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Afrique subsaharienne


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Bonjour à tous,

J'aime bien les cartes, alors merci Fabien pour cette illustration, même si elle ne me surprend pas autant que ça.
Pour marquer le phénomène, on peut aussi constater que l'Afrique est plus de deux fois plus vaste que la Sibérie.

Les cartes du monde sont une représentation 2D d'une réalité en 3D. Pour faire le lien avec l'Ennéagramme, elles filtrent la réalité en mettant plus d'attention et d'importance sur certains points que sur d'autres, comme nos filtres égotiques. Le filtre de la représentation de Mercator, amplifie la surface les territoires qui se rapprochent des pôles, et réduit relativement ceux qui comme l'Afrique sont sur l'équateur.

Ce constat permet aussi de se rappeler que « la carte n'est pas le territoire ». :happy:

Pour en revenir au sujet initial de ce billet, à savoir l'ennéatype de l'Afrique, je ne sais pas s'il est possible d'en trouver un commun. Cela voudrait dire qu'il y a une base culturelle commune à tout le continent, ce qui ne me semble pas facilité par plusieurs facteurs :

  • C'est un territoire très étendu, avec des séparations physiques parfois fortes, comme le Sahara qui isole le Maghreb de l'Afrique noire.
  • Les vMèmes VIOLET et ROUGE sont encore très présents. Ces vMèmes induisent de nombreux groupes de cultures différentes, présents sur des territoires bien plus petits que le continent, et souvent même que les États.
  • Pour ce qui concerne les vMèmes BLEU et ORANGE, l'Afrique est là aussi divisée entre les influences culturelles des différentes puissances coloniales du XXe siècle, à laquelle s'additionne de plus en plus celle de la Chine. Les zones d'influence coloniales ne recoupent pas forcément exactement celles des ethnies. Les combinaisons sont donc multiples.

Si toutefois on peut trouver un ennéatype à l'Afrique, je propose les pistes suivantes :

  • Un coté fataliste, une dissociation entre l'intention et l'action, un faible impact sur le reste du monde qui me font penser à l'instinctif réprimé, mais c'est peut être seulement le poids de VIOLET ;
  • Une dissociation entre l'intention et l'action qui peut rejoindre la piste de l'instinctif réprimé, et/ou ouvrir celle du mental intérieur.

Je ne sais pas en dire plus pour le moment.

Note : c'est en Afrique que l'ONU s'attend à la plus forte croissance démographique d'ici 2050, avec plus de 40 % de la croissance totale de la planète(1). Il me semble probable que cela induise des changements importants de conditions de vie, et donc probablement de vMèmes.

Bien amicalement,
Jérôme

(1) Source : "La population mondiale devrait atteindre 9,6 milliards en 2050", Centre d'actualité de l'ONU, 13 juin 2013.

Jérôme E9 mu, aile 1, C =/- S -/+ X =/+

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

"J'aime bien les cartes."
Moi aussi ! Des cartes changeant les perspectives habituelles aident à comprendre nombre de problèmes économiques, stratégiques et géopolitiques. Il existe des atlas de cartes décalées qui sont captivants. Je suppose que tu connais la très souvent passionnante émission d'Arte, Le dessous des cartes, mais au cas où…

"Pour marquer le phénomène, on peut aussi constater que l'Afrique est plus de deux fois plus vaste que la Sibérie."
Oui et 36 fois plus peuplée !
 
"Le filtre de la représentation de Mercator, amplifie la surface les territoires qui se rapprochent des pôles, et réduit relativement ceux qui comme l'Afrique sont sur l'équateur."
Oui, la représentation de Mercator a un sens, l'hémisphère nord abritant les deux tiers des terres émergées… et aussi la totalité des pays industrialisés. Mais du coup, elle véhicule donc une vision déformée et un peu colonialiste du monde.
 
Pour les amateurs, je signale ou rappelle cet ancien article du blog "Une île" qui présente la projection de Fuller, la plus exacte connue à ce jour.
 
