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Révision de mes instincts


Demilune

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Bonjour,

Préparant la certification lors du prochain stage Connexions, j'ai retravaillé la semaine dernière la question des instincts et des sous-types. Ce que je pensais être une simple révision s'est en fait transformé en une nouvelle introspection : peu à peu, j'ai pris conscience que je m'étais fourvoyé dans l'évaluation de mon profil instinctif. Mon ego en a été profondément mortifié ! J'avais honte d'être passé à ce point à côté de ma problématique, alors que je connais les sous-types depuis presque deux ans… Bref, je venais de me prendre en flagrant délit de paresse prolongée !!! :angry::sick::blush:

Une fois acceptée l'idée que j'allais devoir me remettre à l'ouvrage, j'ai fait des observations qui ont été presque aussi marquantes que lors de la découverte de mon ennéatype ! J'étais loin de soupçonner à quel point l'instinct blessé avait un impact dans ma vie quotidienne, dans mes relations aux autres et surtout dans mes choix et mes décisions ! Je n'avais pas compris non plus que la manifestation des instincts était un sujet d'introspection à part entière, indépendamment de l'ennéatype, et qu'il y avait là une richesse exceptionnelle pour progresser dans la connaissance de soi. J'ai aussi pris conscience de plusieurs confusions que je faisais sur la définition des instincts, de simplifications qui m'ont conduit à des conclusions hâtives et erronées. En matière d'instincts comme d'ennéatypes, tout est subtil, et ce qui vient de m'arriver m'a rappelé avec une certaine brutalité qu'il me fallait faire preuve de prudence et de modestie dans mes déductions.

Autant dire que cette fois-ci, il m'en coûte un peu de venir témoigner sur le forum… Mais après tout, l'erreur est humaine, et c'est bien le lieu pour venir le reconnaître dans une ambiance bienveillante. J'aurai le sentiment d'avoir contribué utilement si ce témoignage peut aider d'autres lecteurs à mieux comprendre leur profil instinctif, et, pourquoi pas, à dédramatiser leurs propres erreurs sur le chemin de la connaissance de soi !

Mon « ancienne » évaluation de mon profil instinctif

Avant de vous faire part de mes récentes observations, il me semble important de résumer la vision que j'avais jusqu'ici de mon profil instinctif, ce qui peut expliquer et mettre en évidence certaines confusions que j'avais à ce propos.

  • Instinct de conservation (C-/+)

À l'issue du stage Sous-types (septembre 2013), je me suis évalué en C-. Lors du panel, je ne me sentais pas concerné par les problématiques liées à l'instinct de conservation. Je constatais au contraire une tendance à n'être pas assez attentif à ma santé, d'où le C-. J'avais ainsi laissé traîner un problème dentaire pendant plusieurs années, surtout par peur d'avoir mal lors de l'opération. Le stage Sous-types m'a permis d'en prendre conscience, et j'ai pris rendez-vous dans la semaine qui a suivi. Ma dentiste a découvert une dent incluse, elle était totalement sidérée qu'on ne me la diagnostique qu'à 28 ans ! Dans les mois suivant le stage, j'ai fait évoluer ma signature vers le C-/+ en remarquant que j'avais une peur bleue dans certaines circonstances particulières, comme les montagnes russes (aujourd'hui, il me semble que c'est en fait davantage une manifestation de l'instinct sexuel). Cet instinct ne m'a jamais semblé très fort chez moi et, privilégiant la définition externe du sous-type, je me désignais plus volontiers comme de sous-type sexuel.

  • Instinct social (S=/-)

Lors du stage, je me suis senti complètement étranger aux personnes qui témoignaient de leur appartenance à un groupe, de cette sorte de transcendance qui en résultait. Je me suis même demandé à ce moment si j'avais une fois dans ma vie appartenu à un « groupe » au sens où ces personnes l'entendaient ! J'ai pensé que je ne pouvais pas être de sous-type social, puisque ces questions ne faisaient pas sens pour moi. Je me suis dit que je ne cherchais pas à faire partie de groupes, que cette espèce de dissolution de la personnalité dans la masse ne me convenait pas du tout (cela donne toute la place à celui qui a la plus grande gueule, et je supporte très mal cela). Patricia a expliqué à un moment dans le stage que sa signature était S=/- car elle pouvait aller dans les groupes, mais que sur la longueur (exemple : partir en voyage organisé pendant plusieurs jours), cela lui était pénible. Je me suis bien retrouvé dans cette affirmation et j'ai adopté la même signature. Emballé, c'est pesé !

  • Instinct sexuel (X+)

Sauf à être une personne exceptionnelle, il fallait bien que l'un de mes instincts soit blessé. Puisque je ne m'étais pas identifié dans les deux premiers panels, il fallait bien que je me retrouve dans le dernier ! C'était au fond celui dans lequel j'avais le moins envie de me retrouver (« Des problèmes à l'instinct sexuel, moi ? Dites tout de suite que je suis obsédé ! ») mais en même temps c'était une sorte de libération. Oui, le désir sexuel existe, le fait de se sentir attirant compte pour moi, et pour la première fois lors de ce stage, j'acceptais pleinement ce fait. L'ennéagramme m'a révélé que la présence de cet instinct est une chose naturelle chez l'être humain, et je me sentais enfin légitime à pouvoir l'exprimer. Dans ma famille, j'ai perçu l'expression de la sensualité comme quelque chose de tabou, et j'ai été longtemps très mal à l'aise avec cette question. À l'âge de l'adolescence, je me suis retrouvé dans des situations où des filles me faisaient une drague plus qu'explicite, et j'étais absolument paniqué, surtout si celles-ci m'intéressaient. À cette époque, j'aurais évalué mon profil en X--, et je sentais de plus une incompatibilité entre l'image que je voulais donner de moi-même, gentil et facile à vivre, et l'agressivité qui était sous-jacente aux situations de séduction. La rencontre avec ma compagne, vers 20 ans, m'a permis de faire évoluer notablement la situation : j'ai pu laisser libre cours à ma sensualité, apprécier l'intimité des relations à deux et dédramatiser ma relation aux femmes et au corps féminin. C'est à cette époque que j'ai commencé à prendre des cours de danse, une activité que je pratique toujours avec plaisir aujourd'hui. Au moment du stage, il m'a paru clair que je privilégiais les relations à deux, avec ma compagne bien sûr, mais aussi avec mes amis que je rencontre plus volontiers en tête à tête qu'en groupe. Ces éléments m'ont conduit à évaluer mon profil en X+ et à considérer que c'était mon instinct le plus marqué.

