image que j'ai de moi. C'est une question importante puisqu'elle est au centre de mes conflits à répétition avec mon amie, dans la mesure où celle-ci se sent niée et incomprise de moi, condamnant cette image que je lui renvoie (elle me dit imbu de moi-même). C'est ce que je disais moi-même du père. Alors me dire que je suis imbu, ça me reste au travers de la gorge. Certes, je suis content d'être moi. Pas de problème avec l'auto-satisfaction. Cependant, je n'en fait pas étalage. J'ai même tendance, sous un aspect humble, à cacher une fausse modestie. Est-ce que je ne me trouve pas assez important pour étaler mes talents devant les autres ? Je ne sais pas si c'est de cette ordre ou plutôt du genre "Je vaux plus que ça". La crainte de me sentir dévalué en m'exposant parmi ceux qui s'étalent avec ostentation alors que ce n'est que du verni. Est-ce que c'est cela l'authenticité ? C'est peut-être une façon de manifester ma différence. J'ai des talents, un savoir-faire, je m'apprécie, j'ai pas envie de galvauder mon image. Je ne me suis jamais senti le besoin de faire "mes preuves". Pour qui se prennent-ils ceux-là pour me demander de faire mes preuves ? Il est vrai que j'attends de l'autre qu'il me croit sur parole. Si je lui dis, je sais (vais) faire, moi je sais que je le ferai (je me donnerai les moyens et la providence m'aidera). A lui de me faire confiance.
  • J'aime bien jouer pour gagner et je suis bon perdant (enfin, quand les règles du jeu sont bien établies et qu'il y a un respect entre les personnes). Je déteste me faire avoir. Je suis très heureux lorsque je réussis des coups très subtils qui me rapporte beaucoup. Je préfère les jeux qui prennent du temps aux jeux rapides (stress).
  • Je préfère la qualité (je dirais même l'excellente qualité) à la quantité.
  • J'aime la compétition quand il y a respect des personnes et j'ai pratiqué beaucoup de sports dont certains à haut niveau comme le sprint, le saut en longueur, le football, le ping-pong. Je suis très physique et tiens difficilement en place.
  • Je me trouve un peu trop speed pour un 9. Un jour, que je faisais les courses sur le marché, je me suis retrouvé devant une marchande d'un certain âge, rondouillarde, qui m'a dit d'un ton goguenard : "Calmez-vous mon monsieur, vous avez tout le temps pour mourir". Je me suis trouvé stupide. Parce qu'au fond de moi, j'étais d'accord avec elle : pourquoi m'exciter ainsi ? Souvent, on trouve que je marche trop vite et que je ne suis pas assez cool.
  • J'ai si peu de contacts avec les autres (hormis, mes enfants, mon amie et ma mère par téléphone) que je ne peux guère juger de mes capacités interpersonnelles. Une chose est certaine, je déteste la foule, les foires et en général tous les grands rassemblements surtout que j'ai dû faire face à un conflit entre mes filles et mon amie, que je n'ai pas su négocier et qui a jeté un grand froid. Alors mes talents de conciliateur !
  • Je n'ai pas d'amis et j'en ai jamais eu.
  • Le 9 ignore ses besoins. Je n'ai pas la sensation d'ignorer les miens. Bien au contraire et j'ai plus tendance à ignorer ceux des autres. Ou alors, je ne comprends pas ce qu'on entend par besoins. Peux-tu m'éclairer ?
  • Le 9 évite l'introspection. Je passe un temps fou depuis plusieurs années à m'introspecter. J'ai fait un gros travail pour identifier mes valeurs et j'ai plutôt conscience de mes qualités. Qu'est-ce qui cloche ?
  • Le 9 a besoin d'une impulsion extérieure pour se lancer dans l'action. Mes principales entreprises et réussites je les ai décidées seul et souvent en désaccord avec mon environnement. Cela venait de l'intérieur. Je pense à ma villa dont j'ai été l'architecte, le maître d’œuvre et dont j'ai réalisé 50 % des travaux sans rien y connaître au départ. Je n'ai pas douté un instant de la réussite de mon projet. J'étais bien le seul avec ma fille de 4 ans. Sur Annecy, ma villa arborisée et clôturée m'est revenue en 1984 à 850 KF, je l'ai revendu 2500 KF en 1998. C'est le top. Un 3 n'aurait pas fait mieux. Idem, lorsque j'ai créé et animé un groupe de pratique théâtrale en 1988 (qui fonctionne toujours, d'ailleurs). Je suis parti de presque rien et seul. Idem, lorsque j'ai décidé de préparer un Mastère à 42 ans. C'est bien simple, je n'ai jamais eu personne pour me féliciter et, en compensation, je me félicitais moi-même en me faisant des présents (œuvres d'art, en particulier). Je crois que la capacité à agir, je l'ai déjà sans aller la chercher dans le 3. Idem, pour l'informatique. je voulais en finir avec mon métier d'analyste-programmeur (qui ne me convenait pas) sur un coup d'éclat. J'ai trouvé un client assez dingue, qui m'a donné un challenge : créer le premier progiciel de gestion complète de la taxe professionnelle pour les grandes sociétés. Je n'y connaissais rien et j'ai mené seul un projet qui aurait requis une équipe. J'étais en binôme avec un 3 qui assurait le marketing et la vente. J'ai vendu mon produit aux 150 plus grandes sociétés françaises. J'ai tout arrêté après cela.
  • Ma façon de mener un projet dénote une approche qui ne me semble pas 9 : par exemple, cela ne me pose aucun problème de démarrer un projet avec peu d'éléments, selon la méthode du prototypage rapide et de procéder par itérations successives, c'est innovant, c'est super-ludique, créatif et on peut voir rapidement des choses fonctionner, c'est motivant et ça rassure le management et le client et je ne me prends pas la tête. Je glane les infos nécessaires en fonction du besoin. Un 7 par exemple pourrait fort bien avoir la même approche.
  • Je n'ai pas la sensation de suivre le point de vue des autres. J'ai même tendance à exprimer mon point de vue comme étant la vérité (mon amie me le fait remarquer).
  • L'évitement de la souffrance existe bel et bien dans mon désir de rester en bonne santé et donc ne pas connaître les affres de la maladie ou de la vieillesse, la casse (un corps qui fonctionne bien qui ne vous joue pas des tours). Je ne supporte pas la vue des handicapés physiques et des gens qui souffrent (Mon père est mort d'un cancer. J'avais envie d'être près de lui et de lui remonter le moral et en même temps c'était une épreuve. Mon beau-père est décédé de la maladie d'Alzheimer et avec lui c'était la même chose). Il faut dire que l'idée même d'être un vieillard un jour m'est impossible, et cela va jusqu'à refuser de placer mon argent en ce sens, ça ne me concerne pas. Quant au mot "retraité", c'est un mot qui n'existe pas dans mon vocabulaire. "Penser à ses vieux jours." La ligne que je déteste le plus sur la feuille de paie, c'est la ligne de prélèvement pour la retraite. En tant que libéral, autant j'avais une très bonne mutuelle (que j'ai gardée malgré ma perte de revenus), autant je cotisais au minimum pour la retraite. J'ai souvent rêvé que le jour où ça ne fonctionnerait plus, j'arrêterais de vivre subitement : mort subite, indolore, instantanée, imprévisible.
  • Tout ce qui est beau, profond, esthétique, immense, m'émeut énormément, et je pleure de bonheur et je ressens mon manque, celui de l'âme-sœur avec laquelle partager mon bonheur, ma joie du moment. Cet autre que je cherche depuis mon enfance et que je ne trouve pas, qui me replonge dans le "spleen" et le désir de me réfugier sur mon rocher balayé par les flots loin du monde banal. Mon psy me dit que je suis quelqu'un de très sensible et qui n'a pas été reconnu dans sa sensibilité, dans son essence.
  • J'aime bien planifier, organiser, prévoir. Je suis plutôt du genre prévoyant. Par exemple, si je dois partir même pour une petite randonnée, mon sac à dos contiendra au minimum, un vêtement chaud, des allumettes, mon Laguiole, de l'eau, un coupe vent étanche à la pluie, une boussole, une carte, mon portable, une petite trousse de soin, une paire de lunettes, une petite lampe torche. Par exemple, ma montre qui est déjà très sophistiquée, n'a pas besoin de piles, l'écran est photosensible. Motivation : ne pas me compliquer la vie. Le postulat, c'est de me passer autant que possible des désagréments de la vie.
  • Le 9 aime la routine. Je me sens très mal à l'aise dans la routine et je ne risque pas de m'y enliser. Je dirai même (à la différence du 4) que je n'arrive même pas à utiliser mon originalité (qui est flagrante quand on vit chez moi) pour rendre acceptable une tâche trop routinière. J'aime la diversité. L'idéal, au niveau professionnel, est le travail à l'unité. J'adore l'excitation d'avoir une nouvelle chose à accomplir ou à découvrir. Je suis très flexible et je m'adapte facilement à des situations nouvelles (heureusement, car pendant plusieurs années j'ai parcouru l'Europe, de projet en projet).
  • Des procédures trop strictes me plongent dans l'ennui. Je cherche des manières plus amusantes de faire mon travail. La gaieté est essentielle pour moi et je supporte mal d'être en relation avec des gens tristes, trop sérieux ou négatifs.

