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Bascule et identification au centre de support


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Bonjour à tous,

 

Je vous soumets une hypothèse que je formule suite à la lecture de plusieurs conversations bien intéressantes, dont les plus récentes "Moi ? Peur ? Non ?" et "Types de peur chez le 6". L'idée que j'émets apparaît en filigrane à beaucoup d'endroits dans ce forum, mais ne semble n'avoir encore jamais été explorée pour elle-même, et donc validée ou invalidée.

 

Elle est simple. Se pourrait-il que, lors de la bascule, les types du triangle (3, 6, 9) s'identifient temporairement à leur centre de support ?

 

Théoriquement, le centre de support ne fait pas l'objet d'une identification, c'est le centre préféré. Un instinctif préféré s'identifie à son centre instinctif, un émotionnel préféré à son centre émotionnel, et un mental préféré à son centre mental. Pour rappel, l'utilisation du centre de support est subordonnée au centre préféré qui lui "délègue" certaines choses, en fonction de son "bon vouloir" (cf schéma de l'entonnoir vu au stage Centres).

 

Dans la discussion "Type de peur chez le 6", Fabien pose la question d'une possible crise identitaire que vivraient les 6 au moment du dysfonctionnement de leur centre préféré. Ce dysfonctionnement peut se matérialiser de plusieurs manières (cf. "Emballement du centre préféré des types du triangle"), mais c'est le cas de la bascule qui m'intéresse ici.

Pour ceux qui l'aurait oublié, la bascule caractérise les types du triangle. Sous stress égotique (échec de la compulsion), le centre préféré bascule et devient co-réprimé. Il se retrouve alors en dernière position de la hiérarchie des centres, le centre de support prenant la première place.

 

Personnellement, en cas de bascule donc, je vis cette crise. Je ne suis visiblement pas la seule (cf tout dernier témoignage d'Enensis dans la conversation "Types de peur chez le 6"). Cela se traduit par des angoisses existentielles, pas toujours conscientisées sur le coup, mais reconnaissables en différé. Ce sont des "Que suis-je ?" et des "Que vivre pour apaiser ma souffrance ?", qui s'accompagnent, chez moi, de la question "Comment survivre ?", propre à mon sous-type Conservation.

Ma false core émerge et mon ego appuie alors sur le méga bouton "WARNING !".

 

La panique peut me gagner, je peux être paralysée ponctuellement, mais l'ego finit toujours par "reprendre les choses en main", et mon centre de support entre en scène. C'est alors le seul centre encore véritablement accessible et un tantinet "valide".

 

Ayant le centre instinctif en support, la question "Que faire ?" est immédiate et automatique chez moi, et je m'accroche désespérément à la vertu théologale liée à ce centre, à savoir l'espérance. Je place de l'espoir, même infime, dans mon action, c'est ma planche de salut. Je ne PEUX PAS faire autrement, sinon, c'est la "fin" (interprétation égotique). Tel que je le vis, il est évident pour moi que dans ces moment-là, je m'identifie à mon centre instinctif.

 

Ceci dit, c'est à mon sens un peu compliqué d'en apporter la preuve irréfutable.

 

Après avoir ruminé un peu la question, j'ai trouvé quelques axes d'évaluation de l'attachement fort que je vis vis-à-vis de mon centre de support. Il y en a peut-être d'autres auxquels je ne pense pas.

 

J'ai cherché du côté des fiertés. Quand je me définis comme une femme d'action ou que je m'entends dire que j'en suis une, j'en éprouve de la fierté. C'est important pour moi (mon ego). Même chose si on me dit que je suis intelligente ou que l'on complimente mon centre mental. À la limite, en fonction du moment, je pourrais même juger un compliment sur mon centre instinctif plus justifié et gratifiant dans la mesure où j'ai conscience du fait que je réprime parfois le mental, et ça, mon ego peut très bien juger que ça n'est pas très joli, joli. :sour:

 

Par ailleurs, après avoir éliminé plusieurs types différents auxquels je m'étais identifiée, juste avant de commencer les stages à l'Institut Français de l'Ennéagramme, je m'étais arrêtée sur le type 1 qui est un instinctif préféré (cf. "Validation de mon ennéatype"). Là aussi, sans que ce soit THE explication du pourquoi du comment, je trouve cela assez significatif de l'importance que j'accorde à mon centre de support.

 

À l'aune de tout ce que j'ai déjà pu lire sur la question sur ce forum, j'ai l'impression de tenir là une hypothèse qui semble assez vraisemblable, mais il faudrait d'autres témoignages pour venir la corroborer, ou, au contraire, l'infirmer. Peut-être qu'une tendance générale pourrait au moins émerger.

