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Auto-observation sur la conduite automobile


Tir Na Nog

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Lorsque nous avons échangé en stage parmi les personnes réprimant le centre instinctif, une caractéristique commune a été évoquée : c’est principalement « le démarrage » de l’action qui est ressenti comme pénible. A côté de l’inhibition pour des mouvements très peu coûteux en énergie, (comme mettre ses lunettes), il s’agit d’un autre argument pour pointer qu’il s’agit bien de réprimer une fonction à un niveau psychique et pas d’une déficience physique comme une moindre résistance à l’effort.

 

Voici une observation qui porte sur cette difficulté à « enclencher » que j’ai repérée quant à moi dans la conduite automobile.

 

Toutes les semaines, après un rendez-vous en ville, je conduis pour aller prendre un cours de chant à proximité de l’agglomération lyonnaise. Deux trajets y mènent. L’un passe par le centre-ville, il est beaucoup plus court en kilomètres mais pas forcément en temps, selon l’heure. L’autre, beaucoup plus long, implique de prendre le périphérique ; selon l’heure, il peut être très roulant ou avec un passage ralenti, et en ce cas, il est également plus long en temps. À part deux expériences embouteillées avec le chemin du centre, j’ai toujours pris le trajet le plus long sans me poser de questions sur les raisons de mon choix…

 

J’ai été amenée à me questionner sur mes motifs suite à un trajet avec ma mère qui, quand elle y va par elle-même, part quasi du même endroit que moi et prend la voie du centre-ville : elle a manifesté son incompréhension puis sa stupeur scandalisée en me voyant emprunter le périphérique. J’ai alors réalisé que j’avais une vraie réticence à prendre le trajet du centre-ville ; je me suis demandé ce qui me dérangeait puisque, apparemment, il n’y a pas d’atout logique en faveur du périph. J’ai retesté.

 

Je me suis rendu compte que ce qui me gênait, c’était le grand nombre d’arrêt/redémarrages dus aux feux rouges et à la circulation, alors que je pouvais rouler en 4e/5e quasi tout du long par le périph. Ce qui m’agace assez fortement dans ces bouchons, ce n’est pas la perte de temps : dans le cas que j’ai donné, le temps passé est au pire équivalent, souvent moindre. Ni la pollution : le périphérique est une horreur et passe à côté de la zone industrielle de Feyzin qui pue significativement. C’est l’effort que ça me coûte de freiner et de redémarrer au moins 50 fois plus dans ce trajet.

 

J’ai d’ailleurs adopté un style de conduite où je limite au maximum le freinage au pied : je m’amuse à utiliser le frein moteur quasi si possible jusqu’à l’arrêt (je maudits les conducteurs qui m’obligent à freiner à la pédale). J’en ai tellement l’habitude que je peux par ce biais ralentir à la vitesse indiquée pile au niveau des panneaux signalant la diminution sur l’autoroute. Je fais très souvent un trajet d’autoroute où j’utilise le frein pédale uniquement au péage. Je crois que j’ai toujours un soupir intérieur au moment où je dois embrayer pour passer du point mort aux petites vitesses.

 

Précédemment je pensais que cette manie tenait essentiellement à une dimension esthétique (c’est plus fluide, plus élégant, plus contemplatif :wink:), mais avec l’histoire des deux trajets, j’ai perçu l’inconfort provoqué par les actions soudaines, en lien avec ma répression assez carabinée du centre instinctif.

 

Cela peut sembler paradoxal car le frein moteur demande plus de mouvements, l’embrayage étant impliqué ; mais l’intérêt de la conduite fluide, c’est qu’elle évite la contraction musculaire pour résister aux accélérations/décélérations nettement plus brusques du frein pédale. C’est là que le centre instinctif doit le plus se mobiliser : l’accélération/ décélération correspond au moment où l’on sent le mouvement s’enclencher, et le freinage brusque une sensation qui me dérange aussi quand je suis passagère…

 

Pour conclure sur mon intuition relative à la conduite dans la situation des deux trajets, j’ai décidé de travailler à mobiliser mon centre instinctif en prenant la route la plus chiante pour moi, en essayant d’observer la frustration créée par les arrêts, et en me concentrant sur les sensations physiques au lieu de tenter de maintenir ma conversation ou ma rêverie intérieure.