Je dois reconnaître qu'alors que j'étais en train d'écrire ce message, de nombreux sujets ont été supprimés dès lors que je me posais la question de savoir ce que je cherchais à éviter (conflits) ou à assurer (confort, bien-être, paix, harmonie) ou manifestais la passion du type 9 (paresse).

Qu'est-ce qui fait que je ne peux pas continuer à me voir 7 (je pense au 7 mu qui s'intègre en 1) avec ses ailes ? Je me retrouve factuellement dans l'évitement (souffrance), la passion (gloutonnerie), le mécanisme de défense (rationalisation), le talent (joie de vivre) du 7. Je trouve qu'il y a un certain goût pour la paresse dans le 7, et puis il cherche à éviter les conflits. Mon amie me dit que je suis égocentrique comme mes filles.

Ou encore, alors que je me suis toujours refusé à me voir 6 (6 mu), pourquoi ne serais-je pas un 6 contre-phobique avec une aile 5 et une aile 7 ?

1, 3, 5, 6, 7, 8 et 9. Lien entre 7, 6, 1, 8 et 5. Confusion entre 3 et 7, et une certaine confusion entre le 7 et le 9, voire le 6.

Je voudrais savoir, hormis le 8, quels sont les types capables de pousser d'énormes colères en les trouvant justifiées et saines ?

Je suis désolé de faire long mais j'aimerais en finir avec cette recherche de mon type. Cela me prend un temps précieux et en même temps je suis certain que ça peut m'aider à avancer. On pourrait parler de narcotisation. Mais moi, je ne lâche pas quelque chose tant que je n'ai pas la solution, tant que je n'ai pas satisfaction.

Très amicalement,
Alain

Alain Feuillet

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Bonjour Alain,

Ton dernier message contient beaucoup d'éléments. Je vais laisser à Fabien le soin d'y répondre dans le détail. :happy:

Juste une question au passage : tu dis que tu cherches avant tout à éviter la colère. Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passerait si tu te mettais en colère ? (Il ne s'agit pas ici d'évoquer l'expérience négative de ton rapport à ton père, ni d'en rester au simple jugement moral. La question est : qu'est-ce qui se passerait pour toi ? En quoi cela te mettrait-il personnellement en danger ?)
Idem : Qu'est-ce qui se passerait si les autres se mettaient en colère ?

Je crois que le meilleur moyen d'avancer et d'aller toujours voir la peur qui est derrière la peur. (C'est une 6 qui parle !) :happy:

Fabien, en réponse à tes questions sur le livre de Maria Beesing et al. :
A première vue, le livre ne donne aucune source ni référence pour ces correspondances qu'il établit entre couleurs ou animaux symboliques et types de l'Ennéagramme.
Moi non plus, je n'éprouve pas d'affinité particulière avec la couleur associée à mon type (le beige).
J'ai été étonnée aussi par l'absence de correspondance avec la couleur bleue, pourtant très importante au niveau symbolique.

Ceci dit, l'importante corrélation entre les couleurs citées par Alain et les types dont il disait se sentir proche m'a fait penser qu'il y avait peut-être là plus qu'une coïncidence.
Le fait qu'Alain est soulevé cette question témoigne chez lui d'une sensibilité particulière à ce domaine symbolique. Et je ne pense pas que l'on puisse totalement rationaliser ce qui appartient à ce domaine.

