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Christine Lagarde, une ambitieuse modèle


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Bonjour à tous !

 

Je m’interrogeais récemment sur l’Ennéatype de Christine Lagarde, non que je sois spécialement groupie de la dame (nous n’avons pas la même sensibilité politique), mais sa personnalité me semble intéressante.

 

Pendant un temps, je l’ai vaguement vue 8, sans trop réfléchir à la question et uniquement parce qu’elle semble « une maitresse femme », une dirigeante à poigne, réputée « cash » et sans fioriture, qui revendique son franc-parler.

 

Mais finalement, cette affectation en 8 ne me satisfait pas. Franc parler, certes, mais toujours sur un ton exquisément policé. Lagarde n’a pas le côté « rentre dedans » ou froidement dominateur du 8. Elle n’est ni impulsive ni viscéralement réactive, plutôt dans une attitude de self-control souriant. Elle donne l’impression de gérer les coups durs avec recul et flegme, et surtout avec une grande élégance comportementale et verbale.  Elle est plus diplomate que le 8, moins frontale et plus fine mouche. Elle est du genre « main de fer dans un gant de velours » comme l’affirme un des articles que j’ai dénichés (le 8 étant plutôt une main de fer dans un gant de crin !). En outre, dans l’affaire Tapie, la seule qui ait plus ou moins entachée son parcours, elle plaide la bonne foi mais avoue placidement « avoir sous-estimé le risque de fraude associé à un des arbitres » (en général le 8 n’avoue rien du tout et pratique le déni intégral avec une farouche détermination). Reste à savoir si cette déclaration de Mme Lagarde exprime la vérité ou un petit arrangement avec la vérité, comment savoir ?

Sur les sites  Internet qui se piquent de compétences dans l’art subtil de l’Ennéagramme, soit on la voit 1 soit on la voit 3. Mais bien entendu, aucun des deux ne prend la peine d’expliquer pourquoi elle serait 1 ou pourquoi elle serait 3 !!! (Grrrr ! C’est ce qui m’énerve avec ce genre de sites !)

 

Quel point commun peut-on trouver entre l’ennéatype 1 et l’ennéatype 3 a priori si dissemblables ? Eh bien j’en vois au moins un : une capacité de travail surhumaine ! Le travail, le travail, le travail…

 

En effet, s’il y a bien une chose qui saute aux yeux quand on lit des articles sur Christine Lagarde, c’est que la vie de cette femme est entièrement vouée au travail, il n’y a franchement que ça qui compte pour elle! Il parait par exemple que sa formule fétiche est : « Quand le soleil brille, il faut en profiter pour réparer le toit ». Seigneur ! Quand le soleil brille, on en profiterait plutôt pour aller se promener aux Tuileries ou boire une bière en terrasse non ? (dixit une 7). Pas elle, elle préfère retaper sa toiture sous le cagnard ! Bon je plaisante, il y a heureusement des arguments plus sérieux pour illustrer sa passion du travail.

 

Elle a d’abord été, dans sa jeunesse, une boulimique d’études : maîtrise d’anglais, maîtrise de droit des affaires et DESS de droit social. Elle a également fréquenté la célèbre et très cotée Holton Arms School dans le Maryland et l’institut d’Études politiques d’Aix-en-Provence. (En revanche elle a échoué à intégrer à l’ENA : l’explication qu’elle en donne : elle était éperdument amoureuse et n’avait rien fichu !). Ensuite carrière que l’on sait, avec une récurrence troublante qui nous oriente facilement vers la piste 3 :

 

 

Une pionnière, donc, dans beaucoup de domaines. On sent une femme qui en veut ! Et qui a forcément dû travailler extrêmement dur pour en arriver là… Une battante assurément (qui a pratiqué la natation synchronisée dans sa jeunesse et a obtenu une médaille de bronze aux championnats de France. Ses entraineurs criaient : « Serrez les dents et souriez », une devise qu’elle a faite sienne et a retransmise à ses collaborateurs).

