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François Mitterrand


Wallace

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Dans L'Express de cette semaine (N° 2601 du 10 mai 2001), il y a à partir de la page 120 un dossier intitulé "La facture des grands travaux". J'ai relevé ces deux phrases :

  • Il faut dire que ce dernier (François Mitterrand) avait annoncé la couleur, dès 1975, dans son livre La Paille et le grain : "Dans toute ville, je me sens empereur ou architecte. Je tranche, je décide et j'arbitre."
  • Pour mettre en œuvre ce programme, on s'assoit sur les règles administratives : création d'une structure ad hoc, d'une mission interministérielle et même d'un secrétariat d'État aux Grands Travaux à partir de 1988 ; multiplication des marchés passés sans mise en concurrence ; le Grand Louvre sera commandé directement à Pei par le président.

Il serait pas 8 le Tonton, par hasard ?

Wallace

Wallace - 6 aile 7

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Fabien Chabreuil

Bonjour Wallace,

Merci pour ces deux phrases effectivement bien représentatives.

Lors du décès de Mitterrand début 1996, j'avais accumulé les informations parues dans la presse à son sujet dans l'espoir de rédiger un texte sur son type. Je n'en ai pas eu le temps (Cela viendra peut-être, "laissons du temps au temps !" :happy:), mais ce travail de collationnement ne m'a pas laissé de doute sur son type 8.

À titre d'échange de bons procédés, voici quelques bribes de phrases extraites d'un des textes que j'avais relevés à l'époque, un article de Françoise Giroud intitulé "Je l'ai bien aimé…" et paru dans le Nouvel Observateur :

  • "Ce qu'il voulait ? Le pouvoir."
  • "Une fois, j'ai vu les larmes lui perler aux yeux quand il s'est cru perdu. Quand je le lui ai dit, il a nié. Lui, des larmes ? Jamais !"
  • "Abattu ? Non. Jamais. Résolu."
  • "En quarante ans, nous avons fait un long chemin côte à côte, où je l'ai vu fidèle en amitié comme personne, infidèle en amour comme tout le monde, délicat avec ceux qui lui étaient chers, économe de ses sentiments, et très généralement impénétrable. Coriace. Secret. Toujours souverain de lui-même. Jusque dans la douleur de ses dernières années."

Très cordialement,
Fabien

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Le type 8 de Mitterrand est aussi une ancienne conviction chez moi. Mais voilà, j'ai lu un livre dans lequel il était affirmé qu'il était de type 7 sur la base de l'analyse d'un de ses discours par les métaprogrammes PNL.
Et du coup… je doute ! Vu mon type, cela ne devrait pas vous étonner.

Wallace

Wallace - 6 aile 7

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Fabien Chabreuil

Bonjour Wallace,

Il y a des raisons de douter, non pas du type de François Mitterrand mais de la méthode d'identification d'un type par les méta-programmes PNL. Ce point a été abordé dans la conversation "Ennéagramme et métaprogrammes PNL". Je la relis aujourd'hui pour vous répondre et je rajouterais volontiers, pour ceux qui connaissent la PNL, qu'elle est aussi une confusion logique entre les niveaux "Identité" et "Métaprogrammes". À partir de là, on ne peut pas dire qu'elle ne marche pas, ce serait exagéré, mais elle fait de nombreuses erreurs comme celle discutée ici.

 

Il est d'ailleurs significatif que cette méthode n'ait été adoptée par aucun formateur connu à l'Ennéagramme, alors qu'elle est très simple à comprendre, apprendre et transmettre. Seuls l'utilisent quelques PNL-istes pressés (presque un pléonasme ! :happy:) avec des résultats que nous qualifierons de moyens.

J'ajouterai qu'identifier le type d'une personne publique à partir d'un seul discours, interview ou article est plutôt imprudent ou naïf. Ces gens sont en représentation et ont souvent un message promotionnel à faire passer et, dans le cas d'une interview ou d'un article, certains journalistes n'hésitent pas à se livrer à un travail de réécriture. Un seul texte est donc souvent sujet à caution et un travail de recoupement de plusieurs textes s'impose.
Ceci est encore plus vrai pour les hommes politiques et on peut ajouter qu'ils écrivent très rarement eux-mêmes leurs discours.