Amicalement à tous les deux,
Dominique

Dominique – E6 mu

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

Alain, je t'avais dit "Bienvenue dans ton type" dans mon dernier message car tu avais signé ton propre texte du 6 juin du type 9, après ce qui semblait être une éclatante et définitive démonstration.

Ton message du 9 juin semble revenir au doute. Il me semble surtout revenir assez souvent au niveau des comportements, et donc en Ennéagramme de la confusion. En effet, la même motivation peut donner dans des contextes différents de comportements opposés.
Ou bien une motivation peut s'exercer de telle manière qu'elle semble contredire les idées habituelles sur le type. Par exemple, j'ai connu des 8 qui ne se mettaient jamais en colère parce qu'ils avaient un jour décidé que c'était un manque de contrôle et donc une faiblesse inadmissible. Pour rester sur les 9, j'en ai connus qui narcotisaient au travail ou d'autres aux stages de développement personnel et cela n'empêchait pas les mécanismes de bases du type d'être bien présents (même la paresse et l'oubli de soi dans ce dernier cas !).

Il me semble parfois que les contradictions entre tes différents textes peuvent parfois aller plus loin. Par exemple, si j'ai bien compris ton dernier message, il y a à la fois affirmation que tu souhaites profondément éviter ta colère et celle des autres et qu'en même temps, tu considères que "pousser d'énormes colères" est "justifié et sain".

J'ai donc l'impression que tout ceci doit être revu et clarifié. L'abondance de matériel rend souvent la détermination du type plus difficile. Je préfère généralement trouver le type sur les grands traits de caractère et ne le vérifier qu'ensuite sur les détails.

Dominique, je suis entièrement d'accord avec tes remarques. Il ne s'agit pas pour moi de rationaliser, mais simplement d'avoir des éléments pour analyser, vérifier, approfondir et appliquer. Gurdjieff (après et avant bien d'autres) disait à ses élèves que le Travail ne nécessitait pas de foi, que rien ne devait être accepté sans vérification, que la vérification est le premier principe du Travail. J'aime bien cette idée. Le tableau de correspondance types-couleurs du livre de Beesing at al. ne donne malheureusement aucun élément pour faire cela.

Très cordialement,
Fabien

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Bonjour Fabien et Dominique,

Entre le moment où j'ai posté mon dernier message et l'instant présent de ma lecture des réponses, il s'est passé un week-end de relecture de mes précédents messages et de réflexions. Ce matin, j'ai pris la décision d'envoyer un E-mail à Fabien pour supprimer mon dernier message (celui du 9 juin). Apparemment, je m'y suis pris trop tard.

Je ne suis guère satisfait de ce que j'ai pu écrire ici et là, dans mes divers messages. Presque tout est vrai. Cependant, j'ai la sensation désagréable d'avoir induit Fabien en erreur en me faisant passer pour ce que je ne suis pas vraiment dans cette involontaire et encombrante nécessité de me mentir à moi-même. J'en suis désolé.

J'avais préparé le message suivant en remplacement.

En 1989, à la mort de Dali, je suis allé en pèlerinage à Cadaqués. J'y ai retrouvé les couleurs et les décors de ses toiles que j'admire. Depuis quand est-ce que je voue une admiration pour ce grand Maître ? Je ne me souviens pas. Je connais tant de détails de sa propre vie et de sa relation tumultueuse avec Gala (que j'ai moi-même peinte) à laquelle il sera resté fidèle jusqu'à la mort. Je me sens si insignifiant face à lui. Pourtant, je me sens si proche de lui. Ma souffrance ce n'est pas tant de ne pas être lui que d'avoir un frère qui a réussi à concrétiser ce que j'ai seulement rêvé. Comme moi, mon frère cadet (un an d'écart) admirait Dali, nous étions tous deux très doués en dessin d'art. Nous étions des autodidactes comme Dali. Là, où je passais des heures à reproduire, avec un soin maniaque, au crayon et au fusain, des oeuvres des maîtres italiens de la Renaissance, à respecter les règles techniques du dessin, mon frère s'adonnait au cubisme et peignait. A 12 ans, je reproduisais en nuances de gris l'Odalisque couchée d'Ingres et lui peignait Les Demoiselles d'Avignon de Picasso. Lui il peignait, moi je dessinais. Les seules fois où j'ai peint, c'est dans un cadre scolaire et alors j'ai su que je savais très bien peindre. J'ai fait l'admiration de mes professeurs de dessin. Mon frère et moi avons toujours été 1iés en cette matière.

Si j'insiste tant sur la peinture et donc la couleur, c'est que mon monde en est dépourvu. Depuis 25 ans je transporte avec moi mon matériel de peintre et mes nombreux ouvrages sur la peinture, sans jamais avoir franchi le pas. Il y a un blocage en moi. Il y a deux ans, j'ai commencé un tableau de Gauguin en vu de l'offrir à ma sœur. Il est toujours sur son chevalet. Le dessin au fusain est prêt depuis longtemps, mais je n'arrive pas à le mettre en couleur. Je viens de finir une grande céramique en forme de mosaïque et qui est une copie d'un tableau célèbre de Gauguin (encore lui). Depuis que je l'ai ramené chez moi, je n'arrive pas à me faire à toutes ces couleurs. C'est trop violent. Cela me dérange. C'est comme un corps étranger. En le regardant, et quand bien même ceux qui viennent à passer trouvent ce travail superbe, je ne peux me résoudre à croire que c'est moi qui ait pu réaliser cela. C'est trop gai, trop vivant, trop lumineux. Et puis, c'est ma première vraie réalisation artistique et j'ai 50 ans.

Moi qui me sent hors la vie, si je parle de mon frère, c'est qu'il me faut bien finir par m'avouer que je l'envie. Que j'envie sa vie. Comme Dali, il a croisé sur sa route une Gala, une 3, qui a su déceler en lui l'artiste de talent. Qui l'a attelé à la tâche. Qui a été son coach, son agent, son inspiratrice, son gestionnaire. Alors qu'il n'était qu'un simple vendeur d'extincteurs, cette femme l'a entraîné dans une aventure dont il est sorti transfiguré et le peintre et sculpteur qu'il est aujourd'hui dont les toiles se vendent plus de 30 000 F le m2 à Bogota, Paris ou Tokyo.

