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La tristesse comme substitut à l'expression de la colère ?


Demilune

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Bonjour,

 

La colère est une problématique commune à tous les ennéatypes préférant le centre instinctif. Pour le 9, celle-ci est le plus souvent inconsciente car réprimée. La présence de ma colère a été l'une des révélations les plus fortes lors de ma découverte de l'ennéagramme. Auparavant, j'aurais volontiers juré qu'une de mes plus grandes qualités était de garder mon calme en toutes circonstances, qualité dont j'éprouvais une grande fierté. Depuis, j'observe régulièrement la façon dont cette colère est présente en moi. Je sais que j'ai encore beaucoup de travail à faire pour donner sa juste place à ma colère ; néanmoins mon introspection sur la durée me permet de dresser un premier bilan :

  • J'ai pris conscience de la colère en moi et j'accepte sa présence. Je peux me dire sans réticence à moi-même « je suis en colère ».
  • Cette colère se manifeste par un sentiment de frustration (ne pas avoir eu de contrôle sur l'environnement ou sur moi-même), des symptômes physiques de raideurs (en particulier au niveau du visage et dans les épaules) et des ruminations intérieures qui focalisent mon attention sur l'objet de ma colère. Bref, un beau cocktail de transes : suggestions hypnotiques, hallucinations visuelles et auditives (positives sur la situation générant la colère et négatives sur mon environnement présent), créations et suppressions de sensations…
  • Pour des colères de faible importance (par exemple parce que le boulanger à 50 mètres de chez moi est fermé et que je suis sorti pour rien…), j'arrive souvent à détecter cette colère en direct, et le simple fait d'avoir pris conscience de son origine suffit à l'apaiser. Ma compagne m'aide aussi en me signalant quand je suis en colère, et lorsque la raison est bénigne, je parviens de la même manière à la faire retomber.
  • Pour des colères plus importantes et plus durables, le plus souvent provoquées par la répétition d'une même situation qui me conduit à négliger mes propres besoins (l'oubli de soi et la paresse rentrent en action), je mets en œuvre mon aile 1 en utilisant l'humour acide ou les bougonneries, tout en évitant de provoquer le conflit. Mais ce n'est pas à proprement parler une expression directe de la colère car ces manifestations n'apaisent rien chez moi. Le pire, c'est que je fais tout pour que personne ne remarque que je suis en colère. Tout récemment, ma compagne me faisait remarquer : « Quand tu dis “ça me fait chier”, tu as le sourire ! Comment veux-tu qu'on te prenne au sérieux ? »
Et j'en suis arrivé au constat amer mais bien réel que je ne sais pas du tout manifester ma colère. Et pourtant, elle est bien là, cette fichue colère ! Lorsqu'elle est trop intense, il faut bien qu'elle sorte d'une manière ou d'une autre ! Alors comment je me débrouille ?

 

Je ne suis pas un pratiquant de la colère annuelle, pas même de la colère décennale, je n'ai qu'un seul souvenir conscient de m'être mis en colère de cette manière — et encore c'était soft. Donc ça ne passe pas par ce canal chez moi.

 

La narcotisation ? Oui, à fond, pour oublier que la colère est présente. Mais ça ne me libère de rien, cela ne me permet que de l'enterrer au fond de moi et de me donner l'illusion qu'elle a disparu. En fait ce fond de colère mine mon moral et me met dans un état de colère permanent, apparemment sans raison. Donc pas d'issue du côté de la narcotisation, rien de surprenant puisqu'il s'agit d'une caractéristique de l'ego…

 

J'ai bien identifié encore quelques stratégies pour éviter de faire sauter le bouchon du volcan (si je reprends l'image du stage Bases), mais rien qui me permette de vider vraiment ma colère. Ma question restait donc sans réponse satisfaisante depuis plusieurs mois. Puis j'ai eu un insight ce week-end qui m'a peut-être donné un début de solution.

 

J'ai pris quelques jours de congés la semaine dernière, qui m'ont permis de partir pour un court séjour dans le Cotentin avec ma compagne. Sachant que c'était ma première pause après deux mois de travail éprouvants et que la prochaine n'interviendrait pas avant Noël, j'avais à cœur que nous profitions au maximum de ce temps passé ensemble. Nous avons eu des conditions idéales, un temps radieux, des paysages magnifiques et d'excellentes tables. Malgré cela, ma compagne 6 alpha était prise dans ses peurs vis-à-vis de l'avenir (nous avons des projets professionnels et personnels pour l'année prochaine, mais il reste aujourd'hui des incertitudes qui ne dépendent pas de nous). Cela s'est traduit chez elle par une certaine apathie et une impression, de mon point de vue, qu'elle n'était pas vraiment là. J'ai fait de mon mieux pour l'écouter et la rassurer, pour prendre en charge toute l'organisation des visites, tout en masquant ma frustration de ne pas passer ce moment avec elle comme je l'aurais voulu. J'avais donc le sentiment de donner de ma patience et de mon énergie alors que la colère montait peu à peu en moi — sans que je n'ose lui exprimer ni même me m'avouer, de peur de rompre les conditions d'un séjour « réussi » (certainement un mensonge de mon type 3 de désintégration). Puis sur le chemin du retour, ma compagne me fait un reproche, somme toute anodin, alors que je considère que c'est elle qui est en tort. Je trouve cela totalement injuste et je sens progressivement toute la colère accumulée en moi lors des jours précédents (et probablement même avant) remonter de manière irrépressible. Mes mains se crispent sur le volant, tout mon corps est raide, je ne parviens plus à prononcer le moindre mot alors même que ma compagne tente désespérément de me faire dire ce qui se passe. Je sens qu'à ce moment, je suis à deux doigts de vivre la colère explosive du 9, d'atteindre ce moment où l'intensité du bouillonnement de la colère dépasse le contrôle que mon ego exerce sur elle. Puis en quelques instants, cette colère intérieure se transforme en une immense tristesse : je pense que je suis nié dans mon existence même, que mes sentiments n'ont pas le droit d'exister, que mes besoins n'ont pas le droit d'exister, que personne ne se rend compte des efforts que je fais pour créer l'harmonie : je suis transparent, je n'ai même pas le droit au respect dû à un être humain qui consiste à reconnaître qu'il est présent, qu'il existe. Je sors de la voie rapide, je m'arrête sur un parking et je fonds en larmes, je suis pris de sanglots irrépressibles, incontrôlables. Et je parviens à dire à ma compagne tout ce que je ressens, tout ce que je viens d'expliquer auparavant. Je lui dis sans modérer mes propos, sans avoir peur de la blesser. Et lorsque tout cela est sorti, que mes larmes se sont apaisées, je me sens encore bouleversé mais beaucoup plus libre. Quelque chose s'était vidé.

 

J'ai plusieurs souvenirs de situations similaires dans lesquelles j'ai été pris par d'irrépressibles crises de larmes s'accompagnant d'un sentiment intense de tristesse. Mais c'est la première fois que je suis parvenu à la vivre en activant mon observateur intérieur de cette manière. Et cette expérience me laisse penser que l'expression incontrôlée de la tristesse est pour moi un substitut à l'expression incontrôlée de la colère, avec les mêmes causes et les mêmes effets.

 

Si cette interprétation fait sens pour moi aujourd'hui, je ne voudrais pas pour autant en rester là. Est-ce que d'autres 9 ont vécu de telles expériences, ou avez-vous rencontré des 9 qui ont manifesté cela ? Que pensez-vous de cette possibilité de substituer l'expression de la colère par de la tristesse ?

 

Très amicalement,

Tristan

Tristan (91 mu, C=/-, S++/-, X-/+)

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

 

Merci Tristan pour ce nouveau beau témoignage. Je l'ai trouvé très émouvant.