Pour rester dans le sujet, je ressors un autre morceau de ma collection. Voici trois phrases extraites d'un article de Laurent Fabius paru dans le Nouvel Observateur du 11 janvier 1996 :

  • "Courageux, il n'hésite pas à braver une foule, à affronter plus fort que lui. La mort, dans ce qu'elle peut comporter de souffrance, il ne la redoute pas. Ce qu'il redoute s'appelle la déchéance, l'affaiblissement physique et mental, la déréliction. Il ne craint pas l'ennemi lorsqu'il est en face."
  • "Capable de la plus tendre gentillesse envers l'ami en détresse et de la plus implacable dureté lorsqu'il a cessé de plaire."
  • "Mitterrand prétend que tout est possible, il respecte les rapports de puissance et salue ceux qui les établissent à leur avantage, il préfère parfois les thèses de ses adversaires à celles de ses amis. Il est darwinien, il croit à la sélection des plus forts et il le dit."

Très cordialement,
Fabien

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Merci. Le fait de savoir qu'effectivement je n'ai pas Tonton sur mon aile (gauche en regardant le centre de l'Ennéagramme) me rassure !  :wink:

Vous avez une collection de vieux articles, je commence à en constituer une de nouveaux. Voici un texte lu dans Télérama de cette semaine (N° 2679 du 16 mai 2001, page 222). Il s'agit d'un article d'Alain Rémond sur l'arrivée de la Gauche au pouvoir en 1981 et intitulé "Et maintenant, on fait quoi ?" :

Alain Rémond a dit :
Dans sa tête, Mitterrand était déjà président. Il s'est coulé naturellement dans la fonction. Se comportant, du jour au lendemain, comme s'il était en place depuis des années. Avec son art du secret, du mystère, cette façon de tout cloisonner, de tout compartimenter. Rousselet raconte ainsi comment il a appris qu'il était nommé directeur de cabinet : le jour de la cérémonie de passation des pouvoirs, Mitterrand se rend dans la salle des fêtes de l'Elysée, où sont réunis les corps constitués ; en passant devant Rousselet, il lui dit : "Suivez-moi, vous êtes mon directeur de cabinet…" Et Rousselet le suit, abasourdi, pour saluer avec lui toutes les huiles de la République. "Sur les images, on me voit me frotter le menton. C'était pour me donner une contenance. Je ne savais plus où j'étais, ni ce que j'étais en train de faire…"

 

Assez significatif, non ?

Wallace

Wallace - 6 aile 7

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Fabien Chabreuil

Bonjour Wallace,

Une réponse un peu tardive, mais les jours précédents ont été un peu agités.

Quelle magnifique anecdote ! Ma "collection de vieux articles" n'en contenait pas d'aussi belles. Merci !

Très cordialement,
Fabien

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Puisque c'est la plus belle anecdote connue, qu'ai-je gagné ? Une ou deux autres phrases extraites de vos stocks me suffiront…

Wallace

Wallace - 6 aile 7

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Fabien Chabreuil

Bonjour Wallace,

OK, voici le gros lot, quelques phrases au vocabulaire guerrier insistant sur la conquête du pouvoir comme fin en soi :

  • "La politique n'est pas, au sens habituel, une profession. Elle est un combat."
  • "Ambition de conquêtes sans savoir au départ comment je les réaliserai."
  • "On gagne, ensuite on voit…"
  • "Si j'ai eu des idées dans la vie, je n'en ai jamais eu d'aussi fortes qu'à quinze ans. Sans connaître le monde, je le dominais."

Très cordialement,
Fabien

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  • 3 years later...
Fabien Chabreuil

Bonjour,

La sortie du film de Robert Guédiguian, Le promeneur du Champ de Mars, fait qu'on s'est beaucoup remis à parler de François Mitterrand depuis quelques semaines.

