Anne Sylvestre

[Harper]

Bonjour à tous…

 

Anne Sylvestre :

J'aime les gens qui doutent,

les gens qui trop écoutent

leur cœur se balancer

(…)

J'aime ceux qui paniquent,

ceux qui sont pas logiques

enfin pas comme il faut…

 

Hé hé hé… Un hymne 6 ?

 

  

Bénédicte

[Harper]

Bonjour à tous,

 

Anne Sylvestre (suite)

 

Côté phobique :

"Je hante la forêt du doute,

Et le désert du désamour

Me semble côtoyer ma route,

Là je tombe autant que je cours.

Je me déchire dans les ronces

En attendant que tes bastions

Veuillent livrer une réponse

A la meute de mes questions."

 

Côté contrephobique :

"Toutes les automobilistes

Pourraient faire avec moi la liste

Des âneries que l'on entend

Quand on est au volant.

J'ai donc appris à leur répondre

Et de manière à les confondre :

- Oui ça consomme mais moins qu'un mari

Et c'est bien plus gentil

- La conduite je l'ai apprise

Et pas dans une pochett' surprise

- La voiture, elle est à moi,

Ni à Jules ni à Papa,

Et quand le long d'un trottoir,

Je les voyais goguenards

J'demandais sans un frisson :

- Vous voulez une leçon ?

Pour conjurer la parano

J'suis dev'nue la reine du créneau !"

 

Je crois que c'est clair…

 

Bénédicte

[Harper]

(Suite)

 

Au vu du DVD de concert, la variante alpha est manifeste (émotionnel riche et facilement accessible), certaines chansons pointent vers le sous-type conservation (comme Les grandes balades où elle envisage systématiquement ce qui risque de lui arriver de physiquement désagréable… ou pire), et le côté à la fois minimaliste et intense du non-verbal et du jeu de scène, plus le fait que (je cite) "avant, je n'osais pas parler, et je faisais des chansons à la place", pointe vers une première aile en 5 (mais les ressources de l'aile 7 sont là, et bien là).

 

Chanson du jour (qui reflète mon humeur du moment et que je dédie à l'ensemble de mes étudiants de deuxième année ) :

 

Lâchez-moi, j'ai déjà donné

J'en ai assez de vous bercer

Il faudrait toute la journée que je materne

Lâchez-moi, ça finira mal,

Je ne suis pas un confessionnal

C'est de l'invasion cérébrale

Ca me consterne, j'ai mal.

 

(…)

 

Lâchez-moi, vous me piratez

En moi vous prenez vos quartiers

En plus vous me barricadez contre les autres

Lâchez-moi car vous me ruinez

Moi en matière d'amitié

Je ne suis pas un gros banquier

Mais j'ai mes pauvres cachés.

 

Très cordialement,

Bénédicte

[Harper]

Bonjour,

 

Sixtation du jour (toujours dans les chansons d'Anne Sylvestre) : "On ne me fera pas dire ce que j'ai l'air de penser." 

 

Bénédicte

[Harper]

(suite)

 

Toujours dans le DVD de concert. Contexte : vers la fin du spectacle, lorsqu'elle fait une fausse sortie, puis présente ses musiciens.

 

"J'ai toujours la même crainte : que je revienne et que vous soyez partis. [Voix dans le public : Y'a pas de risque !] Non, bien sûr que non, mais…"

 

"Je sais ce que vous pensez : il en manque [des chansons.] Il en manque exactement deux cent cinq… mais on n'aura pas le temps de toutes les chanter…"

[Kayla]

Bonjour Bénédicte,

 

C'est amusant parce qu'en tant que 6, tu la vois 6, et moi en tant que 4… j'avais pensé à l'ennéatype 4 pour Anne.  Je pensais notamment à cette chanson :

 

Citation

Oui ! Faites-moi souffrir

Arrachez-moi de beaux soupirs

Je ferai des chansons sublimes

Oh, oui ! Refusez-vous

Oh ! Laissez-moi mourir de vous

Venez m'assassiner de rimes

Voyez ces beaux regrets

Comme dentelles de Calais

Que ça fera un beau costume !

Désirs inassouvis

Étalage de broderies

Au ravissant point d'amertume

 

Ah, ha ! Ah, ha ! Ah, ha ! Ah, ha !