 

En attendant que les 9 répondent à ton appel et fondent à toute vitesse :rofl: sur cette conversation, je voudrais faire quelques remarques.

 

Tu as vu dans le stage Résilience le lien entre la colère et la tristesse : nous sommes en colère parce que nous nous estimons offensé et nous sommes tristes parce que nous avions d'autres attentes à propos de la relation. Selon les ennéatypes, l'accès à l'une ou deux de ces émotions est plus ou moins difficile. Chez le 9 bien sûr, du fait de la compulsion, c'est la colère qui est le plus inaccessible. Souvent, ils doivent revenir à l'étape 1 du processus après avoir fait l'étape 2.

 

Réussir à sortir la tristesse est déjà une belle étape qui permet de dépasser les passion et fixation. J'ai toutefois l'impression que ce n'est pas suffisant, que la colère est toujours là et qu'il serait quand même utile de la reconnaître, bref de revenir à l'étape 1. Exprimer la tristesse pourrait être à la fois à la fois un pas en avant et un subterfuge de l'ego ("Je n'ai pas besoin d'aller plus loin, j'ai exprimé ma tristesse").

 

Tous les ennéatypes réprimant l'instinctif souffre d'un manque d'espérance et donc connaissent la tristesse, les 9 plus encore du fait de la false core dont tu nous a donné un touchant témoignage du fonctionnement et de la terrible souffrance qu'elle cause.

 

Très amicalement,

Fabien

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Bonjour Fabien, bonjour à tous,

 

Il me semblait, en écrivant mon message, que ce remplacement de la colère par la tristesse pouvait être d'une certaine façon une stratégie de l'ego, sans que je ne parvienne à la formuler clairement. Ta réponse, Fabien, me parle tout à fait car en se référant au processus de pardon, elle reconnaît le pouvoir libérateur de la tristesse sans pour autant considérer que cela est suffisant. Effectivement, sortir ma colère et reconnaître l'offense, c'est également important. Le stage Résilience a été une expérience très forte car pour la première fois, je me suis rendu compte que j'étais capable, par l'écrit, de dire cette colère, et de le faire avec une relative facilité. Mais c'est au quotidien, dans le feu de l'action, que le problème est compliqué. Lorsqu'une situation provoque de la colère en moi — ce dont j'ai de plus en plus souvent conscience — je me trouve démuni pour y faire face. L'ego empêche son expression à chaud, et quand j'ai pris le temps de réfléchir à ce qui me posait problème (pour un mental réprimé, cela peut prendre du temps), au lieu de dire posément là où mes valeurs et mes besoins ont été lésés, je me dis que c'est trop tard, que c'est idiot de réagir après coup. Je stocke donc un peu plus la colère à chaque nouvelle offense. Et c'est comme ça que je finis par en arriver aux situations que je décrivais plus haut.

 

Bien amicalement,

Tristan

Tristan (91 mu, C=/-, S++/-, X-/+)

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Bonjour Tristan, Fabien, et tous,

Tristan, ton témoignage m'a beaucoup touché, et je viens ici témoigner à mon tour d'une expérience similaire. Fabien a raison, j'ai eu envie de foncer sur le forum tellement je me suis senti proche de ce que tu as vécu. :happy:

Ce message étant mon premier, je me présente brièvement: J'ai rencontré l'Ennéagramme il y a environ 6 ans, et je me suis reconnu dans le type 9 grâce à un livre d'Helen Palmer. J'ai continué l'exploration avec Les 9 visages de l'âme de Rohr et Ebert. Tout fascinant que c'était pour moi, je n'en ai pas fait grand-chose. L'Ennéagramme est revenu dans mon champ d'attention début 2013. J'ai repris l'ouvrage de Rohr, et je me suis documenté sur le web. J'ai vite atterri sur ce forum, que je trouvais impeccable, et dont j'appréciais la bonne humeur, le sérieux, et la bienveillance. J'ai suivi le stage Bases en juillet 2013 et lis régulièrement le forum depuis. Cette année, suite à une (re)prise de conscience de la colère en moi, j'ai fait appel à la supervision de Patricia. Dans ce cadre, j'ai pu faire le protocole du pardon, déterminer ma hiérarchie des centres (variante mu) et reconnaitre l'influence de l'aile 1. J'ai aussi fait connaissance avec la false core du 9, le filtre d'attention, le domaine et la dichotomie.

J'en viens à la situation.

Il y a 5 ans, nous revenions, avec ma compagne, d'un weekend chez ses parents. J'étais au volant pour 4h30 de route. Chemin faisant, nous avons discuté d'un sujet qui nous tenait à cœur et sur lequel nous avions des avis opposés. Une heure plus tard j'ai dû m'arrêter en urgence sur une aire d'autoroute, m'éloigner de la voiture et pleurer une tristesse inconsolable.

Je vais commencer par contextualiser, avant de décrire comment j'ai vécu la colère, sa répression, et le débordement de tristesse.

Le sujet en question avait été abordé lors d'un repas avec mes beaux-parents. Ma compagne partageait avec eux la même vision du monde, et il y avait unanimité face aux informations télévisées. Quant à moi, je gardais le silence. L'oubli de soi était d'autant plus marqué que j'avais de fortes réserves à émettre. En plus, français dans une belle-famille espagnole. Même si je me débrouillais et arrivais à me faire comprendre en espagnol, il m'était fort difficile de participer aux conversations sans en casser le rythme élevé de manière brutale. Ceci me donnait l'excuse suffisante pour renoncer à m'exprimer, et je prenais mes aises dans un confort tout effacé.
Pas si confortable en fait, car j'accumulais de la frustration à ne pas pouvoir/vouloir participer et prendre ma place. Et cela se traduit par une tenace irritation de fond.

C'est avec ce bagage que j'ai pris la voiture. Le besoin de trouver un espace sûr pour exprimer mon opinion, ma vision du monde, à mon rythme, était très présent. J'ai donc ressorti le sujet et voilà comment j'analyse ce qui c'est passé plus tard :

  • Très vite, j'ai senti que ma compagne était agacée. Ses intonations sont graduellement devenues plus sèches. Ce changement d'attitude et la froideur qu'elle s'est mise à manifester furent le début d'une souffrance pour moi. J'avais l'impression nette que me retrouver seul. Déconnecté.
  • Une montée de colère. Mes entrailles s'agitaient, et en surface je me crispais. Je ressentais alors une injustice. À mes yeux : "Elle ne devrait pas s'adresser à moi froidement", "Elle devrait m'écouter avec douceur et amour, comme je le fais pour elle". "Laisse-moi m'exprimer tranquille, nom d'une pipe !"
  • En même temps, il me semble que deux signaux d'alarmes se sont enclenchés. Un tourné vers l'extérieur focalisait sur le comportement de ma compagne, l'autre vers l'intérieur, focalisant sur mon agitation et ma difficulté à être moi-même doux et aimant. J'avais en urgence besoin de reconnexion.
  • J'ai étouffé ma colère grandissante et je lui ai laissé exprimer son point de vue me bousculant en me faisant plus petit, et plus doux… en surface. Il me semble que par ce comportement je voulais exprimer : "Accepte-moi à nouveau !", "Reconnectons-nous !", "Faisons la paix, PLEEEAAASE !!"
  • Ça n'a pas eu l'effet recherché (tiens donc… :happy:) et je me suis retrouvé littéralement sidéré. Je passais tous mes efforts à contenir ma colère en disant seulement "OK", "OK", "OK". (Transcription : "Fiche moi la paix ! STOOOP !") C'était devenu à la limite de l'insoutenable, et j'ai passé peut être 30 minutes à ruminer sans rien dire. Il n'était plus question pour moi de faire la paix, je bouillonnais, et je n'avais pas de sortie.
  • La tristesse a surgi lorsqu'un nouveau sujet anodin a été abordé (sûrement une narcotisation de ma part), après un très long silence tendu. Lors d'un échange bref, j'ai senti à nouveau la même froideur venant de ma compagne. C'était intolérable, et j'ai senti la vague de tristesse me submerger.