 

Dans le titre de l’article « Christine Lagarde, itinéraire d’une ambitieuse modèle » on retiendra le mot « ambitieuse », qui définit parfaitement le 3. (« Ambitieuse modèle », c’est encore mieux!). Puis l’intro nous parle « d’une travailleuse acharnée et grande séductrice », ce qui regroupe les deux atouts majeurs du 3. Enfin l’article poursuit sa route en nous reparlant encore et toujours « du travail » : « Au cœur du logiciel Lagarde, comme pour la plupart des femmes qui arrivent au sommet, il y a évidemment le travail. C'est même sa colonne vertébrale ».

 

Et on nous explique que Mme Lagarde est capable de participer à une réunion avec une fièvre de cheval. C’est une femme qui ne s’écoute pas. Quelle est sa motivation ?  Est-ce la rigueur du 1 pour qui le travail bien fait est une fin en soi ?

 

Certes, la rigueur est l’une des valeurs essentielles de Christine, qui confie : « À la maison, nous avons grandi avec un degré d'exigence culturelle, linguistique très élevé. A chaque fois que nous faisions une faute de français ou que nous mettions un coude sur la table, on se faisait renvoyer derrière la ligne des 22 m. J'ai étudié sept ans le latin, cinq ans le grec, cela structure l'esprit. Une vertu de la culture française. Et puis, aux États-Unis, chez Baker & McKenzie j'ai passé ma vie avec des Time Sheet, des exigences de rentabilité, de rigueur. On est comptable de ce que l'on fait ».

 

Néanmoins, la rigueur n’est pas tout car nous constatons également une forte adhésion de Mme Lagarde à la valeur « réussite » (ce qui conforte à nouveau l’hypothèse 3) : « La réussite n'est jamais acquise. C'est un combat perpétuel. Chaque matin, il faut apporter sa contribution et refaire la preuve de ses capacités. Ce que l'on a mis des années à bâtir, peut s'effondrer du jour au lendemain. Je suis profondément pénétrée de la nécessité d'avancer pas à pas, de se remettre en question tous les jours, en étant totalement consciente de la fragilité de notre parcours ».

 

Et ajoutons qu’il s’agit « de la réussite à n’importe quel prix » (ce qui est bien dans la tradition du 3), car voici un nouvel extrait édifiant : « Reste la part d'ombre dans la réussite de Christine Lagarde, le côté moins glamour de l'histoire. Celui de l'ambitieuse, de la dame de fer prête à beaucoup pour réussir. "Si elle est arrivée au sommet, c'est en sacrifiant sa vie privée", confirme une de ses anciennes directrices de cabinet. Un divorce lorsqu'elle est encore avocate chez Baker, puis son départ à Chicago, laissant en France ses deux fils encore adolescents. "Ils m'avaient donné leur accord, et puis je revenais tous les week-ends", assure Christine Lagarde. Sans doute. Mais il ne doit pas être facile de s'entendre dire par son ado : "Je préfère que les copains ne sachent pas que tu es ma mère."

 

Est-ce que nous n’avons pas là un bel exemple de la répression du centre émotionnel ? Le boulot avant la vie privée, la réussite au détriment du rôle de maman ?

 

Enfin, « Le travail » est tellement au cœur « de la réussite », qu’il y a une chose qui exaspère Christine Lagarde au plus haut point, c’est « la propension des Français à parler de leurs week-ends, des ponts, des RTT, des vacances, et le focus sur le temps libre ». En clair la France irait mieux si on avait plus de 3 et moins de feignants. Oui M’dame !