J'ai vu à la télévision la rediffusion du dernier interview qu'il avait accordé à Bernard Pivot sur le thèmes des "grands travaux". Il y racontait que François Mauriac et lui était originaires de villes relativement proches. Comme Mauriac avait dit sur lui quelque chose qui lui avait déplu, Mitterrand avait immédiatement rédigé un article dans lequel il écrivait : "François Mauriac, qui est notre plus grand écrivain régional, […]" Mauriac en avait été durablement ulcéré.

Il fallait voir, plusieurs dizaines d'années après, l'œil de Mitterrand pétiller de satisfaction devant cette mise en œuvre de la fixation de vengeance.

Très cordialement,
Fabien

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  • 1 year later...

Bonjour,

J'ai été très surpris de lire que Mitterrand était un 8. Est-ce définitif ? Je pensais qu'il était un 5 s'intégrant très bien en 8 pour son goût de la solitude, ses qualités intellectuelles, son avidité des livres, sa vaste culture, son style de communication indirecte (contrairement à un Sarkozy que je verrais bien en 8, lui), la distance qu'il mettait entre lui et ses collaborateurs comme le dit Badinter, la façon de compartimenter sa vie. Il me semblait vraiment être de type mental. Par exemple, la dernière phrase d'un de ses livres est : "Ne pas s'arrêter de chercher à comprendre." Dans un autre, c'est : "J'éprouve moi aussi, maintenant, la nécessité de dire en quelques mots trop longtemps contenus, ce qui m'importe." Ou encore ce commentaire de Chirac à propos de leur attachement commun au monde rural : "Nos liens sont différents. Chez moi, ils sont au premier degré. Chez lui au deuxième… Il intellectualisait tout. […] Il aimait la France par le cerveau, pas par les tripes."

Qu'en pensez vous ?
Coto

Coto – E1

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Fabien Chabreuil

Bonjour Coto,

"J'ai été très surpris de lire que Mitterrand était un 8, est-ce définitif ?"
Ma foi, quand il s'agit d'une personne publique, décédée de plus, on est toujours dans le domaine des hypothèses. Celle-ci, cependant, me semble solide.

"Je pensais qu'il était un 5 s'intégrant très bien en 8."
C'est là que cela ne colle pas. S'intégrer dans son type est déjà rare. Alors atteindre durablement son type d'intégration, c'est rarissime. Je crois que mêmes les plus grands admirateurs de Tonton n'iraient pas jusque là.

Incontestablement, Mitterrand était un intellectuel de haut vol, avec un bon centre mental. Ce n'est pas suffisant pour en faire un 5. Chez un 5, le mental est une fin en soi. Chez un 8 alpha, le mental est un outil au service de l'instinctif, c'est-à-dire du contrôle, du pouvoir, de l'impact sur les autres et sur le monde. Il me semble qu'on est clairement dans ce deuxième cas.

Très cordialement,
Fabien

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Pourtant (tant pis si je dis des bêtises, tes corrections m'apprendront plein de trucs), je trouve que le côté binaire du 8, noir ou blanc, ne correspond pas à la complexité du personnage. Et puis, je le cite : "Quand j'étais étudiant à Paris, […] je ne pensais pas à la politique, mais d'une certaine manière, je me voyais en homme de pouvoir. Paradoxalement, j'étais aussi tenté par une vie discrète, consacrée à l'étude. Mes désirs s'entrecroisaient. J'aspirais à faire comme les écrivains de l'époque. J'aimais la parole, le verbe, pourtant je n'étais pas bavard. On disait de moi que j'étais renfermé, que j'avais du mal à communiquer avec les autres." Ou encore : "J'étais un enfant très calme, très silencieux." Il meublait ses zones de solitude (qu'il aimait à conquérir comme il le dit) "par la lecture à la contemplation des heures du jour et de la nuit".

