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l’ennéagramme

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Le 1, la colère et l'imperfection


François 7

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Bonjour,

 

J'aimerais ouvrir le débat sur les mécanismes fondamentaux du 1.

 

J'y suis sensible puisque ma femme est 1 mu. Il me semble que la compulsion du 1 est plus le souci d'éviter l'imperfection que celui d'éviter la colère et que la colère n'est que la conséquence de ce souci, colère bien sur réprimée par ce souci de perfection.

Cela ne cadre pas tout à fait avec l'analyse de Fabien et Patricia Chabreuil, j'en suis bien conscient, mais les 1 que je connais semblent rentrer dans cette logique. Si ce n'était pas le cas, il faudrait bâtir une théorie spéciale pour le 1 qui aurait comme objet de compulsion sa propre passion, ce qui pose d'immenses questions théoriques, me semble-t-il… Il serait à part, comme les 3-6-9 le sont par ailleurs, mais pourquoi ?

 

Par ailleurs, comme la colère du 1 est une colère métaphysique, il paraît normal qu'elle soit associée à une fêlure originelle. La prise en compte de l'imperfection du monde (et de soi) ne pourrait-elle pas être ce drame primordial ?

 

Bien à vous.

François, 7 mu, aile 8

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Fabien Chabreuil

Bonjour François,

 

Il y a bien une fêlure originelle pour le 1, comme il y en a une pour chaque type. Elle est décrite en Ennéagramme par le concept de False Core que nous étudions dans le stage Néti Néti. Ce concept est différent de la compulsion, de la passion et de la fixation. Je ne tiens pas à le décrire sur ce forum de discussion, tout simplement parce que pour provoquer une évolution positive, il vaut mieux le découvrir concrètement et soi-même, ce que des exercices appropriés permettent de faire en stage.

 

Tu as raison sur le fait qu'il y a une sorte de paradoxe du 1. Sa compulsion consite à éviter sa passion. Sans que cela soit aussi flagrant, tous les ennéatypes tombent dans le piège de vivre ce qu'ils souhaitaient éviter. Par exemple, le 7 à force de vivre dans le futur ne profite pas véritablement de l'instant présent ; à force de retarder des choix pour se préserver des options, lesdits choix finissent par lui être imposés de l'extérieur et alors, adieu sa chère liberté. Le cas du 1 est donc particulier sans être totalement différent des autres.

 

Le mécanisme du 1 est : pour éviter la colère, je suis perfectionniste, et comme cela ne marche pas, je suis en colère.

 

Le problème est que ce que tu proposes recrée exactement la même particularité. La fixation du 1 est le perfectionnisme. Si tu lui mets comme compulsion d'éviter l'imperfection, le voilà seul type dont la compulsion est d'éviter la fixation. Quelle différence avec la situation précédente ?

 

Dans tous les cas, il reste à expliquer pourquoi le 1 est le seul type pour lequel le piège de l'ego existant pour tous les profils est inscrit noir sur blanc dans les caractéritiques fondamentales du type. A ce jour, je ne peux pas le dire.

 

Très cordialement,

Fabien

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Bonjour Fabien

 

Merci de cette réponse.

 

Je pense qu'il y a vraiment une énigme du 1. Et j'ai envie de dire en forme de boutade : est-ce parce qu'il est numéroté 1, qu'il serait à la base de tout ?

Sans vouloir jouer sur les mots, dans le modèle que tu as développé/affiné (et que je ne remets pas en cause !), le 1 a pour compulsion d'éviter littéralement sa passion. Il a pour compulsion d'éviter la colère, qui est sa passion.

Dans le schéma que je suggère, sans doute avec témérité :peur::laugh:, sa fixation est toujours le perfectionnisme, mais sa compulsion est d'éviter l'imperfection. Ce n'est pas d'un parallélisme aussi rigoureux. On ne peut pas dire, me semble-t-il en toute logique : "le voilà seul type dont la compulsion est d'éviter la fixation". Au contraire, me semble-t-il, dans mon schéma balbutiant, sa compulsion (éviter l'imperfection) est non pas d'éviter sa fixation, mais d'éviter ce qui expliquerait sa fixation (le perfectionnisme). Je crois donc que mon changement de terminologie ne revient pas au même.