 

Dans le personnalité de Christine Lagarde, il y a également une spécificité que je trouve très 3 : cette façon qu’elle a de voir « des clients » partout. Dans le cadre de son activité d’avocate, c’était normal (« le client d’abord » est la marque de fabrique de Baker et McKenzie comme c’est celle de toutes les entreprises américaines en général. Mais ce qui est plus significatif, c’est que lorsqu’elle a été ministre, elle a considéré que son client, « c’était la France » ! (« Après ça se décline. Quand je fais le texte sur le crédit à la consommation, pour moi les clients sont les ménages français. J’essaie de ne pas perdre de vue que le client ultime, c’est le pays. Mais à chaque fois, il faut bien cibler ceux que l’on sert »). On a même le mot « cibler », comme en marketing. C’est fou comme c’est 3, non ???

 

Et elle explique d’où lui vient « cette tournure d’esprit » : « Avoir été avocat sert. J'ai beaucoup travaillé sur des dossiers, notamment en fusion acquisition où à chaque nouveau cas, on doit apprendre un métier, ses techniques pour comprendre et défendre le client. Cela donne une fraîcheur et une gymnastique d'esprit qui nous rendent moins prisonnier de certains automatismes » (Ah la flexibilité du 3 !).

 

Qu’en est-il de ses valeurs ?

 

Elle a déclaré que le cabinet Baker et McKenzie où elle a travaillé 18 ans « était une firme géniale, bâtie sur le principe : un homme, une voix » (« homme » étant pris au sens générique et incluant les femmes) ; respect, tolérance et international. Dans cette firme au personnel cosmopolite, les non américains  avait le même pouvoir de décision que les natifs, ce qu’elle a toujours trouvé magnifique (on peut aisément comprendre son enthousiasme : pour une 3, seules comptent les compétences).

 

Elle déclare à un autre moment : « le respect et la tolérance sont les deux axes forts de ma vie. La politesse  est l’expression du respect, de l’attention portée aux autres. Quant à la morale, il vaudrait toujours mieux qu’il y en ait plus. Une 3 qui valorise la morale, donc. On peut y voire un signe d’intégration, à condition bien entendu qu’il y ait une vraie congruence entre les paroles et les actes. C’est sans doute le cas. On constatera qu’à part l’affaire Tapie, la réputation de Christine Lagarde n’a jamais été entachée et qu’il  semble y avoir consensus autour de son intégrité. En effet son contrat de travail au FMI contient une clause qui stipule : « Il est attendu de vous, en tant que directrice générale, que vous observiez les normes les plus élevées de conduite éthique, conformément aux valeurs d'intégrité, d'impartialité et de discrétion ». Compte-tenu du fait qu’elle a été reconduite dans ses fonctions en 2016, on peut en déduire que son sens de l’intégrité ne fait pas débat !

 

Et bien sûr, le duo inévitable "travail et compétence" qui est la profession de foi du 3 : "J'ai longtemps cru que le travail et la compétence suffisaient pour que les femmes s'imposent dans la société et les entreprises",

 

Un autre point fort chez elle (et là aussi on pourrait confondre avec le 1), un sens aigu des responsabilités : « Toutes ces responsabilités, que l'on regarde aujourd'hui avec un œil cynique, vous structurent ». 

 

« J’ai exercé mes fonctions avec responsabilité, conscience, confiance, et en me focalisant sur la sauvegarde l’intérêt public » .

 

En revanche, je ne m’attendais pas du tout à cette dernière caractéristique, qui pour le coup me semble plus 1 que 3 : l’idéalisme. Lorsqu’elle a été sollicitée à l’origine par Dominique de Villepin pour entrer au gouvernement (c’était en tant que ministre du commerce extérieur, grâce à son expérience « à l’international ») elle a réalisé qu’elle passerait de 800.000 € annuels (son salaire de patronne du Cbt Baker et McKenzie) à 13.000 € par mois (salaire d’un ministre) et qu’elle perdrait sa retraite chapeau de 2 millions de dollars (elle avait 18 ans d’ancienneté, et il lui en fallait 20). Qu’à cela ne tienne,  elle aurait renoncé à cette manne « par esprit républicain » et pour défendre les intérêts de la France :

 

«J’étais fatiguée et exaspérée de la façon dont la France était toujours critiquée, rabaissée, les français eux-mêmes passaient leur temps à se battre la coulpe ».

