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T'as voulu voir Bruxelles, et on a vu Bruxelles


Fabien Chabreuil

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Bonjour à tous,

 

À une certaine époque de notre vie, Patricia et moi avons eu le plaisir de nous rendre régulièrement en Belgique et avons l'impression de ne pas trop mal la connaître.

Cependant, nous n'avons pu déterminer son ennéatype et avons écrit à ce sujet dans Le Grand Livre de L'Ennéagramme :

 

Fabien & Patricia Chabreuil a dit :

Il semble que parfois l'ennéatype d’un pays soit indéfinissable. Cela est souvent un indice intéressant sur la cohésion de cette nation. Par exemple, les auteurs de ce livre sont souvent allés en Belgique, et nombre de leurs étudiants viennent de ce pays. Malgré tous leurs efforts, et malgré de nombreuses discussions avec leurs stagiaires, ils n'ont jamais réussi à affecter un profil unique à ce pays. Les énormes difficultés que connaît la Belgique à faire vivre ensemble les communautés wallonne et flamande trouvent peut-être une partie de leur explication dans cette impossibilité : « La peinture belge subit également la loi des problèmes communautaires. Exposer un artiste flamand en Wallonie est un événement, et inversement. L'art créé sur le territoire belge, vu la différence des systèmes culturels, n'y circule pas. Chez nous, il n'y a pas d’art national et donc, de mon point de vue, pas de nation », confirme par exemple le peintre wallon Daniel Seret*. Quant au chanteur belge Arno, il a déclaré avec humour : « La Belgique n'existe pas ? Je sais : j'y habite** ! » Cela ne signifie bien évidemment pas que le problème belge est insoluble. Des personnes d'ennéatypes différents peuvent parfaitement vivre ensemble. C'est toutefois le résultat d’une volonté et d’un effort.

 

* Hajon, Léo. « Rencontre avec Daniel Seret », Arts magazine, n° 27, septembre 2008, p. 5.

** Fralon, José-Alain. « La Flandre à mille temps », Libération, 12 juin 2010.

 
Comme sans doute beaucoup de Français, nous imaginions la Belgique formée de deux communautés, les Wallons et les Flamands. Une de mes nombreuses lectures estivales m'a fait prendre conscience qu'il fallait en considérer une troisième, Bruxelles, certains imaginant même que si la Wallonie et la Flandre se séparaient, Bruxelles pourrait constituer une entité indépendante qui pourrait jouer vis-à-vis de l'Europe le même rôle que Washington et le District of Columbia aux États-Unis.

 

L'agglomération de Bruxelles est composée 19 communes, "d'où cette impression de fragmentation. Bruxelles compte, par exemple, six zones de police. Et autant de règlements. Chaque commune dispose de son réseau d’enseignement et de son service de nettoyage urbain. Certaines limitent les magasins de nuit, d'autres pas. Et la politique régionale de stationnement vient seulement d’être harmonisée." Tout ceci fonctionne pourtant bien ensemble, même si il y a peu de mobilité sociale entre ces quartiers "très différenciés".

 

Ville historiquement flamande au cœur d'un pays majoritairement flamand, Bruxelles compte 85 % de citoyens inscrits comme francophones, mais ce chiffre regroupe les Wallons et la majeure partie de la population étrangère — 33,1 % en 2013, chiffre en constante augmentation — que l'on devrait plutôt qualifier de non néerlandophone ! Les Bruxellois flamands ne seraient que 7 %.

 

La majorité des Bruxellois estiment que leur ville a une identité propre et que la Belgique doit rester unie. Ils se sentent avant tout habitants de l'agglomération : "Réputé plus unitariste et royaliste que la moyenne des Belges, le Bruxellois lambda, lui, ne se sent ni Wallon ni Flamand. De nombreux francophones affirment qu'ils se sentent plus proches d'un Bruxellois flamand que d'un Wallon. […] Deux tiers [des Bruxellois flamands] refusent de se qualifier de Flamands, mais plutôt de Belges, Bruxellois, Brabançons. Plus il y a de la surenchère communautaire en Belgique, plus cela se profile. Moins les Flamands et les Wallons s’entendent, plus les francophones et les néerlandophones de la capitale ont tendance à s’accorder. Ils s’identifient de moins en moins à la langue qu’ils parlent et de plus en plus aux problèmes quotidiens auxquels ils sont confrontés, comme le logement, la mobilité ou l’emploi."

