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Enfants : ego de 3 vs ego de 4


Aurolaf

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Bonjour à tous,

 

Je viens aujourd'hui vous livrer un exemple d'interactions par forcément positive entre un jeune 4 mu (mon fils) et un jeune 3. Les deux enfants ont onze ans et se connaissent et se côtoient depuis un an et demi.

 

Je ne reviens pas sur la personnalité de mon fils 4 dont j'ai largement parlé ici.

 

L'an dernier, son copain 3 n'était pas dans la classe de mon fils, je n'avais donc pas pris la peine de le typer mais j'avais quelques soupçons sur le 3, sans approfondir : il ne parlait que d'objets de luxe et de ses réalisations (le dernier coupé sport de son papa, le téléphone portable dernier cri de sa Maman, ses super-bonnes notes, etc.).

 

Cette année, j'ai eu l'occasion d'observer et de réfléchir à son type : je vais chercher un groupe d'enfants de la même classe deux fois par semaine à l'école, et je déjeune avec mon fils et le 3 une fois par semaine.

Ce jeune 3 parle sans cesse de ses réalisations (c’est-à-dire de ses succès et de ses notes). Il se passionne également pour le tennis qu'il pratique régulièrement. Il lit des biographies de grands champions de tennis et connaît tout sur ces champions.

 

Il m'est arrivé de devoir intervenir un peu sèchement en voiture lorsque le 3 avait rabattu le caquet d'une fille en lui disant : "Toi, tais-toi ! Quand on a 6/20 en français, on n'a pas le droit de parler. Moi j'ai eu 20, alors c'est moi qui parle !" J'avais fait une intervention musclée en expliquant que les notes scolaires ne donnaient pas ou non un droit à la parole et que dans ma voiture, chacun était sur un pied d'égalité et libre de s'exprimer. Et j'avais rendu la parole à la jeune fille qui, au passage, fait partie des "moins bons élèves" ce qui en l'empêche pas de déborder d'intelligence, d'humour, de vivacité et de spontanéité.

 

Les tendances de ce jeune 3 sont exacerbées par une mère probablement 1 avec un ORANGE hypertrophié qui le pousse en permanence vers la réussite, la perfection et la suractivité.

J'assiste d'ailleurs, impuissante et attristée, à ce gonflage d'ego de 3 et je me demande souvent quelles peuvent être les conséquences sur un enfant qui a vu son ego ainsi glorifié pendant des années. [En parallèle, je pense à l'une de mes meilleures amies qui, dans son enfance, n'a pas eu le droit d'exprimer son ego de 3… Et je me demande ce qui est le pire ?]

 

Ce jeune 3 est tellement dans la compétition et la réussite que cela a des incidences sur l'ambiance de la classe : il fait le signe de la victoire en mimant "yeeeeeeesssssssssssss" chaque fois qu'il a la meilleure note. Le prof de maths est d'ailleurs venu me voir en exprimant sa difficulté à faire travailler ces enfants en groupe du fait "d'éléments trop compétitifs" dans le groupe et des comparaisons permanentes qui en découlent. Le prof avait également remarqué les effets nocifs de cette compétition sur le moral de mon fils, et il en était désolé.

 

Bref, je me suis intéressée à ce cas car la situation est plutôt toxique pour mon fils 4.

 

En effet, il vit mal les comparaisons : les victoires du 3, qui en rajoute et se glorifie, le minent et ont une incidence forte sur son estime de lui.

Du coup, il tombe dans l'agressivité à son égard (l'envie se transforme en haine, même si mon fils 4 aime beaucoup son copain 3).

En conséquence, mon fils 4 a tendance à tenir tête en permanence à son copain 3 et à lui refuser son admiration.