 

 « La France possède d’immenses talents et d’extraordinaires savoir-faire : ça valait la peine de tout lâcher pour ce projet-là, changer le regard des étrangers sur le France, valoriser notre pays ».

 

Et c’est là que ça devient intéressant, car au-delà du « je », il y a le « nous », l’intérêt public, l’intérêt collectif. Une petite orientation en 6 peut-être ?

 

On se souviendra d’ailleurs que Christine Lagarde avait fait dans sa jeunesse de la nation synchronisée (« en natation synchronisée que j’ai longtemps pratiquée, on cherche le verticale parfaite, mais en même temps, on doit se synchroniser avec les autres »), ce qui est un sport collectif par excellence (généralement les 3 ne préfèrent-il pas les sports individuels qui leur permettent de s’accaparer la victoire et de briller en solo ?).

 

Christine Lagarde a également la réputation de faire jouer à fond « la solidarité féminine ». Elle a déclaré qu’à compétences égales elle privilégiait toujours les femmes, et qu’à chaque fois qu’elle pouvait pousser et encourager des femmes dans son univers, elle le faisait.

 

Enfin, elle déclare : « je n’ai jamais fonctionné en solitaire » (ce qui l’éloigne encore davantage du 8, qui lui a plutôt tendance à fonctionner en solo, soit qu’il soit effectivement seul, soit du haut de sa position dominante).

 

C’est une 3 qui sait jouer collectif, qui prend en compte « les autres », comme elle l’a démontré au sein du gouvernement comme au sein du FMI (Présidant le G20 finance, elle fait preuve de consensus avec les pays émergeants afin de corriger les inégalités). En outre elle n’est pas dans l’autoritarisme : « Cette capacité d'écoute et cette empathie sont les points cardinaux de son style de management » nous indique l’article de Béatrice Mathieu. "L'autoritarisme n'est pas sa méthode. C'est une chef d'équipe qui s'appuie sur ses collaborateurs, fait confiance et fédère", témoigne Pierre-Alexandre Teulié, le secrétaire général du Groupe Carrefour.

 

On pourrait donc être tentés par une intégration en 6 (3 alpha) sauf que le 3 mu avec une intégration en 9 fait également sens (le type 3 mu « acceptant les idées et le rythme des autres »).

 

En outre on parle d’elle comme d’une femme « de vision » : « Je serais ravi de soutenir Mme Lagarde pour un nouveau mandat à la tête du FMI. C’est une dirigeante remarquable, dotée de vision et de sagacité pour conduire l’économie mondiale dans les années à venir » a dit le ministre britannique des Finances. Or dans le stage « centres », Fabien et Patricia soulignent que le 3 mu fait agir les autres au nom d’une vision qu’il a défini. Si l’on ajoute ce don de « visionnaire » de Christine à la capacité de « faire confiance et de déléguer » évoquée plus haut, on a bien le portrait d’une 3 mu, me semble-t-il. Qu’en pense Fabien ?

 

Ceci-dit, j’en reviens au sacrifice financier consenti par Christine Lagarde lorsqu’elle a quitté son job en or aux USA. Était-ce uniquement par idéalisme, « au nom des intérêts de la France », qu’elle a accepté d’entrer au gouvernement au détriment de ses confortables revenus, ou parce que c’était l’occasion rêvée de devenir « une femme d’influence » ? (La politique ouvre de plus grandes perspectives pour les ambitieux que le salariat en cabinet d’avocats, fut-il un salariat en or massif). Christine Lagarde est aujourd’hui l’une des femmes les plus puissantes et les plus influentes du monde, sa renommée est internationale. Elle a donc pris la bonne décision au bon moment, même avec perte de revenus momentanée à la clef (car je vous rassure, en tant que directrice du FMI, elle gagne très bien sa vie aussi. Beaucoup mieux qu’en tant que ministre !)

