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Transe de 9


Philippe P

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Bonjour à tous.

 

Peut-être aurai-je dû faire une réponse à Lighyli (cf conversation du 5 septembre) : le thème est le même mais ce n'est pas en soi une réponse mais plutôt un autre "témoignage".

 

Quelques personnes ont attiré mon attention sur le fait que je leur paraissais (j'ai failli écrire paresssais !) parfois étrange. Pour décrire cette étrangeté, on m'a dit l'autre jour que c'était comme si je n'habitais plus en moi. Les faits décrits sont des réalités et ce type de situations me laisse penser que c'est un comportement de transe hypnotique (je n'ai pas encore suivi de stage à ce sujet).

 

Par exemple, en fin de conseil d'administration, les membres présents sont invités à "partager un verre de l'amitié". Je suis le président de ce C.A. À ce titre, je me dois de partager avec chacun un petit instant. Or, au premier instant d'un échange banal de politesse qui m'est proposé ("Cela se passe bien ?", "Le temps tourne au froid", ou je ne sais quel lieu commun), je me saisis d'un mot, d'un prétexte pour capturer la parole, la monopoliser, la conserver, en développant un discours sans fin auquel l'interlocuteur peut difficilement se soustraire. C'est très embarrassant ! (Même si heureusement, il paraît que c'est parfois un petit peu intéressant.) Dans ces moments, je crois qu'il n'existe plus rien. Quand je sors de cet état, je réalise que :

  • J'ai parlé mais ne sais pas ce que j'ai dit, à peine puis-je réaliser de quel sujet il était question.
  • Les autres, et mon interlocuteur lui même, n'existaient plus, l'environnement dans lequel j'étais avait été complètement occulté.
  • J'étais moi-même complètement déconnecté de la réalité, inconscient de ma présence, de mon attitude, de ce que j'avais à faire… en bref, en dehors de la réalité de l'instant.

 

Je dois toujours ma sortie de cet état à un phénomène extérieur ; il est rare que l'interlocuteur lui-même puisse désynchroniser (l'aurais-je hypnotisé lui-aussi ?). Le phénomène extérieur qui nous délivre, mon interlocuteur et moi-même, est en général l'intervention d'une autre personne (qui vient proposer un verre, un petit four), un bruit inattendu tel qu'un verre cassé, etc. Averti de cette possible attitude, je demande à mes collaborateurs-complices de veiller au grain. Ainsi, quand ils me voient "partir", ils m'interrompent, posent une main sur mon épaule ou sur mon bras ce qui me permet de me "réveiller".

 

J'identifie à peu près les contextes favorables au déclenchement de cet état :

  • Professionnellement, ce sont les contextes de mondanités (que j'appréhende, que je déteste, officiellement pour leur superficialité mais il est évident qu'il y a autre chose).
  • Dans la vie privée, ce sont les contexte de mondanités (mariages, anniversaires…) que je redoute en l'expliquant de la même façon !

 

Le "autre chose" auquel je fais référence pourrait être la peur de ne pas exister, ce que je fais, finalement, en sombrant dans cette transe. C'est ce qui me fait dire que c'est un phénomène égotique. S'agit-il bien d'une transe hypnotique ? Le phénomène est tellement "gros" qu'il m'est difficile d'en douter.

 

J'explique mon appréhension de ces "mondanités" par la peur de ne pas être à ma place, d'être "indigne d'être présent" :

  • Pour des raisons sociales dans les situations professionnelles car j'estime ne pas connaître les codes de conduite du milieu, ou ne pas avoir la culture attendue, l'intellect adapté, etc. (cf blessure sociale ? mon histoire personnelle à coup sûr.)
  • Pour des raisons "affectives" dans les situations privées ; je juge souvent mes émotions, mon attachement à l'autre ou aux autres comme trop peu élevés, trop fades, trop superficiels (cf. blessure de l'instinct sexuel ? émotionnel réprimé ? poids d'une aile 1 ?)

 

Vos observations sur la justesse ou non de mon raisonnement, les pistes de réflexions que je pourrais suivre, tout ça m'intéresse vraiment ; mais m'autoriser à poster ce texte ici est déjà une grande victoire pour moi.

Philippe (9 alpha, aile 1, C= S+/- X+/-)

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Bonjour à tous,

 

Merci Philippe pour cette très intéressante auto-observation.

 

On est effectivement bien en présence d'une typique manifestation des mécanismes du 9 et des transes hypnotiques associées.

 

Quand tu te lances avec tes interlocuteurs dans ces sagas, il y a de l'hallucination négative du monde extérieur, des suppressions de sensation, peut-être de l'amnésie sur ce qui a été le point de départ de la conversation, voire d'autres transes restant à identifier et pouvant être différentes dans chaque situation. Dans ces moments-là, tu t'es bien auto-hypnotisé et l'état hypnotique est suffisamment profond pour que seul un élément extérieur puisse l'interrompre.

 

Bien sûr, tu as aussi, comme tu le supposes, hypnotisé l'autre. Le 9 est quand même un champion dans ce domaine.