Mon évaluation actuelle de mon profil instinctif

Ce que je viens de décrire plus haut m'a quand même paru suffisamment convaincant pour que je m'en satisfasse pendant presque deux ans ! Le déclic qui m'a conduit à aller plus loin vient d'une tentative de préciser les définitions de chaque instinct. En consultant plusieurs sources, j'ai constaté que tous les auteurs ne disent pas la même chose sur le périmètre des instincts voire se contredisent ; cela m'a plongé dans une certaine confusion, qui s'est finalement révélée bénéfique pour dépasser mes certitudes. Aujourd'hui tout n'est pas encore clair pour moi, mais au moins cette confrontation m'a donné des pistes à explorer, et je vais essayer d'en faire la synthèse sans omettre les questions qui restent en suspens. À chaque fois, je distingue l'expression de l'instinct indépendamment de l'ennéatype (comme nous le faisons dans le panel) puis seulement ensuite, je cherche à approfondir les manifestations du sous-type associé.

  • Instinct de conservation

Manifestations de l'instinct de conservation

L'instinct de conservation est un instinct qui fonctionne bien chez moi. Même en cherchant, je ne sens pas ma survie menacée. Je n'ai pas de craintes au sujet de ma santé (je n'ai jamais eu non plus de réels problèmes de ce côté-là), je n'utilise pas de bougies parfumées et d'huiles essentielles :wink:, et je m'accommode plutôt bien de mon environnement : mon chez-moi est fonctionnel, mais je ne ressens pas le besoin d'avoir des tapis, des coussins et des objets auxquels j'accorde de l'importance pour me sentir bien et en sécurité. J'ai plusieurs fois changé de lieu de vie au cours des dix dernières années et cela ne m'a jamais posé problème. Ce ne sont là que des exemples de ce que pourrait être un instinct de conservation C+ mais dans tous les domaines auxquels j'ai pu penser, je n'ai pas vu de sur-expression. Par comparaison, ma compagne, qui présente un fort instinct de conservation, m'a montré qu'elle se sentait nettement plus concernée que moi par tous ces sujets.

Se pourrait-il que cet instinct soit sous-exprimé, comme je le pensais lors du stage Sous-types ? J'ai déjà évoqué une certaine négligence au sujet de ma santé et du fait de prendre soin de moi, mais cela était exacerbé par la situation professionnelle difficile que je traversais alors. J'y suis désormais plus attentif même si certaines situations de stress fort peuvent encore me conduire dans ce travers. Par exemple, lorsque je sors d'une journée très éprouvante, il peut m'arriver d'aller me coucher sans dîner. Au demeurant, je ne prends pas non plus de risques inconsidérés : je conduis plutôt prudemment, je jette toujours un coup d'œil sur le relevé de comptes à la fin du mois histoire de vérifier qu'il n'y a pas d'anomalies, je fais du sport (mais je ne me pousse pas jusqu'au bout de mes forces), je pense à mettre un pull quand il commence à faire froid (mais je n'installe pas de chauffage d'appoint dans mon bureau)…

À l'issue de mon introspection, ce que je remarque avant tout, c'est l'absence de réelle préoccupation que je porte aux problématiques typiques de l'instinct de conservation. La seule véritable exception concerne les craintes que j'ai conçues à propos de mon devenir professionnel. J'étais tellement mal à l'aise dans mon travail que cela a fini par créer des peurs de survie : « Je sais que je ne pourrai pas continuer dans cette voie pendant 40 ans mais je ne vois pas d'alternative : comment vais-je gagner de l'argent pour vivre et subvenir à mes besoins ? » Depuis, j'ai construit un nouveau projet professionnel (je vais aller enseigner la physique en classes préparatoires) mais encore aujourd'hui, je ne suis pas totalement rassuré car j'attends que mon dossier soit validé par l'administration. J'ai beau savoir que tous les indicateurs sont au vert, j'imagine toujours le cas improbable qui pourrait faire que ça capote.

Lien avec le sous-type du 9 : Appétit

C'est le sous-type dans lequel je me reconnais le moins. Je pratique la narcotisation, par exemple en passant trop de temps sur Internet, mais il me semble que ce n'est pas lié à des sujets concernant ma sécurité physique. J'y vois plus classiquement un moyen d'évitement des conflits, une façon d'oublier les vicissitudes de la journée, bref, du 9 de base. Je ne me reconnais pas d'excès dans le domaine de la nourriture ou des médicaments, et comme je l'indiquais plus haut, mon confort physique n'est pas une préoccupation majeure. Quant à la paresse à faire, elle peut apparaître dans les situations de stress. Mais contrairement à ce que je comprends du sous-type Appétit, qui va consacrer toute son énergie à une activité secondaire (collection, bricolage, etc.) au lieu de se préoccuper de ce qui est vraiment important pour lui, ma paresse s'exerce dans tous les domaines : je l'associe plutôt à la co-répression du centre instinctif. Autrement dit, quand j'éprouve de la paresse à faire, je ne fais vraiment plus rien, je n'ai même plus la force d'être actif sur un objet secondaire.

Ce n'est pas toujours très facile de faire la distinction entre ce qui relève des mécanismes de base du 9 et de ce qui est réellement spécifique à ce sous-type, et je pense qu'un peu d'introspection supplémentaire est nécessaire de ma part, ainsi que davantage d'informations théoriques sur les motivations propres à ce sous-type. Cela dit, en me fondant sur mes observations, je m'évalue en C=/-, l'instinct étant équilibré dans les situations d'intégration moyenne, et légèrement sous-utilisé dans les situations de stress.

  • Instinct social

Par ici, c'est la révolution ! Moi qui croyais être bien équilibré du côté de cet instinct, je viens de prendre conscience que c'est sans doute celui qui me concerne le plus ! En fait j'étais bloqué sur l'idée que manifester l'instinct social, cela consiste à être bien dans des réunions, des fêtes, bref être super content avec une bande de potes. Autant le dire tout de suite : ce n'est pas du tout mon cas ! En revanche, voici quelques éléments que j'ai (re)découverts concernant l'instinct social et qui font totalement sens pour moi :

  • Adapter (ou refuser d'adapter) son comportement à l'environnement pour correspondre aux règles sociales du lieu ou du moment
  • Avoir besoin de définir sa place dans une communauté, connaître le rôle qu'on joue par rapport aux autres
  • Éprouver un sentiment d'appartenance à une communauté
  • Se mettre au service d'un collectif pour donner un sens à sa propre action, transcender son identité au travers de cette action
  • Avoir besoin d'impliquer ses proches dans les activités sociales qui vous tiennent à cœur

Je comprends maintenant qu'il y a une différence fondamentale entre manifester l'instinct social et avoir besoin de se retrouver avec plein de gens à un endroit donné (ce que je comprenais derrière l'expression « l'instinct social est l'inclination à appartenir à des groupes »). Cela sera peut-être une évidence pour certains lecteurs, ça ne l'était pas du tout pour moi ! Du coup, des manifestations de l'instinct social sont possibles, non seulement dans des relations à plusieurs, mais aussi dans des relations à deux, voire tout seul. Telle que je la conçois aujourd'hui, la notion de « groupe » peut être parfois plus un concept qu'une réalité organisée. Je partage avec d'autres personnes (que je ne connais pas forcément) des points communs, et cela me donne un sentiment d'appartenance avec ces personnes. Si je les rencontre un jour, je me sentirai lié à eux d'une façon plus forte qu'avec une personne quelconque.