Moi, je me vis comme un raté face à lui. Je ne suis même plus rien depuis que j'ai arrêté ce foutu métier. Je ne suis plus qu'un sinistre radoteur qui traîne son spleen partout où il va. Alors que j'en avais le talent, j'ai rêvé d'être artiste au lieu de le vivre. Capable de réussir même là où je ne voulais pas aller, j'ai mené une vie d'informaticien aux cotés d'une femme qui m'a plus souvent enfoncé qu'aidé à m'épanouir. Pour finir par divorcer et retourner à la case départ. J'ai l'impression de n'être jamais sorti de cette noire désolation dans laquelle m'a plongé un jour la décision de mon père. Si seulement j'avais rencontré une Gala ! C'était pas forcément un cadeau, mais elle a fait du petit Dali, DALI.

Attiré par tout ce qui est empreint d'énergie de vie et pour conjurer le sort, je m'invente un profil de 7 joyeux et optimiste. Je sais bien faire illusion. Il y a un tel feu de vie en moi. Robin Williams comme mes filles, c'est mon rayon de soleil. C'est ce qui m'aide à croire que la joie de vivre est de ce monde. La joie de vivre c'est mon aspiration la plus profonde. C'est la couleur! Jamais. Le pire c'est que j'arrive à m'en convaincre et à faire croire à mon amie que je suis heureux de vivre seul dans mon refuge. C'est vrai que j'ai besoin d'être seul pour penser, écrire, imaginer, travailler. Mais j'ai besoin de vivre près de celle que j'aime et en même temps cela m'effraie de peur d'y laisser une part de cette liberté à laquelle je tiens tant.

Je souffre. Je souffre en silence et je pleure quand je suis seul ou dans les salles obscures. Je suis marqué par mon éducation où la faiblesse et les épanchements émotifs n'avaient pas leur place. Pourtant, j'ai beau chercher à les dissimuler, mes émotions se manifestent à la moindre occasion et par elles je me sens exister. Avec quelle intensité ai-je vécu ces grandes liesses populaires que furent la chute du mur de Berlin, la coupe du monde ou la fin de l'apartheid ou quelle n'est pas ma détresse face à cette Afrique qui se meure. De même que tout ce qui est beau, profond, esthétique, immense m'émeut énormément et je pleure de bonheur et je ressens mon manque, celui de l'âme soeur avec laquelle partager mon bonheur, ma joie du moment. Mon psy me dit que je suis quelqu'un de très sensible et qui n'a pas été reconnu dans sa sensibilité, dans son essence. Je ne suis pas paresseux mais parfois je sombre dans une profonde langueur, une tristesse douce et rêveuse que je me plais à entretenir par des musiques planantes de Kitaro ou Bernhardt, par exemple.

Dans "Les 9 visages de l'âme", la citation de Dostoïevski "Le monde sera un jour sauvé par la beauté !", tout mon être le proclame à l'unisson. Cette vision perfectionniste du "beau", je me demande si elle n'explique pas en partie mon ressenti face à ma propre colère et à celle des autres. Depuis toujours, la colère m'est inacceptable dans le sens qu'elle est moche, qu'elle enlaidit, qu'elle est horrible.

Ce que j'essaie d'éviter à tout prix c'est la trivialité, le conventionnel. L'obligation d'être comme les autres est pour moi insupportable. Il y a là un enfermement égocentrique dont j'essaie de m'extirper en me confrontant à mon amie qui ne manque pas de pointer cet aspect de moi qu'elle juge méprisant à l'égard d'autrui.

Voilà, j'essaie de donner un éclairage mieux ajusté de qui je suis. Ce n'est pas facile de m'y retrouver dans cet imbroglio qu'est ma vie.

En ce qui concernait ma question Je voudrais savoir, hormis le 8, quels sont les types capables de pousser d'énormes colères en les trouvant justifiées et éventuellement saines ?: en fait, je ne voulais pas parler de moi, mais de mon amie dont je me demande quel est son type (elle se dit 1, mais après lecture de ce forum de discussion, j'en doute fort). Pour ma part, je suis encore loin d'accepter la colère comme quelque chose de sain.

Dominique, les couleurs que j'évoque sont en fait celles dont je souhaite parer mon intérieur (actuellement neuf et blanc). J'ai oublié le bleu lavande et les ocres que j'aime beaucoup. Pour moi, ces couleurs évoquent la lumière, la nature ensoleillée. Enfin, cette joie de vivre à laquelle j'aspire et que je visualise comme un paysage de Provence.

Pour en revenir à l'évitement de la colère. Je prends conscience que j'ai beaucoup de violence en moi. Je la sens parfois à fleur de peau. Il m'arrive même, face à des scènes qui me révulsent (infanticide, viol, bagarres de rue, etc.), de me sentir partir me battre. C'est physique. Je me sens en train d'amorcer un geste de frappe. Cela m'est même arrivé de perdre l'équilibre et d'espérer ne pas avoir été vu ainsi. Je me demande dans quelle mesure j'ai peur de lever le couvercle et découvrir que je suis comme mon père en ce qu'il a de pire (ombre du 8). Peur d'être débordé par la violence qui couve en moi depuis mon enfance ! Seul et incompris. Pas entendu, pas reconnu ni accepté dans ma spécificité, ma différence et pour finir, ce trou noir que fut la décision abrupte de mon père de faire de moi un technicien, au moment même où tous les espoirs m'étaient permis tant j'avais des résultats excellents et la tête pleine de projets !

Très amicalement,
Alain

Alain Feuillet

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Fabien Chabreuil

Bonjour Alain,

Je ne sais pas réellement quoi te dire. Voilà un beau portrait de 4, après un beau portrait de 9, après des incursions vers le 5 et le 7 qui pourtant ne sont pas amateurs d'une vie émotionnelle agitée (Dans ton message du 31 mai, aucun type émotionnel n'était retenu dans ton analyse !).

À distance, ainsi, je ne peux guère faire le tri : lequel de tes messages doit être pris en compte ? Je pense qu'à ce stade la meilleure piste est que tu analyses les motivations qui sont derrière ces volte-face.
Tu peux aussi t'interroger sur les raisons qui te poussent à adapter la réalité : dans ton dernier texte, tu dis à propos de tes précédents messages que "presque tout est vrai" ; dans ce même envoi, tu dis à Dominique "Les couleurs que j'évoque sont en fait celles dont je souhaite parer mon intérieur.", après avoir écrit "Est-ce que mes couleurs préférées dont je vis entouré (…) sont un indice fiable pour aider à découvrir mon type ?"
Je suis certain que derrière tout ceci il y a les mécanismes de base de ton type.

