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Gabrielle Chanel, dite Coco


Fabien Chabreuil

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Bonjour à tous,

 

La délicieuse revue Books vient de publier dans son dernier numéro le compte-rendu d'un livre consacré à Coco Chanel. En voici quelques extraits — je conseille vraiment la lecture de l'article complet à ceux qui sont intéressés par ce sujet — :

Michel André a dit :

Ce n’est pas Chanel qui a débarrassé les femmes du corset (Paul Poiret, Madeleine Vionnet et Mariano Fortuny s’en étaient chargés), et elle n’est pas la seule à avoir songé à employer dans la confection féminine le jersey, un tissu tricoté à la machine, léger et bon ­marché, utilisé jusque-là pour les sous-vêtements masculins. Sa « petite robe noire » emblématique des années 1920 existait sous différentes formes avant qu’elle la popularise. Le parfum Chanel N° 5 n’a pas été le premier ni à être commercialisé par un couturier, ni à contenir des molé­cules de synthèse, ni à être distribué dans un flacon sobre de forme géométrique. Au moment où, en 1913, elle a commencé à vendre des chapeaux, des magazines destinés aux femmes ­actives qui jouaient au tennis et au golf promouvaient déjà une « silhouette nouvelle, mince, aux lignes fluides dans des tissus doux », écrit l’Américaine Linda Simon. […] Toutes ces innovations, c’est pourtant Gabrielle Chanel qui en est le plus souvent créditée. Pour quelle raison ? Comment est-elle devenue la créatrice de mode la plus connue du XXe siècle, celle sur laquelle on a le plus écrit (près d’une centaine de livres, dont beaucoup en anglais), et sans doute la plus importante ? La réponse tient à la nature de son talent et à une particularité qui la distingue des autres grands couturiers, parfois plus habiles qu’elle : le lien très fort qui existait entre sa personne, sa vie et son œuvre, et la façon dont elle l’a exploité avec un sens aigu de l’esprit de son temps.

[…]

Chanel a constamment menti sur son enfance et sa jeunesse, multipliant les versions contradictoires d’un récit fantaisiste auquel elle a sans doute fini par croire.

[…]

Au château de Royallieu, où il rési­dait, Chanel croisa des célébrités du demi-monde […]. Ne pouvant prétendre rivaliser avec elles parce qu’elle avait ni leur genre de beauté, ni les moyens de se payer les robes somptueuses et les bijoux dont elles se paraient, elle fit de néces­sité vertu. […] Elle se fabriqua des tenues inédites, dans l’esprit de ce qui allait devenir son style : des vêtements simples, fonctionnels, commodes, élégants, exploitant avec inventivité des composantes de la garde-robe masculine […]. Ces ­tenues convenaient à son physique : Coco avait un corps mince d’adolescent, aux formes peu marquées, le type de corps androgyne, jeune et sportif qui allait précisément s’imposer comme l’étalon de beauté.

[…]

Chanel ouvre une boutique de mode à Deauville et une autre à Paris, rue Cambon. Elle y vendra des tuniques, des jupes droites, des blazers, qui ne tarderont pas à rencontrer un énorme succès. Une de leurs qualités était leur caractère pratique, un aspect sur lequel elle ne cessa jamais d’insister. « Le fait que ces vêtements avaient l’air pratique, dit très bien l’historienne Valerie Steele, était au moins aussi important que leur commodité réelle ».
[…]

« À mesure que le monde de ses amis et de ses intimes se rétrécissait, note ­Rhonda Garelick, elle donnait l’impression d’imposer à ceux qui l’entouraient des exigences de plus en plus fortes et de devenir de plus en plus dominatrice. Sans personne pour la contrôler, elle se transforma en une caricature d’elle-même, physiquement et émotionnellement. »

[…]

Une opportuniste, avide comme peuvent l’être ceux qui voient dans l’enrichissement une forme de revanche sur la pauvreté, capable pourtant d’incroyables gestes de générosité, essentiellement, il est vrai, à l’égard des artistes et de ses amis , et de son propre aveu pour s’attacher la recon­naissance de ceux qu’elle obligeait.

[…]

Produit de son époque, grâce à sa capacité à en saisir l’esprit, elle a en retour contribué à donner son visage au monde dans lequel elle vivait.

 

Tout cela me semble faire du 3 une hypothèse sérieuse.

Très amicalement,
Fabien

Source : Michel André, "Coco brin d'acier", Books, N° 85, Septembre-octobre 2017, p. 72-76.

Ressource :  Rhonda K. Garelick, Mademoiselle: Coco Chanel and the Pulse of History, New York (New York), Random House, 2014. [Version Kindle]

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