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États-Unis


Jérôme

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Bonjour à tous,

Je me suis récemment reposé des questions concernant l'ennéatype des États-Unis, qui est typée 3 dans la discussion "Une 6 aux USA", et également dans ce billet sur l'ennéatype de l'Europe.

Dans le contexte de mon travail, j'ai régulièrement l'occasion de travailler avec des start-up américaines qui tentent de mettre sur le marché de nouveaux équipements ou produits, et je me suis fait la réflexion qu'il était beaucoup plus courant aux États-Unis qu'en France de créer une entreprise, de tenter de la faire croître, même si le risque d'échec est grand, et d'ailleurs nombreuses sont les start-up qui ne passent pas le cap des deux ou trois premières années. On retrouve ensuite les mêmes personnes dans d'autres start-up, d'autres projets, cela ne semble pas un problème. La crainte de l'échec ne semble pas peser dans cette dynamique, en tout cas beaucoup moins qu'en France.

Du coup je me questionne sur la façon dont la compulsion du 3 s'exprime dans ce pays. Certains d'entre vous auraient-ils des exemples à ce sujet ?

À très bientôt,
Jérôme

Jérôme E9 mu, aile 1, C =/- S -/+ X =/+

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Fabien Chabreuil

Bonjour Jérôme,

 

J'ai aussi fait plusieurs séjours aux États-Unis, et il m'est arrivé de me poser la même question que toi, de me demander s'il n'étaient pas d'un autre ennéatype masqué par un vMème ORANGE extrêmement fort.

 

Pourtant, que ce soit dans la communauté américaine de l'Ennéagramme ou ailleurs, je n'ai jamais entendu personne contester le typage en 3.

 

Mon hypothèse est qu'ils ont totalement intégré la phrase "Il n'y a pas d'échec, il n'y a que de l'information", peut-être en la reformulant "Un échec n'est qu'une étape sur la voie de la réussite".

 

Très amicalement,

Fabien

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  • 2 years later...
Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

Dans le dernier numéro de sa lettre d'information, Clotaire Rapaille, qui vit depuis 33 ans aux États-Unis, parle des problèmes d'identité de la culture des USA :
 

L'Amérique est une culture adolescente en recherche permanente d'identité.

"Allez, fais-le" ("Just do it"), mais je ne sais pas ce que je vais faire.
"Écoute-moi", mais je n'ai rien à dire.
Et cela ne cesse jamais.

Même quand vous avez 85 ans, vous ne savez toujours pas ce que vous allez faire, parce que vous n'avez jamais voulu grandir.

 

Les adolescents du monde entier sont attirés par les marques, les produits, le style de vie, la musique et les célébrités des États-Unis. Mais il y a aujourd'hui dans le monde plus d'adolescents qu'il n'y en a jamais eu.
 
Les caractéristiques de ce groupe global sont toutes peu ou prou celles de l'adolescent américain. Blue-jeans, Nike et Coke font partie de leur monde commun, de même que Facebook, Twitter, Instagram et être connecté en permanence sans avoir rien à dire. Ils n'ont pas de contenu à proposer, alors ils se montrent et deviennent le contenu.

Ils expriment leur recherche permanente d'identité, leur propre vide et leur quête désespérée. Ils sont seuls ensemble et sont les selfies.
Pour eux rien ne dure (Instagram) mais leur quête d'identité a de bonne chance de durer éternellement.

 

Il n'a pas mis sa langue dans sa poche, notre ami Clotaire !

 

Très amicalement,
Fabien
 
Source : Clotaire Rapaille, "Forever Young : The New Global Middle Class", Archetype Discoveries Worldwide Newsletter, Janvier 2014, p. 1.

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Bonjour à tous,

 

C'est un heureux hasard que cette conversation soit réactivée maintenant car je rentre justement d'un séjour aux États-Unis (à New York plus précisément) et j'ai tout frais en tête quelques éléments qui m'ont fait penser à un ennéatype 3 pour ce pays. Je préfère avant toute chose introduire deux limites à ce que je vais dire : d'une part je ne suis pas certain que ce que j'ai remarqué soit plutôt le fait d'un ennéatype 3 ou plutôt la manifestation de ORANGE, d'autre part je parle de ce que j'ai vu à New York qui n'est pas, aux dires des Américains eux-mêmes, une ville représentative de l'ensemble des États-Unis.