Contrairement à toi, Tristan, je ne comprenais pas ce qui m'arrivait à l'époque, et je ne me souviens pas des explications que j'ai données à ma compagne quand elle me consolait. En revanche, je me rappelle clairement que même moi je ne comprenais pas ce qui sortait de ma bouche, tellement c'était noyé dans les sanglots. C'était déstabilisant de vivre un tel bouleversement. Je ne me souviens pas d'un aussi gros chagrin étant enfant.

Bien que l'attention et l'amour que m'a alors porté ma compagne m'aient calmé, je restais très perturbé et j'ai mis plusieurs jours à m'en remettre, ou plutôt à l'oublier. Je ne sentais pas que j'avais tout évacué. Pour reprendre l'image du stage Bases qui m'a ouvert les yeux sur la colère, j'ai dû coller un timbre de plus, car je n'en ai pas reparlé à ma compagne par la suite. Hop, aux oubliettes.

C'est après avoir vécu une experience d'une intensité similaire cette année que j'ai fait appel à l'aide de Fabien et Patricia. J'identifiais que j'étais en colère, mais cette fois-ci j'ai compris que la présence de cette énergie m'asséchait le cœur, me coupait de l'autre, et de moi-même, et qu'elle était liée à la grande tristesse que je ressentais parfois.

Mes expériences récentes de cette tristesse me portent à penser que, la séquence est la suivante :

  • Au début il y a de la colère et sa répression, en relation avec une autre personne ;
  • Puis, un emballement vers l'explosion (mes mécanismes de défense ne parvenant pas à m'apaiser) ;
  • Juste à la limite, je « ressens » la false core qui palpite (désolé si l'expression est un peu vague, mais je ne trouve pas mieux :blush:) ;
  • Suite à ce « ressenti », je bascule dans la tristesse (plus la personne est proche affectivement, plus la tristesse est incontrôlable et profonde) ;
  • L'autre se rapproche et me console, et ça me rassure ;
  • Pendant la crise de larmes, une partie de moi est toutefois en train de refuser d'être rassuré (serait-ce de la colère en fond ?) ;
  • Après avoir repris mes esprits, j'ai tendance à très bien dormir ! :happy:

Ouf ! En espérant que ma première participation soit d'intérêt général. :blush:

Chaleureusement,
Jérôme

Jérôme (91 mu)

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

Tout d'abord, bienvenue Jérôme sur ce forum et un grand merci pour ta contribution qui en complétant celle de Tristan fait passer cette conversation du particulier au général.

Lorsqu'une situation provoque de la colère en moi — ce dont j'ai de plus en plus souvent conscience — je me trouve démuni pour y faire face. L'ego empêche son expression à chaud, et quand j'ai pris le temps de réfléchir à ce qui me posait problème (pour un mental réprimé, cela peut prendre du temps), au lieu de dire posément là où mes valeurs et mes besoins ont été lésés, je me dis que c'est trop tard, que c'est idiot de réagir après coup.

Exprimer sa colère est toujours chose difficile car elle risque évidemment de blesser l'autre et de déclencher une réaction en escalade. Pourtant plus on apprend à l'exprimer sainement (à son juste niveau et en expliquant quelles "valeurs et besoins ont été lésés"), moins il y en a.

Peut-être pourrais-tu convenir avec ta compagne — elle connaît sans doute suffisamment d'ennéagramme pour comprendre la raison de cette proposition — de :

  • pouvoir lui dire que tu es en colère sans qu'elle te demande d'explication sur le moment ;
  • lui reparler de ce qui s'est passé plus tard quand tu as réussi à analyser la situation.

Pendant la crise de larmes, une partie de moi est toutefois en train de refuser d'être rassuré (serait-ce de la colère en fond ?).

Tristan, vis-tu cela aussi ?

Il me semble qu'il peut y avoir effectivement de la colère (refuser d'être consolé par l'offenseur), mais il peut peut-être y avoir aussi un lien avec la false core (celle-ci devenant consciente et étant notre conviction la plus absolue à propos de nous même, le consolateur ne peut pas être crédible — j'ai aussi vécu cela quand ma propre false core était activée).

Très amicalement,
Fabien

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Bonjour Tristan,

Merci pour ce témoignage. Il me parle beaucoup même si je n'ai pas vécu exactement la même chose, une fois de plus je trouve que tu as trouvé les mots justes pour faire passer ce que tu as vécu.

Avant de développer un peu plus, bonjour et bienvenue Jérôme JT, c'est peu commun de trouver un homonyme, homotype, homo-variante et homo-aile principale à la fois !

J'ai pris conscience de la colère en moi et j'accepte sa présence. Je peux me dire sans réticence à moi-même « je suis en colère ».

Oui, je vis aussi cela. J'arrive aussi à le dire à mon entourage parfois, sans en dire plus, mais cela permet de limiter ensuite l'escalade de malentendus.

Cette colère se manifeste par un sentiment de frustration (ne pas avoir eu de contrôle sur l'environnement ou sur moi-même), des symptômes physiques de raideurs (en particulier au niveau du visage et dans les épaules) et des ruminations intérieures qui focalisent mon attention sur l'objet de ma colère. Bref, un beau cocktail de transes : suggestions hypnotiques, hallucinations visuelles et auditives (positives sur la situation générant la colère et négatives sur mon environnement présent), créations et suppressions de sensations…

Je retrouve tout cela, et aussi des mouvements idéomoteurs que j'ai maintenant appris à détecter, au moins de temps en temps. J'essaie alors de remonter aux transes précédentes, en général auto-suggestions et progressions en âge.

Pour des colères plus importantes et plus durables, le plus souvent provoquées par la répétition d'une même situation qui me conduit à négliger mes propres besoins (l'oubli de soi et la paresse rentrent en action), je mets en œuvre mon aile 1 en utilisant l'humour acide ou les bougonneries, tout en évitant de provoquer le conflit.

Il me semble que le 9 se suffit à lui-même pour les bougonneries et l'humour acide. Il m'a plutôt semblé que mon aile 1 m'aidait à exprimer un peu plus ma colère, en tout cas à la conscientiser davantage (au royaume des aveugles les borgnes sont rois…).

Exprimer sa colère est toujours chose difficile car elle risque évidemment de blesser l'autre et de déclencher une réaction en escalade. Pourtant plus on apprend à l'exprimer sainement (à son juste niveau et en expliquant quelles "valeurs et besoins ont été lésés"), moins il y en a.

Peut-être pourrais-tu convenir avec ta compagne — elle connaît sans doute suffisamment d'ennéagramme pour comprendre la raison de cette proposition — de :

  • pouvoir lui dire que tu es en colère sans qu'elle te demande d'explication sur le moment ;
  • lui reparler de ce qui s'est passé plus tard quand tu as réussi à analyser la situation.

Oui, le fait d'être mal à l'aise avec la colère fait que je passe du rien à tout, que l'expression de la colère est soit refoulée/retenue, soit trop directe et du coup blessante. Je ne sais pas bien faire entre les deux, et c'est effectivement tout un apprentissage pour moi d'arriver à l'exprimer sainement.

Est-ce que d'autres 9 ont vécu de telles expériences, ou avez-vous rencontré des 9 qui ont manifesté cela ? Que pensez-vous de cette possibilité de substituer l'expression de la colère par de la tristesse ?