 

Quelques exemples :

  • Un jour où le 3 vantait la nouvelle voiture de son père, mon fils lui a dit : "Tu sais, ça ne nous intéresse pas tellement la voiture de ton père. Nous sommes écolos et c'est plus important les vélos et les rollers que les voitures." (C'est une autre maman qui m'a raconté la scène.)
  • Lorsque le 3 clame ses notes à la récréation, mon fils est apparemment le seul qui ose lui dire : "Mais on s'en fout !" (J'ai d'ailleurs pris la peine d'expliquer le fonctionnement du 3 à mon fils en lui disant que c'était dangereux de nier ainsi ses réalisations car ça pouvait le déstabiliser.)
  • Hier, par exemple, les moyennes générales sont tombées, et le 3 soupirait fort dans la cour de récré en disant : "Pffft, c'est nul, j'ai seulement 18 de moyenne générale !"

Je sais que mon fils souffre énormément de cette situation de compétition et qu'il me fait de grosses crises de "je suis nul", "je suis lent", "je suis un mauvais élève" (alors qu'objectivement ce n'est pas vrai !).

 

Je passe beaucoup de temps, cette année avec mon fils, à travailler avec lui, à lui transmettre des méthodes, à discuter et même à faire du roller avec lui ou des jeux de sociétés. Je ne manque jamais une occasion de reprendre de volée pour ne pas laisser passer la dévalorisation et, au contraire, lui montrer ce qu'il a de positif et de beau en lui… En évitant autant que possible les comparaisons. Pas facile !

 

Hier, mon fils est rentré de l'école en me disant que son copain 3 lui avait mis une gifle. Mon fils a répondu par un coup de poing. Le 3 s'est jeté sur lui pour se battre. Étonnamment, mon 4 a joué l'évitement. Il a dit à un autre copain : "Viens, on s'en va." (Cela en dit long sur son passage en BLEU. Il y a un ou deux ans, il serait tombé dans la bagarre sans hésiter et aurait fait preuve de beaucoup de violence. Son attitude montre aussi qu'il a bien su gérer son impulsivité à ce moment-là, ce qui est un fait rare !)

 

La maman du 3 m'a téléphoné ce matin pour me dire que son fils ne supportait plus le mien et n'en pouvait plus nerveusement. Elle me demandait de dire à mon fils de faire "profil bas" par rapport au sien (je me suis demandé ce que voulait dire "profil bas"). Bon j'ai réussi à rester calme, à ne pas m'énerver, et à exprimer mon point de vue et lui rappeler l'aspect nuisible et compétitif de son fils.

 

Mon analyse de la relation entre les deux enfants est la suivante :

  • Inconsciemment, mon fils 4 ne supporte pas les réussites et les succès de son copain 3, car ça le pousse dans sa passion d'envie qui se transforme parfois en bouffées de haine. Il traduit cela par un refus systématique de reconnaître les réussites du 3 ou en les diminuant. En permanence, il nie, publiquement et haut et fort, la réussite du 3. Il a aussi mis en place une nouvelle stratégie : il s'est mis à bosser pour avoir des meilleures notes que le 3 car il veut (je le cite) "lui rabattre son caquet dans les matières scientifiques".
  • Le 3, qui a l'habitude de recevoir l'admiration de ses copains (no comment sur sa famille qui l'a dressé sur un piédestal), ne supporte pas de voir nier sa valeur (à savoir la reconnaissance de ses réussites) et doit se sentir rejeté par mon fils. Il doit aussi se sentir inexistant et sans valeur parce que, du coup, d'autres enfants font comme mon fils et refusent de l'admirer. Je pense que sa souffrance doit être extrême pour qu'il en arrive à gifler son copain.

Le fait est que les deux enfants sont "condamnés" à vivre en bonne intelligence : ils sont dans la même classe, habitent la même rue, suivent ensemble des cours privés d'anglais (là, j'ai décidé d'arrêter les cours : les deux enfants y sont en tête à tête avec une prof), et font les trajets à l'école ensemble.