"C'est un territoire très étendu, avec des séparations physiques parfois fortes, comme le Sahara qui isole le Maghreb de l'Afrique noire."
Cette discussion ne cherchait qu'à typer l'Afrique subsaharienne.
 
"Pour en revenir au sujet initial de ce billet, à savoir l'ennéatype de l'Afrique, je ne sais pas s'il est possible d'en trouver un commun. Cela voudrait dire qu'il y a une base culturelle commune à tout le continent."
C'est une gageure de vouloir typer un ensemble humain qui n'a jamais été uni. Pourtant, quand je suis allé en Afrique, j'ai senti, sans bien savoir le formuler, un petit quelque chose de commun, mais ce n'est peut-être qu'une communauté de vMèmes, dont nous avions parlée et que tu rappelles fort justement, voire même une simple illusion.
 
Il serait peut-être plus raisonnable de découper l'Afrique subsaharienne en deux ou trois sous-ensembles. Il y a des différences importantes entre l'ouest et l'est du continent.
 
"C'est en Afrique que l'ONU s'attend à la plus forte croissance démographique d'ici 2050, avec plus de 40 % de la croissance totale de la planète. Il me semble probable que cela induise des changements importants de conditions de vie, et donc probablement de vMèmes."
Oh oui ! On attend aussi de l'Afrique une des plus fortes croissances économiques de la planète. C'est peut-être de l'écart entre ces deux mouvements que dépendra le sort du continent.
 
Très amicalement,
Fabien

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Bonjour Fabien, 

"Je suppose que tu connais la très souvent passionnante émission d'Arte, Le dessous des cartes, mais au cas où…"
Oui, j'aime beaucoup et j'ai même acheté les bouquins !

"Pour les amateurs, je signale ou rappelle cet ancien article du blog "Une île" qui présente la projection de Fuller, la plus exacte connue à ce jour."
Je me souvenais de cette représentation et n'ai pas su la retrouver sur le blog, merci !
 
Bien amicalement
Jérôme

Jérôme E9 mu, aile 1, C =/- S -/+ X =/+

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Bonjour Fabien et Jérôme,

 

Je travaille de temps à autre sur le thème de l'interculturalité avec entre autres des Africains qui sont nés en Afrique et vivent en France pour x raisons.

 

Comme tu le dis Fabien, il semble raisonnable de diviser l'Afrique en sous ensembles.

 

J'ai lu certains messages, et je me suis arrêtée notamment sur une réflexion concernant la fierté de certains Africains. Il faut savoir que dans certaines ethnies de l'Afrique de l'Ouest, les castes existent (différentes de celles existantes en Inde). Ces reconnaissances d'appartenance et de positionnement dans une société se retrouvent encore très fortement en France. On se marie entre personnes d'une même caste. Certains "nobles" sont reconnaissables à leur port altier, à leur manière d'être, ils se doivent de tenir leur rang… mais (leur fierté) ne suffit pas pour être sûr que la personne est bien d'une caste noble originaire d'une ethnie de l'Ouest africain.

 

Une personne d'origine camerounaise me disait que les Africains se sentent camerounais une fois tous les 4 ans, au moment du foot ! Le reste du temps on appartient d'abord à son ethnie, à sa langue…

 

Donc d'une ethnie à l'autre, il peut y avoir énormément de différences. Cela nous invite à l'observation.

 

Passionnant l'Afrique et les Africains…

 

Cordialement,

Ada

Ada – E6 mu, aile 5 et 7

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Bonjour à tous,

 

Je rejoins tout à fait les remarques d'Ada dans son post précédent. J'ai grandi au Nigeria, visité quelques autres pays d'Afrique subsaharienne, souvent travaillé au cours des dernières années avec des collègues camerounais, sénégalais et ivoiriens pour la plupart. Cette discussion me passionne d'autant plus que je serais moi-même incapable de trouver suffisamment de points communs entre toutes ces cultures nationales pour leur attribuer un ennéatype…

 

Comme le précise Ada, il me semble que les Africains définissent d'abord leur culture (ou leur groupe social de référence) par leur ethnie — parfois même avant leur famille. Les marqueurs culturels forts que sont la langue ou la religion varient fortement par exemple entre les Ibos, Yorubas et Haoussas au Nigeria. Et les stéréotypes culturels sont légion aussi : mes collègues camerounais m'ont parfois confié qu'ils ne mettraient les pieds au Nigeria (pays voisin) pour rien au monde, tant la réputation de violence et de cruauté de ses habitants est forte.