 

Oui ! Faites-moi languir

Éparpillez tous vos sourires

Regardez-moi en transparence

Oui ! Gaspillez le temps

Comme si nous en avions tant

Qu'il n'aurait aucune importance

Promesses non tenues

Rêves brisés, sitôt venus

Donneront des couplets superbes

Silences anodins

Pas égarés dans des jardins

Où ne repoussera plus l'herbe

 

Ah, ha ! Ah, ha ! Ah, ha ! Ah, ha !

 

Oui ! Faites-moi mourir

Envoyez-moi m'ensevelir

Sous un Niagara de larmes

Oh, oui ! Balancez-moi

Entre la froideur et l'émoi

Retirez-moi toutes mes armes

Je vous aime si fort

Que me demandez-vous encore ?

Auriez-vous tant besoin de preuves ?

Non ! Essayez plutôt

De me mettre le bec dans l'eau

Et d'inverser le cours du fleuve

 

Ah, ha ! Ah, ha ! Ah, ha ! Ah, ha !

 

Oui ! Faites-moi sourire

Moi, je veux bien ne plus écrire

Que des romances, des bluettes

Oh, oui ! Rassurez-vous

Et j'écrirai à vos genoux

Quelques chansons d'amour simplettes

 

Ah, ha ! Ah, ha ! Ah, ha ! Ah, ha !

 

Oh, oui !

Ou bien encore celle-ci :

 

Citation

Au bord des larmes

Je veux amarrer mon bateau

Au bord des larmes

Je veux tremper mes pieds dans l'eau

Au bord des larmes

Je sais qu'il y a des roseaux

Des nénuphars et des oiseaux

Des plages douces sous la peau

Au bord des larmes

Au bord des larmes, c'est beau

 

Au bord des larmes

Je veux construire mon abri

Au bord des larmes

Je veux dormir en plein midi

Au bord des larmes

Je veux installer mes soucis

Mes espérances défleuries

Et mon enfance peinte en gris

Au bord des larmes

Au bord des larmes, ici

 

Au bord des larmes

Je veux pouvoir me mirer nue

Au bord des larmes

Je veux plonger sans être vue

Au bord des larmes

Où vous n'étiez jamais venu

Je vous ai cent fois reconnu

Et votre image entr'aperçue,

Au bord des larmes

Au bord des larmes, m'a plu

 

Au bord des larmes

Je veux me poser désarmée

Au bord des larmes

Je veux m'étendre et vous aimer

Au bord des larmes

Je sais qu'un rire peut fuser

Comme un vol d'oiseau dérangé

Si nous pouvons le partager

Au bord des larmes

Au bord des larmes, venez

 

Au bord des larmes, venez

Au bord des larmes

Vous promener, venez

Au bord des larmes

Pour nous aimer, venez

Et pour finir, je pense à celle-ci, qui me semble illustrer le mécanisme de défense de sublimation :

 

Citation

Que je sois née d'hier ou d'avant le déluge

J'ai souvent l'impression de tout recommencer

Que j'aie pris ma revanche ou bien trouvé refuge

Dans mes chansons, toujours, j'ai voulu exister

Que vous sachiez de moi ce que j'en veux bien dire

Que vous soyez fidèles ou bien simple passant

Et que nous en soyons juste au premier sourire

Sachez ce qui, pour moi, est le plus important

Oui le plus important

 

Écrire pour ne pas mourir

Écrire, sagesse ou délire

Écrire pour tenter de dire

Dire tout ce qui m'a blessée

Dire tout ce qui m'a sauvée

Écrire et me débarrasser

Écrire pour ne pas sombrer

Écrire, au lieu de tournoyer

Écrire et ne jamais pleurer

Rien que des larmes de stylo

Qui viennent se changer en mots

Pour me tenir le cœur au chaud

 

Que je vive cent ans ou bien quelques décades

Je ne supporte pas de voir le temps passer

On arpente sa vie au pas de promenade

Et puis on s'aperçoit qu'il faudra se presser

Que vous soyez tranquille ou plein d'inquiétude

Ce que je vais vous dire, vous le comprendrez

En mettant bout à bout toutes nos solitudes

On pourrait se sentir un peu moins effrayé

Un peu moins effrayé

 