 

"Le “autre chose” auquel je fais référence pourrait être la peur de ne pas exister, ce que je fais, finalement, en sombrant dans cette transe."

Oui, comme d'habitude, l'ego tombe dans le piège qu'il voulait éviter.

 

Tu fais un lien entre cette attitude et de possibles blessures de l'instinct social et de l'instinct sexuel. Ce peut-être l'une ou l'autre ou l'une et l'autre. Pour avancer sur ce sujet, j'ai deux questions :

  1. Si lors d'une de ces mondanités, tu te retrouves à parler avec plusieurs personnes en même temps, est-ce que le même phénomène se produit ?
  2. Si tu rencontres quelqu'un dans la rue et échanges quelques banalités avec lui, est-ce que le même phénomène se produit ?

 

Très amicalement,

Fabien

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Petite question à propos de la "saga".

 

Même si je pense savoir "parler/écrire" (cf. la remarque de Fabien ici), je ne me reconnais pas trop dans ce mode de communication. J'ai plutôt l'impression d'être très réservé et de mesurer énormément ma parole (peut-être à cause de mon sous-type social S- ?).

 

Question: la saga ne serait-elle pas plus "naturelle" pour un 9 alpha (mental support) que pour un 9 mu (mental réprimé) ?

Lighyli – 9 mu aile 1 – C+ S- X+/=

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Bonjour à tous,

 

"J'ai plutôt l'impression d'être très réservé et de mesurer énormément ma parole (peut-être à cause de mon sous-type social S- ?)."

On ne parle pas que dans le contexte social…

 

"La saga ne serait-elle pas plus "naturelle" pour un 9 alpha (mental support) que pour un 9 mu (mental réprimé) ?"

C'est plutôt le contraire. La saga, mécanisme de communication du type indépendant de sa variante, apparaît quand le 9 vit une transe de confusion. Pour les deux variantes, c'est lorsqu'il s'agit de parler de soi. Pour le mu, c'est en plus dans d'autres moments de répression du mental.

 

Très amicalement,

Fabien

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  • 3 months later...

Bonjour à tous,

 

Je reprend ce thread après quelques mois d'approfondissement et d'auto-observation. Je commence à comprendre de quelle réalité pour moi le mot "saga" est la description.

 

Plusieurs petites choses :

  • Quand j'explique un cours de math ou physique à une de mes filles. J'ai tendance à partir dans des digressions plus ou moins longues… En général, elles me coupent car elles ont horreur de ça… Il y a un peu de confusion (par quel bout prendre l'explication) le temps que je "démarre" mon centre mental, puis j'attrape un fil de pensée plus ou moins long et j'arrive à être au final assez clair et rapide. Mes filles m'aident bien à abréger car sinon, elle s'en vont ! :laugh:
  • Globalement, quand j'ai une explication rationnelle à faire, qu'il y a un petit stress associé (la plupart du temps au boulot), je perçois maintenant très très clairement la confusion au tout début !! Du coup, je m'accroche à un point de départ et j'essaye de suivre mon idée de façon très empirique avant d'arriver à ce que je veux effectivement dire. Parfois ça peut durer quelques minutes et quelques échanges avec les personnes avec qui je parle, puis ça finit par devenir clair et limpide. Mais le processus est très empirique et chaotique.

 

En fait, j'avais du mal à observer tout cela pour plusieurs raisons :

  • Concernant les épisodes passés, l'oubli a fait son œuvre…
  • Aujourd'hui, je crois que j'ai quand même pas mal avancé sur moi. Du coup, ces épisodes de confusion sont de moins en moins longs et de moins en moins gênant au quotidien.
  • Comme j'ai fait de longues études scientifiques qui m'ont obligé à beaucoup travailler le mental (non sans souffrance), la synthèse, la réflexion, etc., j'ai dû quand même acquérir quelques automatismes qui ont compensés un peu le côté égotique lié au 9… Je pense avoir des outils à disposition pour raccourcir le temps de la confusion.

 

Ce qui est drôle, c'est qu'une de mes citations préférée (qui m'a été transmise par mon père (qui est 9 aussi !) est : "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement / Et les mots pour le dire arrivent aisément." (Boileau)… Je pense que ce n'est pas pour "rien" qu'elle m'a toujours parlé (et qu'elle parle à mon père) cette citation.

 

Prochain objectif : repérer la transe de confusion en direct live pour la traiter avec la méthode du stage Éveil !!

 

Lighyli

Lighyli – 9 mu aile 1 – C+ S- X+/=

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Bonjour Fabien et merci à Lighyli qui m'a réveillé avec son dernier post.

 

Le 07/12/2017 à 10:18, Fabien Chabreuil a dit :

Tu fais un lien entre cette attitude et de possibles blessures de l'instinct social et de l'instinct sexuel. Ce peut-être l'une ou l'autre ou l'une et l'autre. Pour avancer sur ce sujet, j'ai deux questions :

  1. Si lors d'une de ces mondanités, tu te retrouves à parler avec plusieurs personnes en même temps, est-ce que le même phénomène se produit ?
  2. Si tu rencontres quelqu'un dans la rue et échanges quelques banalités avec lui, est-ce que le même phénomène se produit ?