Étant moi-même confrontée aux difficultés d'observation que cela nécessite, puisqu'on parle de bascule, donc de désintégration, je comprends parfaitement que le différé ne soit pas évident à questionner.

 

Qu'en pensez-vous ?

Que vivez-vous, chers types du triangle qui avez l'émotionnel ou le mental en support et/ou qui êtes d'un sous-type différent ?

 

Même si les questions de fond diffèrent des miennes, observez-vous une trame de fond similaire ?

 

Bien amicalement,

Pocahontas

Pocahontas (E6 mu, aile 5, C++/- S-/+ X--/+)

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

 

Merci Pocahontas pour cet intéressant sujet.

 

Je ne suis pas du triangle et donc la remarque qui suit ne peut être utile que par effet de contraste : je connais des moments où je suis fier de mon centre de support mais je ne m'identifie jamais à lui.

 

Très amicalement,

Fabien

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Alice et le lapin

Bonjour à tous,

 

Voilà un sujet très intéressant et complexe aussi. Il demande réflexion et observation. J'ai donc pris mon temps avant de répondre.

 

Il me semble que cette crise identitaire vécu par les types du triangle ne concerne pas seulement le moment de la bascule mais serais plutôt une sorte d'état général. Lorsque j'ai lu dans la conversation "Types de peur chez le 6" la réponse de Fabien à une stagiaire qui s'interroge sur la différence entre la répression du mental chez le 6 et la répression du mental chez un autre type, je me suis exclamée "mais oui, bien sûr c'est ça !" :

Le 20/05/2004 à 07:05, Fabien Chabreuil a dit :

Mais parce que c'est le centre préféré ! Celui sur lequel le 6, comme tous les mentaux, veut pourvoir compter pour expliquer le monde. Celui auquel il s'identifie ! Et voilà que ce centre, déloyalement, n'est plus là. Les autres types s'identifient à autre chose, et le non-fonctionnement du mental est juste un outil qui lâche. Cela ne les remet pas identitairement en cause.

 

Je pense que c'est une des raisons pour laquelle certains  strong>6 hésitent avec le type 4 (avec les émotions fortes de la variante alpha). Dans les moments où le mental préféré devient réprimé, il doit y avoir, consciemment ou inconsciemment, une crise identitaire. Qu'en pensez-vous ?

Sauf que dans mon cas, je dirais que cette crise identitaire n'était pas seulement présente au moment de la bascule, mais plutôt une sorte d'état permanent, état induit par la fluctuation de la hiérarchie des centres, caractéristique des types du triangle. À certains moments je suis une personne analytique et distante et à d'autres je suis sensible, émotive et à fleur de peau, mais enfin qui suis-je ?

Lorsque j'ai regardé la définition du mot identité, j'ai trouvé : "Caractère de ce qui demeure identique à soi-même".

Les types du triangle, ayant un sens changeant de ce qu'ils sont, vivent logiquement une crise identitaire.

 

De plus cela doit aussi dépendre de l'état d'intégration-désintégration. Plus la bascule est fréquente et plus cette crise identitaire est présente. Dans mon cas, je me définissais plutôt comme une personne sensible et émotive car avec le recul je pense avoir été souvent en bascule pendant la majeure partie de ma vie.

Et puisqu'il faut bien se raccrocher à quelque chose, j'ai fait de mon centre de support, celui qui fonctionnait le mieux, qui était le plus souvent sur le devant de la scène, l'objet de ma fierté. C'est ainsi que je me suis identifiée en 4 au début de mon parcours ennéagrammique, et ce pendant plus de 4 ans, avant de découvrir mon véritable ennéatype, le 6. La crise identitaire, le drame existentiel, le sens de ma défectuosité, ça me parlait et pas qu'un peu.

 

Je me définissais donc plutôt par rapport à ma hiérarchie fluctuante des centres, avec une fierté particulière pour le centre le plus souvent sur le devant de la scène, celui sur lequel je pouvais m'appuyer avec le plus de confiance.

Aujourd'hui je ne me définis plus depuis mon ego seulement, je suis plus que ça et le savoir fait du bien.

 

:heart:

Très amicalement,
Alice et le lapin

Alice et le lapin - E6 α7, C=/- S++/- X=/-
“Lo peor es que el empeoramiento empieza a empeorar.” (Le pire, c’est quand le pire commence à empirer)
Quino/Mafalda

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Bonjour tout le monde,

 

Sujet intéressant.