 

Il y a quelques temps, les deux enfants avaient passé un "contrat" (c'est mon fils qui me l'a raconté) : le 4 avait demandé au 3 d'arrêter de se vanter de ses notes, et en échange, le 4 arrêtait de parler avec les autres d'un jeu sur PC auquel le 3 n'a pas accès (et il ne supporte pas d'en entendre parler car "c'est nul". La gifle d'hier est d'ailleurs consécutive au fait que mon fils parlait de ce jeu avec un autre copain. Le 3 a dit : "C'est nul !" Le 4 lui a répondu : "Qu'est ce que tu en sais ? T'as déjà essayé ? Bon alors ne t'en sait rien." Et le 3 a mis une gifle au 4).

 

Quelqu'un a-t-il une idée pour que la cohabitation se passe le mieux possible ? Des conseils, des avis de 3, des avis de 4 ?

J'avoue que là, je suis à court de ressources, sachant que je ne peux aider et agir que sur le 4.

 

Merci d'avance.

Bien amicalement.

Aurore (87 alpha, C++, S-/+, X+)

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Bonjour à tous,

 

Je ne suis pas très inspiré, donc voici simplement quelques remarques en passant.

 

Il me semble qu'à l'âge où est ton fils, les parents ne doivent guère se mêler des disputes entre enfants. D'abord ils n'ont généralement qu'un écho de l'histoire : je suppose que la mère du jeune 3 aurait écrit tout autre chose ! Ensuite les enfant doivent apprendre à se débrouiller en société, et en société, on rencontre aussi des gens désintégrés ; il me semble que c'est un des rôles de la vie scolaire de faire prendre conscience aux enfants des relations humaines non familiales et de la manière de les vivre hors du contrôle sans le soutien parental.

 

L'exception à cette règle de non-intervention est bien sûr quand l'un des enfants a un comportement difficilement acceptable. C'est le cas ici de la gifle, même si deux garçons qui se battent, ce n'est pas une première dans l'histoire du monde !

 

Il est donc important qu'un enfant puisse parler à ses parents des susdits comportements inacceptables. C'est pourquoi la non-intervention mentionnée préccédemment n'empêche pas l'écoute et la validation des émotions ressenties par l'enfant.

 

"Je ne manque jamais une occasion de reprendre de volée pour ne pas laisser passer la dévalorisation et, au contraire, lui montrer ce qu'il a de positif et de beau en lui… En évitant autant que possible les comparaisons. Pas facile !"

Oui, c'est ce qu'i y a à faire. Y a-t-il un domaine où ton fils excelle ? A-t-il un mécanise de sublimation ?

 

"Mon fils 4 ne supporte pas les réussites et les succès de son copain 3."

Tous les 4 ne se sentent pas en compétition dans le domaine scolaire. Pourquoi le tien l'est-il ? L'était-il avant cette année ?

 

"Le prof de maths est d'ailleurs venu me voir en exprimant sa difficulté à faire travailler ces enfants en groupe du fait 'd'éléments trop compétitifs' dans le groupe et des comparaisons permanentes qui en découlent."

C'est son boulot de gérer cela, plutôt que de se plaindre auprès des parents d'élèves. :angry:

 

Très amicalement,

Fabien

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Bonjour Aurore (et Fabien),

 

Je n'interviens jamais dans les disputes entre enfants sauf quand elles dégénèrent. Ils doivent apprendre à gérer les conflits, et autant commencer par des petits à leur mesure.

 

Pour ton fils, je pense que lui apprendre à appliquer les principes de la CNV pourrait l'aider. Ça lui apprendrait à recevoir les remarques négatives de son ami, et peut-être même à désamorcer certains conflits en comprenant quels sont les besoins insatisfaits (et les valeurs heurtées) chez lui et chez l'autre ? Même si ça ne marche pas, ça ne pourra que lui faire du bien de toute façon !

