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James Gray


Pocahontas

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Bonjour à tous,
 
Le film The Lost city of Z de James Gray vient de sortir dans les salles obscures. Je me tâte encore mais je crois que je vais finir par me laisser tenter… :happy:
 
Au détour de deux interviews du réalisateur, je suis tombée sur des propos qui m'ont semblé très orientés 4 tant dans la forme que dans le fond. Je vous en livre ici quelques extraits que je trouve assez parlants.
 
Dans ce contexte, fut-il difficile de vous tenir à votre décision de tourner en 35 mm ?
Je suis un homme de gauche, mais j’ai des côtés conservateurs. Je suis très réticent à abandonner des choses que je trouve belles. Il y a de bons cinéastes qui ont embrassé le numérique, cela ne me pose aucun problème, mais c’est un médium à part entière. Travailler en numérique, c’est comme dire à un peintre qu’il doit arrêter d’utiliser du rouge de cadmium clair : les autres rouges, d’accord, mais pas celui-là. C’est ce que le numérique a fait au cinéma. Tourner avec de la pellicule est au contraire un moyen d’exprimer une mélancolie qui m’habite, qui a à voir avec l’idée d’irréversible. Le grain, la photochimie font revivre le passé, ce passé qu’on ne retrouvera jamais. Peut-être parce que l’art est ma manière d’éprouver des sentiments religieux, de me faire à l’idée de la mort. Enfin, je ne m’y fais pas, mais utiliser de la pellicule m’aide à vivre avec. Je crois que l’attrait du numérique pour certains, c’est de nier la mort, de la rendre immédiate, fraîche, attirante.
 
Cette réflexion sur le mythe de la supériorité occidentale revient comme un leitmotiv dans nombre de projets actuels, jusqu’à I Am Not Your  Negro (1), le docu de Raoul Peck sur James Baldwin…
que j’ai vu et adoré. C’est un film assez déprimant, ma femme l’a trouvé encore plus plombant que moi, estimant qu’il montre que rien n’a changé. Mais n’ayant jamais été un grand optimiste, je ne pense pas que les choses changent pour le mieux. Certes, nous avons désormais des téléphones, et ce n’était pas le cas au XVIIe siècle. Mais le genre humain traverse toujours les mêmes crises, se débat avec les mêmes problèmes, qui reviennent tous à cette question de hiérarchie. J’ai écrit ce film il y a huit ans, je l’ai tourné il y a un an, et s’il trouve des échos très actuels, c’est sans doute que mon pessimisme est intemporel. L’actuel ne m’intéresse pas, je m’intéresse à ce qui me semble permanent, ces boîtes idéologiques qui ne cessent de nous enfermer. Ce que l’on vit en ce moment ne me semble pas si différent de ce qui a pu arriver par le passé. Vous connaissez la blague : le plus étonnant, ce n’est pas que Hitler ait pu faire ce qu’il a fait, mais que cela n’arrive pas plus souvent.
 
Source : James Gray interviewé par Élisabeth Franck-Dumas, « James Gray : “Je suis très réticent à abandonner les choses que je trouve belles” », Libération.fr, 14 mars 2017.
 
The Lost City of Z" traite, comme toute votre œuvre, de la question des origines et de l’immigration, mais également de l’arrogance de l’homme blanc...

Je voulais aborder la façon dont l’homme ne peut s’empêcher de mettre son prochain dans des catégories : "Voilà ce que doit être votre identité" ; "Voilà votre rôle".. Dans le film, l’aristocratie anglaise regarde de haut Fawcett qui, de son côté, laisse sa femme pour partir explorer la jungle où l’homme blanc exploite les indigènes... C’est sans fin.
 
Source : James Gray interviewé par Karelle Fitoussi, « James Gray (“The Lost City of Z”) : “L'art est ma version de la religion” », ParisMatch.com, 16 mars 2017.

 
En fouinant plus avant sur le Net, j'ai découvert que James Gray nourri un rapport tout personnel à la mélancolie et qu'il s'en sert abondement dans son art cinématographique.

Je ne connais pas du tout le personnage et je n'ai vu aucun de ses films pour l'instant. Y a t-il des connaisseurs sur ce forum ? L'hypothèse 4 vous semble-t-elle crédible ?
 
Bien cordialement,
Pocahontas

Pocahontas (E6 mu, aile 5, C++/- S-/+ X--/+)

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

 

Pocahontas, j'ai vu cette après-midi The Lost city of Z. L'histoire vraie de cet aventurier est intéressante, et le film est esthétiquement très réussi. À part cela, narration, mise en scène et jeu des acteurs sont d'un classicisme extrême, et que cela manque de puissance et de passion ! Les personnages secondaires ne sont, à mon avis, pas assez développés, notamment ceux de l'épouse (Sienna Miller est excellente), du fils aîné ou de Costin.

 

C'est suffisamment bien fait pour que je ne me sois pas ennuyé, loin de là même, mais je ne partage pas l'enthousiasme de la critique. Il faut dire que ma référence dans ce type de film reste le prodigieux Aguirre, la colère de Dieu de Werner Herzog.

 

Je ne connais rien de James Gray mais bien sûr les extraits que tu nous offres pointe très nettement vers le 4.

 

Très amicalement,

Fabien

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