Quand je lis ça et d'autres choses encore, je ne peux pas m'empêcher de l'imaginer en un 5 bien visuel qui absorbe de l'info et qui après va utiliser son centre instinctif pour agir sur le monde.

Comment vois-tu ça ?
Coto

Coto – E1

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Fabien Chabreuil

Bonjour,

"D'une certaine manière, je me voyais en homme de pouvoir."
Ce n'est pas moi qui l'ai dit. :happy:

"Il meublait ses zones de solitude (qu'il aimait à conquérir comme il le dit)."
Et oui, "conquérir", tout est guerrier chez un 8.

"Comment vois-tu ça ?"
Comme dans mon message précédent. Ton hypothèse présuppose Mitterrand intégré au sens de l'Ennéagramme, et il est incontestable que ce n'est pas le cas. Un 8 avec des désintégrations en 5 est quand même beaucoup plus réaliste.

Très cordialement,
Fabien

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Bien sûr, pour ce qui est du "pouvoir" et de la "conquête", c'est évident et je n'ai pas cherché à le cacher, justement, cette voracité ne peut-elle pas habiter un 5 aussi ?

Et en ce qui concerne les émotions, le 8 n'est-il pas plus hermétique que le 5 ? Parce que dans ce cas j'ai aussi des exemples qui vont dans mon point de vue que j'ai du mal à lâcher (mon côté 1 sans doute). En tout cas, merci de me répondre, je me régale de pouvoir en parler avec un expert plutôt que de baratiner mes amis avec mes points de vue trop rapides !

 

Coto

Coto – E1

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Fabien Chabreuil

Bonjour Coto,

"Et en ce qui concerne les émotions, le 8 n'est-il pas plus hermétique que le 5 ?"
Une telle question n'a pas de réponse dans la théorie de la hiérarchie des centres, et ceci est probablement à l'origine de ta méprise. La hiérarchie est une liste de priorités pour la personne, et ne dit rien sur la qualité des centres. On peut avoir des 8 ayant un centre mental bien plus fort que certains 5, et des 5 ayant un centre instinctif plus fort que certains 8. On ne peut pas comparer LE 5 et LE 8 sur le plan des émotions. Il n'y a que des cas particuliers.

La seule question est : quel centre est au service de quel centre ? Or pour Mitterrand, la priorité n'est pas le mental, quelle que soit la qualité de celui-ci. Je ne peux que le redire une troisième fois.

"Cette voracité ne peut-elle pas habiter un 5 aussi ?"
Tout comportement est possible pour tous les types. Là, tu es dans la classique confusion entre comportements et motivations. La conquête pour quoi faire ?

Très cordialement, Fabien

P.-S. : trouver le type d'une autre personne est difficile. Si tu ne l'as déjà lu, je te renvoie à ce message. Je le dis sans aucune agressivité, j'ai l'impression qu'il te manque nombre des bases théoriques permettant une identification fiable des ennéatypes. Si je me trompe, je te prie de m'en excuser.

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Bonjour Fabien,

"J'ai l'impression qu'il te manque nombre des bases théoriques permettant une identification fiable des ennéatypes."

C'est vrai, et je te prie de m'excuser si je t'ai fait perdre ton temps dans cette rubrique. J'ai conscience du ridicule de ma question sur les émotions et que cela puisse même être agaçant. Je me suis laissé aller, tout content de pouvoir communiquer sur ce sujet.

Je savais que la qualité du centre mental d'un 8 ou d'un autre type peut être supérieure à celle d'un 5, mais pour Mitterrand, je confonds comme tu le dis "comportements et motivations". Les propos de Chirac sur le fait que Mitterrand "aimait la France par le cerveau, pas par les tripes", et qu'il "intellectualisait tout" m'avait conforté dans mon point de vue.

