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Des 5 et le goût de pratiquer la musique


Yves

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Bonjour à tous,

J’aimerais compléter l’étude de l’influence de l’ennéatype 5 sur le goût d’écouter de la musique (cf. la conversation “Des 5 et le goût d’écouter de la musique”), par l’étude de son influence sur la pratique de la musique. J’ai un petit peu évoqué ma pratique à la fin du premier message de la conversation “Le goût des silences”. Ce message-ci peut être lu de façon indépendante, je veux dire sans avoir lu la conversation et le message que je viens de citer.

J’ai commencé à apprendre un instrument de musique, le piano, pendant une période de sécurité (ouf, enfin !) et d’espérance, à l’âge de 30 ans. J’ai commencé d’abord seul, poussé par mon goût d’explorer puis, déterminé, j’ai continué avec l’aide de professeurs. Le choix de cet instrument, praticable en solo, ainsi que mon début solitaire, reflètent peut-être les besoins d’indépendance et d’autonomie du 5 et les fiertés associées.

Centre de support
Dans ma tête, lorsque j’apprenais, il y avait un être cher, un proche ou un professeur : c’est pour lui que j’apprenais. Ce désir me donnait de l’espérance en moi-même. Je surmontais ainsi la répression de mon centre instinctif. J’espérais aussi donner l’exemple et servir de moteur. Le jargon musical me plaisait, peut-être avais-je besoin d’appartenir à une communauté musicale (sous-type Social) ? Je cherchais aussi à échapper au spectre de la fixation du 9, que vivait mon père (9 alpha), de son manque d’expression émotionnelle et d’espérance en lui-même — j’en souffrais. Sur ce point-là, il n’était pas une référence (il l’était sur d’autres points).

Mon centre émotionnel se dirigeait aussi vers l’intérieur : je savourais les sons du piano, les harmonies, la mélodie et l’énergie joyeuse du rythme (j’ai évoqué mon goût pour la musique dans la conversation consacrée à l’écoute de la musique, déjà citée). S’ajoutait la jouissance de choisir le prochain son, de le créer, celle d’exprimer avec simplicité des émotions à l’aide de mes doigts, d’exister par cette expression. Grâce à cet instrument, je satisfaisais mon besoin d’exprimer autre chose de moi, autre chose que des raisonnements, autre chose que de la rigueur intellectuelle. Ce besoin de m’exprimer, je n’en avais pas pris conscience, à cause de la mécanique égotique du 5 : mon ego fuit mon univers intérieur.

Ma sensibilité, je préfère l’exprimer de façon non verbale. Le piano s’est avéré un formidable moyen de le faire. J’ai constaté le même phénomène chez trois de mes proches ou connaissances d’ennéatype 5 alpha, pianistes amateurs aussi.

Centre réprimé
Tout en satisfaisant l’orientation de connaissance du 5, je me servais de mes doigts, de mes poignets, de mes bras, de mon corps, de ma respiration : j’activais mon centre réprimé. Pendant de nombreuses années, je m’avérais assidu et régulier dans mon apprentissage. Au lieu de vivre la passion et la fixation de mon aile 4, comme cela m’arrivait si souvent dans ma jeunesse, je comblais le désir de base du 5.

Centre préféré
Mon centre préféré, je m’en servais, mais il laissait de la place à mes autres centres. Mes centres s’harmonisaient.

Orientation
La pratique de la musique demande de la rigueur intellectuelle, de la précision et satisfait mon orientation 5 de précision.

En parallèle du piano, j’aimais apprendre le solfège. Grâce à ma professeure, pédagogue et enthousiaste (7), j’acquérais aussi des connaissances sur les compositeurs, leur vécu (je ne connaissais guère la musique classique à l’époque) et enfin et surtout, j’apprenais à affiner mon écoute — très superficielle jusqu’alors — et ma connaissance de l’univers enchanteur de la musique et des musiciens. Je satisfaisais ainsi l’orientation de connaissance du 5.

Ego
Malheureusement mon niveau s’avérait trop médiocre pour accompagner régulièrement des chanteurs ou d’autres instrumentistes, ou pour jouer pour un auditoire. Une conséquence était que, excepté mes échanges avec mon professeur, le domaine de la pratique de la musique n’interférait pas beaucoup avec celui des interactions sociales. Mes préoccupations liées à ce second domaine restaient entières. De plus, mon long et laborieux apprentissage me rendait parfois peu disponible pour mes proches : je vivais alors l’avarice de temps.

