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l’ennéagramme

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Comment une 7 mu a terminé sa carrière dans la peau d'une 5


Etoile filante

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Bonjour à tous de la part d’une nouvelle venue sur le forum.

 

Nouvelle mais pas néophyte pour autant, puisque je suis addict à l’Ennéagramme depuis 20 ans déjà, grâce aux bons soins de Fabien et Patricia que j’ai bien connus dans une vie antérieure (antérieure au nouveau millénaire). Nous étions alors jeunes et beaux. Certes nous sommes toujours beaux (surtout Fabien) mais la jeunesse part en quenouille. Trop dur de vieillir, notamment pour une 7 pur jus, qui constate avec consternation que son bien-aimé futur est de plus en plus derrière elle. Même si je me soupçonne d’être capable de « planifier » des activités agréables jusque sur mon lit de mort (par exemple mon entrée au paradis), le choix des possibles se restreint tout de même sévèrement. Merci à l’Ennéagramme pour son éternel soutien en ces temps difficiles (source de sagesse etc.)

 

Ainsi donc le week-end dernier j’ai retrouvé mes deux mentors à l’occasion d’un stage Centres dont je suis ressortie l’esprit éclairé et la gorge en feu, du fait d’une quasi extinction de voix qui rendait chacune de mes interventions particulièrement éprouvante (pour moi et pour mes malheureux auditeurs obligés de subir mes croassements. Souffrance générale). Résultat, je n’ai pas pu « témoigner » comme je l’aurais voulu (très frustrant !) et je viens me rattraper ici…

 

J’ai fait ce stage car après avoir cru pendant deux décennies que j’étais « une 7 tout court » (ce qui suffisait déjà amplement à m’occuper l’esprit), j’ai découvert il y a quelques mois en lisant le Grand Livre de l’Ennéagramme de nos amis Chabreuil que j’étais en fait une 7 mu (mazette, moi, mu ???) et j’ai voulu en savoir plus, encore plus et toujours plus (ce à quoi on reconnaitra la vraie 7 bien boulimique).

 

Eh bien je ne regrette pas le déplacement, malgré la froidure hivernale. Car depuis toutes ces années, je ne comprenais pas ce qui clochait chez moi. Le fait est que j’avais beau lire et relire les descriptions des ennéatypes, je me reconnaissais presque davantage dans le 5 que dans le 7, ce qui bien des fois m’a fait sérieusement douter de ma septitude. Et pourtant tous les fondamentaux étaient là ! L’évitement de la souffrance, c’est moi. La gloutonnerie, c’est moi (deux fois plutôt qu’une). La rationalisation, la planification, le dilettantisme et l’éparpillement, c’est toujours moi. Mais là où je ne me reconnaissais absolument pas, c’est dans le côté « joyeux pinson », « joyeux drille », et « plus-joyeux-que-moi-tu-meurs » du 7. J’aurais bien voulu ressembler à ce portrait idyllique, hélas je suis une 7 plutôt triste (ce qui ne ressort pas de mes bouffonneries épistolaires, mais vous pouvez me croire sur parole). Et j’ai toujours été très solitaire et introvertie. J’ai une seule et unique amie-confidente (comme de nombreux 5 !!) et cela suffit à mon bonheur. Je ne suis pas précisément une amuseuse publique, mon mari 6 est plus rigolo que moi. Enfin j’ai été en dépression profonde à trois ou quatre reprises dans ma vie. Drôle de 7 que ce 7 pas drôle !

 

Ce fut donc salutaire pour moi de découvrir la version mu de mon ennéatype, non que cela change quoi que ce soit à ce que je suis (je ne serai jamais la gaie luronne de service) mais au moins, je me sens moins seule dans ma septitude mélancolique. Que je dois, ai-je appris, à mon centre instinctif réprimé (et bien réprimé dans mon cas, car j’ai un centre instinctif peu charpenté, paresseux comme une loutre, et qui pleure sa mère dès qu’on le sollicite… pour autre chose qu’une activité plaisante !).

 

Ce dont je voudrais témoigner ici est la façon dont la 7 avérée que je suis a terminé sa carrière professionnelle dans la peau d’une 5 désintégrée.

 

Pendant 30 ans, j’ai été cadre manager dans une compagnie d’assurance. Haïssant avec le même entrain le management et les assurances, ce ne fut pas une partie de plaisir, mais j’ai fait le job. Du moins aussi longtemps que j’ai cru que mes sacrifices finiraient par payer (on reconnaitra le sous-type social caractéristique du 7). Sauf que ça n’a jamais payé, c’était de pire en pire.

 

J’étais dans une de ces entreprises qui enchaînent les réorganisations assommantes dans un mouvement brownien perpétuel. Au bout d’un (long) moment, le rythme des réorganisations s’amplifiant de façon exponentielle, mon centre instinctif déjà pas costaud au départ s’est carrément mis à genoux, implorant grâce. Je me suis donc débrouillée pour quitter mon poste (pas facile avec une hiérarchie qui a retardé ma mutation tant qu’elle a pu, mais s’il y a une chose qu’un 7, même le plus nul, saura toujours faire avec brio, c’est réussir une évasion). De cadre-manager je suis devenue cadre-expert, toute seule dans mon coin, sans subordonnés (ô joie !) et avec une hiérarchie merveilleusement absente (trop occupée à gérer les réorganisations).