J'ai aussi expérimenté des moments de grande tristesse. J'ai en tête un cas précis ou pendant des vacances, je me suis retrouvé dans un contexte que je ne voulais pas, mais je n'avais pas su l'anticiper ni m'y opposer. La colère ne s'est pas déclarée, mais la tristesse est venue, je me suis isolé pour me reposer et pleurer.

Pendant la crise de larmes, une partie de moi est toutefois en train de refuser d'être rassuré (serait-ce de la colère en fond ?).

Jérôme, je vis aussi cela, je crois qu'il y a effectivement une forme de bouderie, donc de colère en fond. Il y a aussi très certainement l'influence de la false core comme le suggère Fabien, car l'ego est mis à rude épreuve et la peur de base activée.

 

Sur les 15 dernières années, j'ai vécu une seule fois une crise de larme irrépréhensible, j'en avais témoigné dans ce billet. Je n'ai toujours pas vraiment compris ce qui s'était passé, j'étais étonné moi-même sur le moment, ne comprenant pas ce que je vivais. De la même manière que l'explosion de colère d'un 9 lui fait vider tout son carnet de timbres accumulé, j'ai eu l'impression que je vidais mon carnet de timbres de tristesse, déclenché par un événement peut être anodin, ou peut-être pas.

 

En ce qui me concerne, je pense que la tristesse résulte parfois de la colère. La colère vient d'un refus de ce qui est, d'un écart entre ce qui est et ce que j'aurais voulu. La tristesse vient du constat de perte de cette situation souhaitée.

 

J'ai beaucoup de mal à dire si cela m'a vraiment permis d'évacuer tout ou partie de la colère, ou si c'est l'amnésie qui fait son effet. J'ai en tout cas l'impression d'être apaisé ensuite, même quand je repense à la situation. Je me pose la même question pour les deuils, pour lesquels je ne manifeste pas de colère, mais uniquement de la tristesse, violente et brève. Ensuite je repense aux personnes disparues avec sérénité, sans perception d'injustice ou de refus de ce qui est arrivé résiduel, plutôt avec un certain fatalisme d'instinctif réprimé. La tristesse remonte cependant facilement si j'évoque le disparu en présence de personnes qui ont été affectées par sa disparition, ou même simplement si je repense à ces personnes ou au moment de la disparition. La tristesse ne serait donc pas toute sortie, renvoyant à l'étape précédente d'évacuation de la colère.

Voilà où j'en suis dans mes observations et réflexions.
Bien amicalement,
Jérôme

Jérôme E9 mu, aile 1, C =/- S -/+ X =/+

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Bonjour à tous !

Tristan et Jérôme, à la lecture de vos récits, je ne peux que m'exclamer : « Dans mes bras, mes frères ! » :calin: Les deux situations que vous décrivez me sont si familières… c'est incroyable.

Je suis en ce moment dans cette même phase où tout comme vous, j'arrive à beaucoup mieux sentir ma colère mais où se pose avec acuité la question du « comment ». Je me sens très proche de ce que dit Jérome P. à savoir que je m'y prends comme un manche (note après relecture : désolée, je ne veux pas dire par là que Jérôme s'y prend comme un manche :laugh:)… soit c'est imperceptible, soit c'est disproportionné. J'ai l'impression de ne pas du tout savoir doser, de manquer de vocabulaire, de ne pas savoir varier le ton, la hauteur, bref, c'est comme s'il s'agissait d'une langue étrangère ou alors d'un handicap quasi-physique.

Du coup, depuis 3 semaines (depuis le stage Communication), je m'entraîne. Dès que je commence à percevoir la colère émerger, j'essaye de couper court à mes analyses infinies (« Ma colère est-elle légitime ? Est-ce que je ne suis pas injuste ? Ai-je vraiment le droit de faire ce reproche ? ») et j'essaye de me centrer à fond sur : « Légitime ou pas, on s'en fiche, ce sentiment existe, il doit donc absolument y en avoir une trace extérieure. » Et là je me lance. Trop rarement en face, hélas, mais j'essaye au moins d'envoyer un sms, un mail, de manifester quelque chose à tout prix.

Bon, je dois vous dire que pour le moment, les résultats sont un peu chaotiques (je parle de la réaction des autres), mais j'expliquerai ça dans un autre message.

Pour en revenir à la colère et à la tristesse, et pour répondre à ta question Tristan, cela s'est chez moi aussi parfois exprimé sous la forme d'un immense chagrin, d'autant plus facile à exprimer que pour le coup, ça fait fondre et désarme complètement mon mari, qui prend alors le rôle du consolateur, tout comme vos compagnes. Par contre, je ne suis pas sûre pour ma part que l'expression de ce chagrin soit une stratégie de l'ego pour éviter d'exprimer la colère… J'ai l'impression que le chagrin et la colère chez moi sont étroitement imbriqués, co-existants… Je finis donc par exprimer (uniquement devant des très très proches) le chagrin qui déborde mais pas la colère (sauf exception une fois tous les 3 ans).

En réfléchissant, je perçois en tout cas deux chagrins différents :

  • Il y a la souffrance de ne pas arriver à dire la colère. (en ne parvenant pas à dire ce que je veux, en préservant trop l'autre, je me mutile, donc j'ai mal) ;
  • Il y a, comme le dit aussi Jérome P., la souffrance causée par le décalage entre ce que je voudrais et ce qui est.

Après vos beaux témoignages, je vais prendre un exemple très différent des vôtres pour compléter le spectre. Un exemple bête et quotidien. S'il y a bien un truc qui m'exaspère dans la vie (malgré mon immense complaisance de 9), c'est le fait que lorsque l'on s'apprête à descendre dans un métro ou un RER, il y a toujours des gens qui s'agglutinent devant les portes et tentent de monter avant que vous ayez pu descendre. Je crois qu'ils sont très pressés et qu'ils ont très envie de s'asseoir. Je crois aussi qu'ils sont totalement égoïstes ou inconscients car cela ralentit tout le monde. Je crois enfin que j'adorerais leur distribuer des gifles ou les faire fouetter en place publique. :rofl:

Bref, vous l'aurez compris, ça me fiche en rogne ! Et je ne peux pas faire grand-chose. Des fois pour me calmer, je repense à l'ennéagramme et j'essaye d'énumérer toutes les raisons qui font que ces gens agissent d'une manière aussi peu favorable à la collectivité… Je me dis que le 1 a besoin d'être assis pour finir son dossier urgent, que le 2 est très fatigué d'avoir aidé plein de gens dans la journée, que le 3 a besoin de réussir à s'asseoir, que le 7 souffrirait trop fort de rester debout, etc., etc. Cela m'apaise…

Mais ça me fiche également un énorme blues. Je me dis : « Mais que va-t-on pouvoir faire de tous ces humains idiots ? Le monde est moche, trop mal foutu… Il n'y a ni courtoisie, ni connivence, ni gentillesse, aucun souci de préservation des autres, d'esprit collectif, de solidarité. » L'absence d'harmonie me foudroie. J'ai l'impression alors d'être dans un monde totalement dépourvu de sens. Je serais capable de damner le pion au 4 le plus désintégré.

Bon, j'ai pris cet exemple trivial qui grossit un peu le trait pour rigoler. :happy: Mais j'aurais pu dire la même chose si j'avais pris des exemples plus proches des vôtres, ou des sujets plus graves. La colère me ramène systématique à la tristesse d'être dans un monde extrêmement mal foutu dans lequel je me sens totalement dépourvue du pouvoir d'améliorer les choses. Au cœur de ma colère se trouve toujours un immense désespoir.