 

Je voudrais terminer par un point de langage : "Zinneke est un de ces mots qui fonctionnent comme un sésame pour comprendre la réalité bruxelloise. Mais que signifie-t-il ? D'après la brochure de la parade, « Zinneke désigne en bruxellois à la fois la petite Senne, la rivière qui contournait Bruxelles pour éviter des inondations, et un chien bâtard qui parfois terminait son existence dans la Senne elle-même. Par extension, le Zinneke est celui qui a des origines multiples, symbole du caractère cosmopolite et multiculturel de Bruxelles. » Ce chien bâtard, qui aime grogner mais ne mord jamais, est aussi le symbole du compromis à la belge, tel qu'on a pu le voir dans un savoureux reportage diffusé sur Arte, intitulé « Oui mais non, le compromis à la belge ». Le « oui mais non » étant une expression typiquement bruxelloise, au même titre que les expressions cultes « non peut-être ?! » (qui signifie oui sûrement) et « oui sans doute ?! » (sûrement pas)."

 

En espérant ne pas entrer dans le groupe des dikkenek, je me demande si on ne pourrait pas envisager pour Bruxelles un ennéatype 9, sans doute alpha, une des caractéristiques de l'esprit bruxellois étant la gouaille et l'auto-dérision. Qu'en pensent nos contributeurs belges ou connaissant bien la ville ? Avez-vous une autre hypothèse ?

 

Très amicalement,

Fabien

 

Source : François Janne d'Othée. Bruxelles : Ceci n'est pas une ville. Bruxelles (Belgique), Nevicata, 2015. [Version Kindle]

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Bonjour Fabien,

 

Je confirme, pour y avoir vécu pendant 10 ans, que Bruxelles est bien différente de la Wallonie et de Flandre. Politiquement, la région Bruxelloise (qui intègre le territoire des 19 communes) existe depuis 1989 mais, encore aujourd'hui, une partie de la Flandre préfèrerait une cogestion de la "région" par la Flandre et la Wallonie plutôt que de reconnaître le droit aux Bruxellois de se gérer entre eux. La Région (et Communauté) flamande a d'ailleurs installé sa capitale régionale à Bruxelles, alors que la capitale de la Région wallonne se trouve à Namur (soit entre Charleroi et Liège qui sont les deux plus grandes villes wallonnes, histoire de n'en favoriser aucune au détriment de l'autre sans doute :laugh:).

 

Du point de vue des Wallons, ou de leurs représentants politiques du moins, la Région bruxelloise ne leur ressemble pas et n'est pas confrontée aux mêmes problèmes socio-économiques. Mais pour redresser l'économie wallonne en profitant de l'image internationale de Bruxelles (et de la richesse de la région), il est hors de question pour les Wallons de laisser la Région bruxelloise aux mains des Flamands (d'autant que la région bruxelloise est enclavée géographiquement en région flamande). Les politiciens francophones ont d'ailleurs renommé récemment la Communauté française (de Belgique) en Communauté Wallonie-Bruxelles, ce qui n'a pas plus au nord évidemment.

 

Politiquement, c'est comme si la Flandre et la Wallonie était un vieux couple qui a de plus en plus de mal de vivre ensemble mais qui reste ensemble parce que Bruxelles rapporte trop d'argent (et de visibilité).

 

Ceci étant dit, je tiens à faire remarquer que tu as oublié la communauté germanophone de Belgique, qui se situe à l'est de la province de Liège, qu'on appelle (ou appelait à une époque) "Cantons de l'est" ou "Pays rédimés" et qui comprend une communauté de (à ma connaissance) environ 70 000 personnes parlant l'allemand comme langue maternelle (et qui parlent couramment, une fois adulte, 3 voire 4 langues). Il y a des discussions actuellement pour leur donner plus de pouvoirs politiques (ou économiques) au détriment de la Région Wallonne dont ils font aussi partie.