Ce qui me gêne intellectuellement avec la compulsion du 1 telle que tu la décris, c'est qu'il s'agit du seul type qui aurait pour compulsion d'éviter un "vice" (pour reprendre la terminologie traditionnelle vice-vertu), alors que les autres types ont pour compulsion d'éviter quelque chose qui est une menace extérieure (3 : échecs ; 7 : souffrance ; 9 : conflits ; tiens, tiens, ces trois types là ne sont-ils pas très proches par leur compulsion d'éviter une agression extérieure ?) ou un sentiment intérieur (2 : ses propres besoins ; 4 : la banalité ; 5 : le vide ; 6 : la déviance). Pour le 8, c'est plus compliqué. Mais en toute logique, la faiblesse n'est pas un vice (ou une non vertu), mais une disposition de l'esprit, une incapacité à aller au bout des vertus, ce qui est différent.

Mais éviter la colère, c'est éviter directement un vice. Cela me pose problème par rapport à la remarquable cohérence d'ensemble du modèle. Mais j'ai tant à apprendre…

 

Quoiqu'il en soit, le plus important, c'est ce que tu soulignes : il y a une vraie particularité du 1. Je ne peux qu'abonder et dire que là, on est au bord du mystère… :happy:

 

Bien cordialement.

François, 7 mu, aile 8

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Fabien Chabreuil

Bonjour François,

 

Oui, j'ai répondu un peu vite hier, et on ne serait effectivement pas dans le cas de l'évitement de la fixation. Néanmoins, les deux concepts (compulsion et fixation) resteraient fortement liés, et ce serait encore une anomalie qui distinguerait le 1 des autres types.

 

J'ai un peu réfléchi au problème depuis mon message d'hier et tout compte fait, il ne me semble plus mystérieux, même pas étrange.

 

Après tout, le 1 est la personnalité sur-morale de l'Ennéagramme. Les problèmes moraux sont au centre de son existence puisque son orientation est d'avoir des idéaux élevés et une grande rigueur personnelle. Alors finalement, la compulsion est parfaitement logique :

- il faut éviter tous les vices (sur-moralité, idéaux élevés),

- et parmi tous les vices, le plus horrible est forcément le mien (réel ou potentiel), à savoir la colère (rigueur personelle).

 

Très cordialement,

Fabien

 

P.-S. : je ne suis pas convaincu par ton découpage intérieur-extérieur (mais ce serait l'objet d'une autre conversation) ; le 9 évite aussi les conflits intérieurs, le 7 écite aussi les souffrances intérieures, le 4 évite aussi qu'on lui renvoie une image de banalité, etc.

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Bonjour Fabien

 

Tout d'abord, précisons : je ne voudrais pas passer pour le nouveau venu qui, à peine débarqué sur le forum, veut révolutionner la théorie de l'ennéagramme et en remontrer au maître. La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf… Je respecte trop le talent, les compétences et le travail.

Je suis à peu près persuadé que tu as raison. Mon pseudo-modèle laisse d'ailleurs des questions béantes. Mais, je voudrais comprendre pourquoi tu as raison… Une vieille habitude !

Alors, je retourne à la charge (amicale).

 

Ton argumentaire est d'une logique qui ne peut que me plaire. Mais cela est très "circulaire" et tellement "simple" que j'ose me méfier un peu…

 

Commençons par la bonne vieille démonstration par l'absurde. Non pas que ton raisonnement le soit, ni que je croie que ce que je vais écrire est vrai, mais il me semble que par analogie cela peut éclairer le malaise que je ressens face au schéma du 1.

 

Prenons donc notre ami le 7. :blush: On pourrait dire sur le schéma du 1 :

Le 7 a pour compulsion d'éviter l'intempérance qui est la cause majeure de sa souffrance (ça je le crois vraiment, c'est même la source de la contrepassion du 7, mais c'est un autre débat).

Il développe la passion de l'intempérance et la fixation de la planification.

Bien sûr, c'est faux. Nous savons que le 7 veut éviter la souffrance.