Pourriez-vous d'ailleurs me dire, chers 9, si vous aussi, vous avez tendance à élargir le champ de votre tristesse personnelle à quelque chose de plus général (sens de la vie et tutti quanti) ?

Bien à tous !
Solène

PS : j'ai essayé de réfléchir à la question de savoir si je me sens vraiment consolée par mon mari dans le cas de figure évoqué plus haut par Jérôme JT. Disons en tout cas que la proximité me fait du bien. Après, je reste consciente du fait que mon mari est surtout très sensible à ce moment-là à ma fragilité (il a un côté paternel assez développé) et non forcément à ma personnalité profonde. C'est « l'enfant » qui est consolée, pas l'adulte qui est vraiment prise en compte. Enfin, bon, c'est quand même bien agréable, mais je ne m'en sens pas « grandie » en quelque sorte.

Solène – E9 mu, C+/= S++ X+/-

 

"Quand on ne sait pas ce qu'on veut, on finit par se retrouver avec des tas de trucs qu'on veut pas." (lu dans Fight Club, de Chuk Palahniuk)

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Bonjour à tous,

Je suis vraiment très touché par toutes vos réponses, Jérôme JT, Jérôme et Fabien. Je traverse des moments difficiles ces dernières semaines, et la bienveillance, la sincérité de vos messages me réchauffent le cœur. :calin:

Heureux que mon message t'ait donné l'occasion de te lancer sur le forum, Jérôme JT ! Ton témoignage résonne complètement en moi et en particulier, je trouve que tu décris très bien la séquence qui aboutit à l'explosion de la tristesse. Je ne l'avais pas autant détaillé dans mon premier message, mais je suis étonné de constater à quel point il se rapproche de l'expérience que j'en ai eue. Pour lutter contre ma tendance à l'amnésie et ne pas tomber non plus dans la fusion, je voudrais reprendre tes étapes et essayer de les confronter à mon propre souvenir.

  • "Très vite, j'ai senti que ma compagne était agacée. Ses intonations sont graduellement devenues plus sèches. Ce changement d'attitude et la froideur qu'elle s'est mise à manifester furent le début d'une souffrance pour moi. J'avais l'impression nette que me retrouver seul. Déconnecté."

Idem pour moi. Si la situation déclencheuse est arrivée par hasard (le sujet de désaccord étant "faut-il ou non rappeler tout de suite une amie qui avait laissé un message"), la conséquence a été la même. Froideur, manifestation évidente de son agacement et isolement l'un par rapport à l'autre. Impossible d'avoir alors le moindre geste affectueux pour elle ni même oser tourner mon regard vers elle. Cette impression étrange et désagréable qu'il y a un mur entre nous tout en sentant la proximité menaçante de l'autre.

  • "Une montée de colère. Mes entrailles s'agitaient, et en surface je me crispais. Je ressentais alors une injustice. À mes yeux : "Elle ne devrait pas s'adresser à moi froidement", "Elle devrait m'écouter avec douceur et amour, comme je le fais pour elle". "Laisse-moi m'exprimer tranquille, nom d'une pipe !"
  • En même temps, il me semble que deux signaux d'alarmes se sont enclenchés. Un tourné vers l'extérieur focalisait sur le comportement de ma compagne, l'autre vers l'intérieur, focalisant sur mon agitation et ma difficulté à être moi-même doux et aimant. J'avais en urgence besoin de reconnexion."

Oui pour la colère et les suggestions hypnotiques. C'est aussi à ce moment que je commence à ressentir l'injustice. En revanche, pour autant que je me souvienne, plutôt que les deux signaux d'alarme dont tu parles, je me suis dit à ce moment-là que cette situation ne pouvait conduire qu'à une impasse et qu'il fallait bien en sortir d'une manière ou d'une autre. À partir de là, soit ma compagne prenait l'initiative de rétablir la communication (ce qui n'était pas le cas, vu la persistance de son attitude), soit je prenais cette initiative. D'où le passage à l'étape suivante.

  • "J'ai étouffé ma colère grandissante et je lui ai laissé exprimer son point de vue me bousculant en me faisant plus petit, et plus doux… en surface. Il me semble que par ce comportement je voulais exprimer : "Accepte-moi à nouveau !", "Reconnectons-nous !", "Faisons la paix, PLEEEAAASE !!""

Tout à fait. La peur de base était activée dès l'étape précédente et face au risque insupportable de se retrouver perdu et séparé, j'ai tenté aussi une stratégie de rapprochement. "Allez, on fait la paix ? On passe à autre chose ?" Je me souviens même avoir pensé que ma colère était une transe et que je pouvais faire le choix de la considérer comme telle. Sauf que dans ce cas, cet argument n'avait pas d'autre but que de me faire accepter l'idée que ma colère n'avait pas d'importance. Je n'ai pas tenté d'appliquer la moindre technique de sortie de transe et je crois d'ailleurs qu'à ce moment j'en aurais été incapable.

  • "Ça n'a pas eu l'effet recherché (tiens donc… :happy:) et je me suis retrouvé littéralement sidéré. Je passais tous mes efforts à contenir ma colère en disant seulement "OK", "OK", "OK". (Transcription : "Fiche moi la paix ! STOOOP !") C'était devenu à la limite de l'insoutenable, et j'ai passé peut être 30 minutes à ruminer sans rien dire. Il n'était plus question pour moi de faire la paix, je bouillonnais, et je n'avais pas de sortie."

Même situation d'échec pour ma part. À la nuance près qu'à partir du moment où ma compagne a rejeté mes tentatives de faire la paix, le silence s'est tout de suite installé. Le temps pour moi que la colère monte, prenne toute la place et devienne insupportable. Je n'avais plus de sortie, ou plus exactement je savais qu'il n'y aurait plus de sortie "acceptable" ; seul le clash permettrait de passer à autre chose.

  • "La tristesse a surgi lorsqu'un nouveau sujet anodin a été abordé (sûrement une narcotisation de ma part), après un très long silence tendu. Lors d'un échange bref, j'ai senti à nouveau la même froideur venant de ma compagne. C'était intolérable, et j'ai senti la vague de tristesse me submerger."

C'est ici que je vois la principale différence dans nos expériences. Après cette période de silence tendu, ma compagne a tenté de reprendre la conversation en m'expliquant rationnellement pourquoi elle avait réagi de cette manière (ce que je ne pouvais interpréter que comme une nouvelle tentative de me prouver qu'elle avait raison). Je n'ai absolument rien répondu à ses paroles, chose extrêmement inhabituelle chez moi, que ma compagne a immédiatement interprété comme un signal d'alerte rouge qui l'a mise en panique (tentatives désespérées de me faire dire ce qui se passait). En écrivant cela, je prends conscience que j'avais besoin de la conduire à son tour dans un état de tension extrême afin de m'autoriser à libérer le bouillonnement intérieur. Je n'en suis vraiment pas fier… Et pourtant je crois que c'est exactement cela qui s'est passé en moi. Peut-être qu'il s'agit d'une forme de vengeance à son égard ? Qui aurait permis à la colère de se transformer en tristesse, qui sait ? :perplexe:
Toujours est-il que si je veux tenter de toucher la justesse de cet instant qui a précédé la crise de larmes, il me faut reconnaître que j'ai été pris par deux sentiments intenses et contradictoires. D'une part, cette impression d'être totalement nié, de ne plus exister, qui procure une tristesse insondable pour un 9, et d'autre part les prémices d'un intense soulagement car je savais que ma tristesse allait pouvoir s'exprimer, que les conditions étaient réunies pour que cette situation puisse se produire.

Pendant la crise de larmes, une partie de moi est toutefois en train de refuser d'être rassuré (serait-ce de la colère en fond ?).

Tristan, vis-tu cela aussi ?