 

En résumé, la Belgique comprend :

  • 3 communautés (la flamande, la francophone et la germanophone) qui gèrent les aspects culturels ou linguistiques (donc l'enseignement et l'aide aux personnes) ;
  • 3 régions (la flamande, la wallonne et la bruxelloise, bilingue, aussi appelée "Région Bruxelles-Capitale") qui gèrent les domaines de l'économie, de l'emploi, de l'aménagement du territoire, etc, sauf les compétences encore gérées au niveau fédéral (affaires étrangères, défense, intérieur, asile et migration, etc.) ou les compétences gérées par les communautés.

La Flandre a choisi de fusionner région et communauté.

 

"En espérant ne pas entrer dans le groupe des dikkenek, je me demande si on ne pourrait pas envisager pour Bruxelles un ennéatype 9, sans doute alpha, une des caractéristiques de l'esprit bruxellois étant la gouaille et l'auto-dérision. Qu'en pensent nos contributeurs belges ou connaissant bien la ville ? Avez-vous une autre hypothèse ?"

C'est une hypothèse intéressante à laquelle j'ai aussi pensé récemment lorsque j'expliquais à des Français rencontrés durant l'été que les Bruxellois (pure souche) disaient "non peut-être !?" pour dire oui et "oui sans doute !?" pour dire non.

 

Bien cordialement,

Benoît, Liégeois d'origine et de cœur, Ardennais de jeunesse, ancien étudiant liégeois puis namurois, Bruxellois d'adoption, Belge officiellement, et qui aspire finalement à vivre en France notamment parce que la Belgique lui semble devenir trop compliquée et conflictuelle

Benoît - 9 alpha, aile 1 (et 8, à confirmer), C-/+ S-/+ X-/+

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Bonjour à tous,

Jacques Brel était originaire de la région bruxelloise. Sachant qu'il n'était pas d'ennéatype 9, j'ai souri et été très touché par ses paroles dans cet entretien-ci de 1971 : « Si j'étais le Roi […], je crois que, pendant les six derniers mois du service militaire, j'enverrais les gars de Wallonie en Flandre, et les gars de Flandre en Wallonie, chez les gens. Je crois que ça s'arrangerait très bien, parce tout le monde a mal aux dents de la même façon, tout le monde regarde sa mère de la même façon. […] Je trouve que la Belgique vaut mieux qu'une querelle linguistique. »

Je trouve dans ces paroles un désir d'harmonie qui m'évoque l'ennéatype 9.

Amicalement,
Yves

Yves (E5 alpha, ailes 4 et 6, C- S= X-/+)
"Attendre d'en savoir assez pour agir en toute lumière, c'est se condamner à l'inaction." (Jean Rostand)

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Bonjour à tous,

 

J'ai bien aimé Fabien, lire ton analyse de Bruxelles… J'y ai habité 4 ans il y a 10 ans. Il m'est revenu une anecdote qui irait peut-être aussi dans le sens du 9. Un jour, j'étais à Paris avec un collègue bruxellois ; il me disait qu'il trouvait que les Parisiens avaient toujours l'air excité dans le métro, les rues, etc. ; il trouvait le climat à Bruxelles bien plus calme… Dans le même sens, Thomas Gunzig, chroniqueur et écrivain belge, à la question "Pourriez-vous envisager de vous expatrier à Paris ou ailleurs ?" répondait : "Paris, sûrement pas ! C’est une ville magnifique, je le reconnais. Mais il s'y trouve une agressivité que je ne supporte pas du tout. Je n'aimerais pas vivre dans une autre ville que Bruxelles. Si je m'expatrie un jour, ce sera pour vivre au fond des bois dans une cabane au Canada."

 

Côté linguistique, je n'avais jamais pensé au côté 9 du "oui mais non" (que j'utilise aussi parfois d'ailleurs : c'est bien aussi pour éviter la déviance :sarcastic:). En fait de nombreuses expressions bruxelloises sont des belgicismes utilisées par tous les Wallons.

 

À plus tard.