Très cordialement,
Fabien

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Bonjour Fabien,

Bien évidemment ta réponse ne me surprend pas. Je souhaite prendre le temps de la réflexion avant d'apporter une tentative de réponse aux questions que tu poses.

Il y a malgré tout un point qui me chagrine relativement à ma compréhension de l'ennéagramme depuis que j'ai abordé ce forum et sur lequel j'aimerais que tu m'éclaires.

Supposons que je sois un 9. Il est admis que le type est inné. En conséquence de quoi, j'admets fort bien que les traits de la vrai personnalité qui sont le talent (acceptation inconditionnelle, conciliation) et la vertu (activité, efficacité) soient innés.

Là où ça se corse, c'est sur les traits de la fausse personnalité (ego) qui est une réponse en réaction à l'environnement. Les mécanismes de l'ego (stratégies comportementales) sont acquis.

Alors comment peut-on présumer une fois pour toute de ce que sera cette fausse personnalité ?

Dire dans le cas d'un 9 que, quel que soit l'environnement physico-socio-culturel, il cherchera à éviter les conflits et que les traits de la fausse personnalité seront :

  • fierté : je suis calme et facile à vivre,
  • passion : la paresse,
  • fixation : le non-respect de soi,
  • mécanisme de défense : l'anesthésie et l'entêtement.

Tout cela va à l'encontre de la notion d'acquis.

Je crains de ne pas me faire comprendre.

Je n'ai aucun problème avec l'acquisition des mécanismes de l'ego, et que ce dernier constitue une carapace dont j'ai à me défaire. Cependant, si je manifeste des signes de paresse quel que soit l'environnement dans lequel je baigne, alors ceci appartient à l'inné et dans ce cas, je ne vois pas en quoi ça peut appartenir à une fausse personnalité, laquelle par définition est acquise. Par voie de conséquence, en tant que 9, je ne vois pas en quoi la paresse serait une chose dont je devrais me défaire. Cela est dans ma nature comme il est dans la nature du 6 d'être lâche. C'est ni bien ni mal.

Pire encore. S'il est dans ma nature d'être paresseux et que je sois très tôt confronté à un environnement où cela est impossible à vivre, je vais me conformer à ce qu'on attend de moi et développer sans doute une croyance comme quoi la paresse, ce n'est pas bon pour être aimé. N'est-ce pas là la fausse personnalité acquise ? Être devenu un 9 dénaturé. Qui suis-je ? En tout cas pas un paresseux, c'est inacceptable à mes yeux. Pouvoir me vivre comme 9 sera reprendre contact avec ma vraie nature et pouvoir enfin me vivre paresseux, dans l'oubli de soi, etc. Étape préalable à une croissance me permettant de vivre mon talent et ma vertu.

Et si notre fœtus 9 se retrouve dans un environnement sans aucun conflit, super lisse, doré, super cool, comment va-t-il se comporter ? Il ne sera pas paresseux, il se respectera, sera efficace et actif ! Pour ma part, je pense qu'il sera heureux et pourra vivre en toute quiétude, paresse, oubli de soi, etc. Ce qui fait de lui un 9 sain.

Voilà ! Je dis peut-être des stupidités, mais j'assume : on apprend de nos erreurs.

Amicalement,
Alain

Alain Feuillet

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Fabien Chabreuil

Bonjour Alain,

Dans notre stage Bases, Patricia utilise la métaphore suivante. On peut imaginer l'orientation (le talent) d'un type comme une sorte d'axe toujours présent et notre personnalité comme une sorte d'ascenseur montant ou descendant cet axe quand nous nous intégrons ou nous désintégrons.

Les "stratégies comportementales" de l'ego sont donc bien des réactions à l'environnement, mais elles ne peuvent pas se produire totalement au hasard, seulement dans les limites imposées par l'axe de l'orientation.

Les mécanismes de l'ego (compulsion, passion, fixation, mécanisme de défense) sont bien potentiellement dans notre nature.

Les soufis racontent une histoire :

Un scorpion voulait traverser une rivière et demanda à une grenouille de le prendre sur son dos et de l'amener sur l'autre rive.
- "Je ne veux pas, dit la grenouille. Tu vas me piquer avec ton dard."
- "Je ne le ferai pas, répondit le scorpion. Ce serait idiot. Tu coulerais et nous mourrions tous les deux."
La grenouille se laissa convaincre, pris le scorpion sur son dos et commença à traverser la rivière. Alors qu'ils étaient au milieu de l'eau, soudain, le scorpion dressa sa queue et piqua la grenouille.
- "Pourquoi ? Pourquoi as-tu fais ça malgré ta promesse ?", demanda la grenouille.
- "Piquer est dans ma nature, je n'ai pas pu m'en empêcher", répondit le scorpion alors que les deux animaux s'abîmaient dans l'eau.

*-*-*

La paresse du 9 n'est pas une paresse à faire, c'est avant tout une paresse à être.
En passant, la fixation du 9 est l'oubli de soi et son mécanisme de défense est la narcotisation.
 

*-*-*

La passion du 6 est la peur. En aucun cas, cela n'implique forcément de la "lâcheté". Lis les interventions des 6 sur ce panneau de messages. J'y vois tant de courage.

Très cordialement,
Fabien

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Bonjour Fabien,

Merci pour ta réponse. Je n'ai rien à ajouter pour l'instant par rapport à ce que tu m'écris. La métaphore sur l'axe d'orientation d'un type me satisfait et j'apprécie ta petite histoire soufie.

Je voudrais profiter de ce message pour évoquer l'émission Recto-Verso (parcours illustré de la vie d'un artiste), sur Paris Première, que j'ai regardée récemment. Sur cette même chaîne, j'enregistre depuis assez longtemps les interviews de l'Actor's Studio qui sont le pendant U.S. de Recto-Verso. Je trouve passionnant tous ces itinéraires, parfois très chaotiques, mais, qui ont en commun quelque chose qui est très bien exprimée dans cette citation de Paulo Coelho : "Quand tu veux vraiment quelque chose, tout l'univers conspire à faire en sorte que tu parviennes à l'obtenir." Je ne crois pas vraiment au hasard. Je vois combien j'ai construit moi-même cette marginalisation dans laquelle je vis aujourd'hui et dont je souffre.

