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L’humour, un interrupteur de fixation ?


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Bonjour à tous,

 

Ceci est ma première apparition sur ce forum que je suis déjà depuis quelques temps et qui soulève des questions qui m’intéressent grandement. Mais j’en viens au vif du sujet.

 

Comme beaucoup d’entre vous, je pense, j’aime beaucoup rire, et une expérience récente m’a montré l’effet salvateur que le rire pouvait avoir sur moi lorsque je suis en cours de compulsion égotique (de 4 alpha). Je la détaille ici.

 

Ma femme et moi sommes jeunes mariés, en voyage de noce en Bretagne (ça m’file un peu des boutons car c’est pas original du tout, mais bon c’est beau). On se balade au bord de la mer, le temps est magnifique, mais il y a beaucoup de monde, et ça m’oppresse un peu.

 

=>  Évitement de la banalité avec passion d’envie et fixation de mélancolie en une seule phrase cas d’école du genre :

 

« Tu te rends comptes, on vit dans un coin qu’on n’apprécie pas alors que des gens vivent dans cet endroit magnifique, tu trouves pas ça injuste ? »

 

Et ma femme de répondre :

 

« Arrête, tu fais ton Chateaubriand, là !»

 

(Je m’étais gentiment moqué de la photo très belle mais très grave d’un de ses cousins en le qualifiant de « Chateaubriand », ce qui est bien sûr aussi un compliment pour le 4 que je suis.)

 

Moi qui m’attendais à l’attirer dans les rets gluants de mon triangle de Karpman, je suis totalement pris de cours, je pouffe et lui dis :

 

« Tu as parfaitement raison. »

 

Sauvé par ma douce et son humour de l’ornière de l’envie-mélancolie.

 

Du coup je me demandais si d’autres avaient déjà vu leurs passion et fixation interrompue par l’humour ? Pensez-vous que cela fonctionne avec tous les types ?

 

Je pense par exemple à un ami 6 avec lequel nous aimons beaucoup rire et dont j’apprécie beaucoup l’humour. Or  je crois qu'en cas de bascule de son centre mental, tenter de faire de l’humour pour le dépatouiller de sa désintégration risquerait plutôt d’avoir l’effet inverse…

Valère (E4 alpha, aile inconnue, sous-type social)

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Bonjour à tous,

 

Tout d'abord, je suis ravi, Valère, de te voir si vite actif sur le forum après ton premier stage. Bienvenue !

 

Ton message m'a d'abord amusé. Le week-end denier, lors du stage Centres, tu étais dubitatif quand j’avais parlé chez les 4 alpha d'"humour sans joie". Franchement, en tant que 7, il m'est difficile d'appeler humour ce que tu relates ! Il faut dire que je fais la différence entre le sourire et le rire.

 

"Du coup je me demandais si d’autres avaient déjà vu leurs passion et fixation interrompue par l’humour ?"

Comme il s'agit d'une zone de témoignage, je commence.

 

Pour la pratique de l'humour, dans mon cas, il faut clairement distinguer deux époques. Avant de connaître l'ennéagramme, l'humour était un outil, une arme parfois (une simulation ici), au service de mon ego et le renforçait. Après avoir pris conscience de mes mécanismes égotiques, j'ai pu utiliser un humour gentil pour interrompre mon ego, non pas rire de lui mais rire avec lui, un peu comme dans certains arts martiaux, on utilise la force de l'autre pour le détourner de son but — pour une fois que je fais du sport, ça se fête !

 

Quant à une interruption extérieure par l'humour, il y a le même découpage temporel. Avant de connaître l'ennéagramme, une personne qui aurait essayé d'interrompre ma compulsion par l'humour aurait vite appris à ses dépens que j'avais plus d'humour qu'elle et que je savais m'en servir. Après, au contraire, la personne qui fait cela entre avec moi dans un rapport de complicité amicale que j'apprécie.

 

"Pensez-vous que cela fonctionne avec tous les types ?"