 

Mes interlocuteurs DRH des pays d'Afrique francophone accueillaient nos processus RH occidentaux (fixation d'objectifs et évaluation notamment !) avec un amusement poli, et il fallait beaucoup de temps, d'écoute et d'observation pour commencer à repérer les codes implicites. Généralement c'était l'ethnie d'origine qui attribuait au collaborateur un statut donné, parfois très différent du poste qu'il occupait officiellement dans l'organigramme, et dont il n'était pas question de sortir.

 

De même j'ai souvent observé dans les séminaires multiculturels réunissant tous les représentants de nos filiales africaines que les relations semblaient s'établir selon une hiérarchie subtile et complexe, dont nous autres Occidentaux n'avions clairement pas les clés. :idea:

Marie-Noëlle - 4α 3 C- S= X+/-

"La vraie faute est celle qu'on ne corrige pas" (Confucius)

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

Merci de vos remarques Ada et Marie-Noëlle. Elles rappellent, s'il en est besoin, la difficulté mentionnée depuis le début de cette conversation d'identifier un éventuel ennéatype en plus des vMèmes bien présents et nettement plus visibles. Car vos messages ne parlent que de Spirale Dynamique, par exemple d'une incompréhension entre VIOLET/ROUGE et BLEU/ORANGE dans les deux derniers paragraphes du texte de Marie-Noëlle, ce qui est la problématique classique dans les relations entre Occident et Afrique (cf. le chapitre sur l'Afrique du Sud dans notre ouvrage La Spirale Dynamique).

Je note toutefois que vous employez plusieurs fois le terme "les Africains" comme si on ne pouvait malgré tout pas se débarrasser de l'idée qu'ils ont quelque chose de commun. Ainsi, j'avais été étonné de lire que le chanteur Stromae avait déclaré : "Je suis 30 % Rwandais, 30% Congolais et 40% Africain." Mais peut-être ce quelque chose de commun n'est-il qu'un sentiment partagé de souffrance au souvenir de l'exploitation et de la colonisation.

L'Ennéagramme et la Spirale Dynamique se complètent. Tu trouveras en France, Marie-Noëlle, des gens qui s'estimeront plus Bretons que Français, ou des gens d'une région qui ont une piètre opinion d'une autre région, sans que cela n'empêche d'identifier l'ennéatype de la culture française en général. L'existence d'un ennéatype et d'un empilement de vMèmes pour des sous-groupes n'exclue pas forcément la possibilité le faire la même chose pour le groupe entier. C'est complexe, mais c'est ça qui est bon. :miam:

Très amicalement,
Fabien

Source : Stéphanie Trouillard, "Stromae : « Plus africain que rwandais »", Slate Afrique, 7 août 2011.

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  • 6 months later...

Bonjour à tous,

Je suis en train de terminer un formidable bouquin sur l'Afrique, Africa : États usés, miracles ordinaires (version Kindle) de Richard Dowden (Nevicata, 2012), que je ne saurais trop conseiller aux participants à cette discussion, non à tout le monde en fait. L'auteur est directeur de la Royal African Society à Londres et a parcouru le continent dans tous les sens pendant 30 ans. Son livre traduit un amour lucide et sans complaisance pour l'Afrique subsaharienne, et alterne analyses et compte rendus de voyages et de rencontres. Il est trop riche pour que je puisse le résumer ou simplement en extraire quelques phrases : il n'y a pas de pages inutiles dans cet ouvrage, et il est rare que je pense cela d'un bouquin, surtout faisant 585 pages. En tout cas, il m'a fait prendre conscience que mon ignorance de l'histoire africaine est encore plus grande que je ne le croyais !