Et j’exprimais toujours très peu d’émotions verbalement (je restais taiseux). Mais c’était une première étape.

Musamicalement,
Yves

Yves (E5 alpha, ailes 4 et 6, C- S= X-/+)
"Attendre d'en savoir assez pour agir en toute lumière, c'est se condamner à l'inaction." (Jean Rostand)

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  • 2 weeks later...

Bonjour à tous,

 

Voici une autre étape. Vers l’âge de 50 ans, donc vingt ans après avoir commencé à apprendre le piano, je vécus une autre belle surprise. Par curiosité, je m’étais enfin décidé à participer à un atelier de chant pour débutants complets. Je découvris alors que je pouvais m’exprimer par le chant. Mais pourquoi donc, pendant toutes ces années, avais-je délaissé cette voie (et cette voix) ? Je pouvais communiquer à d’autres êtres, quelque chose de moi, par ma voix, par mon corps. Je ressentais la joie d’exister, comme lorsqu’au printemps, j’imite le chant du loriot pour communiquer avec un loriot en liberté. Ah, pouvoir communiquer sans peur, un rêve de 5 alpha ?

Alors je me suis inscrit à un cours de chant. Je me suis aussi inscrit dans une chorale.

Dans la conversation “Chant et ennéatype”, Bénédicte a témoigné :
 

J'ai entendu dire un jour que les gens tendaient à écouter l'extérieur aux dépens de l'intérieur ou l'inverse, mais je n'ai jamais eu cette impression en ce qui me concerne. Je me suis demandée (doute) si je me faisais des illusions, mais je pense que ce n'est pas le cas. En fait, il me semble que le 6, par sa structure même, compare les informations intérieures et extérieures, et leur accorde une égale attention.

Quant à moi, au tout début de l’apprentissage d’un chant, je tends à privilégier l’extérieur et à m’ajuster au groupe, mais pas question de me dissoudre dans le groupe. Mon attention vers l’extérieur et mon attention vers l’intérieur s’équilibrent. Je me sens à la bonne place, ni trop en retrait (cf. l’ego du 5), ni trop en avant. Je me sens relié aux autres choristes. Je sens une plénitude, une expansion dans ma poitrine, comme lorsque je contemple un ciel étoilé, la nuit. :happy:

Je sens que je peux m’appuyer sur les autres choristes et réciproquement. Je n’ai plus besoin de ma fierté cinquesque d’être indépendant. Cette fois ma confiance et mon espérance en moi-même se lient à ma confiance et à mon espérance dans les autres choristes (peut-être que j’active mon aile 6).

Le piano me permet d’exprimer des émotions dans un contexte sécurisant et d’harmoniser mes centres. Le chant en chorale me permet, en plus, d’harmoniser intérieur et extérieur au niveau de mon attention, de ma confiance et de mon espérance. Et aussi de relier le domaine de la musique à l’incommode domaine des interactions sociales (après avoir chanté en groupe, il m'arrive même d'avoir envie de papoter :surprised:, et de travailler sur mon instinct Social.

Amicalement,
Yves

P.S. : sans rapport avec l’ennéatype 5, j’ai évoqué le rôle des émotions dans le travail de mon ancienne chorale, dans ce message-ci de la conversation “Quand un 8 passe au VERT”.

Yves (E5 alpha, ailes 4 et 6, C- S= X-/+)
"Attendre d'en savoir assez pour agir en toute lumière, c'est se condamner à l'inaction." (Jean Rostand)

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Bonjour à tous !

 

Je fais de la musique: je joue de l'alto en orchestre symphonique.

 

Il me semble tout à fait certain qu'en pratiquant au sein d'un orchestre (une chorale, c'est pareil), il est fortement recommandé d'être tourné simultanément vers l'intérieur et l'extérieur.

 

Vers l'intérieur : je dois être consciente de mes gestes, de mes sensations, des sons que je produis avec mon instrument.

Vers l'extérieur : il faut regarder le chef, écouter les autres musiciens, avoir pleine conscience de ce que jouent les autres, et adapter son propre jeu en conséquence.

 

De ce point de vue, la pratique de la musique en ensemble est excellente pour les 4 : créativité, beauté, auto-discipline (il faut travailler les partitions, les traits, les passages difficiles…), écoute des autres, ouverture vers les autres…

Et elle est excellente pour tous les types, parce qu'elle fait appel à nos qualités essentielles !