Il me semble qu'il peut y avoir effectivement de la colère (refuser d'être consolé par l'offenseur), mais il peut peut-être y avoir aussi un lien avec la false core (celle-ci devenant consciente et étant notre conviction la plus absolue à propos de nous même, le consolateur ne peut pas être crédible — j'ai aussi vécu cela quand ma propre false core était activée).

 

Fabien, cette question m'a bien fait cogiter pendant la fermeture du forum. N'ayant pas encore fait le stage Néti Néti, je ne connais pas ma false core donc j'aurai du mal à répondre très précisément. Mais oui, clairement chez moi, il y a une impossibilité à entendre les paroles réconfortantes de l'autre. Je me dis que personne, strictement personne ne peut me comprendre dans le malheur que je vis. À la limite, la notion de réconfort n'a même pas de sens dans ce moment-là. D'autant plus que mon comportement laisse le plus souvent mon entourage dans un état de sidération et je ne sais pas si — au moins au début de la crise — ma compagne a su trouver des mots de réconfort (je ne m'en souviens plus).

J'ajoute que j'ai vécu deux crises très similaires étant ado et à l'époque c'est ma mère qui en avait été la témoin. Plus tard, elle m'a dit que lorsque j'en arrivais à cet état-là, le mieux à faire était de me laisser me calmer seul. Mais ce n'est pas faute d'avoir essayé de me réconforter auparavant !

Si j'en juge par mon ressenti interne, je ne peux commencer à entendre des paroles de réconfort qu'à partir du moment où j'accepte de sortir de mon enfermement (je ne trouve pas de meilleure expression pour décrire cet état qui me coupe totalement de mon environnement) et à dire l'objet de ma tristesse. L'apaisement s'installe peu à peu et me libère.

Peut-être pourrais-tu convenir avec ta compagne — elle connaît sans doute suffisamment d'ennéagramme pour comprendre la raison de cette proposition — de :

  • pouvoir lui dire que tu es en colère sans qu'elle te demande d'explication sur le moment ;
  • lui reparler de ce qui s'est passé plus tard quand tu as réussi à analyser la situation.

Contrat passé ce week-end. Effectivement, elle commence à bien connaître l'ennéagramme à force de m'entendre en parler et n'a donc pas eu trop de mal à comprendre la logique. Un fond de méfiance tout de même : "Bon, mais tu vas pas me frapper, hein ?" :laugh:

Oui, le fait d'être mal à l'aise avec la colère fait que je passe du rien à tout, que l'expression de la colère est soit refoulée/retenue, soit trop directe et du coup blessante. Je ne sais pas bien faire entre les deux, et c'est effectivement tout un apprentissage pour moi d'arriver à l'exprimer sainement.

En ce qui me concerne, pour qu'il y ait apprentissage, il faudrait déjà qu'il y ait l'amorce d'un premier chapitre ! :wink: La proposition de Fabien rappelée ci-dessus est une piste, mais je sens que dans ce domaine, l'ego résiste à plein et que la volonté ne suffit pas. Quand je perçois cela, ma conviction est que je ne prends pas le problème par le bon bout. Et mes expériences passées me laissent entrevoir l'espoir que j'y reviendrai d'une autre manière, et que la solution apparaîtra plus clairement.

Bien amicalement,
Tristan

Tristan (91 mu, C=/-, S++/-, X-/+)

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Bonjour à tous,

Tout d'abord, bienvenue Solène sur ce forum. Trois nouveaux 9 en une semaine, nous sommes gâtés !

J'ai l'impression que le chagrin et la colère chez moi sont étroitement imbriqués, co-existants…

Cela me semble général. J'avais écrit à Tristan le 4 novembre : "Tu as vu dans le stage Résilience le lien entre la colère et la tristesse : nous sommes en colère parce que nous nous estimons offensé et nous sommes tristes parce que nous avions d'autres attentes à propos de la relation." Et Jérôme avait renchéri le 10 : "En ce qui me concerne, je pense que la tristesse résulte parfois de la colère. La colère vient d'un refus de ce qui est, d'un écart entre ce qui est et ce que j'aurais voulu. La tristesse vient du constat de perte de cette situation souhaitée." (À propos, Jérôme, je n'ai pas compris si tu avais fait une reformulation qui exprimait mieux ton ressenti ou si tu avais voulu introduire une nuance supplémentaire.)

L'absence d'harmonie me foudroie. J'ai l'impression alors d'être dans un monde totalement dépourvu de sens. Je serais capable de damner le pion au 4 le plus désintégré.

Alors là, tu te vantes ! :rofl: Ceci dit, voilà sans doute une belle manifestation de l'instinct social.

 

Pourriez-vous d'ailleurs me dire, chers 9, si vous aussi, vous avez tendance à élargir le champ de votre tristesse personnelle à quelque chose de plus général (sens de la vie et tutti quanti) ?

C'est une intéressante question. Si oui, et en fonction de ma remarque précédente, faites-vous un lien avec les instincts ?

 

Je traverse des moments difficiles ces dernières semaines.

:heart:

 

Un fond de méfiance tout de même : "Bon, mais tu vas pas me frapper, hein ?" :laugh:

C'est énorme ! Mais elle a accepté quand même : il y a donc beaucoup de courage, ou beaucoup d'amour, ou les deux.

 

Je sens que dans ce domaine, l'ego résiste à plein et que la volonté ne suffit pas. Quand je perçois cela, ma conviction est que je ne prends pas le problème par le bon bout. Et mes expériences passées me laissent entrevoir l'espoir que j'y reviendrai d'une autre manière, et que la solution apparaîtra plus clairement.

Je suis d'accord. Le bon bout n'est pas l'expression de la colère, mais le ressenti de la colère. Comme toute émotion, elle doit être ressenti quand elle est là, mais ni niée, ni créée, ni amplifiée, ni déformée, ni atténuée, ni déplacée. Le bon bout ne peut être que le travail sur les trances qui masquent la colère au quotidien et qui aboutissent à la constitution du carnet de timbres. Tant qu'une colère est un vidage de carnet de timbres, son expression ne peut être que maladroite.

 

Très amicalement,

Fabien

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Bonjour Tristan, Jérome JT, Jérome P, Solène, Fabien et tous les autres,

 

Merci Tristan et les autres pour vos témoignages. Je n'y avais encore répondu (bien qu'ayant lu assez tôt vos messages) car je ne m'y reconnaissais pas vraiment de prime abord : fondre en larmes est difficile pour moi (peut-être est-ce lié à la co-répression de mon centre émotionnel, 9 alpha oblige). Puis, mon ego s'est empressé d'activer sa fixation par une petite transe d'amnésie. :mouais:

 

Je reconnais toutefois (après réflexion) qu'il m'est plus facile de ressentir la tristesse que la colère. Je vais continuer à m'observer pour pouvoir témoigner de manière plus détaillée.

 

Bien amicalement,

Benoît

 

PS : Solène, dans le métro, je ressens la même chose que toi, Enfin je ressentais plutôt car j'ai quitté Bruxelles depuis 2 ans (pour d'autres raisons que le métro :laugh:) et quand je viens à Paris, je relativise beaucoup plus les comportements des citadins et des touristes (cela m'aide à prendre conscience que c'est moi qui ai changé face à des comportements identiques).

Benoît - 9 alpha, aile 1 (et 8, à confirmer), C-/+ S-/+ X-/+

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Bonjour à tous,

Je me sens très proche de ce que dit Jérome P. à savoir que je m'y prends comme un manche (note après relecture : désolée, je ne veux pas dire par là que Jérôme s'y prend comme un manche )…

Hum… Bon, bienvenue quand même Solène ! :laugh:

Je traverse des moments difficiles ces dernières semaines, et la bienveillance, la sincérité de vos messages me réchauffent le cœur.