Manifestations de l'instinct social

Rétrospectivement, je peux dire que l'instinct social a joué un rôle majeur dans mes choix de vie. C'est aussi celui qui m'a fait le plus souffrir. Je comprends quand certains auteurs disent que l'instinct « dominant » est celui dans lequel nous mettons le plus d'énergie, et que de ce fait, il est à la fois notre plus grande force et notre plus grande faiblesse. Je traduirais cela en disant que chez moi, ce qui est lié à l'instinct social ne me laisse jamais indifférent, je n'arrive pas à adopter une position neutre ou détachée vis-à-vis de ces questions. Cela fait écho à ce problème de sur- et sous-utilisation de l'instinct, je ne parviens pas à lâcher prise : en particulier lorsque je suis dans une situation de rejet par rapport à un groupe qui est susceptible de m'intéresser, cela me préoccupe, je n'arrive pas à me dire : « Au fond cela n'a pas d'importance, ce groupe peut bien vivre sa vie sans moi et je peux très bien vivre sans appartenir à ce groupe ! » En creux, cela m'aide à imaginer ce que pourrait être une position S= pour l'instinct social.

Voici quelques exemples qui illustrent le poids de l'instinct social dans les grandes étapes de ma vie :

  • Lorsque j'avais 13 ans, mes parents ont déménagé de leur paisible banlieue parisienne vers un quartier chic et bourgeois de Paris. Je me suis retrouvé dans un collège où les codes n'avaient strictement rien à voir avec ceux que je connaissais. Il fallait manier le second degré, l'ironie, ne jamais être totalement honnête. Par ailleurs, mes camarades attachaient beaucoup d'importance aux vêtements portés, aux revenus et à la situation sociale de mes parents. J'ai dépensé une énergie fabuleuse à essayer de comprendre ce nouveau monde, à me faire accepter par les autres, tout en refusant de me plier à ces codes qui étaient si étrangers à mes valeurs. J'ai souffert toute l'année durant d'être rejeté par mes camarades, cela était devenu une angoisse chaque matin en me levant. J'ai donc cherché des appartenances dans le cadre de mes activités musicales ou sportives et j'ai aussi maintenu des relations avec mes anciens camarades de banlieue auprès de qui je pouvais me sentir plus proche et qui m'acceptaient comme j'étais. Je n'ai pas réussi à faire la part des choses avec ce problème, et ce fut incontestablement l'année la plus éprouvante de ma scolarité.
  • À la fin de mes études qui me destinaient à devenir enseignant ou chercheur, j'ai décidé de devenir ingénieur dans la fonction publique. Je dois reconnaître que le statut social apporté par cette fonction a été, sans que je me l'avoue, une motivation importante dans ce choix. Être membre de la haute fonction publique, ça en jette ! Par ailleurs, cela me permettait de changer plus fréquemment de poste, donc d'environnement social. Or, à tort ou à raison, une de mes fiertés est justement de savoir m'adapter aux personnes avec qui je me trouve. Je faisais ce choix au mépris d'autres considérations telles que la conciliation avec une vie de famille ou les difficultés réelles que présentaient les fonctions que je convoitais.
  • J'analyse les difficultés professionnelles que j'ai rencontrées à travers le prisme de l'instinct social. En arrivant chef de mon équipe, il m'importait de m'intégrer à celle-ci. Or le rôle de chef isole, je l'ai ressenti comme une exclusion. J'ai donc mobilisé une grande partie de mon énergie à essayer vainement de me faire accepter, à me faire aimer des autres. Faute d'avoir d'autres types d'appartenances à mobiliser dans cette nouvelle région où je ne connaissais personne, j'ai continué à dépenser toute mon énergie en pure perte dans ce groupe jusqu'à atteindre le burnout. Une des mesures les plus salutaires pour me reconstruire a consisté à reprendre pied dans des groupes où je pouvais réellement avoir ma place : la communauté de l'ennéagramme et ce forum en font partie. :heart:
  • J'ai décidé de changer de métier et de devenir enseignant. Parmi mes motivations, il y a l'adhésion à une cause qui me dépasse : celle de transmettre un savoir. Cela a une utilité sociale dans laquelle je me reconnais depuis toujours, et je sens que j'ai une place juste dans ce rôle. J'espère que cette fois-ci, je fais le bon choix !

Face à un groupe pour lequel j'éprouve de l'intérêt, j'exprime l'instinct social en S- principalement dans deux situations. Lorsque je ne connais pas le groupe, je reste très observateur, j'essaye de comprendre ses règles et conventions. Cela me met souvent en retrait et je n'ose pas faire le premier pas vers les autres, de peur de ne pas être en phase avec les habitudes du groupe. De plus, j'ai souvent du mal à engager la conversation, cela me demande un effort de démarrer sur des sujets banals, je crains là encore d'être à côté de la plaque. Ainsi récemment, j'ai littéralement fui un cocktail qui se tenait à l'occasion d'un colloque où je ne connaissais personne, car je n'avais aucune envie d'être vu en train de faire le pied de grue tout seul au milieu de la salle. Je suis aussi en S- quand je ne parviens pas à trouver une place dans le groupe : définir cette « place » est très subjectif mais important pour moi. Il faut que j'aie instauré un minimum d'interactions stables avec certains membres du groupe, mieux encore que je sois connu du leader, et que ma présence soit reconnue comme légitime (souhaitée ou utile, c'est encore mieux, mais je n'en demande pas tant). Faute de place, je me sens très mal à l'aise et lorsque ma présence est obligatoire (par exemple élève d'une classe), je peux en souffrir très vivement.