Richard Dowden commence par nous mettre en garde contre toute tentative de voir l'Afrique comme homogène : "Dites « l'Afrique, c’est… », et aussitôt vous mesurerez l'insuffisance de vos paroles : chaque généralisation exclut au moins cinq pays." Ce propos n'exclut pas forcément un ennétaype commun : on sait qu'un même ennéatype peut donner des comportements apparemment contradictoires en fonction de la manière de concrétiser les motivations du profil, de l'activation de la passion ou de la contrepasssion, du positionnement sur l'un des pôles de la dichotoomie, etc. Il nous confirme toutefois que la tâche risque d'être encore plus difficile que nous ne le pensions.

Malgré tout, Richard Dowden voit trois caractéristiques communes au continent :

  • l'importance des valeurs humaines ;
  • le poids de la spiritualité : "La vie en Afrique est perçue comme une unité. Elle inclut le divin et le mystique autant que le monde objectivement perceptible." ;
  • la permanence de l'espoir : "En Afrique, au cœur des guerres, des famines et autres catastrophes provoquées par l'homme, j'ai vu de mes yeux des gens s'acharner à vivre. Ils se redressaient avec dignité et faisaient face à des conditions de vie qui auraient brisé la plupart d'entre nous. En Afrique, même aux pires moments, pas de plaintes. Vous n'y entendrez jamais la litanie du malheur et du désespoir répétée à longueur de reportage dans certains médias occidentaux lorsqu'ils dressent l'état des lieux du continent. Il y a là-bas toujours de l'espoir. L'abattement est bien plus palpable à Highbury, mon quartier du nord de Londres, que dans l’Afrique toute entière.", "Sauf au Rwanda en 1994, je n’ai jamais croisé le désespoir en Afrique. Même aux pires moments, lorsque règnent la mort, la guerre ou simplement lorsque leurs conditions de vie ne cessent de se détériorer, jamais les Africains ne désespèrent. […] Si les peuples du monde étaient jugés à l'aune de leur musique, les Africains seraient de ceux qui suscitent les plus grands espoirs. Les taux de satisfaction crèveraient les plafonds. Si la musique était comptabilisée comme une richesse matérielle, l'Afrique serait opulente. En faisant un détour par l'Amérique, l'Afrique a fait don de la musique moderne au monde. […] La musique africaine est l'expression par excellence de la culture du continent. Même au fin fond des impasses les plus misérables des villes les plus déshéritées, dans l'épaisse fournaise, les mélodies vibreront pareilles à des perles sur le délicat fil d’argent du rythme. […] Est-ce imaginable que cet optimisme inébranlable vienne d'Afrique ? De ce continent dont on dit qu'il est le plus violent, le plus meurtri, le plus désespéré ? On s'attendrait plutôt à ce que l'Afrique produise des raps désabusés, des rythmes brutaux et des airs saccagés. Pourtant, on n'y trouve pas le moindre soupçon de tension ou de désespoir. Du reste, le mot dépression ne figure pas au vocabulaire de la plupart des langues africaines. La musique joyeuse de l'Afrique n'est pas un remontant ni un moyen de se convaincre que tout-va-pour-le-mieux-dans-le-meilleur-des-mondes. Ce n'est pas non plus un mouvement de résistance underground ni une barrière contre le désespoir. La musique africaine, c'est l'espoir. Les danseurs sont la vie. Bien plus que par la misère, l'Afrique est sous l'emprise de la musique. Le continent aurait-il une source de joie secrète, un trésor que la plupart d’entre nous auraient perdu, n'auraient jamais soupçonné ? Qui sait ?"
    Ce point, s'il est confirmé, devrait exclure les profils réprimant le centre instinctif, 9 y compris car vu ce qu'a subi l'Afrique, je n'imagine pas une culture 9 sans que le centre préféré bascule de temps en temps.

Très amicalement,

Fabien

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