Il est certain que non. L'exemple de ton ami 6 est parfaitement exact (cf. stage Communication).

 

Très amicalement,

Fabien

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  • 4 weeks later...

Bonne année à toutes et à tous, parsemée de pincées d’humour bienveillant, :happy:

 

Bienvenue Valère dans l’Enné-agora. Je trouve ce sujet très intéressant. Merci de l’avoir créé. :thumb_up:

 

"Du coup je me demandais si d’autres avaient déjà vu leurs passion et fixation interrompue par l’humour ?"

Depuis ma découverte de l’Ennéagramme, il m’est arrivé de faire dans ma tête de l’humour à propos de mon avarice et de mon détachement. J’avais alors l’impression de me réveiller, je souriais, je ressentais une envie de partager. Souvent après un temps d’analyse de la situation — centre mental préféré oblige — je me reconnectais à mes interlocuteurs et m’impliquais.

 

Quant à l’humour des autres au sujet de mon avarice ou de mon détachement, ça m’est arrivé, oui. Une fois, la personne s’est adressée directement à moi, sur un ton bienveillant ; j’ai alors rougi et ressenti de la honte, puis cette honte a vite disparu, et je me suis reconnecté et impliqué. Par contre, une autre fois, la personne ne s’est pas adressée directement à moi, mais devant moi à une tierce personne ; alors ma honte s’est mêlée d’amertume et je me suis réfugié encore plus profondément dans l’avarice et le détachement. Bref, l’effet dépend du contexte, c’est-à-dire des motivations de la personne qui fait de l’humour (qui elles-mêmes dépendent de son état d’âme), de son altérité, de mon état au moment de la réception du message et probablement d’autres paramètres (Désolé, mon ego, pour ce cruel manque de précision de ma part. :sad:). Telle une aiguille à tricoter, l’humour peut être utilisé pour le pire ou le meilleur.

 

Ce qui marcherait bien avec moi, entre autres parce que je préfère le centre mental, ce sont les messages paradoxaux. Par exemple, si quelqu’un s’adressait directement à moi, sur un ton bienveillant et complice « Ne fais pas attention à nous, Yves, laisse-nous tomber, hein ? », ou bien « Ne nous le dis pas, Yves, nous n’avons pas besoin de le savoir ! », alors ma honte serait adoucie par des sentiments de complicité, d’émerveillement (parce que j’aurais trouvé la personne fine) et de respect mutuel. Ces sentiments m’aideraient à me reconnecter.

 

"Pensez-vous que cela fonctionne avec tous les types ?"

Non.

 

Par exemple, faire de l’humour mental demandant un changement de niveau logique de la pensée, à l’égard d’une personne qui vit de la confusion, risque fortement d’aggraver sa confusion.

 

Un autre cas. Un 2 ne pourrait-il pas considérer une tentative d’humour à propos de son orgueil et de son dédain, comme du dédain, et alors conforter son propre dédain ? Avant tout, ne vaut-il pas mieux être humble avec lui ? Amis 2, j’ai besoin de votre aide : pouvez-vous m’aider à répondre à ces deux interrogations ? :wink:

 

Amicalement,

Yves

Yves (E5 alpha, ailes 4 et 6, C- S= X-/+)
"Attendre d'en savoir assez pour agir en toute lumière, c'est se condamner à l'inaction." (Jean Rostand)

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Bonjour,

Et Bonne Année à Tous !
 

Le 07/12/2016 à 10:37, Fabien Chabreuil a dit :

Ton message m'a d'abord amusé. Le week-end denier, lors du stage Centres, tu étais dubitatif quand j’avais parlé chez les 4 alpha d'"humour sans joie". Franchement, en tant que 7, il m'est difficile d'appeler humour ce que tu relates ! Il faut dire que je fais la différence entre le sourire et le rire.

