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Travailler sur mon centre mental de support


Tir Na Nog

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Bonjour à tous !

 

Même si ce n’est pas le premier post que j’écris sur le forum, il s’agit d’un post « inaugural » en quelque sorte : au mois d’août, j’ai décidé de rédiger mes réflexions de manière régulière, comme une discipline d’évolution personnelle. J’attendais la réouverture du forum pour les poster ! En effet, j’ai réalisé qu’indépendamment de l’intérêt de mes réflexions, le processus même de rédaction pouvait être très fécond pour évoluer dans une problématique sans doute propre au 4, en tous cas à moi, que je vais tenter d’expliquer.

 

Lors de ma rencontre avec l’ennéagramme, j’avais eu très rapidement l’intuition que le travail sur l’instinctif, mon centre réprimé, était essentiel ; je m’y suis attelée, et ça s’est avéré (je pense que mon post suivant sera un récapitulatif de ma démarche sur cet aspect.) !

 

J’ai fait le stage Centres assez tardivement ; dans les notes de cours donnant des pistes pour travailler à son intégration interne, j’ai constaté qu’y figuraient des conseils (que j’avais mis en œuvre déjà) pour développer le centre réprimé, mais aussi le centre de support. Autant je comprenais l’intérêt de travailler sur mon centre instinctif, autant j’avais du mal à voir comment mettre l’accent sur mon centre mental pourrait être une priorité. Je l’ai mis de côté, mais j’ai continué à y songer et peu à peu commencé à saisir en quoi cela pouvait être important.

 

Tout d’abord, j’ai perçu cela : ma croyance dans le bon fonctionnement de mon centre mental avait beau être soutenue par des éléments extérieurs objectifs (j’ai toujours été une élève brillante ; quand je fais partie d’un groupe d’apprentissage, ma maîtrise théorique est rapidement pointée, mon QI a été évalué comme supérieur à la norme…), elle n’en est pas moins irrationnelle, car ses enjeux sont profondément subjectifs et biaisés. Cette croyance fait en réalité partie de mes fiertés égotiques les plus centrales. Je l’ai d’ailleurs repérée et traitée dans le stage Libération, je vois pourtant bien que je n’en suis pas débarrassée et qu’elle me gêne encore aux entournures (mais je l’aurais !)…

 

Une première étape du travail est donc d’observer cette fierté : elle est liée à ma relation avec mes parents, et donc à mon identité, à image. Pour mon père comme pour ma mère, ma précocité intellectuelle constituait une fierté considérable, ils en faisaient une promotion éhontée à leurs amis en ma présence ; j’avais compris très tôt que c’était leur propre narcissisme (et ses failles) qui était en jeu dans la promotion de cette qualité, ce qui me faisait douter de sa validité. Même si les retours que j’avais sur ce mental « tout-puissant » manquaient de fiabilité et d’authenticité, j’étais dépendante de cette croyance pour mon estime de soi : des problèmes importants d’intégration sociale qui se sont maintenus tout au long de mon enfance et mon adolescence ne me permettaient pas d’étayer cette estime de soi sur autre chose que cette qualité.

 

Je vivais avec ambivalence l’activation de cette fierté (c’est encore le cas): je me sentais obligée d’endosser cet habit de lumière, mais je ressentais en même temps que je n’étais pas à la hauteur du fantasme parental (renforcé par mon investissement d’être hors-norme, propre au 4 ; j’étais donc une imposture… Certes, les louanges de mes parents, tout comme mon succès scolaire, ont construit une forme de confiance ou d’assertivité (parfois trop grande) sur le plan intellectuel. Mais c’est aussi une source d’angoisse, de préoccupation, de comparaison anxieuse, au fond de mésestime de moi. Mon apparente assertivité constitue une réassurance bien insuffisante face à ce sentiment. C’est donc une fierté tout-à-fait égotique, une dépendance obsolète, plus source d’insécurité que de confiance, au fond.

