4 ayant une belle-mère 8 envahissante

[Chris]

Bonjour à tous,

 

Joyeux Noël en retard. Bonne Année pour plus tard et tout le tralala.

 

Je rencontre un problème de communication avec ma belle-mère qui, je pense, est de type 8 alpha.

 

Pourtant, j'ai un ami 8 avec qui je m'entends très bien. Nous avons de longues discussions qui saoulent notre entourage. Il parle très fort, du coup moi aussi, mais nous sommes sur la même longueur d'onde. Il voit l'injustice du monde, j'en vois la souffrance et nous refaisons le monde à nous deux. Nous n'avons pas forcément les mêmes opinions, mais nous nous écoutons et enrichissons nos visions.

 

Avec ma belle-mère, c'est tout-à-fait différent. Elle ne se remet jamais en question. Elle ne jure que par la loi du plus fort et ne comprend absolument pas mes coups de déprime. Elle ne veut pas refaire le monde, elle l'accepte tel qu'il est et voudrais que je rentre dedans. Elle me dit qu'il faut se battre et ne comprend pas mes baisses d'énergie. L'important pour elle est de gagner assez d'argent pour se sentir en sécurité et d'amasser plein d'objets pour faire genre. Elle me dit que "il faut redescendre sur terre, ma p'tite fille." Elle n'a de cesse que de me montrer sa vie en exemple, qui pour elle est une image de réussite. Elle me saoule… Elle me téléphone trois fois par jour pour me demander si j'ai bien fait ci ou ça, elle passe trois fois par semaine à l'improviste parce qu'elle à un fromage à me donner, le lendemain c'est une boîte en plastique qu'elle veut récupérer, etc. J'ai l'impression d'être surveillée et ne me sens jamais tranquille. Et parfois en trente minutes de téléphone, elle arrive à me gâcher des mois de travail sur moi-même. Elle me déprime et me fait me ressentir faible et inapte. Si j'essaye de lui expliquer mon point de vue, elle fait semblant de ne pas m'écouter ou ne me répond pas. Depuis que je connais l'ennéagramme, je fais énormément d'effort avec elle. Je comprends que la plupart du temps, elle essaye de m'aider. D'ailleurs en ce moment, elle nous aide à redresser notre situation financière et je me sens donc redevable envers elle. Cependant, je ne veux pas qu'elle dirige ma vie. En fait, j'ai l'impression qu'elle veut que je devienne comme elle et que j'annihile ma propre personnalité.

 

Alors comment faire pour comprendre le message qui fait que nos vies se sont rencontrées ? Comment faire pour ne prendre que le bon et qu'elle arrête de me déstabiliser sans cesse, alors que je m'efforce de me reconstruire ?

 

Si vous avez des suggestions, je suis preneuse.

 

Chris (4)

[Fabien Chabreuil]

Bonjour Chris,

 

Merci pour le tralala. La même chose pour toi en 2003 !

 

Nous avons déjà souvent parlé de ta belle-mère, notamment dans la discussion "Sortir de sa mélancolie chronique". Je récapitule quelques éléments dont je me souviens dans cet échange, charge à toi de me dire s'ils ne sont plus d'actualité :

- Ton mari, Christophe, 9, travaille dans l'entreprise de tes beaux-parents.

- Vous logez dans une maison à proximité de chez eux et qu'elle vous a trouvée.

- Ce n'est pas la première fois qu'elle vous aide, financièrement ou non.

 

A partir de là, pour un 8, il n'y a pas photo : vous (son fils et toi) êtes des êtres faibles, incapables de vous débrouiller par vous-même.

 

Si elle vous aime, il est donc de sa responsabilité de vous protéger d'un monde et d'une vie que vous ne savez pas affronter. Vous êtes des sujets de son royaume et la reine ne demande pas à ses sujets l'autorisation d'entrer dans leur chaumière.

 

Quel que soit le type, il n'est pas relationnellement sain à vos âges de dépendre à ce point de ses (beaux-)parents. La première chose à dire est donc : "Barrez-vous !" Même si c'est difficile personnellement et financièrement.

 

Si cela ne vous est pas possible, il va falloir reconquérir le terrain (oui, reconquérir, avec un 8, cela risque bien d'être de cela qu'il va s'agir). Il n'y pas d'illusion à se faire, cela va être long et difficile. Vous allez devoir prouver à cette femme que vous êtes forts et capables de survivre par vous-mêmes. Elle connaît son fils depuis très longtemps et toi depuis quelque temps : elle va avoir du mal à y croire.

 

Le couple complique la situation. Pour qu'elle lâche prise, il faudra qu'elle considère soit que vous êtes tous les deux forts, soit que l'un des deux est suffisamment fort pour protéger l'autre.