Après un peu d'introjection Fabien (oui, personnellement, c'est un des grand plus que m'a apporté l'ennéagramme que la découverte de ce mécanisme omniprésent chez moi), j'ai pu sortir de l'approche émotionnelle et je crois que j'ai compris ce que tu voulais dire par "humour sans joie". (En outre pour la situation que j'ai décrite plus haut il s'agissait d'humour… et bien de situation, par définition plutôt casse-g… à restituer.)

Il est vrai que j'apprécie (mais pas que !), orientation oblige, l'humour porteur de poésie, de transcendance, ou encore, fixation oblige, de mélancolie.

Ainsi j'apprécie beaucoup les sketchs de Raymond Devos, dont certains prêtent effectivement plus à sourire qu'à s'esclaffer, le livre La Bible de l'humour juif et ses blagues parfois amères.

Cependant le terme "sans joie" ne me semble pas le plus approprié, car c'est toujours un grand plaisir que de ressentir les émotions que (même) cet humour suscite. Peut-être pourrait-on dire plutôt "sans jovialité" ?

À l'inverse, j'ai beaucoup de mal à apprécier l'humour que je juge vulgaire, encore le sens du beau sans doute…

Mais l'humour peut aussi pour moi être une occasion de sublimation, de montrer ma créativité, et un peu d'autodérision, par un jeu de mot bien naze ou autre…
Il se trouve aussi que j'ai un frère 7 qui, par un mélange de préférence parentale et de mental très acéré, est parvenu depuis toujours à monopoliser l'attention de notre famille. (Après avoir vu le film, puis l'analyse du Ciné-agramme, le personnage de Patrick Bruel dans Le Prénom, m'est apparu très ressemblant.)
On jurerait qu'il a co-écrit L'art d'avoir toujours raison de Schopenhauer.

Et qu'elle est la meilleure manière de recevoir l'attention de la part du 7 qui la distribue dans votre famille ? Le faire rire. Car c'est le poste qui vous donne droit de cité dans son monde de bonne humeur, et chercher à se montrer unique, pour le 4 que je suis, était voué à l'échec pour tout autre type de conversation.
J'ai donc endossé ce rôle, pas trop déplaisant d'ailleurs, mais pas tout à fait conforme à ma nature afin d'avoir une petite chance d'exprimer mon ego dans ma famille.
Ce avant de connaître l'ennéagramme, qui m'a permis de comprendre, a posteriori, cette adaptation inconsciente.
 

Le 03/01/2017 à 08:12, Yves a dit :

Ce qui marcherait bien avec moi, entre autres parce que je préfère le centre mental, ce sont les messages paradoxaux. Par exemple, si quelqu’un s’adressait directement à moi, sur un ton bienveillant et complice « Ne fais pas attention à nous, Yves, laisse-nous tomber, hein ? », ou bien « Ne nous le dis pas, Yves, nous n’avons pas besoin de le savoir ! », alors ma honte serait adoucie par des sentiments de complicité, d’émerveillement (parce que j’aurais trouvé la personne fine) et de respect mutuel. Ces sentiments m’aideraient à me reconnecter.

Voilà exactement ce que je cherchais à exprimer Yves, merci !
Ce que tu as écrit a mis en lumière l'imprécision des termes que j'ai employé.
Plutôt que "l'humour" en général, j'aurai dû parler de "dérision et d'auto-dérision bienveillante".

J'ai beaucoup aimé ton utilisation de ce dernier terme : "la bienveillance", qui me semble tout à fait centrale effectivement.
Je ne saurai plus dire d'où cela provient, mais un personne (très sage) avait dit qu'on pouvait voir dans le mot "Humour" la contraction des mots "Humilité" et "Amour".
Il me semble que c'est la meilleure manière de reprendre une personne en pleine dérive égotique sans la blesser. L'humilité permettant de ne pas être moralisateur, dans le jugement, et l'amour de ne pas être trop dur, blessant.
 

Le 07/12/2016 à 10:37, Fabien Chabreuil a dit :

Quant à une interruption extérieure par l'humour, il y a le même découpage temporel. Avant de connaître l'ennéagramme, une personne qui aurait essayé d'interrompre ma compulsion par l'humour aurait vite appris à ses dépens que j'avais plus d'humour qu'elle et que je savais m'en servir. Après, au contraire, la personne qui fait cela entre avec moi dans un rapport de complicité amicale que j'apprécie.