 

Il faut également reconnaître à Christine Lagarde une autre des qualités majeures du 3 : son extrême adaptabilité. Elle déclare que très jeune à 17 ans, elle est allée vivre aux États-Unis et s’est ouverte au monde : « Lorsque vous vous retrouvez seul dans une culture, une langue, un mode de fonctionnement qui vous sont étrangers, vous vous renforcez ».

 

À noter que lorsqu’elle a pris les fonctions de ministre de l’Economie, elle était dépourvue de formation universitaire en économie et n’avait aucune expérience professionnelle dans les milieux de la finance, notamment les milieux bancaires. Elle a appris sur le tas, très vite. Le 3 s’adapte d’autant plus facilement à toute nouvelle situation qu’il adore « les challenges », c’est là qu’il donne de son meilleur !

 

"Car Christine Lagarde n’est pas une économiste, contrairement à ses prédécesseurs, c’est une juriste et une femme politique. Elle n’a jamais essayé de bluffer. «Elle faisait partie de ces ministres des Finances qui, très humblement, ne prétendaient pas tout comprendre mais qui s’appuyaient sur une très bonne équipe», souligne Charles Wyplosz. Même si elle dit avoir «mangé du dossier» au cours des six mois qui ont précédé son entrée en fonction à Washington parce qu’elle voulait comprendre l’essentiel, elle s’appuie aussi sur une équipe de haut niveau au FMI "

 

Plutôt aile 2 ou aile 4 ? Je verrais bien une aile 2 car c’est quelqu’un qui aide et encourage (on l’a déjà vu avec le soutien inconditionnel qu’elle apporte aux autres femmes). Mais en règle générale elle aide et encourage quiconque le mérite à ses yeux :

 

« Toujours encourager, aider à dépasser ses limites, voilà les clefs du management selon Lagarde, que seul le dilettantisme exaspère et rend cassante » (c’est clair que personnellement je n’aurais aucun chance d’être dans les petits papiers de Christine, vu mon dilettantisme proverbial !)

 

En outre elle a ce côté relationnel et "amadouant" du 2 :

 

« Elle possède un don pour capter l’attention de son auditoire, pour casser les codes de la relation institutionnelle afin de toucher la personne derrière l'homme politique ou le grand patron", décrypte un de ses anciens conseillers. Ses trucs : le petit cadeau inattendu, l'allusion personnelle, la franche bise claquée sur la joue ou l'accolade un peu appuyée » (un comportement que je trouve vraiment « très 2 », avec une pointe de 4 pour « casser les codes de la relation institutionnelle » (Elle a aussi dit « pouvoir casser un peu les plafonds, c’est important »). Mais Christine Lagarde a tout-de-même moins l’obsession de « casser les codes » que, par exemple, Emmanuel Macron, que pour sa part je situerais plutôt 3 aile 4 avec sa volonté affichée de se démarquer de tout ce qui a pu se faire avant lui). 

 

Avant chaque réunion importante, elle se renseigne sur son interlocuteur: sa situation familiale, ses enfants, les écoles fréquentées, les éventuels pépins médicaux.

Elle a aussi cette capacité d’écoute et cette empathie que l’on prête au 2 (voir la phrase déjà citée plus haut) et qui sont "les points cardinaux de son type de management.

 

Le principal défaut qu'elle se reconnait? l'impatience! On ne s'en étonnera pas, le 3 étant réputé être "un homme pressé" (ou une femme en l’occurrence).

 

Qu’en est-il de ses valeurs ?

 

Elle a déclaré que le cabinet Baker et McKenzie où elle a travaillé 18 ans « était une firme géniale, bâtie sur le principe : un homme, une voix » (« homme étant pris au sens générique et incluant les femmes) ; respect, tolérance et international. Dans cette firme au personnel cosmopolite, les non américains  avait le même pouvoir de décision que les natifs, ce qu’elle a toujours trouvé magnifique (on peut aisément comprendre son enthousiasme : pour une 3, seuls comptent les compétences).