 

J’ai d’ailleurs constaté que, même si c’était moins plaisant que de barboter dans les fantasmes et la réflexion existentielle y afférant, mettre volontairement mon attention sur l’instinctif était moins frustrant que de tenter de résister au « parasitage » : de manière similaire à ce qui se passe avec un bruit parasite, par exemple le vrombissement aléatoire d’une mouche alors qu’on essaie de bouquiner, c’est quand on essaie de ne pas faire attention, de ne pas investir la sensation – et qu’on n’y parvient pas justement parce qu’on essaie : du coup on ressent un double manque, une double frustration.

Tir Na Nog – 4, aile 3, CSX++/--

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Bonjour Tir Na Nog,

 

Je retrouve pas mal de similitudes dans mes choix de conduite.

 

J’ai un centre instinctif fortement réprimé et je suis aussi 7 mu. Du coup je ne sais toujours pas ce qui tient plutôt de la répression de mon centre instinctif ou de mon évitement de 7.

 

La conduite en général me barbe. Je me sens enfermée, le manque de liberté me dérange fortement.

 

Je préfère largement prendre l’autoroute même si c’est un peu plus long et je suis une « fan » de la vitesse automatique, pas besoin de freiner juste un petit bouton pour décélérer… sauf quand un « abruti » de chauffeur de camion décide d'en doubler un autre et m’oblige dans ce cas à changer de vitesse… Je me suis demandé un jour si mon choix d’autoroute était lié à un désir de sécurité, moins d’accident sur autoroute mais je crois vraiment que c’est le côté facilité qui prime.

 

De même j’habite à 18 km de Saintes ou je me rends très régulièrement. J’ai le choix entre deux routes, une qui tourne beaucoup et qui me demande beaucoup d’attention, l’autre légèrement plus longue mais plus droite… C'est toujours celle-ci que je prends. Mon fils me dit régulièrement GPS en main, que je ne devrais pas passer par le second itinéraire mais je persiste. C’est vraiment une question de confort et de moindre effort aussi. Depuis le temps je connais le tracé par cœur, y compris les passages probables de chevreuils qui coupent inopinément la route !!!

 

Par ailleurs et c’est un peu paradoxal avec ce qui précède, je suis toujours en vitesse maximale autorisée. Moins je passe de temps en voiture mieux ça me va, j’ai des tas de choses beaucoup plus intéressantes qui m’attendent…

Manou7 (E7 mu, aile 6, Social)

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

 

"Du coup je ne sais toujours pas ce qui tient plutôt de la répression de mon centre instinctif ou de mon évitement de 7."

Cette interrogation est mal posée. L'ego n'est pas découpable en morceaux séparés et donc les deux éléments jouent forcément. La question est de savoir qui est en demande et qui en support, et il est possible que les rôles s'échangent selon les circonstances. les généralités sont suspectes et peut-être qu'un peu d'auto-observation…

 

Très amicalement,

Fabien

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  • 3 weeks later...

Bonsoir à tous,

 

Tout d'abord, Fabien, quel beau bleu ! Le forum a un nouvel éclairage !

 

Merci, Tir Na Nog, d’avoir précisé cette difficulté « d’enclencher », de démarrer le centre instinctif réprimé.

 

C’est fréquent chez moi aussi, avec une phase préliminaire avant l’action, qui peut se répéter dans le temps.