Oui je suis d'accord Fabien. Rire de moi, surtout avec quelqu'un d'autre, nécessite déjà de me connaître, et ce n'est que depuis que j'ai pu prendre connaissance des travers de mon ego avec l'ennéagramme que je parviens (parfois) à en rire.

Avant cela, l'autre n'aurai eu droit qu'à un rembrunissement immédiat de ma part et à un éloignement (peut-être l'expression d'une aile 5 ?), assorti d'un classement dans la catégorie c…d.
 

Le 07/12/2016 à 10:37, Fabien Chabreuil a dit :

Après avoir pris conscience de mes mécanismes égotiques, j'ai pu utiliser un humour gentil pour interrompre mon ego, non pas rire de lui mais rire avec lui, un peu comme dans certains arts martiaux, on utilise la force de l'autre pour le détourner de son but — pour une fois que je fais du sport, ça se fête  !

Alors ça c'est un concept qui m'est assez étranger Fabien !
Comme tu t'en rappelles peut-être, je réprime aussi l'instinctif, mais je ne serai pas contre passer des "ceintures" en humour !

À bientôt,
Valère

Valère (E4 alpha, aile inconnue, sous-type social)

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,
 
"Cependant le terme “sans joie” ne me semble pas le plus approprié, car c'est toujours un grand plaisir que de ressentir les émotions que (même) cet humour suscite. Peut-être pourrait-on dire plutôt “sans jovialité” ?"
(Les personnes ayant fait le stage Ailes penseront peut-être à la dichotomie du 4. :rofl:) En fait, Valère, les deux termes me paraissent appropriés.
 
"À l'inverse, j'ai beaucoup de mal à apprécier l'humour que je juge vulgaire, encore le sens du beau sans doute…"
De la même manière que pour un 4, la notion d'émotions positives ou négatives n'est pas primordiale toutes les émotions ayant une valeur, il n'y a pas pour un 7 de sous-catégories d'humour. C'est drôle ou non, ça suffit et si c'est de l'humour pipi-caca, peu importe !
 
"Et qu'elle est la meilleure manière de recevoir l'attention de la part du 7 qui la distribue dans votre famille ? Le faire rire. Car c'est le poste qui vous donne droit de cité dans son monde de bonne humeur, et chercher à se montrer unique, pour le 4 que je suis, était voué à l'échec pour tout autre type de conversation."
Je ne crois pas que ce soit le fait de vouloir se montrer unique qui pose problème, c'est plus vraisemblablement la manière de le faire. De même, les 7 ne sont pas tous des abrutis oscillant entre almanach Vermot et blagues Carambar. Je suis donc sceptique sur le fait que "tout autre conversation était vouée à l'échec".

 

Comme toujours en communication, il faut étudier les deux sens de circulation de l'information : tiens, il y a longtemps que je n'ai pas recommandé le méta-miroir.
 

Après avoir pris conscience de mes mécanismes égotiques, j'ai pu utiliser un humour gentil pour interrompre mon ego, non pas rire de lui mais rire avec lui, un peu comme dans certains arts martiaux, on utilise la force de l'autre pour le détourner de son but — pour une fois que je fais du sport, ça se fête !

Alors ça c'est un concept qui m'est assez étranger Fabien !

Je n'ai pas compris quel concept t'était étranger.

 

Très amicalement,

Fabien

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Bonjour à tous,

J’ai beaucoup apprécié ton retour passionné, Valère. Entre parenthèses, il ne faut pas grand-chose pour que je perçoive des paroles ou un comportement comme passionnés… Et que parfois je prenne peur — ici, ce n’est pas du tout le cas : je n’ai pas peur. J’ai constaté que ma définition cinquesque de ce qui est passionné différait un tantinet beaucoup de celle de mes amis 4. Ceux-ci m’ont beaucoup aidé à m’apprivoiser moi-même.