Rosso - E6 alpha, C++ S-/+ X-/+, Aile 5

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Bonjour à tous
 
"J'ai bien aimé Fabien, lire ton analyse de Bruxelles…"

Merci Rosso, même si ce court message ne prétendait pas à être une analyse, juste une amorce pour lancer la discussion et je suis ravi qu'elle t'a fait republier sur ce forum et qu'elle a été complétée par Benoît et Yves.

 

"Il m'est revenu une anecdote qui irait peut-être aussi dans le sens du 9."

Je crois qu'il n'y ait pas besoin d'être 9 pour trouver les Parisiens "excités" et "agressifs"… Un Parisien, c'est quand même quelqu'un qui, dès qu'il entend qu'une rame de métro va partir alors qu'il est dans le couloir d'accès au quai, se met à courir et à bousculer tout le monde pour la prendre alors que le train suivant passe 90 secondes plus tard ! Ce parisianisme a été évoqué dans la discusssion “« Mais laissez-moi passer ! » – Pensées typiques de 3”.

 

"Côté linguistique, je n'avais jamais pensé au côté 9 du 'oui mais non'"

C'est normal, tu baignes dedans. Pour un Français comme moi, cela évoque irrésistiblement le langage hypnotique du 9.

 

"En fait de nombreuses expressions bruxelloises sont des belgicismes utilisées par tous les Wallons."

La question est de savoir si ce sont des termes bruxellois adoptés par les Wallons ou des termes wallons adoptés par les Bruxellois, car dans ce dernier cas, cela ne dirait rien sur l'ennéatype de Bruxelles.

 

Très amicalement,

Fabien

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Coucou Rosso,

Bonjour Yves et Fabien,

 

Je pense qu'il ne faut pas confondre l'expression "oui mais non" avec les deux autres "Non peut-être" et "oui sans doute" qui sont, selon moi, bien typiquement bruxelloises. Il m'a d'ailleurs fallu fréquenter des vrais Bruxellois (et non des Wallons ou des Flamands ayant déménagé dans la capitale) pour entendre ces expressions.

 

Quant à Jacques Brel, auquel Yves fait référence, je trouve qu'il a très bien chanté et parlé de Bruxelles comme de la Belgique, du moins celle de son époque.

 

Benoît

Benoît - 9 alpha, aile 1 (et 8, à confirmer), C-/+ S-/+ X-/+

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Bonjour Benoît et les autres,

 

Oui, tu as raison Benoît, je n'emploie jamais le "non peut-être !? " ni le "oui, sans doute?!" (du moins avec l'intonation qui va avec) et je les ai relativement peu entendues. Mon compagnon, qui est d'ennéatype 9, les trouvent en fait plutôt… agressives. :wink:

 

Rosso

Rosso - E6 alpha, C++ S-/+ X-/+, Aile 5

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  • 5 months later...

Bonjour à tous,
 
Cette hypothèse 9 alpha pour Bruxelles a suscité chez moi plusieurs questions et réflexions :

  • L'image de la Belgique à l'étranger c'est surtout… Bruxelles. Je  comprends mieux pourquoi souvent les étrangers (majoritairement des français) me disent "Vous les Belges, vous êtes sympas, vous ne vous prenez pas la tête", ou "Vous avez le sens de l'autodérision".
  • Comme l'écrit François Janne d'Othée : "S'il n'y avait pas Bruxelles, il n'y aurait sans doute plus de Belgique, ce royaume où les forces centrifuges dépouillent progressivement l'État central de ses prérogatives. Aussi ces habitants ont-ils l'impression de vivre sur un trésor que tout le monde convoite²." Bruxelles et sa probable neuf-itude imposerait-il  ainsi au reste du pays son art du compromis ? Et si Bruxelles était 8 ou 3 ou X, je me demande  comment se comporteraient les deux communautés…
  • Nous avons en Wallonie une empreinte "bruxelloise - 9" (si cela se confirme), avec par exemple l'utilisation des expressions. Est-ce qu'à un moment la Wallonie et la Flandre pourraient aussi sous l'influence de Bruxelles devenir 9 (la Belgique née en 1830 n'est pas si vieille après tout). De façon plus générale, qu'est ce qui fait qu'un pays, une région, une ville, est de tel ou tel ennéatype ? Camille Lemonnier écrit en 1897 : "Peuples étrangers l'un à l'autre, ou presque par le sang, par les mœurs, par les conditions économiques, par la langue, […] par l'histoire enfin, qui ne les a guère confrontés que les armes à la main. Mais un mélange s'est fait au centre de ces races opposées à Bruxelles, un mélange s'est fait aussi depuis deux ou trois générations [depuis la création de la Belgique environ] entre une petite partie des classes bourgeoises de la Flandre et de la Wallonie, amenées à des contacts fréquents par des affaires, des échanges de garnison, par le déplacement des fonctionnaires : c'est à ce produit métis seul qu'on peut donner authentiquement le nom de peuple belge¹." Est-ce que Bruxelles est devenue 9 lors de son rapprochement entre les communautés ? Ou bien la mayonnaise a-t-elle bien pris parce que Bruxelles était 9 ?