Inversement, quand j'ai une place dans le groupe, je bascule facilement en S+. Je peux y consacrer beaucoup de temps, mettre mon énergie et mes compétences à son service. Je suis depuis plusieurs années examinateur pour les concours des grandes écoles : c'est pour moi un groupe d'appartenance, même si je suis loin d'en connaître tous les membres. Je bénéficie dans ce groupe de tous les critères de reconnaissance : connu et apprécié du coordonnateur, j'ai plaisir à retrouver chaque année certains collègues qui apprécient mon travail et mon engagement (et qui me le manifestent :proud:). Lorsque le coordonnateur m'a demandé cette année de participer à la réalisation d'une vidéo destinée à former les examinateurs aux nouveaux critères d'évaluation, j'ai tout de suite accepté, même si cela allait me demander plusieurs dizaines d'heures de travail non rémunérées ! Je me sens totalement bien dans ce groupe, et je comprends à quel point il assure ma « survie psychologique ». Je comprends aussi qu'il s'agit bien de mon ego, car même si je ne doute pas que mon action soit utile, j'ai une dépendance par rapport à ce groupe et par rapport à la reconnaissance qu'il m'apporte : je serais en souffrance si j'en étais d'un coup exclu.

Un point que je pense important de souligner, c'est que l'instinct social peut se manifester dans les relations à deux (alors que je pensais que c'était strictement réservé à l'instinct sexuel). Je fais du soutien scolaire à un lycéen que je rencontre une fois tous les 15 jours. Ce qui me motive, ce n'est pas tant d'aider ce lycéen en particulier, c'est plutôt de contribuer à ce que le niveau de connaissance globale dans les matières scientifiques augmente. Je n'ai pas choisi ce lycéen, c'est une association de soutien scolaire qui me l'a confié, et même si je suis content de voir ses progrès, ce n'est pas réellement pour lui que je le fais. Cela paraît peut-être surprenant, mais c'est comme ça que je ressens les choses.

Quand je découvre une nouvelle communauté, il est rare que je ne sois pas tenté de faire du prosélytisme. La première « victime » en est ma compagne, que j'ai essayé d'entraîner successivement dans des stages ennéagramme, dans mon cours de Qi Gong, dans le jury de concours aux grandes écoles et j'en passe ! :laugh: J'ai envie de partager ces activités avec les gens que j'aime et que j'estime. C'est une frustration que de ne pas les voir partager le même enthousiasme et le même engagement. Je remarque d'ailleurs que je ne parle pas de ces activités à n'importe qui : celles-ci constituent une partie de mon identité, et j'ai l'impression de dévoiler quelque chose d'intime. Tout le monde n'est pas éligible à la confidence !

Peut-être est-ce lié à ma variante 9 mu, mais je peux éprouver des émotions fortes à être membre d'un groupe, à me dissoudre dans celui-ci. J'ai longtemps été membre d'un quatuor à cordes, et au moment de jouer devant un public, il y a quelque chose de magique et d'intense à produire un son qui n'est pas celui de chaque instrumentiste, mais celui du quatuor. Nos identités se fondent alors dans la musique et nous établissons une communion entre nous et avec le public. À une échelle plus large, je vais bientôt participer à une flashmob internationale de danse : des centaines de personnes, à plusieurs endroits du monde, danseront sur la même musique et la même chorégraphie, au même moment. Ça me donne le frisson…

Lien avec le sous-type du 9 : Participation périphérique

Le sous-type ne résume pas à lui seul les manifestations de mon instinct social, mais il existe quand même bien des circonstances où je me retrouve dans les traits de ce sous-type. L'appartenance à des groupes me permet de fusionner avec ses valeurs, ses croyances et ses règles, et d'exercer à l'envi ma passion de paresse. Plus il y a une cohésion forte dans le groupe, plus le risque de conflit est limité et mieux je m'y sens. Dans ces circonstances, je peux renforcer mon engagement dans le groupe et y prendre des responsabilités, tant que je sais pouvoir compter sur la caution du leader. Même dans certains groupes où j'ai pris le rôle de leader (notamment dans des associations étudiantes), je n'ai jamais revendiqué ce rôle, c'est toujours le leader précédent qui m'a demandé de lui succéder. Je prends plaisir à discuter de sujets d'intérêt commun qui présentent l'immense avantage que nous sommes la plupart du temps d'accord sur l'essentiel. Lorsque des divergences surgissent, je m'aligne sans mal sur la position majoritaire, mais je ne l'exprime pas trop ouvertement de peur de rentrer en conflit avec certains membres du groupe, même si ceux-ci sont minoritaires. En outre, être en conflit sur un sujet de préoccupation du groupe est nettement moins impliquant qu'un conflit qui me concerne à titre personnel. L'avantage du groupe est que sa préoccupation n'est pas centrée sur les individus : cela me permet de me consacrer à des sujets qui m'intéressent sans me concerner directement, et ainsi me tenir à l'écart de mes besoins et souhaits véritables. Je peux me sentir autant investi dans deux groupes qui, mis face à face, ne manqueraient pas de se quereller au bout de 5 minutes. Cela ne me pose pas de réel problème car j'adopte pour chaque groupe le schéma mental et les règles qu'il s'est fixé.

Je peux tomber dans le rejet du groupe à partir du moment où je ne m'y sens plus en sécurité ou que l'on remet en question la place que j'y occupe (pour moi c'est synonyme). À une époque, j'étais le chef d'orchestre d'un ensemble amateur et j'y consacrais une bonne partie de mon énergie. J'ai été un jour vivement critiqué par un des instrumentistes, sans signe avant-coureur. Je me suis alors rapidement désengagé au point de trouver des arguments pour ne pas terminer l'année, alors que personne ne me demandait de partir.

Quant à la fameuse participation périphérique, je peux la vivre dans des groupes où je m'implique peu (mais comme le montre le reste de mon témoignage, ce n'est pas systématique). Je fais ainsi partie de plusieurs associations d'anciens à qui j'envoie scrupuleusement ma cotisation annuelle sans jamais participer à la moindre réunion. L'important pour moi est de matérialiser mon appartenance à cette communauté, de maintenir le lien affectif avec un moment de mon passé. Je peux aussi adopter cette position lorsque ma compagne reçoit ses amies. Je m'occupe de faire la cuisine, de les conduire à un endroit ou l'autre, d'organiser la logistique, mais je m'engage rarement dans les conversations. J'ai totalement conscience de faire de la participation périphérique dans ces moments-là, et je suis fier que ma présence contribue discrètement au bon fonctionnement du groupe.

À l'issue de toute cette analyse, je ne peux pas nier que j'ai une vraie problématique à l'instinct social. Mais j'ai quelques doutes sur la façon de résumer cela dans la notation conventionnelle. Faut-il souligner d'abord ma difficulté à m'intégrer dans un nouveau groupe, tout en remarquant qu'une fois ma place établie, j'ai un fort besoin de m'y rattacher (S--/++) ? Ou au contraire remarquer que mon attirance pour les groupes est réelle et que des circonstances conflictuelles peuvent conduire à m'en éloigner (S++/--) ?