J’aimerais ajouter une précision à mon message précédent. Ben oui, la précision est une des orientations de mon ennéatype 5 et je pinaille souvent. Par mes pinaillages, je cherche à satisfaire mon besoin de me singulariser par mon savoir (l’influence de mon aile 4).
 

Depuis ma découverte de l’Ennéagramme […]

Il s’agit ici de découverte « incarnée ». En effet, je distingue deux phases dans mon apprentissage de l’Ennéagramme : une phase de connaissance conceptuelle, livresque, puis une phase beaucoup plus tardive de connaissance incarnée, grâce aux stages de Patricia & Fabien. J’ai constaté que c’est seulement la seconde phase qui m’a permis, grâce aux témoignages de Patricia, Fabien et des stagiaires, de surmonter un petit peu ma peur de lâcher suffisamment mes fiertés égotiques — « je comprends, je sais, mon humour est intelligent parce que je sais, etc. » —, afin de pouvoir incarner ce que j’avais appris. Je pense en particulier au stage Libération. Mon bon, je réalise que j’ai encore du pain sur la planche.

Concernant mon humour, j’ai constaté que je ne prenais pas toujours en compte les conséquences de mon humour sur mon interlocuteur — sauf quand mon interlocuteur, c’était moi-même —, alors que les conseils donnés par Patricia & Fabien dans leur stage Communication, eux, sont adaptés à l’ennéatype de la personne qui reçoit mes messages. Depuis ce stage et les autres stages, je trouve ma communication avec mes proches plus impliquée, plus adaptée, plus fluide, plus empathique et (ce n’était pas mon objectif) plus aimante.

Amicalement,
Yves

Yves (E5 alpha, ailes 4 et 6, C- S= X-/+)
"Attendre d'en savoir assez pour agir en toute lumière, c'est se condamner à l'inaction." (Jean Rostand)

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Bonjour à tous,
 
Amusant Yves que tu m'aie trouvé passionné, je ne suis pas sûr qu'in real life, ce soit un qualificatif qu'on m'attribue intuitivement !
Je suis en effet plutôt de sous-type social et pas vraiment flamboyant.
 

"Et qu'elle est la meilleure manière de recevoir l'attention de la part du 7 qui la distribue dans votre famille ? Le faire rire. Car c'est le poste qui vous donne droit de cité dans son monde de bonne humeur, et chercher à se montrer unique, pour le 4 que je suis, était voué à l'échec pour tout autre type de conversation."
Je ne crois pas que ce soit le fait de vouloir se montrer unique qui pose problème, c'est plus vraisemblablement la manière de le faire. De même, les 7 ne sont pas tous des abrutis oscillant entre almanach Vermot et blagues Carambar. Je suis donc sceptique sur le fait que "tout autre conversation était vouée à l'échec".

Comme toujours en communication, il faut étudier les deux sens de circulation de l'information : tiens, il y a longtemps que je n'ai pas recommandé le méta-miroir.

Merci Fabien pour cette suggestion, j'avais déjà aperçu cette conversation qui m'avait déjà intuitivement semblé contenir des choses très intéressantes et salutaires pour moi, en me permettant notamment de m'aider à me décentrer, à percevoir le point de vue de l'autre. Suite à ton conseil, j'ai essayé de refaire l'exercice, même si malheureusement les situations ne sont plus fraîches du tout, mais le concept du méta-miroir me semble avoir débloqué une ou deux choses. Espérons que je parvienne à les faire fructifier, et à réutiliser l'outil à l'occasion…
 

Après avoir pris conscience de mes mécanismes égotiques, j'ai pu utiliser un humour gentil pour interrompre mon ego, non pas rire de lui mais rire avec lui, un peu comme dans certains arts martiaux, on utilise la force de l'autre pour le détourner de son but — pour une fois que je fais du sport, ça se fête !