Merci de tes interventions.
Coto

Coto – E1

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Fabien Chabreuil

Bonjour Coto,

Il y a eu une époque où les 8 manifestaient leur goût du pouvoir par la force physique. Dans notre monde, c'est de moins en moins possible (affaire du Rainbow Warrior exceptée… :laugh:). En conséquence, nombre de 8 utilisent la stratégie et le mental pour asseoir leur pouvoir, ce qui peut créer des confusions comme celle-ci. C'est pour cela que se demander sans cesse "Pour quoi ?" est non seulement utile, mais indispensable.

Nous n'avons pas perdu notre temps. D'autres aussi ont dû se poser des questions similaires à la tienne, et attendaient qu'un courageux aille les poser ! Tu leur as donc rendu service, et moi, j'aurais dû y passer un jour ou l'autre, alors autant que ce soit avec toi, apparemment un vrai passionné du sujet.

Très cordialement,
Fabien

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  • 2 years later...
Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

Raphaëlle Bacqué a publié un livre intitulé L'enfer de Matignon et racontant les incroyables souffrances subies par les premiers ministres de la Ve République. "À peu que le cœur ne me fend", comme disait mon pote Villon. C'est sûr que cela va faire pleurer dans les chaumières…

Trêve de sarcasmes. Télérama publie cette semaine (N° 3065, page 80-81) un très court extrait de l'ouvrage, dans lequel Michel Rocard raconte une réunion avec François Mitterrand le 15 mai 1991 :

 

« Ce gouvernement est loin d'avoir démérité, dit François Mitterrand. Mais, n'est-il pas vrai, nous sommes des gens sérieux. Si je vous confirme, c'est jusqu'aux élections législatives, bien entendu. Ce n'est pas pour quinze jours, c'est pour deux ans. Or la seule chose que je désapprouve vraiment chez vous, c'est ce goût permanent de la négociation et de la recherche du compromis. Ce n'est pas comme ça qu'on gagnera les législatives… […] Par conséquent, je ne vais pas vous confirmer. Donc vous me donnez votre démission. — Heu… Quand, monsieur le président ? — Bah, ce matin. » Ah bon ! Il est 9 heures et demie du matin, le conseil des ministres doit avoir lieu à 10 heures. Je l'interroge donc : « Alors, nous prévenons le Conseil des Ministres ? » Et il a cette réponse stupéfiante et superbe : « Mais non, ça ne le regarde pas ! »

Il me semble qu'aucun commentaire n'est nécessaire.

Très amicalement,
Fabien

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  • 5 years later...
Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

Dans un article concernant François Hollande, cette allusion à l'autre François m'a paru bien entrer dans l'hypothèse 8 : "Entre Hollande et Mitterrand il y a une différence fondamentale. Plus ça va mal, plus il s’enfonce et plus Hollande fait des sourires à son opposition. Plus c’est dur et plus il donne le sentiment de mollir. Mitterrand faisait le contraire. Plus c’était rude et plus il raidissait la nuque. Dans les années 90, sous Rocard le consensuel, alors que la droite se déchaînait sur les affaires, et que la gauche s’enfonçait dans les sondages, Mitterrand avait même inventé une expression. Il avait décrété qu’il fallait « colériser le débat »."

 

Très amicalement,

Fabien

 

Source : Hubert Huertas, "Hollande ou le renoncement perpétuel", Mediapart, 29 mai 2014.

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  • 2 years later...
Fabien Chabreuil

Bonjour aux amateurs d'histoire,

 

Parmi les nombreux commentaires qu'a suscité le décès avant-hier de Michel Rocard, j'ai relevé ces quelques phrases à propos de l'inimité existant entre François Mitterrand et lui :
 

[Rocard] contraint le chef de l'État à le nommer à Matignon. Ces trois années ne seront que chamailleries et humiliations. Mitterrand prévient : « Vous verrez au bout de dix-huit mois, on verra au travers. » Mais Rocard tiendra trois ans. […] Sa vengeance, Mitterrand l'assouvira en 1994 en envoyant aux Européennes en sous-main un certain Bernard Tapie contre la liste socialiste de Michel Rocard, qui réalise un score calamiteux. Peu de temps après Mitterrand s'offusquera qu'on l'eut soupçonné : « La plupart des hommes politiques qui montent et qui tombent, dira le Président, ils tombent tout seuls. Ils n'ont pas besoin d'une pichenette. » Mitterrand cruel comme toujours.