  • L'instinct sexuel

C'est l'instinct pour lequel les choses sont actuellement moins claires pour moi. J'ai un problème avec la définition de cet instinct. Certains auteurs l'assimilent de façon assez restrictive aux seules relations pouvant aboutir à une relation sexuelle, d'autres l'élargissent à tout ce qui a trait à la séduction dans les relations à deux, voire aux relations à deux dans leur ensemble, quelle qu'en soit leur nature. J'ai souvent noté le besoin d'intimité comme une composante essentielle de l'instinct sexuel, ainsi que le besoin d'excitation et de sensations fortes. Selon les définitions, une même observation peut se rapporter à l'instinct sexuel, ou non. Cela me conduit donc à nuancer toutes les observations que je m'apprête à décrire.

Manifestations de l'instinct sexuel

J'apprécie vraiment de vivre des relations à deux. Cela me permet d'avoir des discussions plus approfondies, plus vraies, où l'expression des sentiments devient possible. Ces relations ont le plus souvent lieu avec des femmes, mais je ne pense pas – du moins consciemment – qu'il y ait des sous-entendus sexuels. J'ai l'impression que c'est avant tout mon centre émotionnel qui est sollicité. Il peut y avoir de l'intimité dans certaines de ces relations : certaines amies m'ont révélé des histoires familiales et des déboires affectifs qui les avaient profondément marquées. D'autres relations, souvent des anciens camarades de classe, n'ont pas ce caractère intime. Nous nous voyons pour savoir ce que nous sommes devenus l'un et l'autre, sans pour autant échanger sur ce qui nous préoccupe vraiment. Nous avons des discussions sur des sujets plus généraux qui nous intéressent tous deux, comme la musique, les sciences… J'ai clairement du mal à faire le lien avec l'instinct sexuel quand je pense à ces relations.

Autre entrée possible pour observer l'instinct sexuel : la séduction. En général, je n'attache pas d'attention particulière à mon apparence dans le but de séduire. Mes choix vestimentaires relèvent plutôt de l'instinct social (correspondre aux habitudes du milieu où je me trouve), pas d'une volonté de me mettre en valeur. Par contre, je repère vite une femme qui me plait physiquement. Lorsque je prends une place dans le bus ou le métro, je scanne rapidement les personnes qui m'entourent et je peux essayer de trouver le meilleur emplacement pour observer une personne qui me plaît. Mais je ne rentre jamais dans un jeu de séduction avec cette personne (sourires, échanges de regards, etc.). Cependant, je dois reconnaître que dans la première impression que j'ai sur une personne, l'attirance ou la non-attirance que j'ai pour elle est quelque chose qui compte.

Dans les relations quotidiennes (professionnelles ou autres), cela ne me viendrait même pas à l'idée de chercher à introduire de la séduction. Les seules situations qui peuvent m'amener à rentrer dans la séduction, ce sont les occasions de danser. Il faut que je me sente vraiment en confiance avec la danseuse pour commencer à faire du charme ; la plupart du temps, j'observe. J'ai d'ailleurs remarqué que je suis attiré mais fort peu à l'aise avec les danseuses qui jouent sur leur sex-appeal (maquillage, vêtements courts, etc.), alors que je m'amuse et prends davantage de plaisir avec celles qui sont plus « sobres ». Tout cela m'invite à conclure qu'il m'arrive parfois d'avoir envie de séduire, mais cela reste dans le domaine de l'intention. Je « comprends » cette dimension de l'instinct sexuel bien plus que je ne la mets en pratique.

Ma relation privilégiée en termes d'instinct sexuel est évidemment avec ma compagne. Nous exprimons beaucoup de tendresse l'un pour l'autre (câlins, caresses, etc.) sans pour autant que nous en devenions dépendants. Je ne sais pas dire à quel niveau se situe notre degré d'intimité et la recherche de stimulation physique dans notre relation. Dans mon entourage, je vois des couples qui paraissent beaucoup plus distants que nous, d'autres qui semblent très fusionnels. Si j'analyse les choses avec un peu de recul, nous avons bien sûr besoin de l'autre pour la sécurité affective que nous nous apportons mutuellement, mais mon identité ne se résume pas à la relation que j'ai avec elle. Il me semble donc que, de ce point de vue au moins, je me situe en X=.

Lien avec le sous-type du 9 : Union

J'étais et je suis encore très fusionnel avec ma compagne. Mais depuis trois ans, en raison de contraintes professionnelles, nous ne nous voyons que trois jours par semaine. Cela présente un grand nombre d'inconvénients, mais je viens de prendre conscience que cela a contribué à modérer la fusion que je vivais avec elle. Le temps passé seul, (lorsque je ne le consacre pas à la narcotisation… :sarcastic:) m'a permis de mieux me connaître, de méditer, de m'engager dans certaines activités sociales. L'expression du sous-type Union se traduit encore chez moi par ma tendance à adhérer inconditionnellement à ses envies, à oublier mes propres besoins : j'en prends néanmoins de plus en plus conscience, et il m'arrive même de dire que je ne suis pas d'accord ! :surprised::proud::happy: En outre, je n'envisage pas d'avenir sans elle, dans mon esprit, il n'y a pas d'autre scénario qu'un projet de vie à deux.

Dans mes relations amicales, je passe beaucoup plus de temps à écouter l'autre qu'à exprimer mes propres préoccupations. Il me faut faire un effort conscient pour rééquilibrer le temps de parole car je vois bien ma tendance à me laisser hypnotiser par les histoires de l'autre et à me dissoudre dans ce qu'il me raconte. Un cas plus problématique se présente quand je me sens séduit par une personne que je connais depuis peu : tel le lapin fasciné par le cobra, je peux trop facilement accepter des choses qui desservent mes intérêts. Dans un contexte professionnel, gare aux mauvaises affaires !

Mon instinct sexuel est certainement celui qui a le plus fortement évolué depuis mon adolescence. Indépendamment des questions que j'évoquais quant à sa définition, j'ai là aussi quelques doutes sur la bonne notation à adopter. J'hésite entre X=/- si je considère que dans la plupart de mes relations, ce n'est pas une préoccupation majeure, mais que je reste mal à l'aise dans les situations de séduction, et X-/+ si je veux souligner mon rapport ambigu à la séduction et les manifestations du sous-type Union. Par contre, je suis certain que l'instinct sexuel est aujourd'hui une bien moins grande préoccupation que l'instinct social.

Bon… J'aurais voulu faire synthétique, et je viens d'écrire un roman. J'espère que vous me pardonnerez de m'être ainsi étalé sur le forum. J'accueille avec plaisir toutes vos remarques et questionnements, je ne demande qu'à affiner mes toutes récentes découvertes.

Bien amicalement,
Tristan (encore tout étonné de se découvrir de sous-type social)

Tristan (91 mu, C=/-, S++/-, X-/+)

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

 

Comme d'habitude, magnifique travail, Tristan ! :thumb_up:

 

Avec 21 messages sur le forum depuis hier matin, je suis un peu en saturation et n'ai pas le temps de te faire une réponse structurée. Alors je reprends ton texte dans l'ordre.