 

Je dois vous quitter un peu vite, car justement je file répéter (bonsoir Monsieur Beethoven !).

 

Amitiés à tous,

Marie Do

Mdo – E4 alpha X ailes 3/5

"La musique met l'âme en harmonie avec tout ce qui existe." Oscar Wilde 

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  • 7 months later...

Bonjour à tous,

Merci Marie Do pour ton témoignage. Orientation de 5 oblige, j’aimerais compléter la description des directions d’utilisation des centres, faite par Marie Do, par celle des centres.

Traité : une interprétation musicale ne peut être habitée que si les trois centres fonctionnent correctement et en harmonie :

  • en harmonie avec le centre intuitif du 5, l’instinctif intérieur assure l’ancrage, coordonne la respiration, l’articulation, les gestes (destinés à l’instrument ou à l’auditoire), le rythme ;
  • même si je ne suis ni chef de chœur, ni chef d’orchestre, l’instinctif extérieur agit, par les sons de ma voix ou de mon instrument, sur les autres choristes ou/et instrumentistes, ou/et sur l’auditoire ;
  • l’émotionnel intérieur permet la créativité émotionnelle, elle s’exprime dans le phrasé, les nuances, le timbre, les expressions de la voix (ou de l’instrument) et du corps ;
  • l’émotionnel extérieur permet d’adapter son jeu à l’orchestre et aux chœurs, comme l’a expliqué Marie Do ;
  • le mental imagine le résultat et restitue le texte et la mélodie appris (sauf dans le cas d’une improvisation).

En chant, la respiration s’avère encore plus fondamentale qu’au piano et dans mon cas personnel, j’utilise plus aisément mon centre réprimé en chant qu’au piano.

Amicalement,
Yves

Yves (E5 alpha, ailes 4 et 6, C- S= X-/+)
"Attendre d'en savoir assez pour agir en toute lumière, c'est se condamner à l'inaction." (Jean Rostand)

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Bonjour à tous,

Concernant les interprétations en public, dans le premier message de la conversation “Chant et ennéatype”, Théo (5 alpha) a témoigné de sa « difficulté à exprimer spontanément des émotions en public » et « en public, d'être en harmonie avec les émotions qu'exprime un morceau (alors que cela m'est possible quand je suis seul) ».

 

Pour ma part, moi aussi, comme Théo, malgré mon désir de chanter pour des personnes que j’aime :heart:, la présence d’auditeurs potentiels me trouble, je la vis comme une intrusion :peur: — c’est un sentiment cinquesque. Cependant, grâce à un travail assidu (satisfaisant le désir de base du 5), j’ai fini par surmonter ma peur d’une intrusion émotionnelle. Une fois jeté à l'eau, je m’exprime en harmonie en présence d’un auditoire, que ce soit au sein de ma chorale, en duo ou en solo. Ceci grâce à mon attention, l'équilibre des centres et ma confiance dans les autres et en moi-même.

Long a été le chemin pour chanter en public. De la même façon que l’étape de l’expression écrite pour l’expression orale, l’étape de l’expression instrumentale (en l'occurrence, le piano) s’est avéré très aidante.

Musamicalement, :bye:
Yves

Yves (E5 alpha, ailes 4 et 6, C- S= X-/+)
"Attendre d'en savoir assez pour agir en toute lumière, c'est se condamner à l'inaction." (Jean Rostand)

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Bonjour à tous,

J’ai constaté un phénomène. C’était un soir, ma chorale déchiffrait un morceau. À l’approche d’une note aiguë, j’eus peur de ne pas arriver à la chanter juste et donc de dévier ; je doutai (aile 6). À ce doute se mêla la honte de gâcher l’harmonie de mon pupitre (les ténors), la honte de l’inadéquation (aile 4). Pour passer inaperçu (un de mes réflexes 5 alpha), en un éclair, j’envisageai la possibilité de chanter piano une autre note, plus basse, qui resterait dans l'harmonie, puis honteux, je rejetai cette possibilité. Mon dos, mes épaules et ma nuque se crispèrent, la mécanique de rétraction 5 s’enclencha et… Je ne la chantai pas juste.

Amicalement,
Yves

Yves (E5 alpha, ailes 4 et 6, C- S= X-/+)
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