Typer un lieu (ou une organisation d'ailleurs) me semble encore beaucoup plus difficile que typer une personne… Je perçois bien le risque de ne voir que les éléments qui confortent l'idée de départ. Ceci étant dit, voici quelques extraits et réflexions qui me semblent aller aussi dans le sens du 9 :

  • Toujours Camille Lemonnier : "Je tâcherai de rendre justice à ces Belges que je n'aime point. Leurs défauts, très évidents, sont le manque de caractère, une certaine platitude foncière, […] et surtout l'absence d'enthousiasme pour les choses héroïques et belles. […] Mais il y a les qualités. Les plus connues sont l'honnêteté, le bons sens, l'aptitude à la vie pratique, un certain mépris du dehors et des dispositions au bon accueil, à l'hospitalité. […] Si il ne connait point la beauté des grands souvenirs, il a l'esprit peut-être plus ouvert aux choses qui l'entourent et garde le bénéfice des idées plus ou moins larges de ses parents immédiats. […] Les idées nouvelles ont des chances d'être bien accueillies, à condition qu'on n'y sente point d'arôme révolutionnaire, qu'elles parlent posément et qu'elles ne gênent point les affaires. […] Le Belge tient à son bien-être ; il déteste ce qui le pourrait ébranler, physiquement ou au moral ; mais surtout il n'aime point les chimères et, trouvant l'enthousiasme malsain, il se garde soigneusement de la Beauté¹."
  • À propos du bilinguisme dans l'administration : "Ce souci d'égalité est poussé à l'extrême dans les formulaires administratifs , où non seulement le texte est imprimée en alternance (si la première ligne est en français, la deuxième est en flamand, la troisième en français et ainsi de suite), mais encore chaque paragraphe commence par une langue différente  (si le premier commence par une ligne de français, le deuxième commence par une ligne en flamand). Pour mieux distinguer les deux langues, l'une est imprimée en italique et l'autre en romain: autant dire qu'il faut se munir d'une loupe et bien réfléchir avant de remplir les cases¹."  Tout pour éviter les conflits ?
  • L'architecture : "Près de la collégiale de Saints-Michel-et-Gudule, que l'on peut aussi côtoyer, en venant de la rue de la Loi, pour gagner le centre, la confrontation des styles frise le délire : a-t-on jamais vu ailleurs un monument gothique cerné comme c'est le cas ici, d'immeubles plus hideusement administratifs ? Que l'on imagine un instant Notre-Dame coincée entre les tours de la porte Maillot ! […] La Grand-Place est un assemblage de façades qui ont le charme de l'harmonie insoupçonnée du fortuit. Les maisons qui la composent se veulent en équilibre et le désir de ceux qui les édifient et les impératifs du voisinage. C'est cette diversité dans le compromis qui subjugue les visiteurs du monde entier, qui ne s'aperçoivent peut-être pas qu'en admirant ces bâtisses, ils découvrent un miracle de la démocratie architecturale¹." Ou : "Mais sur la Grand-Place de Bruxelles, vous avez du côté est l'architecture la plus moderne du dix-septième et de l'autre l'architecture la plus conservatrice. On ne trouve nulle part ailleurs des gens qui construisent ensemble, au même moment, mais en désaccord total.  […] C'est une tour de Babel qu'on aime ou qu'on déteste en fonction de l'humeur, du temps, du quartier, des rencontres... une ville de bric et de broc où l'affreux côtoie le splendide. […] On comprend pourquoi Bruxelles est tant prisée par les cinéastes : car elle peut passer pour n'importe quelle ville² !"
  • La bruxellisation pourrait-elle être une expression de l'oubli de soi ? Bruxellisation : "mot inventé par les urbanistes pour définir les bouleversements infligés à une ville sous prétexte de modernisation. […] La destruction la plus symbolique fut celle de la Maison du Peuple, un immeuble art nouveau de Victor Horta. Inaugurée en 1899 par Jean-Jaurès himself, elle fut démolie en 1965 malgré de vives protestations internationales. […] Les Flamands qui détestaient cette ville devenue francophone tout en étant située en Flandre, ont tout fait pour la détruire. Les Bruxellois ont finit par se révolter²." "La ville, à peu près épargnée par les deux guerres, aura réussi à s'infliger — au prix fort — plus de dégâts que n'en subirent bien d'autres villes lourdement bombardées¹."