  • Ce qui est frappant à New York est l'importance accordée à l'image : tout est fait pour "être vu". Les buildings font la course à la hauteur, et on ne manque jamais de comparer la taille de l'Empire State à celle du Chrysler Building, tous deux surpassés par le One World Trade Center qui se vante d'être le plus haut gratte-ciel des États-Unis (sur le lieu même des deux tours jumelles, comme quoi il n'y a jamais d'échec…). Times Square, où des centaines d'écrans géants diffusent indifféremment des publicités ou le cours du Nasdaq, est un lieu où le regard ne parvient pas à se poser, tant les images se font concurrence les unes aux autres pour attirer l'attention, à tel point que j'y ai ressenti un certain malaise. Par ailleurs, il n'y a rien de choquant à utiliser la ville pour en faire un accessoire de sa réussite (avec une évidente vanité…). Donald Trump, célèbre milliardaire, a construit la Trump Tower sur la 5e Avenue et dispose en outre de 11 autres buildings disséminés dans New York. Le hall d'entrée de l'immeuble qui porte son nom est tout à sa gloire, portrait géant toisant le visiteur et boutique vendant ses ouvrages (quelques titres évocateurs : Think like a champion ou How to get rich…). Toutes les marques, allant des grandes enseignes de vêtements aux magasins de mode, disposent de boutiques qui attirent le regard : bien sûr, elles sont toutes rassemblées là "où il faut être", à savoir sur la 5e Avenue à deux pas de Central Park. Une différence notoire avec la France est l'absence de frontière entre espace public et espace privé. J'ai par exemple eu la surprise de trouver deux Apple Store, l'un se trouvant au cœur de Grand Central (la principale et magnifique gare de New York), l'autre en plein milieu d'une des places les plus prestigieuses de la ville. Dans un autre registre, le Rockefeller Center est un véritable quartier, avec immeubles, théâtre, places et fontaine, construit sous l'égide du magnat du pétrole : un concept bien lointain de la notion de projet urbain qui, en France, se conçoit encore sous la direction d'un opérateur public !
  • Il me semble que le mécénat est un mode de financement important de la culture et des arts aux États-Unis, bien plus qu'en Europe. C'est un moyen de montrer qu'en plus d'être riche, on est cultivé. Mais ce qui est important, c'est que ça se sache. Rien d'étonnant donc qu'à l'entrée de la grande bibliothèque publique de la ville, on trouve gravé dans le marbre le nom des différents donateurs depuis le XIXe siècle. Cela ressemble un peu aux ex-voto dans nos églises, à la différence que les donateurs, la plupart du temps, ne signent pas ! Par ailleurs, Rockefeller (encore lui) a offert les terrains qui ont permis la construction du siège des Nations Unies le long de l'East River.
  • L'objectif de réussite se lit au travers des nombreuses publicités dans le métro (qui au demeurant ne rassemble pas la frange la plus favorisée de la population). On propose de faire des études en formation continue pour avoir un meilleur emploi, de faire du fitness pour garder un corps séduisant, voire de s'adonner au yoga ou au bouddhisme pour être plus performant. C'est tout de même différent de la France où la publicité préfère montrer des femmes éthérées et des hommes aux regards mystérieux pour nous vanter une marque de parfum ou de vêtements (peut-être une manifestation de l'ennéatype 4 de la France ?).
  • Je réagis sur la remarque de Jérôme concernant l'échec lié à la faillite d'une start-up immédiatement remplacée par une autre. La personne qui nous accueillait sur place, ma compagne et moi, nous a dit que lors de la crise des subprimes, un grand nombre de "business" (comprendre les petites boutiques qui vendent à peu près tout et n'importe quoi) a fermé en quelques mois. Mais depuis un an, les gens "se sont retroussés les manches", et tout a réouvert (avec de nouvelles devantures), ce qui semble considéré comme normal et même source de fierté. Je pense voir ici un effet du mécanisme de défense d'identification : rien n'empêche de se donner à fond dans un premier business et de travailler dur pour ça, puis de passer à un autre avec la même ardeur comme si le premier n'avait jamais existé. L'identité se définit en fonction de ce qui marche et ce qui plaît à un instant donné, et c'est plutôt bien vu de savoir s'adapter à cela. Il n'y a pas réellement d'idée d'échec, c'est simplement l'environnement qui a changé.
  • Même si je n'ai pas eu de conversation prolongée avec des Américains, j'ai eu un aperçu de leur attitude au travers de ce que nous a raconté notre hôte. Il s'agit d'un Français, 4 à aile 3 qui vit depuis très longtemps aux États-Unis et qui est profondément tiraillé entre l'attirance pour son pays d'accueil et la nostalgie de son pays d'origine. Il loue d'un côté le très bon relationnel des Américains (centre émotionnel préféré) : lorsqu'il va à la banque, on le connaît, on l'appelle par son prénom, on prend de ses nouvelles, et il n'a pas besoin de remplir de la paperasse pour effectuer son opération. De l'autre, il nous avoue qu'il n'a jamais réussi à avoir de vraies relations d'amitié avec les Américains : "Pas moyen d'avoir accès à leurs sentiments, ils sont trop superficiels" (centre émotionnel réprimé). Ses seuls amis sur place sont tous des Français expatriés.
  • Enfin, pour aller dans le sens de l'analyse de Clotaire Rapaille que citait Fabien dans son dernier message à propos des problèmes d'identité, je ne résiste pas au plaisir de retranscrire un court extrait de ce que dit le Guide Vert des "grups" :