Ainsi donc, j'ai récemment vu l'interview de Jacques Villeret à Recto-Verso. Interview que j'ai suivi avec un très vif intérêt, vu que c'est un 9 authentique. Qui plus est, il a exactement mon âge, est d'origine modeste comme moi et originaire du même département (je suis d'Amboise et lui de Loches situé à 30 km).

Contrairement à d'autres, cet interview était un doux endormissement, plein d'humanité. A plusieurs reprises Paul Amar a dû titiller Villeret pour le faire réagir un peu. On ne peut que partager l'avis de ses nombreux amis (Nathalie Baye, Alain Dussollier, etc.) qui parlent de lui comme d'un compagnon gentil, plaisant et facile à vivre, qui ne se plaint jamais, dont la seule présence est apaisante et confortable. Vu l'état de fatigue extrême dans lequel il se trouvait au moment de l'interview et vue la façon qu'il a de s'immerger dans son travail, je me demande s'il ne "narcotise" pas au travail. De plus, quand je compare mes photos d'enfant aux siennes, quand je compare sa scolarité à la mienne, quand je compare ce que disent ces parents de lui, quand je vois comment il a tracé sa route sans jamais en dévier, quand je vois la qualité de ses relations interpersonnelles, quand je le vois assis là, la manière qu'il a de tarder à répondre, sa façon de s'exprimer d'une voix calme et peu modulée, avec peu de gestes, la manière qu'il a de regarder le film de sa vie qui se déroule sous ses yeux, de côté, la tête en arrière, le regard réservé, sceptique, méfiant ou un peu effrayé, non, vraiment je ne me retrouve pas dans un tel profil. Certes, je peux être (et je suis souvent) un compagnon plaisant, apaisant, gentil, facile à vivre, confortable. Je suis souvent très humain. Cependant, la comparaison s'arrête là.

Quand j'ai dit à mon amie, qu'à travers ce que j'avais écrit dans cette discussion, tu me voyais plutôt 9, elle s'est esclaffée : "Toi un 9, tu veux rire !". Je lui ai dit que j'étais totalement responsable de cette probable méprise. Pourquoi me donner tant de "mal" (consciemment et inconsciemment) à tout embrouiller ? Comme si mes motivations premières devaient rester cachées à moi-même et aux autres. En ai-je honte ? Sont-elles à ce point inacceptables que les partager serait donner une image de moi peu flatteuse et bien loin, sans doute, de celle que je tente de faire accepter depuis longtemps ?!

Je m'aime, j'ai une vision mal ajustée de moi-même et je manque de confiance en moi. Je sais que j'ai pas mal d'amour-propre et que l'orgueil tient bien sa place en moi.

Ma difficulté à accepter de me reconnaître dans un type, ne serait-ce pas le refus de me laisser enfermer dans un type ressenti comme réducteur ? De même que je me sens au dessus des lois, ne me sens-je pas au dessus d'un typage quelconque ? Est-ce que je souffre de n'être que moi-même ?

Malgré cette confusion apparente, j'ai la conviction d'être un 5 ou un 7. Ce qui me pose problème c'est d'une part un manque de compréhension et d'autre part l'idée selon laquelle on doit se sentir mal quand on découvre son type. Je fais en sorte de me découvrir dans un autre type susceptible de me laisser un goût amer, preuve que c'est bien mon type. Alors, j'expérimente le 9, le 4. Mais, finalement, ça ne tient pas la route.

Je me sens vraiment très 7 et en même temps, ce qu'on décrit de lui est si "extrême", si dingue, que je n'arrive pas à m'y voir. Pourtant, je suis certain d'être un authentique épicurien. De même que j'ai énormément de ressemblance avec le 5 et malgré tout, il lui manque cette dimension épicurienne qui me caractérise. Existe-t-il un 5 épicurien ?

Si je me suis vu depuis longtemps en 5, c'est aussi à cause des ailes 4 et 6. Car j'ai la sensation de plonger mes racines dans chacun de ces types et puis le 7 est en relation avec le 5. Quand au 8 (mon père) intégration du 5, il est ce à quoi je ne veux pas ressembler. Le 2 est l'intégration du 8 et ce sont justement les vertus du 2 (humilité, amour de l'autre et don de soi) qui me semblent les plus inaccessibles. Pour moi un 4, c'est comme mon amie (ses colères parfois hystériques, sa déprime continuelle, ses propos suicidaires, ses ruisseaux de larmes, ses plaintes, sa capacité à être d'emblée dans les émotions). Cela ne peut donc pas être moi.

Évidemment, je peux dire aussi qu'en étant 7, je peux avoir une aile 6 contre-phobique (l'aile inférieure 6, étant ce que ma mère m'a "léguée") et une aile 8 (mon père) que je me refuse à accepter mais qui est là (part d'ombre). Le 5 a un sens pour le 7 et au tout début de mon travail sur l'ennéagramme, je me suis vu en 1. Ce qui m'ennuie dans cette configuration, c'est l'absence du 4, alors que je me retrouve beaucoup en 4. Quant aux vertus les plus inaccessibles pour moi, je persiste à croire que ce sont celles du 2 plutôt que celles du 1 (patience, sérénité, rigueur, idéaux élevés).

Au sujet de mon style de communication tant parlé qu'écrit, je souhaite préciser que j'ai eu une scolarité assez difficile liée à de nombreux déménagements. Par ailleurs, mes parents ont OUBLIE de m'inscrire en sixième (je n'ai découvert la lettre que lors d'une visite chez ma mère, il y a quelques années. Ce fut une grande souffrance que je porte encore). J'ai malgré tout réussi le concours d'entrée en quatrième d'accueil et ces deux années de collège furent les plus riches années de ma vie. Ce qui s'ensuivit (la décision de mon père de faire de moi un technicien) me renvoya à la case départ et je dois à mon instinct de conservation et à mon ex-femme de m'avoir incité (amour-propre blessé) à remonter la pente. J'ai beaucoup de qualités pour être acteur ou écrivain, mais ma difficulté à m'exprimer, oralement et par écrit, est un grand handicap et blesse mon "estime de soi".