Cordialement,
Rosso
 
Sources :

Rosso - E6 alpha, C++ S-/+ X-/+, Aile 5

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

 

Un grand merci, Rosso, d'avoir relancé cette discussion. Et de si belle manière.

 

Personnellement, j'avais continué à garder un œil sur la question du typage de Bruxelles. J'avais trouvé cette citation d'Éric Emmanuel Schmitt qui va bien aussi dans le sens d'un ennéatype 9 : « Bruxelles est une ville intelligente. Parce que, au départ, elle ne disposait d’aucun atout naturel – ni port, ni berge, ni vallée, ni microclimat –, elle s’est élevée toute seule, à force de volonté, avec astuce, devenant la cour de l’empereur Charles Quint puis le cœur des institutions européennes. Pourtant la réussite de ses efforts ne rend pas Bruxelles immodeste, elle continue à afficher une bonhomie provinciale. À rebours de tant de capitales qui se prennent pour le centre du monde, Bruxelles sait qu’elle ne constitue le centre et ne s’en fait pas tout un monde. […] Alors que Paris vous rend parisien et Londres londonien, Bruxelles ne vous rendra pas bruxellois, elle vous permettra d’être vous-même. » Je profite donc de l'occasion donnée par ton message pour la publier ici.

 

Très amicalement,

Fabien

 

Source : Éric Emmanuel Schmitt, « Retour à Bruxelles, ville aimée », Facebook, 26 septembre 2015.

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Bonjour à tous,

 

Et voilà Bruxelles ma belle, sous les feux de l'actualité malgré elle…

 

Merci Fabien pour ton message encourageant. En faisant cet exercice, je mesure à quel point l'ennéagramme est intéressant pour mieux comprendre un pays, et en particulier le mien. Je trouve ça passionnant ! J'espère que cette conversation va susciter d'autres partages…

 

Tristement,

Rosso

Rosso - E6 alpha, C++ S-/+ X-/+, Aile 5

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Fabien Chabreuil

Bonjour,

 

Patricia et moi avons hier beaucoup pensé à tous nos amis et étudiants belges, l'inquiétude pour eux s'ajoutant à la tristesse globale que causent ces événements. À notre connaissance, tous sont saufs, et c'est quand même un soulagement personnel qui ne peut pas consoler de l'horreur.

 

Je lisais ce matin sur le site de Le Vif — journal que je ne connaissais pas avant aujourd'hui — un éditorial dont voici un extrait : « Nous n'abandonnerons pas pour autant notre sens de l'humour, notre second degré, notre simplicité. “Tu vas me revoir, mademoiselle Bruxelles, mais je ne serai plus tel que tu m'as connu, je serai abattu, courbatu, combattu…” Et farouchement convaincu(e) que notre chère Belgitude subsistera. »

 

Très fraternellement,

Fabien

 

Source : Camille van Vyve, « Bruxelles, ma belle », Le Vif, 23 mars 2016. Pour ceux ne la connaissant pas, la citation dans la citation est extraite de la chanson Bruxelles de Dick Annegarn, un très probable ennéatype 4, qui n'apprécie guère cette œuvre dont il répète souvent qu'elle ne s'adressait pas vraiment à la ville.

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