 

Sur un service de 30 personnes, j’étais la seule à savoir faire ce que je faisais (l’expertise du 5) ce qui a d’ailleurs posé problème quand j’ai pris ma retraite. Ce que je faisais était totalement ésotérique pour mes collègues… Je ne décollais pas de mon ordinateur, ne parlais quasiment à personne, isolée dans ma bulle (les papotages de bureau autour de sujets futiles m’exaspéraient prodigieusement) et je détestais qu’on vienne me demander quelque chose, même l’heure (l’avarice du 5). J’étais à deux doigts de la psychose schizoïde ! Vue de l’extérieur, je ressemblais autant à une 7 que Fabien à un professeur de tango. Et mon départ à la retraite, que j’ai courageusement reporté de six mois malgré ma phobie croissante de tout environnement humain, a été cette fois l’évasion définitive… (NB : qu’on ne s’y trompe pas, je ne suis pas du tout misanthrope en règle générale. Je veux dire que j’ai beau être introvertie, je n’ai pas le cœur froid. Avec l’émotionnel en centre de support je suis capable d’entretenir des liens affectifs très forts, et de faire preuve d’une vraie altérité. La misanthropie dont je parle ici était conjoncturelle, exclusivement liée à un environnement professionnel que je jugeais absurde, hypocrite et tourné vers des valeurs qui n’étaient pas les miennes).

 

Je comprends mieux, aujourd’hui, grâce à la découverte de ma variante mu, comment j’en étais arrivée là, car je ne me comprenais pas moi-même, ce qui était flippant ! (Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, mais j’en garde sous la pédale pour les jours de pluie).

 

La phrase entendue en stage, « le centre réprimé contrôle silencieusement la personnalité », fait terriblement sens en ce qui me concerne. Ma personnalité « éteinte » (si peu typique du 7 tel qu’on le décrit habituellement !) s’explique par un centre instinctif réprimé, qui s’explique par le manque d’espérance, qui s’explique par certains traumatismes de l’enfance renforcés par les traumatismes de l’âge adulte. La désintégration se nourrit du vécu. S’intégrer lorsque les forces contraires se déchaînent implique un effort surhumain que je me sens justement incapable de faire. J’en suis d’autant plus accablée que mon centre mental et mon centre émotionnel sont pleinement opérationnels mais sabotés par mon centre instinctif qui ne fout rien et se la coule douce sous perfusion de morphine. Trop pathétique !

 

Pour avoir tout de même vécu des périodes de bonheur dans ma vie (heureusement !) je me rends compte qu’elles étaient toutes liées à de belles flambées d’espérance et je vois tout ce que cela a pu changer au niveau de mon comportement, tout de suite plus tonique et plus radieux. Mais que la flambée d’espérance s’éteigne et le processus de désintégration repart de plus belle, pire qu’avant.

 

Si d’autres 7 mu passant dans le coin pouvaient témoigner de leur propre vécu, cela me permettrait de me situer dans la communauté des susdits (un de nos amis, à mon mari et moi, est très certainement 7 mu, mais comme il ne connaît pas l’Ennéagramme, je ne peux guère échanger !). Notamment, des 7 mu ont-ils réussi leur intégration en 1 ? (Je sais que c’est la voie, mais elle est dure à suivre !)

 

Bon, je ne peux conclure sans rendre hommage à Fabien et Patricia, qui ont tout de même été les premiers à remettre en cause la théorie initiale de l’Ennéagramme relative à la hiérarchie des centres. C’est courageux de bousculer les certitudes, de défier « l’orthodoxie », alors qu’il est si simple de rester dans la zone de confort du « on ne change rien » même quand on sait que « la vérité est d’ailleurs » (comme on dit dans X-Files !). La preuve est ainsi faite que l’Ennéagramme n’est pas un modèle dogmatique mais un chantier toujours en évolution (et en révolution !) qui n’a peut-être pas fini de révéler tous ses secrets !!

 

Amicalement à tous.

Étoile Filante (E7 mu aile 6)

Si le problème a une solution, il ne sert à rien de s’inquiéter. Mais s’il n’en a pas, alors s’inquiéter ne change rien (rationalisation tibétaine).

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Bonjour à tous,

 

Bienvenue sur ce forum, Étoile filante. Cela fait plaisir de t'y lire comme cela a fait plaisir de te revoir le week-end denier … même presque aphone. Merci pour ton appréciation sur notre travail et sur ton témoignage en général quoi que je n'ai pas vraiment compris en quoi je ne ressemblais pas à un professeur de tango. :perplexe: :confused:

 

Je me reconnais totalement sur ta désintégration en 5 dans le monde professionnel. J'en ai déjà témoigné ailleurs sur ce forum et je le fais aussi dans le stage Entreprise ; je ne recommence donc pas ici.

 

"Des 7 mu ont-ils réussi leur intégration en 1 ?"

Je ne sais pas trop ce qu'est une intégration réussie — la réussite n'est-elle pas un concept égotique ? — dans la mesure où ce n'est jamais un état définitif et qu'il y a des rechutes. À titre personnel, je me connecte facilement à l'idée supérieure de mon type (je fais quand même de l'ennéagramme depuis plus de 25 ans !) et à celle du 1. L'accès à la vertu du 1, la patience, est moins facile…

 

Très amicalement,

Fabien

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Oui Fabien, c'est comme au jeu de l'oie. On avance, on recule, on passe par la case prison. Et puis ça recommence ! :happy:

Étoile Filante (E7 mu aile 6)

Si le problème a une solution, il ne sert à rien de s’inquiéter. Mais s’il n’en a pas, alors s’inquiéter ne change rien (rationalisation tibétaine).

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