 

Elle déclare à un autre moment : « le respect et la tolérance sont les deux axes forts de ma vie ».

 

Elle dit que son héros c’est Gandhi (j’aurais aimé savoir pourquoi, ce n’est pas a priori le premier modèle qui viendrait à l’esprit d’un 3 ambitieux et carriériste !!) et qu’elle déteste par-dessus tout la malhonnêteté (comme je l’ai dit un peu plus haut, si c’est vrai, c’est bien : le signe d’une personnalité intégrée, la vérité étant la vertu du type).

 

Ce qu’on pense d’elle ? Le plus grand bien :

 

« À défaut d’avoir modifié la doctrine libérale du Fond, la présidente du FMI peut être saluée pour le vent nouveau qu’elle apporte à l’institution. En effet, elle redore l’image de l’institution après le scandale DSK. L’avocate d’affaires, qui cultive l’élégance française, tout en maniant parfaitement la langue de Shakespeare, a séduit les médias du monde entier et contribué à humaniser l’image du FMI dont les politiques ultralibérales sont controversées ».

 

« Christine Lagarde est aujourd’hui l’une des femmes les plus influentes de la planète, au parcours remarquable. Si son image a pu être entachée par sa condamnation pour « négligence » dans l’affaire Tapie, elle a néanmoins su s’imposer et marquer par son style et ses réformes innovantes ».

 

Ceci-dit, on reproche à Christine Lagarde « des réflexes de classe ». D’un côté elle n’a pas fait appel de l’arbitrage plus que généreux dont avait bénéficié Bernard Tapie (403 millions d’euros), d’un autre côté elle a fait casser un jugement de la Cour d’Appel de Versailles qui accordait 30.000 € par tête à 17 mineurs (ou leurs ayant droits) licenciés pour avoir fait grève en 1948. Soit une misère de 510.000 €. Réflexe de classe ? Peut-être, mais je sens aussi une grosse répression du centre émotionnel, Christine Lagarde estimant que l’application de la loi (en fait les faits étaient prescrits) devait passer « au nom de l’intérêt public » avant la réparation d’une injustice manifeste envers de pauvres bougres. Perso, avec mon petit cœur sensible et mon centre émotionnel en support, j’aurais fait comme si je n’avais rien vu et j’aurais laissé s’appliquer l’arrêt de la cour d’Appel. (C’est sans doute pour ça que je ne suis pas ministre !)

Enfin, quel serait son sous-type ? Je vote sans hésitation pour le sous-type social dit « prestige ».

 

Christine Lagarde au filtre des critères de détermination de l’ennéatype 3:

 

-          -  Compulsion d’évitement de l’échec : se passe de commentaires ! On voit bien au vu de son parcours qu’elle est allée très loin et très haut dans l’accomplissement de sa carrière, qu’elle a travaillé dur pour y arriver, et sacrifié en partie sa vie personnelle, pour devenir un personnage de stature internationale. Elle est reconnue, on lui rend hommage (même ses adversaires politiques s’inclinent devant ses compétences) et c’est l’une des femmes les plus influentes du monde (Selon le classement Forbes, elle est la seule française, avec Anne Lauvergeon, qui figure parmi les 100 femmes les plus influentes du monde, et elle figure systématiquement dans les 10 premières places. A ce stade, on n’a plus « une vie », mais « un destin »).