 

On pourrait aussi dire que le 2 veut éviter l'orgueil qui est son besoin fondamental, existentiel. Que le 3 veut éviter le mensonge, qui est son échec majeur et que, généralement, il ne veut pas voir. Que le 4 veut éviter l'envie qui est le sentiment le plus banal qui soit (ça aussi, j'y crois, c'est la théorie du désir mimétique de René Girard). Que le 5 veut éviter l'avarice ou l'accumulation qui est la principale manifestation du vide spirituel (les Pères du désert l'ont dit). Que le 6 veut éviter la peur ou la lâcheté qui est la déviance absolue, la trahison par excellence. Que le 8 veut éviter l'excès qui est le signe de faiblesse ultime chez chacun de nous (tout ce qui est excessif est insignifiant : c'est tellement vrai, les 8 et les ailes 8 le savent !). Que le 9 veut éviter la paresse : là, je ne vois pas le lien direct avec le conflit, sauf à dire que le 9 voudrait éviter la paresse qui, par son abstention même, crée les conflits. Tout cela n'est pas très rigoureux, mais se tiendrait en théorie presque ou autant, selon les cas, que de dire que le 1 veut éviter la colère qui nourrit la fixation du perfectionnisme.

 

Bien sûr, j'entends ce que tu vas me dire. La passion et la compulsion sont intimement liées. Je suis bien d'accord et cela renforce le modèle. Il n'empêche que pour tous les types, le modèle marche mieux que le modèle virtuel que je viens d'évoquer pour les besoins de la démonstration. Et heureusement ! Mais pourquoi, a contrario, le 1 contredirait-il cette règle ?

 

Autre manière d'exprimer mon malaise : tu évoques le caractère moral du 1. C'est vrai, mais c'est dû à sa compulsion. Le 1 est "surmoral". C'est la morale de l'impératif catégorique de Kant ! (Là aussi, autre débat.) Bien intégré, le 1 n'est pas plus moral qu'un autre, ou me trompe-je ? Ce qui me gêne ici, c'est que le modèle de l'ennéagramme ne moralise jamais à priori. Cela contribue à sa richesse, cela révèle sa justesse comme outil. La compulsion de chacun consiste à éviter quelque chose à tout prix qui est un sentiment, une menace, mais qui n'est pas une valeur éthique. Or, pour le 1, on met à la base même du mécanisme une connotation morale. Cela me semble, pour le coup, très en rupture avec le reste du modèle.

 

Voilà mes interrogations. Je pressens qu'il s'agit certainement plus d'une question de vocabulaire que de fond. Mais je ne peux m'en satisfaire pour l'instant.

 

Il y a cependant une chose qui peut clore la discussion. Si tu me dis que ton expérience d'un panel de 1 te donne la certitude que le 1 a pour compulsion d'éviter la colère et non l'imperfection, je ne pourrai que m'incliner. Il est évident pour moi que la pratique et la vérification empirique sont essentielles. Mais il resterait alors l'ombre théorique… qui me chagrinerait.

 

J'espère n'avoir rien chagriné en toi.

Bien cordialement.

 

P-S : pour intérieur-extérieur, mille fois oui. Moi aussi j'avais été un peu vite !

François, 7 mu, aile 8

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Fabien Chabreuil

Bonjour Francois,

 

Tout d'abord, précisons : je suis un mental, et je me veux un scientifique. Il n'y a pas d'idée qui ne puisse être discutée, contestée, ou remise en cause, à partir du moment où c'est sur la base d'arguments. J'ai consacré des années de ma vie à l'Ennéagramme, pourtant je pourrais l'abandonner demain sans aucun regret si quelque chose prouvait qu'il était inexact, ou si un modèle plus complet et plus précis se présentait. Patricia et moi avons d'ailleurs largement contribué à une évolution et un affinement de certains aspects de l'Ennéagramme, remettant en cause certains éléments au grand dam de plus fondamentalistes (un enseignant français nous aurait traité d'hérétiques, ce que, dans ce contexte, je considère être un compliment). Rien de ce que tu dis ou as dit ne m'a donc "chagriné".