 

La question avant d'aller plus loin est : quelle est sa définition de la force ? A quoi concrètement sait-elle que quelqu'un est fort ?

 

Très cordialement,

Fabien (7)

[Chris]

Bonjour Fabien,

 

J'ai dit tralala pour éviter le bla-bla habituel, en somme, pour éviter la banalité. J'étends mes voeux à toute la communauté de l'ennéagramme ainsi qu'à ta femme, Patricia, une fois n'est pas coutume !

 

Récapitulons donc…

 

- Christophe travaille bien dans l'entreprise de son père. Je dis de son père car ma belle-mère n'a rien à voir là-dedans, si ce n'est d'avoir pris en charge toute la vie pratique pour que celui-ci puisse y travailler corps et âme. Le fait nouveau est que cette entreprise est en dépôt de bilan depuis deux mois et qu'il y a très peu de chances qu'ils arrivent à redresser la barre. C'est une entreprise d'organisation type 5 dirigée à l'ancienne, ce qui fait certainement qu'ils en sont là… Enfin…

 

- Nous logeons effectivement dans une location qui se situe à 1 Km à vol d'oiseau de "leur domaine". C'est tout de même une location indépendante où nous payons notre loyer à 90 %. Le deuxième fait nouveau est que les propriétaires veulent vendre leur location et nous devons prendre congé pour ce début juin 2003.

 

- Ce n'est effectivement pas la première fois qu'ils nous aident, mais l'on dit "elle" car elle tient les cordons de la bourse, même si c'est lui qui la remplit. Cependant l'aide n'est que financière, car l'aide morale et affective, ça, ils ne connaissent pas !

 

C'est aller à l'encontre de mes principes que de me faire aider par eux financièrement, mais je n'étais pas seule à décider. Notre situation était telle que depuis de nombreuses années, mon "Intrépidité" allié à "l'Appétit" de Christophe, ont mené nos vies droit à la catastrophe. Nous étions mûrs, il y a quelque mois, pour entreprendre un plan de surendettement.

 

Elle nous aime ? Là, est la grande question ! Je pense qu'elle nous aide car nous sommes trop faibles à ces yeux pour prendre en charge notre progéniture, et c'est bien cela qui lui importe.

 

A la question de la force, je pense qu'il s'agit pour elle ne pas avoir d'états d'âmes ou de ne pas les montrer. Une de ses dernières métaphores est que je suis une herbe rampante alors qu'elle est un vieux chêne vigoureux. La force pour elle ressemble étrangement au dynamisme physique allié à une certaine capacité de prévoyance financière, pour être toujours en sécurité.

 

J'ajouterais que si l'on m'avait dit il y a encore deux ans que j'écrirais sur Internet pour résoudre des problèmes de belle-maman, je n'y aurais évidement pas cru, le sujet étant d'une banalité qui frise la médiocrité. Le mythe de la belle-mère n'aurait évidement pas dû me concerner.

 

Bon, voilà pour le début…

 

Chris (4)

[Louise B]

Merci pour ce partage Chris et à toi Fabien de l'avoir expliqué avec l'ennéagramme. Comment as-tu fait pour savoir que ta belle-mère était 8 ? Et comment fait-on pour savoir de quel type est la personne qui nous dérange ? Toute une investigation.

 

Louise 4

[Fabien Chabreuil]

Bonjour Chris,

 

Et bien, il semble que les circonstances de la vie vont vous mettre à distance de la belle-mère dans les mois qui viennent. Cela sera certainement très difficile pour vous, mais je suis convaincu que cela sera globalement bénéfique.

 

Je trouve excellente cette définition de la force vue par ta belle-mère.

 

Un peu comme nous l'avons fait à propos de ton mari dans une autre conversation, il faudrait que tu te mettes dans la peau de ta belle-mère, que tu deviennes elle un instant : là, tu détermines quels comportements et quelle attitude doit avoir Chris pour te convaincre qu'elle est forte. Ce sera moins facile à faire qu'avec Christophe, parce que tu la connais moins et que tu l'aimes moins. Mais je suis certain que tu vas y arriver. Ensuite, nous déterminerons si tu veux avoir ces attitude et comportements et si tu peux le faire.

 

Je voudrais aussi revenir sur ton premier message. Tu y écris, entre autres phrases du même acabit : "Elle me déprime et me fait me ressentir faible et inapte"

 

Oh non, Chris ! Personne, même un 8, n'a ce pouvoir sur un être humain. Sur une pierre, oui. Si je donne un coup de pied dans une pierre, elle va rouler sur le sol et sa trajectoire ne dépendra que de mon coup de pied. Mais un être humain a un cerveau. Si je me comporte avec lui d'une certaine manière, il interprète mon attitude et réagit en conséquence. Il a le choix de ses réactions. La preuve en est que des personnes différentes réagiraient de manières différentes.