Ainsi, pour reprendre les mots d’une collègue décrivant son état durant lequel elle souhaitait mettre en œuvre des actions alors qu’elle restait avachie : « c’est comme si je regardais mon double le faire à ma place ». Oh, la belle transe hypnotique de progression en âge ! Il y a aussi l’autosuggestion qui vient s’y mêler. Par exemple, je dois écrire à quelqu’un : les phrases viennent dans ma tête, je me dis que je dois aller chercher une carte pour les écrire, mais je ne bouge pas. Il se peut que je réfléchisse dans quel tiroir doit se trouver la belle carte qui conviendra pour la personne en particulier : je visualise alors mentalement les cartes que j’ai pour faire mon choix, sans bouger (comme une commande en ligne !). Si le choix aboutit, il n’est encore pas sûr que je me déplace. Je me dis seulement que je le ferai, car je viens d’avoir une autre idée (sûrement pas par hasard, l’instinctif réprimé est bien aux commandes !) : que pourrais-je cuisiner ce soir et qui sorte de l’ordinaire ? De même, je passe en revue mentalement ce que j’ai dans le frigo, les pages de mes livres de cuisine dont je me souviens, et je m’imagine commencer une préparation, mais cette fois-ci c’est pour tester les couleurs, les saveurs, et tant que cela ne va pas bien, je recommence. Dès que j’ai perçu la façon d’utiliser mes légumes avec la petite touche nouvelle, ou à défaut, l’acceptation de faire comme une fois précédente mais qui a été bien appréciée, je me mets en mouvement pour le faire.

Ainsi, dans ce cas précis, pas moyen de démarrer le centre instinctif tant que la compulsion n'est pas satisfaite.

Voilà pourquoi je supporte plutôt bien les temps d’attente… à condition qu’on me laisse dans ma bulle !

 

Pour revenir au sujet de la conduite automobile, je l’appréhende différemment, dans un autre contexte (…non, ce n’est pas simplement un élan égotique de 4 qui veut être différent).

Je ne ressens pas la problématique du centre instinctif réprimé dans le cadre de la conduite car il y a un ensemble de sensations agréables du fait que je ne conduis pas exclusivement en ville et sur des périphériques chargés. Je me sens bien assise avec un dossier parfaitement ajusté, c’est bien plus confortable que le vélo par exemple. Les pédales sont similaires à un pédalier d’instrument de musique, tout l’art est de trouver la fluidité dans les mouvements d’échappement qui finissent souvent par devenir automatiques. Je peux mettre la musique qui convient à mon humeur ou me laisser surprendre pas une émission, une phrase, un mot qui soudain me percute et que sûrement j’attendais. Un jour de neige inopinée avec gelée brutale, la circulation était littéralement bloquée, plusieurs voitures sur les bas-côtés, mais la blancheur rendait le paysage étonnant et finalement extraordinaire quand j’ai entendu à la radio une voix pure chanter un air de musique baroque.

Au final, j’ai conscience que la voiture m’économise beaucoup de mouvements : quelques gestes et le paysage défile, et en plus, la musique, la radio, m’apporte le cadeau du jour.

 

Bien amicalement,

Katz

Katz – E4, C= S- X-/+, aile 5

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Bonjour à tous,

 

Juste une petite réponse hors-sujet mais la phrase "Tout d'abord, Fabien, quel beau bleu ! Le forum a un nouvel éclairage !" risque d'être incompréhensible à quelqu'un qui découvre le forum aujourd'hui ou qui le lira dans quelques années. Ce "bleu" fait allusion à ma nouvelle photo de profil qui apparaît sur chacun de mes messages. Je la change régulièrement par souci de cohérence entre ce que je suis et ce que je montre. Je me suis souvent gaussé de formateurs en évolution personnelle qui affichent des photos d'eux ayant plus de vingt ans et, encore, après les avoir bien retouchées. Il me semble qu'une relation ne doit pas commencer par un mensonge (cf. ce message sur mon blog). La dernière photo datait du mois de février, me convenait bien et me ressemblait encore ! Patricia était d'un avis différent, estimait qu'elle ne me correspondait pas vraiment, et me pressait de mettre à jour mon profil. Elle a pris ce nouveau cliché lors des dernières vacances — il faisait beau et le ciel était bleu —, et j'ai cessé de faire de la résistance passive. En attendant une autre image qui ne sera peut-être pas bleue.
 

Très amicalement,

Fabien

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