Écrire pour ne pas mourir

Écrire, tendresse ou plaisir

Écrire pour tenter de dire

Dire tout ce que j'ai compris

Dire l'amour et le mépris

Écrire, me sauver de l'oubli

Écrire pour tout raconter

Écrire au lieu de regretter

Écrire et ne rien oublier

Et même inventer quelques rêves

De ceux qui empêchent qu'on crève

Quand l'écriture, un jour, s'achève

 

Qu'on m'écoute en passant, d'une oreille distraite

Ou qu'on ait l'impression de trop me ressembler

Je voudrais que ces mots qui me sont une fête

On n'se dépêche pas d'aller les oublier

Et que vous soyez critique ou plein de bienveillance

Je ne recherche pas toujours ce qui vous plaît

Quand je soigne mes mots, c'est à moi que je pense

Je veux me regarder sans honte et sans regrets

Sans honte et sans regrets

 

Écrire pour ne pas mourir

Écrire, grimace et sourire

Écrire et ne pas me dédire

Dire ce que je n'ai su faire

Dire pour ne pas me défaire

Écrire, habiller ma colère

Écrire pour être égoïste

Écrire ce qui me résiste

Écrire et ne pas vivre triste

Et me dissoudre dans les mots

Qu'ils soient ma joie et mon repos

Écrire et pas me foutre à l'eau

 

Et me dissoudre dans les mots

Qu'ils soient ma joie et mon repos

Écrire et pas me foutre à l'eau

 

Écrire pour ne pas mourir

Pour ne pas mourir

Dans son dernier spectacle, avant d'entamer l'une de ses chansons ("Elle f'sait la geule"), elle dit ceci : "Autobiographiques mes chansons ? Mais non ! Quoique…"

 

Je pense aussi à celle-ci qui il me semble pourrait illustrer un 4 qui s'intègre et atteint peu à peu l'équanimité :

 

Citation

Cerisiers de l'enfance

Et photos de vacances

Lèvres rouges Maman

Ta robe de lin blanc

Tous les menus propos

Et le bruit des cristaux

En écho

 

Les raisins sur la treille

La visite aux abeilles

Le petit arrosoir

Mimine viens t'asseoir

La dentelle au fuseau

Cliquetis des ciseaux

En écho

 

Bye bye mélanco

J'ai tiré le rideau

Sur un ciel indigo

Bye mélanco

 

Les dimanches moroses

Les pétales de roses

Devant les reposoirs

La prière du soir

Quelques pièces dans l'eau

Les larmes d'un piano

En écho

 

Le parfum des troènes

La vieille Citroën

Ne m'attends pas ce soir

Des soupirs dans le noir

Ce silence bientôt

Qu'on couperait au couteau

En écho

 

Bye bye mélanco

J'ai tiré le rideau

Sur un ciel indigo

Bye mélanco

 

Une enfance à refaire

Où sont passés mes frères ?

En s'excusant de tout

La honte jusqu'au bout

On porte son grelot

C'est pire qu'à Jéricho

En écho

 

Et sans rien qu'on nous dise

Dans une banlieue grise

Où des couloirs puants

Sont ouverts aux enfants

Retenir ses sanglots

Taper sur les barreaux

En écho

 

Bye bye mélanco

J'ai tiré le rideau

Sur un ciel indigo

Bye mélanco

 

Balade sur le fil

Des amitiés fragiles

Une île sur la mer

Et le cœur à l'envers

Aligner quelques mots

Sur un accord en do

En écho

 

Et de plus en plus vite

Le temps qui prend la fuite

Les enfants les amours

La richesse des jours

Et tous ceux dont il faut

Écouter le solo

En écho

 

Bye bye mélanco

 

J'ai ouvert les rideaux

Sur un ciel plein d'oiseaux

Bye mélanco

 

Bye bye mélanco

 

J'ai ouvert les rideaux

Sur un ciel plein d'oiseaux

Bye mélanco

[Harper]

Bonjour Kayla,

 

Depuis l'époque où j'avais posté dans cette conversation,

• J'éviterais maintenant de formuler une hypothèse (ou alors, avec de sérieuses réserves) seulement sur la base de chansons. Je préfèrerais compléter mes données par des interviews (si possible radio ou vidéo, qui fournissent une formulation moins retouchée qu'à l'écrit, et tous les éléments du langage paraverbal, comme le ton et le rythme de la voix) ;
• J'ai eu l'occasion d'envisager aussi une hypothèse 4 suite à une discussion au sujet d'Anne Sylvestre avec une personne qui était probablement de ce type.