À la question 1, je répondrais que oui, cela peut se produire, même si le phénomène est sans doute moins "intense".

À la question 2, je dirais non. Je n'ai pas de souvenirs de ce type.

Puis-je conclure que si une blessure est liée à cette attitude, ce serait plutôt une blessure de l'instinct social ?

 

Le 13/12/2017 à 14:32, Fabien Chabreuil a dit :

"La saga ne serait-elle pas plus "naturelle" pour un 9 alpha (mental support) que pour un 9 mu (mental réprimé) ?"

C'est plutôt le contraire. La saga, mécanisme de communication du type indépendant de sa variante, apparaît quand le 9 vit une transe de confusion. Pour les deux variantes, c'est lorsqu'il s'agit de parler de soi. Pour le mu, c'est en plus dans d'autres moments de répression du mental.

Cette remarque m'a donné à réflexion. Quand j'ai fini par me reconnaître en 9 (c'est d'être un instinctif qui me laissait perplexe), je me suis pensé 9 mu. C'est lors du stage Centres que je me suis typé 9 alpha. Ma communication "saga" est affirmée, peut-être amplifiée par ces transes que j'ai décrites. Je n'ai depuis jamais remis en cause le fait que j'étais alpha. J'ai réalisé que je sur-estimais mon émotionnel. Serait-ce une erreur de classer cette transe comme une transe de confusion, amplifiée par une blessure sociale mais aussi par le centre émotionnel réprimé ? J'ajoute ce dernier point à cause de l'élément déclencheur que je relie à une "problématique" identitaire.

 

L'identification des situations susceptibles de générer des transes de confusion chez moi naissent très souvent, comme je l'ai dit, dans des situations sociales particulières. J'ajouterais qu'elles apparaissent aussi lorsqu'on me demande de trancher, de choisir, quel que soit le sujet, et que je peine à identifier ce que je veux, ce qu'est mon réel besoin ou désir. Rien d'original pour un 9 mais peut-être est-ce plus alpha que mu ?

 

Très cordialement.

Philippe (9 alpha, aile 1, C= S+/- X+/-)

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

 

"Puis-je conclure que si une blessure est liée à cette attitude, ce serait plutôt une blessure de l'instinct social ?"

Ce ne peut pas être une certitude, mais c'est un indice dans cette direction.

 

"Serait-ce une erreur de classer cette transe comme une transe de confusion, amplifiée par une blessure sociale mais aussi par le centre émotionnel réprimé ?"

Je ne peux malheureusement pas répondre à cette question : une personne est la seule à pouvoir identifier ses propres transes.

 

Quand mon ego sur-estime une de ses capacités, il fait plutôt des hallucinations, négatives de la réalité et positives d'une attitude plus conforme à ses fantasmes.

 

"Rien d'original pour un 9 mais peut-être est-ce plus alpha que mu ?"

Les deux variantes sont à égalité pour faire une transe de confusion en cas de choix les impliquant. Pour les autres, c'est la variante mu réprimant le centre mental qui fait plus de confusion.

 

Très amicalement,

Fabien

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  • 5 months later...

Bonjour à tous,

 

Je trouve ce poste très intéressant car en vous lisant tous, je commence à comprendre pourquoi en cas de stress et comme je l'ai fait au dernier stage Sous-types, quand c'est à mon tour de partager mes ressentis et que je me sens plus vide qu'un trou béant :sad:, je dis n'importe quoi ; ça n'a ni queue ni tête. Quand je sors de cette transe, je me rends compte que je suis ridicule, que personne ne comprend ce que je veux dire (y compris moi :rofl:) et qu'en plus j'ai pu blesser les personnes que j'aime.

 

C'est en lisant ce forum que je viens de découvrir ce processus complètement hors de mon contrôle.

 

Merci à tous pour ce beau partage.

Amicalement,

Christine

Christijade – E9 mu, aile 8, C+ S=/- X=

Soyons le changement que nous voulons voir dans ce monde – Gandhi

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Bonjour à tous,

 

Bienvenue sur ce forum, Christine. C'est un plaisir de t'y lire.

 

"Quand je sors de cette transe, je me rends compte que je suis ridicule."

Personne bien sûr ne t'a trouvé ridicule. Tu as juste fait une belle démonstration de communication de 9, et cela a donc été apprenant pour toutes les personnes présentes. Tu es encore au tout début de ta formation à l'ennéagramme et tu vas donc découvrir peu à peu comment mieux observer ces mécanismes et comment les atténuer.

 

"En plus j'ai pu blesser les personnes que j'aime."

Dis-toi que les gens que tu aimes et qui t'aime te connaissent : ils t'ont certainement déjà vu dans ce type de comportements et cela ne les a pas empêché jusqu'ici de t'aimer… Au stage, il y avait une de ces personnes : je l'ai plutôt vu amusé, attendri et protecteur.

 

Très amicalement,

Fabien

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