 

On ne peut donc pas dire que ta belle-mère te déprime. On ne peut que dire que tu te déprimes à propos de ce que dit et fait ta belle-mère.

 

Personnellement, le jour où j'ai réalisé cela, j'ai cessé de m'énerver pour des tas de choses ! Mais il est vrai qu'un 7 ne se fera pas souffrir s'il en le choix…

 

Très cordialement,

Fabien

 

P.-S. : Louise, le type de la belle-mère de Chris a été confirmé au cours d'une discussion sur ce panneau, avant ton arrivée je pense. Pour trouver le type d'une personne, il faut… connaître l'Ennéagramme et connaître la personne. C'est loin d'être facile. Le thème a été abordé dans plusieurs conversations, dont notamment ici.

[Chris]

Bonjour Fabien,

 

Et, oui, les circonstances de la vie font que tout cela va changer… Seulement, ce n'est pas pour moi que cela va être très difficile, car prendre le large équivaut à retrouver ma liberté tant entravée. Par contre, je pense que cela va être très difficile pour mes beaux-parents et mon mari, car entre eux, c'est le cercle vicieux !

 

Si je me mets à la place de ma belle-mère, non sans une certaine difficulté effectivement, l'attitude de Chris pour me prouver qu'elle est forte serait qu'elle soit : dynamique, apprêtée, sérieuse, reconnaissante, toujours prête.

 

Oh oui, Fabien… Que tu as raison… Je me déprime toute seule ! Je commence à percevoir toute l'influence des autres sur moi. Cette influence est tellement forte que je ne sais plus QUI JE SUIS ! La crainte du jugement des autres, la peur de me faire gronder… comme une petite fille !, cette "honte" et "haine" de moi PARCE QUE je suis "intrépide", ce glissement vers le point 2, cette colère latente de me sentir toujours aliénée par les autres, tout ces ressentiments… je crois que je commence à comprendre ce que veut réellement dire la désintégration !

 

Effectivement, mon chemin fait que je préfère souffrir… que de faire souffrir et malgré tout cela, j'ai fait énormément souffrir ceux qui m'aimaient réellement.

 

J'ai du pain sur la planche !

 

Très cordialement,

Chris (4)

[Fabien Chabreuil]

Bonjour Chris,

 

La question se pose alors. Est-ce que la priorité est de régler ce problème avec ta belle-mère, problème qui va s'atténuer automatiquement dans six mois ? Ou est-ce qu'il est de préparer ce changement et d'aider ton mari à le vivre ? Comment veux-tu répartir ton énergie entre ces deux objectifs ?

 

Hélas, la plupart des êtres humains se traitent ainsi, comme s'ils étaient des pierres soumises au bon vouloir des éléments extérieurs. Ce n'est pas évident de prendre conscience que nos émotions sont plus déclenchées par notre interprétation des événements extérieurs que par ces événements eux-mêmes.

 

A chaque émotion forte, tu peux :

1. Te demander : qu'a fait l'autre ?

2. Te demander ensuite : quelle signification as-tu attribuée à son comportement (ou son attitude, sa mimique…) ?

3. Réaliser que c'est cette signification qui a déclenché l'émotion.

4. Te demander alors : quelles autres significations étaient possibles ? Quelle autre interprétation aurait pu avoir telle personne (que tu aimes et respectes) ? Et donc quelles autres émotions étaient possibles ?

J'ai essayé : cela fonctionne.

 

Par définition, c'est effectivement ceux qui nous aiment et que nous aimons qui partagent notre vie et que donc nous faisons le plus souffrir. Bah, c'est la vie… égotique et ils font la même chose, les salopards !

 

Très cordialement,

Fabien (7)

[Louise B]

Bonjour à vous,

 

Dans ce que tu exprimes Fabien concernant les émotions fortes, c'est finalement d'aller vérifier nos croyances concernant ce déclenchement. Rappel d'une émotion passée ?

 

Bizzzzz

Louise 4

[Chris]

Bonjour Fabien,

 

Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai extrêmement de mal à continuer cette conversation, peut-être parce que l'émotion n'est plus là et du coup je ressens comme un grand vide, ou peut-être parce que l'on parle de choses dont je n'ai pas forcément envie de parler car cela ne me procure aucune sensation agréable et que nous rentrons dans le vif du sujet de ma vie pratique. Un sujet qui ne me passionne pas et pour cause… je n'ai toujours pas réussi à prendre ma vie en main.

 

"Le problème va t-il s'atténuer automatiquement dans six mois ?"