"Mon ego en a été profondément mortifié ! J'avais honte d'être passé à ce point à côté de ma problématique, alors que je connais les sous-types depuis presque deux ans…"

Il n'y a pas de quoi. De plus, comme tu l'as signalé, tu étais à l'époque dans une période de crise qui ne pouvait qu'avoir un impact fort sur le fonctionnement de tes instincts, et notamment du social. Nous disons pendant le stage que les personnes qui vivent une situation problématique doivent analyser leur fonctionnement en dehors de cette perturbation, mais c'est beaucoup plus difficile à faire qu'à dire…

 

"Je venais de me prendre en flagrant délit de paresse prolongée !!!"
Bah, l'important est d'en être sorti.

 

"Je n'avais pas compris non plus que la manifestation des instincts était un sujet d'introspection à part entière, indépendamment de l'ennéatype, et qu'il y avait là une richesse exceptionnelle pour progresser dans la connaissance de soi."

Notamment en faisant une première journée du stage où nous parlons des instincts sans les lier à l'ennéagramme, nous essayons de faire passer ce message. Je vais réfléchir à comment le rendre plus percutant. En tout cas, pour ceux qui lisent le forum — les autres ont tort, tant pis pour eux :rofl: —, ton analyse y contribue.

 

"J'aurai le sentiment d'avoir contribué utilement si ce témoignage peut aider d'autres lecteurs à mieux comprendre leur profil instinctif, et, pourquoi pas, à dédramatiser leurs propres erreurs sur le chemin de la connaissance de soi !"

C'est le côté merveilleux de l'ennéagramme : il n'y a pas de témoignage inutile, il n'y a pas d'erreur inutile. Tout est source d'enrichissement pour soi et pour les autres.

 

"Je me suis dit que je ne cherchais pas à faire partie de groupes, que cette espèce de dissolution de la personnalité dans la masse ne me convenait pas du tout (cela donne toute la place à celui qui a la plus grande gueule, et je supporte très mal cela)."

Pourtant, il n'y a pas de panel de l'instinct social dans lequel les participants n'insistent pas sur le fait qu'il n'y a en aucun cas "dissolution de la personnalité". Bien au contraire, il est systématiquement signalé qu'un groupe qui demanderait cette dissolution serait inacceptable.

 

Mais bon, dans un stage, il y a toujours des éléments qui ne sont pas entendus, soit par distraction, soit parce que l'ego n'est pas prêt pour cette information. C'est bien pour ça que nous conseillons de resuivre certains modules, et que nous faisons des tarifs particuliers pour cela.

 

"Des problèmes à l'instinct sexuel, moi ? Dites tout de suite que je suis obsédé !"

Ce n'est que l'un des pôles de la blessure de cet instinct !

 

"À chaque fois, je distingue l'expression de l'instinct indépendamment de l'ennéatype (comme nous le faisons dans le panel) puis seulement ensuite, je cherche à approfondir les manifestations du sous-type associé."

Oui, une bonne partie des difficultés de compréhension que les gens ont sur ce thème vient de la confusion entre instinct et sous-type. C'est particulièrement vrai pour l'instinct sexuel, nous y reviendrons plus bas.

 

"J'ai déjà évoqué une certaine négligence au sujet de ma santé et du fait de prendre soin de moi, mais cela était exacerbé par la situation professionnelle difficile que je traversais alors."

C'est normal. Le 9 sous stress se néglige physiquement.

 

"Contrairement à ce que je comprends du sous-type Appétit, qui va consacrer toute son énergie à une activité secondaire (collection, bricolage, etc.) au lieu de se préoccuper de ce qui est vraiment important pour lui, […]."

Le sous-type Appétit se consacre à des activités secondaires en lien avec l'instinct de conservation.

 

"Cela dit, en me fondant sur mes observations, je m'évalue en C=/-."

En te lisant, l'estimation fait sens.

 

"En fait j'étais bloqué sur l'idée que manifester l'instinct social, cela consiste à être bien dans des réunions, des fêtes, bref être super content avec une bande de potes."

D'où vient cette idée ? Là aussi, les panels font toujours sortir la variété des contextes possibles de manifestation de l'instinct social, d'une bande de fêtards à un groupe de chercheurs.

 

"Telle que je la conçois aujourd'hui, la notion de « groupe » peut être parfois plus un concept qu'une réalité organisée. Je partage avec d'autres personnes (que je ne connais pas forcément) des points communs, et cela me donne un sentiment d'appartenance avec ces personnes. Si je les rencontre un jour, je me sentirai lié à eux d'une façon plus forte qu'avec une personne quelconque."

Là je suis plus sceptique. Cela ne me semble pas possible avec l'instinct social pur, mais par contre peut-être envisageable quand l'instinct est sublimé dans un ennéatype au contact des autres éléments de l'ego. Se pose quand même alors la question de la place. Virtuelle, elle aussi ?

 

"Je comprends quand certains auteurs disent que l'instinct « dominant » est celui dans lequel nous mettons le plus d'énergie."

Nous faisons partie de ceux-là !

 

"Un point que je pense important de souligner, c'est que l'instinct social peut se manifester dans les relations à deux (alors que je pensais que c'était strictement réservé à l'instinct sexuel). […] Je n'ai pas choisi ce lycéen, c'est une association de soutien scolaire qui me l'a confié, et même si je suis content de voir ses progrès, ce n'est pas réellement pour lui que je le fais. Cela paraît peut-être surprenant, mais c'est comme ça que je ressens les choses."

J'ai vécu ce genre de ressenti. Même remarque que précédemment. Cela ne peut pas être de l'instinct social pur : celui-ci a besoin de vrais gens et d'une place. L'instinct social est ici sublimé dans une cause, un idéal. À la réflexion, n'y a-t-il pas une once de X- dans cette situation ?

 

"Peut-être est-ce lié à ma variante 9 mu, mais je peux éprouver des émotions fortes à être membre d'un groupe, à me dissoudre dans celui-ci."

Le lien émotionnel au groupe est évoqué dans le panel, y compris le deuil de la dissolution du groupe. Émotionnel en support comme toi, je le connais très bien. Sauf centre émotionnel très réprimé, il est fréquent chez tous les sous-types sociaux.

 

"Mais j'ai quelques doutes sur la façon de résumer cela dans la notation conventionnelle. Faut-il souligner d'abord ma difficulté à m'intégrer dans un nouveau groupe, tout en remarquant qu'une fois ma place établie, j'ai un fort besoin de m'y rattacher (S--/++) ? Ou au contraire remarquer que mon attirance pour les groupes est réelle et que des circonstances conflictuelles peuvent conduire à m'en éloigner (S++/--) ?"