Ces deux années de collège en internat, ce furent deux années où j'ai découvert ma joie d'apprendre et où j'ai vécu de multiples expériences : sports, théâtre, musique, poésie, etc. J'étais le meilleur en mathématiques (mon professeur me donnait des problèmes de préparation au concours de l'E.N. parce que les autres problèmes étaient trop facile pour moi), j'étais aussi (et depuis toujours) le premier en dessin d'art. En deux ans, non seulement j'avais comblé mon retard, mais j'étais déjà parti très loin, me passionnant pour l'astronomie, la physique quantique, la biologie, l'histoire antique, les grands navigateurs, etc. Étant interne, dans un établissement qui allait jusqu'à la terminale, je lisais quantité de livres très compliqués et beaucoup de biographies : Einstein, Curie, Conrad Lorenz, Von Braun, Darwin, Charcot, Oppenheimer, Cook, etc. Je rêvais de devenir comme eux. A cette époque, j'étais surtout impressionné par le cosmos et les fusées à propulsion nucléaire qui n'existaient pas encore (et toujours pas) et je voulais devenir chercheur dans ce domaine. Un camarade de classe, dont le père était ingénieur, m'avait donné l'occasion de visiter la centrale nucléaire de Saint-Laurent des Eaux alors en construction. Puis, le couperet est tombé, brutal et aveugle. Mon père est venu en fin de troisième voir le principal pour savoir si j'étais capable d'entrer dans le technique pour faire de l'électronique (dans sa tête de chaudronnier ayant passé sa vie à trimer dur pour gagner pas grand chose, c'était le nec plus ultra, c'était le métier en or, le métier de l'avenir comme il disait). Pour moi se fut la catastrophe. Tous mes rêves qui s'écroulaient. A l'époque, allaient dans le technique ceux qui l'avaient choisi et ceux qui ne pouvaient pas faire autre chose. C'était la pire des choses qui pouvaient m'arriver alors que j'étais admis en C. Toute ma vie d'adulte jusqu'aujourd'hui est marquée du sceau de cette disgrâce.

Tout ce que je vis depuis cette date fatidique relève essentiellement de l'instinct de conservation. Je dois avoir un noyau très solide en moi pour avoir réussi à survivre jusqu'à maintenant. J'ai réussi à trouver des raisons de vivre. Avec le divorce, la réalité m'est revenue à la figure. Je n'avais plus qu'une hâte : en finir avec cette vie professionnelle. Mais l'instinct de conservation veillait et j'ai tenu six ans encore. Puis, un capital en poche, j'ai arrêté, exténué.

Depuis, je végète, tentant d'y voir clair, de comprendre qui je suis, de reprendre goût à la vie. Et le temps passe et le temps des soucis financiers pointe son nez à l'horizon et l'instinct de conservation commence à me titiller. Mais je ne suis pas prêt. Mes 50 ans, toutes ces années à jamais perdues, pèsent très lourd, très lourd. J'ai beau avoir devant moi cette citation de Julia Cameron :
"Mais savez-vous quel âge j'aurai quand je saurai vraiment jouer du piano/jouer/peindre/écrire une pièce de théâtre décente ?"
"Oui… Vous aurez le même âge qui si vous ne le faites pas. Donc, commencez."

Franchir le pas m'est terriblement difficile. Comment ne pas croire que ma vie est à jamais derrière moi ?

Très amicalement,
Alain

Alain Feuillet

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Bonjour Alain,

Je crois que se retourner sur sa vie avec le sentiment de ne pas en avoir fait ce que l'on aurait souhaité est une des choses les plus terriblement douloureuses qui soit.

C'est vrai qu'à 50 ans, l'espérance de vie n'est pas la même qu'à 20, 30 ou 40 ans. C'est incontournable. Il y a forcement des deuils à faire.
Impossible de revivre l'enfance qu'on aurait aimé avoir. Impossible de revenir sur les choix de l'âge adulte. Mais il est toujours possible de faire de nouveaux choix.

Compte tenu du poids du passé, faire le choix d'un nouveau chemin de vie à l'âge mûr est difficile, cela demande encore plus de courage, de lucidité.
La tentation est forte de rester bloqué dans un constat d'échec, de ruminer sans fin son amertume et ses désirs inassouvis.
Comme on peut s'enfermer sans fin dans la douleur de la perte d'un être cher.

Mais la vie reste là, ouverte.

Imagine-toi dans 30 ou 40 ans, sous les traits d'un vieux monsieur de 80 ou 90 ans, se tournant sur son passé et repensant à ses 50 ans, à ce tournant de la vie où il a réalisé que son avenir était entre ses mains. Pose-toi alors la question : quels choix ai-je fait à ce moment là ? Comment ma vie en a-t-elle été marquée pendant les 30 ou 40 ans que je viens de vivre ? Et comment aurait-elle évolué si j'avais fait des choix différents ?

Amicalement,
Dominique

Dominique – E6 mu

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Fabien Chabreuil

Bonjour Alain,

Je suis bien évidemment entièrement d'accord avec le message à la fois humain et pertinent de Dominique.

Quant à ton type… Tu viens de nous rajouter un portrait de 7 à la série ! Il devient difficile de s'orienter dans l'immense (vingt-cinq pages !) série de contradictions que constitue cette discussion. Tu peux malgré tout l'imprimer, rayer tout ce qui fait référence à l'Ennéagramme, rayer tout ce qui est inexact et faire une synthèse (une demi-page maximum) de ce qui reste.

Comme je le disais dans mon message du 14 juin auquel tu n'as pas répondu, il me semble que le mieux serait aujourd'hui d'analyser la forme. Pourquoi n'y as-tu pas répondu ? Pourquoi ces contradictions ? Pourquoi ces messages interminables ? Pourquoi ces approximations volontaires ? Etc.
Si tu as envie de travailler dans cette direction, force-toi à faire des messages courts, ne fais aucune référence à l'Ennéagramme et ne cite aucun comportement sans fournir une (je répète "une") motivation.

Très cordialement,
Fabien

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Bonjour Dominique, bonjour Fabien,

Je ne peux résister à l'envie de répondre à Dominique. Auparavant, je voudrais te dire Fabien combien je suis désolé pour toute cette "littérature" que j'ai déversé sur ton site sans pour autant faire avancer les choses. Je n'ai pas oublié ton message du 14 juin et je travaille justement à analyser mes messages et extraire ce qu'il y a d'ajusté dans ceux qui ont précédé celui du 12 juin. Je souhaite faire une synthèse de tous mes messages jusqu'à cette date et la coller à la place. Crois-moi, je fais l'effort d'aller au delà des comportements.