Alors ça c'est un concept qui m'est assez étranger Fabien !
Je n'ai pas compris quel concept t'était étranger.

Oui, au temps pour moi (ou autant pour moi, ou même OTAN pour moi si vous préférez), Fabien, j'ai oublié de l'écrire mais je voulais te demander si par hasard tu aurais un exemple pour illustrer la manière dont on peut "utiliser un humour gentil pour interrompre mon ego, non pas rire de lui mais rire avec lui" ?
Quelle différence y-a-t'il entre "rire de" et "rire avec" son ego ?
 
Bonne semaine à vous,
Valère

Valère (E4 alpha, aile inconnue, sous-type social)

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

 

"Je voulais te demander si par hasard tu aurais un exemple pour illustrer la manière dont on peut “utiliser un humour gentil pour interrompre mon ego, non pas rire de lui mais rire avec lui” ? Quelle différence y-a-t'il entre “rire de” et “rire avec” son ego ?"

La différence est d'intention, donc d'attitude et de résultat :

  • Si je ris de l'ego de quelqu'un, je critique agressivement un de ses traits égotiques, l'ego de mon interlocuteur se braque, et mon intervention est inutile.
  • Si je ris avec l'ego de quelqu'un, je pointe avec indulgence et bienveillance la non-pertinence d'un de ses traits égotiques, l'ego de mon interlocuteur en prend conscience sans se sentir menacé, et mon intervention est utile.

Pour cette raison, il m'est difficile de te donner un exemple parce que la qualité de la relation, dont le non verbal mais pas seulement lui, joue un rôle crucial dans la différence entre les deux. Je suis sûr que tu peux trouver des exemples sur ce forum… les fois où je ne me suis pas planté et ai fait le premier voulant faire le second. :sour:

 

Une des méthodes que j'utilise volontiers est de proposer à l'ego d'en faire plus, beaucoup plus, beaucoup beaucoup plus, jusqu'à ce qu'effectivement cela devienne comique.

 

Un maître dans le genre est le grand Paul Watzlawick dont les livres Faites vous-mêmes votre malheur ou Comment réussir à échouer ? m'ont beaucoup plu, même si ce ne sont pas, et de loin, ses ouvrages les plus intéressants.

 

Très amicalement,

Fabien

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Bonjour à tous,

"Une des méthodes que j'utilise volontiers est de proposer à l'ego d'en faire plus, beaucoup plus, beaucoup beaucoup plus, jusqu'à ce qu'effectivement cela devienne comique."
Fabien, tu as appliqué cette méthode en stage avec moi, et ça donnait un éclairage loufoque sur mon ego. Ce souvenir m’est revenu parfois, alors que je retombais dans une de mes transes égotiques ; je suis alors sorti de ma transe et j’ai souri.
 
Amicalement,
Yves

Yves (E5 alpha, ailes 4 et 6, C- S= X-/+)
"Attendre d'en savoir assez pour agir en toute lumière, c'est se condamner à l'inaction." (Jean Rostand)

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Bonjour à tous, salutations Valère,
 

Une des méthodes que j'utilise volontiers est de proposer à l'ego d'en faire plus, beaucoup plus, beaucoup beaucoup plus, jusqu'à ce qu'effectivement cela devienne comique.

Je profite de l'occasion pour rappeler qu'il existe dans l'article “L'Ennéagramme dynamique : type 6 (1e et 2e partie)” de Tom Condon (paragraphe intitulé Exagération) un exercice similaire pour les 6. Je vous laisse découvrir en quoi cela consiste plus précisément. :happy:

 

J'ai testé cette méthode une ou deux fois, l'effet est immédiat mais temporaire. Mais peut-être vaut-il mieux être accompagné dans cette démarche comme c'est le cas de la dame dans l'article de Tom Comdon pour un effet plus durable ? En revanche, ça ne doit effectivement plus fonctionner en cas de bascule du mental (doute, suspicion, panique à bord…).
 