C'est un doute sur un détail ! Qu'est-ce qui est le plus marquant dans ta vie actuelle. Te lisant, je pencherais plus pour S++/--, voire même S++/-.

 

"C'est l'instinct pour lequel les choses sont actuellement moins claires pour moi. J'ai un problème avec la définition de cet instinct. Certains auteurs l'assimilent de façon assez restrictive aux seules relations pouvant aboutir à une relation sexuelle, d'autres l'élargissent à tout ce qui a trait à la séduction dans les relations à deux, voire aux relations à deux dans leur ensemble, quelle qu'en soit leur nature."

Nous traitons ce point en détail au début de la deuxième journée du stage. L'instinct sexuel est un instinct, et son objet est le sexe. Après, il est évidemment sublimé par les autres caractéristiques de l'ego comme tous les autres instincts.

 

Pour bien le comprendre, il faut faire le tri entre instinct sexuel, sous-type sexuel et centre émotionnel. Cela nécessite une certaine rigueur intellectuelle que nombre d'auteurs n'ont pas, hélas.

 

"J'apprécie vraiment de vivre des relations à deux. Cela me permet d'avoir des discussions plus approfondies, plus vraies, où l'expression des sentiments devient possible. Ces relations ont le plus souvent lieu avec des femmes, mais je ne pense pas – du moins consciemment – qu'il y ait des sous-entendus sexuels. J'ai l'impression que c'est avant tout mon centre émotionnel qui est sollicité."

Si c'est vrai, oui, c'est juste de l'émotionnel. Ceci dit, il n'y a pas besoin qu'il y ait sous-entendus sexuels, pour que l'instinct sexuel n'ait des envies.

 

"Autre entrée possible pour observer l'instinct sexuel : la séduction."

Oui, ça, c'est une bonne piste !

 

"Ma relation privilégiée en termes d'instinct sexuel est évidemment avec ma compagne."

Ouf, elle va être rassurée si elle lit le forum en douce ! :rofl:

 

"J'hésite entre X=/- si je considère que dans la plupart de mes relations, ce n'est pas une préoccupation majeure, mais que je reste mal à l'aise dans les situations de séduction, et X-/+ si je veux souligner mon rapport ambigu à la séduction et les manifestations du sous-type Union."

En te lisant, je pencherais pour la deuxième hypothèse.

 

Très amicalement,

Fabien

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  • 3 weeks later...

Bonjour à tous,
 
Merci Fabien pour ta réaction. J'aurais aimé y répondre plus tôt mais mes occupations de ces dernières semaines ne m'en ont pas laissé le temps.
 

"Je n'avais pas compris non plus que la manifestation des instincts était un sujet d'introspection à part entière, indépendamment de l'ennéatype, et qu'il y avait là une richesse exceptionnelle pour progresser dans la connaissance de soi."
Notamment en faisant une première journée du stage où nous parlons des instincts sans les lier à l'ennéagramme, nous essayons de faire passer ce message. Je vais réfléchir à comment le rendre plus percutant.

J'avais bien compris le message du stage qui consistait à dire que les instincts existent indépendamment de l'ennéagramme. Par contre, je n'avais pas suffisamment pris conscience que les instincts étaient un sujet d'auto-observation très riche dans la mesure où ils sont à l'origine de nombre de nos choix de vie. Dit autrement, mon auto-observation s'arrêtait à celle des sous-types. Cela est d'ailleurs lié à une question lancinante que je me pose sur le travail horizontal (comment mieux faire fonctionner l'ego), dont Patricia et toi dites souvent qu'il consiste à améliorer le fonctionnement des instincts. Quels exercices peut-on pratiquer concrètement dans ce domaine ? Certes, je connais bien quelques techniques de PNL qui s'y réfèrent, mais j'ai une certaine frustration de ne pas disposer d'outils du même ordre que ceux que vous transmettez pour le travail vertical (stages Éveil et Essence principalement).
 
"Mais bon, dans un stage, il y a toujours des éléments qui ne sont pas entendus, soit par distraction, soit parce que l'ego n'est pas prêt pour cette information. C'est bien pour ça que nous conseillons de resuivre certains modules, et que nous faisons des tarifs particuliers pour cela."
Il est clair que l'ego filtre les informations qu'il n'a pas envie — ou n'est pas encore capable — d'entendre. Mais en ce qui me concerne, j'ai constaté également un effet de saturation lors des stages, qui se manifeste surtout le dimanche après-midi. C'est certainement lié à mon mental réprimé : je n'arrive plus à engranger et analyser l'information. Tu n'imagines sans doute pas à quel point je suis fatigué à l'issue des stages ! J'en ai plusieurs fois discuté avec des stagiaires réprimant le mental et ils m'ont souvent dit qu'ils éprouvaient la même chose.
 

"En fait j'étais bloqué sur l'idée que manifester l'instinct social, cela consiste à être bien dans des réunions, des fêtes, bref être super content avec une bande de potes."
D'où vient cette idée ? Là aussi, les panels font toujours sortir la variété des contextes possibles de manifestation de l'instinct social, d'une bande de fêtards à un groupe de chercheurs.

Cette idée vient de mon cerveau fertile ! Comme je le disais plus haut, la notion de "groupe" ne faisait pas du tout sens pour moi lors des témoignages du panel, car je n'arrivais pas à faire le lien avec mes propres expériences. Ne supportant pas cette incompréhension, mon ego a tôt fait d'y mettre un sens qui lui convenait !
 

"Telle que je la conçois aujourd'hui, la notion de « groupe » peut être parfois plus un concept qu'une réalité organisée. Je partage avec d'autres personnes (que je ne connais pas forcément) des points communs, et cela me donne un sentiment d'appartenance avec ces personnes. Si je les rencontre un jour, je me sentirai lié à eux d'une façon plus forte qu'avec une personne quelconque."
Là je suis plus sceptique. Cela ne me semble pas possible avec l'instinct social pur, mais par contre peut-être envisageable quand l'instinct est sublimé dans un ennéatype au contact des autres éléments de l'ego. Se pose quand même alors la question de la place. Virtuelle, elle aussi ?

Il est vrai que dans cette circonstance, je ne me pose pas la question de la "place" dans le groupe. Mais le sentiment d'appartenance est bien présent et se réfère à la définition de l'identité pour l'instinct social : "je suis les groupes dont je fais partie." Il me semble quand même que le concept de groupe peut faire sens sans qu'il soit nécessaire d'en connaître tous les membres, ou même d'être en mesure d'en définir précisément le périmètre. C'est en tout cas mon ressenti actuellement.