-  Passion de mensonge : c’est plus difficile à commenter. Bien sûr on trouve le mensonge traditionnel du 3, qui se ment à lui-même bien avant de mentir aux autres et qui se méprend sur son identité, qu’il confond avec l’image que lui valent ses succès (je cite Fabien et Patricia dans « le grand livre de l’Ennéagramme »). On se souviendra que Christine Lagarde a sacrifié sa vie d’épouse et de maman (ainsi que ses loisirs, c’est bien simple elle n’en a aucun à part un peu de lecture) pour s’accomplir professionnellement, car c’est là que se forgeait son identité.  Pour le reste c’est plus difficile à dire. Il y a des 3 célèbres (hommes politiques, hommes d’affaires, publicitaires) chez qui « la rouerie » saute aux yeux, mais on ne peut pas dire que ce soit le cas chez Mme Lagarde, qui se pique d’ailleurs de mettre « la moralité »au rang de ses valeurs principales. Je ne sais pas trop quoi dire. Il y a certes « une certaine opacité » autour de son arbitrage dans l’affaire Tapie, mais saura-t-on jamais le fin mot de l’histoire ? Dans les commentaires qu’elle a pu faire à ce sujet, comment démêler le vrai du faux ? En revanche tout le monde s’accorde à reconnaître « une grande séductrice », et qui dit séduction dit forcément… manipulation !!! Enfin, quand elle a déclaré avoir accepté son premier poste de ministre « au nom des intérêts de la France », ne s’est-elle pas menti à elle-même, dans la mesure où son objectif devait plutôt (ou aussi) être  « de mettre un pied dans la place » en vue d’une prestigieuse carrière politique ? J’ai un peu de mal à croire en un désintéressement total (mais je suis peut-être cynique !)

-  Mécanisme de défense (identification) : là aussi il est difficile de dire à qui précisément Christine a pu s’identifier (en tout cas pas à son héros Gandhi, les motivations et la trajectoire ne sont pas les mêmes), je dirais tout simplement : «  à l’archétype du winner » !

-  Fixation de vanité : la vanité s’exprime ici de façon indirecte. Contrairement à d’autres 3, Christine Lagarde n’est pas du genre à se frapper la poitrine en s’auto congratulant. Elle s’y prend de façon plus subtile. Par exemple elle explique que Dominique de Villepin était venue la débaucher en lui disant « on a besoin de vous, vous êtes la femme providentielle de l’international ». Ou encore, au détour d’un entretien, elle dit : « avoir présidé une structure internationale m’a habituée à travailler à ce niveau là . Il existe un vrai savoir faire pour négocier dans ce type d'instances internationales. Ma connaissance des circuits, des acteurs et des codes m'ont servi, et puis le fait de parler anglais couramment, de manière presque native ». (Où l’on retrouve le mot « travailler », qui avec le mot « travail » fait partie du vocabulaire de base de Christine).  Mais dans le cas présent, elle déclare travailler « à ce niveau là », le niveau international, c’est bien sûr un grand prestige et une d'autant plus grande fierté !. Elle se flatte aussi de parler anglais aussi bien qu'un américain de souche, ce qui a constitué un facteur clef dans sa réussite (je n'ai pas conservé les références, mais la maitrise de la langue anglaise par Christine Lagarde est souvent encensée). Mine de rien, dans ses interviews, elle s’arrange donc souvent pour faire état de ses faits d’arme les plus valorisants. Mais elle le fait avec subtilité et modération, le personnage n’est pas caricatural.

 

C'est également une 3 capable de dire "je suis tolérante pour certains de mes échecs" ce que je trouve très beau (si c'est vrai!) tant la compulsion du 3 le rend habituellement peu indulgent pour ses propres échecs. Elle serait donc capable d'un certain "lâcher prise" par rapport à sa compulsion.

Je terminerai par une de ses phrases-clefs : « ne jamais se laisser abattre, toujours avoir l’esprit de reconquête ».  Une belle devise de 3 !