 

En outre, le « parasitage égotique » atteint nettement la qualité de mon fonctionnement mental. En bonne 4, j’ai tendance à orienter 99 % de mes réflexions vers l’intérieur, et à souffrir mille maux et inhibitions quand je m’essaye à communiquer ce flux à autrui : « je m’exprime mal, c’est incompréhensible, c’est insuffisant, c’est interminable, il manque l’essentiel, qui voudrait lire ça, de toutes façons personne ne fera l’effort de comprendre, même quand quelqu’un me fait bon retour, c’est fallacieux, etc. »  C’est comme si à chaque pas, je me mettais moi-même un bâton dans l’essieu, trébuchement épuisant très fréquemment abandonné avant de franchir le seuil de l’adresse à autrui. Retrouver l’équilibre du message est parasité par mille contorsions pour compenser l’incommunicabilité que je perçois dans ma pensée, des justifications, des précisions, des retours, je croule sous le poids de ces digressions. Ma pensée boîte !

 

Autre caractéristique : en mon for intérieur, toute réflexion théorique est subordonnée à la dimension relationnelle : je ne pense qu’en adressant ma réflexion à des personnes « réelles » (en vrai, des interlocuteurs dans ma tête) ; mon interlocuteur imaginaire pose des questions, émet des objections qui m’amènent à développer ma pensée, nous débattons longuement sur une scène où je maîtrise tout, bien différente des aléas d’une vraie conversation…

La communication réelle a donc bien souvent des antécédents de « préparation », qui la minent : j’ai un besoin d’être « comprise » intellectuellement similaire à celui d’être « saisie » dans ce que je ressens. Cette attente en fait un enjeu trop important, un stress qui me pousse à être toujours plus précise, plus nuancée, plus complète, que je compare toujours défavorablement à la pensée « spontanée », totale et instantanée. Cela sape mon élan au fur et à mesure que je m’emploie à la déployer. Le sentiment d’effort vain est constant, et m’amène à lâcher prise, laisser tomber, me censurer… Arrière-goût de dévalorisation, de manque d’accès à moi-même.

 

Mon projet d’écrire un peu chaque jour, de façon durable, sur des sujets auxquels j’ai songé, et de me confronter à des réponses, ou des absences de réponses réelles sur le forum est donc ma tentative pour travailler sur ce problème.

Patricia

Tir Na Nog – 4, aile 3, CSX++/--

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Bonjour à tous,

 

"En effet, j’ai réalisé qu’indépendamment de l’intérêt de mes réflexions, le processus même de rédaction pouvait être très fécond pour évoluer dans une problématique sans doute propre au 4."

La tenue d'un journal ennéagrammique est bénéfique pour tous les types — j'avais eu le projet d'écrire un mini-manuel à ce sujet. Pour un 4, le piège de l'exercice est de continuer à faire ce que fait naturellement son ego, analyser sans fin son vécu intérieur dans un processus d'introjection-sublimation.

 

Cela nous amène, Patricia, au thème de ton billet, le travail sur le centre de support. Ton message évoque d'une part une problématique qui t'est propre, liée à tes capacités intellectuelles personnelles et à ton environnement familial. Au delà de ces aspects idiosyncratiques, comme tu l'as bien relevé, le travail sur le centre de support consiste à le libérer de la tutelle du centre préféré, soit pour le 4, à diminuer la quantité d'énergie qu'il consacre à mentaliser les émotions et les relations pour le réorienter vers des activités plus exclusivement mentales.

 

"Mon projet d’écrire un peu chaque jour, de façon durable, sur des sujets auxquels j’ai songé, et de me confronter à des réponses, ou des absences de réponses réelles sur le forum est donc ma tentative pour travailler sur ce problème."

Il ne faut pas considérer les absences de réponses comme significatives. Personnellement, je réponds quand il y a une question ou quand je pense que des ajustements, des compléments ou des correctifs sont nécessaires. La charge actuelle est forte, et ne contribue pas à une conversation dans les autres cas (je renvoie aux critères de modération des conditions générales d'utilisation).

 

Très amicalement,

Fabien

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