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Le groupe toujours, mais pourquoi faire ?


Simechau

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Depuis de nombreuses années j’appartiens à un groupe de réflexion philosophique. J’y suis assidu et bien respectueux des règles. J’y fais mon devoir, automatisme oblige. Mon action étant régulière, assidue, appliquée et sérieuse, je progresse régulièrement dans les degrés de ce groupe. Donc, tout va bien dans le meilleur des mondes, où l’accomplissement automatique de mon devoir, ou de l’idée que je m’en fais, est roi.

 

Sauf que depuis quelque temps déjà, confusément d’abord, puis de plus en plus clairement, cette participation au groupe me pèse. Alors, si je m’interroge vraiment, je pense qu’elle ne me nourrit plus, ne correspond plus à mes attentes et envies, et, peut-être même qu’elle m’enferme dans un cadre limitant. 

 

Il conviendrait donc, et je le sens, que pour me mettre en cohérence avec moi-même, je quitte le groupe, de mon propre chef. Et là, je m’aperçois que c’est une démarche très difficile à faire, vraiment très difficile à faire pour moi, quitter un groupe de mon propre chef.

Ma première réaction immédiate et automatique est de me dire : « Oui, mais alors, je vais être tout seul. »

Ma seconde réaction immédiate et automatique est de me dire : « Oui, mais ce n’est pas correct vis-à-vis du groupe, de ses règles, c’est un peu une trahison, c’est grave. »

 

Et pourtant la participation au groupe me pèse, je le sens, je le ressens, et si je me sonde vraiment et personnellement, je veux stopper, je veux passer à autre chose. Et je sens que cela est possible aujourd’hui. Je tourne donc en rond, rumination mentale en quelque sorte. Je prends mon courage à deux mains et j’appelle le responsable du groupe. Je lui signifie mon intention de quitter le groupe. Nous discutons longuement, et bien évidemment, il me convainc de rester, ou plutôt je me laisse convaincre de rester (automatisme oblige). Sauf que, au fond de moi, cela ne va toujours pas. C’est comme un cri intérieur et je ne me vois pas, mais vraiment pas, poursuivre cette activité.

 

La réflexion continue durant plusieurs jours, bien sûr.

 

Enfin, je passe à l’action, ma décision est prise, je cesse l’activité sous cette forme et je quitte le groupe. J’appelle le responsable du groupe. J’ai de la chance, il n’est pas là. Cela m’évite le contact direct, trop difficile pour moi, à ce stade. Ce qui me permet de laisser un message bref et précis, c’est plus facile pour moi. Ce message vocal explicite brièvement et tranquillement les raisons strictement personnelles de ma démission. Dans la foulée, je frappe la lettre de démission que j’avais rédigée il y a plusieurs jours déjà et je la poste. Ça y est, c’est fait, je l’ai jeté dans la boite aux lettres, c’est parti.

 

Je ne me sens pas très bien pendant plusieurs jours. J’ai un peu peur et je suis en tension confuse, mais en même temps je me sens soulagé d’un grand poids. Au 1er septembre prochain, le groupe reprend ses activités et je n’y serais pas. Je ne suis pas mort du fait de cette décision (pour l’instant), et rien ne m’empêche de créer et de faire vivre d’autres interactions sociales, ou pas, en partant de mon propre centre cette fois, de mon envie propre, si je le décide.

 

COURAGE, confiance en soi, confiance dans les autres, activité, amour. Voilà le chemin, pour moi.

 

COURAGE, il m’en a fallu. Et en même temps, ce n’est pas si difficile de cheminer, ça débute par un pas, qu’elle que soit sa taille, puis un autre pas, à la mesure de chacun. C’est concret, c’est ici et maintenant, dans le présent. 

 

Pourquoi aujourd’hui, suis-je en capacité de quitter un groupe de mon propre chef ? Une lecture récente me donne une réponse : L’accomplissement de soi d'Abraham Maslow. Je le cite : « D’autres aspects plus généraux des efforts de l’individu pour trouver sécurité et stabilité dans le monde s’observent dans le goût du plus grand nombre pour les choses familières, pour le connu plutôt que pour l’inconnu. La tendance à avoir une religion ou une philosophie du monde qui organise l’univers et les hommes en son sein en un tout cohérent, porteur de sens, est aussi en partie motivée par cette quête de sécurité. » (Eyrolles, 2013, p. 29).

 

Mon cheminement dans l’ennéagramme m’a permis de prendre conscience de mes automatismes, explicatifs de mes comportements, à savoir la peur et le doute. Par l’observation intérieure, je peux maintenant les reconnaitre et sentir quand ils sont à l’œuvre. Je suis donc moins prisonnier de ma peur automatique, dont j’avais d’ailleurs, pendant longtemps, peu ou pas conscience, et mon besoin de sécurité s’amoindrit d’autant. Et l’énergie utilisée jusqu’alors à répondre à mon besoin de sécurité et à conjurer ma peur est aujourd’hui rendue disponible et peut être utilisée à d’autres fins. C’est un cercle vertueux en quelque sorte.

 

Je peux donc quitter un groupe, ce qui est inédit chez moi. Je le ressens comme une libération.

 

Pourrais-je, un jour retourner  à nouveau dans ce groupe ? C’est possible, mais plus pour satisfaire à mon besoin de sécurité, cela je peux désormais le faire tout seul, car il y a en moi autant de courage que de peur. Je le sais. Si je décide de retourner dans ce groupe, ce sera pour le service, au sens de l’ennéagramme des processus, mais plus exclusivement pour satisfaire à mon besoin de sécurité et conjurer ma peur.

Simechau – E6 alpha, C= S -/+ X-/=

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Bonjour à tous,

 

Merci Simechau pour ce nouveau témoignage.

 

"Il y a en moi autant de courage que de peur."

Il y a en toi de la peur et du courage mais ils ne sont pas situés au même endroit. La première est dans l'ego, et le second dans l'essence. Y en a-t-il autant ? D'une certaine manière oui : l'ego est plein de peur et l'essence pleine de courage. D'une autre manière non : c'est à toi de doser la quantité d'attention portée à la peur et au courage. La peur à laquelle on ne prête pas attention existe-t-elle, version ennéagrammique de l'interrogation de Berkeley !

 

Très amicalement,

Fabien

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