 

Il m'est important d'être vu comme quelqu'un sur qui l'on peut compter, surtout pour du soutien émotionnel et du support mental (au niveau instinctif et concret, je suis moins compétent et donc je fonde moins ma fierté egotique dessus). Cette pression arrive dans toutes les situations. Il y a une binarité dans laquelle je place tout le monde. D'un côté, la partie du monde à laquelle je dois être loyal et donc vis-à-vis de laquelle je dois réussir cet objectif (amis d'amis, membres d'une certaine communauté, famille…) et la partie vis-à-vis de laquelle renvoyer cette image m'est indifférent (je peux même me montrer agressif, cf la description du 6 sur le site, et renvoyer une image, au contraire, de quelqu'un d'insaisissable et de farouche). Par exemple, je rentre dans une salle de classe : je juge l'autorité du professeur, la qualité de son cours. Je prends en compte divers paramètres pour évaluer si je lui devrais loyauté ou non. Mes émotions du moment aident à définir les curseurs et jouent aussi leur rôle dans le processus. En bascule, je suis totalement identifié à ces émotions, et il n'y a plus qu'elles qui jouent un rôle dans ce processus. J'aime/je n'aime pas, c'est ce qui détermine ma loyauté, cette loyauté étant conditionnée par la capacité de la personne à assurer mon bien-être émotionnel, et ce j'aime/je n'aime pas n'étant pas interrogé, toutes les motivations sous-jacentes de confiance restent inconscientes. Or, ce que je cherche au fond, c'est de la confiance, pas de l'amour, donc le mental serait plus adapté (cf. stage Centres). Je donne cet exemple, car il me semble marquer la façon dont j'évalue le monde en permanence en fonction de cette fierté egotique : je dois être loyal, je dois être responsable, mais loyal à QUI ? Responsable vis-à-vis de QUI ? Plus je vais mal, plus cette loyauté est fluctuante, inconsistante : en effet, malgré mon désir d'en faire des choses rationnelles, mes émotions sont des émotions et sont inconsistantes.

 

Je ne suis plus guère constant dans ma loyauté, et je remplace la permanence d'un sens véritable de loyauté par une succession d'images de loyautés. Par exemple, quand je suis en relation avec quelqu'un à qui j'ai été loyal un jour, avant même de réfléchir et d'évaluer cette loyauté, son intensité et sa place dans la hiérarchie, je crée dans le présent une émotion de loyauté. Dans ces moments, qui sont des moments de bascule, je crée un lien privilégié et unique avec une personne. Je fais des promesses, clairement énoncées ou sous-entendues, sans même savoir si je les tiendrai. Le moment terminé, la promesse est parfois oublié. Je vis totalement au présent, mais je me sens plus isolé que jamais, alors que cette isolation est créée de toutes pièces par moi et ma suridentification à mes émotions, émotions "positives" (au sens "électrique" du terme) de loyauté, émotions "négatives" de peur de ne pas appartenir, de ne pas être soutenu.

 

Comme Alice et le Lapin, en bascule, je m'identifie alors l'image de quelqu'un d'émotif, de sensible et de relationnel. Je deviens mes émotions. Je deviens mes émotions, mais j'aspire à être quelqu'un d'analytique. Comment être en sécurité, sinon ?

 

Ce balancement des identifications, ce n'est rien d'autre qu'un réflexe que j'utilise pour échapper au sentiment de la déviance. Quand je ne sais pas si je peux faire confiance ou pas, je remplace mes doutes par du "j'aime/je n'aime pas", et de l'instabilité mentale je passe à l'instabilité émotionnelle. La colère et la tristesse que je ressens face à mon ego, c'est aussi une frustration de l'incapacité de celui-ci à s'identifier durablement au centre préféré. Ma vie serait plus simple, me susurre ce même ego, si je n'étais "que" un émotionnel, ou "que" un mental.  

 

Mais comme le dessine Alice et le lapin, accepter que je ne peux être qu'une seule identification, et que je peux être bien plus que cela, est l'espoir que je caresse maintenant. J'ai une panoplie d'exercices à ma disposition pour ce faire.

 

Le sujet est difficile à saisir. Je trouve difficile de ne pas être trop théorique. J'espère avoir été clair.

 

Très amicalement,

Bookineur

Bookineur – 6 alpha trop contrephobique, aile 7, C-/+ S+/- X+/-, Cordial en apparence

 

"Nos flots agités toujours changeants ne peuvent porter aucun nom." – Nathalie Sarraute (en espérant secrètement contrecarrer cette citation)

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