Dans la mesure où les interviews que j'ai entendues depuis ne me fournissaient pas de raison de me prononcer avec une certitude raisonnable, je n'ai pas poursuivi cette conversation.

 

En ce qui me concerne, je me retrouve dans un certain nombre de chansons d'Anne Sylvestre, mais pas dans toutes. En particulier Faites-moi souffrir que tu cites ne fait pas sens pour moi.

Par contre, je pense qu'un 6 en période de cafard pourrait écrire Écrire pour ne pas mourir. Il s'agirait d'un mécanisme de sublimation qui ne serait pas nécessairement en rapport avec la compulsion, quoiqu'écrire des chansons peut permettre à un 6 d'exprimer des émotions dans un contexte où ce ne serait pas une déviance. De même Elle f'sait la gueule fait sens pour moi (introduction comprise).

 

J'ai quand même trouvé tout à l'heure sur son site officiel un long article de journal qui irait plutôt dans le sens du 4, donc on peut envisager l'hypothèse comme tout à fait plausible. Je l'envisagerais comme de variante alpha (à cause de la forme d'humour et parce que certaines introductions de chansons dans les enregistrements publics sont très mentales) et aile 5 (finalement, que sait-on sur elle ?), et par rapport à ce qu'elle dit de l'époque où elle ne pouvait pas parler entre les chansons (et où elle chantait ses introductions à la place), des problématiques doivent exister autour du sous-type social. Je n'ai pas d'indications pertinentes concernant les autres sous-types.

 

Une question à toi : y a-t-il des chansons d'elle qui ne font pas du tout sens pour toi, et si oui lesquelles ?

 

Amitiés,

Bénédicte

[Kayla]

Oui, en effet, pas évident en se basant seulement sur ses chansons ! En fait, ayant pu échanger avec elle à plusieurs reprises depuis 2003 et d'après les éléments connus dans ses biographies aussi, je partais avec des informations complémentaires.

 

Une de mes amies, 1 alpha se reconnaît plutôt bien aussi dans la chanson Elle f'sait la gueule.

[Fabien Chabreuil]

Bonjour à tous,

 

"J'éviterais maintenant de formuler une hypothèse (ou alors, avec de sérieuses réserves) seulement sur la base de chansons."

J'écrivais dans Chanson-ennéagramme : "Je crois qu'il a deux catégories de chanteurs : ceux dont les chansons racontent des petites histoires et si elles sont bien faites, des ennéatypes sont bien perceptibles, et ceux dont les chansons décrivent l'expérience personnelle et qui déclinent en permanence les caractéristiques de leur profil. Certains autres chanteurs mélangent les deux catégories."

 

Je citais Gainsbourg ou Léo Ferré comme chanteurs dans la production était tellement homogène que l'étude de leurs textes était suffisante pour trouver leur ennéatype. À vous lire ci-dessus, cecla semble effectivement moins évident pour Anne Sylvestre.

 

"En ce qui me concerne, je me retrouve dans un certain nombre de chansons d'Anne Sylvestre, mais pas dans toutes."

J'aurai tendance à me méfier un peu aussi de ce critère. Par exemple, à une certaine époque de ma vie, je me retrouvais complètement dans l'œuvre de Léo Ferré et je n'en étais pas 4 pour autant (même si mon émotionnel intérieur de support était bien activé).

 

Très amicalement,

Fabien

[Kayla]

Il y a en effet deux types de textes parmi ses chansons :

• Ceux qui racontent très clairement une petite histoire et décrivent merveilleusement un personnage (je ne me reconnais pas forcément dans ces textes-là ou rarement). Elle parle de ces personnages avec beaucoup de tendresse et de compassion.
• Ceux qui sont clairement autobiographiques et qui présentent souvent quant à eux beaucoup d'auto-dérision (et là en effet je me retrouve dans presque tous).

Finalement, je pense que la prochaine fois que j'aurai l'occasion de lui parler, je lui demanderai si elle connaît l'ennéagramme. Elle est sans doute la mieux placée pour trouver son ennéatype ? (Cas de conscience éthique qui me taraude depuis que j'ai rejoint cette conversation.)