Bien cordialement,
Pocahontas

Pocahontas (E6 mu, aile 5, C++/- S-/+ X--/+)

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

 

Merci de ce rappel, Pocahontas, j'avais oublié cette référence.
 
"J'ai testé cette méthode une ou deux fois, l'effet est immédiat mais temporaire. Mais peut-être vaut-il mieux être accompagné dans cette démarche comme c'est le cas de la dame dans l'article de Tom Condon pour un effet plus durable ?"

Oui, la méthode permet une interruption d'un processus égotique, une distanciation provisoire, et elle ne peut, sauf miracle, être curative à elle seule.

 

"En revanche, ça ne doit effectivement plus fonctionner en cas de bascule du mental (doute, suspicion, panique à bord…"

Tu as totalement raison. Comme toute méthode, elle doit être appliquée au bon moment sous peine d'être plus contreproductive qu'autre chose.

 

Quand j'ai commencé les formations qui m'ont amené à changer de vie professionnelle, on racontait la métaphore suivante :

 

Un capitaine de bateau était inquiet parce que le moteur de son navire faisait un bruit qui lui paraissait anormal. À chaque fois qu'il s'arrêtait dans un port, il faisait appel aux meilleurs spécialistes, mais aucun d'entre eux ne réussit jamais à réparer le moteur. Le capitaine désespérait.

 

Un jour, il arriva dans un port en Asie et on lui dit qu'il y avait là un mécanicien merveilleux, d'une compétence inégalée. Le capitaine fit appel à lui en se disant que c'était sa dernière chance. Le mécanicien descendit en salle des machines et écouta le bruit du moteur. Il se dirigea alors vers une partie de l'engin, sortit un marteau d'horloger, donna un petit coup sur le moteur… et le bruit s'arrêta aussitôt.

 

"Vous recevrez ma facture", conclut le mécanicien en quittant le navire. Le soir même, celle-ci arriva : 5000 $. Le capitaine s'étouffa de rage : 5000 $ pour avoir passé 10 minutes sur le bateau et avoir donné un petit coup de marteau d'horloger ! "Envoyez-moi une facture détaillé", écrivit-il par retour. Le lendemain matin, il la reçut :

Pour avoir donné un petit coup de marteau d'horloger : 10 $

Pour avoir su où le donner : 4990 $

 

Très amicalement,

Fabien

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Bonjour à tous !

 

Merci beaucoup Fabien de partager cette histoire. Je la trouve géniale !

 

Voici un nouveau témoignage qui décrit un cas particulier qui apportera un éclairage un peu différent je crois sur la question traitée ici. Je rappelle que je suis 6 mu.

 

Il y a quelques mois, il m'est arrivé une chose qui ne m'étais jamais arrivé depuis que je suis en poste à la Fac : des collègues de travail m'ont fait une bonne blague.

 

Ces collègues, ce sont en réalité quelques étudiants qui nous épaulent souvent à la bibliothèque et qui ont à ce titre un statut particulier. En effet, nous avons la possibilité de nous voir et de discuter dans un cadre moins formel et ne parlons pas que travail : nous avons eu l'occasion de débattre, de nous soutenir mutuellement, de rire et d'évoquer des choses graves aussi. Je les apprécie et j'entretiens avec eux des relations amicales.

 