"C'est un doute sur un détail ! Qu'est-ce qui est le plus marquant dans ta vie actuelle. Te lisant, je pencherais plus pour S++/--, voire même S++/-."
Franchement, ce point n'est pas encore clair pour moi. Je confirme l'importance que revêt pour moi l'appartenance à des groupes pour mon équilibre psychologique, de même que l'engagement que j'y mets dès que je sens que j'y ai une place et l'énergie que je trouve au contact d'un groupe. Mais je reste très mal à l'aise dans les situations de communication informelle en groupe, et ces situations se présentent souvent dans ma vie. Un exemple d'actualité : l'école de danse que je fréquente va organiser la semaine prochaine son pot de fin d'année après le dernier cours. L'idée de devoir faire la conversation à des personnes que je ne fréquente que dans une circonstance particulière et que je connais très peu pour le reste m'ennuie, voire m'angoisse. Certes, ces personnes sont dans ma tête plus un "rassemblement" qu'un "groupe". Alors, est-ce que c'est une manifestation de l'instinct social S-- ?
 
"Nous traitons ce point en détail au début de la deuxième journée du stage. L'instinct sexuel est un instinct, et son objet est le sexe. Après, il est évidemment sublimé par les autres caractéristiques de l'ego comme tous les autres instincts."
:surprised: :surprised: :surprised: Waouh ! Encore un point du stage qui m'a complètement échappé ! Pas une seule trace dans ma mémoire, ni même dans mes notes ! Je vais de ce pas traiter ma transe d'amnésie… et programmer un resuivi du stage sous-types !
Cela dit, mes doutes sur le périmètre de l'instinct sexuel restent en partie d'actualité. Fabien, es-tu d'accord avec l'équivalence : relations à deux <=> manifestation de l'instinct sexuel ?
 

"Ma relation privilégiée en termes d'instinct sexuel est évidemment avec ma compagne."
Ouf, elle va être rassurée si elle lit le forum en douce ! :rofl:

On ne sait jamais ! Et si j'écrivais sur ce forum juste dans l'espoir qu'elle le lise en douce pour lui faire croire que je n'ai aucune relation adultère ? Ce qui lui laisserait donc penser que j'en entretiens une ? Et toi Fabien, si ça se trouve, tu es de mèche avec moi et ta réaction à mon message était planifiée pour renforcer sa crédibilité… Et si tous ces week-ends que je passe depuis quelques temps à Paris pour des "stages ennéagramme" n'étaient qu'une habile caution pour rencontrer une maîtresse ? Et d'abord, Fabien, est-ce que tu existes vraiment ? Après tout, elle ne t'a jamais rencontré ! :crazy::rofl:

Une dernière question de clarification concernant les sous-types : est-ce que ce qu'on donne comme caractéristiques des sous-types peut s'appliquer dans des circonstances qui dépassent le cadre de l'instinct concerné ? Je m'explique : dans le description des sous-types, on montre comment l'instinct interagit avec l'ennéatype pour donner naissance à certains traits de personnalité. En apparence, on pourrait donc penser que ces traits ne se manifestent que dans des circonstances liées à l'activation de l'instinct (danger pour la survie, fréquentation d'un groupe, séduction…). Mais il me semble cependant que ces traits peuvent s'appliquer de manière plus générale : je pense par exemple à Steve Prefontaine, 4 sexuel dont le sous-type compétition s'exprime dans la course à pied, ce qui n'est pas directement assimilable à une situation d'expression de l'instinct sexuel.

Bien amicalement,
Tristan

Tristan (91 mu, C=/-, S++/-, X-/+)

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,
 
"Par contre, je n'avais pas suffisamment pris conscience que les instincts étaient un sujet d'auto-observation très riche dans la mesure où ils sont à l'origine de nombre de nos choix de vie."
Les sous-types sont un complément très utile de la compréhension de notre ennéatype, mais ils sont loin d'épuiser le sujet des instincts. Notre notation du profil instinctif va dans ce sens, qui ne se réduit pas une personne à un sous-type. Nous serons plus explicites les prochaines fois. Merci donc de ce feedback.

 

"Quels exercices peut-on pratiquer concrètement dans ce domaine ?"

Travailler sur les instincts est le rôle des thérapies traditionnelles. Il est possible de se former à leurs méthodes — j'ai plein de stages en stock si tu as des amis intéressés — ou de faire du sur-mesure avec un thérapeute.

 

"Certes, ces personnes sont dans ma tête plus un 'rassemblement' qu'un 'groupe'. Alors, est-ce que c'est une manifestation de l'instinct social S-- ?"
La question est de savoir s'il y a une différence entre ta tête et celle des autres. Eux, se considèrent-ils comme un groupe ? Si oui, tu refuses d'y appartenir et c'est du S--. Si non, non.
 
Je connais bien ce genre de situation et je l'ai beaucoup vécu dans le monde de l'entreprise. C'est pourquoi, moi, je me serais mis à l'époque du S--/+. Ça s'est un peu amélioré aujourd'hui. :wink:
 
"Fabien, es-tu d'accord avec l'équivalence : relations à deux <=> manifestation de l'instinct sexuel ?"
Absolument pas. Pour qu'il y ait instinct sexuel, il faut qu'il y en ait toutes les caractéristiques, et notamment la question virtuelle, même si elle est sublimée à autre chose que la séduction.
 
"On ne sait jamais ! Et si j'écrivais sur ce forum juste dans l'espoir qu'elle le lise en douce pour lui faire croire que je n'ai aucune relation adultère ? Ce qui lui laisserait donc penser que j'en entretiens une ? Et toi Fabien, si ça se trouve, tu es de mèche avec moi et ta réaction à mon message était planifiée pour renforcer sa crédibilité… Et si tous ces week-ends que je passe depuis quelques temps à Paris pour des "stages ennéagramme" n'étaient qu'une habile caution pour rencontrer une maîtresse ? Et d'abord, Fabien, est-ce que tu existes vraiment ? Après tout, elle ne t'a jamais rencontré !"

Mais je n'existe pas, je suis un bot.

 

"Est-ce que ce qu'on donne comme caractéristiques des sous-types peut s'appliquer dans des circonstances qui dépassent le cadre de l'instinct concerné ?"

Il me semble que oui. De la même manière que nous appliquons notre centre préféré à des circonstances où son usage n'est pas approprié, nous voyons l'application de notre instinct le plus blessé là où il n'y aurait pas de raison de le manifester.

 

"Je pense par exemple à Steve Prefontaine, 4 sexuel dont le sous-type compétition s'exprime dans la course à pied, ce qui n'est pas directement assimilable à une situation d'expression de l'instinct sexuel."

Ça dépend après qui il court ! :rofl:

 

Bon, je sors. Très amicalement,
Fabien

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