Ce que je peux dire pour le moment c'est qu'entre mon premier message et le dernier, j'ai cherché à me rapprocher le plus possible de ce que je me sens être vraiment. J'en ai sans doute rajouté un peu dans le message du 12 juin (mon coté "cabotin" comme disait la graphologue, à laquelle j'avais commandé en 1994 une étude approfondie), mais globalement il est juste. Quant à mon dernier message, je ne vois à rien changer.
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Oui! Dominique, il y a forcément des deuils à faire. Les "renoncements nécessaires" pour devenir adulte comme dit Judith Viorst. J'ai l'impression que ma vie n'est qu'une succession de renoncements. Depuis celui de pratiquer les sports que j'aimais, à cause de mes lunettes (je ne supporte pas les verres de contact), à celui d'être le père que je ne peux plus être et que je suis. Renoncement à mes plus belles années d'homme, en restant fidèle à un idéal familial, près d'une femme qui ne m'aimait pas. Renoncement à mes projets de reconversion toujours par fidélité à mon idéal familial. Etc.

Entre ce qui met en jeu mon propre comportement, ce qui met en jeu exclusivement le comportement d'autrui et ce contre quoi je ne peux rien comme ma myopie, mon passé d'enfant ou mon obéissance au père, je fais une distinction.

Par rapport à ma vie d'adulte, je ne me suis pas posé en victime. Je ne me suis pas laissé guidé, manipulé. J'ai été vigilant à préserver mon indépendance, conscient de ce qu'on attendait ou non de moi. Par exemple, quand mon ex-femme m'envoyait des pics concernant ma graphie, mon orthographe ou mon langage, cela blessait mon amour-propre, je lui en voulais mais je m'en voulais encore plus et cela me boostait pour m'améliorer. Je prenais des cours au CNED, etc. Idem, dans la vie professionnelle, où je supportais assez mal de me sentir dévalorisé dans mon image.

Confronté à une situation où ma responsabilité était en jeu, je ne la subissais pas. Si au nom d'un idéal, je me suis sacrifié pour ma famille, c'est en étant tout à fait conscient de ce à quoi je renonçais. C'est aussi, avec naïveté que je pensais que cela ne durerait qu'un temps et que nous pourrions tous ensemble, à nouveau, profiter de la vie.

Les choses se compliquent lorsqu'elles touchent à mon passé d'enfant, à l'obéissance au père ou à ma vue. Là, le renoncement n'existe pas. C'est la frustration, l'amertume, la colère qui domine. Je ne suis pas responsable. Je suis victime. Je ne peux pas pardonner à mes parents, ni d'avoir trop tardé à corriger ma vue, ni leurs erreurs d'orientation, ni cette vie chaotique dont j'ai souffert, ni leurs carences affectives. Pour moi, ce sont des parents "toxiques".

Cette confiance dans la vie, cette bonne humeur, cette gaieté, cet humour, cet autosatisfaction, que j'affiche et je ne comprends pas que cela ne m'aide pas à accepter ce contre quoi je ne peux rien. "Apprendre à vivre avec", c'est si difficile quand le vécu, à tout moment, ne manque pas de me rappeler à la réalité.

Ah! Des idées, je n'en manque pas. Seul bémol, ça ne risque pas de m'assurer le quotidien avant perpette. C'est bien là, mon véritable défit. Récemment un magazine de management titrait : "L'informatique, le meilleur tremplin de votre carrière… à condition d'en sortir". J'ajouterais "à temps". J'ai fait l'erreur de ne pas m'arrêter à temps. Pourquoi ? Par culpabilité. Pour coller à l'image, que j'avais de moi-même (père responsable et aimant), que je voulais paraître aux yeux de mes enfants. Certains diront que c'est remarquable. Je n'en suis pas convaincu. Mes filles font leur vie de leur côté et moi, je me retrouve sur le bord du chemin, en rase campagne, la veste sur l'épaule et la valise à la main.

Évidemment, comme me dit le jeune de l'ANPE qui me reçoit : "Vous pourriez faire un boulot alimentaire en attendant". Déjà le mot "boulot" n'a rien d'attractif et en attendant quoi ? Un miracle ! Que l'état "providence" me paie (hébergement compris) une formation sur deux ou trois ans dans les arts décoratifs, l'architecture paysagère ou l'informatique musicale. J'accepte immédiatement. Malheureusement, ça ne fonctionne pas comme ça pour les mecs de mon âge. "Apprendre à vivre avec" et après ? Je veux dire par là qu'il y a le sacro-saint "principe de réalité" qui veut qu'à partir d'un certain âge, il n'y a plus qu'à attendre cette sinistre "retraite". Quel pied ! Fichtre ! C'est pas l'envie d'agir, ni les projets qui me manquent.

À titre anecdotique, les recrutements dans l'administration, les eaux et forêts, etc. plafonnent à 41 ans. L'UCPA n'accepte plus de participants après 45 ans, c'est trop risqué (sauf pour jouer aux boules !).

Oui! Il y a bien que l'humour qui peut me sauver. J'aimerais dire les femmes…!

Quant à me voir sous les traits d'un "vieux monsieur de 80 ou 90 ans", je trouve ça très drôle. "Eh ! Pépé, tu nous fais un boogie-woogie au piano !" (facile quand on sucre les fraises.)

Mais, j'te crois : tant qu'ya d'la vie, ya dl'espoir. :happy:

Et puis, parler d'âge canonique (pour moi, 90 ans est un âge canonique) m'évoque instantanément la chanson de Brel que j'adore "À mon dernier repas".

Très amicalement,
Alain

Alain Feuillet

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Bonjour Alain, Fabien (et les autres),

J'ai souri à l'évocation du pépé sucrant les fraises en train d'interpréter un boogie-woogie.
C'est une image joliment surréaliste.
(Quoiqu'il y ait des papys de 90 ans encore bien verts ! :happy: Et Dieu sait ce que nous réservent les papys des prochaines générations… :happy: )

Tu as raison d'évoquer la chanson de Brel.
C'est bien de cela qu'il s'agit au bout du compte. Se confronter à l'image de sa propre mort pour savoir quel sens on veut donner à sa vie.

Amicalement,
Dominique

Dominique – E6 mu

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