    Contraction de grown-up (ceux qui ont grandi), le mot grup désigne cette génération de jeunes yuppies qui ont réussi, qui ont quitté le cocon parental, souvent fait des enfants, mais qui refusent le statut d'adulte. Le grup choisit ses vêtements chez Urban Outfitters, porte des jeans délavés, des Converse et des tee-shirts à message, écoute Franz Ferdinand sur son iPod ou de la musique qu'il a téléchargée. Il n'y a plus de fossé entre les générations, car le grup s'acharne à rester au niveau de ses enfants, mangeant les mêmes assortiments de bonbons achetés au Dylan Candy Bar. On ne va que dans des bars sans nom et jamais vus dans la presse, on écoute des groupes inconnus ou les rappeurs du Bronx, on porte un Levi's customisé et des baskets vintage des années 1980 (on avoue difficilement qu'on va chez H&M ou Uniqlo). Comme quoi, le confortable chèque de paye ne présume de rien !

Au passage, ce séjour aux USA m'a donné l'occasion de comprendre pourquoi la France est 4. Dans les rues de New York, c'est ahurissant de reconnaître les Français d'un simple coup d'œil : on a l'impression qu'ils portent la mélancolie sur leur visage. Et en même temps, les Français font rêver les Américains pour leur différence, leur élégant raffinement, même s'ils sont considérés comme pas suffisamment réalistes. Mais avoir l'accent français reste le comble du chic !

 

Bien amicalament,

Tristan

Tristan (91 mu, C=/-, S++/-, X-/+)

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  • 3 months later...
Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

 

Notre vision de la culture des États-Unis est souvent faussée par des caricatures (la cuisine, la culture — voir par exemple ce commentaire  sur le blog Et à l’aurore —, etc.) et par une certaine méconnaissance de la vie des Américains n'habitant pas les côtes est ou ouest. J'ai lu en début d'été un bouquin qui me semble aidant pour combler ces lacunes. Wolfgang Büscher est un auteur de récit de voyage. Son dernier livre relate une traversée des États-Unis à pied, de Portal à la frontière canadienne jusqu'à Matamoros au Mexique. Cette marche en plein hiver dans ce que les habitants de New York ou de San Francisco appellent avec mépris le Fly-over-Country (le pays qu'on ne fait que survoler) réussit à nous dire des choses nouvelles sur l'Amérique.

 

Si le sujet vous intéresse, vous pouvez lire : Wolfgang Bücher, Loin de la mer : À pied à travers les Grandes Plaines, Paris (France), Vuibert, 2014. [Version Kindle]

 

Très amicalement,

Fabien

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