Je ne sais guère, en fait, tout dépendra, je pense, de la distance que l'on mettra entre elle et nous, c'est en pourparler, nous voudrions nous éloigner (pour l'instant, nous parlons que de 30 Km), mais elle trouve toujours à redire trouvant milles fausses excuses, du genre, nous allons avoir besoin d'elle, et elle ne sera plus tout près.

 

"Ou est-ce qu'il est de préparer ce changement et d'aider ton mari à le vivre ?"

Je pense qu'il faut effectivement préparer ce changement tout en sachant que je n'ai toujours pas de boulot, car j'ai véritablement du mal avec le "j'ai envie de faire ça" ou "pas envie de faire ça", du coup, je ne fais rien.

Pour mon mari, il sent bien qu'il faut s'éloigner mais les arguments de sa maman le font changer d'avis constamment.

 

"Comment veux-tu répartir ton énergie entre ces deux objectifs ?"

Je dirais 15 % pour la belle-mère et 75 % pour le reste, car c'est bien le reste qui m'importe.

 

Pour chaque émotion forte, je fais déjà automatiquement les petits 1, 2 et 3.

 

Par contre, arrivée au point 4, cela devient difficile, à savoir : "Quelles autres significations étaient possibles ?"

Jusqu'à maintenant aucune, puisque que ma signification ne pouvait qu'être la seule et la bonne !

 

"Quelle autre interprétation aurait pu avoir telle personne (que tu aimes et respectes) ?"

Alors ça, c'est pas mal comme question pour trouver d'autres significations, parce que si je me demande à moi-même, je suis incapable d'en trouver d'autres. Merci.

 

"Et donc quelles autres émotions étaient possibles ?"

Effectivement, dans ces conditions, il reste de la place pour d'autres émotions.

 

Je n'ai pas encore mis la totalité de cet exercice en pratique lors d'une situation réelle, mais je ne désespère pas d'y arriver un jour. J'arrive seulement à me dire que ma signification n'est pas la bonne et à la place, c'est le grand vide !

 

Très cordialement,

Chris (4)

[Fabien Chabreuil]

Bonjour Chris,

 

Ce point 4 est fondamental. On pourrait considérer que le développement comme un changement de centre d'intérêt. Dans une première phase, égocentrique, l'intérêt est centré sur soi, ses désirs, ses besoins. Dans une seconde, on devient capable de comprendre et prendre en compte l'intérêt d'une autre personne (ou d'un groupe d'autres personnes). Dans une troisième, on trouve au premier plan l'intérêt global de tout ce qui est.

 

Bien entendu,

- ce développement n'est pas linéaire ; il y a des hauts et des bas, des allers et des retours ;

- ces niveaux constituent une holarchie, c'est à dire que chaque niveau transcende et inclut ceux qui précèdent ;

- nous passons tous au cours de notre évolution par ces trois niveaux et personne ne peut être critiqué d'être placé ici ou là dans l'holarchie.

 

Très cordialement,

Fabien (7)

[Chris]

Bonjour Fabien,

 

J'arrive à la conclusion que tout ce qui est n'est autre que la vie elle-même. "Tout ce qui est" lutte pour sa propre survie, son propre intérêt ! Ainsi, ce combat n'est pas condamnable.

 

De ce constat, je dois bien avouer que je fais un énorme complexe d'infériorité. Et cela suppose dans un même temps que je qualifie d'autres personnes d'être supérieures à moi. Dans ce cas de figure, il est inutile de m'adonner à ma passion en les enviant, car cela est un paradoxe.

 

Je suis torturée et je pense que ce que j'ai vécu dans mon enfance et adolescence a largement contribué à cet état d'esprit et a enraciné mon ego de 4 dans ses convictions.

 

J'aimerais garder en moi, cette "vue" d'ensemble, mais j'ai bien peur d'avoir encore un long chemin à parcourir. J'ai pensé naïvement que lorsqu'on lâchait prise, c'était une bonne fois pour toute. Mais au fur et à mesure que j'avance, je m'aperçois que je suis tombée dans quasiment tous les pièges que l'ennéagramme pouvait offrir, et il y en aura sûrement d'autres ! Mais, ce n'est pas grave, car c'est grâce à ces erreurs répétées que je peux appréhender un semblant de vérité objective.

 

Je te remercie beaucoup, Fabien, de m'aider à percevoir cela. Ce site et ses interactions, ainsi que tes explications, sont une mine incomparable d'informations qui me facilitent ma recherche à tâtons.

 

Ceci dit, j'ai encore beaucoup à apprendre sur moi et sur les autres, tout cela, bien évidement, sans oublier de vivre.

 

Christelle (4)