Tristan, je suis heureux du réconfort apporté et te renouvelle mon soutien. :calin:

(À propos, Jérôme, je n'ai pas compris si tu avais fait une reformulation qui exprimait mieux ton ressenti ou si tu avais voulu introduire une nuance supplémentaire.)

En fait ni l'un ni l'autre. J'ai commencé à répondre à la compilation de messages précédant le mien de manière ordonnée en reprenant les messages dans l'ordre, puis j'ai un peu plus tard ajouté le dernier paragraphe sans relire à nouveau les messages, et je ne me suis pas rendu compte que je répétais à peu près la même chose que ce que tu avais déjà écrit.

Pourriez-vous d'ailleurs me dire, chers 9, si vous aussi, vous avez tendance à élargir le champ de votre tristesse personnelle à quelque chose de plus général (sens de la vie et tutti quanti) ?

C'est une intéressante question. Si oui, et en fonction de ma remarque précédente, faites-vous un lien avec les instincts ?

Il m'arrive d'élargir le champ de ma tristesse personnelle à quelque chose de plus général, j'y vois le plus souvent du fatalisme d'instinctif réprimé, et la false core n'est souvent pas loin derrière.
J'ai récemment rencontré un stagiaire 9 qui exprimait très fort ce manque d'espoir en l'homme, voir de la misanthropie. J'y ai là aussi clairement vu l'effet de la false core.
Fabien, en ce qui me concerne le lien avec les instincts, il me semble trouver parfois l'inadaptation sociale intolérante de mon aile 1.

Un fond de méfiance tout de même : "Bon, mais tu vas pas me frapper, hein ?" :laugh:

C'est énorme ! Mais elle a accepté quand même : il y a donc beaucoup de courage, ou beaucoup d'amour, ou les deux.

Oui, c'est énorme, je trouve que ça laisse aussi transparaître ce que peut donner la colère d'un 9 si elle se déclare.

Je sens que dans ce domaine, l'ego résiste à plein et que la volonté ne suffit pas. Quand je perçois cela, ma conviction est que je ne prends pas le problème par le bon bout. Et mes expériences passées me laissent entrevoir l'espoir que j'y reviendrai d'une autre manière, et que la solution apparaîtra plus clairement.

Je suis d'accord. Le bon bout n'est pas l'expression de la colère, mais le ressenti de la colère. Comme toute émotion, elle doit être ressenti quand elle est là, mais ni niée, ni créée, ni amplifiée, ni déformée, ni atténuée, ni déplacée. Le bon bout ne peut être que le travail sur les trances qui masquent la colère au quotidien et qui aboutissent à la constitution du carnet de timbres. Tant qu'une colère est un vidage de carnet de timbres, son expression ne peut être que maladroite.

Je suis d'accord sur le bon bout, qui est nécessaire mais pas suffisant en ce qui me concerne. Il y a des fois où je détecte et ressens très bien la colère quand elle est là, et je sais pourquoi, pour autant je n'arrive pas à l'exprimer sous l'effet de l'évitement du conflit, ou alors je l'exprime maladroitement quand même, ayant peur du résultat.

 

À propos de tristesse et de larmes non maîtrisées, j'ai eu l'occasion d'observer quelque chose dont je ne m'étais jamais rendu compte avant en ce début de semaine, lors d'une cérémonie funéraire. Je suis émotif et en général assez sensible aux émotions des autres, et je suis fréquemment pris de crises de larmes importantes lors des enterrements. Je me suis rendu compte ce lundi qu'à chaque fois qu'une montée de larmes se présentait, cela correspondait à un début de transe, soit une progression en age où je me voyais par exemple aller saluer un proche du défunt après la cérémonie, soit une hallucination positive où j'imaginais une scène de tristesse entre des personnes présentes. Il me suffisait alors de couper ces transes et de revenir à l'instant présent pour retrouver de la sérénité en connexion avec les autres. J'ai été très heureux de cette découverte qui m'a permis d'aller exprimer mon soutien aux proches du défunt en fin de cérémonie en réduisant l'émotivité grâce à un meilleur vécu de mes émotions. Dans ces situations, je ne vois pas de lien à la colère, juste de la fusion, mais peut être n'ai-je pas tout perçu…

 

Très amicalement,

Jérôme

Jérôme E9 mu, aile 1, C =/- S -/+ X =/+

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Bien cher tous,

 

D'abord, Tristan et Solène, je ressens aussi le réconfort apporté par le partage de nos expériences sur le forum. Mon impulsion initiale, à la lecture de ton premier message, Tristan, était portée par la ferme intention de te réconforter en montrant que j'avais vécu des expériences similaires et que je pouvais comprendre ce que tu vivais.
J'ai sauté sans trop réfléchir, et maintenant me voilà dans de beaux draps ! Je me sens un bleu sur ce forum. :peur: Merci centre mental réprimé. :laugh:

Pour revenir au sujet de la colère et de la tristesse, et au moment du surgissement de cette dernière, j'ai écrit : "Juste à la limite, je « ressens » la false core qui palpite (désolé si l'expression est un peu vague, mais je ne trouve pas mieux)."

Pour essayer de préciser, je dirais que c'est le moment où je suis capable d'énoncer la false core plus ou moins textuellement. J'ai plusieurs exemples en mémoires. Par « plus ou moins textuellement », je veux dire que je me rends compte des différents habits linguistiques dont elle peut se parer pour se rendre moins dommageable. Je voulais l'exprimer en mes termes même si tes mots Fabien ont fait mouche quand tu as écrit "celle-ci devenant consciente et étant notre conviction la plus absolue à propos de nous-même".
Je ressens avant tout l'activation de la false core liée à la tristesse. J'ai du mal à trouver sa présence dans la colère alors que j'écris ce message.

Plusieurs fois j'ai pu ressentir l'expression de la tristesse comme un stratagème. Dans les exemples que nous explorons, s'effondrer en larmes a pour « avantage » de forcer l'autre personne (un proche, un ami, pas un sadique) à laisser de côté agressivité, mépris, et autres comportements anti-harmonie, pour aller vers des comportements, disons, plus nobles. Se pourrait-il qu'il y ait là une source d'apaisement ?
Il me semble que oui, et, avec le recul, je me souviens de situations ou le surgissement des larmes m'a « servi » de grand drapeau blanc. En suivant le fil de mes pensées et souvenirs, j'en reviens à percevoir que c'est le renoncement à faire éclater ma colère envers l'autre qui provoque la tristesse.

Je me rends compte que j'utilise beaucoup d'images. Même si je les ressens comme étant au plus juste de ce que je tente d'exprimer sur le moment, peut-être ne vous parlent-elles pas ? J'espère parvenir à un niveau de clarté acceptable.

Jérôme (91 mu)

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Bonjour à tous,

Il m'arrive d'élargir le champ de ma tristesse personnelle à quelque chose de plus général, j'y vois le plus souvent du fatalisme d'instinctif réprimé, et la false core n'est souvent pas loin derrière. […] Fabien, en ce qui me concerne le lien avec les instincts, il me semble trouver parfois l'inadaptation sociale intolérante de mon aile 1.

En fait, il me semblait possible que cet élargissement soit marqué par le sous-type, et pas uniquement par l'instinct social.

Dans ces situations, je ne vois pas de lien à la colère, juste de la fusion, mais peut être n'ai-je pas tout perçu…

Face à la maladie ou à la mort, la sienne et celle des autres, il y a souvent de la tristesse et de la colère : cf. les étapes du deuil d'Elisabeth Kübler-Ross. Est-ce que cela peut faire sens pour toi ?