 

Comme tu parles des jeux de société, il y a bien sûr les jeux de coopération, où on ne gagne pas tout seul mais en équipe. Ou les qualités et/ou pouvoirs spéciaux attribués aux personnages sont tous indispensables pour la réussite commune. Je pense que je t'avais déjà cité certains de ceux-là, mais au cas où :

  • L'Île interdite
  • Les chevaliers de la table ronde
  • Shadows over camelot (même univers, même auteurs mais beaucoup plus court, et une mécanique différente)
  • Pandémie
  • Caslte Panic (tout en anglais)
  • Hanabi (beaucoup plus calme et demandant de la concentration)
  • Seven wonders (en équipe de 2)
  • Ghost stories
  • Scotland yard (ou Mr X), en choisissant un autre enfant pour jouer le fugitif
  • Letters from Whitechapel, même principe
  • Garibaldi, même principe

Dans ces trois derniers un fugitif doit échapper aux enquêteurs qui collaborent et décident ENSEMBLE des actions à effectuer pour le capturer.

 

Il en existe évidemment d'autres.

 

Et comme Fabien, je trouve que le prof est gonflé de venir se plaindre. :wink: Surtout s'il pense que ton fils est avant tout une victime, à quoi ça sert sinon à te monter contre l'autre parent ?

Puisqu'il s'en inquiète, il pourrait organiser ce genre de choses dans sa classe ?

 

À bientôt. :bye:

E4 α, ailes 5 et 3, C-/=, S-/=, X+/-

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Salut Aurore,

 

Étant aussi papa d'un garçon de 12 ans (et de deux autres plus jeunes), j'ai lu ton témoignage avec attention, et je te fais passer ci-dessous quelques réflexions qui j'espère pourront te donner des idées.

 

J'ai été plusieurs fois confronté à des 3 aux mécanismes égotiques assez prononcés, surtout dans le cadre de mon boulot. J'ai plusieurs fois rencontré des 3 qui semblaient totalement imperméables à l'avis des autres et à la remise en cause personnelle. Soumis à leurs mécanismes égotiques, ils s'enfermaient dans des comportements qui ne suscitaient aucune compassion de la part de leur entourage, malgré leur souffrance certaine. Et puis tout à coup, en insistant un peu plus sur la remise en cause, sans percevoir que j'arrivais à une limite, j'ai transpercé le bouclier et j'ai vu instantanément que j'avais fait très mal. J'ai trouvé ce type de situation très difficile car en dessous de la limite rien ne se passe, et dès qu'on passe la limite, tout s'effondre, et le mal est difficile a rattraper. La limite est par ailleurs très difficile à anticiper.

 

La seule alternative que j'ai expérimenté une fois avec un relatif succès est d'exprimer mon « amour » de manière inconditionnelle à la personne (pas facile vis-à-vis d'un homme dans un cadre professionnel), tout en me désintéressant des résultats et réussites mises en avant.

 

Comme ton fils connait déjà un peu l'Ennéagramme, peut-être peut-il comprendre et tenter cette stratégie qui consisterait à accepter et à faire accepter le 3 indifféremment de ses réussites. Peut être même en profitant d'une fois où il n'a pas réussi autant qu'il aurait voulu ? Il peut aussi peut être ressentir le vide émotionnel que le 3 vit certainement, ce qui à de quoi relativiser sa quête d'authenticité et sa passion d'envie vis-à-vis de lui.

 

J'ai bien conscience que c'est très ambitieux, d'autant plus que dans le contexte de leur groupe le 3 et le 4 sont probablement en compétition pour attirer l'attention des autres, le premier par ses réussites et le second par son originalité et sa sensibilité. Soumis à leurs mécanismes égotiques respectifs, il me semble que le 4 suscite plus de compassion que le 3, et attire donc plus l'attention, ce qui augmente le malaise du 3.

 

Comme tu le dis, ton fils et toi ne pouvez agir directement que sur vous-même, en tentant d'induire un effet bénéfique sur le camarade 3. C'est rien de le dire, et si par ailleurs il a un milieu familial et surtout une mère qui retend à fond son ego ça risque d'être dur.

 

Bon courage, et tiens nous au courant.

Bien amicalement,

Jérôme

Jérôme E9 mu, aile 1, C =/- S -/+ X =/+

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