 

Fixation, mécanisme de défense, contrepoids égotique, tout y est.

 

Un autre article illustre bien, lui aussi, l'ennéatype de François Mitterrand :
 

Ses trois années passées à Matignon sous la férule du grand homme, de 1988 à 1991, le pape de la « deuxième gauche » les a vécues comme une torture. Chaque mercredi matin, il arrivait à l’Elysée  la boule au ventre pour son tête-à-tête avec le chef de l’État. Trente minutes plus tard, Michel Rocard en ressortait lessivé. Au plus profond de lui, cette séance d’humiliation hebdomadaire réveillait le souvenir lointain de ses terribles face-à-face avec son père, Yves Rocard, ce scientifique illustre qui n’a cessé de rabrouer son fils parce qu’il avait osé choisir la voie médiocre de la politique… Après avoir subi la foudre jupitérienne de Mitterrand, Rocard s’en allait retrouver les membres de son gouvernement qui le scrutaient et riaient sous cape en le voyant arriver au conseil des ministres, mine défaite, démarche incertaine, dans la foulée souveraine du président en majesté.


Très amicalement,
Fabien
 

Source 1 : "Journal de 7h", France Inter, 3 juillet 2016.

Source 2 : Renaud Dély, "Mitterrand, “tueur” du socialisme et son “fils” Hollande : le testament de Michel Rocard", Marianne, 3 juillet 2016.

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Bonjour,

 

Sur le coup, après lecture de ton message, Fabien, j'ai envie de répondre, avec un mélange de tristesse et de colère : "Mais comment est-ce possible qu'on puisse voter pour des gens comme ça ?"

 

Après je relis l'ensemble de la conversation et me dit qu'il avait sûrement aussi des qualités ce Tonton… Le courage par exemple. :wink: Je me dis aussi que, décidément, j'ai plus de mal à accepter certains ego que d'autres : le 8 en est un, le 3 en est un autre. Mais je parlerai de cela dans une autre conversation.

 

Bonne journée,

Rosso

Rosso - E6 alpha, C++ S-/+ X-/+, Aile 5

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

 

Les gens votent "pour ça", Rosso, parce qu'ils n'ont guère d'autres choix. C'est une banalité que de dire que, dans nos systèmes politiques actuels, les qualités qu'il faut pour avoir une chance d'être élu à une fonction ne sont pas celles qu'il faut pour exercer ladite fonction. Vive donc la sociocratie et l'élection sans candidat.

 

Pour quitter la parenthèse et revenir à François Mitterrand, il avait effectivement aussi des qualités. Par exemple, nous lui devons quelques réformes généralement considérées comme positives. Citons une des plus consensuelles, l'abolition de la peine de mort. Quand je dis une des plus consensuelles, c'est vrai aujourd'hui. À l'époque (1981), il avait mis cette mesure dans son programme électoral (les fameuses 110 propositions) alors que la majorité des Français y étaient opposés. Donc, oui, c'est du courage.

 

Toujours à propos des 110 propositions, dès la première année de son premier septennat, 80 d'entre elles avaient été mises en œuvre en tout ou en partie. Qu'on les approuve ou non, il y a là un respect de ses promesses électorales qui est méritoire.

 

Très amicalement,

Fabien

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  • 9 months later...
Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

 

Au hasard de mes lectures de ce week-end, je suis tombé sur cette phrase assassine :

Mitterrand se passionnait […] pour les instruments de la politique, pas pour ses objectifs ; pour ses moyens, pas pour ses fins ; pour la conquête et la conservation du pouvoir, par pour les éventuels desseins que le pouvoir permet de réaliser.

 
Très amicalement,
Fabien

Source : Michel André, “Le Regretté scalpel de Revel”, Books, N° 83, Mai-juin 2017, p. 80-84.

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