Je me sens un bleu sur ce forum. :peur:

Ici, c'est un forum 9 : nous aimons tout le monde, les petits nouveaux et les grands anciens.

Même si je les ressens comme étant au plus juste de ce que je tente d'exprimer sur le moment, peut-être ne vous parlent-elles pas ? J'espère parvenir à un niveau de clarté acceptable.

D'une part, personnellement, je trouve tes messages très clairs. D'autre part, ne te préoccupe pas trop de cela : la richesse de ce lieu est que chacun amène ce qu'il est et ainsi démontre sa personnalité et donc son ennéatype. Découvrir les ennéatypes, c'est voir ce qu'il y a de commun derrière la diversité, sans oublier la diversité derrière ce qu'il y a de commun.

Très amicalement,
Fabien

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Bonjour à tous,

Merci Fabien pour tes commentaires. Je continue sur ma lancée.

Sur les 15 dernières années, j'ai vécu une seule fois une crise de larme irrépréhensible, j'en avais témoigné dans ce billet. Je n'ai toujours pas vraiment compris ce qui s'était passé, j'étais étonné moi-même sur le moment, ne comprenant pas ce que je vivais. De la même manière que l'explosion de colère d'un 9 lui fait vider tout son carnet de timbres accumulé, j'ai eu l'impression que je vidais mon carnet de timbres de tristesse, déclenché par un événement peut être anodin, ou peut-être pas.

En ce qui me concerne, je ne me souviens pas avoir eu l'impression de tout décharger. Une fois l'expression de la tristesse amorcée, en effet, je sens la présence d'une accumulation émotionnelle qui veut profiter de ce canal pour sortir. Si je me rappelle bien, l'apaisement qui suit est mitigé. Je reste choqué après l'expérience, en partie dû à la perception de cette tristesse. Cela dit, de la pression est tout de même relâchée.

Est-ce que d'autres 9 ont vécu de telles expériences, ou avez-vous rencontré des 9 qui ont manifesté cela ? Que pensez-vous de cette possibilité de substituer l'expression de la colère par de la tristesse ?

Pour adresser la question de Tristan, j'ai cherché des exemples ou la colère avait éclatée après expression de la tristesse. Fabien et Jérôme, vous vous souviendrez peut être de celui que je vais partager ici : j'avais sauté de mon siège lors du stage Bases en expliquant cette colère. :happy:

C'était à l'école primaire (j'avais peut être 8-9 ans). Un de mes camarades de classe avait été pris par le besoin de s'entraîner à donner des « béquilles » (coup de genoux dans le côté de la cuisse), et il m'avait pris pour souffre-douleur durant une journée. À chaque récréation, j'y passais. Je me souviens ne pas comprendre comment cela pouvait l'amuser. C'était complètement gratuit, et jusque-là nous étions plutôt bons copains. Je ne me vengeais pas et ne suis pas allé me plaindre. J'encaissais en espérant qu'il se calme par lui-même. Apres les assauts répétés, ne pouvant plus supporter cela, je me suis éloigné autant que je pouvais et j'ai pleuré, accroupi à l'abri d'un arbre. Il est ensuite venu à ma rencontre pendant que je sanglotais, et je me souviens nettement m'être dit que cela allait l'attendrir. En fait, à ce moment-là j'attendais des excuses, qu'il me demande pardon, et je sentais que j'étais prêt à lui pardonner. Mais voilà, une fois arrivé à mes côtés, il m'a flanqué un coup de pied. Et c'est là, pour la première fois je crois, que j'ai ressenti que je me métamorphosais en Incroyable Hulk, et justice a été faite.

Dans cette situation, ne pouvant plus encaisser l'injustice, je n'ai pas explosé, mais suis plutôt allé vers les larmes. Cela n'a pas pour autant empêché la colère d'éclater juste après.

Bien amicalement.

Jérôme (91 mu)

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Bonjour à tous,

Il m'arrive d'élargir le champ de ma tristesse personnelle à quelque chose de plus général, j'y vois le plus souvent du fatalisme d'instinctif réprimé, et la false core n'est souvent pas loin derrière. […] Fabien, en ce qui me concerne le lien avec les instincts, il me semble trouver parfois l'inadaptation sociale intolérante de mon aile 1.

En fait, il me semblait possible que cet élargissement soit marqué par le sous-type, et pas uniquement par l'instinct social.

Je n'arrive pas à voir de lien pour l'instant, Fabien, pensais tu à quelque chose de plus précis ?

Dans ces situations, je ne vois pas de lien à la colère, juste de la fusion, mais peut être n'ai-je pas tout perçu…

Face à la maladie ou à la mort, la sienne et celle des autres, il y a souvent de la tristesse et de la colère : cf. les étapes du deuil d'Elisabeth Kübler-Ross. Est-ce que cela peut faire sens pour toi ?

Oui, je connais en théorie les étapes du deuil, mais dans de nombreux cas je ne ressens pas du tout la colère, même si elle est peut être et probablement là. Je ressens la colère quand je considère avec mes critères qu'il y a une grosse injustice en la situation, par exemple le décès d'un parent avec encore des jeunes enfants, ou un assassinat (ce n'est pas limitatif).

C'était à l'école primaire […] je me métamorphosais en Incroyable Hulk, et justice a été faite.

Dans cette situation, ne pouvant plus encaisser l'injustice, je n'ai pas explosé, mais suis plutôt allé vers les larmes. Cela n'a pas pour autant empêché la colère d'éclater juste après.

Jérôme, je constate aussi que la colère s'exprime plus facilement quand je suis déjà acculé dans ma compulsion et encore plus la tristesse, qui du coup est peut être révélatrice de la dernière défense de l'ego avant la colère. Je ne me suis pas encore transformé en Hulk :aie: mais par exemple de manière plus anodine au quotidien, le fait de m'interrompre quand je narcotise (donc sous effet de ma compulsion) me fait plus facilement exprimer ma colère qu'en temps normal.

Très amicalement,
Jérôme

Jérôme E9 mu, aile 1, C =/- S -/+ X =/+

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Bonjour à tous,

"Je n'arrive pas à voir de lien pour l'instant, Fabien, pensais tu à quelque chose de plus précis ?"
"À rien, c'était pour faire avancer le Schimilimilibimliibili... " Trop dur à dire, je préfère trouver. Face aux comportements dans le métro, Solène généralise en affichant des critères qui me paraissent manifester l'instinct social : "aucun souci de préservation des autres, d'esprit collectif, de solidarité." Il me semble qu'on pourrait généraliser en manifestant l'instinct de conservation ("dans ces conditions, on va tous crever") ou l'instinct sexuel ("je serais toujours seul dans un monde pareil"). Je me demandais donc :

  1. si le processus de généralisation mentionné par Solène était commun à la majorité des 9,
  2. et dans l'affirmative, s'il mettait en œuvre principalement l'instinct impliqué dans le sous-type.

Très amicalement,

Fabien

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Bonjour Fabien,

Merci pour cet éclairage

"Je me demandais donc si le processus de généralisation mentionné par Solène était commun à la majorité des 9,"
Cela m'arrive de temps en temps, assez brièvement, quand je manque d'espoir.
(Du coup, je peux jouer pour la deuxième question. :happy:)

"et dans l'affirmative, s'il mettait en œuvre principalement l'instinct impliqué dans le sous-type."
Dans ces cas-là, je me dis effectivement plutôt "aucun souci de préservation des autres, d'esprit collectif, de solidarité." et très peu "dans ces conditions, on va tous crever" ou "je serais toujours seul dans un monde pareil". Je retrouve donc l'influence de l'instinct de mon sous-type social.

 

Très amicalement,

Jérôme

Jérôme E9 mu, aile 1, C =/- S -/+ X =/+

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