 

Avant de vous quitter, toutes mes excuses pour le caractère un peu « foutraque » de cette présentation. Parfois je peux donner l’impression de sauter du coq à l’âne, c’est mon côté 7 qui suit le fil de ses idées en sautillant. À ma décharge, j’ai fait ce portrait avant-hier 31 décembre, «  histoire de m’occuper intelligemment» en attendant le réveillon, et je n’étais pas dans les meilleures dispositions pour faire un travail académique (j'anticipai les huîtres et le champagne, cela m'occupait assez l'esprit! :wink:).  En revanche, pourquoi je me suis subitement intéressée à Christine Lagarde qui m’était assez indifférente jusqu’ici, c’est un mystère même pour moi. Je ne me souviens même plus de « l’élément déclencheur » (hélas c’est ça aussi être 7, avec ces idées qui viennent de partout dans un jeu d’interconnexions complexes, on finit souvent par ne plus retrouver ni le début ni la fin de la pelote !)

 

Bien amicalement… et très bonne année à vous, les Ennéanautes !

 

 

Étoile Filante (E7 mu aile 6)

Si le problème a une solution, il ne sert à rien de s’inquiéter. Mais s’il n’en a pas, alors s’inquiéter ne change rien (rationalisation tibétaine).

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

 

Je valide ce message tel quel et sans vraiment y répondre pour plusieurs raisons :

  1. D'abord, je ne réussis pas à vraiment m'intéresser à la personnalité de Christine Lagarde. Dans la conversation sur Rachida Dati, j'avais écrit : "Dans 30 ans, l'ennéatype de Balzac aura sans doute encore un intérêt, et celui de Rachida Dati… moins." Il me semble que cela s'applique aussi… à moins qu'après le FMI son objectif soit la présidence de la République (d'autres ont déjà essayé ce parcours).
  2. C'est effectivement un peu trop "foutraque" pour mon goût car lire un texte aussi long à l'écran n'est pas très confortable et l'omniprésence des lignes soulignées ajoute à la difficulté. (Il serait préférable de ne pas faire de lien sur le contenu des citations mais de les lister en fin de texte et de simplement mettre une référence en fin de citation). Si on ajoute cela au point précédent…
  3. Les personnalités politiques portent souvent des masques, contrôlent soigneusement leur communication et font souvent écrire leurs discours, articles et livres par d'autres. Il faut être très méfiant vis-à-vis des sources et en chercher qui ne soient pas hagiographiques.
    Par exemple, un passage comme "En effet son contrat de travail au FMI contient une clause qui stipule : « Il est attendu de vous, en tant que directrice générale, que vous observiez les normes les plus élevées de conduite éthique, conformément aux valeurs d'intégrité, d'impartialité et de discrétion ». Compte-tenu du fait qu’elle a été reconduite dans ses fonctions en 2016, on peut en déduire que son sens de l’intégrité ne fait pas débat !" m'a bien fait rire.
    Peut-être ne faudrait-il pas évacuer l'affaire Tapie en une phrase.
    J'aurais ainsi bien aimé voir citer et intégrer l'hallucinante et poisseuse lettre d'allégeance de Christine Lagarde à Nicolas Sarkozy découverte lors d'une perquisition à son domicile :
    « Cher Nicolas, très brièvement et respectueusement,
    1) Je suis à tes côtés pour te servir et servir tes projets pour la France.
    2) J'ai fait de mon mieux et j'ai pu échouer périodiquement. Je t'en demande pardon.
    3) Je n'ai pas d'ambitions politiques personnelles et je n'ai pas le désir de devenir une ambitieuse servile comme nombre de ceux qui t'entourent dont la loyauté est parfois récente et parfois peu durable.
    4) Utilise-moi pendant le temps qui te convient et convient à ton action et à ton casting.
    5) Si tu m'utilises, j'ai besoin de toi comme guide et comme soutien : sans guide, je risque d'être inefficace, sans soutien je risque d'être peu crédible.
    Avec mon immense admiration. Christine L. »

 

Je laisse donc la parole aux personnes intéressées.

 

Très amicalement,

Fabien

 

Source : "La lettre d'allégeance de Christine Lagarde à Nicolas Sarkozy", Le Monde, 17 juin 2013.

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