Il se trouve donc que ces joyeux drilles connaissent la rigueur dont je fais preuve dans mon travail au quotidien et savent à quel point c'est important pour moi. Il leur est donc venu à l'esprit de me prendre à rebrousse-poil et de me faire croire que j'avais un peu "perdu la tête" (à moins que je ne sois en train de faire une projection… :perplexe:). Je vous plante le décor : la veille j'avais signalé à l'un d'entre eux que j'allais avoir besoin de bras le lendemain pour remettre en place des piles de cartons remplis de livres, et donc très lourds, qui s'étaient affaissées entre deux travées dans les réserves. Le lendemain, je retrouve donc tout ce petit monde prêt à en découdre. C'est alors que l'un des étudiants me dit en parlant pour le groupe qu'en fait ils ne comprennent pas pourquoi je leur ai demandé de venir puisque les piles ne sont pas tombées. Je ne fais alors aucun cas du fait que nous ne sommes pas encore sur place (dans les réserves) et que donc il lui est logiquement impossible de m'affirmer cela dans la mesure où il n'est pas déjà au courant de quelque chose. Je vis une crise de doute, me voilà prise au dépourvu : "Quoi ? Qu'est-ce qu'il me raconte ? Je n'ai pourtant pas rêvé ?!" Ils insistent, je "sombre" un peu plus. Je vais pour vérifier la chose et je trouve effectivement les piles parfaitement rangées. Je ne comprend plus rien, je suis déroutée. Puis la seconde d'après, j'en vois un qui sourit. Je reste interdite un moment, puis je tente un timide "Non mais vous me faites une blague ?" L'instant d'après c'est le dénouement-soulagement, ils me confirment qu'il m'ont bien fait une blague et m'expliquent qu'en réalité ils ont tout remis en place la veille après que je sois partie.

 

Du côté du centre émotionnel, c'était très étrange à vivre. J'ai ressenti tout en même temps de la colère ("Ah les enfoirés !"), de la contrariété doublée d'un peu de honte ("Maiiis euh !"), de la joie et de la bienveillance envers moi-même (j'ai ri de bon cœur avec eux et, personnellement, j'ai ri de moi-même).

Côté ego justement, plusieurs éléments font que "ça passe" plutôt que "ça casse" :

  1. "Je vais bien" au moment où on décide de me faire cette blague (bah oui ça aurait pu mal tomber…) ;

  2. La durée du stress est courte ;

  3. Dans un premier temps, le déclencheur de ce stress n'induit pas une bascule complète, notamment parce que j'ai le moyen d'aller vérifier immédiatement les allégations de mes collègues (instinctif en support) et de savoir ; cela me permet de temporiser ma peur et de garder un peu de mental sous le coude, en revanche, dans un second temps, lorsque je constate que les cartons sont correctement rangés, là il y a bascule complète et je vis un blanc mental de quelques secondes ;

  4. Le mental revient en première position rapidement : le fait de voir un collègue sourire me permet d'entrevoir une issue "heureuse" à cette histoire, et je comprends alors qu'il se trame quelque chose ;

  5. Mon ego est sauf et préservé : je ne suis pas déviante et je ne risque pas d'être "exclue" dans la mesure où je n'ai pas réellement commis une erreur, et je sais qu'on a pas voulu se moquer méchamment de moi, ni me donner une leçon de morale, ni se venger de quoi que ce soit car tout cela s'est fait dans une ambiance très bon enfant ;

  6. En bonus, j'obtiens ce que je souhaitais sans avoir à lever le petit doigt : les étudiants se sont déjà chargé de tout remettre en place. :proud:

On a donc bien ici une forme d'humour qui vient interrompre la fixation (et tout le reste aussi d'ailleurs) sauf que l'effet produit s'apparente davantage à un black-out (je ne pense pas, je n'agis pas, je ne ressens rien) qu'à un temps de "pause" similaire à celui vécu après l'exercice des pensées parasites par exemple. Entre le moment où je suis encore sous le coup de mes mécanismes égotiques (désintégration interne) et le moment où je commence à réaliser que "c'est une blague !!!" (retour du mental en première position) — l'instant d'après je réalise qu'il n'y a pas mort d'homme (réhabilitation de mon ego) — il y a ce temps très court d'interruption, de rupture. Le retour à la normale égotique si je puis dire se fait finalement assez brutalement. Je me demande d'ailleurs si l'ascenseur émotionnel vécu à ce moment-là n'y est pas aussi pour quelque chose.

 

Bien sûr, pour toutes les raisons sus-citées cela ne se passe ainsi que si certaines conditions sont remplies, et pas des moindres.

 

Bise (Bise spéciale à Valère :wink:),

Pocahontas

Pocahontas (E6 mu, aile 5, C++/- S-/+ X--/+)

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