 

"Ton argumentaire est d'une logique qui ne peut que me plaire. Mais cela est très 'circulaire' et tellement 'simple' que j'ose me méfier un peu…"

Oui, c'est circulaire. Je ne pense pas qu'on puisse arriver à une chaîne linéaire de causes à effets, mais plutôt à un système dans lequel tous les éléments interagissent.

 

"Mais pourquoi, a contrario, le 1 contredirait-il cette règle ?"

Pour la raison indiqué dans mon précédent message. Voir aussi précision théorique plus bas.

 

"Tu évoques le caractère moral du 1. C'est vrai, mais c'est dû à sa compulsion. Le 1 est 'sur-moral'. C'est la morale de l'impératif catégorique de Kant ! (Là aussi, autre débat.) Bien intégré, le 1 n'est pas plus moral qu'un autre, ou me trompe-je ?"

Le caractère moral du 1 vient de son orientation, et non pas de sa compulsion. L'orientation est une caractéristique du type indépendante de son niveau d'intégration. Un 1 est centré sur la morale (les idéaux élevés, sans que la théorie dise de quels idéaux il s'agit, ce qui permet l'universalité du modèle). La compulsion le rend "sur-moral", mais ce n'est que l'exagération d'un trait fondamental de la personnalité qu'il manifeste plus que les autres profils, mieux qui est au centre de son existence (la définition de la orientation). D'où mon explication du message précédent.

 

Très cordialement,

Fabien

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Bonjour Fabien,

 

Tes arguments sont très forts et donc tu n'es pas prêt d'abandonner l'ennéagramme ! Ouf…

 

Plus sérieusement, je dois laisser décanter.

 

Il reste que ce que tu dis sur l'orientation morale du 1 me semble sans équivoque et pourtant me laisse perplexe.

Il suffit de connaître des 1 pour être convaincu de la justesse de ton propos…

Mais, ce qui est complexe est l'articulation de cette orientation du 1 avec le fait que, tu le dis souvent, il n'y a pas de hiérarchie entre les types. Et, de fait, les 1 dans leur essence ne seront pas meilleurs que les 7 (au hasard). S'ils ne sont pas meilleurs, c'est qu'ils ne sont pas plus vertueux. Et s'ils ne sont pas plus vertueux, c'est qu'ils ne sont pas plus orientés vers la vertu que les autres.

Du coup, je décale un peu mon questionnement en laissant de côté cette histoire de compulsion. Ce qui m'intéresse avec le 1, c'est qu'il laisse pour moi une part d’ombre quant à la théorie du chemin d’acquisition des vertus. C'est cela qui fondamentalement retient mon attention. Cette part d'ombre se déporte, avec ce que tu m'as répondu, sur la question de l'orientation et de son articulation à l’essence.

 

Merci pour ce dialogue…

François, 7 mu, aile 8

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Fabien Chabreuil

Bonjour François,

 

Le modèle n'a aucunement comme conséquence d'établir une hiérarchie des types ! J'ai l'impression, que tu peux démentir, que c'est simplement toi qui projette sur le modèle ta propre hiérarchie. Il me semble que tu considères que c'est mieux de porter son attention sur la morale (1), que par exemple d'exalter la beauté du monde (4) ou de répandre la joie (7).

 

L'Ennéagramme au contraire nous dit que toutes ces vertus sont indispensables au monde et que les hiérarchiser n'a pas de raison d'être. Honnêtement, un monde peuplé uniquement de 1 intégrés serait diablement chiant, et bien sûr c'est la même chose pour les huit autres ennéatypes.

 

L'orientation est une sorte de spécialisation, quelque chose que chaque type fait mieux que les autres, même si les autres savent le faire aussi. Ne pas avoir la préoccupation morale au centre de sa vie n'empêche pas pourtant d'être un être moral. Peut-être y a-t-il là aussi une sorte de confusion entre faire et être ?

 

Très cordialement,

Fabien

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Oui, je démens formellement ! D'autant que j'approuve tout ce que tu énonces.

Je crois donc que c'est une question de mots, en grande partie (le chaînage bien-vertu-morale), et une question philosophique. Donc il faut que j'y pense à tête reposée. A la semaine prochaine donc !

Bien cordialement.

François, 7 mu, aile 8

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